Gérer et comprendre l`open source

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Gérer et comprendre l’open source
Une modélisation en termes de « régimes »
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© TRANSVALOR - Presses des MINES, 2011
© Image de couverture : Nordine Benkeltoum
60, boulevard Saint-Michel - 75272 Paris Cedex 06 - France
email : [email protected]
http://www.ensmp.fr/Presses
ISBN : 978-2-911256-49-3
Dépôt légal : 2011
Achevé d’imprimer en 2011 (Paris)
Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les pays.
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Une modélisation en termes de « régimes »
Nordine Benkeltoum
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Collection Économie et Gestion
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PROCEEDINGS OF THE THIRD RESILIENCE
ENGINEERING SYMPOSIUM
Erik Hollnagel, François Pieri, Eric Rigaud
(editors)
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Préface
L’ouvrage de Nordine Benkeltoum veut rendre accessible à un large public
un travail de thèse que j’ai dirigé avec un grand intérêt1. Cette thèse éclaire de
façon originale et opératoire le phénomène de l’open source dans l’industrie du
logiciel. L’idée centrale de Nordine Benkeltoum est que l’open source constitue
une révolution des principes d’organisation et de production de logiciels.
Une révolution qui s’appuie sur l’émergence de communautés d’utilisateursdéveloppeurs sans équivalent dans l’histoire. Or, pour l’auteur, ces mutations ne
s’étaient pas encore traduites par un effort de révision critique et conceptuel en
sciences de gestion. Et la littérature existante, déjà abondante sur le sujet tendait
à minimiser la portée d’un phénomène aussi radical.
Pour montrer l’impact théorique et managérial de l’open source, l’auteur s’est
concentré sur trois domaines dans lesquels l’open source a manifesté une
étonnante créativité : les modes d’organisation, les modèles d’affaires et les
régimes d’innovation. Pour éclairer chacun de ces aspects, il a fallu recourir à des
démarches de recherche adaptées : travail d’historien pour comprendre les formes
nouvelles de productions communautaires, méthodes des cas multiples pour
pWXGLHUOHVGLIIpUHQWVPRGqOHVG·DIIDLUHVHWHQÀQXQUHFRXUVPDVVLI jO·HQWUHWLHQHQ
ligne (netnography) pour comprendre le mode de conception des logiciels en open
source. Cette dernière approche décuple le pouvoir d’investigation traditionnel
du chercheur. Elle lui a permis de lancer une enquête qu’il nomme « web-based
Delphi » pour évaluer le degré innovant des logiciels ainsi développés.
L’ensemble de ces travaux éclaire l’existence de plusieurs régimes de l’open
source et révèle une surprenante hybridation actuelle des communautés
d’utilisateurs-développeurs avec les entreprises du secteur. C’est donc bien de
nouveaux groupements originaux, des communautés-entreprises, qui émergent
et qui combinent de façon surprenante les régimes marchands et non-marchand
TXHO·RQSHQVHJpQpUDOHPHQWFRPPHVpSDUpV(QÀQO·HQVHPEOHGHODSURGXFWLRQ
en open source reste dirigé par une innovation centrée sur l’utilisateur qui occupe
toutes les niches laissées vacantes par les entreprises classiques du secteur. On est
donc bien en présence d’une mutation des modes de conception et de production,
qui en rejetant les antagonismes classiques entre marchand/non-marchand offre
au management une gamme nouvelle de méthodes et de possibilités d’action.
Cette thèse a été soutenue au sein de la formation doctorale « Sciences de Gestion » de Mines
3DULV7HFK/HODERUDWRLUHG·DFFXHLOpWDLWOH&HQWUHGH*HVWLRQ6FLHQWLÀTXHGDQVOHFDGUHGHO·eFROH
Doctorale EOS, créée conjointement par l’Université de Nanterre et Mines ParisTech.
1
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Le lecteur trouvera donc dans ce livre l’occasion d’une plongée dans un monde
qui n’est pas visible, et qui produit des richesses en se libérant des catégories
gestionnaires et économiques anciennes. Ce monde n’est pourtant pas loin de
nous, il est là quelque part derrière l’écran d’ordinateur ou de mobile que chacun
d’entre nous consulte de plus en plus.
On comprendra que ce travail ait pu être distingué en 2010 par l’Association
1DWLRQDOH GHV 'RFWHXUV qV 6FLHQFHV eFRQRPLTXHV HW HQ 6FLHQFHV GH *HVWLRQ
(Andese), pour l’ampleur du sujet abordé et l’originalité de l’approche.
Armand Hatchuel
Professeur à Mines ParisTech
Membre de l’Académie des Technologies
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Remerciements
Cet ouvrage est largement basé sur ma thèse menée au sein du Centre de
*HVWLRQ6FLHQWLÀTXH&*6GH0LQHV3DULV7HFKFHWLWUHMHWLHQVjUHPHUFLHU
Armand Hatchuel (Mines ParisTech) pour ses précieuses orientations théoriques,
méthodologiques et pratiques tout au long de ces trois années. D’autre part, je
remercie mes collègues chercheurs du CGS pour leurs différents apports.
Mes remerciements sont également adressés à Albert David (Université ParisDauphine), François-Xavier De Vaujany (Université Paris-Dauphine) et Franck
Aggéri (Mines ParisTech) pour avoir accepté d’évaluer mon travail doctoral.
Je remercie également Daniel Bretonès et le jury de l’ANDESE2 pour avoir
récompensé Les régimes de l’open source.
J’exprime mes profonds remerciements à l’ensemble des personnes qui ont
participé à mes investigations sur le terrain et plus particulièrement : Grégory
Lopez (Thales Group), Marc-Aurèle Darche (AFUL) et Sophie Gautier
/LEUH2IÀFH
Je remercie également mes collègues du Laboratoire de Modélisation et de
Management des Organisations (LM!O) de l’École Centrale de Lille et tout
particulièrement Michel Bigand, Youness Lemrabet et Besoa Rabenasolo.
Un grand merci à l’équipe éditoriale des Presses des Mines pour leur grand
professionnalisme.
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Association Nationale des Docteurs ès Sciences Économiques et en Sciences de Gestion.
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Introduction
1. L’open source : définition et évolution
Relativement récent, le mot open sourceGpVLJQHjODIRLVOHVFDUDFWpULVWLTXHVG·XVDJH
et le mode de conception d’un logiciel. En réalité, ce terme est venu se greffer
sur un phénomène beaucoup plus ancien dont la pleine compréhension nécessite
XQH DQDO\VH KLVWRULTXH GH O·LQGXVWULH LQIRUPDWLTXH O·RULJLQH FHWWH LQGXVWULH
confondait le matériel et le logiciel en une seule et même économie. L’hétérogénéité
des systèmes et leur incompatibilité rendait impossible la valorisation autonome
des logiciels sur le marché. Durant les années 1970, les compétences d’usage et
GHGpYHORSSHPHQWpWDLHQWODUJHPHQWLPEULTXpHVXWLOLVHUXQV\VWqPHH[LJHDLWGHV
FRQQDLVVDQFHVSRLQWXHVHQJpQLHLQIRUPDWLTXH/HVLQWHUIDFHVKRPPHPDFKLQH
,+0GHVRUGLQDWHXUVVHUpVXPDLHQWVRXYHQWjXQpFUDQQRLU HWOHVLQWHUIDFHV
JUDSKLTXHV Q·HQ pWDLHQW TX·j OHXUV EDOEXWLHPHQWV 3DUPL FHV utilisateurs experts,
OHSDUWDJHGHFRGHpWDLWXQHSUDWLTXHFRXUDQWH'HVSUDWLFLHQVWpPRLJQHQWTXH
les utilisateurs bâtissaient alors des logiciels en se basant sur le travail des uns
et des autres en partageant du code. L’essentiel des échanges était alors réalisé
SDUOHELDLVGHVXSSRUWVPDWpULHOVSXLVTX·LOQ·\DYDLWSDVHQFRUHG·LQIUDVWUXFWXUH
UpVHDX SHUPHWWDQW O·pFKDQJH HQ OLJQH FHFL FRUUHVSRQG j OD SUHPLqUH SKDVH GH
développement du phénomène open source (Phase 1 : l’échange matériel de code
informatique).
