IRAN VILLE DE BAM

Transcription

IRAN VILLE DE BAM
IRAN
VILLE DE BAM
MISSION D’EVALUATION
SEISME DU 26 DECEMBRE 2003
Architectes de l’urgence
Emergency Architects
Siège : 9 rue Borromée , 75015 Paris
Tél 00 33 1 56 58 67 27
Administration / Logistique :
15 rue Marc Sangnier, 80000 Amiens
Tél : 00 33 3 22 80 00 60
[email protected]
SOMMAIRE
1 - Données du Séisme à Bam .......................................................................... P. 3
2 - Rappel historique de la Citadelle de Bam ................................................ P. 3 & 4
3 – Mission d’évaluation
3) a - Déclenchement de la mission .......................................................... P. 5
3) b - Composition de l’équipe / Matériel d’intervention / Visa .............. P. 5 à 6
3) c - Objectifs de la mission ..................................................................... P. 6
3) d – Contacts à Téhéran P. 7
3) e - L’organisation professionnelle des Architectes Iraniens .............. P. 7
3) f - Déroulement du voyage ..................................................................... P. 7à 8
4 - Constat technique ................................................................................. P. 8 à 9
5 - Pertinence de notre intervention .......................................................... P. 9
6 - Rapport avec les autorités ..................................................................... P. 10 à 11
7 - Rapport avec les autres ONG ................................................................ P. 11
8 - Rapport avec les médias ........................................................................ P. 11
9 – Conclusions
9) a - L’objectif de la mission ..................................................................... P. 12
9) b - Qu’est il souhaitable d’envisager de suite à Bam ?....................... P.12 à 13
9) c - Reconstruction de la ville et de la Citadelle .................................... P. 13
9) d - Habitat d’urgence .............................................................................. P. 13
9) e - Position du gouvernement français par rapport à l’Islam ............. P. 13
9) f - Analogie de cette mission avec notre intervention lors de
la catastrophe de Bab el Oued .................................................................. P. 13
9) g - Conditions d’intervention .................................................................. P. 14
9) h - Equipe d’intervention qui se tenait prête à partir ........................... P. 14
9) i – Matériel ............................................................................................... P. 14 à 15
9) j - Marquage « Emergency Architects » .............................................. P. 15
Annexes
Annexes photographiques : Photos de la ville de Bam et des typologie de
construction
Annexe 2 : Programme d’Etude de la Reconstruction
Architectes de l’urgence / Emergency Architects
Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03
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1 - Données du Séisme à Bam
Le 26 décembre 2003 à 5 h 30, un séisme de magnitude initialement annoncé à 6,3
puis réévalué par des sismologues Iraniens à 6,8 sur l’échelle de Richter, surprend
les habitants de cette région dans leur sommeil.
Le bilan se révèle très lourd :
§ Sur les 240 000 habitants de cette région :
§ 120 000 ont été affectés et environ 40 000 personnes décèderont.
§ Plus de 75 % des habitations ont été détruites et la région ressemble à un
immense champ de ruines.
La Citadelle de BAM, joyau du patrimoine de l’Iran, a également été complètement
dévastée.
2 - Rappel historique de la Citadelle de Bam
La citadelle historique de la ville de Bam, à environ 1 000 km au sud-est de Téhéran,
est considérée comme une des merveilles du patrimoine culturel de l’Iran, étant la
plus grande construction en pisé (mélange de terre argileuse et de paille) au monde.
L’histoire de l’imposante citadelle d’Arg-e-Bam remonte à plus de 2000 ans.
Cible de nombreux sièges et invasions, elle avait été détruite puis reconstruite à de
nombreuses reprises, pour la dernière fois à l’époque safavide (XVIe -XVIIIe siècle).
Longue de 300 mètres et large de 200 mètres, la citadelle, hérissée de créneaux et
de tours d’angle, avait servi de décor au film Le Désert des Tartares (1976) de
Valerio Zurlini, adapté du roman de Dino Buzzati, avec Jacques Perrin, Vittorio
Gassman, Philippe Noiret, Jean-Louis Trintignant et Max von Sydow.
