Les parcours du Sahel - Natural Resource Management and
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Les parcours du Sahel - Natural Resource Management and
Article scientifique Sécheresse 2006 ; 17 (1-2) : 51-71 Les parcours du Sahel Pierre Hiernaux1 Henry Noël Le Houérou2 1 Centre d’études spatiales de la biosphère (Cesbio), 18, avenue Edouard Belin, bpi 2801, 31041 Toulouse cedex 4 France <[email protected]> 2 327, rue A.L. De Jussieu, 34090, Montpellier France <[email protected]> Résumé Le Sahel est une entité biogéographique définie en première instance par son climat tropical aride à semi-aride, contrôlé par la mousson du golfe de Guinée et l’Harmattan (alizé) saharien. Mais au cours du quaternaire la végétation sahélienne a dû s’adapter à des fluctuations climatiques entre les climats tropicaux humide et aride, voire hyperaride. La distribution des précipitations au cours de la saison des pluies et leur redistribution par ruissellement à la surface des sols sont les facteurs prépondérants de la diversité du couvert végétal et de sa production. Les nuances du régime hydrique des sols qui résultent de l’interaction entre la redistribution des eaux de pluie et la texture des sols, sont à la base d’une forte différenciation des formations végétales, en particulier de leur composante pérenne - arbres et arbustes - alors que la composition des herbacées annuelles varie largement d’une année à l’autre au gré de la distribution des pluies dans l’espace et le temps et de la dynamique du stock semencier. La végétation sahélienne est pauvre en espèces (environ 1 500), parmi lesquelles très peu sont endémiques et d’affinité tropicale. Elle apparaît comme une zone de transition entre les deux souches d’endémisme : soudanienne et saharienne. Les végétations sahéliennes se distinguent de celles d’autres zones arides par la rareté des herbacées pérennes comme de celle des plantes succulentes. Elles sont dominées par des herbacées annuelles, principalement des graminées dont la photosynthèse est de type C4, associées à des ligneux épars. La strate herbacée se caractérise aussi par une forte micro-hétérogénéité structurelle associée à d’amples fluctuations interannuelles de la composition floristique. La productivité primaire est bridée par la carence en phosphore et en azote assimilables de sols qui sont très pauvres en matière organique. Cela limite le potentiel agricole et forestier et la vocation pastorale du Sahel est contrainte mais aussi protégée par le rythme contrasté imprimé par la mousson aux ressources fourragères. Si l’influence de l’homme et de sa gestion des ressources naturelles est très ancienne et généralisée au Sahel, elle était restée globalement extensive et diffuse jusqu’au XXe siècle. L’essor démographique et l’urbanisation sans précédent que connaît le Sahel depuis les années 1950 ont bouleversé l’occupation des sols et les modes de gestion des ressources et défient la résilience de l’écosystème sahélien. Mots clés : Afrique de l’Ouest, parcours, zone aride, élevage, végétation, Sahel. Abstract The rangelands of the Sahel The Sahel is a biogeographic entity first defined by the arid to semiarid tropical climate controlled by the West African monsoon of the Gulf of Guinea and the Harmattan (Saharan trade wind). During the Quaternary the vegetation of the Sahel had to adjust to climate fluctuations between tropical humid and arid, and even hyper-arid. Precipitation distribution during the rainy season and water distribution from runoff and runon on the soil surface are leading factors of the diversity of the vegetation cover and production. The shades in soil water regime that result from interactions between rain water redistribution and soil textures explain the high differenciation of vegetation types, particularly for the perennial component, the trees and shrubs populations. Notwithstanding, the species composition of the herbaceous annuals largely vary from year to year depending on rain distribution in space and time (ca 1,500) and on the dynamics of the soil seed bank. The sahelian vegetation is Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 51 species-poor, with only few endemics, it appears as a transition zone between two endemism hubs: Sudanian and Saharan. The Sahel vegetation differs from other arid zone vegetations in that it has very few perennial grasses herbaceous and almost no succulents. It is dominated instead by annual herbaceous, mostly C4 grasses, associated with scattered woody plants. Highly patterned at the micro-scale, the herbaceous layer is also characterised by large interannual changes in species composition. The primary production is hampered by phosphorus and nitrogen deficiencies in soils that are also poor in organic matter. This constrains the crop and forestry potential, while the rhythm imposed to fodder resources by the monsoon both limits and protects pastoral production. If the history of management of natural resources by man is very long and shared all over the Sahel, its influence was extensive and diffuse until the 20th century. The demographic upsurge and urbanization experienced since the 1950s have deeply changed land use and resource management, and are challenging the resilience of the Sahelian ecosystem. Key words: West Africa, rangelands, arid lands, animal husbandry, vegetation, livestock, Sahel. Généralités Nombre de travaux de synthèse ont été consacrés à l’étude des parcours et de l’élevage au Sahel [1] comme à celle de son climat [2, 3] et de sa végétation [4-10]. Si l’origine du nom Sahel est discutée – il proviendrait soit d’un mot arabe signifiant « rivage », dans le sens de « rivage sud du Sahara », soit d’un autre mot arabe signifiant « plaine », « étendue plane » ou vallonnée [1] -, la région s’étend sur près de 6 000 km des côtes Atlantiques de la Mauritanie et du Sénégal, à l’ouest, à celles de la mer Rouge au Soudan, à l’est, et sur une largeur de 400 à 600 km des confins sud du Sahara aux savanes, forêts claires et parcs agraires de la zone soudanienne. Le gradient N-S d’accroissement pluviométrique annuel est de 1 mm par km [11]. Si vaste qu’il traverse dix États, le Sahel est avant tout une entité biogéographique définie en première instance par son climat [1-12]. Le climat sahélien Un climat tropical, aride à semi-aride, à régime de pluie strictement monomodal, contrôlé par la mousson ouest-africaine. Comprise entre les latitudes 12° et 20° Nord, la zone sahélienne se situe tout entière entre l’équateur et le tropique du Cancer, et bénéficie d’un climat tropical. Il en résulte que la variation saisonnière de la longueur du jour est limitée à 90 minutes en limite sud (12° N) et à 145 minutes en limite nord (20 °N). Ces écarts sont suffisants pour que la variation saisonnière de la longueur du jour règle certains processus biologiques et en particulier ceux de la phénologie de certains végétaux telles, parmi les plantes cultivées, les variétés photosensibles de mil et de sorgho. 52 Tableau I. Coefficients de variation (CV) pour différentes tranches pluviométriques au Sahel et en Afrique de l’Est. P (mm) 50 100 200 400 600 Sahel Afrique de l’Est CV moyen (%) 80 100 57 95 43 50 32 40 27 28 Ainsi la levée de dormance de semences et le débourrement des bourgeons, le tallage, l’initiation florale de la plupart des espèces végétales sont des processus sensibles à la photopériode. L’intensité du rayonnement solaire est aussi déterminée par la position latitudinale. Au Sahel, le rayonnement apporte en moyenne 2,5 kJ/cm2/j [3, 13] avec une faible oscillation saisonnière. L’énergie transmise au sol à travers l’atmosphère est atténuée dans des proportions moyennes de 20 % en saison sèche et jusqu’à 50 % en saison des pluies [13] par la nébulosité mais aussi par la densité des aérosols fréquemment élevée dans les basses couches de l’atmosphère en saison sèche [3, 14, 15]. La variabilité interannuelle des précipitations au Sahel est l’une des plus faibles parmi les zones arides mondiales, contrairement à ce qui a été souvent affirmé [3]. À titre d’illustration, le tableau 1 compare les coefficients de variation (CV) pour différentes tranches pluviométriques au Sahel et dans les zones arides de l’Afrique de l’Est. On observe que la différence de variabilité entre le Sahel et l’Afrique de l’Est tend à s’atténuer au fur et à mesure que la moyenne augmente [3]. C’est d’ailleurs une constatation géné- rale que les régimes monomodaux présentent des variabilités inférieures aux régimes bimodaux. C’est aussi le cas, par exemple, sous le climat méditerranéen oriental de régime monomodal dont la variabilité est inférieure à celle de la Méditerranée occidentale à régime bimodal1 [3]. Le régime des températures de l’air est lui aussi déterminé par la position en latitude et par le rayonnement, mais il est aussi influencé par la circulation atmosphérique générale, l’altitude, la proximité de courants marins ou au contraire la continentalité du site [3]. La circulation atmosphérique générale au Sahel est marquée par le balancement saisonnier de la mousson africaine qui se traduit par le va et vient S-N-S dela zone de contact entre la masse d’air intertropicale, chaude et humide, et de la masse d’air subtropicale saharienne, chaude et extrêmement sèche, centrée sur le Sahara central. Le Sahel est probablement la grande zone écologique au monde dont la température moyenne annuelle est la plus élevée (28-30 °C), très voisine de celle du Sahara méridional. Elle est la plus élevée vers l’ « équateur thermique » du 16e parallèle : elle atteint 30 °C à Nema, Kiffa, Kayes, Gao, Tombouctou, Hombori, Menaka, Tillabery, Agadès, Abéché, Shendi, Shambat, Khartoum, et Kessala [1-3]. L’évaporation (Eo), l’évapotranspiration potentielle de référence (ETo) et le déficit de saturation de l’air (DS) sont également parmi les plus élevés de la planète (4 800 mm/an sur l’évaporomètre de classe A, 2 800-3 000 mm/an et 24 hPa/an, pour ETo et DS respectivement). L’évaporation du lac Tchad est esti1 Voir sur ce point l’article de Le Houerou « Range and animal production in the arid lands of East Africa », dans ce même numéro. Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 tive et de l’intensité du rayonnement solaire contribuent à caractériser les saisons sahéliennes, celles-ci sont avant tout déterminées par la distribution des pluies du régime de mousson. Contrairement à d’autres écosystèmes arides, la saisonnalité de la distribution des pluies au Sahel est régulière : les pluies n’interviennent qu’au cours de l’été boréal, débutant entre mai et juillet pour se terminer entre septembre et octobre avec un maximum en août (figures 1, 2). La plupart des pluies sahéliennes résultent d’orages convectifs isolés ou organisés en lignes de grains qui se développent dans la zone intertropicale de convergence (ZIC/ITCZ/FIT) entre les masses d’air équatoriale et tropicale. Cette zone de convergence se déplace et suit, avec quelque 8 semaines de retard, le mouvement apparent du soleil [3, 16, 20] : elle se dirige vers le nord au cours du printemps et de l’été boréal, pour rebrousser chemin en automne et en hiver. En réalité le déplacement des masses d’air ne se fait pas sur un axe sud-nord mais sur un axe sud-ouest – nord-est à cause de la déviation vers l’est du déplacement des masses d’air par la rotation de la terre (force de Coriolis), c’est-à-dire dans la direction des alizés vers le SO et contrealizés vers le NE. Ce mouvement de balancier définit l’alternance entre saison des pluies et saison sèche, et la durée du séjour de la ZIC qui détermine la longueur de la saison des pluies est d’autant plus courte que l’on s’élève en latitude (figure 2). Ce mouvement de balancier n’est pas parfaitement symétrique, la montée en latitude est plus lente que la redescente, ce qui se traduit par un plus grand étalement de la date du début que de la date de fin de la saison des pluies avec la latitude (figure 3). La progression de la ZIC n’est pas non plus régulière : elle est marquée par une progression rapide, qualifiée de « saut de mousson », entre deux positions plus stables de la ZIC autour des latitudes 5 et 12° N qui intervient normalement autour du 25 juin [1-3, 20, 23]. Enfin, les orages convectifs et lignes de grains se déplacent d’est vers l’ouest sous l’effet des puissants jets d’est. De même, l’harmattan, vent alizé sec et souvent poussiéreux de saison sèche, souffle de l’est ou du nord-est. Aux confins arides du gradient climatique de la mousson ouest et centre africaine, le climat sahélien est conventionnellement délimité, au nord, par les isohyètes 100 ou 200 mm de pluie annuelle, et au sud, par les isohyètes 500 ou 600 mm (figure 1). Ce gradient climatique est un continuum et les isohyètes qui le délimitent n’ont qu’une valeur indicative car leurs positions varient largement d’une année sur l’autre suivant les fluctuations du système de mousson et des aléas de la distribution des pluies convectives [1, 3, 14, 20]. Pour être conventionnelles et indicatives, ces limites établies sur les isohyètes moyens ne sont pas arbitraires pour autant. En effet, l’isohyète des 600 mm correspond à la limite nord de la distribution de très nombreuses espèces de savanes soudaniennes, telles que le Butyrospermum paradoxum (le karité), Parkia biglobosa (le néré), Prosopis africana, Bombax costatum, Combretum nigricans, mais aussi des herbacées telles qu’Andropogon pseudapricus et Loudetia togoensis [2, 3]. D’un autre côté, l’isohyète des 100 mm est la limite sud de l’extension des steppes à herbacées pérennes telles que Lasiurus scindicus, Sti18 Transition Sahara-Sahel 17 Nord Sahel 16 Centre Sahel 15 Sud Sahel Latitudes mée à 2 350 mm/an par les hydrologues [1, 3]. L’humidité relative moyenne journalière se maintient à moins de 10 % pendant 5 mois, de décembre à avril [3], sauf sur une frange littorale atlantique d’environ 50 km de large [3]. L’altitude n’a qu’un impact marginal car le relief du Sahel est peu élevé, à l’exception du Djebel Marra, au Darfour (Soudan occidental) [3, 16]. Des altitudes supérieures à 800 m n’interviennent qu’en marge du Sahel dans les massifs sud sahariens de l’Adrar de Chinguetti (Mauritanie), de l’Adrar des Iforas (Mali), de l’Aïr (Niger), du Tibesti et de l’Ennedi (Tchad), et de la chaîne côtière (Soudan), ou au contraire plus au sud, en zone soudano-guinéenne, comme pour les contreforts du Fouta Djalon (Guinée), le plateau de Jos (Nigeria), les monts Mandara (Cameroun), le massif des Bongo (Centre Afrique) et les monts Nuba (Soudan). Les seuls reliefs véritablement sahéliens sont les plateaux de la Gandamia, de Boni et Hombori (Mali), les monts Guédi et Kapka (Tchad), tous de superficie très modeste, et les monts du Darfour avec les Djebels Gurgeil et Mara (Soudan) [16]. Si la présence de grandes superficies lacustres ou saisonnièrement inondées dans le Macina (Mali), le lac Tchad et dans le Sudd (Soudan) ne semblent pas influencer le climat local, à en juger par les températures et l’évaporation [3, 17], la proximité de l’Atlantique sur la côte du Sénégal et de la Mauritanie ont un effet marqué [3, 4]. Le courant froid qui longe la côte vers le sud jusqu’au cap Vert et le régime de brise de mer atténuent quelque peu les températures de la bande côtière sur une profondeur qui ne dépasse guère 50 km [3, 18]. À l’autre extrémité de la zone sahélienne, la proximité de la mer Rouge se traduit par des brumes qui se condensent en altitude favorisant quelques espèces végétales adaptées pour récupérer ces condensations [3]. Mais l’influence de la mer Rouge se limite au versant est de la chaîne côtière qui jouit d’un climat de type méditerranéen à hiver chaud et sec [1-3]. Mais le climat de l’immense majorité de la zone sahélienne qui se situe entre ces deux pôles côtiers est très continental, dominé par la polarité SO-NE du régime de mousson. Le gradient pluviométrique moyen annuel NS est de 1 mm par km [11]. Cette continentalité renforce le contraste saisonnier entre une saison des pluies tropicales qui dure de 1 à 4 mois et une très longue saison absolument sèche de 8 à 11 mois au cours de laquelle l’humidité relative de l’air en milieu de journée demeure pendant au moins 5 mois (décembre-avril) au-dessous de 10 % [3-6, 11-13, 16-20]. Si les oscillations de la longueur du jour, celle des températures, de l’humidité rela- 14 Transition Sahel-Soudan 13 y = - 0,0062x + 17,799 R2 = 0,951 12 1 000 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 Figure 1. Distribution de la moyenne (± l’écart type) des pluies annuelles calculées pour 20 stations pluviométriques du Mali central (données de l’origine à 1980) en fonction des latitudes (Nord) et zonage bioclimatique (d’après [1-3, 21]). 53 0,35 x EPT (mm) 250 P (mm) Tm ( C) Tm (deg C) P & 0,35 x EPT (mm) 200 125 100 Gourma Rharous(16,88 N) 150 75 100 50 50 25 0 0 1 2 3 4 5 6 7 0,35 x EPT (mm) 250 8 9 10 P (mm) 12 Tm ( C) Tm (deg C) P & 0,35 x EPT (mm) 200 11 125 100 Hombori (15,28 N) 150 75 100 50 50 25 0 0 1 2 3 4 5 6 7 0,35 x EPT (mm) 8 9 10 P (mm) 11 12 Tm ( C) Tm (deg C) P & 0,35 x EPT (mm) 250 125 200 100 San (13,28 N) 150 75 100 50 50 25 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Figure 2. Diagramme ombrothermique de trois villes du Mali (d’après [1-3, 21, 22]). Les moyennes des pluies et des températures sont calculées jusqu’en 1980. pagrostis pungens, Cornulaca monacantha, Retama raetam, Ziziphus lotus [2, 3]. 54 En outre, lorsque la moyenne des pluies annuelles est égale ou inférieure à 100 mm l’occurrence des années pour lesquelles le volume et la distribution des pluies ne permettent pas à des annuelles de terminer leur cycle devient significative (> 20 % pour une pluviosité moyenne annuelle de 79 mm à Tessalit [6-9]). Le climat sahélien a été à son tour subdivisé en climats saharo-sahélien (100200 mm de pluviosité moyenne annuelle, sahélien (200-400 mm) et soudanosahélien (400-600 mm), avec, aux marges, deux zones intermédiaires sahélosoudanienne entre 600 et 800 mm et saharo-sahélienne entre 150 et 50 mm (figure 1) [1-9, 11-14, 20]. Les subdivisions fondées sur la pluviosité moyenne annuelle sont validées par le fait que l’ETo est assez homogène (entre 2 500 et 3 000 mm/an [3]). Les isohyètes moyennes annuelles qui servent de limites conventionnelles au Sahel comme celles de ses subdivisions sont approximativement étagées suivant les latitudes, avec toutefois une légère inflexion générale vers le sud entre la côte Atlantique et la vallée du Nil et une remontée rapide du Nil à la mer Rouge. La disposition géographique des zones climatiques est aussi modifiée par les reliefs avec une légère remontée des pluviosités sur les reliefs (comme sur l’Adrar des Iforas, l’Aïr, l’Ennedi et le Darfour) [14, 16, 20]. La mesure systématique des précipitations ne date que du début du XXe siècle et la densité géographique des postes de mesure est variable sur l’étendue du Sahel. Mais à l’exception de réseaux implantés à court terme pour des objectifs de recherche tels que le réseau Epsat au Niger [24], elle est trop faible pour renseigner sur les variations locales de la distribution des pluies. Néanmoins, la comparaison des pluviosités annuelles avec la moyenne interannuelle calculée sur les données enregistrées depuis le début du siècle révèle des écarts importants, comme cela a été observé dans d’autres climats arides, mais à la différence d’autres zones arides ces écarts ou anomalies définissent des périodes de plusieurs années ou décennies plus humides ou plus sèches au sein desquelles se distinguent des années de déficit très sévère dites de sécheresses, comme en 1972-1973 et 1983-1984 au Sahel en général et à Hombori et Gourma Rharous dans le Sahel malien en particulier (figure 4). La durée des observations est trop courte pour juger de la périodicité éventuelle de ces variations climatiques. Les informations historiques fondées sur quelques écrits de contemporains, sur les traditions orales, mais aussi sur des indications tirées de l’identification de restes végétaux, de la palynologie, de la géomorphologie et de la géochimie, confirment l’existence de telles fluctuaSécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 P>ETP/2 Linéaire (P>ETP/2) P>ETP/10 Linéaire (P>ETP/10) P> ETP Linéaire (P> ETP) P< ETP/10 Linéaire (P< ETP/10) 18 17 y = - 0,064x + 2487,2 R2 = 0,8925 Latitude Nord 16 interglaciaires du quaternaire [20, 21]. Lors de sa mise en place la végétation sahélienne a donc dû s’adapter à ces fluctuations climatiques globalement décroissantes d’amplitude entre tropical humide et aride, voire hyperaride. Cela implique des migrations latitudinales de la végétation, des phases de repli et des phases d’expansion parfois rapides [25-29]. Édaphisme 15 14 13 y = 0,0593x - 2269,7 R2 = 0,9479 12 29-mars 18-avr 8-mai 28-mai y = 0,0502x - 1921,3 R2 = 0,9116 17-juin y = 0,0539x - 2062,8 R2 = 0,9191 7-juil 27-juil 16-aût 5-sept 25-sept 15-oct Figure 3. Date du début des pluies (P > ETP/10), de la période humide (P > ETP/2), très humide (P > ETP) et de fin des pluies (P < ETP/10), calculé pour pour 20 stations pluviométriques du Mali central jusqu’en 1980 en fonction de la latitude des stations (d’après [1-3, 21]). tions climatiques, au moins d’égale ampleur, au cours des deux précédents millénaires. Plus loin dans le passé, les indicateurs archéologiques et géomor- phologiques attestent d’alternances entre phases humides et sèches, d’ampleur bien supérieure et plus ou moins en phase avec les glaciations et Pluies annuelles à Gourma Rharous de 1927 à 2004 400 Anomalies (mm) Anomalies (% e.t.) 400 300 300 200 200 100 100 0 0 - 100 - 100 - 200 - 200 - 300 - 300 - 400 - 400 Pluies annuelles à Hombori de 1936 à 2004 400 Anomalies (mm) Anomalies (% e.t.) 400 300 300 200 200 100 100 0 0 - 100 - 100 - 200 - 200 - 300 - 300 - 400 - 400 Figure 4. Écarts des pluies annuelles à la moyenne (calculée pour les données disponibles jusqu’en 2004) en millimètres et en pourcentage de l’écart type à la moyenne à Gourma-Rharous et Hombori (Mali). Source : base de données de la Direction nationale de la météorologie du Mali. Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 Les valeurs prises par les températures, le rayonnement, l’humidité de l’air et l’évapotranspiration potentielle exercent sur la production végétale des contraintes peu contrastées d’un site à l’autre de l’espace sahélien et finalement la distribution des pluies apparaît comme le facteur climatique prépondérant de la diversité du couvert végétal et de sa production au Sahel [30, 31]. Mais pour les plantes, la distribution des pluies est relayée et modifiée par la redistribution des eaux de pluie en surface et dans les sols. C’est pourquoi les variables qui influencent le régime hydrique des sols ont une place prédominante dans l’environnement édaphique des végétations sahéliennes. Régime hydrique Le substrat géologique du Sahel se partage entre des grands môles montagneux très érodés où roches éruptives métamorphiques sont associées, et de grands bassins sédimentaires où dominent des grès, avec de rares affleurements de marnes et calcaires, l’ensemble étant très souvent recouvert de dépôts éoliens ou alluviaux du quaternaire [1]. Bien que traversé par de grands fleuves alimentés par des précipitations en zones plus humides le système hydrique du Sahel est globalement endoréique. La redistribution des eaux de pluies est soit très locale, en particulier sur tous les sols sableux, soit plus structurée en bassins-versants élémentaires. Ceux-ci sont plus ou moins hiérarchisés, en particulier lorsque les superficies occupées par les affleurements rocheux ou les glacis d’érosion génèrent des écoulements importants qui aboutissent à des chaînes de mares. C’est le cas des reliefs, avec leurs réseaux d’oueds centrifuges, mais c’est aussi le cas pour de vastes surfaces alluviales fossiles où le tracé d’anciens cours d’eau sert d’exutoire à des ruissellements d’autant plus importants que les sols alluviaux sont peu perméables. L’alternance de climats tantôt arides, voire hyperarides, tantôt tropicaux humides au cours du quaternaire a laissé en héritage des modelés et des sols polygéniques [32]. Des périodes les plus arides sont hérités les systèmes dunaires, les dépôts de lœss, les surfaces d’érosion, les pédi- 55 ments et regs, ainsi que les diatomites et évaporites des zones lacustres fossiles. Des périodes tropicales humides sont héritées la profondeur d’altération des substrats rocheux, avec lessivage et acidification en surface et la concentration en profondeur des oxydes de fer et d’alumine. Les concrétions ferrugineuses ou ferralitiques qui en résultent ont pu ensuite s’indurer, être dégagées par l’érosion et constituer un substrat rocheux secondaire qui a pu être à son tour repris par l’érosion. Aussi héritées des périodes les plus humides, l’immensité et la diversité des systèmes alluviaux et lacustres. Malgré une géologie assez uniforme, le Sahel présente une très grande variété de formes et de textures des sols, allant des sols les plus sableux (sables > 95 %) jusqu’aux vertisols des plaines lacustres, en passant par les sols limoneux des vestiges érodés des berges fluviales. Au Sahel, les nuances du régime hydrique des sols sont à la base d’une forte différenciation des formations végétales, en particulier de leurs composantes pérennes : peuplement ligneux et éventuellement strate herbacée pérenne [33, 34]. En revanche, la composition des annuelles varie largement d’une année sur l’autre en réponse à la distribution des pluies en début de saison pluvieuse et à son impact sur le régime d’humidité du sol, sur le stock semencier et la dynamique des germinations. Malgré la pauvreté relative de la flore des ligneux sahéliens (ca. 150 spp), les nuances édaphiques sont soulignées par la composition floristique des pérennes qui en retour est souvent utilisée comme indicateur des conditions édaphiques moyennes [1-3, 12, 34, 35]. Des observations systématiques permettent ainsi d’établir le domaine édaphique de distribution de chacune des espèces dans chacune des subdivisions bioclimatiques du Sahel. En effet, le facteur déterminant étant le régime hydrique, il y a interaction entre la situation topogéomorphologique, le type de sol, en particulier sa composition texturale, et la pluviosité moyenne. Le domaine de distribution d’espèces qui se retrouvent dans plusieurs subdivisions bioclimatiques évolue ainsi d’une zone à l’autre. Acacia seyal par exemple, strictement inféodée à des sols argileux plus ou moins vertiques, et alcalins, de bas-fonds inondés en saison des pluies au nord Sahel (figure 5), élargit son domaine à des sols argilo-limoneux, irrégulièrement inondés, au centre Sahel (figure 6) et à des sols limonosableux, jamais inondés, au sud Sahel (figure 7). Il est aussi fréquent que d’un domaine édaphique circonscrit en zone aride, des essences élargissent leur domaine de distribution édaphique en 56 zone plus humide au profit des perturbations anthropiques, qu’elles soient liées à l’intensité de l’utilisation pastorale ou aux défrichements agricoles, comme c’est le cas de Balanites aegyptiaca et de Calotropis procera, espèces anthropo-zoophiles des zones dégradées (figures 5, 6, 7), mais aussi de Commiphora africana, de Ziziphus mauritiana et de Grewia bicolor. De nombreuses espèces que l’on retrouve dans les climats soudaniens n’étendent pas leur distribution au-delà du sud Sahel. C’est le cas par exemple de Sclerocarya birrea, Guiera senegalensis, Prosopis africana, Bombax costatum, Combretum nigricans, Lannea microcarpa. D’autres ne dépassent pas le centre Sahel comme Combretum glutinosum, Pterocarpus lucens. À l’inverse, des espèces fréquentes au nord Sahel, telles que Salvadora persica, Cadaba glandulosa, Grewia villosa et Grewia tenax, ne s’étendent pas plus au sud tandis que d’autres comme Acacia ehrenbergiana, Euphorbia balsamifera (sauf lorsque cette dernière est subspontanée, plantée comme clôture vive), Maerua crassifolia ou Cordia rothii s’étendent jusqu’au contact entre sud et centre Sahel, et que d’autres enfin ne s’étendent pas au-delà de la limite sud du Sahel comme Leptadenia pyrotechnica, Calotropis procera et Acacia raddiana. Peu d’espèces ligneuses limitent strictement leur distribution à la zone sahélienne, comme peut-être Acacia senegal et Bauhinia rufescens. La mise en évidence de deux systèmes de distribution en écaille [1, 12, 36] de directions opposées qui se croisent au Sahel, plaide pour le concept de Sahel zone de transition [1-11, 20, 37]. Néanmoins, il est remarquable que ce soit au Sahel, et plus particulièrement au Sahel central, que les domaines de distribution édaphique des espèces soient le plus nettement définis (figure 6). Cette observation est aussi valable pour des espèces que l’on retrouve au-delà du Sahel dans les savanes soudaniennes, que pour celles que l’on retrouve dans les steppes sahariennes. Parmi les premières peuvent être cités Acacia seyal, A laeta et A. nilotica, Anogeissus leiocarpus, Grewia bicolor et Piliostigma reticulata dont les domaines édaphiques bien définis au Sahel s’élargissent en zone de savane. Parmi les secondes, des espèces comme Acacia ehrenbergiana, Maerua crassifolia, mais aussi Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca et Calotropis procera ont une distribution plus étroitement définie au Sahel central qu’au Sahel septentrional et au-delà en zone saharosahélienne. Les larges chevauchements entre domaines édaphiques des différentes espèces et l’évolution du domaine édaphique de cha- que espèce le long du gradient de pluviosité, font que la valeur indicatrice de la présence d’une espèce, même dominante, est réduite. En revanche, celle d’un cortège floristique peut l’être davantage. Par exemple, la dominance d’Acacia ehrenbergiana longtemps confondue avec A. seyal au Sahara [38] est présente du Sahara Central jusqu’à la zone centrosahélienne où elle est relayée vers le sud par A. seyal. Cette dernière est très rare au nord du Sahel central [1, 3, 12, 35]. Mais la présence d’un cortège dominé par Acacia ehrenbergiana, avec quelques Acacia nilotica, Cordia rothii, Balanites aegyptiaca et Sporobolus helvolus, est indicatrice d’une pluviosité moyenne entre 50-400 mm/an d’un sol argileux, temporairement inondé, et d’une pâture intense en saison sèche. Le test de la probabilité d’occurrence du cortège dans chaque classe de variables édaphiques par méthode du profil indicé [39, 40] calculé pour une base de données phytoécologique de 400 sites répartis au centre Mali entre les isohyètes 700 et 150 mm, a permis de définir systématiquement les profils écologiques de tels cortèges floristiques [40, 41]. Végétation : entre savane et steppe La végétation des parcours du Sahel se compose presque toujours de deux éléments majeurs : une strate herbacée dominée par des plantes annuelles, principalement des graminées, et un peuplement de plantes ligneuses éparses, de hauteur et de phénologie variées [12, 22]. Cette composition différencie la végétation du Sahel non seulement de celle des deux zones biogéographiques voisines - la zone soudanienne et le désert saharien -, mais aussi d’autres écosystèmes arides et semi-arides. La singularité de la végétation sahélienne se traduit par des particularités énumérées ci-après suivant une échelle de perception décroissante. • Particularités biogéographiques Une pauvreté spécifique Avec 1 500 espèces [42] pour 2,5 millions de km2, la flore du Sahel apparaît pauvre [1]. La plupart de ces espèces sont largement réparties sur la zone sahélienne et il en résulte une richesse aréale de la flore - évaluée conventionnellement par le nombre d’espèces pour une surface de référence - de 5 spp pour 10 000 km2 (contre 3 au Sahara [42]). La diversité floristique observée localement sur un site de quelques centaines de m2 à quelques hectares choisi pour son homogénéité édaphique se situe entre 15 et 30 espèces, avec souvent moins de 5 espèces observées par m2 [10, 42, 43]. Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 Argile % Nord Sahel 150- 300 mm Balanites aegyptiaca Sporobolus helvolus Acacia seyal Perturbations Inondation Cordia rothii Calotropis procera Acacia nilotica Hyphaene thebaica Commiphora africana Salvadora persica Leptadenia pyrotechnica Maerua crassifolia Acacia raddiana Panicum turgidum Boscia senegalensis Euphorbia balsamifera Grewia bicolor Grewia tenax Cyperus jeminicus Sable % Anogeissus leiocarpus Cymbopogon schoenanthus Limon % Grewia villosa Acacia ehrenbergiana Sols peu profonds Figure 5. Organigramme édaphique des espèces dominantes des peuplements ligneux du nord Sahel. Les domaines de distribution des espèces ligneuses sont représentés par des ellipses disposées sur le triangle des textures à l’emplacement correspondant aux types de sols sur lesquels elles sont rencontrées. Sont en outre indiqués sous la forme de gradients sur chaque côté du triangle, les milieux humides, les sols peu profonds, et les sols perturbés (mise en culture, bords de route, piétinement intense...). Source : P. Hiernaux. Rareté des endémiques Le taux des espèces endémiques est très faible – il est estimé à 3 % [37, 42] -, et confère à la zone sahélienne un statut biogéographique de zone de transition entre deux souches d’endémisme. En conséquence, la zone sahélienne partage la plus grande part de sa flore avec la souche d’endémisme soudanien (2 750 espèces, dont 30 % d’endémiques). Les rares endémiques sahéliennes sont d’ailleurs d’affinité soudanienne [37, 42, 43] et dans une moindre mesure de souche saharienne (90 familles, 854 genres et 2 800 espèces, dont 560, soit 20 %, endémiques) [42]. La parenté avec la flore soudanienne prédomine logiqueSécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 ment du fait de la plus grande richesse de cette flore et de la parenté tropicale des climats sahéliens et soudaniens. • Particularités physionomiques Des types physionomiques diversifiés mais inégalement répartis Comme l’indiquent les exemples du Gourma central au Mali (tableau 2) et du Fakara dans l’ouest Niger (tableau 3), le peuplement de plantes ligneuses de la grande majorité des formations végétales sahéliennes est extrêmement ouvert avec une densité inférieure à 100 individus par hectare et un recouvrement des houppiers inférieur à 1 % au nord et centre Sahel et inférieur à 500 individus et 5 % au sud Sahel [1, 12, 44]. Ces peuplements sont associés à une strate d’herbacées largement dominée par des herbacées annuelles parmi lesquelles les graminées ont la première place (tableaux 4, 5). Les herbacées pérennes se cantonnent soit à des plaines régulièrement inondées, soit à des dépressions du sud Sahel, soit au contraire, à des reliefs dunaires ou rocheux des confins nord de la zone sahélienne. Les formations à pérennes du sud Sahel surtout composées d’Andropogon gayanus, de Cymbopogon giganteus ou de Panicum subalbidum s’apparentent aux savanes qui s’étendent plus au sud en zone soudanienne ; elles occupent les biotopes 57 Argile % Centre Sahel 300 - 450 mm Acacia seyal Balanites aegyptiaca Perturbations inondation Sporobolus helvolus Cordia rothii Bauhinia rufescens Hyphaene thebaica Acacia albida Calotropis procera Leptadenia pyrotechnica Piliostigma reticulata Acacia raddiana Combretum acculeatum Combretum glutinosum Acacia nilotica Commiphora africana Anogeissus leiocarpus Pterocarpus lucens Acacia senegal Acacia laeta Boscia senegalensis Grewia bicolor Ferethia apodanther Combretum micranthum Euphorbia balsamifera Limon % Sables % Cymbopogon schoenanthus Acacia ehrenbergiana Sols peu profonds Figure 6. Organigramme édaphique des espèces dominantes des peuplements ligneux du centre Sahel. Les domaines de distribution des espèces ligneuses sont représentés par des ellipses disposées sur le triangle des textures à l’emplacement correspondant aux types de sols sur lesquels elles sont rencontrées. Sont en outre indiqués sous la forme de gradients sur chaque côté du triangle, les milieux humides, les sols peu profonds, et les sols perturbés (mise en culture, bords de route, piétinement intense...). Source : P. Hiernaux. les plus humides et ont régressé suite aux sécheresses des années 1970 et 1980 [45]. Les formations à pérennes du nord Sahel s’apparentent aux steppes sahariennes par la disposition éparse des individus, principalement des cespiteuses telles que Panicum turgidum, Aristida sieberiana, Cyperus jeminicus, Cymbopogon schoenanthus, Stipagrostis vulnerans, et des sous arbrisseaux comme Aerva javanica et Chrozophora senegalensis. La domination par les annuelles partout ailleurs au Sahel met en question la dénomination de « savane », tout comme celle de steppe [1], et certains auteurs ont pro- 58 posés l’usage de termes alternatifs comme « garenne » [46, 47] et « erme » [10]), que l’usage n’a pas adopté. Pour éviter une longue périphrase descriptive le terme le plus usuel reste celui de « savanes à annuelles » [1-3, 11, 12], qui, selon la taille des ligneux, sont qualifiées d’herbeuses, buissonnantes, arbustives, arborées, et selon la densité du peuplement ligneux de denses, claires, très claires. Mais le Sahel abrite aussi des formations végétales qui se rapportent à des forêts par la densité du peuplement des plantes ligneuses. Ces écosystèmes forestiers sahéliens se rencontrent dans des situations topogra- phiques distinctes. Sur glacis cuirassés des interfluves du sud Sahel, les fourrés de la « brousse tigrée », linéaires et disposés perpendiculairement à la pente, sont des forêts basses, mais denses, dans lesquelles les herbacées n’ont qu’une place restreinte en sous-bois ou sur les marges (tableau 3). De telles densités ne sont viables que grâce aux transferts d’eau et d’éléments minéraux par ruissellement sur la surface très peu perméable des impluviums qui séparent les fourrés [48]. Les transferts par ruissellement expliquent aussi la présence de deux autres formations forestières dans les dépressions : il s’agit des fourrés et Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 Sud Sahel 450 – 600 mm Argile % Acacia seyal Perturbations Adansonia digitata Balanites aegyptiaca Borassus aethiopum Annona senegalensis Acacia albida Sable % Piliostigma reticulata Acacia campilacantha Ziziphus mauritiana inondation Acacia nilotica Panicum anabaptistum Andropogon gayanus Boscia senegalensis Acacia laeta Mitragyna inermis Acacia kirkii Anogeissus leiocarpus Prosopis Guiera africana senegalensis Pterocarpus Combretum lucens ghazalense Grewia Terminalia bicolor Sclerocarya avicennioides Bombax Combretum birrea costatum micranthum Combretum Acacia glutinosum ataxacantha Combretum nigricans Boscia Gardenia angustifolia sokotoensis Lannea microcarpa Limon % Sols peu profonds Figure 7. Organigramme édaphique des espèces dominantes des peuplements ligneux du sud Sahel. Les domaines de distribution des espèces ligneuses sont représentés par des ellipses disposées sur le triangle des textures à l’emplacement correspondant aux types de sols sur lesquels elles sont rencontrées. Sont en outre indiqués sous la forme de gradients sur chaque côté du triangle, les milieux humides, les sols peu profonds, et les sols perturbés (mise en culture, bords de route, piétinement intense...). Source : P. Hiernaux. galeries rivulaires qui bordent les mares et les cours d’eau temporaires, et aussi des forêts claires des dépressions argileuses inondées en saison des pluies. La densité et la composition floristique de ces forêts claires dépendent de la texture des sols et du régime de l’inondation. Parmi les espèces plus fréquentes se rencontrent Ziziphus mauritiana, Acacia seyal, Anogeissus leiocarpus, Acacia nilotica et Mitragyna inermis. Enfin les types physionomiques des végétations aquatiques des mares, plaines d’inondation et lacs, nombreux dans cette région globalement endoréique, sont très diversifiés [49-51] mais n’occupent que des superficies réduites exception faite des grandes plaines d’inondation (vallée du Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 Sénégal, Macina au Mali, Dallols au Niger, lac Tchad, Sudd au Soudan). Une forte micro-hétérogénéité structurelle Si la flore est pauvre en espèces, la forte micro-hétérogénéité est une des caractéristiques reconnues des strates herbacées sahéliennes [10, 41] qui sont aussi remarquables par l’ampleur des variations interannuelles de leur composition floristique [29, 52]. Le « grain » de cette structure en mosaïque a été mesuré dans des parcours du Mali [53] et dans des jachères au Niger [54] et se situe entre 50 et 250 m2, alors que l’aire optimale phytosociologique de l’ensemble de la mosaïque se situe entre 1 000 et 3 000 m2 [55]. L’influence des plantes ligneuses éparses explique une partie de cette structure mosaïque, de même que d’autres variables édaphiques expliquent des différences permanentes de flore dont l’extension coïncide avec l’emplacement de termitières, fourmilières, terriers ou de particularités microtopographiques [56]. Néanmoins, il est d’autres structures mosaïques qui ne sont pas expliquées par une particularité topographique ou édaphique, et dont les contours peuvent changer d’une année à l’autre. Cette structure en mosaïque est renforcée par la protection contre l’incendie et la pâture, et décroît avec l’augmentation de la pression de pâture ou le passage du feu [54]. 59 Tableau II. Caractéristiques générales des peuplements ligneux de la végétation du centre et nord Sahel, et moyenne pondérée par l’aire occupée dans le Gourma central (latitude 14° 30’- 16° 50’ N ; longitude 1° 15′ - 3° W), Mali. Toposéquence type Affleurement rocheux ou cuirasse Ensablement de surface Dune fixée Plaine sableuse Type physionomique Aire % Buissons épars Impluvium sol nu Brousse tigrée Fourré linéaire Arbustes et arbres bas épars 22 8,4 Arbustes et arbres bas épars 1,6 165,7 2 090 4 213 47,4 15 1,7 28 71 1,3 12 0,8 23 31 0,5 18 0,5 16 11 0,5 7 1,0 32 401 0,3 8 0,9 15 23 0,4 Buissons épars 6,5 0,3 28 33 0,3 Forêt claire 1,5 31,3 76 1 085 49,5 100,0 3,8 56,9 136,9 1,9 Arbustes et arbres bas épars Plaine limono- argileuse Couvert des houppiers, densité des plantes, masse des feuilles et du bois (en matière sèche) Couvert Nbre/ha Feuilles/kg/ha Bois/t/ha % 0,3 25 18 0,1 0,4 21 10 0,1 Moyenne pondérée par l’aire • Particularités biomorphologiques Rareté des espèces herbacées pérennes Les graminées pérennes sont assez nombreuses et parfois dominantes dans la zone saharo-sahélienne tandis que les graminées annuelles sont largement dominan- tes et souvent exclusives en zone centrosahélienne. En zone soudano-sahélienne, les graminées pérennes sont de nouveau dominantes mais ce sont alors en majorité des Andropogonoideae [3]. L’explication hypothétique de cette distribution appa- Deux premières espèces dominantes Acacia erhenbergiana Boscia senegalensis Combretum micranthum Pterocarpus lucens Boscia senegalensis Combretum glutinosum Acacia senegal Combretum glutinosum Acacia senegal Leptadenia pyrotechnica Acacia raddiana Euphorbia balsamifera Salvadora persica Combretum glutinosum Acacia raddiana Boscia senegalensis Maerua crassifolia Acacia seyal Acacia nilotica remment paradoxale est fournie par la dynamique du feu. En zone saharosahélienne, d’une part, la biomasse est trop faible et la distance entre les individus pérennes est trop grande pour permettre le passage du feu sur des superficies de Tableau III. Caractéristiques générales des peuplements ligneux de la végétation du sud Sahel, et moyenne pondérée par l’aire occupée dans le Fakara (13° 30’ N , 2° 40’ E), Niger. Toposéquence type Type physionomique Aire % Dune sur plateau Herbeux, de rares arbres 1 Cuirasse plateau Impluvium sol nu Fourrés linéaires Fourrés bas Haut pente sableux Couvert des houppiers, densité des plantes, masse des feuilles et du bois (en matière sèche) Couvert % Nbre/ha Feuilles/kg/ha Bois/t/ha 0,5 221 8 0,6 8 2 347 61 1,1 4 59 1 874 1 746 25,2 2 32 1 120 861 11,5 Buissonnant et rares arbres 7 4 184 138 3,3 mi-pente sableux Buissonnant, arbustes épars 40 14 552 559 9,1 Replat limoneux Fourrés épars 3 30 1 401 1 018 13,8 Bas pente sableux 26 5 128 290 7,0 Bas pente érodé Buissonnant et arbres épars Buissons épars 3 10 921 485 7,7 Fond de vallée Herbeux, fourré boisé linéaire 6 4 435 785 10,0 100,0 11,8 490 493 8,3 Brousse tigrée Corniche plateau Moyenne pondérée par l’aire 60 Deux premières espèces dominantes Guiera senegalensis Combretum nigricans Guiera senegalensis Boscia angustifolia Combretum micranthum Combretum