mediamerica Octobre 2011

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mediamerica Octobre 2011
Newsletter N°86 – OCTOBRE 2011
L’industrie du divertissement et la Chambre de Commerce américaine demandent au Sénat de voter le
Protect IP Act, tandis que le Tea Party s’oppose au projet
Date: 04/10/2011
Une coalition de représentants de l’industrie du film et de la télévision a adressé une lettre à l’ensemble des
Sénateurs pour les inciter à voter le Protect IP Act, projet de loi contre le piratage en ligne. La Motion Picture
Association of America (MPAA), six studios et d’autres représentants de l’industrie présentent le texte comme un
moyen “de combattre le vol numérique, de protéger les consommateurs et d’établir un environnement numérique plus
sûr permettant aux commerces légitimes de prospérer”.
Le projet de loi Protect IP Act, promu par le Sénateur Patrick Leahy (D-VT) entend donner au Département de la
Justice l’autorité juridique de fermer les sites dédiés au partage d’œuvres sous copyright. Les défenseurs de la liberté
d’expression craignent que le texte ne donne au gouvernement des pouvoirs de contrôle trop étendus sur l’internet, et
le Sénateur Ron Wyden (D-OR) a promis de recourir au “filibuster” s’il était introduit devant les Sénateurs pour un
vote.
Par ailleurs, une coalition de 359 entreprises et associations, représentées par la Chambre de Commerce
Américaine, a écrit aux membres du Congrès en leur demandant d’adopter des mesures vigoureuses contre le
piratage. Si sa lettre ne mentionne pas explicitement le Protect IP Act, la Chambre de Commerce Américaine avait
auparavant qualifié son adoption de “nécessité absolue”.
Les opposants au projet sont néanmoins renforcés par la récente prise de position des « Tea Party Patriots »,
représentants du mouvement Tea Party, contre le Protect IP Act, qui selon eux rendrait possible la censure de
l’internet par le gouvernement. “Disposez-vous de votre propre site internet ? Peut-être le gouvernement le fermera-til demain, sans vous adresser le moindre avertissement”, prévient la page Facebook du groupe. Les Tea Party
Patriots se réfèrent même à l’organisation progressiste Demand Progress, également opposée au Protect IP Act,
pour tenter de rassembler progressistes et libertariens contre ce texte.
Entertainment industry urges Senate to pass anti-piracy bill, de Brendan Sasso, The Hill’s Hillicon Valley, 20 septembre 2011
Chamber leads push for copyright enforcement bill, de Brendan Sasso, The Hill’s Hillicon Valley, 22 septembre 2011
OVERNIGHT TECH: Tea Party group slams online copyright bill, de Gautham Nagesh, The Hill’s Hillicon Valley, 26 septembre
2011
Service Economique Régional de Washington
Les entrepreneurs de l’industrie high-tech contre le Protect IP Act
Date: 20/09/2011
Plusieurs entrepreneurs de l’industrie high-tech, parmi lesquels les co-fondateurs de Twitter, Foursquare et Linkedin,
Evan Williams, Dennis Crowley et Reid Hoffman, ont écrit au Congrès pour exprimer leur opposition au Protect IP Act,
approuvé par la Commission Judiciaire du Sénat en mai dernier. Ce projet de loi prévoit de donner au Département
de la Justice et aux détenteurs de copyright de nouveaux outils pour lutter contre le piratage, y compris en forçant les
intermédiaires (moteurs de recherche, réseaux publicitaires, systèmes de payement) à rompre leurs relations
commerciales avec les sites incriminés. Cette solution est très fortement soutenue par les développeurs de logiciels
et les professionnels du divertissement, mais le sénateur Ron Wyden (D- OR) a annoncé qu’il bloquerait le vote du
texte. Selon lui, ce projet de loi irait à l’encontre de la liberté d’expression et de l’innovation, et serait un fardeau
considérable pour les PME de l’industrie high- tech.
Les signataires de la lettre au Congrès estiment que la loi existante dite « Digital Millenium Copyright Act », qui place
la responsabilité uniquement sur les pirates et non sur les intermédiaires est plus adéquate que le Protect IP Act, qui
créerait, selon leurs dires, « des dommages collatéraux » considérables.
Tech entrepreneurs oppose online copyright bill, de Gautham Nagesh, The Hill’s Hillicon Valley
Service Economique Régional de Washington
182 000 emplois créés grâce à l’économie des applications Facebook
Date: 14/10/2011
Selon l’Université du Maryland, les applications Facebook et celles pour téléphones portables et tablettes ont donné
naissance, depuis le lancement de Facebook Plateform en mai 2007, à une nouvelle industrie baptisée économie des
applications ou app economy.
Cette économie des applications est l’un des rares secteurs de l’économie américaine qui connaît une croissance
rapide, rappelle la Smith School of Business de l’Université du Maryland dans une nouvelle étude.
Intitulée “L’économie des applications Facebook” (“The Facebook App Economy“), ce rapport établit qu’au moins 182
000 emplois auraient été créés aux Etats-Unis par les entreprises qui développent des applications spécifiquement
pour Facebook, réseau social le plus populaire au monde, qui compte plus de 750 millions d’utilisateurs.
L’Université du Maryland rapporte également que ce modèle économique a généré 12.19 milliards de dollars en
salaires et autres gratifications pour les travailleurs américains. Toutefois, elle souligne qu’il s’agit là d’estimations
basses. “Selon des estimations plus hautes, l’économie des applications Facebook aurait créé 235 644 emplois,
rapportant 15.71 milliards de dollars à l’économie américaine.”
Les entreprises concernées par cette économie ne sont pas seulement celles qui fabriquent des applications de jeux
et autres. L’économie des applications inclut également “des entreprises qui fournissent des services aux
développeurs d’applications”.
L’étude prévoit une croissance de ces entreprises créatrices d’applications.
“Nos découvertes confirment que les plateformes de réseaux sociaux ont créé une nouvelle industrie prospère”,
explique Il-Horn Hann, co-directeur du Center for Digital Innovation, Technology and Strategy de l’Université de
Maryland. “Tant que Facebook et les autres plateformes seront en pleine croissance, nous constaterons des
créations d’emplois et des répercussions sur l’économie américaine”.
Facebook ‘app economy’ has created more than 182,000 jobs, study says, de Nathan Olivarez-Giles, Los Angeles Times, 19
Septembre 2011
Alexandra KURKDJIAN
Publication des règles de neutralité du réseau
Date: 11/10/2011
La Federal Communications Commission (FCC) vient de publier les règles de neutralité du réseau au sein du Federal
Register, l’équivalent, aux Etats-Unis, du journal officiel français (Lire la publication en cliquant ici).
Les règles de neutralité du réseau, approuvées par la FCC en décembre 2010 par 3 voix contre 2 (Lire
l’article Neutralité du réseau : la FCC présente ses nouvelles règles, 18 janvier 2011), ont été publiées le vendredi 23
septembre 2011 et prendront effet le 20 novembre prochain.
Ces règles, qui font la différence entre les connexions Internet filaires et l’Internet mobile, s’articulent autour de trois
principes centraux :
- la transparence : les fournisseurs d’accès Internet filaire et mobile doivent communiquer et être transparents sur
leur méthode de gestion des réseaux, le débit de leurs connexions, et les termes des contrats passés avec leurs
abonnés ;
- l’absence de blocage : les fournisseurs d’accès Internet filaire ne doivent pas bloquer l’accès à un contenu, des
applications, des services légaux ni à des appareils autorisés ;
- pas de discrimination déraisonnable : les fournisseurs d’accès Internet filaire ne doivent pas faire preuve de
discrimination déraisonnable au sein du contenu légal qu’ils transmettent.
L’une des questions qui fait toujours débat consiste à savoir si les fournisseurs d’accès Internet sans fil devraient
suivre les mêmes règles que les fournisseurs d’accès Internet filaire. Les défenseurs des droits des internautes
craignent que, si ce n’est pas le cas, les fournisseurs d’Internet sans fil ne monopolisent les capacités d’innovation en
matière de nouveaux services. Les fournisseurs se défendent en avançant que leurs réseaux sont plus congestionnés
que les autres et que la concurrence dans leur secteur empêche d’ores et déjà toute pratique déloyale.
Les opérateurs de télécommunications Verizon et MetroPCS avaient entamé des poursuites dès le mois de janvier
2011 afin de bloquer les règles de neutralité du réseau, mais celles-ci ont été écartées par les tribunaux qui jugeaient
cette démarche précoce : les règles n’avaient pas encore été publiées au Federal Register. Maintenant que c’est
chose faite, les opérateurs sont libres de les attaquer en justice ce qu’ils n’ont pas tardé à faire. Quelques jours après
la publication des règles, Verizon a relancé ses poursuites contre la FCC, soutenant que la FCC n’avait pas autorité à
réguler le secteur de l’Internet. L’association Free Press, qui milite pour la réforme des médias aux Etats-Unis, avait
devancé le groupe de télécommunications et poursuit désormais la FCC en arguant que ses règles ne sont pas assez
contraignantes vis-à-vis des opérateurs mobiles. En effet, de nombreux partisans de la neutralité du réseau ont
reproché à la FCC d’avoir intégré des règles soutenues par Verizon.