La citadelle était située à l’intérieur de la cité historique de Bam, d’une superficie de
200 km², accolée à la ville nouvelle qui porte le même nom. Elle était le meilleur
exemple des constructions urbaines de l’Iran pré-islamique.
Oasis en plein désert du Dasht e-Kevir, la ville avait longtemps constitué une étape
majeure sur la Route sud de la soie, avant de perdre ce statut avec le
développement du transport mécanisé, au début du XXe siècle, puis de renaître avec
l’arrivée de touristes ces dernières années.
Un important programme de restauration avait d’ailleurs été récemment lancé et une
partie de la vieille ville et de la citadelle avaient été restaurées.
Dotée de 28 tours de guet, la citadelle était juchée sur un éperon rocheux haut de 60
mètres. Elle ressemblait à un château médiéval européen, mais contrairement aux
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constructions d’Europe en pierre, elle était construite en pisé et en briques d’argile.
La citadelle possédait deux grandes tours distantes d’environ 40 mètres, construites
il y a environ cinq siècles. Elle comprenait deux bâtiments appelés « Chahar Fasl »
(quatre saisons) et la « Maison des maîtres », réservés aux gouverneurs de
l’époque.
Elle était entourée de quatre murailles dans sa partie sud. La première muraille avait
une hauteur de 18 mètres, destinée à protéger les habitants des brigands.
Jusqu’à il y a 80 ans, ces deux bâtiments étaient occupés par les responsables
locaux de l’armée et de la gendarmerie.
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3 – Mission d’évaluation
3) a - Déclenchement de la mission
Comme à chacune de leurs interventions, les Architectes de l’urgence se mobilisent
dès l’annonce d’une catastrophe dans les médias.
Ils entreprennent alors des recherches plus précises sur l’ampleur du désastre afin
d’envisager l’organisation d’une première mission de repérage pour permettre
ensuite, en fonction de l’évaluation faite sur place, la mise en place d’une mission
d’assistance dans le cadre de la mise en sécurité des sinistrés.
Ashmat Froz déclencha l’alerte dès 9 h 00 le 26 décembre 2003.
L’Iran ayant fait appel à l’aide internationale, la 1ère démarche fut donc de proposer
notre assistance à l’Iran par le biais des Ambassades (Ambassade d’Iran en France
et Ambassade de France en Iran).
Parallèlement, nous avons effectué une information au sein de notre réseau et
appelé les architectes à se mobiliser afin de pouvoir organiser la 1ère équipe
d’intervention.
Toute l’organisation logistique s’est effectuée rapidement afin de permettre le départ
de l’équipe dans les plus brefs délais.
Grâce aux différents membres du réseau des Architectes de l’urgence, nous avons
cherché à trouver un maximum de contacts sur place dans le but de faciliter
l’organisation de la mission.
3) b - Composition de l’équipe / Matériel d’intervention / Visa
Composition de l’Equipe :
L’équipe de repérage envoyée sur BAM était composée de 3 membres de notre
organisation de différentes nationalités :
§ Patrick COULOMBEL – Président des Architectes de l’urgence – France
§ Ashmat FROZ - Afghanistan
§ Alexandre MINEAU – Roumanie
Matériel d’intervention :
1 Valise Immarsat M 4
1 téléphone satellite
3 radio HF (talkies walkies)
1 micro ordinateur
3 blousons Emergency Architects
1 téléphone portable Siemens
3 GPS : 1 etrex vista et 2 etrex legend
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2 tentes 5 kg
1 dictaphone
Obtention des Visas
Les visas ont pu être obtenus rapidement au Consulat d’Iran à Paris grâce à M.
Farzad.
Cependant, les visas étaient délivrés pour un durée extrêmement courte (7 jours) ce
qui limitait notre durée d’intervention puisque qu’il fallait déjà 2 jours pour nous
rendre sur place.