nigricans Guiera senegalensis Combretum micranthum Combretum glutinosum Guiera senegalensis Guiera senegalensis Prosopis africana Guiera senegalensis Combretum micranthum Guiera senegalensis Combretum glutinosum Guiera senegalensis Combretum micranthum Piliostigma reticulata Acacia nilotica Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 Tableau IV. Espèces dominantes et masse sur pied de la strate herbacée de la végétation sahélienne* du Gourma central, en 2000 et 2001. Toposéquence type Type physionomique Affleurement rocheux ou cuirasse Buissons épars Masse sur pied maximale (kg/ha) 2000 2001 13 120 Impluvium 120 22 Fourré 103 1 875 Brousse tigrée Ensablement de surface Arbustes et arbres bas épars 1 362 1 674 Dune fixée Arbustes et arbres bas épars 1 359 1 997 882 1 535 803 552 1 293 1 584 Buissons épars 430 443 Forêt claire 1 036 810 Plaine sableuse Arbustes et arbres bas épars Plaine limono- argileuse Deux premières espèces dominantes herbacées 2000 2001 Digitaria ciliaris Schoenefeldia gracilis Cenchrus biflorus Digitaria ciliaris Schoenefeldia gracilis Schoenefeldia gracilis Panicum laetum Microchloa indica Blainvillea gayana Pennisetum pedicellatum Spermacoce scabra Triumfetta pendandra Digitaria ciliaris Schoenefeldia gracilis Brachiaria xantholeuca Digitaria ciliaris Cenchrus biflorus Aristida mutabilis Tragus berteronianus Cenchrus biflorus Zornia glochidiata Cenchrus biflorus Cenchrus biflorus Zornia glochidiata Cenchrus biflorus Aristida mutabilis Aristida mutabilis Cenchrus biflorus Cenchrus biflorus Aristida mutabilis Schoenefeldia gracilis Aristida sieberiana Aristida mutabilis Heliotropium indicum Eragrostis pilosa Panicum laetum Panicum laetum Echinochloa colona Eragostris pilosa * Mêmes formations végétales qu’au tableau 2. quelque importance et, d’autre part, ces graminées pérennes sont peu pyrotolérantes. Dans la zone centrosahélienne, la biomasse est adéquate (> 1 000 kg MS2/ha) pour permettre le passage normal du feu sur de grandes surfaces, d’où l’élimination des pérennes pyro-sensibles. En zone soudano2 MS : matière sèche. sahélienne, et a fortiori en zone soudanienne, d’une part, les graminées pérennes sont dominées par des Andropogonées pyro-tolérantes et, d’autre part, la saison de croissance est plus longue (4-6 mois), ce qui favorise ces graminées pérennes [3]. Contrairement à d’autres écosystèmes arides, la place des herbacées et sous-ligneux pérennes est très secondaire alors qu’elle s’accroît vers le sud où les graminées pérennes dominent dans les savanes soudaniennes, mais aussi vers le nord dans les steppes sahariennes. Les avis sont partagés quant aux causes de cette particularité sahélienne. Elle est parfois aussi interprétée comme la marque d’une dégradation de longue date de l’écosystème par l’homme [35, 46, 57]. Cependant, les rares pérennes rencontrées en zone sahéliennes telles Tableau V. Espèces dominantes et masse sur pied de la strate herbacée de la végétation suc sahélienne* du Fakara (13° 30’ N , 2° 40’ E), Niger, en 2000 et 2001. Toposéquence type Type physionomique Dune sur plateau Herbeux, de rares arbres Cuirasse plateau Impluvium sol nu Fourrés Linéaires Masse sur pied (kg/ha) 2000 2001 857 1 334 55 65 369 230 Fourrés bas 169 122 Haut pente sableux Buissonnant et rares arbres 371 606 mi-pente sableux Buissonnant, arbustes épars 379 487 Replat limoneux Fourrés épars 275 178 Bas pente sableux Buissonnant et arbres épars 322 698 Bas pente érodé Buissons épars 507 1 429 Fond de vallée Herbeux, fourré boisé linéaire 241 225 Brousse tigrée Corniche plateau Deux premières espèces dominantes herbacées 2000 2001 Aristida sieberiana Mitracarpus scaber Schizachirium exile Walteria indica Zornia glochidiata Microchloa indica Schoenefeldia gracilis Zornia Glochidiata Triumfetta pentandra Triumfetta pentandra Pennisetum pedicellatum Spermacoce scabra Pandiaka heudelotii Stylosanthes mucronata Fimbristylis ferruginea Pandiaka heudelotii Spermacoce radiata Indigofera stobilifera Ctenium elegans Spermacoce radiata Mitracarpus scaber Mitracarpus scaber Aristida sieberiana Schizachirium exile Microchloa indica Zornia glochidiata Zornia glochidiata Micrrochloa indica Sida cordifolia Jacquemontia tamnifolia Walteria indica Eragrostis tremula Sida cordifolia Sida cordifolia Brachiaria xantholeuca Brachiaria xantholeuca Zornia glochidiata Zornia glochidiata Pennisetum pedicellatum Schoenefeldia gracilis * Mêmes formations végétales qu’au tableau 3. Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 61 qu’Aristida sieberiana, Panicum turgidum, Pergularia tomentosa, Chrozophora senegalensis, Walteria indica, et même Andropogon gayanus sont plutôt favorisées par les perturbations qui accompagnent les fortes pressions de pâture et les cycles répétés de culture-jachère. Dans un essai conduit au Niger pendant cinq ans, la population d’Andropogon gayanus, défavorisée au profit des annuelles par des pressions de pâture modérées, a été favorisée par des pressions de pâture plus élevées qui limitaient la densité et la croissance des annuelles [54]. De même, le sarclage répété et sélectif qui élimine les mauvaises herbes annuelles des champs permet-il aux plantes cultivées de se développer. Mais cela vaut aussi pour certaines pérennes telles qu’Andropogon gayanus, Cymbopogon shoenanthus épargnées à cause de leur intérêt économique et cela en dépit de leur faible capacité germinative [58-60]. Les populations de pérennes établies pendant la culture ou sous forte pression de pâture ne parviennent pas toujours à se maintenir lorsque le champ est mis en jachère ou lorsque la pression de pâture se relâche [60], comme si elles ne résistaient plus à la concurrence exercée alors par les annuelles [61,62]. Rareté des plantes succulentes À l’exception des franges côtières dont les particularités climatiques ont été signalées, la place des plantes succulentes si emblématiques de l’aridité est insignifiante au Sahel. Les Mésembrianthémacées si abondantes dans le Namib et le Karoo sont rares ; seules Adenium obesum, Caralluma retroscipiens subsp. tombuctuensis, Euphorbia balsamifera et Adansonia digitata présentent un mode d’adaptation à la sécheresse qui s’y rattache. L’extrême sécheresse de l’air, des mois durant, pourrait contribuer à expliquer la faible place occupée par les plantes succulentes [1, 12]. Enracinement superficiel des herbacées et de la plupart des plantes ligneuses Les herbacées annuelles, pérennes et plantes ligneuses sont en compétition pour l’eau et les éléments minéraux dans les trente premiers centimètres du sol où se concentrent la plupart des racines, y compris celles des plantes ligneuses qui ont en outre un pivot racinaire qui leur sert d’ancrage et leur donne accès aux eaux percolées, voire aux nappes phréatiques peu profondes [1, 12, 63]. Cette compétition définit un équilibre dynamique dont la balance va osciller en fonction du volume, de l’intensité et du calendrier des pluies, des propriétés hydriques des sols mais aussi de facteurs qui défavorisent la croissance de l’un ou l’autre des composants (pâture, coupe, incendie). Contrairement à d’autres écosystèmes arides, il n’y a pas 62 de déplacement de cet équilibre en faveur des plantes ligneuses conduisant à un embroussaillement, à l’exception des fourrés des « brousses tigrées », des fourrés linéaires en bord de mare, et des forêts claires des plaines inondées. Toutefois, tous ces écosystèmes forestiers ne sont viables que grâce au ruissellement local qui permet une saison de croissance prolongée [64, 65]. • Particularités phénologiques Sensibilité photopériodique des annuelles Si la date des premières pluies et le régime d’humidité du sol qui en résulte conditionnent la germination et l’installation des annuelles, la fin du cycle de croissance n’est qu’en partie liée au régime hydrique des sols. En effet, beaucoup d’annuelles fanent et meurent après leur fructification dont la date est largement déterminée par la sensibilité de l’initiation florale à la photopériode [66, 67]. C’est en particulier le cas de la plupart des graminées annuelles dont la floraison est déclenchée entre la fin août et le début septembre, quelles que soient les pluies et l’humidité des sols [68, 69]. La sensibilité photopériodique de l’initiation florale intervient aussi dans la stimulation du tallage des graminées, active avant l’initiation florale. Lorsque les pluies sont suffisamment précoces, les graminées peuvent ainsi corriger par tallage les aléas de la densité des plants qui reflètent ceux du stock semencier, de la germination et de l’installation [70]. Diversité des régimes phénologiques des plantes ligneuses Les plantes ligneuses sahéliennes sont très diverses par leur taille, leur architecture, par la taille et la forme de leurs feuilles, mais aussi par leur phénologie foliaire et florale, depuis les espèces dont la feuillaison est éphémère jusqu’aux sempervirentes [22, 71, 72]. La brièveté de la feuillaison de certaines espèces est compensée par l’activité chlorophyllienne de l’écorce des rameaux et des branches. Les espèces qui gardent leurs feuilles sur toute ou sur une large partie de la longue saison sèche ont développé des mécanismes pour réduire les pertes d’eau par transpiration : microphyllie chez les Acacia ou sclérophylle chez Boscia senegalensis, par exemple. • Particularités physiologiques de la végétation du Sahel Dominance du mode de photosynthèse en C4 chez les graminées À l’exception des espèces aquatiques ou hélophiles telles que Oriza spp, Acroceras amplectens, Elytrophorus spicatus et Sacciolepis ssp, la grande majorité des graminées et cypéracées sahéliennes ont un mode de photosynthèse en C4, le plus souvent associé à une régulation de l’ouverture des stomates, et c’est aussi le cas de nombreuses dicotylédones, même celles qui appartiennent à des familles pour lesquelles le mode C3 est dominant telles que Tribulus terrestris, Gisekia pharnaceoides, Blepharis ssp, et Cleome spp. Le mode de photosynthèse en C3, auquel n’est généralement pas associé de contrôle de l’ouverture des stomates, est en revanche de règle chez les légumineuses, les composées, les rubiacées et il est dominant chez les dicotylédones sciaphiles telles que Triumpheta pentandra, Spermacoce (= Borreria) scabra. Le mode de photosynthèse en C4 est plus performant aux hautes températures du milieu de la journée, mais cet avantage est moindre lorsque les écarts de températures sont atténués par l’ombrage pour les plantes sciaphiles ou par une transpiration intense pour les plantes aquatiques. Diversité des dispositifs de contrôle de la photosynthèse des ligneux Beaucoup d’espèces ligneuses ont un mode de photosynthèse en C3. Néanmoins, les mesures de photosynthèse, d’échanges gazeux, de flux de sève et de tension des feuilles de plantes ligneuses au Sahel indiquent une grande diversité de réponses aux stress hydriques qui s’ajoutent aux réponses phénologiques qui déterminent la saison d’activité photosynthétique du feuillage entre le débourrement et la chute des feuilles [73, 74]. • Particularités des modes reproductifs de la végétation du Sahel Production, dispersion, conservation