3DUDOOqOHPHQW j FHWWH VLWXDWLRQ GHX[ FKDQJHPHQWV WHFKQRORJLTXHV HXUHQW GHV
UpSHUFXVVLRQVPDMHXUHVVXUODVWUXFWXUHGHO·LQGXVWULHLQIRUPDWLTXHO·pYROXWLRQ
des langages et l’émergence de standards. En 1951, l’invention du compilateur1
PDUTXD OH GpEXW GH OD VpSDUDWLRQ SURJUHVVLYH HQWUH OHV LQVWUXFWLRQV pFULWHV
en langage homme2 et les instructions en langage machine3. D’autre part, l’émergence
de standards de fait comme le Personal Computer3&MRXDXQU{OHSDUWLFXOLqUHPHQW
GpFLVLI HQ GHYHQDQW UDSLGHPHQW XQH LQIUDVWUXFWXUH VWDQGDUGLVpH SRXU OD TXDVL
WRWDOLWpGHO·LQGXVWULH'qVORUVOHVDFWHXUVGHO·LQGXVWULHLQIRUPDWLTXHGHYDLHQW
concevoir leurs composants en respectant certaines normes de conception. Du
SRLQWGHYXHGHVV\VWqPHV8QL[SXLVGDQVXQHSURSRUWLRQLQpJDOpHGDQVO·KLVWRLUH
8Q FRPSLODWHXU HVW XQ SURJUDPPH SHUPHWWDQW GH FRQYHUWLU GHV LQVWUXFWLRQV pFULWHV GDQV XQ
langage de programmation en langage machine.
1
Le langage homme correspond aux instructions écrites dans un langage de programmation
compréhensible par l’homme.
2
3
Le langage machine fait référence aux instructions directement exécutées sur un système.
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des systèmes, Windows, devinrent les deux standards les plus courants en matière
GH V\VWqPHV (Q SOXV GH FHWWH VWDQGDUGLVDWLRQ WHFKQLTXH OD PDUFKH YHUV XQH
standardisation des usages devenait de plus en plus éminente. L’ensemble de ces
PXWDWLRQVSURYRTXqUHQWXQHVFLVVLRQGHO·LQGXVWULHHQGHX[SDUWLHVO·LQGXVWULH
des composants et celle des logiciels.
&·HVW VHXOHPHQW j SDUWLU GX PRPHQW R OHV FRQFHSWHXUV GH ORJLFLHOV HXUHQW OD
possibilité de convertir les instructions lisibles par l’homme (code source4) en
instructions machine (code objet5 SDU OH ELDLV GX FRPSLODWHXU TXH FHV GHUQLHUV
HXUHQWODSRVVLELOLWpGHPDVTXHUODVRXUFHGHOHXUWUDYDLOjOHXUVFOLHQWVHWSOXV
ODUJHPHQW j WRXV OHV XWLOLVDWHXUV 'X IDLW GH FHV FKDQJHPHQWV XQH QRXYHOOH
dichotomie s’opéra au sein même des logiciels : les logiciels dont le code source
pWDLWGLVSRQLEOHHWPRGLÀDEOHOHVORJLFLHOVGRQWOHFRGHVRXUFHQ·pWDLWQLGLVSRQLEOH
QLPRGLÀDEOH(QIDLWFHTXLIXWLQYHQWpFHQ·HVWSDVOHORJLFLHOOLEUHF·HVWSOXW{W
OHORJLFLHOIHUPpSXLVTX·DXFRPPHQFHPHQWGHO·LQIRUPDWLTXHOHVORJLFLHOVpWDLHQW
libres. Actuellement, la séparation entre le langage de programmation et langage
PDFKLQH HVW GH SOXV HQ SOXV PDUTXpH JUkFH DX[ SURJUqV VFLHQWLÀTXHV GDQV OH
domaine.
3DU FRQVpTXHQW O·LQGXVWULH GX ORJLFLHO V·HVW HOOHPrPH VpSDUpH HQ GHX[ SDUWLHV
appelées plus tardivement : logiciels libres et logiciels fermés (ou « propriétaires »).
D’après la FSF6XQORJLFLHOHVWFRQVLGpUpFRPPHOLEUHV·LOSRVVqGHTXDWUHOLEHUWpV
l’exécution, l’étude, l’amélioration et la distribution. A contrario, un logiciel non
OLEUHVHGpÀQLWFRPPHXQORJLFLHODXTXHOLOPDQTXHXQHRXSOXVLHXUVGHFHVOLEHUWpV
'DQVODPDMRULWpGHVFDVOHVOLFHQFHVGHVORJLFLHOVQRQOLEUHVGRQQHQWXQLTXHPHQW
OHGURLWjXQHH[pFXWLRQOLPLWpHHQUHVWUHLJQDQWOHVGURLWVGHVXWLOLVDWHXUVHQWHUPHV
GHPRGLÀFDWLRQGXSURJUDPPH
En 1969, la création d’Arpanet permettait aux chercheurs universitaires de
partager des fragments de code du fait de ses capacités limitées en termes de
EDQGHSDVVDQWHO·pSRTXHOHVÀUPHVpWDLHQWSHXLPSOLTXpHVGDQVFHVpFKDQJHV
TXL FRQFHUQDLHQW SULQFLSDOHPHQW GHV XQLYHUVLWDLUHV D\DQW DFFqV j FH UpVHDX /H
SURMHW*187HVWDLQVLLVVXGXPLOLHXXQLYHUVLWDLUH&HSURMHWLQLWLpHQSDU
8QFRGHVRXUFHHVWXQHQVHPEOHG·LQVWUXFWLRQVpFULWHVGDQVXQODQJDJHGHSURJUDPPDWLRQ
4
8QFRGHREMHWHVWOHUpVXOWDWG·XQSURFHVVXVGHFRPSLODWLRQG·XQFRGHVRXUFH,OUHSUpVHQWHGHV
LQVWUXFWLRQVELQDLUHVF·HVWjGLUHXQHVXLWHGHFDUDFWqUHVFRPSRVpHGH©ªHW©ª
5
/D)UHH6RIWZDUH)RXQGDWLRQHVWXQHRUJDQLVDWLRQjEXWQRQOXFUDWLI IRQGpHSDU5LFKDUG6WDOOPDQ
Elle assure la promotion et la défense des logiciels libres au niveau international.
6
7
Gnu is Not Unix RX *18 HVW XQ SURMHW LQLWLDOHPHQW IRQGp GDQV OH EXW GH FUpHU XQ V\VWqPH
G·H[SORLWDWLRQOLEUH+LVWRULTXHPHQWOH3URMHW*18FRQQDLVVDLWGHVGLIÀFXOWpVSRXUFRQFHYRLU+XUG
le noyau du système. Linux, un noyau initié par Linus Torvalds, a remplacé le balbutiant Hurd donnant
QDLVVDQFHDX3URMHW*18/LQX[OHSUHPLHUV\VWqPHG·H[SORLWDWLRQHQWLqUHPHQWOLEUH
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Introduction
9
R. Stallman8 alors chercheur au MIT, s’exprimait en ces termes : « commençant ce
Thanksgiving je vais écrire un système complet compatible avec Unix appelé GNU (pour Gnu’s
Not Unix), et donner celui-ci gratuitement à tous ceux qui veulent l’utiliser9 ». Il s’agit de la
seconde phase de développement de l’open source (Phase 2 : l’échange partiellement
électronique de code informatique).