3) c - Objectifs de la mission
Juger les moyens nécessaires à mettre en œuvre dans une deuxième phase
d’intervention pour :
1. Mettre en sécurité les structures ébranlées par le tremblement de terre
et encore utilisables,
2. Mobiliser les compétences des architectes iraniens au côtés de la
logistique,
3. Etablir un diagnostic architectural et technique de la Citadelle de Bam
afin de rapidement mettre en œuvre les mesures de conservation
appropriées,
4. Réapprendre à vivre aux populations sinistrées et choquées par ce
qu’ils viennent de subir,
5. Débuter un partenariat professionnel avec les Architectes Iraniens.
L’équipe envoyée sur place avait pour mission d’évaluer et de remplir les objectifs cidessus énoncés sachant que plusieurs facteurs pouvaient freiner le bon déroulement
de la mission :
•
•
•
•
Non autorisation des autorités locales pour notre intervention
Manque de moyens
Impossibilité de se rendre sur le site de Bam et d’y séjourner
Difficulté de contacts avec les Architectes Iraniens
Il y a donc, comme pour chaque mission d’urgence, une part d’improvisation qui est
variable en fonction des contacts et des différents interlocuteurs que nous recontrons
au fur et à mesure que nous avançons sur le territoire Iranien et tentons de nous
inscrire dans le processus d’intervention mis en place par les autorités locales et des
Nations Unies.
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3) d – Contacts à Téhéran
Un certain nombre de contacts ont pu être pris notamment avec l’Ecole
d’Architecture de Téhéran et son Directeur, Dr Fallahi, qui nous a accueilli très
chaleureusement et qui serait très favorable à la mise en place d’un partenariat entre
les étudiants en Architecture Iraniens et Français ainsi que la mise en place dune
collaboration avec l’organisation professionnelle des architectes français (CNOA).
Cet échange pourrait être organisé à court terme.
3) e - L’organisation professionnelle des Architectes Iraniens
Le Directeur de l’Ecole d’architecture de Téhéran nous a proposé de ne pas prendre
contact de suite avec cette organisation et d’établir un partenariat préalable avec
l’école de Téhéran nous expliquant que cela était peut être prématuré pour avoir ce
rapport avec les institutions. Nous avons suivi ses conseils en insistant très fortement
sur notre souhait d’établir un partenariat avec l’organisation professionnelle.
3) f - Déroulement du voyage
Initialement, nous aurions du prendre un vol affrété spécialement par Iran Air, le
samedi 27 décembre 2003, mais celui-ci fut annulé nous faisant perdre une journée.
De plus, des problèmes de retard sur les vols que nous avons pris ensuite dès le
dimanche 28 décembre, ont retardé l’arrivée sur Bam de 24 heures.
Des Afghans que notre confrère Ashmat Froz connaissait à Kerman nous ont
accueillis à notre arrivée sur Kerman lundi 29 décembre soir et nous ont aidé pour
notre hébergement et l’organisation de notre départ pour Bam.
Le fait d’avoir dans notre équipe un architecte Afghan qui parlait le persan nous a
réellement aidé dans le déroulement de notre mission et cela a bien souligné
l’importance de la langue dans les échanges lors de ce type de mission.
Très peu de personnes s’exprimaient en anglais et nous avons rencontré très peu de
personnes parlant le français.
Il est absolument indispensable d’intégrer le fait que pour agir efficacement et
rapidement, il est primordial de pouvoir communiquer avec tous et dans la langue du
pays.
Arrivée sur Bam après 3 heures de route de Kerman, nous n’avons pu que constater
l’ampleur des dégâts.
Bam est une oasis, qui se trouve au milieu du désert à quelques dizaines de Km des
montagnes.
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Bam est composé de beaucoup de végétation, de palmiers, cela devait être un
endroit tout à fait agréable avant la catastrophe.
