La politique étran- gère de l`Italie face aux débuts de la - BHIR-IHBR
Transcription
La politique étran- gère de l`Italie face aux débuts de la - BHIR-IHBR
|FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | Artikel |Article |Articolo 6 COLOFON BELGISCH HISTORISCH INSTITUUT ROME | INSTITUT HISTORIQUE BELGE DE ROME Via Omero 8 - I–00197 ROMA Tel. +39 06 203 98 631 - Fax +39 06 320 83 61 http://www.bhir-ihbr.be Postadres | adresse postale | recapito postale | mailing address Vlamingenstraat 39 - B-3000 leuven Tel. +32 16 32 35 00 Redactiesecretaris | Sécretaire de rédaction | Segretario di redazione | Editorial desk Prof.dr. Claire De Ruyt [[email protected]] ISSN 2295-9432 La politique étrangère de l’Italie face aux débuts de la crise congolaise. Pour une histoire des intérêts italiens au Congo dans les années 1960 1 Forum Romanum Belgicum is het digitale forum van het Belgisch Historisch Instituut te Rome, in opvolging van het Bulletin van het BHIR, waarvan de laatste aflevering nr. LXXVII van jaargang 2007 was. Forum Romanum Belgicum wil met de digitale formule sneller en frequenter inspelen op de resultaten van het lopend onderzoek en zo een rol spelen als multidisciplinair onderzoeksforum. Door de digitale formule kan een artikel, paper (work in progress) of mededeling (aankondiging, boekvoorstelling, colloquium enz.) onmiddellijk gepubliceerd worden. Alle afleveringen zijn ook blijvend te raadplegen op de website, zodat Forum Romanum Belgicum ook een e-bibliotheek wordt. Voorstellen van artikels, scripties (work in progress) en mededelingen die gerelateerd zijn aan de missie van het BHIR kunnen voorgelegd worden aan de redactiesecretaris prof.dr. Claire De Ruyt ([email protected]). De technische instructies voor artikels en scripties vindt u hier. De toegelaten talen zijn: Nederlands, Frans, Engels en uiteraard Italiaans. Alle bijdragen (behalve de mededelingen) worden voorgelegd aan peer reviewers vooraleer gepubliceerd te worden. Forum Romanum Belgicum est forum digital de l’Institut Historique Belge à Rome, en succession du Bulletin de l’IHBR, dont le dernier fascicule a été le n° LXXVII de l’année 2007. La formule digitale de Forum Romanum Belgicum lui permettra de diffuser plus rapidement les résultats des recherches en cours et de remplir ainsi son rôle de forum de recherche interdisciplinaire. Grâce à la formule digitale, un article, une dissertation (work in progress) ou une communication (annonce, présentation d’un livre, colloque etc.) pourront être publiés sur-le-champ. Tous les fascicules pourront être consultés de manière permanente sur l’internet, de telle sorte que Forum Romanum Belgicum devienne aussi une bibliothèque digitale. Des articles, des notices (work in progress) et des communications en relation avec la mission de l’IHBR peuvent être soumis à la rédaction: prof.dr. Claire De Ruyt ([email protected]). Vous trouverez les instructions techniques pour les articles et les notices à Les langues autorisées sont le néerlandais, le français, l’anglais et bien entendu l’italien. Toutes les contributions (sauf les communications) seront soumises à des peer reviewers avant d’être publiées. Vincent Genin (ULg) Introduction L’opinione pubblica si è in genere dimostrata assai severa nei confronti dei belgi, ma la disordinata penosa situazione attuale, e le appassionate malevoli critiche del momento, non possono fare dimenticare l’opera egregia dal Belgio pazientemente svolta da oltre cinquanta anni, per la conoscenza, l’organizzazione e lo sviluppo civile-economico di quelle regioni, e che aveva fatto del Congo uno dei paesi africani meglio organizzati e di più solida struttura economica2. Ainsi s’exprimait Pasquale Diana, en 1961, dans un ouvrage consacré à la présence italienne au Congo, depuis la fin du XIXème siècle et qui se veut, entre les lignes, un plaidoyer en faveur de l’action des Belges au Congo. Bien entendu, il convient de garder un œil critique sur ces propos. Le marquis Diana, d’extraction napolitaine, n’avait-il pas été le Chef de Cabinet du Président du Conseil Alcide de Gasperi, en 1945, qui, alors, souhaitait relancer le dessein colonial de la Péninsule ? Plus significatif, il fut, pendant 1 2 Il nous a été permis d’effectuer cette recherche grâce à un Stipendium de l’Academia Belgica, à Rome, où nous avons séjourné durant trois mois, au printemps 2013. De plus, une bourse de l’Institut historique belge de Rome nous a donné les moyens de boucler ce projet de recherche dans de bonnes conditions. DIANA (P.), Lavoratori italiani nel Congo belga. Elenco biografico, Rome, Istituto italiano per l’Africa, 1961, p. 5. 1 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | plusieurs années, ambassadeur italien à Bruxelles3. Sa sympathie à l’égard de la Belgique et de la colonisation n’est donc pas une surprise. En 2008, le Professeur Michel Dumoulin, spécialiste incontesté des relations italobelges, remarquait : « Ainsi, il est tout le moins surprenant de constater que, au court du quart de siècle écoulé, un seul mémoire de licence ait été explicitement consacré aux relations économiques entre la Belgique et l’Italie quand bien même certains travaux portant sur les relations bilatérales abordent la question des investissements belges dans la Péninsule durant l’entre-deux-guerres. La même surprise est au rendez-vous au sujet de l’Afrique. En effet, en dehors d’un mémoire consacré au conflit italo-éthiopien, c’est en vain que l’on cherche un travail de fin d’études consacré soit à l’Italie et au Congo Belge soit aux Italiens dans l’ancienne colonie »�. Si, depuis ces lignes, certains historiens se sont certes déjà penchés sur le rôle de l’Italie (ou d’autres pays, comme la France4) dans la crise congolaise à l’échelle de la diplomatie multilatérale, plus particulièrement celle qui se pense Artikel |Article |Articolo 6 et s’effectue à l’ONU5, il reste un travail de fond non-négligeable à effectuer sur l’attitude plus générale de la politique étrangère de la Péninsule. En effet, quid de l’activité de son ambassade à Bruxelles, à Washington, Londres ou Paris ? Peuton y déceler un caractère d’unité, ou, au contraire, une diplomatie dispersée ? Une telle recherche, dont cette contribution ne se veut qu’une pierre à l’édifice, nécessite le recours à une source de première main, à savoir les archives diplomatiques italiennes, et plus spécialement les rapports émanant