-XVTX·DX GpEXW GHV DQQpHV OHV ORJLFLHOV OLEUHV Q·pWDLHQW SDV LQWpJUpV GDQV
XQH G\QDPLTXH pFRQRPLTXH /·pPHUJHQFH GX V\VWqPH G·H[SORLWDWLRQ « GNU/
Linux »QpGHODFRQYHUJHQFHHQWUHOHSURMHW*18HWOHQR\DX/LQX[LQLWLpSDU
Linus Torvalds10, bouleversa une bonne partie des composantes de l’industrie
LQIRUPDWLTXH
*UkFHjODSURSDJDWLRQG·,QWHUQHWO·RSHQVRXUFHQ·pWDLWSOXVVHXOHPHQWFDQWRQQp
DXPLOLHXXQLYHUVLWDLUHSXLVTXHQ·LPSRUWHTXHOGpYHORSSHXUSRXYDLWWpOpFKDUJHU
GXFRGHHWSURFpGHUjGHVPRGLÀFDWLRQVRXHQFRUHSDUWDJHUGXFRGHTX·LODYDLW
initialement réalisé pour ses propres besoins. Cette phase de démocratisation s’est
ODUJHPHQWIRQGpHVXUOHGpYHORSSHPHQWG·LQWHUQHWjODIRLVOHIUXLWHWO·HQJUDLV
du développement de l’open source11. Le TCP/IP12, le HTML13 et BIND14 sont
TXHOTXHVXQVGHVVWDQGDUGVOLEUHVVXUOHVTXHOVLQWHUQHWHVWEDVpLOOXVWUDQWELHQOH
IDLWTXHOHUpVHDXGHVUpVHDX[ est le produit du phénomène open source (Phase 3 :
la phase de démocratisation).
(Q XQ pYpQHPHQW LPSRUWDQW PDUTXD O·HQWUpH GHV ÀUPHV GDQV O·RSHQ
VRXUFH OD OLEpUDWLRQ GH 1DYLJDWRU SDU 1HWVFDSH /D ÀUPH DYDLW OLEpUp VRQ
QDYLJDWHXU LQWHUQHW HQ UpDFWLRQ j OD VWUDWpJLH GH 0LFURVRIW TXL HPEDUTXDLW
gratuitement Internet Explorer dans son système d’exploitation. Pour
beaucoup, la libération de Navigator constituait une stratégie de la dernière
FKDQFH/HVHFRQGpYpQHPHQWLPSRUWDQWGHODÀQGHVDQQpHVHVWODFUpDWLRQ
GH 6RXUFH)RUJHQHW HQ TXL SURSRVDLW JUDWXLWHPHQW DX[ SURJUDPPHXUV
5LFKDUG6WDOOPDQHVWXQHÀJXUHHPEOpPDWLTXHjO·RULJLQHGHODQRWLRQGHFree SoftwareHWGX3URMHW
*18,OHVWFRQQXGDQVOHPRQGHGHO·LQIRUPDWLTXHSRXUVHVFDSDFLWpVWHFKQLTXHV$XMRXUG·KXLLO
IDLWWRXMRXUVSUHXYHG·XQDFWLYLVPH]pOpSRXUODSURPRWLRQHWODGpIHQVHGHVORJLFLHOVOLEUHV
8
9
(Stallman, 1983)
/LQXV 7RUYDOGV HVW O·LQLWLDWHXU GX QR\DX /LQX[ GHYHQX FpOqEUH SRXU VHV FDSDFLWpV WHFKQLTXHV
d’intégration de contributions.
10
11
(Deek & McHugh, 2007)
Le TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol) est un protocole de
FRPPXQLFDWLRQFRQoXHQDÀQGHFRQWRXUQHUODGLVSDULWpGHVV\VWqPHV
12
+70/+\SHUWH[W0DUNXS/DQJXDJHHVWXQODQJDJHGHEDOLVDJHSHUPHWWDQWG·DIÀFKHUGHVSDJHV
web.
13
BIND (Berkeley Internet Name Domain) est un système d’adressage des sites internet permettant
GHQHSDVDYRLUjHQWUHUO·DGUHVVHDXIRUPDWQXPpULTXHPDLVVRXVIRUPHGHQRPVGHGRPDLQHV
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GH ORJLFLHOV OLEUHV XQ HQVHPEOH G·RXWLOV QpFHVVDLUHV DX GpYHORSSHPHQW HW j OD
diffusion de leurs créations.
FHWWHPrPHSpULRGHODEXOOHVSpFXODWLYHOLpHDX[17,&1RXYHOOHV7HFKQRORJLHV
de l’Information et de la Communication) avait de sérieuses répercussions sur les
dot.com15 SURYRTXDQW GHV IDLOOLWHV HQ FKDvQH (Q UHYDQFKH OHV FRPPXQDXWpV GH
l’open source ne furent pas touchées par l’éclatement de cette bulle car pour la
plupart, elles n’avaient pas de modèle d’affaires et étaient encore moins cotées
VXUOHVPDUFKpVÀQDQFLHUV$XIXUHWjPHVXUHOHVÀUPHVFRPPHQFqUHQWjOLEpUHU
GHVSURGXLWVHWjSDUWLFLSHUDFWLYHPHQWDX[FRPPXQDXWpVH[LVWDQWHV&·HVWFHTXL
FRUUHVSRQGjODTXDWULqPHSKDVHGXGpYHORSSHPHQWGHO·RSHQVRXUFHPhase 4 : la
phase de coopération).
3HQGDQWODSKDVHGHFRRSpUDWLRQOHVÀUPHVRQWDSSULVjJpUHUGHVFRPPXQDXWpV
GLVWDQWHVHWRQWSDUFRQVpTXHQWFRSLpOHPRGqOHGHVFRPPXQDXWpVG·XWLOLVDWHXUV
GpYHORSSHXUVSRXUOHXUVSURSUHVGpYHORSSHPHQWV$LQVLOHVÀUPHVRQWHQJDJp
GHV DFWLRQV DÀQ GH UDWLRQDOLVHU OH GpYHORSSHPHQW GHV ORJLFLHOV OLEUHV &HFL
FRUUHVSRQGjODFLQTXLqPHSKDVHGHGpYHORSSHPHQWGHO·RSHQVRXUFHPhase 5 :
la phase d’industrialisation). Les entreprises sont passées d’observateurs passifs,
au statut d’investisseurs et désormais elles se sont littéralement approprié le
SKpQRPqQH'HSXLVTXH/LQXV7RUYDOGVDPLVjGLVSRVLWLRQGXSXEOLFOHQR\DX
GH V\VWqPH G·H[SORLWDWLRQ VXU OHTXHO LO WUDYDLOODLW O·RSHQ VRXUFH D FRQQX GH
SURIRQGHVPXWDWLRQV&HVPRGLÀFDWLRQVLPSRUWDQWHVVRQWSULQFLSDOHPHQWGXHV
j O·LPSOLFDWLRQ FURLVVDQWH GH ÀUPHV HW j O·pYROXWLRQ WHFKQRORJLTXH /H WDEOHDX
ci-après résume l’évolution du phénomène open source en mettant en évidence
O·LPSDFWFURLVVDQWGHVÀUPHVGDQVFHWWHLQGXVWULH
Les « dot.com » sont les start-up ayant émergé lors de la phase d’engouement liée au
développement d’internet.
