Mediamerica Janvier 2014_2

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Mediamerica Janvier 2014_2
Newsletter N°109 – Janvier 2014
#mediamerica
La série française Les Revenants, parmi les 20 meilleures séries TV de 2013 selon le Hollywood Reporter.
Tim Goodman, critique au Hollywood Reporter, a décrit l’année 2013 pour les séries TV comme « l’une des
meilleures saisons de ces dernières années ». Il a publié une liste des 20 meilleures séries dramatiques de l’année,
diffusées sur les chaînes du câble américaines – en 3ème position figure la série française : Les Revenants.
1. Breaking Bad (AMC), Saison 5, créée par Vince Gilligan, avec Bryan Cranston, Aaron Paul
2. Broadchurch (BBC America), Saison 1, créée par Chris Chibnall, avec David Tennant
3. Les Revenants (Sundance Channel), Saison 1, créée par Fabrice Gobert, avec Anne Consigny
4. Game of Thrones (HBO), Saison 3, créée par David Benioff et D.B. Weiss avec Peter Dinklage
5. Orphan Black (BBC America), Saison 2, créée par G. Manson et J. Fawcett, avec Tatiana Maslany
6. The Walking Dead (AMC), Saison 4, créée par Frank Darabon, avec Andrew Lincoln
7. The Americans (FX), Saison 1, créée par Joe Weisberg, avec Keri Russel, Matthew Rys
8. Orange Is the New Black (Netflix), Saison 1, créée par Jenjy Cohan, avec Taylor Shilling
9. Rectify (Sundance Channel), Saison 1, créée par Ray McKinnon, avec Aden Young
10. Mad Men (AMC), Saison 6, créée par Matthew Veiner, avec Jon Hamm, John Slattery
11. Southland (TNT), Saison 5, créée par Ann Biderman, avec Shawn Hatosy, Regina king
12. Top of the Lake (Sundance Channel), Saison 1, créée par Jane Campion et Gérard Lee, avec Elisabeth
Moss
13. Boardwalk Empire (HBO), Saison 4, créée par Terrence Winter, avec Steve Buscemi
14. The Fall (Netflix), Saison 1, créée par Gillian Allan Cubitt, avec Gillian Anderson, Jamie Dornan
15. Justified (FX), Saison 5, créée par Graham Yost, avec Timothy Olyphant, Walton Goggins
16. Masters of Sex (Showtime), Saison 1, créée par Michelle Ashford, avec Michael Sheen, Lizzy Caplan
17. The Wrong Mans (Hulu), Saison 1, créée par et avec James Corden et Matthew Baynton
18. The Bridge (FX), Saison 1, créée par Meredith Stiehm, Elwood Reid, avec Diane Kruger
19. Luther (BBC America), Saison 2, créée par Neil Ross, avec Idris Elba, Sienna Guillory
20. House of Cards (Netflix), Saison 1, créée par Beau Willimon, avec Kevin Spacey, Robin Wright
Tim Goodman's 20 Best Cable Dramas of 2013, The Hollywood Reporter, Tim Goodman 12/10/2013
Microsoft lance ses premières séries sur Xbox
Microsoft tente de développer des contenus alternatifs aux jeux vidéos sur ses consoles. L’entreprise de Seattle
devrait ainsi produire et diffuser ses premières séries TV à partir de 2014 sur Xbox One et Xbox 360.
Nancy Tellem, responsable des médias chez Microsoft, a annoncé que les premiers épisodes devraient être lancés,
« au plus tard au second trimestre 2014 ». Si elle n’a pas donné de précisions quant aux scénarios de ces créations
originales, Microsoft a cependant déjà dévoilé son partenariat avec Steven Spielberg pour la production d’une série
basée sur l’univers du jeu vidéo à succès Halo.
Les possesseurs de Xbox n’utilisent plus leur console seulement pour jouer, mais aussi, de plus en plus souvent,
pour regarder des contenus variés. Avec 48 millions d’abonnés au « Xbox Live » (le service en ligne de la console)
sur les 72 millions de détenteurs de Xbox à travers le monde, Microsoft dispose d’une large base de spectateurs
potentiels.
Nancy Tellem a plusieurs années d’expérience au sein de deux grandes chaînes de télévision américaines, CBS et
CW et assure que le développement des séries chez Microsoft se fera de façon à soutenir la vision des artistes et des
talents qui y participeront. Un des défis pour Microsoft est se positionner vis-à-vis de l’industrie audiovisuelle
américaine. Nancy Tellem a d’emblée déclaré : « nous ne sommes ni Netflix, ni Amazon », faisant références aux
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deux services de vidéo à la demande devenus récemment producteurs de séries TV. Elle est parfaitement consciente
des nouvelles tendances des séries TV, de la nette amélioration de leur qualité et des nouvelles habitudes de
consommations des spectateurs.