Les 1ère visions que nous avons eu en entrant dans la ville, furent les engins de
déblayement et l’exode de la population sinistrée, parallèlement à l’arrivée de
matériel et de denrées en grande quantité pour les sinistrés.
Nous avons pu constaté que l’organisation des services de secours semblait bonne.
4 – Constat technique
La ville de Bam a été partiellement rasée :
•
•
Effondrement des constructions dont une grande majorité étaient construites
en terre dont la Citadelle,
Très peu de possibilités d’accès pour aller rechercher des survivants avec les
services de secours
Nous avons identifié 4 systèmes de construction bien distincts :
1. Système de constructions en terre crue qui sont des ouvrages de maisons
individuelles avec parfois un étage et des planchers intermédiaires. Habitat
ancien et
habitants peu fortunés. Ces constructions ont été détruites
partiellement ou complètement.
2. Constructions en briques massonées avec peu de chaînage et des
planchers à ossature d’acier et briques en voûtain.
Ces constructions ont très mal supporté le séisme. Effondrements massifs de
ce type de construction.
3. Constructions à ossature métallique type poteau poutre sans réelle prise
en compte de la sismicité de la région dans les constructions.
Pas de contreventement, pièces métalliques soudées et non boulonnées avec
des dimensionnements faibles.
4. Constructions en béton type poteau poutre avec remplissage,
(dimensionnées parfois correctement). Ces bâtiments étaient souvent de taille
importante (mosquées, bâtiments administratifs).
Les constructions en béton ont globalement bien tenu au séisme. Les parties de
remplissage pour ces constructions ainsi que celle à ossature métallique ont
néanmoins beaucoup souffert.
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Il y a notamment eu beaucoup d’effondrements des murs de remplissage dans les
réseaux poteaux poutres qui ont provoqué de nombreux morts et blessés.
Il est important de noter que ce sont les constructions en terre, les plus nombreuses,
qui ont le moins bien supporté le séisme et qui se sont totalement effondrées.
Les murs, les plafonds faits de voûtains et briques très épais et très lourds, ont
provoqué en tombant sur les populations, de nombreux morts, ne laissant
pratiquement aucune chance aux habitants puisque les poches de survies ne
pouvaient se constituer de part la composition des matériaux.
En conséquence, si les personnes ne sont pas mortes immédiatement, elles sont
mortes étouffées.
5 - Pertinence de notre intervention
Il est fondamental que les architectes soient présents sur ce type de catastrophe de
manière à pouvoir témoigner du constat technique et des conséquences sur les
populations.
Nos objectifs à terme :
§
essayer d’être partenaires des services de secours et partenaires de la
reconstruction de même type dans des secteurs similaires (Iran, Irak,
Afghanistan, Pays d’Afrique) qui construisent également en terre,
§
tenter d’éviter que cela se reproduise ailleurs.
Notre intervention était de toute façon limitée car notre équipe était restreinte mais
nous nous devions d’être sur place afin de pouvoir rendre compte auprès de la
communauté internationale des architectes et leur faire bénéficier de notre
expérience.
Cette catastrophe bien que dramatique peut, par les leçons que nous pourrons en
tirer, être un exemple à ne pas suivre pour éviter que cela puisse, un jour, se
reproduire. C’est à nous, Architectes, qu’il incombe de faire en sorte que ces
désastres ne se reproduisent pas sur des constructions en cours actuellement ou qui
seront réalisées dans l’avenir.
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6 - Rapport avec les autorités
Ce rapport a été bon :
•
Accueil très chaleureux au Consulat d’Iran à Paris tout d’abord et sur place
ensuite, y compris dans les villes que nous avons traversé et sur les lieux de
la catastrophe à Bam.