15
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16
1990 - 1998
1998 - 2002
Popularisation d’internet
Libération de Netscape
Communicator
&UpDWLRQGH
SourceForge.net (1999)
Eclatement de la bulle
internet (2000)
Chercheurs
universitaires
8WLOLVDWHXUV
développeurs
8WLOLVDWHXUV
développeurs
et entreprises
Entreprises
Phase de
démocratisation
Phase de
coopération
Phase
d’industrialisation
Phase 2
Phase 3
Phase 4
Phase 5
dĂďůĞĂƵϭ͗>͛ĠǀŽůƵƟŽŶĚĞů͛ŽƉĞŶƐŽƵƌĐĞ
&UpDWLRQG·2EMHFW:HE
(2002)
$USDQHW7&3,3
&1(7
Depuis 2002
1970 - 1990
Avant 1970
Phase d’échange
pOHFWURQLTXHGH
FRGHLQIRUPDWLTXH
(partielle)
/
Chercheurs
universitaires
Phase d’échange
matériel de code
LQIRUPDWLTXH
Période
Phase 1
Événements importants
Acteurs
principaux
Phases de
développement
Libération massive
GHFRGHFUpDWLRQGH
communautés interorganisations et de
consortiums
Création
d’organisations avec
des acteurs individuels
Premiers
investissements dans
le phénomène
Faible
Faible
Rôle des entreprises
Introduction
11
Depuis le début du XXIème siècle, le logiciel libre est devenu un élément
incontournable de l’industrie du logiciel. Des entreprises ont rapidement bâti des
modèles d’affaires adaptés aux propriétés de ces logiciels dont le potentiel a été
pYDOXpjSOXVLHXUVPLOOLDUGV/·,'&HVWLPHTX·HQOHVUHYHQXVOLpVDX[ORJLFLHOV
libres devraient atteindre 5,8 milliards de dollars16.
(IDC, 2007)
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12
Les logiciels libres sont aussi appelés logiciels Open Source. La notion de logiciel
Open Source fut créée par Bruce Perens car l’expression Free Software faisait
DSSDUDvWUH XQH DPELJXwWp HQWUH OLEHUWp HW JUDWXLWp /D YRORQWp GHV SDUWLVDQV GH
l’open source était de promouvoir les logiciels libres auprès des entreprises en
créant l’Open Source Initiative (OSI)17.
'·DSUqV/RwF'DFKDU\)RQGDWHXUGHOD)6)(XURSH
©OHORJLFLHOOLEUHGLWTXHODOLEHUWpGXORJLFLHOHVWXQHDIIDLUHGHSKLORVRSKLHHWO·RSHQ
VRXUFHV·HQGLVWLQJXHFDULOUHMHWWHWRXWHSKLORVRSKLH&·HVWOHPRWLI GHFUpDWLRQGX
PRXYHPHQW RSHQ VRXUFH GH UHMHWHU OD SKLORVRSKLH GX ORJLFLHO OLEUH /HV DXWHXUV
fondateurs du mouvement open source ne s’en sont pas cachés du tout18. »
$XMRXUG·KXL OH PRXYHPHQW GH O·2SHQ 6RXUFH HW FHOXL GX )UHH 6RIWZDUH VRQW
séparés. Toutefois, selon d’autres, ©OHVGpÀQLWLRQVGHO·26,>«@HWGHOD)6)VRQWOHV
PrPHVHWSRXUPRLOHGLVWLQJXRIDLWHQWUHOHVGHX[HVWDUWLÀFLHOHWSXUHPHQWVXUODIRUPH19. »
Dans les faits, Free Software, Open Source Software et Logiciel Libre sont synonymes.
/·DQDO\VH GH O·LPSDFW GHV ORJLFLHOV RSHQ VRXUFH HVW XQ REMHW G·pWXGH FRPSOH[H
SXLVTXH FHOXLFL PHW HQ UHODWLRQ GHV GRPDLQHVKpWpURJqQHV 7RXW G·DERUG OH
ORJLFLHO OLEUH PHW HQ MHX OH GRPDLQH WHFKQRORJLTXH SXLVTX·XQ ORJLFLHO HVW DYDQW
WRXWH FKRVH XQ REMHW YLUWXHO (QVXLWH OH ORJLFLHO OLEUH GpÀH O·pFRQRPLH HW OHV
PRGqOHVG·DIIDLUHVpWDQWGRQQpTX·DXMRXUG·KXL« l’open source ce n’est plus seulement
GHV SDUWLFXOLHUV OHV HQWUHSULVHV VH VRQW DSSURSULpHV OH SKpQRPqQH«20 ». Puis, il interroge
OHGURLWSDUFHTXHOHVOLFHQFHVOLEUHVRQWRXYHUWGHQRXYHDX[GpEDWVMXULGLTXHV
GDQV OH GRPDLQH GH OD UHVSRQVDELOLWp HW GHV GURLWV G·DXWHXU (QÀQ LO SRVH GH
QRXYHOOHVTXHVWLRQVHQVFLHQFHVGHO·RUJDQLVDWLRQFDUODSURGXFWLRQGHORJLFLHOV
OLEUHV D UHPLV HQ TXHVWLRQ GHV IRUPHV SURGXFWLYHV H[LVWDQWHV HQ FRXSODQW j OD
fois les propriétés d’un mouvement social21, d’un réseau coopératif22, d’un régime
GH VROLGDULWp RXYHUW HW G·XQH VWUXFWXUH SURGXFWLYH GLVWULEXpH $ÀQ GH UHQGUH
compte de cette richesse, cet ouvrage est basé sur des méthodes et des sources
pluridisciplinaires.
/·26,HVWXQHRUJDQLVDWLRQjEXWQRQOXFUDWLI FUppHDÀQGHSURPRXYRLUOHVORJLFLHOVOLEUHVGDQVOH
domaine professionnel. La principale différence entre l’OSI et la FSF concerne leur vision respective
des logiciels libres et fermés : pour l’OSI, un logiciel fermé est simplement un choix d’auteur et une
PpWKRGHGHGpYHORSSHPHQWWDQGLVTXHSRXUOD)6)OHORJLFLHOIHUPpHVWXQSUREOqPHVRFLDO
17
/RwF'DFKDU\)RQGDWHXUHWYLFHSUpVLGHQW)6)(XURSHHQWUHWLHQHQIDFHjIDFHDYHFO·DXWHXU
mardi 21 novembre 2006.
18
19
Cooker, Communauté Mandriva, entretien en ligne avec l’auteur, lundi 15 mai 2006.
