tion - Criticomique.com
Transcription
tion - Criticomique.com
V1 télévision 27 LIBERATION SAMEDI 15 ET DIMANCHE 16 MAI 2004 Trash. Bam Margera, en solo, joue moult tours à ses parents. Un sous-«Jackass» des familles pain qu’il tient au bout d’une lance. Quand le paternel ouvre le frigo, une alarme assourdissante se déclenche. Rien à faire, les placards aussi sont enchaînés et cadenassés. Partout, à la radio, sur les affiches, dans les airs, on entend et on lit ce message: «Il ne faut pas nourrir Phil.»Phil Margera est cerné, mais il garde un sang-froid exemplaire. A 5heures du mat’, Bam sort la tronçonneuse et découpe le plancher du dernier étage. Lorsqu’il découvre qu’on a collé de petits hamburgers sur tous ses vêtements, Phil les enfile sans broncher. Il ne se rend même pas compte que Bam a remplacé son dentifrice par du steak haché. Et s’étonne gentiment de découvrir son van transformé en compression à J DR la César. Ignore-t-il que Bam va lui offrir un truck de luxe? Il ackass, expression sadosemble en tout cas habitué à maso-nihiliste d’une jeucet étalage de fric dont on ne nesse américaine qui s’emperçoit plus la valeur comique. merde, le programme le plus Pendant que le couple joue à la controversé, n’est plus. Mais roulette à Atlantic City, Bam les censeurs qui en faisaient la construit un skate-park dans cause exclusive des errements leur baraque. Au retour, comde leurs enfants ne doivent pas me toujours, Phil est stoïque et crier victoire trop vite. L’émisApril Margera, son épouse, sion a engendré des avatars traumatisée. Son fils la prend moins trash, dont Viva la Bam. alors dans ses bras, on se dit L’ex-Jackass Bam Margera que finalement Viva la Bam Seule issue dans ce chaos, la mort ou la folie. s’ingénie à faire chier ses pan’est qu’une déclaration rents. Le masochisme a laissé d’amour d’un enfant gâté. place à une forme de sadisme, Mais où sont passés ces galéla gratuité des actes à une riens qui, à partir de rien, réalipseudo-justification morale, saient d’improbables perforcomme ce régime de vingtmances? Dans cette quatre heures imposé au père surenchère au claquage de obèse. Dans la scène du réveil thunes, on compte un mort: FRANCE 2, dimanche à 20h55. agressif, Bam fourre dans la têle mouvement ondulatoire l’esprit Jackass.• «La Ligne rouge». JULIEN BARRET te de son père une baguette de sous le vent caresse, avant de uand on a la chance de ne les engloutir, leurs corps suppas avoir vécu de guerre, pliciés. La colline est vivante, on se la pose à chaque entité molochienne, maternelfilm de guerre, la question: le et sanguinaire, comme toute comment ils font pour y aller, la nature dès que filmée par et pourquoi? Pas le choix, bien Malick, dans une superbe sûr, mais ça n’épuise pas la comparaison d’échelles: pourquestion. La putain de trouille quoi si petit, si dominé, si imdes soldats, celle qu’on subo- puissant, l’homme s’inflige-t-il dorait sans certitude, pensant tant de peine? que le bourrage de crâne, La représentation violeml’exaltation collective et sur- ment figurative de la souftout l’ignorance de la guerre france et l’abstraction lyrique galvanisaient suffisamment du décor composent un film les troufions pour les protéger unique, qui martèle avec une jusqu’au moment où chacun rencontrait son heure, on la voit enfin, comme jamais sur un écran, énorme, envahissante, se cognant, déchaînée, sous les crânes. Pendant deux heures quarante, Terrence Lætitia Casta, empruntée dans la première partie, convainc dans la seconde. Malick, figure mystérieuse parce qu’invisible d’Hollywood (pas d’interview, un film tous les vingt ans, fan-club extatique), a imaginé jusqu’à l’insoutenable la peur et la souffrance d’une compagnie de FRANCE 2, première partie samedi à 20h55, et non à Vilnius ou à La Havane comme il marines (casting choc: Sean deuxième partie à 22 h50.«La San Felice», de est désormais de mise à la télé. Il y a égalePenn, Nick Nolte, Adrien BroPaolo et Vittorio Taviani. ment plus de figurants que d’habitude, de dy, Jim Caviezel…) lors des our être franc, on redoutait le pire. quoi rendre les scènes de combat plutôt combats de Guadalcanal Pensez, un roman de vieillesse crédibles. La mise en scène des Taviani contre les «Japs» en 1942d’Alexandre Dumas, souvent su- évite souvent le piège de l’illustration his1943. Avant, ils en chient dans blime mais parfois tortueux, de torique, avec quelques belles trouvailles leur froc. Une fois touchés, ils 1600 pages, compressé en trois (le long travelling sur les exactions des hurlent comme des pourpetites heures par les frères Taviani, ci- monarchistes dans les rues napolitaines). ceaux, pleurent comme des bénéastes majeurs des années70 mais qui, Et, une nouvelle fois, Lætitia Casta se sort bés, se réfugient dans la mort depuis dix ans, se sont spécialisés dans plutôt bien de l’aventure : un peu emou dans la folie. Le premier efl’europudding indigeste (dernier en date: pruntée dans la première partie, elle fet de la Ligne rougeest de faire Résurrection, un téléfilm d’après Tolstoï à convainc davantage dans la seconde tomber le mensonge monuvous donner envie de retourner illico quand elle devient, largement contre son mental de la virilité. Jusqu’à la dans la tombe). Au finale pourtant, la San gré, l’égérie puis la martyre de la RépuLigne rouge, le cinéma avait arFelicese révèle une agréable surprise. No- blique. Il n’est pas interdit de pleurer pendemment préservé la fiction tamment parce que, pour une fois, les dant les séquences finales. Mais après, un d’un courage plus fort que la producteurs n’ont pas trop lésiné sur la conseil: lisez le roman méconnu de Dupeur. Cette fois, c’est fini. Sur dépense. La ville de Naples est la véritable mas (1), il en vaut vraiment la peine.• cette colline tartarienne où SAMUEL DOUHAIRE héroïne du roman consacré à l’éphémère s’est retranché l’ennemi qu’il République parthénopéenne (1798- (1) Publié chez Gallimard «Quarto» avec un faut déloger, les hommes sont 1799). Miracle, de nombreuses scènes ont remarquable appareil critique de Claude des insectes égarés dans la cheété tournées sur le lieu même de l’action, Schopp. velure dense des herbes, dont MTV, samedi à 21h30. «Viva la Bam». Film. Peurs et souffrances d’une compagnie de soldats américains combattant dans le Pacifique en 1942-1943. Malick sur la colline de la peur DR Q Téléfilm. Alexandre Dumas revisité par les frères Taviani. La félicité de «La San Felice» P batterie de voix off le questionnement d’un Dieu dépassé, dont la voix se fond organiquement dans la mise en scène. D’un côté, Malick ancre l’origine du mal dans une rhétorique métaphysique un brin superflue, de l’autre, plus clandestinement, y répond simplement: les hommes sont des pères et des fils. Les premiers protègent ou détruisent les fils. La guerre est un moyen pour les vieux de se débarrasser des jeunes.• ISABELLE POTEL