Le business model et le format des séries ne sont pas complètements arrêtés. La place à accorder à
l’interactivité n’est pas encore clairement définie. Faut-il que les créations originales soient seulement sur Xbox ou
seulement « meilleures » sur Xbox parce qu’elles y offriraient une expérience enrichie ? Le but de Microsoft est de
faire évoluer l’expérience télévisuelle, tout en augmentant le nombre d’abonnés à Xbox Live.
Microsoft to Launch First Original Shows on Xbox in Early 2014, Variety, Marc Graser, 12/13/2013
Better Call Saul, la série derivée de Breaking Bad prévue pour 2014, sera disponible sur Netflix dès sa
première diffusion TV.
Diffusée sur la chaîne câblée AMC en 2014, Better Call Saul, « spin-off » de la série à succès Breaking Bad, sera
ensuite proposée sur la plateforme de streaming Netflix.
Les abonnés de Netflix aux Etats-Unis et au Canada auront ainsi acccès à la saison complète de Better Call Saul une
fois le dernier épisode diffusé sur AMC. En Europe et en Amérique Latine, on pourra voir les épisodes quelques jours
après leur diffusion à la télévision américaine.
Cet accord signé avec Sony Pictures Television et AMC permet à Netflix d’être le premier service de SVOD à diffuser
en exclusivité la série dans les 40 pays où la société est présente. La plateforme offre déjà à l’heure actuelle
l’intégrale de Breaking Bad aux Etats-Unis et dans la plupart des autres pays (sauf la seconde partie de la cinquième
et dernière saison).
Aucune date de diffusion pour l’épisode pilote de Better Call Saul n’a encore été annoncée par AMC. On sait déjà que
cette série prendra la forme d’un « sequel » de Breaking Bad, en suivant les débuts de l’avocat véreux Saul Goodman
(Bob Odenkirk), avant qu’il ne fasse la connaissance de Walter White (Bryan Cranston), et ne l’aide dans son
ascension de trafiquant. La série est développée par le showrunner originel de Breaking Bad, Vince Gilligan, aidé du
scénariste Peter Gould.
Netflix to Stream ‘Better Call Saul’ After AMC Airs ‘Breaking Bad’ Spinoff in 2014, Variety, Todd Spangler,
12/16/2013
Ultra HD : LG et Samsung misent sur les contenus
LG Electronics et Samsung ont annoncé des partenariats avec des fournisseurs de contenus dans l'espoir de
donner un coup de pouce aux ventes de leurs téléviseurs ultra haute définition.
LG a été le premier à dévoiler une alliance avec le groupe américain de vidéo en ligne Netflix, lors d'une conférence
de presse organisée à Las Vegas à la veille de l'ouverture du salon high-tech International CES.
Tous les nouveaux téléviseurs ultra HD de LG capables de se connecter à Internet permettront à partir de cette
année de visionner en streaming sans téléchargement préalable des films ou séries du catalogue de Netflix.
Le directeur général de Netflix Reed Hastings, invité surprise à la conférence de presse de LG, a souligné que son
service proposerait la diffusion en temps réel de vidéos filmées et postproduites selon les normes ultra haute
définition. Ce sera notamment le cas de la deuxième saison de la série originale très remarquée de Netflix "House of
Cards". "Le streaming sera la manière principale dont les consommateurs recevront des contenus 4K", a assuré M.
Hastings. Samsung a lui aussi annoncé, lors d'une autre conférence de presse, des mesures visant à renforcer
l'écosystème lié à l'ultra HD en améliorant l'offre de contenus. Il a évoqué des partenariats là encore avec Netflix,
mais aussi avec le service concurrent de vidéo en ligne d'Amazon et des groupes de télévision comme Comcast et
DirectTV. Leurs applications pourront être installées sur ses téléviseurs, Samsung espérant ainsi "accélérer l'adoption
par les consommateurs et l'accès aux contenus ultra HD", selon un communiqué.
Samsung a aussi annoncé la mise en vente au printemps d'une série de contenus vidéos en qualité ultra HD fournis
par les studios Paramount, avec notamment les deux derniers volets de la saga "Star Trek", le film de zombies "World
War Z" ou encore le classique "Forrest Gump".
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Interview de Gary Scott Thompson showrunner de la future série “ Taxi Brooklyn”.
Gary Scott Thompson, le producteur de la série “ Las Vegas” sur NBC, met son talent au service de TF1
comme showrunner de la future série “ Taxi Brooklyn”.
Comment avez-vous rencontré Luc Besson et discuté du projet de l’adaptation de “Taxi” pour la télévision?
J’ai rencontré Luc Besson à Los Angeles et nous avons parlé de faire un show TV il y a environ deux ans et demi.
Puis nous sommes restés en contact, nous avons discuté de projets ensemble. Je suis allé à Paris, puis on s’est à
nouveau revus à Los Angeles.
Quel est votre parcours ?
J’ai quitté Los Angeles pour New York à 21 ans pour faire une école. Je suis diplômé de la New York University. J’ai
étudié le théâtre, et avant, j’étais acteur dans des films. J’ai été chanceux, j’ai connu le succès en travaillant sur le
road movie “Fast and Furious”. Puis j’ai décidé de travailler en télévision, car j’adore la télévision !