•
Aucun contrôle sur nos bagages et aucun problème pour l’introduction de
notre matériel d’intervention et de communication important (système satellite,
Immarsat M4, système audio visuel ..),
•
Aucun problème aux passages aux frontières, toutes les facilités nous ont été
accordées,
Nous avons été accueillis très favorablement par le coordinateur des Nations Unies
qui nous a de suite référencé. Il nous a évoqué un problème par rapport aux moyens
à mettre en œuvre pour les systèmes de secours.
En effet, au moment ou l‘Etat Iranien a demandé une aide internationale pour du
sauvetage et du déblayement, il ne connaissait pas l’ampleur des dégâts et ne savait
donc pas de ce dont il avait réellement besoin.
Ce qui apparaît évident aujourd’hui, c’est qu’il aurait fallu beaucoup plus de chiens
pour aller rechercher des survivants et par contre des tonnes de matériel envoyés
n’ont même pas été déchargés des avions car ils n’avaient pas leur utilité (Outillages
de désincarcération pour découper les aciers et les bétons, etc …).
En effet, les personnes habitant dans les constructions de type aciers ou béton
n’étaient pas aussi affectées que celles des constructions en terre et surtout , étant
donné l’heure du séisme 5 h 30 du matin, il y avait peu de constructions de ce type
(essentiellement bureaux ou mosquées) habitées.
Le coordinateur des Nations Unies m’a indiqué qu’il était très intéressé par notre
intervention pour éviter cette débauche d’énergie inutile qui désole les secouristes et
les sinistrés et qui coûte cher à la communauté internationale mobilisée. Les
Architectes de l’urgence pourraient aider dans l’estimation rapide des moyens à
mettre en place pour éviter d’envoyer des aides non appropriées et permettre une
action efficace avec des moyens adaptés.
On a proposé d’intervenir dans le cadre de la mise en sécurité des personnes avec
les Nations Unies bien que nous sachions, pour avoir effectuer une 1ère évaluation,
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qu’il n’y avait pratiquement plus aucune construction debout et que nous n’avions
donc malheureusement pas à intervenir dans ce contexte.
7 - Rapport avec les autres ONG
Nous avons eu la chance de rencontrer sur place d’autres organisations
humanitaires notamment françaises, dont Secouristes Sans Frontières, qui sont à la
recherche d’architectes pour compléter leurs compétences et les aider à retrouver
des survivants.
Etant complémentaires, nous essayerons de conjuguer nos moyens afin d’agir
ensembles pour le bien des populations sinistrées.
Il y avait également sur place environ 70 intervenants différents (organisations non
gouvernementales ou militaires) de pays différents dont 5 ONG françaises (MSF,
MDM, TSF, Croix Rouge, SSF) sur ces 70 représentées, ce qui est tout a fait
honorable en terme de mobilisation humaine et de compétences. Le France donne
l’exemple.
8 - Rapport avec les médias
Vu l’ampleur du séisme, il est évident que nous devions témoigner.
La question primordiale qui revenait régulièrement était de savoir s’il était possible de
reconstruire Bam ?
En tant que Responsable de la mission, j’ai bien précisé qu’il était possible de
reconstruire cette ville mais en respectant les risques encourus par les populations
de la région.
La reconstruction ne peut s’effectuer qu’en tenant compte des contraintes du site
aussi bien naturelles que culturelles ou financières q’impliquent une reconstruction
dans les normes anti-sismiques.
Les problèmes majeurs dans la reconstruction de la ville et éventuellement de la
Citadelle, seront directement liés aux moyens techniques et financiers qui pourront
être mobilisés pour éviter que Bam soit à nouveau un jour anéantie.
Médias nous ayant contacté : France 3, TF, France Inter, RFI, France Bleu
Picardie, France Info, Europe 1, RTL, Journal du Dimanche, Figaro, Le Courrier
Picard.
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9 – Conclusions
9) a - L’objectif de la mission était le suivant : Juger les moyens
nécessaires à mettre en œuvre dans une deuxième phase d’intervention et
d’assistance aux populations sinistrées.