des ambassades, étant donné que les instructions du Ministère sont, en règle générale, absentes des fonds d’archives (c’est le cas en Belgique, par exemple). Toutefois, malgré les carences indéniables des archives du Ministero degli Affari Esteri (la Farnesina), ses dossiers relatifs à la crise congolaise, inexplorés jusqu’aujourd’hui, méritaient, à notre avis, d’être exploités. Leur intérêt est primordial, d’autant plus que les Documenti Diplomatici Italiani ne sont pas encore publiés pour les années 1960 et, en règle générale, ne consacrent que peu de « morceaux choisis » au Congo. Dans des travaux ultérieurs, nous développerons d’autres aspects de l’attitude de Rome à l’égard du Congo ex-belge, qu’il s’agisse d’un point de vue diplomatique ou économique, à l’instar des investissements de l’Ente Nazionale Idrocarburi dans la colonie belge, au sujet desquels nous préparons une étude de fond. Disons-le d’emblée, le sort du Congo belge ne figure pas parmi le principaux soucis de 5 3 4 Livre bleu. Recueil biographique, Bruxelles, Larcier, 1950, p. 193. Nous renvoyons à nos contributions : GENIN (V.), « La réclamation du droit de préemption de la France sur le Congo belge au printemps 1960 », in Revue d’histoire diplomatique, 2013/1, p. 2338 ; « La politique étrangère de la France face à la crise congolaise (1960-1961) », in Revue belge d’histoire contemporaine, vol. XLIII (2013/1), p. 78-113 ; « La France et le Congo ex-belge (1961-1965). Intérêts et influences en mutation », in Revue Belge de Philologie et d’Histoire, 2013/4 (à paraître). ROGNONI (M. S.), « Il Belgio e la crisi congolese dei primi anni Sessanta : un banco di prova », in DUMOULIN (M.), op. cit., p. 235-60 ; « L’Italie et la crise congolaise au début des années 1960 », in Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, 2012/1, p. 81-94. Sans oublier, toujours de Rognoni : Scacchiera congolese. Materie prime, decolonizzazione e guerra fredda nell’Africa dei primi anni Sessanta, Florence, Polistampa, 2003. Toutefois, cette dernière, travaillant sur la problématique de la Guerre froide, a tendance à consulter les archives de l’ambassade italienne à Washington ou à l’ONU en délaissant Bruxelles et les postes en Afrique, par exemple ; DE LEONARDIS (M.), « La politica estera italiana, la NATO e l’ONU negli anni del neo-atlantismo (1955-1960) », in TOSI (L.) (dir.), L’Italia e le organizzazioni internazionali. Diplomazia multilaterale nel Novencento, Padoue, CEDAM, 1999, p. 201-233. 2 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | l’Italie de 1960, qui, cette même année, vient de voir sa dernière colonie, la Somalia italiana, passer de la tutelle de l’ONU à l’indépendance, sous l’égide de la « Grande Somalie », suite à son union au Somaliland britannique6. Quant aux questions d’Afrique, plus généralement, elles passionnent modérément les diplomates transalpins. Le Directeur Général de la Politique de la Farnesina, Magistrati, après une conférence du représentant français à Rome, Gaston Palewski, au sujet de l’Afrique, ne note-t-il pas, en mars 1958 : « tema evidamente non poco eccitante, ma che egli preferito trattare navigando lungo le coste dei problemi stessi, senza addentrarsi in contestazioni evidentemente troppo delicate »�. Une colonie industrieuse Néanmoins, il existe une réelle histoire des Italiens au Congo, depuis la fin du XIXème siècle et l’implantation des colons transalpins en Afrique centrale, à l’heure où l’État Indépendant du Congo de Léopold II (1885-1908) régit les destinées de la région7. L’économiste liégeois Emile de Laveleye, italophile notable, proche du politicien Marco Minghetti8, ne correspondait-il pas avec le dirigeant de la Légation italienne à Bruxelles, en 1884, sur la nécessité d’établir une collaboration entre les deux pays en vue de développer les liaisons ferroviaires au Congo9 ? En 1960, près de 4000 colons italiens vivent au Congo Belge, et ont une 6 7 8 9 Sur le déclin colonial italien dès 1945, voir l’article, trop souvent oublié, de GUILLEN (P.), « Le déclin de la puissance italienne à la fin de la seconde guerre mondiale », in Relations internationales, n° 9 (printemps 1977), p. 13-14 ; Pour vue générale : SEGNÉ (C. G.), « Il colonialismo e la politica estera : variazioni liberali e fasciste », in BOSWORTH (R. J. B.), ROMANO (S.) (dir.), La politica estera italiana / 1860-1985, Bologne, Il Mulino, 1991, p. 121-146 ; LABANCA (N.), Oltremare. Storia dell’espansione coloniale italiana, Bologne, Il Mulino, 2002, p. 427-470. RANIERI (L.), Les relations entre l’État indépendant du Congo et l’Italie, Bruxelles, ARSOM, 1959 (mémoire, t. XVIII, fasc. 1. Histoire). DUMOULIN (M.), La correspondance entre Émile de Laveleye et Marco Minghetti (1877-1886), Bruxelles-Rome, IHBR, 1979. ASMAE, n°6, MAE (1861-1887), Serie III (Politica), Belgio, b. 940 (auj. « Moscati VI »), corr. reçue, 4/12/1884. Artikel |Article |Articolo 6 réputation d’entrepreneurs impliqués, industrieux. Ne leur doit-on pas la voie ferrée Matadi-Léopoldville, en service après le premier conflit mondial ? L’Italie est en effet la troisième puissance, après la Belgique et la Grande-Bretagne, en matière d’importations, avec pour pivot leur Chambre de Commerce extérieur de Léopoldville. Quant aux relations italo-belges, au début de 196010, elles ne sont guère au beau fixe. En effet, quatre ans après la catastrophe du Bois-du-Cazier, à Marcinelle, où deux-cent soixante deux mineurs italiens ont perdu le vie, les conséquences judiciaires de l’affaire continuent d’engourdir les relations entre les deux pays. Un procès-fleuve (1959-1962) incarne la stagnation de cette situation11. De plus, en février 1960, il fut un temps question de supprimer le consulat d’Italie à Charleroi (chose faite en 2011), fermeture qui serait, selon l’ambassadeur à Bruxelles, Sergio Fenoaltea12 considéré comme « un segno di disinteressamento e di abbandono della nostra emigrazione 10 11 12 Sur la question : DUMOULIN (M.), « L’historiographie des relations italo-belges depuis 1918 », in DUMOULIN (M.), op. cit., p. 6-16 ; ID., « Les relations italo-belges entre 1925 et 1940. Dans le contexte de l’historiographie récente sur l’Italie fasciste », in DUMOULIN (M.), WILLEQUET (J.) (dir.), Aspects des relations de la Belgique, du Grand-duché de Luxembourg et des Pays-Bas avec l’Italie : 1925-1940, Bruxelles, Comité belge de l’Istituto per la storia del Risorgimento italiano, 1983, p. 5-33. Nous lirons avec des réserves MORELLI (A.), « La Belgique et l’Italie (1930-1940) », in 1940. Belgique. Une société en crise, un pays en guerre. Actes du colloque tenu à Bruxelles du 22 au 26 octobre 1990, Bruxelles, CREHSGM, 1993, p. 121-140. URBAIN (J.), Le procès de la catastrophe du Bois du Cazier 1959-1962, mémoire de licence en histoire, ULB, 2002-2003. Né à Rome en 1908, Sergio Fenoaltea est nommé sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil des ministres, en 1944. Membre de la Consulta Nazionale (1945-1946), ambassadeur à Bruxelles (1959-1961), sénateur social-démocrate en 1976, il décède en 1995 (Annuario diplomatico della Repubblica italiana, Rome, Istituto poligrafico dello Stato, 1963, p. 381 ; ROMANO (S.), Memorie di un conservatore. Il raconto di un secolo nei ricordi di un testimone, Milan, TEA, 2005, p. 62). 