Au total, près de 4 groupes ont déjà lancé des actions en justice contre la FCC, dont Media Mobilizing Project, Access
Humboldt, et Mountain Area Information Network, tous reprochant à la FCC de ne pas être allée assez loin dans la
protection des internautes.
L’autorité de la FCC sur le secteur du web avait déjà été mise en doute en 2010 par une cour d’appel fédérale de
Washington. Celle-ci avait remis en cause la légitimité de la FCC à exiger de la part de Comcast des modifications
dans la gestion de son réseau Internet (Lire l’article Revers pour la FCC : Net Neutrality et Broadband Plan en
question, 08 avril 2010).
Net Neutrality Rules Published, Lawsuits Soon to Follow, de Ryan Singel, Wired, 23 Septembre 2011
Géraldine Durand
Facebook créé un comité d’action politique
Date: 04/10/2011
Facebook a déclaré, le 26 septembre, son intention de créer un political action committee (PAC), dans le but
d’accroitre son influence sur les milieux politiques américains. L’entreprise a été obligée de le reconnaitre après que
des observateurs ont rapporté que Facebook avait réservé les noms de domaines fbpac.com et fbpac.us. “Le FB PAC
donnera à nos employés un moyen de faire entendre leurs voix dans le processus législatif en soutenant les
candidats qui partagent notre objectif de promouvoir l’innovation tout en donnant aux gens le pouvoir de partager et
rendre notre monde plus ouvert et connecté”, a déclaré un porte parole par email.
Facebook a commencé ses actions de lobbying en 2009 en embauchant Adam Conner, un ancien employé du
Congrès. Depuis, le réseau social n’a cessé de renforcer ses liens avec le milieu politique, avec l’arrivée dans leur
équipe de Sheryl Sanberg et Marvin Levine, deux anciens de la Maison Blanche, en tant que directrice générale
déléguée et directeur des affaires publiques mondiales. Enfin, en juin dernier, Joel Kaplan, ancien chef de cabinet
adjoint du président George W. Bush, a pris la tête de l’antenne de Facebook à Washington DC.
Alors que d’autres géants du secteur de l’informatique comme Google ont clairement affiché leurs affinités envers les
Démocrates, Facebook a pris soin de ne froisser aucun parti. Ses efforts de lobbying sont estimés à 550 000 dollars
pour l’année 2011, mais ce chiffre devrait rapidement croitre dans l’avenir, en raison des multiples projets de loi
concernant la protection de la vie privée, potentiellement très contraignant pour le réseau social. Ces derniers mois,
Marc Zuckerberg n’a cessé de défendre l’idée que les utilisateurs de son réseau social désiraient partager davantage
d’informations, et que Facebook ne faisait que leur accorder cette possibilité.
Facebook raises its game in Washington by forming its own PAC, de Gautham Nagesh, The Hill’s Hillicon Valley, 26 septembre
2011
Service Economique Régional de Washington
Le Président de la FCC salue le lancement par Comcast d’une offre d’accès au haut débit à bas prix
Date: 04/10/2011
Le Président de la FCC, Julius Genachowski, a salué le lancement par l’opérateur Comcast d’une offre d’accès au
haut débit destinée aux ménages à faibles revenus. “Le programme Internet Essentials va aider un plus grand
nombre d’Américains à accéder aux bénéfices du haut débit en matière d’éducation, de santé et d’emploi”, a déclaré
M. Genachowski, qui a insisté sur le fait que la plupart des entreprises publient désormais leurs offres d’emploi
exclusivement en ligne.
Ce nouveau forfait, qui n’est disponible qu’aux foyers à faibles revenus avec des enfants scolarisés, comprend l’accès
au haut débit pour 9,95 dollars par mois et la possibilité d’acheter un mini ordinateur portable pour 149,99 dollars.
Comcast avait accepté de mettre en place une telle offre comme l’une des conditions à l’approbation de sa fusion
avec NBC Universal, début 2011.
FCC chairman applauds Comcast for low-cost Internet program, de Brendan Sasso, The Hill’s Hillicon Valley, 20
septembre 2011
Service Economique Régional de Washington
L’American Jobs Act présenté par le Président Obama comprend plusieurs mesures pour libérer des
fréquences mobiles et créer un nouveau réseau destiné aux secouristes
Date: 20/09/2011
L’American Jobs Act, présenté par le Président devant le Congrès le 8 septembre, propose de libérer des fréquences
pour l’internet mobile par une mise aux enchères, et de créer un réseau à haut débit interopérable dédié à la sécurité
publique. Les revenus tirés de cette mise aux enchères, estimés à 28 milliards de dollars, devraient également aider à
financer l’extension du très haut débit sans fil à 98 % des Américains. La création d’un nouveau réseau destiné aux
secouristes leur garantira des communications fiables, et leur permettra d’échanger des données et des vidéos en
temps réel. Ces propositions figuraient déjà dans la « Wireless Initiative » présentée par le Président en janvier
dernier.
Malgré les efforts du Sénateur Jay Rockefeller (D-WV), le Congrès n’est pas parvenu à voter la création d’un réseau
pour les secouristes à temps pour le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Le Congrès a en effet
connu des désaccords quant aux modalités de la création de ce réseau, qui pourrait être bâti avec des fonds publics
en utilisant les fréquences dites du « bloc D », ou au contraire mis sur pied par des opérateurs privés après la mise
aux enchères des dites fréquences. Les fréquences du « bloc D » sont comprises entre 764-776 Mhz et 794-806
Mhz. L’American Jobs Act prévoit que la construction de ce réseau soit financée par des fonds publics, pour un
montant largement couvert par la vente aux enchères de fréquences détenues par les diffuseurs de radio et
télévision. D’après la Maison Blanche, cette vente aux enchères rapporterait en effet 28 milliards de dollars, tandis
que le coût global pour la création d’un réseau destiné à la sécurité publique et de l’extension du haut débit sans fil
est estimé à 10 milliards de dollars.
Réagissant à l’annonce de ce plan, le Sénateur Jay Rockefeller (D-WV) s’est déclaré « ravi » que le projet du
Président « prévoie des investissements supplémentaires dans l’économie sans fil, ainsi que la création du réseau
dont les secouristes ont besoin pour faire leur travail efficacement et en toute sécurité ». La Représentante Anna
Eshoo (D-CA), elle-même auteur d’une proposition de loi qui reprend le texte voté par la commission du commerce du
Sénat en juin, a exhorté le Congrès à agir « au plus vite et sans hésiter » au moment où le pays marque le dixième
anniversaire des attentats du 11 septembre. Dans son rapport, la Commission sur le 11 septembre avait relevé des
pannes sur les réseaux utilisés par les pompiers, alors que ces derniers tentaient de venir aux secours des employés
pris au piège dans les tours jumelles.
Obama jobs bill includes spectrum reforms, de Brendan Sasso, The Hill’s Hillicon Valley, 8 septembre 2011
Eshoo repeats call for national public-safety network, de Gautham Nagesh, The Hill’s Hillicon Valley, 7 septembre 2011
Rockefeller praises public safety network in Obama jobs bill, de Brendan Sasso, The Hill’s Hillicon Valley, 12 septembre 2011
Service Economique Régional de Washington
36ème édition du Festival International du Film de Toronto (TIFF), 8-18 septembre 2011 : un festival qui vient
aujourd’hui au deuxième rang du marché cinématographique mondial, après Cannes
Date: 13/10/2011
1. Confirmation du Toronto International Film Festival dans son statut de centre de cinéma mondial.
Le festival du film de Toronto (TIFF) se veut la combinaison de deux festivals parallèles : l’un dédié au public, l’autre
à la presse et à l’industrie. Les organisateurs s’attachent chaque année à renforcer ces deux aspects, afin de faire du
TIFF un centre majeur du cinéma mondial.
Cette volonté de faire de Toronto un lieu de cinéma permanent pour le public s’est concrétisée en 2010 par
l’ouverture de la « Bell Lightbox », tout premier palais des festivals pour ce rendez-vous plus que trentenaire. Ce lieu
regroupe 5 salles de cinéma, des galeries, des ateliers, des espaces de rencontre, une médiathèque, des boutiques
et des restaurants. 600 000 personnes ont d’ores et déjà pu profiter des nombreux événements qui y sont organisés :
projections de nouveaux films canadiens et internationaux, rétrospectives, expositions (Tim Burton, Fellini :
Spectacular Obsessions), ateliers, et masterclass auxquelles, ont participé, entre autres, Tim Burton, Woody Allen,
David Cronenberg ou encore Gregg Araki.
Le calendrier du festival – idéalement placé pour lancer la course aux Oscars – sa tenue sur le territoire nordaméricain qui permet la participation de nombreuses stars, ainsi que la diversité des films présentés, lui assurent une
place de tout premier plan.