Grégory Lopez, Responsable du Centre de Compétences Open Source, Thales D3S, entretien
HQIDFHjIDFHDYHFO·DXWHXUPDUGLMDQYLHU
20
21
(O’Mahony, 2002)
22
(Grassineau, 2009)
23/05/11 16:17:18
Introduction
13
Dans cet ouvrage, la notion de « régimes de l’open source » sera développée. Cette
QRWLRQ IDLW UpIpUHQFH DX[ pOpPHQWV TXL FDUDFWpULVHQW j OD IRLV OH SURFHVVXV GH
FRQFHSWLRQGHVORJLFLHOVOLEUHVF·HVWjGLUHODGHVFULSWLRQGHVGLIIpUHQWHVPDQLqUHV
GRQWFHVORJLFLHOVVRQWSURGXLWVOHXUH[SORLWDWLRQPDUFKDQGHDXWUHPHQWGLWOD
PDQLqUHGRQWOHVÀUPHVHWOHVDXWUHVRUJDQLVDWLRQVJpQqUHQWGHVUHYHQXVJUkFHj
FHVORJLFLHOVOHXUVSURSULpWpVQRWDPPHQWHQPDWLqUHG·XWLOLVDWLRQHWG·LQQRYDWLRQ
Mais au préalable, il convient de présenter comment des mutations industrielles
RQWFRQGXLWjODUpYLVLRQFRQFHSWXHOOHGHFHUWDLQVREMHWVHQPDQDJHPHQW
2. L’open source comme objet d’étude
La diffusion du logiciel libre : révisions conceptuelles et questions
de recherche
/HORJLFLHOOLEUHDERXOHYHUVpERQQRPEUHGHQRWLRQVTXHO·RQLPDJLQDLWMXVTX·LFL
VWDELOLVpHV ,O D UHPLV HQ TXHVWLRQ OD UHSUpVHQWDWLRQ GH OD VROLGDULWp OH U{OH GH
la production non marchande et la structure de l’industrie du logiciel. Ces
SUREOpPDWLTXHVVRQWDXFHQWUHGHFHWRXYUDJH
La notion de solidarité en sciences sociales désigne un élément liant les individus
G·XQFROOHFWLI+LVWRULTXHPHQWODQRWLRQGHVROLGDULWpV·HVWGpYHORSSpHSDUPLGHV
LQGLYLGXVD\DQWXQHSUR[LPLWpJpRJUDSKLTXHTXHFHVRLWGDQVODOLWWpUDWXUHVXUOHV
communautés utopiques23OHVIRUPHVKLVWRULTXHVGHODVROLGDULWpRXSOXVUpFHPPHQW
en économie sociale et solidaire242UO·RSHQVRXUFHDPRQWUpTX·XQHVROLGDULWp
pouvait aussi se construire entre des individus dispersés. Ensuite, la solidarité
HVW VRXYHQW OH V\QRQ\PH G·XQH pFRQRPLH DXWDUFLTXH D\DQW SHX G·LQWHUDFWLRQV
avec l’extérieur du groupe solidaire. En revanche, dans le cadre de l’open source,
les communautés produisent des logiciels pouvant être utilisés par tous et faire
O·REMHWG·XQHYDORULVDWLRQSOXVRXPRLQVGLUHFWHVXUOHPDUFKp(QÀQODQRWLRQGH
solidarité est normalement employée pour décrire les liens unissant des individus.
3RXUWDQWO·RSHQVRXUFHDSURXYpTXHODVROLGDULWpSRXYDLWOLHUGHVRUJDQLVDWLRQV
(Q VFLHQFHV pFRQRPLTXHV O·DFWLYLWp PDUFKDQGH HVW FRQVLGpUpH FRPPH OD
QRUPDOLWp&HSHQGDQWOHORJLFLHOOLEUHUHPHWHQTXHVWLRQODYLVLRQnon économique
de la production dite non marchande. Les logiciels libres sont produits par des
RUJDQLVDWLRQVDOOLDQWEpQpYRODWWUDYDLOVDODULpHWÀQDQFp/DGLPHQVLRQPDUFKDQGH
HVWWDQW{WOHEXWGHO·RUJDQLVDWLRQHQWUHSULVHVWDQW{WHOOHQHFRQVWLWXHTX·XQPR\HQ
GHÀQDQFHPHQWGHODSURGXFWLRQFRPPXQDXWpVDVVRFLDWLRQVIRQGDWLRQV
/H ORJLFLHO OLEUH D SURYRTXp pJDOHPHQW XQH UHGpÀQLWLRQ GH OD ÀJXUH PrPH GX
ORJLFLHO&HORJLFLHOSHXWrWUHH[pFXWppWXGLpPRGLÀpHWUHGLVWULEXpGDQVOHUHVSHFW
GHV UqJOHV UpJLVVDQW VD GLIIXVLRQ '·XQ SRLQW GH YXH KLVWRULTXH O·LQGXVWULH GX
0RUH)RXULHUD)RXULHUE7|QQLHV
23
*DVVH+HOOLR0DQFH9DQQHXYLOOH=HURXNL$UGHQHU
24
23/05/11 16:17:19
14
ORJLFLHOHQWDQWTX·HQWLWpDXWRQRPHV·HVWIRQGpHVXUXQHORJLTXHGHFUpDWLRQGH
valeur reposant essentiellement sur l’usage du logiciel.
/HORJLFLHOOLEUHDRXYHUWGHQRXYHDX[HVSDFHVGHYDOHXUVMXVTX·LFLUpVHUYpVDX[
pGLWHXUV,ODHQTXHOTXHVRUWHUHVWDXUpODORJLTXHSUHPLqUHGHFHWWHLQGXVWULH
R OHV ORJLFLHOV pWDLHQW DFFRPSDJQpV GH OHXU FRGH VRXUFH 7RXWHIRLV XQH
GLIIpUHQFHIRQGDPHQWDOHH[LVWHHQWUHODVLWXDWLRQWHFKQRORJLTXHGHO·LQGXVWULH
LQIRUPDWLTXHFRQWHPSRUDLQHHWFHOOHGHVDQQpHV'DQVOHVDQQpHV
O·KpWpURJpQpLWpGHVV\VWqPHVUHQGDLWGLIÀFLOHOHSRUWDJHGLUHFWG·XQV\VWqPHj
l’autre et, de ce fait, le métier d’éditeur de logiciel n’avait pas encore de sens.
D’un autre côté, la standardisation des infrastructures matérielles, des systèmes
HWGHVXVDJHVFRQGXLVDLWjODIRUPDWLRQG·XQHpFRQRPLHDXWRQRPHGXORJLFLHO
RFRQFHSWLRQHWXWLOLVDWLRQUHOHYDLHQWG·DFWLYLWpVGLVWLQFWHV(QRXWUHODQDWXUH
GX FRGH LQIRUPDWLTXH OD QRUPDOLVDWLRQ GHV ODQJDJHV GH SURJUDPPDWLRQ OD
GpPRFUDWLVDWLRQGHODPLFURLQIRUPDWLTXHHWG·LQWHUQHWRQWUHQGXSRVVLEOHOD
conception distribuée de logiciels par des groupes d’utilisateurs experts. Ce fait
bouleversa l’image même de l’éditeur : l’activité d’édition n’était plus limitée
au concepteur initial du logiciel. L’identité cristallisée de l’utilisateur était
pJDOHPHQWGpÀpHSXLVTXHFHGHUQLHUGHYHQDLWDFWHXUGHO·DFWLYLWpGHFRQFHSWLRQ
&HWWH UpYLVLRQ SURYRTXD XQH UHPLVH HQ TXHVWLRQ GHV PRGqOHV G·DIIDLUHV
traditionnels. D’autre part, le métier de l’intégrateur est aussi profondément
PRGLÀp FHOXLFL GHYLHQW UHVSRQVDEOH GH EULTXHV WHFKQRORJLTXHV HW VRXKDLWH
être moins dépendant des éditeurs.