3 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | mineraria Belgio da parte del Governo italiano »13. Concernant le Congo, il faut attendre la fin du printemps 1960 pour que Rome se penche sur la question. L’indépendance de la colonie belge semblait inconcevable jusqu’en 1955. Toutefois, depuis cette date, et plus particulièrement depuis 1956, époque à laquelle Paul-Henri Spaak pense à une fédéralisation du Congo, et depuis la montée de partis indépendantistes, la question prend de l’acuité. Par ailleurs, la situation financière de cette possession prête le flanc à la critique. À partir de 1959, suite à discours royal bien connu, et l’enflement de la situaiton, l’indépendance pénétre chaque esprit. L’époque où l’on lançait bwanna kitoko au passage du roi Baudouin, en 1955, est bien lointaine. À l’occasion de la Table ronde belgocongolaise, chargée d’étudier la forme à donner à la séparation entre Métropole et Colonie, Fenoaltea estime pouvoir obtenir du Gouvernement belge qu’un groupe d’économistes et d’industriels congolais visite l’Italie14. Rapidement, l’ambassadeur italien tisse un lien avec un membre de la Table ronde, Gervais Bahizi (1924-1976), meneur de l’Alliance Rurale Progressiste (ARP), jugé comme modéré par les Belges, et ambitionnant de déployer un plan de développement destiné au Kivu, « per il quale vorrebbe cointeressare gruppo italiano »� ajoute Fenoaltea. Le 19 mai, Ferdinando Storchi, futur sénateur et syndicaliste de l’Associazioni Cristiane dei Lavoratori Italiani, attire l’attention de Fenoaltea sur le sort des connazionali italiens du Congo après l’indépendance. Il ne craint pas une vague d’italophobie, mais plutôt les conséquences d’éventuelles luttes tribales. Pour lui, l’activité consulaire transalpine dans la région doit absolument « valorizzare opera nostri connazionali, che potrebbero costituire base nostra futura attività in Congo »�. À Washington, l’ambassadeur italien, Manlio Brosio, est un des agents les plus 13 14 ASMAE, n° 1053, Telegrammi ordinari (dorénavant TO), Belgio (dorénavant B), Fenoaltea au MAE, 13/2/1960 (n° 4511). Idem, Fenoaltea au MAE, 28/4/1960 (n° 13689). Artikel |Article |Articolo 6 attentifs au sort du Congo15. La situation financière de la colonie attire plus particulièrement son attention. Il note que la Banque internationale compte faire un prêt de 40 millions de dollars, garantis par la Belgique, auxquels s’ajouteront, en mai, 9.125.000$ de l’United Trust Cy, de la Banque Lambert et de la Banque de Bruxelles16. Mais la situation économique est mauvaise17. Au sujet de l’indépendance, les premiers rapports y relatifs sont émis par l’ambassade italienne à Bruxelles (que) le 8 juin 1960. Il apparaît que le cœur des préoccupations se cristallise autour du sort des colons italiens, sous la plume du second de l’ambassadeur, le chargé d’affaires ad interim, Milesi Ferretti : Appare necessario poter chiarire connazionali colà dimorati ed aventi impieghi privati quale sarà loro posizione dal punto di vista assicurativo. Anche per corrispondere sollicitazioni interessati, pregasi pertanto voler far conoscere se e quali decisioni sian(m)o [sic] state adottate in merito opportunità proposta al Belgio di negoziare accordo reciprocità al fine assicurare anche a connazionali in Congo garanzia dello stato Belgio per le pensioni18 Il apparaît que le sort des colons italiens employés au Congo pourrait être résolu par un versement de ceux-ci dans les services du Ruanda-Urundi19, qui, sous tutelle belge, ne sera indépendant que le 1er juillet 1962. Concernant la nouvelle ambassade italienne à Léopoldville (qui ne s’appellera Kinshasa qu’en 1965), il a été décidé que l’on y enverrait Piero Franca20. Quant à la situation sur place, elle semble sereine. Le 8 juillet, c’est-à-dire une semaine après la déclaration d’indépendance du Congo, et au lendemain des premières mutineries au 15 16 17 18 19 20 Sur ses activités, il est indispensable de recourir à BROSIO (M.), Diari di Washington (1955-1961), Bologne, Il Mulino, 2008 ; ROGNONI (M.S.), « L’Italie..., op. cit., p. 81. ASMAE, n° 2006, Ambasciata a Washington, Congo belga, b. 43, Brosio au MAE, 6/5/1960 (n° 5903/2003). Idem, Brosio au MAE, 11/3/1960 (n° 2958/1058). Idem, TO, B, Ferretti au MAE, 8/6/1960 (s.n.). Idem, Fenoaltea au MAE, 8/7/1960 (n° 23874). Idem, Grazzi à Fenoaltea, 15/6/1960 (n° 12448). 4 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | sein de la Force Publique, le vice-consul italien à Élisabethville (chef-lieu de la province du Katanga), Tito Spoglia21, est en contact téléphonique permanent avec Bruxelles. Toutefois, les communications entre Léopoldville, Élisabethville et les colons italiens du Kasai oriental et du Kivu sont rompues. Plus préoccupant : tous les messages envoyés depuis Élisabethville doivent transiter par Bruxelles avant de parvenir à Rome. Spoglia s’est renseigné à bonne source et a sondé ses homologues du corps diplomatiques à Élisabethville : le consul britannique a prévu, en cas de troubles, que les femmes et les enfants partiraient en direction du Sud, vers la Fédération de Rhodésie-Nyassaland22 ; l’Américain a calmé ses compatriotes en leur rappelant que des avions étaient prêts à se poser à Élisabethville, Kamina et Stanleyville. Pour sa part, Spoglia se propose de lancer un message, en cas d’émeutes : les femmes et les enfants seraient orientés vers des pays limitrophes. Toutefois, le vice-consul semble avoir peu d’emprise sur ce genre de situation. En effet, il s’avère que les