2. Une présence artistique française sans précédent, un bilan des ventes contrasté.
Sur plus de 300 films projetés au TIFF, 33 films français majoritaires et 16 minoritaires étaient présentés, soit un total
de 49 films. Cette prédominance des films français au festival a été remarquée par la presse, notamment par Le Film
Français qui a donné à son article bilan sur le TIFF le titre : « The French Invasion ». Dans la catégorie « Gala », la
plus prestigieuse et la plus médiatique, on retrouvait Les Bien-aimés, Un Heureux événement, The Lady, présentée
en avant-première mondiale, comme cela était le cas pour Une Vie meilleure, dans la catégorie « Special
Presentations ». Le Prix FIPRESCI (fédération internationale des critiques de cinéma) a été décerné à Le Premier
homme de Gianni Amelio (France/Algérie) et le prix du public à Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki
(Liban/France/Egypte/Italie).
Grâce à Unifrance, une délégation française de 36 artistes, s’est déplacée au TIFF dont Juliette Binoche, Jean
Dujardin, Philippe Torreton, Tahar Rahim, Mathieu Kassovitz, Mia Hansen-Love, Bruno Dumont, Bertrand Bonello,
Christophe Honoré et Louis Garrel. La soirée Unifrance a encore une fois remporté un grand succès. Le PDG du
groupe TIFF, Piers Handling, de même que le co-directeur du festival, Cameron Bailey, et le directeur artistique de la
Bell Lightbox, Noah Cowan, avaient tenus à être présents, bien qu’extrêmement sollicités pendant tout le festival.
L’édition 2011 a été moins prolifique en termes de ventes que celle de 2010, particulièrement bonne, principalement
du fait que la plupart des ventes des films présentés avaient déjà été finalisées à Berlin et à Cannes.
3. Un marché plus professionnalisé.
Le festival s’est hissé au deuxième rang du marché cinématographique mondial après Cannes comme l’a confirmé
Unifrance. Il est un rendez-vous à ne pas manquer pour les professionnels de l’industrie, puisqu’il offre un accès
direct au marché nord-américain.
Afin de renforcer le marché, cette année, les organisateurs avaient prévu un espace de rencontre dans l’hôtel Hyatt,
réservé exclusivement aux professionnels (ditributeurs, acheteurs, producteurs etc.): le Filmmakers’ Lounge. Une
salle de projection était mise à disposition des distributeurs, acheteurs, et producteurs, afin de revoir un film avant une
éventuelle vente.
De nombreux distributeurs français étaient présents sous l’ombrelle d’Unifrance. Parmi eux : Studio Canal, MK2, Wild
Bunch, Haut et Cours, Bac Films, Celluloid Dreams, Le Pacte, EuropaCorp, Les films du Losange, Gaumont,
Pyramide International, Memento, Pathé International.
Le TIFF représente pour eux un point stratégique pour vendre leurs films à l’Amérique du Nord. Ainsi, Pyramide
International a vendu Les Hommes libres, d’Ismaël ferroukhi à Film Movement et Elena, d’Andrei Zviaguintsev à
Zeitgeist. Celluloid Dreams a vendu Les Bien-aimés de Christophe Honoré à IFC. Memento International a vendu
Elles de Magolska Szumowska à Kino Lorber. Bac films a vendu Americano de Mathieu Demy à MPI et EuropaCorp a
vendu The Lady de Luc Besson à Cohen Media Group.
Toujours dans l’hôtel Hyatt, des panels faisant intervenir des spécialistes ont permis d’évoquer les problématiques
posées par les évolutions du monde cinématographique, comme celui intitulé Activating Your Audience: CrowdFunding and Innovative Distribution, ou encore Co-producing in a post-national world, où sont intervenus les
producteurs du dernier film de David Cronemberg A Dangerous Method, (France/IrlandeRoyaumeUni/Allemagne/Canada), et ceux du dernier film d’Agnieska Holland In Darkness (Canada/Allemagne/Pologne) afin
d’expliquer les tenants et aboutissants du financement international.
L’hôtel Hyatt était ainsi le « centre névralgique du rendez-vous » (Le Film français).
4. Actions de l’Ambassade de France au Canada et du Consulat de France à Toronto.
Partant du double constat de la faible participation française aux programmes professionnels organisés lors du TIFF
et du nombre certes toujours modeste mais croissant de projets coproduits avec des partenaires du Canada
anglophone, l’Attachée audiovisuelle de l’Ambassade de France à Ottawa et le service culturel du Consulat de France
à Toronto ont identifié différentes possibilités d’interventions pour contribuer à développer cette présence et le
nombre de ces coproductions.
Cette année, une collaboration a été ainsi initiée avec l’International Financing Forum (IFF). Organisé par l’OMDC
(Ontario Media Development Corporation), agence gouvernementale pour le développement des industries culturelles
liées aux médias, en collaboration avec le TIFF, ce forum propose deux journées de rencontres entre producteurs du
monde entier afin de faciliter les coproductions et le montage financier de projets internationaux. Il offre un espace
d’échange convivial, des panels de grande qualité répondant à des questionnements précis de producteurs, des
rendez-vous individuels très ciblés en fonction du parcours et des attentes des participants et une très belle
délégation de professionnels canadiens venus de toutes les provinces.
L’OMDC envisage l’organisation d’un « Focus France » pour 2012, événement qui proposerait des panels d’experts
ciblés sur les points d’achoppement des coproductions France/Canada, mettrait en avant les éléments attractifs de
notre marché pour les producteurs canadiens et proposerait des études de cas.
Laure Dahout et Erika Denis
Le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal : les films français à l’affiche de la 40ème édition
Date: 10/10/2011
Le Festival du nouveau cinéma de Montréal (FNC) célèbre sa 40ème édition du 12 au 23 octobre 2011. Depuis plus de
20 ans, le Consulat Général de France à Québec apporte son soutien à ce festival. Cette année, 25 productions
françaises seront présentées. Longs et courts-métrages de fiction et documentaires, films d’animation, rétrospectives,
hommages, rencontres professionnelles, installations interactives extérieures et événements seront présentés durant
11 jours.
Le FNC bénéficie d’une direction artistique pointue et respectée par les professionnels du cinéma. Tout en étant le
plus ancien des trois festivals de cinéma de Montréal, le FNC est tourné vers l’avenir, soucieux des nouvelles
technologies, du rapport au public et il reste exemplaire dans ses choix de programmation.
Le FNC est sans conteste le festival qui offre la plus grande visibilité aux nouveaux talents et aux identités
singulières.
Ouverture
La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli, ouvrira la 40ème édition du FNC le mercredi 12 octobre au Cinéma
Impérial. La réalisatrice et son producteur Édouard Weil seront là pour présenter le film au public montréalais.
Sélection Internationale : Louve d’Or
La Sélection internationale permet aux cinéastes indépendants, souvent méconnus, de se faire valoir. Cette année,
19 films dont 4 français sont en compétition pour la Louve d’Or : Blue Bird de Gust Van Den Berghe
(France/Belgique) ; Les Géants de Bouli Lanners (France/Belgique/Luxembourg) ; Play de Ruban Östlund
(Suède/France/Danemark) et Tomboy de Céline Sciamma.
Présentation Spéciale
25 films de cinéastes établis composent la liste des œuvres en “Présentation Spéciale”. Cette catégorie met en avant
des œuvres fortes et engagées témoignant de la vision audacieuse de leurs créateurs. Les films français présentés
sont : Les Amants de Nicolas Klotz & Elisabeth Perceval ; L’Apollonide, souvenirs de la maison close, et De la guerre
de Bertrand Bonello ; De bon matin de Jean-Marc Moutout (France/Belgique) ; La Folie Almayer de Chantal Akerman
(France/Belgique) ; Hors Satan de Bruno Dumont ; Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution–Masao
Adachi de Philippe Grandieux ; Mélancholia de Lars Von Trier (Danemark/Suède/France/Allemagne) et Pina de Wim
Wenders (Allemagne/France).
Panorama International
Cette section propose un tour du monde grâce des œuvres venues de tous horizons : comédies, documentaires,
road-movies ou drames… Des films pour changer de perspectives, voyager et découvrir des réalités différentes des
nôtres. Cette année, la section « Panorama International » propose 9 films et co-productions français : Abderrahmane
Sissako (Une fenêtre sur le monde) de Charles Castella ; Do me love, Jacky Katu de Lou Viger ; Hip-Hop, le monde
est à vous de Joshua Atesh Litle ; La Terre outragée de Michale Boganim(France/Allemagne/Pologne/Ukraine) ; Mike
de Lars Blumers ; Nos ancêtres les gauloises de Christian Zerbib ; Le Premier Rasta de Hélène Lee ; Searching for
Hassan de Edouard Beau ; Une vie de ballets de Marlène Ionesco et Y’a pire ailleurs de Jean-Henri Meunier.
Hommage / Rétrospective
*Cycle Amos Gitaï en collaboration avec la cinémathèque québécoise, le Consulat Général de France à Québec,
l’Institut Français, Le Consulat Général d’Israël à Montréal et la chaire rené-malo.