/HORJLFLHOOLEUHDDXVVLXQLPSDFWJpRVWUDWpJLTXH PHWWDQWHQMHXODVRXYHUDLQHWp
WHFKQRORJLTXH GHV eWDWV HW GHV HQWUHSULVHV ,O HVW FRPPXQpPHQW UHFRQQX TXH
l’édition est largement dominée par des groupes industriels américains. Le logiciel
OLEUHSHUPHWDLQVLXQHUHPLVHHQTXHVWLRQGHFHWWHGRPLQDWLRQ/·(XURSHGLVSRVH
toutefois de très peu d’éditeurs ayant une envergure internationale. Son économie
HVWSOXW{WFDUDFWpULVpHSDUOHPpWLHUG·LQWpJUDWHXUG·RO·LQWpUrWHXURSpHQSRXUOHV
WHFKQRORJLHVOLEUHV3RXUFHTXLHVWGHO·LQGpSHQGDQFHWHFKQRORJLTXHjSURSUHPHQW
parler, le ministère de la Défense français s’est fortement intéressé aux logiciels
libres car ils permettent de reprendre le contrôle de certaines parties du système
G·LQIRUPDWLRQ MXJpHV FULWLTXHV HW QH SRXYDQW UHVWHU UDLVRQQDEOHPHQW VRXV XQH
domination étrangère. D’autres États s’intéressent également au logiciel libre :
la Chine, le Brésil développent des compétences importantes en la matière en
SDUWLFLSDQWQRWDPPHQWjGLIIpUHQWHVLQLWLDWLYHV'XSRLQWGHYXHGHO·HQWUHSULVH
FHUWDLQHVJUDQGHVÀUPHVFRPPH7KDOHVLQWqJUHQWV\VWpPDWLTXHPHQWGHVORJLFLHOV
OLEUHVDÀQG·DVVXUHUODSpUHQQLWpHWO·LQGpSHQGDQFHGHVV\VWqPHVG·LQIRUPDWLRQV
HQHQYLURQQHPHQWFULWLTXH
23/05/11 16:17:19
Introduction
15
3. Le web comme instrument de recherche
Du fait de sa complexité et sa nature pluridisciplinaire, l’étude de l’open source
nécessite une adaptation des méthodologies et de l’épistémologie de la recherche.
Ainsi, une approche originale adaptant différentes méthodes aux nouvelles
potentialités ouvertes par internet a été pondérée.
Les communautés de l’open source sont des organisations distribuées utilisant
les technologies internet. De ce fait, l’examen de ces organisations nécessite une
DGDSWDWLRQGHVWHFKQLTXHVG·LQYHVWLJDWLRQ,QWHUQHWRXYUHXQHVSDFHG·LQQRYDWLRQ
en matière de méthodologie et d’épistémologie. Dans la littérature, internet est
cité comme étant un puissant outil de collecte d’informations25. Pourtant, il peut
pJDOHPHQWrWUHOHVXSSRUWGHQRXYHOOHVPpWKRGHVGHUHFKHUFKHjO·LPDJHGHFHTXH
proposent les travaux de Kozinets26. L’auteur y développe une méthode nommée
netnography tirant ses sources de l’anthropologie culturelle27TX·LOGpÀQLWFRPPH
©XQHPpWKRGHLQWHUSUpWDWLYHFUppHVSpFLÀTXHPHQWSRXUpWXGLHUOHFRPSRUWHPHQWFRQVRPPDWHXU
des cultures et des communautés présentes sur internet28. » Plus simplement, la netnography
FRUUHVSRQG j O·XWLOLVDWLRQ GH O·DQWKURSRORJLH HQ OLJQH29. D’après Kozinets,
FHWWH PpWKRGH SHXW rWUH HPSOR\pH GH WURLV PDQLqUHV GLIIpUHQWHV HQ WDQW TXH
PpWKRGRORJLHRXWLOPpWKRGRORJLTXHRXRXWLOH[SORUDWRLUH30. Elle dépasse le simple
téléchargement de messages sur des forums31HWUHTXLHUWXQHSOHLQHSDUWLFLSDWLRQ
GXFKHUFKHXUjODFXOWXUHpWXGLpH32.
Du fait de son originalité, il s’agira de mettre en exergue les potentialités ouvertes
par internet en matière de nouvelles méthodes de recherche.
Les particularités de l’entretien par internet
Il convient de distinguer deux types d’entretiens en ligne : ceux relevant de
l’échange instantané et ceux réalisés par échange asynchrone.
2·0DKRQ\/HH&ROHYRQ.URJKet al., 2003a)
25
.R]LQHWV.R]LQHWVet al., 2008)
26
27
(Kozinets, 1997)
28
(Kozinets, 1998)
29
(Kozinets, 2006)
30
(Kozinets, 1998)
31
(Kozinets, 2006)
.R]LQHWV.R]LQHWV
32
23/05/11 16:17:19
16
>͛ĞŶƚƌĞƟĞŶŝŶƐƚĂŶƚĂŶĠĚĞŐƌŽƵƉĞŽƵŝŶĚŝǀŝĚƵĞů
Les développeurs de l’open source utilisent un système de messagerie instantanée
nommé IRC33 leur permettant de discuter GHV WkFKHV j UpDOLVHU GHV pYROXWLRQV
de leur produit ou simplement pour clavarder34. L’entretien de groupe par
IRC est intéressant pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’IRC est un endroit
SDUWLFXOLqUHPHQWDGpTXDWSRXUREVHUYHUin vivo le travail des développeurs. Ce type
d’entretien peut être réalisé avec des acteurs distribués. De plus, l’IRC permet de
PHQHUGHVHQWUHWLHQVWUqVORQJVDORUVTXHODQRUPHGHVHQWUHWLHQVHVWEHDXFRXS
plus réduite. Par exemple, un entretien via IRC peut durer plus de 5 heures.
L’entretien instantané en ligne peut également s’effectuer par le biais de la
messagerie instantanée (Google Talk, Jabber, ICQ, etc.) mais de manière
individuelle. Certains acteurs de l’open source ont clairement exprimé le souhait
GH UpDOLVHU O·HQWUHWLHQ GH FHWWH PDQLqUH 8Q GLULJHDQW GpFULYDLW GH OD PDQLqUH
suivante les membres de son entreprise : ©>«@LOVQ·DLPHQWSDVWURSVHWpOpSKRQHUFDU
ils n’aiment pas trop se parler35«ª.
L’entretien asynchrone
/HFRXUULHUpOHFWURQLTXHSHXWpJDOHPHQWrWUHXWLOLVpHQWDQWTXHWHFKQLTXHGHUpFROWH
G·LQIRUPDWLRQ(QUHYDQFKHOHFRXUULHOGHYLHQWUDSLGHPHQWGLIÀFLOHjOLUHORUVTXH
OHV pFKDQJHV VRQW WURS QRPEUHX[ ,O SHXW rWUH PRELOLVp ORUVTXH GHV TXHVWLRQV
SUpFLVHVVRQWjSRVHU%LHQTX·LOQ·\DLWSDVGHVWDWLVWLTXHVjFHVXMHWLOVHPEOHTXH
OHVLQGLYLGXVVRLHQWEHDXFRXSSOXVGLVSRQLEOHVHWHQPHVXUHGHUpSRQGUHjXQH
TXHVWLRQELHQSRVpHSDUFRXUULHOTXHG·DFFRUGHUXQHQWUHWLHQWpOpSKRQLTXH&HV
pOpPHQWVODLVVHQWSHQVHUTX·LO\DXQHhyper-sociabilité des individus sur la toile.