premiers colons à avoir quitté le Katanga n’observent aucune cohérence : certains se dirigent vers la Rhodésie, d’autres vers Brazzaville ou, d’autres encore, en direction du Tanganyika23. Cette question est d’autant plus aigue que la colonie italienne du Katanga est particulièrement appréciée pour sa compétence (entrepreneurs, ingénieurs, menuisiers etc.) et sa bonne 21 22 23 Né à Atina (Frosinone) en 1923, Tito Spoglia était vice-consul à Élisabethville depuis 1958. Il est écrit, à son sujet : « Caduto al suo posto di lavoro durante i disordini dei primi giorni dell’indipendenza. Alla sua memoria è stata conferita la medaglia d’oro al valor civile » (DIANA (P.), op. cit., p. 413-14) ; VAN DER LINDEN (F.), « La participation italienne au développement en Afrique centrale », in Bulletin de l’ARSOM, VIII, 2, 1962, p. 184. Mise en place en 1953 sur un mode différent de la colonie ou du dominion, cette fédération tentative de retardement du départ britannique d’ Afrique australe - ne subsistera qu’une décennie. Elle englobait la Rhodésie (Zimbabwe en 1980), la Zambie et le Malawi, républiques indépendantes en 1964 et 1965. Sur la Fédération et sa dissolution voir FRANGULIS (M. A-F) (dir.), Dictionnaire diplomatique, Paris, Académie Diplomatique Internationale, vol. 2, 1957, p. 983-984, ainsi que le vol. VII édité en 1968, p. 955-962. ASMAE, TO, B, Fenoaltea au MAE, 8/7/1960 (n° 23890). Artikel |Article |Articolo 6 intégration, comme le rappelle un hôtelier, Renato Di Pietro, éprouvant une certaine sympathie pour Tshombé�. À Léopoldville, le consul général italien, Vittorio Mascia, relève, le 18 mai 1960, que la tension, dans le contexte des élections congolaises du 15, est montée d’un cran. Les colons italiens sont inquiets ; des femmes et des enfants quittent déjà le pays. Il a demandé aux Belges de renforcer les troupes métropolitaines et de nommer un ministre qui résiderait au Congo « fino l’indipendenza »�. Lors de la cérémonie organisée à l’occasion de la déclaration d’indépendance du Congo, le 30 juin, la délégation italienne est sensiblement réduite, étant donné qu’elle s’est annoncée avec beaucoup de retard, si bien que celle-ci devra solliciter l’hospitalité du consulat de Léopoldville. Le Président de la République italienne, Giovanni Gronchi, s’entretient avec le premier ministre congolais, Patrice Lumumba. Ils s’échangent des vœux de bonne collaboration, tout diplomatiques24. Le 6 juillet, la Force Publique se mutine à Thysville. Un italien est blessé : Giuseppe Ferretti25. Quant à l’apparente quiétude katangaise, elle est fort éphémère. Le 8 juillet, tout semblait calme. Le 10, l’ambiance devient électrique, et dégénère. La Force Publique se mutine à Élisabethville ; plusieurs colons italiens sont « malmenati e arrestati ma subito liberati »�. On commence à évacuer femmes et enfants. Puis, le 10, vers 9h40, Sergio Fenoaltea reçoit un appel de Rome, lourd de conséquence : Questo ministero esteri mi communica in questo momento che console d’Italia ad Elisabethville è stato ucciso. Attendiamo di momento in momento ulteriori notizie e dettagli26 Cette nouvelle retentit comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Tito Spoglia a été assassiné. Après quelques instants d’incertitude, confirmation est donnée par 24 25 26 Idem, Mascia au MAE, 21/6/1960 (n° 21347), 2/7/1960 (n° 23046). Idem, Mascia au MAE, 6/7/1960 (n°23641). Idem, TO, B, Fenoaltea au MAE, 10/7/1960 (n° 24097). 5 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | l’ambassade de France à Bruxelles, semblet-il mieux informée, par des canaux plus efficaces, sous la direction de Raymond Bousquet27. Cet acte, ce « sacrifice » (bien involontaire) du consul - que Tshombé décrira comme un atto di simpatia !28 provoquant un effet domino, précipite l’évacuation des italiens d’Élisabethville29, encadrés par leur consul, De Franchis. Ce dernier envoie, le 13, un rapport rassurant à Rome, en soulignant que les esprits ne s’échauffent pas, en grande partie grâce à la présence des troupes belges. Mais les communications avec la Péninsule sont toujours coupées ; les instructions ministérielles, pour parvenir au Katanga, doivent transiter par Karthoum30. Le 25, on apprend que 500 italiens ont émigré vers la Rhodésie31. Quelques jours auparavant, Egidio Ortona, représentant italien à l’ONU, parlait déjà de la « dislocazione » de la colonie italienne au Congo32. De Franchis leur rend visite, à Salisbury, chef-lieu de la Rhodésie, et tient un réunion de ce que l’on baptise le Comitato italiano pro-rifugiati33. Artikel |Article |Articolo 6 un rôle de premier rang à Fenoaltea, qui sera un des Italiens - sinon l’Italien - le mieux informé de la question congolaise en Europe. Cet état de fait est en grande partie du au fait que les communications entre l’Italie et le Congo sont pour le moins précaires, sinon inexistantes. Segni ajoute : « V.E. è pregata di restare in contatto con il governo locale onde far qui pervenire i suoi giudizi su gli sviluppi della situazione anche in rapporto alla possibilità d’interventi da parte nostra nel consiglio di sicurezza di cui facciamo parte »�. L’information qui sera recueillie par Fenoaltea, comme il le signale, pourrait refluer jusqu’au niveau le plus élevé, et le plus critique : celui de l’ONU35. Le témoignage d’un jeune colon italien, Bruno Secchia, épicier prospère d’Élisabethville, dont la famille s’installa au Congo au début du XXème siècle, nous donne un aperçu de l’ambiance du moment : « Le 9 juillet 1960 à dix heures du soir, nous jouions au billard à l’hôtel du Katanga, quand on a entendu les premiers coups de feu, l’ordre avait été donné de se réunir, tous les Italiens devaient se réunir au consulat d’Italie. Ce que nous avons fait, en passant par la maison chercher un peu de linge et des affaires de toilette. Et nous avons reçu l’ordre d’aller au collège avec les voitures, de mettre les voiture dans la cour [...] Nous avons pris le dernier convoi qui partait pour la Rhodésie et nous sommes arrivés en Rhodésie, nous avons été très bien accueillis à la frontière directement avec du café, des sandwichs ; puis nous avons été dirigés dans des familles [...] nous ne sommes pas restés longtemps : trois jours. Nous avons décidé avec deux autres copains de rentrer sur Élisabethville. Naturellement, les vieux se moquaient de nous en disant : ‘Oui, vous êtes les premiers à vous enfuir, maintenant vous êtes les premiers à rentrer parce que tout est calme’. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Segni, estime que cette mort est « dovuta alla confusa situazione determinatasi nel Congo »�. Selon le ministre, les énergies doivent converger en direction des colons italiens du Congo, que, à son grand regret, « non possiamo assistere con la prontezza che vorremno che è necessaria »34. D’ailleurs, la plupart des intérêts italiens dans la région, durant la période intense de la crise, dépendra presque toujours de l’étranger, dont les Belges. Enfin, Segni compte faire jouer 27 28 29 30 31 32 33 34 Idem, Fenoaltea au MAE, 10/7/1960 (n° 24099). Idem, TO, Élisabethville, De Franchis au MAE, 13/7/1960 (n° 24912). Sur les suites de la mort de Spoglia et l’ambiance qui régnait à Élisabethville, au sein de la colonie italienne, il convient de consulter le témoignage, certes un peu confus, du futur conseiller de Tshombé, SPANDRE (M.), « Rêver de voir l’Europe », in GIORDANO (R.) (dir.), op. cit., p. 140 et sv. ASMAE, TO, Élisabethville, De Franchis au MAE, 13/7/1960 (n° 24912). Idem, De Franchis au MAE, 26/7/1960 (n° 26195). Idem, TO, ONU, Ortona au MAE, 16/7/1960 (n° 25089). Idem, TO, Élisabethville, De Franchis au MAE, 26/7/1960 (n° 26310). Ibidem. 35 Sur l’Italie à l’ONU à cette époque : VILLANI (A.), L’Italia e l’ONU negli anni della coesistenza competitiva : 1955-1968, Padoue, CEDAM, 2007, p. 119-126 ; VISMARA (M.), L’azione politica delle Nazioni Unite 1946-1976, vol. 2, Padoue, CEDAM, 1983, p. 1177-1179. 6 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | Nous sommes arrivés l’après-midi à quatorze heures à Élisabethville : c’était vraiment la ville morte, comme on voit dans les westerns un peu, avec l’asphalte qui fume [...] On sentait une atmosphère vraiment de film western, quand le bandit arrive et que tout le monde se cache »�. Le 11 juillet, Moïse Tshombé proclame la sécession du Katanga, en opposition à l’état central de Léopoldville, dirigé par le Président Joseph Kasavubu et, surtout, le premier ministre, Patrice Lumumba. Rapidement, ce Katanga, que la Belgique se garde de reconnaître officiellement, au risque de rompre avec l’ensemble de la communauté internationale à l’ONU, est considéré comme un îlot pro-occidental en Afrique centrale, sous les auspices de la toute-puissante Union Minière du Haut-Katanga (UMHK). Le Département belge des Affaires étrangère réagit promptement à cette nouvelle donnée. Le Directeur des Affaires Politiques, Amaury Holvoet, reçoit les ambassadeurs britannique, français, italien, néerlandais, américains, luxembourgeois et de RFA, pour leur stipuler que Bruxelles s’oppose à la sécession. Bien que, comme on le sait, de nombreux mouvements venus du Gouvernement belge, jusqu’en avril 1961, iront dans le sens voulu par Tshombé36. Au surplus, Holvoet demande que les représentants assurent que leur pays feront de même : seul le britannique, John Nichols, répond par l’affirmative37. L’heure est à l’action, certes, mais aussi à la réflexion. Il faut digérer cette actualité bousculée. À l’ambassade italienne à Bruxelles, la tension monte dans le bureau de Sergio Fenoaltea. Cet ambassadeur de seconde zone est, depuis une semaine, par la force des circonstances, poussé sur le devant de la scène diplomatique internationale. Il se rend fréquemment au Cabinet du ministre belge des Affaires étrangères, le PSC Pierre 36 37 Relevons que, dans les rapports diplomatiques italiens, en majeure partie des télégrammes, les noms congolais sont fort souvent malmenés. Ainsi, sommes-nous confronté à des « Lovumba » et des « Tshonibe ». ASMAE, TO, B, Fenoaltea au MAE, 11/7/1960 (n° 24233). Artikel |Article |Articolo 6 Wigny, et converse longuemment avec son chef de cabinet, Constant Schuurmans. Le matin du 9 juillet, Wigny avait déjà rassuré l’Italien sur le fait que les troupes belges en mission au Congo contribueront à rapatrier tous les européens restés sur place. La principale crainte de Fenoaltea est que cette évacuation ne se limite qu’aux seuls Belges. Par ailleurs, il tente d’obtenir plus de détails sur la mort de Spoglia à Élisabethville où, selon le diplomate, les Belges sont au pouvoir. Selon lui38. Hodie mihi cras tibi : le temps des votes et des épées de Damoclès Dès le 14 juillet 1960, à l’heure de la rupture des relations diplomatiques Léopoldville-Bruxelles (jusqu’en décembre 1961), un autre acteur, et de poids, fait son entrée dans la question congolaise : l’ONU. Ce-même jour, une première résolution du Conseil de Sécurité, à laquelle s’oppose, par abstention, le représentant français, est votée39. Cette décision, qui sera appliquée, tend à mener à une prochaine intervention militaire de l’ONU au Congo (ONUC) et au retrait des troupes belges de la zone. La Belgique ne peut que s’y plier40. Quid de Rome ? L’Italie vote en faveur de la résolution, mais il s’agit plutôt d’un acte raisonné que d’un élan passionnel. On constate que le représentant italien à l’ONU, Egidio Ortona, a tenté d’amender la résolution, de telle façon qu’elle soit plus acceptable pour les Belges41. D’ailleurs, il s’agit davantage d’un « oui, mais... » que d’un « oui » franc et clair. En effet, un rapport d’Ortona nous apprend qu’il a joint un texte à son vote, accompagné d’une déclaration, dans lesquels il rappelle que la sécurité du Congo ne pourrait être assurée par les troupes de l’ONU ; au surplus, il note que les troupes belges sont les plus aptes à maintenir l’ordre42. Le représentant belge à l’ONU, Walter Loridan, remercie 38 39 40 41 42 Idem, Fenoaltea au MAE, 14/7/1960 (n° 24759). ORTONA (E.), Anni d’America, Bologne, Il Mulino, 1980, p. 393. ASMAE, TO, B, Fenoaltea au MAE, 15/7/1960 (n° 24871). ASMAE, n° 1056, TO, ONU, vol. I, 1960, Ortona au MAE, 14/7/1960 (n° 24610). Idem, Ortona au MAE, 14/7/1960 (n° 24758). 