et germination des semences herbacées La majorité des herbacées sahéliennes produisent des semences qui ont une dormance de quelques mois mais qui germent ensuite dès que les pluies et l’humidité du sol le permettent [69, 75, 76]. La plupart des annuelles, produisent une grande quantité de semences à forte capacité germinative, les diaspores constituant classiquement 20 à 30 % de la masse de la plante à maturité. Seules quelques espèces spécialisées ont des mécanismes de dormance qui prolongent la viabilité d’une partie des semences au moins au-delà d’une année (Colocynthis vulgaris, Phyllantus pentandrus, Fimbristylis hispidula). En conséquence, le stock de semences des annuelles dans les sols est transitoire. Les quelques mesures faites [60, 77-80] confirment que la plupart des semences se trouvent dans les deux premiers centimètres en surface du sol. Les densités de semences sont très variables d’un site à l’autre, et d’une année à l’autre - de quelques centaines à quelques dizaines de Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 milliers par m2 [10, 13, 69, 80]. Mais il y a de gros écarts entre la densité du stock semencier du sol qui inclue aussi des diaspores non viables [71, 81] et la densité des germinations observées in situ à cause des prédations et des germinations avortées [60, 82]. En effet, la densité des plants qui résulte de la germination, mais aussi des pertes par herbivorie, se situe entre quelques dizaines et quelques milliers par m2. Il a été démontré sur des sites pastoraux du Gourma, au Mali, que la capacité de production est affectée lorsque la densité des plants est inférieure à 250 plantules par m2 [83]. Or la dispersion des semences est généralement très locale (quelques décimètres à quelques mètres) avec des exceptions en particulier pour les plantes anémochoores (Farsetia ramossisima, Aerva javanica) et zoochores (exozoochores : Cenchrus biflorus, Sida cordifolia, Zornia glochidiata, et endozoochores telles que Walteria indica, Amaranthus graecizans). Néanmoins, de spectaculaires changements de composition floristique ont été observés au Sahel aussi bien sur des parcours très extensivement exploités que sur des jachères soumises à de fortes pressions de pâture [84, 85]. Ces changements brutaux ont été généralement attribués à des germinations et installations sélectives en réponse aux particularités annuelles du régime hydrique du sol, liées à celles de la distribution des pluies. Ces changements brutaux accréditent le modèle de non-équilibre pour la dynamique de la végétation [86, 87] qui dénie une influence significative de la gestion de l’environnement, et en particulier de la pâture, sur la dynamique de la végétation de ces écosystèmes arides [88]. Multiplication végétative et facilitation de la dissémination et germination des semences ligneuses La capacité à rejeter après coupe, comme par exemple suite à un défrichement agricole, est grande chez la plupart des espèces ligneuses sahéliennes [89]. Elle explique en partie, la grande fréquence des ports multicaules arbustifs et buissonnants. Certaines espèces se multiplient en outre par drageons comme Balanites aegyptiaca et Stereospermum kunthianum et d’autres par marcottes naturelles comme cela est observé chez Salvadora persica et Guiera senegalensis [90]. La longévité des individus et leur capacité à se régénérer ou à se reproduire végétativement réduisent la nécessité du recours à la reproduction sexuée, pour maintenir les populations en place. De fait, si des germinations sont fréquemment observées, rares sont les plantules qui réussissent à se développer. Néanmoins, une forte régénération par graine est apparue chez des Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 populations de Pterocarpus lucens, d’Acacia seyal et d’Acacia raddiana, uniquement composées d’individus adultes jusque-là, suite à une éclaircie du peuplement par mortalité naturelle causée par une sécheresse prolongée. Les germinations étaient alors suivies d’un développement des plants qui ont constitué une cohorte de remplacement. Ce phénomène expliquerait la fréquence des peuplements apparemment équiennes. Une production primaire était bien supérieure [13, 93]. Dans la pratique agricole, les perspectives d’applications d’engrais sur les parcours sont d’autant plus limitées que s’ils se traduisent par une augmentation importante de la production, celle-ci se fait souvent au détriment de la qualité fourragère, soit parce que les plantes stimulées par les engrais se développent davantage en taille, et investissent donc davantage en tissus de soutien riches en lignine, soit parce que l’eutrophisation du milieu favorise des espèces à croissance rapide qui ne sont pas de bonnes fourragères (Cassia tora, Sida cordifolia). La pauvreté des sols : un facteur limitant Des ressources forestières très exploitées mais limitées Le régime d’humidité des sols qui résulte des pluies, du ruissellement, de la percolation et de l’évapotranspiration commande la germination des diaspores qui initie le développement des herbacées annuelles. Puis il assure leur croissance jusqu’à la floraison dont la date est en partie contrôlée par sensibilité à la photosynthèse. Le régime d’humidité conditionne aussi la croissance des plantes pérennes, même si la reprise de croissance est en partie contrôlée par sensibilité à la photosynthèse et par des stimulus thermiques. Mais la productivité ou vitesse de croissance lorsque l’humidité du sol n’est pas limitante est aussi contrôlée par l’alimentation de la plante en éléments minéraux et plus particulièrement en azote (N) et phosphore (P) [13]. Les démonstrations expérimentales de ces contraintes consistent à les lever par des apports contrôlés et gradués d’engrais azotés et phosphatés. De tels essais montrent qu’en situation non limitante la productivité primaire d’herbacées atteint 175 à 250 kg MS/ha/j au cours de la phase de croissance linéaire, entre l’installation et la floraison, alors que les productivités mesurées sur la végétation naturelle se situent entre 15 et 45 kg MS/ha/j, soit 200-2 000 kg MS/ha/an, sur des sols sableux suivant la nature des espèces (C3/C4, avec ou sans régulation des stomates) et jusqu’à 90 kg MS/ha/j pour des graminées poussant sur des sols argileux, soit 4 000 kg MS/ha/an. Le coefficient d’efficacité pluviale global (CEP) ou rainuse efficiency (RUE) atteint en moyenne 3 kg MS/mm/ha/an pour la strate herbacée et près de 1 kg MS/mm/ha/an pour la strate ligneuse [1, 22]. L’addition des deux strates est donc voisine de la moyenne mondiale de 4 kg MS mm/ ha/an, soit 260 à 2 600 kg MS/ha/an [1, 45, 91, 92]. Les essais ont aussi démontré que la réponse à un apport de P était généralement supérieure à la réponse au seul apport de N, mais que la réponse à un apport conjoint de N et P Bien que limitées en volume (tableau 2) et en qualité, les ressources forestières fournissent jusqu’ici la grande majorité de l’énergie domestique utilisée par les populations sahéliennes, et une très grande partie des matériaux de construction, des ressources de l’artisanat et de la pharmacopée. Il est aussi des essences forestières qui contribuent à l’alimentation humaine par leurs fruits (Butyrospermum parkii, Ziziphus mauritiana, Boscia senegalensis, Leptadenia pyrotechnica, etc.) et la plupart des espèces ligneuses contribuent à l’alimentation du bétail qui broute leurs feuilles, en vert ou en sec, et certains fruits, en particulier les gousses d’Acacia. Si la collecte du bois mort pour l’usage combustible (bois ou charbon) n’a qu’un impact secondaire sur l’écosystème sahélien lorsqu’il alimente les besoins des populations rurales [94], l’impact s’aggrave lorsque le marché est urbain et que les prélèvements ne se réduisent pas à du bois mort, mais qu’ils s’accompagnent de coupes plus ou moins sévères [95]. Les émondages et coupes « en parapluie » pratiqués par les éleveurs pour faciliter l’accès du bétail au fourrage de ligneux ont souvent été accusés de provoquer la mort des arbres, mais leur impact demeure modeste comparé à celui des défrichements agricoles qui se sont très largement étendus au cours du XXe siècle, suivant l’augmentation démographique de 2 à 3 % par an en moyenne [96]. L’impact de ces défrichements est d’autant plus sévère qu’avec la saturation de l’occupation agricole, le système de jachère pratiqué jusque-là pour régénérer la fertilité des sols entre deux périodes de culture, a été modifié en raccourcissant la durée de jachère ou même en la supprimant. En effet une fraction croissante des terres est cultivée de façon permanente [97, 98]. Certes, les défrichements agricoles épargnent généralement quelques arbres utiles, et ceux qui sont coupés rejettent de souche. Néanmoins, le rabattage systématique de ces rejets, une 63 ou deux fois par an, finit par épuiser les souches [99], les arbres épargnés sont alors les seuls à bénéficier des ressources et se développent pour constituer des populations peu diversifiées d’arbres âgés qui caractérisent les terroirs parcs du sud Sahel et de la région soudanienne. En ne considérant que le critère couvert des couronnes, il arrive que ces terroirs parcs aient un couvert équivalent à celui des savanes arbustives à partir desquelles ils ont été développés, masquant l’évolution structurelle du peuplement [100] (figure 8). À l’exception des plantations forestières réalisées depuis l’époque coloniale par les services forestiers nationaux sur des terres domaniales, les plantations d’arbres se limitent aux arbres d’ombrage dans les villes et villages, à de rares vergers et bosquets villageois, et à quelques plantations antiérosives financées par des programmes de lutte contre la désertification le plus souvent mis en œuvre par des organisations non gouvernementales (ONG). Ces plantations font souvent appel à des espèces exotiques, en particulier Azadirachta indica, Eucalyptus camaldulensis et Prosopis juliflora. Des cultures restreintes au sud Sahel et aux plaines d’inondation L’irrégularité de la distribution des pluies au cours de la saison des pluies, d’un lieu à l’autre, et d’une année à l’autre a toujours exercé une contrainte majeure sur l’agriculture pluviale sahélienne. Mil et sorgho, les principales céréales cultivées Densité totale 1 200 au Sahel, sont très adaptés par leur sensibilité photopériodique et leur capacité de tallage, à répondre aux aléas de la distribution des pluies que les pratiques culturales ancestrales (semis en poquet, éclaircies, sarclages répétés) tentent d’atténuer. Néanmoins, les essais de fumure minérale et organique, ont démontré que les rendements pouvaient être fortement majorés par des apports de N et P dont la rentabilité économique n’était malheureusement pas assurée dans l’environnement économique actuel des pays du Sahel [1, 11, 99, 101]. Même des apports de faible quantité d’engrais N et P, pratiqués manuellement au poquet, accroissent significativement les rendements. Les cultures associées, de légumineuses telles que le niébé (Vigna unguiculata), l’arachide (Arachis hypogea) et le voandzou (Voandzeia subterranea) [22] ou d’autres cultures, en particulier les différentes variétés de roselle (Hisbiscus sabdariffa), de sésame, diversifient le système agricole et l’ouvrent au marché, et leur revenu permet de financer quelques intrants, mais ils n’offrent que des perspectives restreintes tant leurs marchés sont concurrentiels. La spécialisation dans des cultures irriguées intensives, très exigeantes en maind’œuvre, tels que la culture de l’oignon, de l’ail, et du souchet (Cyperus esculentus), ou celle de légumes de contre-saison pour l’exportation vers l’Europe (tomates, haricots verts) ont très localement apporté une solution à l’intensification de l’agriculture avec tous les risques associés aux fluctuations des marchés. Densité vivants Couvert couronnes Couvert % Densité #/ha 80 70 1 000 60 800 50 40 600 30 400 20 200 10 0 0 4 4 12 12 14 14 21 21 1988 2005 1988 2005 1988 2005 1988 2005 Figure 8. Changements de la composition floristique des peuplements ligneux, observés sur quatre sites pastoraux du Gourma central (Mali) entre 1988 et 2005. Les sites 4 (In Zaket) 12 (Ekia) et 14 (Erey) sont sur sols sableux alors que le site 21 (Kelma) est un peuplement d’Acacia seyal sur sol argileux temporairement inondé. Source : P. Hiernaux. 