Discours du parrain Ndiack FALL

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Discours du parrain Ndiack FALL
Cérémonie de remise de diplômes aux étudiants de la
15ème Promotion de l’Université du Sahel
DISCOURS DU PARRAIN NDIACK FALL
Monsieur le Président, Recteur de l’Université du Sahel
Je suis sensible à l’honneur que vous m’avez fait de me désigner
comme parrain de la cérémonie de remise des diplômes aux étudiants
de la 15ème promotion de votre établissement, cet honneur est une
source de réconfort. Il démontre que vous n’êtes point indifférent à
tous les efforts que déploient les enseignants pour assurer à vos
étudiants une formation de qualité. Vous le savez, enseignant comme
nous, cette profession exige beaucoup d’abnégation, de sacrifices, de
rigueur, il s’agit d’un métier qui vous poursuit jusqu’à la maison à
l’instar des professions médicales et sécuritaires. L’enseignant doit
toujours avoir l’attention en éveil et la curiosité en bandoulière car une
science sûre n’exclut pas une perpétuelle remise en question, gage de
perfectionnement et de progrès. Peu d’enseignants disposent de ce
que l’on appelle dans l’administration les avantages en nature à savoir
une voiture de service, la dotation en carburant ou encore l’octroi de
terrain ou les distinctions honorifiques, il m’est arrivé d’entendre
souvent de la bouche de l’éminent professeur Iba Der THIAM que
« l’enseignant a épousé la pauvreté ». Je ne sais pas d’où il a tiré cette
citation qui ne manque pas de pertinence mais j’y ajouterai que
l’enseignant a sa richesse : cette richesse c’est son indépendance
d’esprit. Il s’agit là d’un trésor inestimable qui lui permet de s’exprimer
avec fierté, courage et sincérité devant n’importe quelle autorité ; que
celle – ci se nomme chef d’État, calife général d’une confrérie, ministre
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ou autre comme le fit le vénérable Cheikh Ahmadou Bamba face aux
menaces et intimidations de l’autorité coloniale à la veille de sa
seconde déportation en Mauritanie (Lettre du 3 juin 1903) : « je te fais
savoir que je n’écris jamais quelque chose ni ne le parle sans qu’il ne
me soit venue du fond de mon cœur ». C’est peut être cette sincérité
qui rend les enseignants si contestataires. Senghor ne disait-il pas que
la vérité même si elle n’est pas toujours poétique, elle n’en reste pas
moins la condition de l’action efficace ?
C’est peut être toutes les qualités de l’enseignant que vous avez voulu
cristalliser sur ma modeste personne, je ne suis pas sûr de les mériter,
mais je retiens le symbole car en honorant un enseignant, vous
honorez tous les enseignants. Je fais rejaillir cet honneur que vous me
dédiez à mes parents, à ma famille, à ma brave épouse, à mes enfants,
à mes amis, mais aussi à votre « garde rapprochée » ; je veux nommer :
- Mme SALL Moumina Cheikh SY, qui seconde admirablement
son époux, le recteur de l’Université du Sahel
- Mme SAKHO Maty NIANG
- Mme SAMBOU, Marie Noelle Marone
- Mr Mademba NDIAYE
- Mon cher ami le Dr Youssou DIOUF devenu mon médecin de
famille
Qu’ils se sentent honorés à travers ce parrainage car ils abattent un
travail ingrat qu’il me plaît de magnifier ici, ils ont bien compris dans la
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gestion de l’Université du Sahel qu’il n’est pas d’œuvre collective qui ne
puisse s’accommoder de la diversité des tempéraments.
Monsieur le recteur de l’Université du Sahel, que Dieu vous rende au
centuple vos bienfaits !
Venons en maintenant aux récipiendaires de ce matin, chers étudiants,
cette cérémonie de remise de diplômes consacre le succès de plusieurs
années de labeur, de persévérance avec le soutien inconditionnel de
vos parents à qui vous devez beaucoup, sinon tout. Un pareil moment
de joie mérite de chaleureuses félicitations, votre parcours sinueux
semé d’embûches vous a permis de savoir que la trop grande facilité
ennuie comme la trop grande difficulté décourage et que le bonheur
expire s’il absorbe trop vite cette épaisseur de résistance qui,
s’interposant entre nos vœux et la réalité rendent l’effort intéressant et
passionnante la victoire. Ce moment de joie est intense mais il ne s’agit
que d’une étape dans la vie. Le diplôme est certes important mais il ne
s’agit que d’un outil et plus important est ce que l’on secrète avec
l’outil. Vous quittez la vie de l’université pour aller affronter l’université
de la vie. Celle-ci est fortement semée d’embûches surtout en ces
temps de matérialisme débridé comme le souligne si bien le philosophe
français Regis DEBRAY ; « Pour la première fois dans l’histoire de notre
civilisation, l’homme exemplaire n’est plus un homme désintéressé. La
notoriété s’est totalement indexée sur le niveau de la richesse.
L’échelle des revenus est devenue l’échelle des valeurs ». Vous songez
maintenant à vous insérer dans la vie professionnelle pour ne pas dire
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la vie tout court, celle-ci exige une éthique, des qualités. Le savoir
acquis à l’université doit reposer sur des valeurs, pour reprendre les
propos de Léon TOLSTOÏ : « de toutes les sciences que l’homme peut et
doit savoir, la principale c’est la science de vivre de manière à faire le
moins de mal et le plus de bien possible », c’est de pareilles valeurs qui
vous assureront le succès dans la vie, une certaine qualité
comportementale est indispensable comme le disait si bien le doyen
Réné SAVATIER : « Les générations qui montent ont cessé d’une
manière irréversible de respecter, à travers les hommes les fonctions
qu’ils remplissent à moins que ces hommes ne sachent faire respecter
en leur personne même, les fonctions qu’on leur confie. Bonne ou
mauvaise, cette évanescence des respects préconstitués doit être
tenue pour un fait ».
Chers étudiants, Dieu fasse que vous connaissiez dans la vie une
réussite professionnelle éclatante qui vous fera oublier les souffrances
endurées ainsi que les sacrifices consentis par vos braves parents.
Félicitations et bonne chance.
Que Dieu vous aide à persévérer dans la voie de la droiture, du beau et
du bien !
Dakar, ce 08 juin 2013
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