7 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | Ortona pour ces mots ; ce dernier, quant à lui, tente de justifier son « oui », entre autres raisons, parce qu’il ne fallait pas de « procrastinazione » à une heure aussi grave. Rome a bien conscience que s’isoler, au nom de l’œuvre coloniale belge, de l’action occidentale en Afrique noire, et, surtout, de la solidarité à l’égard d’un autre membre de l’OTAN, pourrait lui nuire singulièrement sur d’autres tableaux, à l’instar du Marché Commun. Si, en 1960, les grandes crises du Marché n’ont guère encore pointé (question du préalable anglais, en 1961, crainte d’un axe Paris-Bonn43, en 1962, rejet de l’adhésion britannique par la France en 1963 etc.), cette Union reste toutefois fragile. Par ailleurs, n’oublions pas que l’Italie est également partie prenante dans une question qui figure à l’ordre du jour de l’ONU, à savoir celle du Haut-Adige44. Elle doit donc agir cum 43 44 GENIN (V.), « La Belgique face au traité de l’Élysée (1962-1963). Axe Paris-Bonn ou influence de Bruxelles ? », in Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, t. 45 (2013/1), p. 185-200. ASMAE, n° 2024, Ambasciata a Parigi, b. 92, 1960/R4/3 - Alto-Adige. Le contentieux austroitalien sur le Haut-Adige remonte au traité de Versailles, à l’issue duquel il a été décidé que cette région (jadis le Sud Tyrol) serait annexée à l’Italie, jusqu’au col du Brenner. Toutefois, la grande question, au lendemain du premier conflit mondial était plutôt celle de la Vénétie julienne, et, bien entendu, le sort de Fiume. Après 1945, la polémique autour de la zone revient avec acuité. En effet, un accord austro-italien (De GasperiGruber) 1946 accorde une liberté linguistique et scolaire, qui s’avère rapidement insuffisante. Dès 1959, le Sudtiroler Volkspartei reproche à Rome de ne pas respecter ces accords, et trouve l’appui du gouvernement de Vienne. Des attentats mettent fin au calme relatif du Haut-Adige, et poussent Vienne, vers 1960, à renégocier le statut de la région, l’éphémère Alpenvorland des nazis, dont les germanophones demandent une plus grande autonomie au gouvernement italien. Il fallut le Pacchetto de 1971 pour que la situation se stabilise (CACACE (P.), Venti anni di politica estera italiana (1943-1963), Rome, Bonacci, 1986, p. 525-527 ; DUROSELLE (J.-B.), Histoire des relations internationales de 1919 à 1945, t. 1, Paris, Armand Colin, 2001, p. 16 et sv. Sur le débat historiographique : SCARANO (F.), « Di chi è l’Alto Adige ? Una disputa tra storici italiani e tedeschi », in Limes, n° 5, 2002, p. 199-207). Artikel |Article |Articolo 6 magna cautela45. Se tailler une place bien propre sur la scène internationale, en reconnaissant les États nouvellement indépendants, tout en ne bradant pas, par la même occasion, sa place, encore récente, donc fragile, au sein de l’ONU et de l’OTAN46. Comme le note Fenoaltea, attirant l’attention su ripercussioni negative che potrebbero avere su sviluppi politici europeistici nostri atteggiamenti in votazione ONU, quali apparissero prescindere da particolari legami Europa a ei o addirittura contraddirvi : è un problema che non si pone agli Stati Uniti d’America, ma si pone a noi47 Par ailleurs, depuis le Ministère italien des Affaires étrangères, Emmanuele Grazzi48 communique à ses ambassadeurs à Paris et à Bruxelles la résolution de l’ONU49. Le principal regret exprimé par Rome est le fait que les Belges n’aient pas déclaré, en guise de prétexte de l’envoi de leurs troupes, qu’il s’agissait d’une action humanitaire, et Grazzi ajoute « abbiamo detto a Fenoaltea di suggerire, se ancora in tempo, governo belga di emanare qualche dichiarazione di 45 46 47 48 49 Le lien entre le Congo et le Haut-Adige figure clairement sous la plume d’Ortona : « Io (mi) sono trovato in sostanza dissociato da potenze colonialiste, ma associato a stati uniti, africani e latino-americani – ovviamente francesi e belgi averbbero preferito mia astensione. Ho curato però in opportuna dichiarazione di voto di spiegare sopratutto che avevo approvato risoluzione su basi circonstanze esposte da delegato belga secondo cui truppe belghe sarebbero state ritiratte solo dopo che fossero risitabiliti in Congo ordine e sicurezza a seguito intervento Nazioni Unite. Ho anche ovviamente tenuto presente opportunità assumere, in circonstanze determinatasi, atteggiamento che non affermasse (manca) paesi membri del largo gruppo afro-asiatico in vista di contatti che dovremo intensificare con loro […] questione Alto Adige » (ASMAE, n° 1056, TO, ONU, vol. I, 1960, Ortona au MAE, 14/7/1960 (n° 24666)). ROGNONI (M.S.), « L’Italie..., op. cit., p. 85. ASMAE, TO, B, Fenoaltea au MAE, 20/7/1960 (n° 25522). Celui qui, en octobre 1940, avait présenté l’ultimatum de Mussolini au général Metaxas, suite au refus duquel la guerre fut déclenchée entre l’Italie et la Grèce. ASMAE, TO, B, Grazzi à Bruxelles et Paris, 16/7/1960 (n° 15018). 8 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | tale tenore »�. Par ailleurs, la diplomatie italienne tente de convaincre Bruxelles de ne pas reconnaître unilatéralement le Katanga, afin de ne pas mettre en danger les colons. En tout cas, il semble qu’une attitude commune soit prônée par Rome50. Il semble qu’entre le 15 et le 20 juillet, la Farnesina hésite dans l’attitude à adopter à l’égard de cette question. La lenteur de la prise de décision italienne n’est sans doute pas indépendante de la situation politique interne de la Péninsule. En effet, le Gouvernement de Fernando Tambroni (Démocrate chrétienne), soutenu par les voix du Movimento Sociale Italiano (MSI), classé très à droite, a été installé en mars 1960, mais, en cette mi-juillet, sa stabilité est plus que précaire. La situation s’est envenimée depuis un mois, et l’imprimatur donné par Tambroni aux assises du MSI à Gênes, ville dont il n’est pas nécessaire de rappeler l’implication dans la Résistance et reconnue pour son antifascisme. De Rome à la Calabre, des manifestations de protestation se font jour, et sont réprimées roguement par les autorités. Peu à peu abandonné par la DC et discrédité, Tambroni démissionne le 19 juillet. Il est fort probable que cette tension politique et sociale, ayant donné lieu à regain d’antifascisme remarquable, ait été une des causes, sinon la cause, dans le caractère quelque peu brouillon de la diplomatie italienne à l’ONU, bien que Segni ait conservé son maroquin51. L’hypothèse, du moins, mérite d’être énoncée. Le 21 juillet, à la veille du vote d’une seconde résolution, le secrétaire général italien des Affaires étrangères, Carlo Alberto Straneo, donne plusieurs instructions à son ambassadeur à Bruxelles, suite à une délibération du conseil des ministres transalpin. En substance : 50 51 Ibidem. CRAINZ (G.), Storia del miracolo italiano. Culture, identità, trasformazioni fra anni cinquanta a sessanta, Rome, Donzelli, p. 169-179 ; GINSBORG (P.), A History of Contemporary Italy. Society and Politics, Palgrave, MacMillan, 2003, p. 254-259 ; VILLANI (A.), op. cit., p. 122. Artikel |Article |Articolo 6 1. Affirmation ferme de la nécessité de maintenir les troupes belges au Congo, afin de protéger les colons, en attendant l’arrivée des troupes de l’ONU 2. Laisser en suspend la question des bases. 