Quelle est la différence entre travailler justement sur un film comme “Fast and Furious” au cinéma et se
mettre au service d’un film de télévision ?
Au cinéma, c’est le directeur qui a les pleins pouvoirs. Un grand nombre de professionnels du cinéma ont décidé de
travailler pour la télévision. Le petit écran offre plus d’opportunités, plus de “storytelling”. J’ai discuté avec Howard
Gordon (voire notre interview dans la Lettre de l’Audiovisuel de juillet 2011) à l’origine de “Homeland“, “24” et
“Breaking Bad”. Nous sommes conscients qu’il y a beaucoup de chaînes, beaucoup d’opportunités pour s’exprimer et
écrire de belles histoires.
Il y a peut-être aussi plus de travail en télévision, non ?
Ce n’est pas forcément une question de job, mais plus de création. Il existe beaucoup plus de créativité, tu as plus de
contrôle sur ton contenu, tes idées. C’est difficile quand on travaille pour un film que tu passes 2 à 5 ans de ta vie à
écrire, après tu vas à l’avant-première, et rien ne correspond à ce que tu avais en tête ! La presse te blâme, rien ne
va plus. Alors que tu n’y peux rien du tout et que le directeur a pris la décision de tout changer ! La télévision t’évite ce
genre de mésaventure !
Quelle est la différence culturelle entre les Américains et les Français ?
Le show-runner aux USA est en charge des relations avec les studios et nous travaillons ensemble avec la chaîne. Il
y a une collaboration mutuelle et nous travaillons ensemble. La chaîne a un grand contrôle. Aux USA, nous avons
tellement d’épisodes, certaines fois plus de 20, et nous sommes davantage responsabilisés. Notamment sur ce qu’il
va se passer dans la suite des épisodes.
Est-ce qu’il y a des différences d’organisation sur les méthodes de travail entre la France et les USA ?
La plus grande différence est qu’aux USA, nous fabriquons un grand nombre de shows télé. Nous avons l’habitude,
depuis de nombreuses années et nous savons comment faire. Tout le monde les regarde. Pas uniquement la France
ou l’Europe, mais tout le monde ! La structure de la TV française est différente, tu fais une chose, puis une autre. La
structure de la TV américaine est plus proche de la TV anglaise et australienne. Notre construction n’est pas rigide,
mais il y a une structure solide.
Quelle est la recette du succès des séries américaines, d’après vous ?
On a l’habitude de créer des intrigues. Tu veux voir la suite, donc tu ne décroches pas. Le public doit être tenu en
haleine jusqu’au prochain numéro. Quelque chose de grand doit arriver, on ne peut pas partir.
Pensez-vous, fort de cette expérience avec la France, collaborer avec d’autres pays ?
Avant, le marché américain était un peu tourné vers lui-même. Pourtant il y a de bonnes opportunités à l’étranger et le
marché américain est devenu plus ouvert. Ma collaboration avec TF1 et Europa-Corp en est un bon exemple. Au
départ, c’est la France et l’Europe, puis on peut s’ouvrir au Canada, au Mexique. Les partenariats sont intéressants.
C’est plus diversifié et amusant de travailler avec d’autres.
Quelle est la French touch selon vous ? On parle souvent de l’esthétisme français et de la qualité des prises
de vue…
Il y existe une sorte de globalité. Le directeur de la photographie est belge. Dans l’équipe, il y a des Français, des
Américains, mais quand nous parlons de film, nous parlons le même langage.
Propos recueillis par Sandra Muller, correspondante à New York de La Lettre de l’Audiovisuel.
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Les obstacles à l’entrée de Netflix en France
La France est un grand pays de cinéphiles et de fervents consommateurs de films et séries américains. Plusieurs
sources ont révélé ces derniers mois l’intention de Netflix, leader de la VOD aux Etats-Unis, de venir s’installer dans
l’hexagone. L’entreprise californienne devra cependant faire face à plusieurs obstacles liés aux spécificités du
système audiovisuel français.
Netflix n’a pas annoncé son arrivée en France. Mais les spéculations vont bon train en particulier depuis que le
service de vidéo à la demande s’est installé aux Pays-Bas. Netflix rassemble plus de 8 millions d’abonnés à travers le
monde, et est déjà présent dans 40 pays. La France, où l’on défend « l’exception culturelle », est perçue comme l’un
des bastions les plus difficiles à prendre.
En France, la chronologie des médias est au cœur des débats. A l’heure actuelle, il faut attendre 36 mois après la
sortie d’un film en salle pour qu’il puisse être diffusé sur une plateforme de svod comme Netflix.
Les chaînes de télévision et les exploitants s’opposent à une entrée de Netflix sur le marché français, arguant qu’il
viendrait déstabiliser le système de financement du cinéma hexagonal déjà fragilisé. Celui-ci repose notamment sur
un système de soutien alimenté par les taxes sur les places de cinéma et par l’investissement obligatoire des
diffuseurs. Depuis janvier 2011, les services de SVOD doivent investir 21% de leurs revenus annuels dans des préachats ou co-productions des films français ou européens. Ils doivent aussi payer une TVA à 19,6%.
