l`interview de Cécile et Julien

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l`interview de Cécile et Julien
Les Âmes Nocturnes
Julien Lubek et Cécile Roussat passeront par le Théâtre Montansier les 3 et 4
décembre 2013 pour nous faire passer une « nuit de tous les possibles ».
Pouvez-vous nous retracer vos parcours respectifs et votre rencontre ?
Nous nous sommes rencontrés en 2000, alors que nous étudions à Paris auprès de
Marcel Marceau, qui dirigeait à l’époque une école internationale de mimodrame. Nous
ne nous sommes plus quittés ! Nous avons poursuivi notre formation ensemble, en
théâtre de texte au Cours Charles Dullin et au Cours Florent, puis en clown (notamment
au Centre National des Arts du Cirque), en acrobatie, en danse contemporaine, en
théâtre d’objet ou encore en magie.
Parallèlement, nous avons rapidement développé deux axes de travail : d’une part,
celui de metteurs en scène et chorégraphes de spectacles musicaux de grande
ampleur. Et d’autre part, celui de créateurs interprètes de spectacles visuels poétiques,
fantaisistes, nostalgiques et drôles, mêlant de façon un peu inclassable toutes les
disciplines scéniques que nous avions découvertes.
Le premier nous mène aujourd’hui à être régulièrement invités comme metteurs en
scène dans des maisons d’opéra en France et en Europe. Le second nous a amené à
créer, en 2008, notre propre compagnie, le Shlemil Théâtre, dont les créations nous
ont fait voyager de Versailles à Taiwan en passant par plusieurs centaines d’autres
villes !
Comment vous est venue l’idée de monter Les Âmes Nocturnes ?
Il y avait au départ l’envie d’être ensemble, juste tous les deux sur scène, et de donner
vie à plein d’idées qui n’avaient pas leur place dans les spectacles de commande que
nous réalisions alors, plus cadrés et conventionnels.
Nous avons donc profité d’une résidence au chapiteau de Porchefontaine pour essayer
sur scène toutes ces propositions. Il ne nous manquait qu’un thème pour débuter
l’écriture du spectacle. Or, c’était en février et le chapiteau n’était pas chauffé. Un
matin, Cécile a donc emporté une couette pour se couvrir dans les moments de pause.
Cette couette s’est rapidement retrouvée sur scène, et nous a donné le fil conducteur
du spectacle à venir : la nuit de tous les possibles !
« Ce
qui
nous
anime le plus et
donne sens au fait
d’être sur scène,
c’est la sincérité. »
Qui vous a inspiré ces deux personnages ?
Nos spectacles se créent beaucoup à partir d’improvisations, du moment présent, et de
ce qui se dégage de chaque personnalité sur scène, ses faiblesses et ses fragilités. C’est
d’ailleurs le principe même du travail du clown.
Aussi, nos personnages sont avant tout inspirés… de nous-mêmes ! Et de notre
relation de complicité que nous devons à 13 ans de vie et de rêves en commun !
Mais pour « dessiner» nos personnages, nous nous sommes laissés influencer par les
univers que nous aimons depuis longtemps fréquenter, souvent en lien avec le monde
de l’enfance: celui de Little Nemo, le petit garçon en pyjama dessiné par de Windsor
McCay, la Famille Addams, ou encore Héloise, la petite fille ébouriffée et impertinente
des livres de Hilary Knight, entre autres…
Vous alliez plusieurs disciplines artistiques, laquelle vous anime le plus ?
Nous devons énormément à l’art du mime et à ceux qui nous l’ont transmis : M.
Marceau bien-sûr, mais aussi un artiste et pédagogue extraordinaire, Emmanuel
Vacca.
L’art du mime irrigue tout notre travail et structure notre vision de la mise en scène,
même lorsque nous mettons en scène des opéras. En effet, il nous emmène vers la
stylisation, et nous éloigne du naturalisme, pour faire d’un spectacle un moment à part
dans le temps et l’espace, poétique et étrange.
Mais au-delà, ce qui nous anime le plus et donne sens au fait d’être sur scène, c’est la
sincérité. En effet, le mime, tout comme la musique, la magie ou l’acrobatie qui ont leur
place dans le spectacle, ne mène nulle part s’il demeure une simple technique. Ce qui
compte pour nous, c’est d’être « juste », au présent, à l’écoute.
Il y a des colombes dans votre spectacle. Avez-vous l’habitude de travailler avec
des animaux ?
Nous sommes touchés par la grâce et la spontanéité des animaux, dans la vie et donc
sur scène. Il est d’ailleurs difficile d’être à la hauteur de la puissance de fascination d’un
animal au théâtre, tant ce dernier est naturellement « juste » dans ses réactions et
précis à la fois. Ce sont de bons maîtres pour les élèves comédiens, et lorsque
j’enseigne au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, je les donne souvent
en exemple à mes élèves : l’instinct de jeu du félin, l’arrêt suspendu de la poule…
Au-delà de la forme, les animaux nous renvoient à une part de mystère que nous
portons en nous, et dont le simple regard ou la respiration sont aussi évocateurs
qu’indéchiffrables.
Nous avons déjà travaillé avec des lapins, des colombes, des poules, et un petit bouc…
qui sait ce que nous réserve l’avenir !
Ce spectacle a été créé au chapiteau de Porchefontaine, à Versailles, en juin 2008.
Que signifie pour vous de venir le jouer au Théâtre Montansier?
Versailles et l’incarnation de son histoire dans son patrimoine nous inspirent beaucoup,
depuis toujours, et vivant non loin, nous y venons très régulièrement. Nous avons eu la
chance de créer un autre de nos spectacles en résidence au Théâtre Montansier : La
Belle & la Bête, en 2009.
Nous avons également joué plusieurs fois à l’adresse voisine, dans l’Opéra Royal : avec
Jean-Claude Malgoire en 2006, puis en 2010 pour Musenna et le Bourgeois
Gentilhomme et enfin en 2012, puisque nous y avons créé le Ballet des Fées, dernier
spectacle du Shlemil Théâtre, coproduit par le Centre de Musique Baroque de
Versailles, qui soutient et accompagne notre travail depuis des années.
Être invité à jouer les Âmes Nocturnes au Théâtre Montansier, après avoir voyagé avec
ces décors à Taiwan, Hongkong, dans le sud de l’Italie, à Stuttgart, à l’opéra de Dijon ou
encore au théâtre royal de Namur et bien-sûr au festival d’Avignon pendant 5 années
et 150 représentations, nous donnera surtout le grand plaisir de retrouver le public
Versaillais, dans les murs de ce magnifique théâtre !
Quels sont vos futurs projets ?
En février 2014, à Montauban, aura lieu la Première de
Au Bonheur des Vivants, le sixième spectacle que nous
créons avec le Shlemil Théâtre.
Parallèlement, en mai 2014, nous signerons la mise en
scène, les décors et les costumes de Didon & Enée,
opéra de Purcell, à l’Opéra de Rouen. Cette production
voyagera pour quatre représentations à l’Opéra Royal
de Versailles, les 14 et 15 juin 2014.
Enfin, 4 ans après notre Flûte Enchantée, nous sommes
invités à nouveau par l’Opéra Royal de Wallonie à Liège
(Belgique), pour mettre en scène La Cenerentola
(Cendrillon) de Rossini, en septembre 2014.
Mardi 3 et mercredi 4 décembre 2013 à 20h30
Série 1 : 30 € / Série 2 : 25 €
Adhérents Série 1 : 25 € / Série 2 : 20 €
Jeunes de moins de 26 ans : 15 €
Renseignements et réservations 01 39 20 16 00 – www.theatremontansier.com