Il n’a pas été envisageable d’envoyer une équipe opérationnelle d’intervention pour
les raisons suivantes :
§ Les populations étaient soit décédées, soit en exode,
§ Les constructions étaient, pour la majorité, complètement détruites et il n’y a
donc eu aucune possibilité d’intervention dans le cadre des mises en sécurité.
Ce qui s’est passé a Bam a été d’une ampleur exceptionnelle, cette ville qui devait
être vraiment magnifique, a été pratiquement rayée de la carte en quelques
secondes.
La grande majorité des constructions ont été détruites par le séisme et l’urgence
n’était pas la mise en sécurité des bâtiments, mais bien évidemment la recherche de
potentiels survivants sous les gravats. Le type de constructions, majoritairement
effondrées, ne nécessitait pas d’assistance technique de notre part pour la recherche
de survivants (constructions en terre).
Nous nous devions d’envoyer une équipe pour évaluer la situation et envisager la
mise en place d’une action dans le cadre de la mise en sécurité des personnes et du
bâti mais notre équipe n’a pu que constater son impossibilité à intervenir dans ce
contexte.
Nous avons le devoir impératif de témoignage sur ce qui s’est produit, nous avons
donc la responsabilité de communiquer sur l’effroyable désastre qui a frappé cette
ville de Bam.
La force de la nature nous démontre toujours notre impuissance devant les éléments
naturels, nous devons intégrer cette donnée dans nos travaux.
9) b - Qu’est il souhaitable d’envisager de suite à Bam ?
Après avoir effectué une rapide évaluation de l’état de la ville en général, nous
pensons qu’il est indispensable d’établir une cartographie précise de la situation pour
pouvoir comprendre ce qui s’est passé et se rendre compte de ce qui a résisté ou
mieux résisté que le reste, d’en comprendre les raisons, de façon à utiliser ces
informations pour des reconstructions à Bam ou dans d’autres pays exposés au
même type de risque.
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Il est tout a fait envisageable de mettre en place cette mission rapidement avec des
partenaires Iraniens y compris des étudiants des Ecoles d’architecture et des
architectes de tout pays concernés par ce type de problématique.
Enfin, une démarche avec l’Iran à long terme sur le développement des relations
internationales d’une part entre la France et l’Iran mais également avec la
communauté des architectes internationaux que nous représentions et l’Iran, est à
notre avis tout à fait souhaitable dans un avenir proche (Voir programme en annexe
n° 3).
9) c - Reconstruction de la ville et de la Citadelle
La reconstruction de la Citadelle est envisageable avec des moyens (voir photos en
annexe).
Le challenge que nous avons à relever est la construction d’habitations parasismiques en terre, tenant comptes des contraintes culturelles, sociales et financières
liées au Pays.
9) d - Habitat d’urgence
La Turquie et le Japon ont proposé des habitats d’urgence en nombre important afin
de pouvoir reloger les populations sinistrées, nous ne sommes pas présents sur ce
type d’habitat : il est important que nous nous positionnions rapidement sur ce type
d’habitat.
9) e - Position du gouvernement français par rapport à l’Islam
Nous avons senti une profonde réticence de la part des iraniens sur la loi relative au
port du voile à l’école. L’incompréhension est entière sur la pertinence de porter des
signes ostensibles religieux à l’école.
L’argument qui a le plus souvent été évoqué est que la France, perçue comme une
terre d’accueil et le pays des droits de l’homme, semblait changer d’image.
9) f - Analogie de cette mission avec notre intervention lors de la
catastrophe de Bab el Oued
Notre intervention en Algérie lors de la catastrophe de Bab el Oued en novembre
2001 s’était révélée inefficace en terme d’assistance technique sur le terrain
cependant elle nous avait permis de lier des contacts très positifs qui nous ont, par la
suite, facilité les démarches pour la mise en place d’autres actions et ont permis une
efficacité et une rapidité d’intervention lors du dernier séisme en Algérie de mai 2003.