Certaines entreprises du numérique contournent ce système en installant leur siège dans d’autres pays européens
bénéficiant d’une fiscalité plus avantageuse pour diffuser leur contenu en France. C’est le cas d’iTunes et de Google,
deux grands fournisseurs de vidéo en ligne dans l’hexagone, basés au Luxembourg pour profiter d’une TVA à 7%.
Enfin, au-delà des coûts d’acquisition des droits d’exploitation de films français, Netflix devra également prévoir des
frais de doublage en langue française.
Les chaînes françaises craignent que cette nouvelle concurrence ne vienne désengager les téléspectateurs qui se
détourneraient de la télévision traditionnelle. Mais la concurrence française de Netflix a déjà anticipé son arrivée.
C’est le cas notamment de plateformes svod comme Canal Play Infinity du groupe Canal +, ou Orange Cinema
Series chez Orange. Le Vice-Président de la communication de la diffusion contenu d’Orange, Sebastien Goales, se
dit « confiant » dans l’offre des programmes qu’il propose grâce, entre autres, à son partenariat avec HBO. Le
directeur du département film de Canal+, Manuel Alduy, ajoute que Netflix a connu le succès aux Etats-Unis grâce à
son catalogue de films, programmes qui ont peu à peu disparu des chaînes américaines. Or ce n’est pas le cas en
France où les téléspectateurs disposent toujours d’une offre large de films visibles à la télévision et en VOD.
L’analyste Richard Broughton de l’agence Screen Digest relativise cependant ce dernier argument. Il précise que
Netflix a acquis une part de marché non négligeable aux Pays-Bas et en Suède, où les téléspectateurs avaient
pourtant l’habitude de regarder les chaînes par abonnement et bénéficiaient d’un service de VOD déjà très
développé.
Why Netflix Would Face Resistance Breaking Into France, Variety, Elsa Keslassy, 11/27/2013
Marvel (Disney) en exclusivité chez Netflix
Disney a conclu avec Netflix un accord de diffusion de quatre mini-séries dédiées chacune à un héros de « comic
books » Marvel, prévues pour début 2015.
Daredevil, Jessica Jones, Iron Fist et Luke Cage vont ainsi faire chacun l’objet de mini-séries de treize épisodes
chacune. Produites par Marvel Television en association avec ABC Television Studios, autre filiale de Disney, elles
seront diffusées dans les 41 pays où la plateforme de vidéo à la demande par abonnement est basée.
Cet accord permet à Disney d’étendre la marque Marvel et son catalogue de super-héros à un nouveau support de
diffusion, après le cinéma et plus récemment la télévision, avec le lancement en septembre dernier de Marvel, Agents
of S.H.I.E.D. sur la chaîne ABC. Selon Alan Fine, President de Marvel Entertainment, un service de vidéo à la
demande comme Netflix offre de nouvelles possibilités d’immersion dans l’univers narratif des séries. De son côté, le
Chief Content Officer de Netflix Ted Sarandos explique son choix par le succès que rencontrent les films Marvel
comme Iron Man et Avengers sur la plateforme de vod.
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Cet accord n’est cependant pas le premier signé entre les deux sociétés. Il y a un an déjà déjà, Netflix s’entendait
avec Disney pour être, à partir de début 2016, le premier service audiovisuel par abonnement à diffuser juste après
leur sortie en salle les productions Walt Disney Studios (Disney, Walt Disney Animation Studios, Pixar Animation
Studios, Marvel Studios, Disneynature et Lucasfilm).
Disney's Marvel and Netflix Join Forces to Develop Historic Four Series Epic plus a Mini-Series Event, Marvel.com, 4
décembre 2013
Face aux « flops », les studios vont-ils revoir leur stratégie ?
« 2013 a été l’année des flops » pour les films hollywoodiens, a déclaré en août dernier Brian Lehrer, le célèbre
animateur sur la New York’s Public Radio.
L’été dernier, plusieurs films hollywoodiens dont les espérances étaient à la hauteur de leurs budgets colossaux ont
connu de mauvais résultats au box-office: Lone Ranger (Disney) d’abord, mais aussi R.I.P.D. (Universal), Turbo
(DreamWorks), White House Down (Sony) et After Earth (Sony).
Ces résultats décevants étaient assez prévisibles. L’analyste Doug Creutz du cabinet Cowen & Company considère
que ces échecs sont largement dus au nombre record de sorties pendant l’été : 17 blockbusters contre 9
habituellement.
En juin dernier, les réalisateurs Steven Spielberg et George Lucas avaient tout deux annoncé lors d’une conférence à
l’Université of Southern California, un effondrement du modèle des blockbusters hollywoodiens. Notons que les deux
cinéastes à succès avaient rencontré beaucoup de difficultés pour distribuer leurs derniers films respectifs, Lincoln et
Red Tails, sur le territoire américain. Steven Spielberg avait même mis en garde son auditoire : « Le paradigme devra
changer car le système hollywoodien implosera avec le crash de trois, quatre ou peut-être même six films à mégabudget ».