L’entretien en ligne a un avantage indéniable sur les méthodes traditionnelles :
LOV·DJLWGHO·DSSUHQWLVVDJHH[WHUQH7UDGLWLRQQHOOHPHQWORUVTXHTX·XQFKHUFKHXU
QH FRPSUHQG SDV XQH QRWLRQ GDQV XQ HQWUHWLHQ LO SHXW VRLW GHPDQGHU j VRQ
LQWHUORFXWHXUGHVH[SOLFDWLRQVHWGRQFSDUYRLHGHIDLWLOOXLFRXSHUDODSDUROHVRLW
FRQWLQXHUO·HQWUHWLHQVDQVIRUFpPHQWFRPSUHQGUH/RUVTXHO·HQWUHWLHQHVWUpDOLVp
en ligne, c’est différent : le chercheur a la possibilité de consulter une source
H[WHUQH VDQV FRXSHU QL PrPH TXH VRQ LQWHUORFXWHXU VDFKH TX·LO UHFKHUFKH GHV
LQIRUPDWLRQVVXUFHTXLYLHQWG·rWUHGLW&HWDSSUHQWLVVDJHDXFRXUVGHO·HQWUHWLHQ
SHUPHWGRQFGHSRVHUGHVTXHVWLRQVTXLQ·DXUDLHQWSDVpWpSRVpHVVLO·HQWUHWLHQ
DYDLWpWpUpDOLVpDXWUHPHQW8QHQWUHWLHQHVWFDUDFWpULVpSDUXQHGRXEOHG\QDPLTXH
celle des savoirs et celle des relations36'HPDQLqUHVLPSOLÀpHLO\DG·XQF{WpOHV
L’Internet Relay Chat ou IRC est un espace de discussion instantané utilisant des canaux de
discussion.
33
34
Le clavardage correspond au fait de bavarder via un système de discussion instantané.
)UDQoRLV %DQFLOKRQ H[GLUHFWHXU JpQpUDO 0DQGULYD HQWUHWLHQ HQ IDFH j IDFH DYHF O·DXWHXU
mercredi 22 mai 2006.
35
36
(Hatchuel, 2005)
23/05/11 16:17:19
Introduction
17
TXHVWLRQVSRVpHVHWGHO·DXWUHOHVUpSRQVHVGRQQpHV/RUVG·XQHQWUHWLHQOHVDYRLU
DFTXLVHVWWRXMRXUVXQHIRQFWLRQGXVDYRLUGHO·LQWHUORFXWHXUHWGHVFRQQDLVVDQFHV
actuelles du chercheur.
Soit : SC 6DYRLUGXFKHUFKHXU6I 6DYRLUGHO·LQWHUORFXWHXU6A 6DYRLUDFTXLV
3DUFRQVpTXHQWOHVDYRLUDFTXLVSHXWrWUHH[SULPpGHODPDQLqUHVXLYDQWH
!"сĨ;^͕^#$
/HW\SHGHTXHVWLRQVSRVpHVGpFRXOHUDORJLTXHPHQWGHVFRQQDLVVDQFHVGRQWOH
FKHUFKHXU GLVSRVH DX PRPHQW R LO SRVH VD TXHVWLRQ $YHF O·HHQWUHWLHQ F·HVW
GLIIpUHQW SXLVTXH OH FKHUFKHXU D OD SRVVLELOLWp GH PRELOLVHU GHV VDYRLUV DXWUHV
TXH FHX[ GRQW LO GLVSRVH 6C RX TXH VRQ LQWHUORFXWHXU GpWLHQW 6I). Soit SX :
OHVFRQQDLVVDQFHVH[WHUQHV3DUFRQVpTXHQWOHVDYRLUDFTXLVVHUDH[SULPpGHOD
manière suivante :
!"сĨ;^͕^#͕^%$
*UkFH j FHWWH QRXYHOOH VRXUFH GH FRQQDLVVDQFHV H[WHUQHV OH FKHUFKHXU VHUD HQ
PHVXUHGHSRVHUGHVTXHVWLRQVTX·LODXUDLWpWpLQFDSDEOHGHSRVHUDXWUHPHQW'HX[
exemples illustreront de manière concrète le phénomène de l’apprentissage externe.
Exemple 1 :/RUVG·XQGHVHQWUHWLHQVYLD,5&WUDLWDQWGHODGpÀQLWLRQGHDatabase
FrontEnd HQLQIRUPDWLTXHXQGHVPHPEUHVDEULqYHPHQWH[SOLTXpHWDWUDQVPLV
XQOLHQYHUVODGpÀQLWLRQGH:LNLSpGLD
<Fondateur 2> Nordine : “I remember no details but originally it was planned as a
database frontend”
<Nordine> Fondateur 2 : “And what is a database frontend?”
)RQGDWHXU ! 1RUGLQH ´D *8, DSS WKDW KHOSV \RX DGPLQLVWHU DQG GHVLJQ
databases, something closely tied to the server databases. Example:”
<Fondateur 2> : “http://en.wikipedia.org/wiki/Frontend”
Exemple 2 : Dans un autre entretien par courriel concernant l’ODF Alliance.
6RSKLH*©,O\DGHVSURMHWVFRPPHO·2')$OOLDQFHGDQVODTXHOOHQRXVVRPPHV
engagés ? » [...]
1RUGLQH©4XHVLJQLÀHO·2')$OOLDQFH"ª>@
Sophie G. : « ODF Alliance : http://formats-ouverts.org/blog/2006/03/03/727YRLFLORGIDOOLDQFH 2SHQ2IÀFHRUJ D\DQW VHUYL GDQV VHV SUHPLqUHV YHUVLRQV DX
GpYHORSSHPHQWGXIRUPDW2')QRXVIDLVRQVSDUWLHGHFHWWHDOOLDQFHTXLSURPHXW
ce standard d’utilisation. »
/RUVTX·XQHUHFKHUFKHHVWHIIHFWXpHDXSUqVG·experts dans leur domaine, ils font
VRXYHQWUpIpUHQFHjGHVIRUPDWVGHVFRQFHSWVWHFKQLTXHVTX·XQQRQVSpFLDOLVWH
SHXWGLIÀFLOHPHQWFRQQDvWUH3DUH[HPSOHXQHSKUDVHGXW\SH« Dirac is a motion
compensated hybrid codec like H264. That is it uses 2D spatial transforms plus motion
23/05/11 16:17:20
18
FRPSHQVDWLRQ,WKDVDPRUHÁH[LEOH*23VWUXFWXUHWKDQ03(*LQZKLFKDQ\IUDPHFDQ
be a reference frame37 » est complètement incompréhensible sans internet.
De la technique Delphi à la construction d’une « web-based
Delphi »
/DWHFKQLTXHDelphiIXWGpYHORSSpHGDQVOHVDQQpHVSDUXQHpTXLSHGHOD
5$1' &RUS ORUV G·XQ SURMHW SRXU O·86 $LU )RUFH (OOH SHXW rWUH HPSOR\pH
ORUVTX·LO\DXQPDQTXHGHGRQQpHVDSSURSULpHVHWORUVTXHOHMXJHPHQWKXPDLQ
est nécessaire38 4XDWUH FRQGLWLRQV VRQW QpFHVVDLUHV SRXU FHWWH WHFKQLTXH
O·DQRQ\PDWO·LWpUDWLRQOHUHWRXUFRQWU{OpHWO·DJUpJDWLRQVWDWLVWLTXHGHVUpSRQVHV
%LHQ TX·pWDQW WUqV IpFRQGH OD WHFKQLTXH 'HOSKL Q·pWDLW SDV XWLOLVDEOH VDQV XQH
DGDSWDWLRQSUpDODEOH/DPpWKRGHUHTXLHUWXQQRPEUHLPSRUWDQWG·H[SHUWVHWXQH
LWpUDWLRQjSOXVLHXUVUHSULVHVFHTXLHVWWUqVGLIÀFLOHjPHWWUHHQ±XYUHGDQVXQ
FRQWH[WHGLVWULEXp8QHYDULDQWHGHODWHFKQLTXHXWLOLVDQWOHFRQFRXUVG·H[SHUWV
provenant de 26 pays fut développée.