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9) g - Conditions d’intervention
L’hébergement sur place s’est effectué en autonomie dans nos propres tentes,
aucune possibilité d’acheter de la nourriture sur place, seule l’eau était disponible.
Les nuits froides imposent d’avoir un système de chauffage d’appoint.
Par crainte d’épidémies, le port du masque était obligatoire par les autorités
iraniennes à Bam.
Pour toute intervention ultérieure, il est à prévoir une autonomie complète pour
l’ensemble du groupe d’intervention.
9) h - Equipe d’intervention qui se tenait prête à partir
AIT AMARA Malik – Algérie
BAA Mhedi – Algérie
BELLE Corinne – France
BOUCHEMAL Abdelhamid – Algérie
BRIERE Olivier – France
CHAPON Nathalie – France
DAS Bernard – France
DOISON Alain – France
DONAT Daniel – Martinique
GARDIN Laetitia – France
HALLIER Dominique – France
LAMBERT Nathalie – France
MICAMACHER Claude – France
MOYAL Corine – Maroc
OZLEAU Zubeyda – Turquie
PEYREBONNE Nicolas – France
RECORDON Alain – Suisse
SILMANI Younes – Algérie
TASDEMIR Seher – Turquie
9) i – Matériel
Problèmes liés au matériel embarqué
Micro-ordinateur trop lourd
Batterie VHF non chargées
Téléphone satellite non chargé
Matériel à prévoir pour intervention ultérieure
Panneaux solaires souples
Eolienne
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Malles pour matériel
Tentes plus grandes
Nourritures et kit de survie
Ru balise pour sécuriser les joues dangereuses
9) j - Marquage « Emergency Architects »
C’est un identifiant qui est compris de tous et qui doit absolument être conservé pour
la suite de nos interventions.
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ANNEXES
Annexes photographiques :
Photos de la ville de Bam et des typologie de construction
Photos de la Citadelle
Annexe 2 :
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La Ville de Bam
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La ville de Bam
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La Citadelle
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Architectes de l’Urgence
Programme d’action pour BAM (Iran)
1 - Une première mission d’évaluation
Dès le lendemain du séisme de BAM, une première mission d’évaluation a été
effectuée sur place par 3 membres de l’Association pour apprécier la nécessité de
l’intervention d’équipes de « mise en sécurité ».
Malheureusement la nature des constructions et leur effondrement massif ont laissé
peu de chance de survie à leurs habitants et la question des risques ultérieurs et de
la protection des populations lors des répliques et au delà ne s’est que peu ou pas
posé.
L’aide que nous pouvons apporter concerne la reconstruction des habitations pour
redonner un toit le plus rapidement possible aux rescapés.
2 - Une mission de reconstruction en Afghanistan
Notre participation, au lendemain de la guerre et d’un séisme en Afghanistan, à un
programme international de reconstruction de 5000 maisons en terre crues
nous a donné une expérience qui sera d’une grande utilité dans cette nouvelle
mission. Une première mission de diagnostic et d’analyse a permis de définir les
besoins et les modes opératoires adaptés à cette situation. Pour l’essentiel, il n’a pas
été nécessaire d’importer de nouvelles technologies constructives pour réhabiliter ou
reconstruire para-sismique ; il a suffit de réactualiser des systèmes déjà existants sur
les édifices ayant résisté aux secousses, en particulier par l’utilisation de renfort de
bois là ou l’appareillage de brique de terre crue est défaillante (angles de murs,
linteaux et pieds droits de baies, accroches de toitures-terrasses et acrotères). La
seconde mission a consisté a accompagner l’auto-construction en fournissant la
matière première absente du pays (le bois) et en organisant la formation et
l’encadrement des intervenants afghans.