Les « crashs » ont eu lieu… mais les studios ont-ils pour autant changé de stratégie ?
La co-chairman de Sony Pictures Entertainment, Amy Pascal, a annoncé que le studio allait sortir seulement quatre
films l’été prochain, au lieu de huit en 2013. Mais la major n’abandonne pas pour autant le modèle des blockbusters,
avec la sortie très attendue de The Amazing Spider-Man 2 en mai 2014. Il en va de même pour les autres studios,
avec dès avril prochain la suite de Captain America, suivie en mai de Godzilla et d’un nouveau X-Men, puis, en juin
d’un quatrième Transformers, d’Hercules en juillet, et des Gardiens de la Galaxie en août.
Anita Elberse, professeur à la Harvard Business School et auteur de “Blockbusters: Hit-Making, Risk-Taking, and the
Big Business of Entertainment”, souligne que, malgré quelques échecs, « la stratégie des blockbusters » se révèle
gagnante. Ces super-productions peuvent être distribuées à travers le monde, avec une promotion proportionnelle à
leur budget, et générer de gros bénéfices. Il est ensuite possible d’en créer des franchises ou des marques qui
permettront de mettre sur le marché des produits dérivés particulièrement rentables. « Le film en lui-même en devient
presque secondaire », souligne l’analyste Doug Creutz.
Les studios répondent aussi aux attentes de leur public. Celui-ci semble apprécier les « sequels ». C’est pourquoi la
production de suites et la (ré)utilisation d’ univers et de héros connus et rapidement identifiables a connu un bond ces
dernières années.
La stratégie du groupe Disney est basée sur ce concept. Avec les rachats successifs de Marvel et de Lucasfilm,
Disney souhaite exploiter pleinement le catalogue de personnages des comics-books de Marvel et de l’univers de La
Guerre des Etoiles. Certes Disney a subi deux échecs retentissants en 2012 et 2013, avec John Carter et The Lone
Ranger, mais la société a également rencontré deux des plus gros succès de tous les temps au box-office avec The
Avengers et Iron Man 3.
Toutes ces séries n’empêchent pas forcément la production de films originaux aux succès commercial et critique,
comme le dernier film d’Alexander Payne, Nebraska, tourné en noir et blanc, Gravity ou encore Captain Phillips.
Studios Unfazed by Colossal Wrecks, The New York Times, James B. Stewart, 12/20/2013
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Neutralité des réseaux
La cour d’appel du DC Circuit donne raison à Verizon contre la FCC
Dans sa décision du mardi 14 janvier, la cour d’appel fédérale du DC Circuit a estimé que l’Open Internet Order
adopté par la Federal Communications Commission (FCC) en décembre 2010 outrepassait l’autorité donnée au
régulateur par le Telecommunications Act de 1996. Cette décision s’inscrit dans la continuité du jugement Comcast v.
FCC rendu en avril 2010 par la cour d’appel fédérale, qui avait alors invalidé les principes de neutralité des réseaux
adoptés précédemment par la FCC.
L’Open Internet Order articulait les principes de neutralité des réseaux autour de trois règles, dont les deux dernières
ne s’appliquaient qu’aux opérateurs de réseaux filaires, et non aux opérateurs de réseaux mobiles.
- transparence : les opérateurs doivent rendre publiques les méthodes de gestion et les performances de leurs
réseaux ;
- interdiction des pratiques de blocage de terminaux, de protocoles, d’applications ou de contenus légaux
- interdiction des pratiques de discrimination injustifiées ou excessives dans la transmission des paquets de données
(ralentissement ou priorisation de certains flux).
Malgré sa dimension relativement technique, le concept de neutralité des réseaux («net neutrality ») s’est fortement
politisé au cours des années 2000 au point que sa mise en application devienne une promesse de campagne de
Barack Obama en 2008. Les démocrates soutiennent généralement les principes de neutralité, considérés comme
une intervention positive du gouvernement fédéral pour protéger les droits des consommateurs face aux grandes
entreprises télécoms d’une part, et comme un dispositif de soutien à l’innovation qui réduit les barrières à l’entrée
pour les nouveaux entrants d’autre part. À l’inverse, la grande majorité des républicains, favorables au libre jeu du
marché, s’oppose résolument à ces principes. Ils estiment que la tentative du gouvernement pour « réguler Internet »
provoquerait des distorsions de marché et freinerait l’innovation. Alors que les élus républicains ont salué la décision
de la cour d’appel, l’administration Obama et le nouveau président de la FCC, Tom Wheeler, ont réaffirmé leur
volonté d’appliquer les principes de neutralité.