3OXVVSpFLÀTXHPHQWODPpWKRGHV·HVWGpFRPSRVpHHQTXDWUHSKDVHVpWDSHOD
GpÀQLWLRQTXDOLWDWLYHGHFLQTW\SHVG·LQQRYDWLRQEDVpHVXUpWXGHVGHFDVGHV
HQWUHWLHQVDYHFGHVH[SHUWVHWXQHUHYXHGHOLWWpUDWXUHpWDSHXQHpYDOXDWLRQ
GHORJLFLHOVOLEUHVSDUH[SHUWVpWDSHXQHPRGpOLVDWLRQFRQFHSWXHOOHGH
W\SHV G·LQQRYDWLRQ EDVpH VXU XQH PRGpOLVDWLRQ GX MXJHPHQW PR\HQ G·H[SHUWV
pWDSHXQpODUJLVVHPHQWGHODSURFpGXUHG·pYDOXDWLRQjORJLFLHOVOLEUHV/H
résumé de cette démarche est reproduit ci-dessous.
&ŝŐƵƌĞϭ͗ŽƵƉůĂŐĞĚĞƚĞĐŚŶŝƋƵĞƐĂƵƐĞƌǀŝĐĞĚĞů͛ĠǀĂůƵĂƟŽŶĚĞů͛ŝŶŶŽǀĂƟŽŶ
37
Tim Borer, Dirac Team Leader, BBC Research, entretien en ligne avec l’auteur, mardi 4 avril 2007.
38
(Rowe & Wright, 1999)
23/05/11 16:17:22
Table des matières
ēęėĔĉĚĈęĎĔē
7
/·RSHQVRXUFHGpÀQLWLRQHWpYROXWLRQ
7
/·RSHQVRXUFHFRPPHREMHWG·pWXGH
13
3. Le web comme instrument de recherche
15
4. La littérature sur les formes d’organisations de l’open source
19
ĆėęĎĊǦ
ĴēĴĆđĔČĎĊĉĚĒĔĉĳđĊėĆĈĎēĊǣ
đĆĈĔĒćĎēĆĎĘĔēĎēĴĉĎęĊĊēęėĊĚēĘĞĘęĳĒĊĉĊĒĆēĆČĊĒĊēę
ĉĊđĆĘĔđĎĉĆėĎęĴĊęĚēĘĞĘęĳĒĊĉĊĕėĔĉĚĈęĎĔēĉĎĘęėĎćĚĴ 27
Ǧ±±
±
27
&DGUH/HVFRPPXQDXWpVGHSUDWLTXHHWpSLVWpPLTXH
27
2. Cadre 2 : La collective invention
29
3. Cadre 3 : Les réseaux coopératifs
30
Ǧ!ǯǣǯ
ǯ
32
'HODQRWLRQGHVROLGDULWpjODGpÀQLWLRQGXGLSW\TXHFKDULWpPDUFKp 32
2. Entre la charité et le marché
36
/HVIRUPHVKLVWRULTXHVGHODVROLGDULWpFROOHFWLYH
40
4. Vers la caractérisation d’une action collective solidaire
42
5. Caractérisation de la communauté d’utilisateurs développeurs
45
Ǧǯǣǯ
ǯ±
48
1. L’histoire de l’action collective distribuée
48
23/05/11 16:18:33
230
2. La communauté d’utilisateurs-développeurs : une organisation
collective distribuée
51
ĆėęĎĊǦĚĒĔĉĳđĊėĆĈĎēĊĠđĆĒĔĉĴđĎĘĆęĎĔēĉĊĘ
ėĴČĎĒĊĘĉĊđǯĔĕĊēĘĔĚėĈĊǣĚēĊĆĕĕėĔĈčĊđĔēČĎęĚĉĎēĆđĊ
ĊęĒĚđęĎĕđĊ
57
Ǧǯ±±ǯ
57
/HVIRQGHPHQWVWKpRULTXHVHWHPSLULTXHVGHVUpJLPH
de l’open source
57
2. L’hétérogénéité des organisations de l’open source : une étude
HPSLULTXH
62
Ǧ±±ǯ
94
/DGpÀQLWLRQGHSDUDPqWUHVRUJDQLVDWLRQQHOV
94
'HO¶pWXGHGHFDVPXOWLSOHjODJpQpUDWLRQG·LGpDX[W\SHV
96
3. La caractérisation des régimes de l’open source
97
4. Des idéaux types au service de la description de formes hybrides
100
ĆėęĎĊǦĊĘĘęėĆęĴČĎĊĘĉĆēĘđǯĔĕĊēĘĔĚėĈĊǣ
ĉĊĘĈĔĒćĎēĆĎĘĔēĘēĔĚěĊđđĊĘĊēęėĊđĊĒĆėĈčĆēĉ
ĊęđĊēĔēǦĒĆėĈčĆēĉ
103
Ǧ°ǯǯ
103
/HVHQMHX[GHO·RSHQVRXUFH
103
2. Les modèles d’affaires de l’open source : ouverture et hybridation 105
3. Des stratégies de détournement inédites
108
Ǧ±±
117
1. La stratégie open source d’un groupe industriel : le cas Thales
117
/DG\QDPLTXHFRQFXUUHQWLHOOHHWFRRSpUDWLYHGDQVO·RSHQVRXUFH
127
Ǧ±ǯ
132
0RGpOLVDWLRQGHODG\QDPLTXHGHVUpJLPHVGHO·RSHQVRXUFH
132
/HFDV2SHQ2IÀFHRUJXQHKLVWRLUHPRXYHPHQWpH
133
23/05/11 16:18:34
Table des matières
231
3. Le cas Mozilla : le marchand au service du non marchand
140
ĆėęĎĊǦǯĎēēĔěĆęĎĔēĉĆēĘđĊĘėĴČĎĒĊĘĉĊđǯĔĕĊēĘĔĚėĈĊǣ
ĈĔĒĕĊēĘĊėđĊĘĉĴċĆĎđđĆēĈĊĘĉĊđǯĔċċėĊĒĆėĈčĆēĉĊ
151
Ǧǯ±ǯǯ±
ǯǯ
151
1. De la user innovation aux communautés open source
151
2. Les limites de la littérature sur l’évaluation de l’innovation
des logiciels libres
154
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164
'·XQSUREOqPHGHPHVXUHDXFRXSODJHGHPpWKRGHVTXDOLWDWLYHV
HWTXDQWLWDWLYHV
164
'HODWHFKQLTXH'HOSKLjXQH« web-based Delphi » : une vue
générale
166
3. Les apports de l’approche web-based Delphi : la mobilisation
d’experts dans un contexte distribué
167
4. Discussion et implications : les communautés d’utilisateursdéveloppeurs compensatrices de l’offre marchande
182
Ǧ°ǯ±ǣǯ

184
1. La caractérisation du modèle d’innovation de l’open source :
un modèle d’innovation par les extrémités
184
/HVHQMHX[GHODFRQFHSWLRQGHORJLFLHOVIHUPpV
193
/HVHQMHX[GHODFRQFHSWLRQGHORJLFLHOVOLEUHV
199
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205
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1. La rationalisation des stratégies d’ouverture ou de fermeture :
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205
,PSOLFDWLRQVWKpRULTXHVHWPDQDJpULDOHVGHVUpJLPHVGHO·RSHQ
source : vers une contingence des stratégies ouvertes et fermées ?
211
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215
23/05/11 16:18:34