3 - Notre programme d’action pour BAM
Notre court séjour et les conditions de travail au cœur d’un peuple consacré à
secourir les survivants et à enterrer ses morts n’ont pas permis de systématiser nos
observations et ne nous autorisent pas à formuler dès ce jour des préconisations
pour la reconstruction. Toutefois nous émettons l’hypothèse qu’il est possible de
proposer une action dans la continuité de notre expérience afghane. Il est des
édifices qui ont mieux résisté. Il faut les analyser avant de proposer comme un expert
universitaire vient de le faire au « Téléphone sonne » sur France Inter le 2 Janvier de
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substituer les savoirs-bâtir traditionnel par des constructions en béton sous le seul
prétexte qu’elles ménagent des poches de survie ou des structures légères en acier
comme les japonais. Notre expérience algérienne pour le séisme de BOUMERDES
ne rend pas convaincante cette argumentation ; et la construction moderne
parasismique nécessite des études et des projets beaucoup plus élaborés et adaptés
que ces simples propositions hâtives.
Nous proposons donc de constituer une équipe d’analyse et de diagnostic
composée d’architectes et d’experts rassemblés par les Architectes de l’urgence,
de manière paritaire avec l’Université de TEHERAN. Pour un autre objet, plus
culturel, « les maisons d’ISPAHAN », une collaboration entre l’Ecole d’Architecture
de Paris-Belleville et son DESS « Villes, Architecture et Patrimoine. Maghreb et
Proche-Orient » et le Département d’Architecture de l’Ecole des Beaux-Arts de
l’Université de TEHERAN a produit des résultats remarquables.
La citadelle de BAM et les quartiers intégrés aux murailles sans habitants ont souffert
et devront faire l’objet d’actions de conservation ou de restitution.
Pour ce qui concerne les habitations :
§ nous devons comprendre avec des géologues et des sismologues les
conditions d’effondrement sous la palmeraie .
§ nous devons établir un état des destructions quartier par quartier ,
cartographier cet état.
§ nous devons établir un catalogue des types d’habitation (plans, coupes,
élévations), identifier les pathologies liées au séisme (effondrement partiel
ou total), décrire et relever les éléments d’architectures (fondations, murs,
baies, voûtes, toitures terrasses, acrotères, menuiseries - portes et
fenêtres…).
§ nous devons type par type, élément par élément faire des propositions
dessinées et descriptives parasismiques de reconstruction partielle ou
totale.
§ nous devons quantifier les besoins y compris en identifiant les
insuffisances ou absence de ressources locales pour proposer dans le
cadre d’une aide et d’une coopération internationale d’y remédier.
§ nous devons mettre en place des structures d’encadrement pour maîtriser
cette aide et aboutir dans un court laps de temps à la reconstruction du
secteur qui nous sera confié.
4 - Une logistique adaptée
Pour être rapidement opérationnel, il faut pouvoir acheminer des véhicules de type
4x4, des tentes non mixtes pour le couchage, des tentes mixtes pour les réunions de
travail et les repas avec chauffage / groupe électrogène.
Architectes de l’urgence / Emergency Architects
Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03
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Chaque véhicule doit disposer d’un groupe électrogène et d’un téléphone satellite.
L’acheminement des véhicules peut être géré de manière autonome par rapport aux
équipes.
Chaque équipe doit être constituée d’un architecte et d’un étudiant français et d’un
architecte et étudiant iranien. Il faut prévoir un véhicule d’experts et l’organisation
nocturne séparée de la mixité.
On doit concevoir cette action sous une forme de renouvellement par quinzaine des
équipes, autant de fois qu’il sera nécessaire en fonction du territoire pris en charge.
5 - Un partenariat international
Les Architectes de l’Urgence coordonnent les interventions des institutions et des
experts, architectes, enseignants, Ingénieurs structure, laboratoire du CSTB,
étudiants susceptibles de participer directement ou à distance à cette mission.
Ce sont :
- le Département d’Architecture de l’Ecole des Beaux-Arts de TEHERAN,
- l’Ecole d’Architecture de PARIS -BELLEVILLE,
- L’Ecole d’Architecture de Grenoble
- Les Ateliers de l’Isle d’Abeau
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