Dans le détail, les juges de la cour d’appel ont estimé que l’Open Internet Order était illégal dans la mesure où la FCC
a décidé au milieu des années 2000 de considérer les services offerts par les fournisseurs d’accès à Internet («
broadband providers ») comme des services d’information. Or, le Telecommunications Act de 1996 distingue
précisément les services d’information des services de télécommunications, et exclut expressément toute régulation
des premiers par la FCC. S’il invalide donc l’Open Internet Order, le tribunal rappelle que la FCC a toute autorité pour
réguler les services de télécommunications. En conséquence, la FCC pourrait à la fois renoncer à faire appel et
édicter de nouvelles règles de neutralité, à condition de requalifier les fournisseurs d’accès à Internet comme des
fournisseurs de services de télécommunications.
Au Congrès, de nombreux membres de la Chambre des représentants ont appelé à une réforme du
Telecommunications Act, adopté en 1996 lorsqu’Internet émergeait à peine, et dont les distinctions conceptuelles
apparaissent désormais obsolètes. Pour autant, la situation de cohabitation actuelle – la Chambre étant à majorité
républicaine tandis que l’administration et le Sénat sont contrôlés par les démocrates – ainsi que la forte politisation
de certains sujets technologiques tels que la neutralité des réseaux, rendent difficiles à brève échéance l’adoption par
le Congrès d’une nouvelle loi sur le numérique.
Ghislain de Salins
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
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CES : Le marché des appareils technologiques devrait être en recul au cours de 2014
Les consommateurs devraient dépenser moins cette année pour des produits technologiques grand public,
selon une étude publiée dimanche à l’ouverture du CES de Las Vegas.
Selon un état des lieux dressé dimanche à deux jours de l'ouverture à Las Vegas du salon International CES, grandmesse annuelle du secteur technologique, le marché des téléviseurs, téléphones et autres ordinateurs a atteint un pic
en 2013 à 1.068 milliard de dollars, 3% de plus qu'en 2012.
L'étude, réalisée par l'association américaine d'électronique grand public (CEA) et le cabinet de recherche GfK, table
sur un recul de 1% cette année, à 1,055 milliards de dollars. Steve Koenig, un analyste de la CEA, met en grande
partie ce ralentissement sur le compte des tablettes informatique et des smartphones, dont la popularité a soutenu la
croissance de ces dernières années. Il y a toujours "des volumes (de ventes unitaires) massifs, mais des prix plus
bas, nécessaires pour pénétrer plus profondément les marchés, notamment émergents". Les ventes mondiales de
tablettes devraient encore grimper cette année, à 340 millions d'unités après 242 millions en 2013, et celles de
smartphones passer de 1 à 1,24 milliard d'unités. Mais cette croissance "repose de plus en plus sur les appareils
d'entrée de gamme", a noté M. Koenig. Le prix de vente moyen d'un smartphone, encore de 444 dollars en 2010,
devrait ainsi passer cette année sous la barre des 300 dollars.
Cette tendance répond à la demande des consommateurs des marchés émergents, en particulier d'Asie (emmenés
par la Chine) qui ont détrôné, et probablement durablement selon M. Koenig, l'Amérique du Nord comme premier
marché mondial pour les produits technologiques grand public. L'an dernier, les dépenses technologiques dans les
pays émergents d'Asie ont atteint 282 milliards de dollars, soit 27% du total mondial et une croissance de 15% sur un
an. L'Amérique du Nord ne réalise plus que 24% des dépenses mondiales (+3%), et l'Europe occidentale 17% (-3%).
Si les appareils mobiles représentent toujours le gros des dépenses technologiques, les achats de consoles de jeux
vidéo ont bénéficié fin 2013 de la sortie d'une nouvelle génération d'appareils avec la PlayStation 4 de Sony et la
Xbox One de Microsoft.
Les ventes de téléviseurs semblent aussi lentement se redresser (+1% en 2013 et +2% attendus cette année après 8% en 2012). M. Koenig a évoqué une transition vers des écrans plus grands, la popularité croissante des téléviseurs
dotés de fonctionnalités Internet, et l'émergence attendue de nouvelles technologiques comme des écrans courbés
ou à ultra haute définition qui devraient être bien représentés cette année au CES. Avec des ventes mondiales
attendues entre 2 et 2,5 millions d'unités cette année, la télévision ultra haute définition est "un marché naissant" mais
pour lequel "une croissance très importante est attendue", a aussi assuré Shawn Dubravac, un autre analyste de la
CEA.
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Tom Wheeler reporte les enchères de fréquences hertziennes à 2015
Alors que les premières enchères inversées de fréquences hertziennes étaient prévues pour janvier 2014, Tom
Wheeler, le nouveau président de la FCC (Federal Communications Commission) a annoncé leur report à mi 2015.
Ces enchères prévoient la réallocation d’une partie des fréquences actuellement utilisées par les chaînes de
télévision au profit des services de téléphonie mobile, notamment pour la technologie 4G). Le délai décidé par Tom
Wheeler laissera davantage de temps aux acteurs concernés pour s’organiser. Il permettra aussi à la FCC de
retravailler les modalités et les détails techniques des enchères, sur la base de recommandations qu’un groupe de
travail présentera aux commentaires du public courant 2014.