3. Ne pas ne prononcer sur l’indépendance du Katanga (notons que Rome ne condamne pas la sécession). 4. Esercitare azione di freno su colleghi del consiglio di sicurezza non favorevoli ad azione belga52. Manifestement, depuis le vote du 14, en faveur de la résolution, Rome change sensiblement son fusil d’épaule. Elle soutient davantage Bruxelles et s’engage même à faire du prosélytisme dans ce sens ; toutefois, servir la Belgique, c’est également se servir : le maintien des troupes belges est la planche de salut la plus rapide et la moins risquée en vue d’évacuer les lavoratori italiani. Quant au Katanga, il est à l’ordre du jour d’un échange entre Tshombé et le second de De Franchis, Benardelli. Le premier katangais compte sur Rome pour « appoggiare aspirazioni autonomismo attuale governo Katanga »53. Quant à d’Aspremont Lynden, homme-clé de la Mission Technique belge au Congo, et futur ministre des Affaires africaines, en septembre 1960, s’il ne sollicite pas ouvertement la reconnaissance italienne du Katanga, il précise à Benardelli que Bruxelles souhaite soutenir une consitution confédérale du Congo « contando appoggio paesi occidentali altrimenti tra sei mesi regnerebbe caos e Congo entro un anno diventerebbe preda piu deletterio communismo ». Le message à destination de Rome est à peine sibyllin. Cette attitude se comprend par un rappel élémentaire de realpolitik. L’Italie ne peut pas rompre avec Bruxelles sur le dossier congolais, même au sein de l’ONU. En effet, en ce dernier tiers du mois de juillet, 52 53 ASMAE, TO, B, Straneo à Bruxelles, 21/7/1960 (n° 16821). Idem, TO, Élisabethville, De Franchis au MAE, 26/7/1960 (n° 26358). 9 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | l’évacuation de l’ensemble des colons italiens du Congo, et plus particulièrement du Katanga et du Ruanda-Urundi, dépend des forces Belges. Les opérations sont assurées par trois DC7, qui, chaque jour, rapatrient les colons italiens. Rome doit donc impérativement ménager les Belges. Ou, du moins, ne pas s’y opposer ostensiblement54. C’est ce qu’elle fera au cours de la résolution de l’ONU du 22 juillet, pour laquelle elle vota toutefois, en souhaitant un « retrait rapide » (et non « immédiat », épithète initial) des troupes belges du Congo55. L’ambassadeur italien à Paris, Léonardo Vitetti, estime que soutenir la sécession, ce serait donner raison à l’URSS sur ses appréhensions à l’égard de l’Ouest, d’une part, et, d’autre part, livrerait en pâture aux Soviétiques le reste du Congo, économiquement affaibli56. Lorsque Pierre Wigny revient de New-York, il ne dissimule pas son amertume, et parle de « satisfaction mitigée ». Certes, Paris et Londres semblent derrière Bruxelles, mais Rome s’en est clairement distanciée57. Le 29, tous les Italiens de l’Est du Congo ont été évacués, dix jours après ceux de Léopoldville58. Dans un autre registre, les Italiens sont mobilisés par l’ONU afin de fournir, dans la veine du rôle qui leur était alloué au Congo, une aide sanitaire, par la constitution d’une Unità medica militare italiana per il Congo. Une centaine de lits seront fournis par Rome, à destination de Stanleyville59. 54 55 56 57 58 59 Idem, TO, B, Fenoaltea au MAE, 22/7/1960 (n° 25834). Une précision. Maria Stella Rognoni, dans un de ses articles, souligne que, le 9 août 1960, à l’occasion d’une troisième résolution du Conseil de sécurité (cfr. infra), la France s’abstient et « avait été parfaitement en ligne avec la position de Paris dès le début de la crise ». Pas tout à fait. En effet, si Paris s’est abstenu le 14 juillet, le 22, en revanche, elle a voté en faveur de la résolution, afin de ne pas s’isoler, et avec l’accord, certes mâtiné d’amertume, de la Belgique (ROGNONI (M.S.), « L’Italie..., op. cit., p. 87 ; GENIN (V.), « La politique étrangère..., op. cit., p. 9192). ASMAE, n° 2024, Ambasciata a Parigi, b. 92, 1960/R8/3-21, Congo belga, Vitetti au MAE, 22/7/1960 (tél. n° 647). ASMAE, TO, B, Fenoaltea au MAE, 24/7/1960 (n° 26093). Idem, TO, Léopoldville, Mascia au MAE, 19/7/1960 (n° 25395). Idem, TO, ONU, Ortona au MAE, 17/7/1960 (n° 25126) ; 22/7/1960 (n° 25793). Artikel |Article |Articolo 6 Il apparaît de plus en plus, notamment aux yeux de l’opinion belge, que le seul soutien ferme que la Belgique ait pu trouver dans la crise congolaise, c’est bel et bien celui de la France. L’Italie ne figure nulle part. Elle occuperait, à la rigueur, la place d’une puissance qui s’est abstenue de réagir et d’accabler Bruxelles ; de se joindre à la curée. Cette tendance se confirme à la lecture de l’éditorial de Paul Struye, dans Libre Belgique, intitulé « La fosse aux lions », et dans lequel il ne trouve de grâce qu’au général de Gaulle, et suggère une remise en cause de l’OTAN60. De plus, particulièrement bien informé, par un nommé Paganelli, Fenoaltea apprend que Pierre Wigny s’est rendu à Paris le 1er août, sans plus de précision. En fait, il s’agissait, d’une démarche destinée à davantage sensibiliser le Quai d’Orsay à la question congolaise et, in fine, à ce que les Six s’unissent dans le même sens. Toutefois, Wigny n’en recueillit aucun fruit61. L’ambassadeur italien à Paris, Vitteti, confirmera cette visite, à la suite de laquelle il rencontre Maurice Couve de Murville, ministre français des Affaires étrangères. Il en ressort, sur la question charnière du Katanga, que « L’attegiamento francese su queste questioni è molto cauto e lo è particolarmente per quanto concerne il Katanga che, Couve mi ha detto, deve essere considerata e trattata come una questione interna del Congo ». Paris, qui, par ailleurs, relativise la menace d’influence soviétique sur l’Afrique centrale62, attiédit donc son soutien aux Belges63. Quelques jours après le retour de Wigny à Bruxelles, comme on le sait, une grave crise ministérielle, qui ne trouvera son terme que le 10 août, sera en particulier due à la question épineuse de la reconnaissance ou non du Katanga par la Belgique. Le roi Baudouin a songé à former un cabinet d’affaires, auquel auraient participé Paul Van Zeeland et Paul-Henri 60 61 62 63 Idem, TO, B, Fenoaltea au MAE, 3/8/1960 (n° 27378). GENIN (V.), « La politique étrangère..., op. cit., p. 95. ASMAE, n° 2024, Ambasciata a Parigi, b. 92, 1960/R2/52 Francia. Miscellanea di politica estera, Vitteti à Segni, 23/7/1960 (n° 226). ASMAE, n° 2024, Ambasciata a Parigi, b. 92, 1960/R2/8 Francia-Belgio, Vitteti au MAE, 1/8/1960 (n° 1043/992). 