64 Une vocation pastorale au rythme de la mousson La mousson imprime à l’ensemble de l’écosystème sahélien un régime saisonnier régulier mais très contrasté. Pour les ressources pastorales, eau de surface et fourrage, ce rythme fait alterner deux à quatre mois d’abondance et de qualité à huit à douze mois de rareté et de médiocrité. En effet, la baisse de la phytomasse sur pied est rapide une fois passé le maximum de fin de saison de croissance. Elle est d’abord due à la dispersion des diaspores qui peuvent constituer 5 à 20 % de la phytomasse sur pied à maturité [41, 66, 69, 102] et à la chute des feuilles qui accompagne la sénescence chez de nombreuses dicotylédones telles Zornia glochidiata, Cassia mimosoides et Sida cordifolia. Elle est aussi due à l’herbivorie des insectes et des rongeurs. La perte apparente de masse des herbacées sur pied au cours de la saison sèche, pâture des ruminants exclue, peut atteindre 45 % de la phytomasse maximale au nord Sahel [1, 102, 103] et jusqu’à 70 % au sud Sahel [1, 104]. Finalement, lorsqu’ils sont comptabilisés sur l’ensemble du cycle annuel à l’échelle d’un terroir pastoral, les fourrages effectivement consommés par le bétail domestique ne constituent qu’une faible fraction de la production fourragère, au plus de l’ordre de 20 % [105-107]. Cela est lié à la sélection fourragère qu’opère le bétail, à la dégradation de la litière par le piétinement [108] et à la concurrence des autres herbivores. Au plan de la qualité nutritionnelle, le contraste saisonnier est aussi très marqué, surtout pour les bovins, ovins et les ânes qui broutent préférentiellement des herbacées alors que les contrastes saisonniers de qualité sont plus atténués pour les caprins et les dromadaires qui consomment plus de feuilles et fruits de plantes ligneuses. En effet, les teneurs en protéines digestibles, et en phosphore des pailles et litières de saison sèche limitent l’activité microbienne dans le rumen, réduisent la digestibilité des pailles, ce qui finalement empêche la satisfaction des besoins énergétiques, protéiques et minéraux, de sorte que l’animal perd du poids et ses performances reproductives baissent. L’unique source de minéraux, de vitamines et de protéines sur les parcours pendant les 8 à 11 mois de saison sèche annuelle provient donc des ligneux, c’est dire leur extrême importance dans le contexte sahélien [1]. Les pratiques pastorales, en particulier les déplacements, le gardiennage à la pâture, la pâture de nuit, la supplémentation stratégique en saison sèche visent à optimiser les gains en saison des pluies et à réduire les pertes dues aux carences de saison sèche [44, 109]. Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 À ce rythme saisonnier contrasté s’ajoutent les amples variations interannuelles des ressources fourragères, en quantité et qualité. Ces variations affectent différemment les annuelles et les pérennes. Les annuelles répondent avec une ampleur spectaculaire aux variations du régime hydrique des sols par la production de fourrage au cours de la saison de croissance, mais aussi par la composition floristique qui détermine en partie la valeur fourragère. Les pérennes ont une plus grande inertie et réagissent moins rapidement aux variations interannuelles du régime d’humidité des sols. Un peuplement de pérennes va d’abord répondre à une sécheresse par une réduction de sa production annuelle (racines, feuilles, rameaux...) qui s’accompagnera d’un ralentissement, voire d’un arrêt de la croissance. Dans une phase plus avancée, la plante va sacrifier une partie de ses organes, racines, branches, éclats de souche. La mortalité ne survient que lorsque les ressources ne permettent même plus la survie des organes maintenus : elle interviendra de façon sélective à l’intérieur des populations (affectant souvent les plants les plus jeunes, ainsi que ceux qui ont poussé aux limites du domaine édaphique de l’espèce), et entre les populations (certaines espèces se révèlent plus sensibles que d’autres à la sécheresse). Les fourrages apportés par les plantes pérennes, herbacées comme ligneuses, contribuent donc à stabiliser l’offre fourragère en complétant les fourrages d’annuelles, surtout quand elles sont disponibles en fin de saison sèche. Les teneurs en protéines des feuilles et des fruits de ligneux sont souvent élevées mais leur contribution à l’alimentation protéique du bétail est réduite par la faible digestibilité de ces protéines dues aux teneurs en tannins [110]. Là encore, les pratiques pastorales, et particulièrement les transhumances, la conduite séparée des catégories de bétail, visent à optimiser les gains des bonnes années et à réduire les pertes des mauvaises années. Dynamique de la végétation et des sols sahéliens : la résilience a-t-elle des limites ? Influence très ancienne et généralisée de l’homme et de sa gestion des ressources naturelles/influence anthropique Si la découverte récente dans le nord du Tchad des restes de Toumaï, Sahelanthropus tchadensis, datés de 7 millions d’années [111] et ceux d’Abel, Australopithecus bahrelghazali, datés de 3,5 milSécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 lions d’années [112] témoigne de la présence très ancienne d’hominidés au Sahel, la multiplicité des sites archéologiques témoigne de la présence généralisée de l’homme au Sahel et sur ses marges sahariennes, depuis les sociétés de chasseurscueilleurs de la préhistoire jusqu’aux sociétés pastorales, agricoles, commerçantes et urbaines du Moyen Âge [113, 114]. La modestie des reliefs, l’abondance relative des eaux de surface, au moins au cours de la saison des pluies, écarte l’hypothèse que des zones du Sahel n’aient pas été habitées par l’homme, parcourues par son bétail, ses incendies, ses cultures, ses industries (poteries, métallurgie). Mais la densité de population actuelle résulte de l’explosion démographique de la seconde moitié du XXe siècle. Elle est sans précédent historique, les densités de population étant restées globalement faibles jusque-là, à l’exception de quelques zones de concentration, au niveau des grandes cités-États (Kumbi Saleh, Djenné, Tombouctou, Gao, Sokoto, Kano) et des reliefs-refuges (Tichitt et le Dhar Néma, la falaise de Tambaroura, celle de Bandiagara, le Darfour) [15]). En outre, les modes de gestion des ressources naturelles sont restés extensifs, souvent temporaires (systèmes de jachères) et itinérants (nomadisme, transhumance) ; les édifices eux-mêmes sont de nature transitoire et recyclable de par les matériaux utilisés (bois, nattes végétales, briques de terre crue, pierres sèches). Ainsi, si aucune végétation sahélienne n’a échappé à l’influence humaine, celle-ci est restée généralement extensive. Végétation herbacée Le suivi de la végétation herbacée comme ligneuse démontre que celle-ci, tout en étant très variable d’une année sur l’autre dans ses attributs quantitatifs (couvert, masse, densité) et qualitatifs (composition floristique, valeur fourragère), est aussi très résiliente [115]. Les périodes qui ont suivi les sécheresses des années 1970 et 1980 ont multiplié les cas de régénération spectaculaire des peuplements herbacés comme des ligneux (tableaux 2 et 3). A contrario, les quelques essais de mise en défens prolongée contre toute mise en culture et prélèvement forestier, mais aussi contre l’incendie et la pâture réalisés au Niger (réserve de Sadoré), au Burkina Faso et au Sénégal [116, 117] n’ont abouti ni à un embroussaillement, même si les plantes ligneuses se sont développées en taille dans un premier temps [117, 118], ni à un remplacement des annuelles par des herbacées pérennes [54]. Certes, la flore d’annuelles s’est légèrement enrichie mais la production herbacée est généralement légèrement inférieure à celle du témoin pâturé, surtout à cause de l’importance relative supérieure des dicotylédones. Enfin, la mise en défens a exacerbé la structure mosaïque et les variations interannuelles de composition floristique. Impact de la sécheresse Mais il y a aussi des situations ou l’évolution entraînée par les sécheresses semble irréversible, au moins à l’échelle de plusieurs décennies. C’est ainsi qu’à la suite des sécheresses répétées des années 1970 et 1980, des sites de brousse tigrée ont vu leurs surfaces enherbées se rétrécir, puis le déficit des pluies a provoqué la mort d’une partie des ligneux, ce qui a entraîné une concentration du ruissellement jusque-là en nappe, en un réseau de rigoles qui se sont très vite hiérarchisées. Si bien qu’avec le retour d’années plus pluvieuses le ruissellement en nappe ne s’est pas rétabli et les pluies plus abondantes ont accéléré le creusement des ravines court-circuitant les fourrés restants qui ont achevé de péricliter au cours des années 1990. En même temps, s’est mise en place une nouvelle végétation très ouverte de buissons et arbustes bas dominée par Boscia senegalensis, hérité de la brousse tigrée, et par Acacia erhenbergiana, avec de loin en loin un pied de Commiphora africana ou de Calotropis procera. La strate herbacée ne s’est reconstituée qu’à la faveur de nouveaux placages sableux souvent en bordure des rigoles. Il y a donc eu évolution profonde du couvert végétal et du fonctionnement hydrique de ces sites sans que la pression de pâture et l’utilisation par l’homme n’aient été accrues. La concentration du ruissellement sur les interfluves a modifié les écoulements dans les talwegs, entraînant une entaille des niveaux de base locaux, et un écoulement plus important vers les exutoires, mares ou lacs dont les surfaces ont augmenté, les hauteurs d’inondation ont monté et les durées de submersion se sont prolongées. Ces phénomènes ont pu localement entraîner des modifications profondes : mortalité des herbacées et des ligneux dans le fond des mares, colonisation rapide des terrains gagnés par la mare par des pionnières telles qu’Acacia erhenbergiana et Calotropis procera. Ailleurs, dans