Les premières précisions attendues concernent les incitations données aux chaînes de télévision pour qu’elles
libèrent des fréquences, d’une part en leur proposant des prix justes et d’autre part en leur garantissant de nouveaux
canaux de transmission. Une importante avancée a été réalisée à ce sujet fin novembre avec un accord entre le
Département de la Défense et la National Association of Broadcasters, en vertu duquel les armées acceptent de
libérer des fréquences pour la téléphonie mobile et de partager d’autres fréquences avec des chaînes de télévision
locales. De leur côté, ces dernières peuvent ainsi libérer des fréquences pour les usages mobiles.
Par ailleurs, une proposition de loi bipartisane (Federal Spectrum Incentive Act), introduite début décembre, propose
d’accorder des fonds supplémentaires aux agences fédérales acceptant de se séparer de leurs fréquences pour les
offrir aux enchères des opérateurs privés ou de les partager avec d’autres agences.
Mathilde Dubourg
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
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Les livres électroniques n’ont pas sonné le glas des librairies indépendantes qui font leur grand retour
Les librairies en phase terminale ? Borders, Barnes & Nobles mortes toutes les deux ou presque ? Le triomphe
d’Amazon ? Les livres numériques comme l’alpha et l'oméga de la lecture ?
Pourtant en centre-ville, à Frederick, Marlene et Tom England défient l'avenir : ils viennent d'ouvrir la librairie L'iguane
Curieux. La librairie propose des livres… imprimés. Des livres de non fiction. De recueils de poèmes. Des nouvelles.
Dingue, non ? Certaines personnes le pensent certainement en passant devant ce lieu.
« Je les entends dire : « une librairie ? Qui veut encore ouvrir une librairie de nos jours ? » Et Marlene d’ajouter:
« Comme la porte est ouverte, je peux vous entendre vous savez ? ». Marlene ne s'est pas aventurée à l'extérieur de
la librairie pour démentir les propos de cet oiseau de malheur mais si elle l'avait fait elle aurait simplement répliqué
ceci : les librairies indépendantes ne sont pas mortes. En fait, dans les centres urbains, là où les communautés
culturelles sont les plus denses, elles font même leur grand retour.
Dans le monde de « l'e-récit », leur résurgence serait portée par la croissance de l'ebook qui s'est stabilisée. (…)
Entre ceux qui ne peuvent pas abandonner complètement le plaisir de tourner la page, ceux dont les pratiques sont
mixtes et l’anticipation des détaillants avisés qui ont inscrit leurs magasins dans la mouvance du "Buy Local" et
comme lieux alternatifs au "tout connecté"…
L'association des libraires américains (American Booksellers association), représentant les librairies indépendantes,
explique que si ses adhésions plafonnaient à 1600 membres jusqu’en 2008, elles viennent de croitre de 6,4 % en
2013 pour atteindre 2022 membres. Leur chiffre d’affaires a augmenté de 8 % en 2012. Et la tendance se poursuit.
(…)
À l'échelle du pays, alors qu’on assiste toujours à des fermetures de libraires indépendantes en raison des difficultés
du secteur, les ouvertures sont maintenant plus fréquentes que les fermetures. World, le libraire indépendant de
Brooklyn, vient d'ouvrir une nouvelle antenne en lieu et place d'un vieux Burger King à Jersey City. Bookbug, à
Kalamazzo, Michigan, vient de doubler sa surface. La romancière Ann Patchett, a ouvert un magasin à Nashville.
Sans compter les ouvertures à St Louis, Durham, NC et ailleurs.
Comme le déclare Marlene England : « nous n'avons jamais succombé au climat de "fin du monde" », « on ne voit
que les gros titres, mais il faut creuser profondément pour observer ce qui se passe réellement ».
Cette année, la résurgence des "indé" est même devenue le sujet principal du monde de l'édition. Le magazine
Publisher Weekly, la bible professionnelle du secteur, nommait le mois dernier Oren Teicher, le directeur exécutif de
l'American Booksellers association, personne de l'année, un honneur détenu avant lui par l'auteur de Fifty Shades of
Gray de E. L James et Jeffrey P. Bezos, le fondateur d'Amazon et propriétaire du Washington Post, l'ennemi des
libraires indépendants.
(…) Il y a encore 25 ans, les indépendants étaient déjà voués à disparaitre, quand Waldenbooks s'est installé dans
les centres commerciaux. Puis quand Barnes et Nobles est venu avec ses fameuses sélections et ses fauteuils
confortables. (…) Tout comme quand Amazon a lancé ses prix bas et ses livraisons rapides.
« Je crois que ce que nous avons vu comme la mort inévitable du commerce physique de détail était en fait une
grosse exagération" déclarait Laura J. Miller, professeur de sociologie et auteur de Reluctant Capitalists : Bookselling
and the Culture of Consumption. « Les gens aiment fréquenter les boutiques physiques "Brick and Mortar" pour de
nombreuses raisons, et plus particulièrement les librairies parce qu’elles offrent une expérience en plus de l’achat
utilitaire ».