La rétrospective Amos Gitaï – Architectures de l’identité présentera son parcours cinématographique à travers 10 de
ses films du 13 au 20 octobre ; elle sera accompagnée de l’installation vidéo Traces, une promenade visuelle et
sonore d’une intensité exceptionnelle. Finalement, Amos Gitaï donnera une masterclass animée par Robert Gray le
samedi 15 octobre.
*Hommage Raúl Ruiz : Le FNC a déjà présenté plusieurs de ses films : L’hypothèse du tableau volé, Les trois
couronnes du matelot, L’éveillé du pont de l’Alma, etc. En son honneur, en cette 40ème édition, Le Temps retrouvé
(1999), d’après le roman de Marcel Proust sera présenté.
Les P’tits Loups
Du côté des P’tits loups, le nouveau cinéma pour enfants se fait toujours plus stimulant. Au menu, côté français : le
long-métrage Émilie Jolie de Francis Nielsen et Philippe Chatel, d’après le conte musical Émilie Jolie de Philippe
Chatel, avec les chansons originales interprétées par Françoise Hardy, Georges Brassens, Julien Clerc et bien
d’autres. Aussi à découvrir, Tomboy de Céline Sciamma, un film tout en finesse sur les questions complexes de
l’enfance, porté par une distribution de jeunes acteurs d’exception.
Les séries d’animation au cœur des coproductions internationales
Date: 14/10/2011
Ces dernières années, les programmes télévisés les plus populaires auprès des enfants étaient surtout les séries
télévisées telles que “Hannah Montana” et “High School Musical” de Disney. Mais l’animation semble être de retour :
elle était au cœur du Mipcom Junior cette année.
“L’animation a toujours autant d’importance, de force et reste le moyen le plus simple pour capter l’audience la plus
large”, explique Steve Greider, vice-président de Nickelodeon et responsable des acquisitions au Viacom
International Media Networks.
Les avantages de l’animation dans un marché mondialisé sont nombreux. La forme même des programmes
d’animation traverse facilement les frontières, divertissant les enfants de toutes les cultures et de tous les territoires.
La technologie requise pour produire des programmes d’animation a évolué, rendant plus facile et moins chère la
production de séries qui utilisent des effets spéciaux produits par des ordinateurs, comme c’est le cas dans la
prochaine version télévisée de « Green Lantern », développée par Warner Bros.
Ainsi, l’animation franchit les frontières et même des groupes internationaux, tels que Nickelodeon, regardent vers
l’étranger pour compléter leurs grilles de programmes. La chaîne a notamment acheté la série “Kikoriki” du groupe
russe Riki et “Pocoyo” du groupe espagnol Zinkia Entertainement.
Dans un environnement économique mondial très compétitif, les entreprises sont poussées à regarder ailleurs pour
trouver de nouveaux programmes. Les subventions et crédits d’impôt proposés par des pays comme la France et le
Canada, dans un climat économique difficile, sont autant d’incitations à se lancer dans des coproductions dans le
domaine de l’animation.
“Par le passé, les coproductions n’étaient que des projets en l’air, pas des réalisations concrètes”, explique Richard
Goldsmith, vice-président exécutif et responsable de la distribution chez Jim Henson Co. “Au cours des deux
dernières années, c’est presque le contraire qui s’est produit. C’est devenu quelque chose de très important dans
notre métier”.
“L’intérêt principal des coproductions, c’est de donner accès à des avantages financiers qui n’existent pas aux EtatsUnis”, explique Richard Goldsmith. “Au final, quand on peut réduire nos budgets de 10% à 40% grâce à cela, cela
modifie tout le financement de la série. D’autre part, les coproductions permettent d’obtenir que le contenu soit
considéré comme produit localement en Europe et au Canada, ce qui renforce les chances de le vendre dans ces
territoires”.
De nombreuses entreprises qui avaient pour habitude de réaliser leurs productions aux Etats-Unis, comme Cartoon
Network, essayent désormais de rentrer en contact avec des producteurs d’autres pays. Cartoon Network a amené
au Mipcom, “The Amazing World of Gumball”, son premier programme entièrement produit au Royaume-Uni et qui a
connu un début prometteur aux Etats-Unis au printemps dernier. “Gumball” a été créé et produit par le producteur
français Ben Bocquelet.
Kids animation making bigger international play, de Paige Albiniak, Variety, 26 Septembre 2011
Alexandra KURKDJIAN
Le marché de l’entertainment aux Etats-Unis : évolution et stratégie des principaux acteurs en matière de
vidéo à la demande
Date: 12/10/2011
Le marché de l’entertainment aux Etats-Unis a connu des évolutions importantes en 2011. Ces évolutions sont
particulièrement visibles dans le domaine de la vidéo à la demande et du numérique. A l’heure où certains des
géants américains du secteur regardent du côté de l’Europe, notamment Netflix et Amazon avec Amazon Prime,
nous revenons sur les grandes tendances de l’année et l’actualité des grands groupes américains de ce secteur
d’activités.
I – La location devant la vente de contenu
Au 1er semestre 2011, et pour la 1ère fois, la location de contenu a dépassé la vente au sein du marché du home
entertainment aux Etats-Unis (Lire l’article VOD sur Internet : l’achat de contenu bientôt devancé par la location, 11
avril 2011). Parmi les différents systèmes de location, les services de streaming en ligne comme Netflix sont ceux
qui connaissent la progression la plus importante.
Au cours de la première moitié de l’année 2011, le chiffre d’affaires des locations de films atteignait environ 4,2
milliards de dollars contre 4,1 milliards de dollars pour les achats physiques de DVD, selon le Digital
Entertainment Group (DEG). Ce chiffre comprend les points de vente traditionnels, les kiosques tels que Redbox, les
services de streaming sur abonnement tels que Netflix, et les services de VOD proposés par les chaînes du câble.
Le passage d’un marché dominé par la vente à un marché dominé par la location a eu lieu pendant la période de
récession, mais ce phénomène semble persister : le secteur de la location a connu une croissance de 11% au
cours des six premiers mois de l’année 2011. En revanche, les ventes de DVD ont subi une forte baisse, soit - 18.3%
au cours du premier semestre.
Ainsi, les dépenses globales consacrées au secteur du home entertainment aux Etats-Unis ont diminué de 5% au
cours de la première moitié de l’année 2011, pour atteindre 8,3 milliards de dollars contre 8,8 milliards sur la même
période l’année dernière (Lire Home entertainment sales down 5%, Daily Variety, 8 août 2011). Malgré de
nombreuses tentatives, les studios ont encore des difficultés à compenser avec les ventes de Blu-ray et de films en
format numérique les pertes occasionnées par la chute des ventes de DVD.
II – La disparition du DVD au profit des formats numériques
Autre évolution importante au sein du marché du home entertainment, la disparition du DVD et des supports
matériels au profit de contenu en version numérique. Les studios parient cependant sur le maintien du Blu-ray,
notamment parce qu’il représente toujours la meilleure qualité d’image sur un grand écran de télévision et permet
également de voir des films en 3D. Ainsi, les ventes de Blu-ray ont augmenté de 10% entre 2010 et 2011, selon le
DEG, et il y a aujourd’hui près de 31,6 millions de lecteurs Blu-ray dans les foyers américains.
Cependant, les ventes de Blu-ray ne suffisent pas à compenser les pertes occasionnées par la chute des ventes de
DVD et les studios ne souhaitent pas être dépassés par une évolution qui va dans le sens de l’immatériel et du
numérique. C’est pourquoi ils concentrent leurs efforts sur le lancement de leur nouveau système de casier
numérique, UltraViolet, qui devrait être lancé d’ici la fin de l’année 2011. Grâce à ce système, quand les
consommateurs achèteront un film en version numérique, en DVD ou en Blu-ray, ils pourront ouvrir un compte gratuit
sur Internet qui leur permettra ensuite de regarder leur film en streaming ou de le télécharger sur une grande variété
d’appareils reliés à Internet (ordinateur, iPad, etc.).
UltraViolet a été développé par le Digital Entertainment Content Ecosystem (DECE) qui regroupe près de 70
studios, fabricants et revendeurs du secteur de l’audiovisuel (Lire l’article Un “casier numérique” pour le
développement de l’offre à la demande, 04 mai 2010).
Alors que l’objectif qui a guidé le développement d’UltraViolet est la standardisation des formats (Lire l’article Les
studios s’associent afin d’éviter une nouvelle guerre des formats, 13 décembre 2010), Disney a développé un
système concurrent : Disney All-Access Keychest. Les responsables de Disney insistent sur le fait qu’il s’agit d’un
format complémentaire et non pas concurrent à UltraViolet, mais cette situation pourrait tourner à une guerre des
formats. En effet, les consommateurs qui possèderont un casier UltraViolet ne pourront pas regarder des films
produits par Disney à partir du même casier numérique.