les talwegs, l’entaille des oueds a privé une partie des plaines d’inondation des écoulements dont elles bénéficiaient, entraînant une perte des herbacées, particulièrement des savanes herbeuses à Panicum laetum [6, 119]. Avec les pluies plus abondantes des années 1990, une partie des plaines dévastées a à nouveau été inondée. Il s’en est suivi une rapide remontée biologique, même si les ligneux qui se sont implantés 65 sont surtout des espèces pionnières. Ce type d’évolution non réversible à court terme est plus rare sur des sols sableux, et lorsqu’il advient, c’est toujours en liaison avec des formes d’érosion non réversibles à court terme. Par exemple, le creusement de loupes de déflations sur les versants les plus exposés au vent, et les accumulations de sable en crêtes dunaires qu’elles alimentent ne sont pas toujours récupérées par la végétation dans l’espace de quelques années ou décennies car l’érosion est maintenue par l’alternance des déflations éoliennes et de l’encroûtement dû à l’énergie cinétique des pluies et au ruissellement sur les plages de déflation. Néanmoins, même dans les situations où l’érosion éolienne et hydrique maintient une partie des sols sableux dénudés, les peuplements ligneux durement touchés lors des sécheresses se sont vigoureusement régénérés, le plus souvent avec des populations pionnières de Leptadenia pyrotechnica, d’Acacia raddiana, de Balanites aegyptiaca et d’Acacia senegal, au centre et nord Sahel, de Guiera senegalensis, de Dichrostachys glomerata et de Combretum glutinosum au sud Sahel (figure 9). Impact de la pâture À court terme, l’effet de la pâture sur le couvert herbacé est évident. Grâce à la capacité de tallage et de repousse, le piétinement et le prélèvement fourrager en saison des pluies ne peuvent réduire la production d’herbacées annuelles au-delà de 50 % [120]. En saison sèche, ils se conjuguent pour accélérer le passage en litière et la décomposition de cette dernière, ce qui peut dans les cas extrêmes activer l’érosion éolienne. À l’échelle de quelques années, l’effet d’une charge animale modérée appliquée soit en saison des pluies, soit en saison sèche, soit toute l’année, a été mesuré sur la production herbacée, la composition floristique et le stock semencier d’une jachère au Niger. L’effet de la pâture sur la production est apparu secondaire par rapport à celui de la distribution des pluies [121]. L’effet sur la composition floristique et la composition du stock semencier est aussi inférieur à l’effet résiduel des apports de matière organique au cours des cultures qui ont précédé les mises en jachères, et cela jusqu’à huit ans après la mise en jachère. La densité des germinations et la diversité des espèces ont été accrues par une pâture de saison sèche [76, 122, 123]. En revanche, la densité des germinations et celle du stock semencier sont réduites par une pâture de saison des pluies [77]. À plus long terme, la comparaison de la dynamique du couvert végétal et des sols sur des sites soumis à une forte pression de pâture avec celle observée sur les sites peu 66 pâturés montre que les effets de la pâture et du piétinement par le bétail sont très secondaires par rapport aux effets des événements climatiques et ceux des mises en culture. Cela pourrait s’expliquer par la faible efficacité relative du bétail domestique à utiliser les ressources fourragères et par le contraste saisonnier. En effet, à l’échelle d’une région, la charge est déterminée par la satisfaction des besoins fourragers sur l’ensemble de l’année et pas seulement sur celle de la saison des pluies, période au cours de laquelle la végétation est plus sensible à la pâture et au piétinement. Il y a donc une sorte de découplage entre charge instantanée et les ressources offertes en saison des pluies [124]. Cela peut néanmoins ne pas être vérifié localement, en particulier suite à la fragmentation du paysage apporté par l’extension des mises en cultures, conduisant ici ou là, surtout au sud Sahel, à maintenir de très fortes charges de bétail en saison des pluies sur des parcours isolés [125]. recyclées par le bétail au cours de la pâture et sur les sites de parcage, les superficies ainsi « intensifiées » ne peuvent excéder 20 % des superficies cultivées [107]. À long terme une source externe d’intrants est indispensable au maintien de la fertilité et de l’intégrité de ces agroécosytèmes [127]. Impact de l’exploitation forestière L’impact des coupes forestières sur les peuplements ligneux s’apparente à celui des défrichements agricoles, avec la différence qu’ils sont plus diffus et sélectifs. Pour cette raison, ils représentent un danger plus immédiat pour certaines essences recherchées pour une utilisation particulière comme Prosopis africana et Sclerocarya birrea débitées au sud Sahel pour la fabrication de mortiers et pour la construction, ou Acacia nilotica abattues pour être transformés en charbon de bois. Impact du défrichement agricole et des cycles culturaux Conclusion : des écosystèmes en déséquilibre ? La coupe de la plupart des arbres et buissons qui accompagne les défrichements agricoles, et la mise à nu de la surface du sol par brûlis suivi ou non de labour, puis par sarclage répété, ont un impact majeur et durable sur la végétation et les sols. La mise à nu du sol, accélère la minéralisation de la matière organique, et promeut l’érosion tant éolienne qu’hydrique qui n’est qu’amoindrie par les aménagements et techniques antiérosives telle que la pratique de billonnages cloisonnés, le semis sans labour, le paillage [126]. L’extension des cycles de culture qui accompagne la saturation de l’espace agricole aggrave l’impact car ils réduisent le potentiel des buissons à survivre aux coupes répétées, et prolongent la décomposition de la matière organique et l’exposition à l’érosion. Néanmoins, une partie privilégiée du terroir bénéficie d’un apport d’intrants sous forme de fumure organique et, si les revenus des cultures de rente ou de l’élevage le permettent, d’engrais minéraux. Les productions végétales sont alors stimulées, et si une partie des résidus de cultures produits en plus grande quantité est laissée sur les sols des champs au cours de la saison sèche pour réduire l’érosion éolienne, le relèvement de la productivité peut être pérennisé d’autant mieux que le parc arboré sera entretenu. L’association des activités d’élevage aux cultures permet d’améliorer la production par transfert de la matière organique et des éléments minéraux réalisés par le bétail via la fumure sur une fraction du terroir. Mais à l’échelle du terroir, compte tenu des quantités de fumier, ou de fèces et d’urine directement Le rôle déterminant des variations de la distribution des pluies sur la végétation, et l’ampleur des fluctuations interannuelles de la composition floristique de la strate herbacée a fait de l’écosystème sahélien un prototype du modèle « en nonéquilibre » de la dynamique de la végétation [86]. À ce titre les états dans lesquels se trouve la végétation ne sont plus mis en rapport avec un état d’équilibre idéal, le climax, dont l’existence est niée, mais sont tous considérés transitoires [128] au gré de forçages abiotiques, principalement climatiques, les variables biotiques, pâturage inclus, n’aillant qu’une influence mineure [129]. La pression de pâture est néanmoins reconnue comme une cause possible de dynamique de type nonéquilibre pourvu que la charge animale soit découplée des disponibilités en ressources fourragères [1, 7, 124]. Et en effet, les larges fluctuations temporelles des disponibilités fourragères, en quantité comme en qualité, empêchent qu’un équilibre s’établisse entre la densité du cheptel, qui de plus est mobile, et les ressources fourragères. Mais les types d’évolution observés de la végétation sahélienne, herbacée comme ligneuse, ne relèvent pas tous de changements brusques, les sauts de type « catastrophes » attendus des systèmes en non-équilibre [130, 131]. Des changements progressifs et orientés ont été observés, soit sous l’influence d’événements climatiques ou hydrologiques répétés, sécheresse ou inondation, soit sous l’influence de changement de gestion, pression de pâture, régime de feux, cycles Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 4 2005 4 1988 0,27 0,46 0,45 0,07 0,29 0,23 0,02 0,16 0,04 0,02 0,34 0,00 0,05 0,00 0,03 3,41 ligneux morts 0,48 0,39 Euphorbia balsamifera Maerua crassifolia Salvadora persica Cadaba glandulosa Euphorbia balsamifera Maerua crassifolia Leptadenia pyrotechnica Balanites aegyptiaca Balanites aegyptiaca Salvadora persica Boscia senegalensis Balanites aegyptiaca Boscia senegalensis Leptadenia pyrotechnica Cadaba glandulosa Calotropis procera Leptadenia pyrotechnica 14 2005 14 1988 0,01 5,15 0,10 0,39 6,41 0,43 0,01 0,27 ligneux morts 7,75 Acacia raddiana Combretum aculeatum* Acacia raddiana Acacia senegal Acacia raddiana Leptadenia pyrotechnica Balanites aegyptiaca Balanites aegyptiaca 21 2005 21 1988 49,71 0,79 3,47 0,11 0,05 0,76 0,48 2,00 0,00 1,31 0,00 0,05 65,56 0,29 0,13 Acacia seyal Balanites aegyptiaca Anogeissus leiocarpus Acacia nilotica Acacia seyal Balanites aegyptiaca Dichrostachys glomerata Acacia seyal Acacia laeta Acacia raddiana Acacia raddiana Grewia tenax* Acacia nilotica Acacia laeta Figure 9. Changements de la densité totale des plantes ligneuses, de la densité des individus vivants et du couvert de leur houppier, observés sur quatre sites pastoraux du Gourma central (Mali) entre 1988 et 2005. Les sites 4 (In Zaket), 12 (Ekia) et 14 (Erey) sont sur sols sableux alors que le site 21 (Kelma) est un peuplement d’Acacia seyal sur sol argileux temporairement inondé (source : P. Hiernaux).* Les valeurs de chacune de ces espèces sont très faibles (0,01 % dans le cas de Combretum aculeatum, dans le camembert de gauche de 14 1988 et 0,05 % dans le cas de Grewia tenax, sur le camembert 2T 2005), et de ce fait ne sont pas, ou sont peu, visibles ici. Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 67 cultures-jachères. La dynamique de l’écosystème sahélien ne relève donc pas exclusivement du modèle non-équilibre. De fait, sauts et changement progressifs apparaissent comme deux modes extrêmes, mais compatibles, de la dynamique de végétation, la nature des forçages déterminant le mode de changement [132-134]. Sauts et changements progressifs contribuent à faire évoluer la végétation d’un site spécifique du Sahel, d’un état à un autre sur la base des processus biologiques qui déterminent la dynamique de populations qui la composent : production et dispersion semencières, dormance, germination, installation et croissance compétitive. ■ Références 1. Le Houérou HN. The Grazing Land Ecosystems of the African Sahel. Ecological Studies 75. Berlin ; New York : Springer-Verlag, 1989. 2. Le Houérou HN, Popov GF. An eco-climatic classification of intertropical Africa. Plant Production and Protection Paper n° 31. Rome : FAO, 1981. 3. Le Houérou HN, Popov GF, See L. AgroBioclimatic Classification of Africa. Agrometeorology working paper n° 6. Rome : FAO, 1993. 4. Trochain JL. 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