C’est aussi ce qui a motivé la décision de Tom England lors de l’ouverture de l'Iguane Curieux, pouvoir offrir ce «
quelque chose en plus ». C’est ce qu’ils ont initié en se spécialisant dans un certain art de la vente. En ouvrant en
premier lieu, un magasin de jouets très populaire le "Dancing Bear", spécialisé dans les jouets sans batteries. (…) les
ventes de Dancing Bear augmentant chaque année.
Tom England précise : « Je pense que chacun a le désir de revenir aux choses simples. Les enfants recommencent
à jouer aux jeux comme Risk. Les gens recherchent un contact physique avec ces objets. Et veulent être un peu "lowtech" ».
Les England désiraient ouvrir un second magasin de jouets, dans une autre ville, mais ils sont très attachés à leur
ville et ont pris conscience qu'il s'y passait quelque chose de particulier : une renaissance, alimentée par les épiceries
haut de gamme, les cafés branchés… Comme la section « Livres pour enfants » de leur magasin explosait, ils ont
d’abord pensé ouvrir une librairie pour enfants.
Mais les habitants de Frederick les ont poussés à ouvrir une librairie générale pour le bénéfice de tous. Les
statistiques montrant que les ventes des librairies indépendantes repartaient à la hausse les ont convaincus. Ils ont
alors fait un énorme pari en déplaçant leur magasin de jouets de la rue principale au coin de la rue et en y installant
l'Iguane Curieux.
Les murs de la librairie ont une couleur chaude, des lumières cosy. Le plancher de bois blanc craque. Et ils ont enfin
confié au magasin une mission supplémentaire, le partage d'une partie des bénéfices avec des organisations
internationales à but non lucratif. Les ventes sont plus fortes qu'attendues.
"Nous sommes à la recherche de lieux intimes, plus petits, comme celui-ci où les livres sont choisis et respectés.
C'est plus qu'une simple librairie" comme le souligne une cliente.
Ryan Young, 38 ans, vient de dépenser 130 $ de livres (livres de cuisine, livres pour enfants et des livres grand
format). Elle dit tout haut ce que beaucoup d'acheteurs de livres n'oseraient pas déclarer dans une librairie
indépendante : « je suis membre d'Amazon Prime et je possède un kindle. Mais rien ne remplace le plaisir de tenir un
livre dans les mains ».
Young est un profil émergent plutôt favorable aux libraires indépendants : elle est une lectrice hybride. Environ 64 %
des acheteurs de livres aux États-Unis préfèrent lire dans les deux formats, imprimé et digital, selon le Codex Group,
qui sonde régulièrement des panels de lecteurs. (…)
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Marlene England n'est pas choquée par ces remarques à propos d'Amazon : « ce n'est pas tout blanc ou tout noir. On
ne doit pas se sentir coupable d'acheter des livres numériques. Nous le faisons tous. »
Les livres électroniques n'ont pas submergés la librairie comme de nombreux experts le prévoyaient il y a 5 ans. Les
statistiques de l'année montrent que les ventes de livres électroniques ont augmenté de 5 % au premier trimestre
comparativement à 28 % en 2012 et 159 % en 2011. « La courbe de croissance s'est stabilisée, ce qui est une bonne
nouvelle pour nous » a déclaré Bradley Graham, un ancien journaliste du Washington Post, qui possède la librairie
Politics and Prose, avec sa femme Lissa Muscatine.
Mais de nombreux propriétaire de librairies indépendantes, dont Graham, admettent que les livres électroniques font
aussi partis de l'avenir de l'industrie du livre, c'est pourquoi ils adoptent cette technologie. En partenariat avec Kobo,
un concurrent d'Amazon, Politics & Prose et d'autres librairies indépendantes vendent le reader de cette société, ainsi
que des livres électroniques en contrepartie d’une perte de part de marché.
Ce partenariat n'apporte pas à la librairie un chiffre d'affaires significatif contrairement aux autres nouveaux services
proposées par le magasin : les lectures quotidiennes d'auteurs, les ateliers et les conférences payantes, les voyages
thématiques en lien avec le livre. Depuis peu, la boutique a ajouté la vente de bière et de vin aux événements de la
librairie.
Malgré tout, pour les experts de l'édition, les libraires indépendants ont encore 5 à 10 ans de lutte pour assurer leur
survie (…). Les lycéens (les clients potentiels de demain) apprécient le cartable électronique et le risque est fort qu'ils
ne deviennent jamais ces clients hybrides.
En outre, Amazon ne faiblit pas sur sa politique prédatrice en matière de prix, en particulier sur les Best-Sellers. Enfin,
la disparition de Barnes&Nobles serait catastrophique pour l'industrie du livre…(…)
« Je pense que les indépendants profitent d'un moment de répit » déclarait Al Greco, de l'université Fordham.
Mais comme le souligne Tom Englands, « nous connaissons les risques et savons parfaitement où nous mettons les
pieds »…
Independent bookstores turn a new page on brick-and-mortar retailing, The Washington Post, 15/12/2013 Traduction d’Hélène Clemente, Syndicat de la librairie française
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