Face à l’explosion du numérique, qui, pour le directeur exécutif de DEG, devrait s’imposer en 2012 et 2013, les
vendeurs s’attendent à vendre de moins en moins de lecteurs DVD et de DVDs. Ils espèrent, cependant, que le
développement des films stockés sur le cloud leur permettra de vendre plus de télévisions à écran plat, de tablettes et
autres appareils permettant le visionnage de films en numérique.
Les studios commenceront, pour leur part, à mettre l’accent sur les formats numériques à l’occasion des fêtes de fin
d’année. Ils proposeront de manière de plus en plus systématique des coffrets contenant un Blu-ray accompagné
d’un fichier numérique permettant d’accéder à un film sur UltraViolet ou sur All Access Keychest. Le prix de ces
coffrets devrait avoisiner les 35$ et celui des fichiers numériques seuls devrait tourner autour de 15$, afin de rester
compétitif avec les tarifs pratiqués par iTunes (Lire Hollywood’s First Digital Christmas to Cause Pain, The Hollywood
Reporter, 05 août 2011). Selon les professionnels des studios, le lancement de ces nouveaux formats est l’effort le
plus sérieux entrepris par les studios pour remplacer le DVD qui domine le marché du home entertainment depuis
presque 15 ans.
La stratégie des studios est donc en train d’évoluer, tout comme le système de distribution des films en format
numérique aux Etats-Unis.
III – Positions et stratégies des principaux acteurs du secteur de la distribution en format numérique
A – Classement des principaux acteurs
L’iTunes d’Apple reste le n°1 de la vente de films en format numérique aux Et ats-Unis sur la 1ère moitié de
l’année 2011, selon IHS Screen Digest. Ainsi, 65,8% des ventes dans le secteur ont été enregistrées par iTunes,
chiffre en légère hausse par rapport à la même période en 2010 où il était de 64,9% (Lire iTunes dominates digital
movie sales, Daily Variety, 23 août 2011).
Selon le cabinet IHS, la légère progression d’iTunes dans le domaine de la vente de films en format numérique est
due à la popularité grandissante de l’iPad et d’AirPlay (fonctionnalité disponible sur l’Apple TV depuis la fin de
l’année 2010 et qui permet de connecter son iPad à un téléviseur en wifi). Toujours selon IHS, Zune Video
Marketplace de Microsoft se place en deuxième position, mais régresse et représente désormais 16,2% de ce
marché contre 18,5% en 2010. En revanche, Vudu grimpe de deux places dans le classement et se place en n°3
avec 5,4% des parts de marché contre seulement 1% l’année dernière. La société devrait en outre bénéficier d’une
plus grande visibilité, grâce à son application lancée au mois d’août 2011. Le service de Walmart évince ainsi le
PlayStation Store de Sony qui passe de 8,2% des parts de marché à 4,4%. Amazon se retrouve en 5ème position,
avec 4,2% des parts de marché.
Facebook et YouTube, qui ont commencé à proposer des services de location à la carte en début d’année, ne
parviennent pas encore à se hisser dans ce classement, tout comme Blockbuster, Best Buy et Sears. Une autre
société ayant manifesté le désir d’entrer dans le domaine du numérique, Redbox, la société aux kiosques de location
de DVD, n’a pas encore osé franchir le pas.
Selon IHS, la vente de contenu en numérique (Electronic Sell Through ou EST) devrait générer 247 millions de
dollars de chiffres d’affaires en 2011 contre 240 millions en 2010. Si on ajoute à ce chiffre celui de la location à la
carte, le secteur du numérique devrait générer 487 millions de dollars en 2011, soit un chiffre bien supérieur à
celui enregistré en 2010 qui était de 385 millions de dollars.
Toutefois, à ce jour, le chiffre d’affaires généré par le secteur du numérique ne représente qu’une fraction du chiffre
d’affaires généré par le secteur du DVD qui domine encore largement le home entertainment. En effet, les
dépenses des Américains en matière de DVD sur la première moitié de l’année 2011 étaient de 3,87 milliards de
dollars.
Netflix reste en tête des services de streaming sur abonnement et une étude réalisée au mois de février 2011 par
le cabinet d’analyse NPD Group révélait que 61% des activités de streaming et de téléchargement aux Etats-Unis
visaient le site Internet de Netflix. Apple se situe en 3ème position dans ce classement, à égalité avec DirecTV et
Time Warner Cable, avec 4% de ce trafic, derrière Comcast qui génère 8% du trafic.
B – Actualité des grands groupes
1 – Apple :
Nouvelle de poids dans le domaine de la VOD, Apple a arrêté, au mois d’août 2011, la location de séries
télévisées sur l’iTunes Store, un an après avoir lancé le service. Très controversée, cette offre permettait de louer
des séries pour 99 cents (Lire Apple drops TV rentals from iTunes, Variety, 29 août 2011). Les séries seront
désormais proposées à l’achat uniquement, mais il reste possible de louer des films.
Selon le porte-parole d’Apple, Tom Neumayr, la société a pris cette décision après que les consommateurs de
l’iTunes Store ont montré qu’ils préféraient l’achat à la location pour les séries télévisées. Certaines sources parlent
même d’un échec : la faible différence de prix entre l’achat et la location de séries télévisées, soit,
respectivement, 2,99$ et 0,99$, ne poussait pas les consommateurs à louer. Cela n’est pas le cas pour les films, pour
lesquels les prix, pour une nouveauté, sont de 3,99$ pour la location et de 14,99$ pour l’achat.
Autre raison, certainement significative, de ce revirement : aucun studio n’a suivi ABC et Fox et accepté de
s’associer avec Apple sur ce projet, malgré les invitations répétées de la société à la pomme.
L’abandon de ce service va sans aucun doute rassurer les studios qui considéraient qu’une offre à 99 cents par
location dévaluait la valeur des séries pour la diffusion desquelles les chaînes du câble et les networks paient des
millions. D’autre part, les studios craignaient qu’Apple ne fasse concurrence aux offres de télévision payante qui
contribuent de manière considérable à leur chiffre d’affaires.
2 – Amazon :
Amazon a lancé son service de location de contenu vidéo sur abonnement, Amazon Prime, au mois de
février 2011. Alors qu’il proposait 5 600 titres à l’époque, il en compte aujourd’hui 9000, soit une hausse de près de
61% en quelques mois. Son offre représente donc aujourd’hui la moitié du catalogue en streaming de Netflix qui a
pourtant lancé son service il y a plus de 4 ans. Amazon ne communique pas sur le nombre d’abonnés à son service,
mais selon Gene Munster de la banque d’investissement Piper Jaffray, ils seraient environ 5 millions. Selon les
derniers chiffres publiés par Hulu, Hulu Plus en aurait 1 million, et Netflix a récemment annoncé que la société
compterait 24 millions d’abonnés à la fin du mois d’octobre 2011 dont 22 millions utilisateurs du streaming.
Pour 79$ par an, soit 6,58$ par mois, Amazon Prime propose à ses abonnés le visionnage de contenu en
streaming illimité et la livraison gratuite et rapide de leurs achats en ligne. Le fait que ces deux services soient
réunis sous le même nom crée la confusion pour certains consommateurs, mais il est probable qu’Amazon prévoit de
les dissocier après avoir testé l’efficacité du service vidéo. Selon certains, c’est à ce moment-là qu’Amazon menacera
sérieusement Netflix. Toutefois, la société de Jeff Bezos pourrait être plus ambitieuse et avoir pour objectif de
dépasser non seulement Netflix, mais également le géant des médias numériques : Apple.
3 – Netflix :
Après avoir pris place sur le marché canadien en 2010, la compagnie dirigée par Reed Hastings vient de lancer ses
services en Amérique latine : depuis le début du mois de septembre 2011, Netflix est accessible au Brésil, en
Argentine, au Chili et en Colombie. Les autres pays du continent devraient suivre dans les prochaines semaines.
La société se prépare également à se lancer en Europe, notamment en Espagne et au Royaume Uni. Bien que la
société n’ait pas commenté ses rumeurs, il semble que le lancement soit prévu pour 2012, ce que confirment la
signature d’un accord pluri-annuel avec le distributeur Lionsgate UK et des pourparlers avec d’autres fournisseurs de
contenu en Europe et en Asie (Lire Netflix’s Europe Problem, The Hollywood Reporter, 26 août 2011). Toutefois,
l’Europe n’est pas un territoire facile à conquérir pour Netflix et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que l’offre de VOD est bien plus importante en Europe, aujourd’hui, qu’elle ne l’était aux EtatsUnis en 2007, quand Netflix a été lancé sur ce marché. Bien qu’aucun des acteurs européens du secteur n’ait la
taille de Netflix, plusieurs ont la capacité de faire face à la société aux enveloppes rouges. LoveFilm, qui propose un
service similaire à celui de Netflix au Royaume Uni, a conquis près de deux millions d’abonnés. Il est soutenu par
Amazon, son actionnaire majoritaire.
D’autre part, BSkyB au Royaume Uni, contrôlé par News Corp., et Canal Plus en France (qui sont des opérateurs
de télévision payante) possédent les droits pour de nombreux films sur toute la zone et une base d’abonnés
fidèles. La question des droits pourrait donc ralentir la progression de Netflix. Quand Hulu avait tenté de s’implanter
en Europe, la société avait dû faire face à la réticence des propriétaires de contenu.
L’autre obstacle est constitué par les infrastructures. En effet, le haut débit, nécessaire pour pouvoir visionner les
programmes en streaming sur Netflix, n’est pas accessible partout en Europe.
Quoi qu’il en soit, si Netflix veut tenter sa chance, il faudra que la société le fasse rapidement, car la concurrence,
elle, n’attend pas. Le groupe suédois de VOD Vlodder lance son service en Espagne à l’automne et LoveFilm
entend développer son activité en Europe.
Autre actualité de poids pour Netflix : la société Starz a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son contrat
concernant le streaming de ses titres sur Netflix une fois l’accord actuel expiré, soit après fin février 2012 (Lire
l’article Netflix perd Starz et près de 1000 titres disponibles en streaming, 14 septembre 2011). La défection de Starz
ampute gravement le catalogue de films de Netflix, soit près de 1 000 titres au total, dont certaines des sorties
les plus récentes des studios Disney et Sony. Reed Hastings, le PDG de Netflix, a tenté de minimiser l’impact de
l’annonce du non-renouvellement du contrat avec Starz en s’appuyant sur le fait que le visionnage des contenus
apportés par Starz était en repli de 8% et que l’argent ainsi économisé serait réinvesti dans d’autres contenus
audiovisuels. Ce retrait place Epix, qui apporte les catalogues de Paramount, Lionsgate et MGM, en position de
principal partenaire de la société aux enveloppes rouges.
Le retrait de Starz n’est pas la seule mauvaise nouvelle de la rentrée pour Netflix : suite à la hausse de ses tarifs au
mois d’août 2011 et à l’annonce, au mois de septembre, de la séparation de son service de VOD et de son service de
location de DVD (rebaptisé Qwickster), la société a dû revoir ses attentes à la baisse pour la fin de l’année 2011.
Après avoir évalué à 25 millions le nombre de ses abonnés d’ici fin octobre 2011, la société a baissé ce chiffre d’un
million. Ainsi, selon les estimations de Netflix, la société comptera, à ce moment-là, 24 millions d’abonnés, soit 21,8
millions d’abonnés pour le streaming, 14,2 millions pour les DVD, 9,8 millions d’abonnés au service de streaming
uniquement, 2,2 millions d’abonnés au service de DVD uniquement et 12 millions d’abonnés aux deux services.
Ces chiffres à la baisse et la chute de la valeur des actions de Netflix (- 57% ces deux derniers mois, Netflix
Shares Sink Again as Analysts Dig Into Qwikster and Blockbuster Sets Press Event, The Hollywood Reporter, 20
septembre 2011) ont certainement joué un rôle dans le revirement de la société puisque, trois semaines après avoir
annoncé la séparation des services et la création de Qwickster, la société a annoncé, à la mi-octobre, qu’elle
renonçait à ces transformations. Reed Hastings a brièvement justifiée cette décision en expliquant que la création
de Qwickster était prématurée et qu’il ne fallait pas précipiter les choses.
La société poursuit cependant son développement, notamment en matière de streaming. Ainsi, Netflix a
annoncé, au mois de septembre, la conclusion d’un accord avec Dream Works Animation afin de diffuser les
films du studio en streaming à partir de 2013. Cet accord remplace celui que le studio avait auparavant avec la chaîne
payante HBO et qui aurait dû s’achever en 2014. C’est la 1ère fois qu’un important fournisseur de contenu
d’Hollywood fait le choix d’une diffusion en streaming sur Internet, plutôt que sur une chaîne de télévision
payante.
De la même manière, Netflix a récemment signé un accord avec la chaîne câblée AMC et avec Discovery
Communications (Netflix, Discovery in streaming deal for TV shows, Reuters, 21 septembre 2011). C’est la 1ère fois
que Discovery signe un accord pour la diffusion intégrale de ses programmes en streaming sur Internet en dehors de
ses propres sites Internet.
C – Le rachat de Hulu : une affaire qui stagne
Autre question qui agite l’industrie de l’entertainment aux Etats-Unis, la vente du géant Hulu (Lire l’article Le site de
VOD Hulu mis en vente, 07 juillet 2011). Avec 26,7 millions de visiteurs uniques chaque mois, Hulu représente un
acteur important du secteur de la VOD sur Internet aux Etats-Unis. Toutefois, sa structure actuelle, en tant que
propriété de Disney, News Corp. et Comcast, en rend la gestion compliquée. En effet, dès sa création, en 2007, Hulu
a eu du mal à trouver son équilibre, entre le désir des consommateurs de regarder des programmes gratuitement en
ligne, et les intérêts de ses propriétaires qui cherchent à préserver la valeur de leurs programmes.
Ainsi, les propriétaires du site l’ont mis en vente au début du mois de juillet 2011 et les spéculations vont bon
train depuis le début de l’été concernant le potentiel acquéreur. En effet, celui-ci, en éliminant les conflits d’intérêt
actuellement inhérents au site Internet, pourrait empiéter sur le terrain de Netflix.
Toutefois, la « saga de l’été » a subi un contre coup au début du mois de septembre. La question des droits des
programmes diffusés actuellement sur le site, un écart important entre les offres des acquéreurs potentiels et
les attentes des propriétaires du site et la mise à l’écart de Yahoo dans cette course ont en effet mis un frein au
processus de vente.
Selon un responsable du secteur, la clé du rachat de Hulu est la question du contenu. Les nouvelles offres qui
ont été faites à la fin du mois de septembre reflèteraient donc la valeur que les potentiels acquéreurs attribuent au
contenu proposé par Hulu et à sa technologie. Ces offres, qui s’échelonneraient entre 1,5 et 2 milliards de dollars,
seraient actuellement à l’étude chez les conseillers financiers de Hulu (Hulu Sale Is Debated, The Wall Street Journal,
09 octobre 2011).
Les candidats au rachat les plus sérieux sont Google, Amazon et DISH Netw
ork. Yahoo, qui était, jusqu’au mois de septembre, considéré comme un des repreneurs les plus sérieux, aurait
retiré son offre. Après le licenciement de la CEO de la société, Carol Bartz, la compagnie semble avoir d’autres
priorités et les vendeurs de Hulu auraient certainement été réticents à l’idée de céder leur compagnie à une société
en pleine restructuration.
Toutefois, certains analystes ayant une connaissance approfondie du sujet et de la société, ont mentionné la
possibilité que les propriétaires de Hulu renoncent à vendre le site. Le conseil d’administration de la société
étudierait actuellement d’autres options et devrait se prononcer à ce sujet d’ici la fin de l’année 2011.
Conclusion :
L’industrie de l’entertainment aux Etats-Unis est en pleine mutation. Même si certaines évolutions restent
incertaines, les grandes tendances se dessinent : la place accrue de la location, qui se substitue à l’achat dans
les habitudes des consommateurs, l’invasion du numérique, qui remplace les supports matériels et dans lequel les
studios ont décidé d’investir, et une concurrence accrue entre les principaux acteurs du secteur, avec de
nouveaux arrivants comme Vudu et Facebook. Ces tendances ont un impact sur l’industrie mondiale de
l’entertainment et ce poste continuera de les suivre avec attention.
Géraldine Durand
Dish lance son service de vidéo à la demande : Blockbuster Movie Pass
Date: 12/10/2011
Le deuxième opérateur du satellite aux Etats-Unis, Dish Network, a racheté la société Blockbuster pour 234 millions
de dollars, il y a 5 mois.
Blockbuster, qui était il y a encore quelques années le géant de la location de vidéos aux Etats-Unis, n’a en effet pas
résisté au succès fulgurant de Netflix et s’était déclaré en banqueroute, avant d’être mis en vente au mois de mars
2011 (Lire l’article Un juge approuve la mise en vente de Blockbuster, 16 mars 2011).
Netflix domine désormais largement le secteur de la location de vidéos sur abonnement avec près de 24 millions
d’abonnés prévus pour la fin du mois d’octobre 2011. Mais l’augmentation des tarifs du service et les tergiversations
de ses dirigeants ces dernières semaines ont affaibli la compagnie (lire l’article Les tergiversations de Netflix et les
excuses de son Président, 11 octobre 2011). Ainsi, pour la 2ème fois depuis le lancement du service en 1999, le
nombre d’abonnés à Netflix a baissé d’un trimestre à l’autre.
L’affaiblissement de Netflix crée donc un contexte favorable au lancement du nouveau service de Dish Network,
puisqu’il signifie notamment qu’un certain nombre d’anciens abonnés à Netflix cherchent des solutions alternatives.
Le service Blockbuster Movie Pass, présenté lors d’une conférence de presse mi-septembre et lancé par l’opérateur
du satellite depuis le 1er octobre, est une offre de location de DVD par courrier et de vidéo à la demande sur Internet,
similaire à celle de Netflix, pour un tarif de 10$/mois. Toutefois, il n’est accessible qu’aux abonnés de Dish Network.
L’opérateur compte, à ce jour, 14 millions d’abonnés, mais, selon Ira Bahr, responsable marketing de la société,
seulement la moitié d’entre eux est équipée du boîtier permettant de diffuser les programmes du Movie Pass en
streaming.
L’opérateur envisage de proposer également cette offre aux non-abonnés à son service de télévision payante, mais
aucun détail à ce sujet n’a été fourni lors de la conférence de presse.
La vidéothèque du Movie Pass compterait près de 130 000 titres, mais seules 15 000 d’entre eux seraient
accessibles en streaming. A titre de comparaison, selon une analyse de Dish Network, Netflix compterait près de
32 000 titres disponibles en streaming et 100 000 en DVD.
Quoi qu’il en soit, vu les limites qu’impose l’abonnement à Dish Network, le Blockbuster Movie Pass ne ressemble
pas au « Netflix-killer » annoncé. Selon l’analyste Doug Anmuth de J.P. Morgan, « à ce stade, le service n’apparaît
pas comme une véritable alternative au service beaucoup plus large de Netflix ».
Dish takes Blockbuster shot at reeling Netflix, de Michael Liedtke, Associated Press, 23 septembre 2011
Dish Network and Blockbuster Will Combine Their Wares, de Paul Bond, The Hollywood Reporter, 23 septembre 2011
Géraldine Durand
Les tergiversations de Netflix et les excuses de son Président
Date: 11/10/2011
Netflix a augmenté les tarifs de son service de location de DVD et de streaming de 60% au cours de l’été 2011. La
réaction des abonnés ne s’est pas fait attendre et la société a dû revoir ses estimations à la baisse pour la fin du 3ème
semestre 2011, soit moins un million d’abonnés, avec 24 millions d’abonnés au lieu des 25 initialement prévus. La
manière un peu brutale qu’avait adoptée la société pour annoncer la nouvelle avait provoqué la colère des abonnés.
Netflix a retenu la leçon, et Reed Hastings, CEO de la société, avait envoyé un e-mail beaucoup plus diplomate pour
prévenir les abonnés d’un nouveau changement qui était prévu, à l’origine, pour le début du mois d’octobre : la
séparation du service de location de DVD et de streaming avec un nouveau nom pour le premier, Qwickster.
Débutant son e-mail par une formule très familière, « I messed up », qu’on pourrait traduire par « j’ai foiré », Reed
Hastings expliquait dans cet e-mail envoyé à tous les clients de la société que les transformations récentes de Netflix,
que ce soit la hausse des prix ou la séparation des deux services, étaient nécessaires.
Il précisait notamment que sa plus grande peur, depuis le lancement du service, était que la société échoue lors du
passage d’un simple service de location de DVD à un service en streaming. Il expliquait que les deux activités étaient
très différentes, « two different businesses », avec des structures de coût distinctes, des besoins en communication
différents et ayant besoin de se développer et d’opérer de manière indépendante.
Dans cet e-mail, Reed Hastings soulignait également que le nom Qwickster avait été choisi en référence à « quick
delivery », livraison rapide. Chaque service aurait disposé d’un site Internet distinct et les abonnés auraient payé deux
factures différentes. D’autre part, une option de location de jeux vidéo devait également être ajoutée à Qwickster,
chose rendue possible, selon Reed Hastings, grâce à la mise en place d’une équipe strictement dédiée au DVD.
Reed Hastings terminait en regrettant encore une fois le changement de nom, en expliquant que, pour lui aussi, cela
était difficile, mais nécessaire et qu’il espérait finir par s’habituer au nouveau logo.
La société avait également posté l’information sur son blog et à en juger par les réactions des abonnés, il n’est pas
certain que l’e-mail de Reed Hastings ait eu l’effet escompté. En effet, les critiques visaient à la fois le nouveau nom,
jugé ridicule par beaucoup, et la hausse des prix, sujet que Reed Hastings se gardait d’aborder dans son e-mail.
Certaines réactions évoquaient notamment la fin et chute de Netflix. Le ton amical avait manifestement énervé
certains, qui considéraient cela comme une manifestation d’hypocrisie et d’arrogance. D’autres ne comprenaient pas
l’argument principal de Netflix puisqu’une société comme Amazon propose à fois un service de vente de DVD et
location de films. Les réactions négatives se sont également multipliées sur Youtube, où Reed Hastings et Andy
Rendich, nouveau CEO de Qwickster, avaient essayé d’expliquer à nouveau leurs choix dans une vidéo (voir cidessous). Les commentaires et les vidéos postées sur Youtube semblaient montrer, qu’encore une fois, ces
explications arrivaient un peu tard pour les abonnés.
Finalement, les transformations jugées indispensables il y a quelques semaines par Reed Hastings semblent avoir
perdu de leur importance puisque, trois semaines après avoir annoncé tous ces changements, l’équipe de Netflix
vient de renvoyer un e-mail très bref à tous les abonnés annonçant que, finalement, Netflix conserverait les services
de location de DVD et que la création de Qwickster était annulée. Les réactions des abonnés, et celle de la bourse (la
valeur des actions de Netflix a baissé de 57% ces deux derniers mois) ont certainement joué un rôle dans cette
décision. Reed Hastings l’a brièvement justifiée en expliquant que la création de Qwickster était prématurée et qu’il ne
fallait pas précipiter les choses. Il n’a pas encore été précisé si Netflix allait lancer le service de location de jeux vidéo,
comme annoncé précédemment.
La société poursuit cependant son développement, notamment en matière de streaming. En effet, Netflix doit
compenser la perte, au mois de février prochain, des droits de diffusion en streaming des films de Walt Disney
Studios et de Sony Picture Entertainment, suite à l’échec de ses négociations avec la chaîne payante du câble Starz
(Lire l’article Netflix perd Starz et près de 1000 titres disponibles en streaming, 14 septembre 2011). Ainsi, Netflix a
annoncé, au mois de septembre, la conclusion d’un accord avec Dream Works Animation afin de diffuser les films du
studio en streaming à partir de 2013 (Lire l’article Netflix, Discovery in streaming deal for TV shows, Reuters, 21
septembre 2011). Cet accord remplace celui que le studio avait auparavant avec la chaîne payante HBO et qui aurait
dû s’achever en 2014. C’est la 1ère fois qu’un important fournisseur de contenu d’Hollywood fait le choix d’une
diffusion en streaming sur Internet, plutôt que sur une chaîne de télévision payante.
De la même manière, Netflix a récemment signé un accord avec la chaîne câblée AMC et avec Discovery
Communications. Discovery signe ainsi, pour la première fois, un accord pour la diffusion intégrale de ses
programmes en streaming en ligne en dehors de ses propres sites Internet.
Après les nombreuses tergiversations de la rentrée, ces nouveaux accords permettront peut-être à Netflix de
renverser la tendance et de conquérir, à nouveau, des abonnés.
Géraldine Durand
28 Représentants demandent à la FCC d’autoriser la création de radios locales de faible intensité, y compris
en zones urbaines
Date: 20/09/2011
28 Représentants ont écrit à la Federal Communications Commission (FCC) le 8 septembre, pour lui demander
d’autoriser la création du plus possible de stations de radio à basse fréquences (Low-Power FM, LPFM, émises à une
puissance inférieure ou égale à 100 watts), notamment en zones urbaines. Ils réagissaient ainsi à la décision de la
FCC d’étendre la période de consultation publique sur les modalités de la création de ces nouvelles stations de radio.
La FCC a adopté cette nouvelle catégorie de radios en 2000, et plus de 800 stations locales ont vu le jour depuis lors.
Mais à l’époque, les craintes quant à la possibilité d’interférences avec des stations existantes avaient poussé la FCC
à soumettre la création de stations LPFM à de fortes restrictions, en excluant les grandes zones urbaines du fait du
manque de fréquences dans ces endroits très denses. Signé en janvier dernier par le Président Obama, le Local
Community Radio Act élimine une partie de ces restrictions afin de faciliter la création de radios locales.
Pour les Représentants Mike Doyle (D-PA), Lee Terry (R-NE) et Ron Paul (R-TX), ces stations de radio locales « ont
un rôle immense à jouer pour éduquer le public sur l’actualité et la vie publique ; assurer une réponse rapide en cas
d’urgence, et nourrir la diversité culturelle, ethnique et artistique ». Les trois hommes ajoutent que «pour utiliser au
mieux la quantité limitée de fréquences disponibles dans les régions les plus peuplées, la FCC devrait s’assurer que
ses licences soient délivrées à des églises, des associations, des institutions et des écoles véritablement locales ».
House members want FCC to license more low-power FM stations, de Gautham Nagesh, The Hill’s Hillicon Valley, 8 septembre
2011
Service Economique Régional de Washington
Succès pour deux concerts de Manu Chao au Festival Austin City Limits
Date: 21/09/2011
Le chanteur franco-espagnol Manu Chao a enflammé deux soirs de suite les nuits du festival Austin City Limits (16 au
18 Septembre), en réunissant plusieurs milliers de spectateurs.
Le Festival Austin City Limits proposait cette année une affiche prestigieuse avec, entre autres, Stevie Wonder, Cold
Play, Arcade Fire et Jr Gong Marley. Au total ce ne sont pas moins de 130 groupes qui ont rassemblé devant les 5
scènes du festival des dizaines de milliers de spectateurs. Ces spectateurs, très réactifs et enthousiastes, ont réussi à
faire exécuter une dizaine de rappels et de chansons supplémentaires à Manu Chao, qui s’est dit extrêmement
touché par cet accueil exceptionnel.
Très loin de l’image caricaturale du Texas, Austin a su, en quelques années, se positionner comme une des scènes
de référence mondiale de la musique Live. Au cours de l’année et chaque fin de semaine, on compte en effet entre 50
et 70 groupes qui jouent dans les différents clubs de la capitale. Plusieurs festivals d’envergure sont l’occasion,
chaque année, d’attirer de très nombreux artistes de renom et de mobiliser un public important, notamment le grand
festival annuel SXSW (South by SouthWest) qui a lieu au mois de mars.
En ce qui concerne la présence française, plusieurs dizaines de groupes français sont dejà venus jouer à Austin (une
vingtaine pour la seule année 2011), spécialement au moment du Festival SXSW.
Le récent jumelage avec la ville d’Angers devrait contribuer à renforcer cette présence française en 2012. Il permettra
ainsi, avec le soutien des services culturels de la ville d’Angers et de Chabada, de faire venir Zenzile qui donnera
plusieurs ciné-concerts au cours du Festival du Film d’Austin entre le 20 et le 23 octobre prochain. La Mairie d’Angers
sera également présente à SXSW et y accompagnera la venue de groupes de musiques et de sociétés de production
et interactives.
Patrice Vanoni
Statut juridique du jeu vidéo aux Etats-Unis
Date: 11/10/2011
Selon le cabinet d’études NPD, la vente d’ordinateurs et de jeux vidéo a généré 24 milliards de chiffres d’affaires aux
Etats-Unis en 2010, hors ventes à l’exportation. Le secteur de l’informatique représente, directement, plus de 80 000
emplois aux Etats-Unis. Il s’agit donc d’un secteur important pour l’économie américaine et sa protection contre le
piratage est une question centrale pour les autorités du pays.
1. Le droit de la propriété intellectuelle
Le droit de la propriété intellectuelle qui s’applique aux jeux vidéo aux Etats-Unis n’est pas spécifique à ce secteur et
il revêt plusieurs formes.
- Le droit des marques ou trademark law :
Déposer une marque permet de protéger la réputation attachée à une société ou à un jeu vidéo en tant que marque.
Pour ce faire, il est nécessaire d’enregistrer la marque ou le nom du jeu vidéo auprès de l’U.S. Patent and Trademark
office (USPTO) qui étend sa protection à tout le territoire américain. Le titre d’un jeu vidéo ne peut être protégé que
par le droit des marques et non par un copyright.
L’enregistrement d’une marque coûte, en moyenne, 375$, et c’est généralement la première protection formelle que
recherchent les professionnels du jeu vidéo aux Etats-Unis.
- Copyright :
Le copyright protège toute expression artistique et littéraire : des œuvres artistiques reconnues comme telles, films,
compositions musicales, pièces de théâtre, mais également des e-mails, blogs posts ou sites Internet. Les jeux vidéo
sont également protégés par le copyright.
Pour mémoire, le système du droit d’auteur et du copyright reposent sur des fondements différents : le premier donne
une position centrale à l’auteur et privilégie la personne de l’auteur, alors que le copyright anglo-saxon a pour objet la
protection de l’œuvre elle-même : c’est, littéralement, un droit de copier (qui est un droit d’exploitant) lié à l’œuvre
elle-même.
En ce qui concerne ce dernier, le code source est protégé en tant qu’œuvre littéraire. En effet, le paragraphe 101 du
Copyright Act définit une œuvre littéraire comme « une œuvre, autre qu’audiovisuelle, exprimée dans des mots, des
chiffres, et autres symboles verbaux ou numériques, indépendamment de son support ». Le graphisme ainsi que
l’accompagnement sonore sont protégés en tant qu’œuvres audiovisuelles.
Il n’est pas nécessaire qu’une œuvre soit enregistrée ou déposée auprès du U.S. Copyright Office pour être protégée
par le copyright. Selon la Section 102(a) du Copyright Act, « la protection du copyright s’applique à toute œuvre
originale fixée sur un moyen d’expression tangible ». Ce qui compte est donc l’aspect original de l’œuvre et le fait
qu’elle soit fixée.
Toutefois, certains graphismes présents dans les jeux vidéo tombent dans la catégorie des scenes a faire (expression
en anglais) et ne peuvent pas bénéficier, en tant que telles, de la protection du copyright. Il s’agit de parties d’un
graphisme dont il est difficile de se passer pour donner un semblant de réalité à un jeu, comme par exemple, pour un
jeu sur le golf, des trous, des balles et clubs de golf, de l’herbe, des arbres, etc. Bien que la loi américaine interdise
de copier des éléments présents dans un jeu concurrent à l’identique, il est possible d’intégrer ce type d’éléments
dans un jeu vidéo de golf (Incredible Technologies, Inc. vs. Virtual Technologies, Inc. dba Global VR).
Bien qu’une œuvre soit protégée par le copyright dès l’instant où elle est créée, il est possible de l’enregistrer auprès
du U.S. Copyright Office pour environ 45$, ce qui donne droit, notamment, à des dédommagements statutaires en
cas de violation du copyright.
- Brevet ou patent :
Le brevet permet de protéger une invention. On désigne par ce terme tout nouveau procédé (une nouvelle méthode
de jeu, une nouvelle technique de graphisme, une interface innovante), appareil (un ordinateur équipé d’un certain
type de logiciel), un produit fabriqué (un mode de stockage sur lequel un logiciel est proposé) et de nouveaux
graphismes (par exemple, des icônes, des personnages, etc.). Un brevet permet de protéger une idée alors que le
copyright protège une expression spécifique de cette idée. Toutefois, les brevets sont difficiles à obtenir et peuvent
coûter cher, puisqu’il faut souvent compter plusieurs dizaines de milliers de dollars pour en déposer un.
2. Jeux vidéo et protection des mineurs
La question de la protection des mineurs est un sujet d’actualité aux Etats-Unis. Près de 14 jugements ont été
prononcés depuis 2001 concernant cette question.
Le dernier en date, Brown vs the Entertainment Merchants Association, était lié à un texte de loi voté en 2005 en
Californie, visant à rendre illégale la vente de jeux vidéo violents aux moins de 18 ans dans l’Etat (voir l’article
Protection des mineurs : les jeux vidéo violents protégés par le 1er Amendement, 7 juillet 2001). Peu après la
signature de la loi par Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de Californie, celle-ci avait été contestée devant les
tribunaux par un groupe connu sous l’appellation Entertainment Merchants Association, qui avait obtenu que la loi ne
soit pas appliquée tant que durerait la procédure judiciaire. Selon le jugement de la Cour Suprême rendu le 27 juin
2011 et rédigé par le Juge Antonin Scalia, « les jeux vidéo sont protégés par le Premier Amendement de la
Constitution américaine. Comme les livres, les pièces de théâtre et les films, ils véhiculent des idées par le biais
d’éléments appartenant au monde de la création (les personnages, les dialogues, le scénario, la musique) et grâce à
des formes qui lui sont propres (comme l’interaction du joueur avec un monde virtuel). Cela est suffisant pour justifier
la protection du Premier Amendement. Les principes de base de la liberté d’expression ne changent pas, même avec
un mode de communication nouveau et différent ». Il a ajouté que seules quelques formes de discours, comme
l’incitation à la haine et à la violence et l’obscénité, n’étaient pas protégées par le Premier Amendement et que la
Cour Suprême n’envisageait pas d’ajouter de nouvelles catégories à cette liste.
Ainsi, il existe plusieurs modes de protection de la propriété intellectuelle d’un jeu vidéo aux Etats-Unis. Les brevets
garantissent la protection la plus forte, mais sont difficiles à obtenir et coûteux. D’autre part, ils ont une faible
longévité, de 16 à 18 ans maximum. La protection du copyright est plus facile à obtenir, elle est moins onéreuse et
dure plus longtemps (au moins 70 ans), mais son champ est très limité. Le trademark protège une marque durant
toute l’existence de celle-ci, mais cela ne protège pas du piratage des jeux vidéo.
La question qui agite le monde du jeu vidéo actuellement, d’un point de vue réglementaire, est celle de la protection
des mineurs contre les jeux violents. Plusieurs Etats, à l’exemple de la Californie, ont tenté de limiter la vente de ces
jeux vidéo. Toutefois, à ce jour, les cours de justice américaines ont toujours donné raison au secteur des jeux vidéo,
plaçant ces derniers sous la protection du 1er Amendement de la Constitution américaine.
Géraldine Durand