10 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | Spaak. Toutefois, ces deux derniers ne parviendront pas à se concilier. Voici ce que retire Fenoaltea - un peu optimiste - de la situation, et de la crise, dans ses liens avec la politique intérieure belge, et des solutions envisagées : Questo (Quanto?) a suo sbocco se e quando essa dovesse verificarsi per Governo unione nazionale con participazione dei tre partiti nonchè di personalità ex o extra parlamentari (Van Zeeland, Snoy ecc. : a tal proposito si fa anche ipotesi di ritorno di Spaak) [...] D’altra parte socialisti e in particolare loro base non sembrano favorevoli immediata assunzione responsabilità di Governo : quei dirigenti che lo sono, ba(o)dano [sic] piuttosto a una partecipazione a dua con i social cristiani che a un Governo altro con i liberali ; in tale senso è del resto orientata anche una parte dei social cristiani fra cui viene generalmente annoverato lo stesso presidente partito Lefevre. Ed è il timore di aprire la strada a tale eventualità che ha sino ad ora frenato velleità partito liberale di scindere, anche se tardivamente, propria responsabilità da politica in Congo imponendo dimissioni ai suoi ministri64. Aux yeux du diplomate italien, la crise pourrait se résorber à l’automne. De plus, il estime que toute démarche du Roi ne serait pas une bonne initiative ; cela lui semble d’ailleurs improbable65. Estime-t-il, in petto, que le Roi n’aurait pas du susciter cet éventuel cabinet d’affaires ? Ou, doiton comprendre que Fenoaltea savait que la volonté de rallier la France à la Belgique sur le dossier congolais, le 1er août, était une volonté expresse de Laeken ? La question reste ouverte, mais ces hypothèses ne sont pas à exclure. Plusieurs documents secrets de la Farnesina, et de ce fait indéchiffrables, rédigés durant la dernière semaine de juillet, pourraient éclaircir de point. 64 65 ASMAE, TO, B, Fenoaltea au MAE, 7/8/1960 (n° 27971). Ibidem. Artikel |Article |Articolo 6 Le vote du 9 août. Un changement de cap ? À partir de la mi-août 1960, la première phase de la crise congolaise s’est consumée. La deuxième axe son focus sur la question du Katanga, certes latente jusque là. S’il est permis de gloser sur le retrait des troupes belges, l’application du traité d’amitié belgo-congolais du 29 juin 1960 ou le sort des bases de Kamina et Kitona, le Katanga reste un point d’interrogation, un terrain miné sur lequel chacun attend que l’autre s’aventure, et, finalement, s’y brûle les ailes. Sergio Fenoaltea est particulièrement attentif à la rumeur, souvent relayée par la presse, selon laquelle la Belgique proposerait à l’ONU de lancer la procédure menant à la tenue d’un référendum dans la province sécessionniste du Katanga. Toujours sur ses gardes, il se rend au cabinet de Pierre Wigny, et obtient plus de réassurances, tout en n’excluant pas que le secrétaire général des NU, Dag Hammarsjoeld, pourrait mettre ce projet en application66. Le 13 août, une nouvelle visite rendue à Wigny nous livre un élément intéressant, qui n’est certes pas une découverte, mais une preuve supplémentaire de la politique bicéphale de la Belgique à l’égard du Katanga. S’il ne faut pas le reconnaître officiellement, une reconnaissance de facto est prônée a mezza voce. Le ministre assure l’Italien que Tshombé n’est pas un uomo di paglia et, plus important : « se Tshombé si dimostrerà e prudente e intelligente, autonomia del Katanga si potrà affermare e riflettersi su altre province rendendo possibile assicurare equilibrata unità congolese nel quadro federativo e confederativo 67». Comment être plus clair ? Dès le mois de septembre 1960, la situation, à plus d’un égard, évolue sensiblement. Une nouvelle phase s’ouvre, et, sort de notre propos, que nous avons délibérément arrêté à la mi-août. En effet, d’une part, à Bruxelles, l’échec du cabinet d’affaires reconduit certes le gouvernement du PSC/CVP Gaston Eyskens. Mais, au 66 67 Idem, Fenoaltea au MAE, 7/8/1960 (n° 27972). Idem, Fenoaltea au MAE, 13/8/1960 (n° 28955). 11 |FORUM ROMANUM BELGICUM | 2013 | début de septembre, le ministre des Affaires africaines, August de Schryver, est remplacé par Harold d’Aspremont Lynden, favorable à la sécession du Katanga. Patrice Lumumba, pour sa part, le 5 septembre, est limogé par le Président Kasavubu et remplacé par Joseph Iléo. Enfin, concernant les soutiens étrangers à la Belgique, il s’avère que les mois de septembre et d’octobre représentent un tournant dans l’attitude de la France. Si, jusqu’ici, cette dernière n’a pas dissimulé sa compréhension, voire sa sympathie, à l’égard de la Belgique, il semble que, de peur que cette attitude ne lui porte préjudice dans le dossier algérien, qui sera bientôt porté devant l’ONU, elle opère un reflux et ne soutienne plus que mollement sa voisine belge. Quant à l’Italie, cœur de notre propos, après avoir voté en faveur des résolutions de l’ONU en juillet 1960, elle change, certes temporairement, de cap, lors du vote du 9 août, qui décide de l’évacuation des troupes belges du Katanga et de l’entrée de l’ONUC dans cette province. En effet, Rome s’abstient à ce troisième vote. La principale raison de cette abstention est intimement liée à l’image que la Péninsule voulait dégager aux yeux de la communauté internationale. Par cette abstention, elle souhaitait montrer que, pour elle, le champ d’action de l’ONU avait des limites qu’il ne fallait pas dépasser. Il s’agissait surtout, dans le cas congolais, d’éviter que l’ « ONU non ha connessione alcuna con problemi costituzionali Congo chez debbono considerarsi questione interna da regolarsi tra congolesi »68. C’était bien entendu une allusion subtile à l’attitude que celle-ci aurait à adopter dans le dossier suivant à l’ordre du jour : le Haut-Adige. Quant au prétexte invoqué par Ortona pour son abstention, ce dernier invoque, non sans sincérité, la nécessité que le retrait des troupes belges se fasse progressivement, au gré de l’arrivé de l’ONUC69. Il se dégage de cette attitude bicéphale, dichotomique, une constante de la diplomatie italienne, qui, disons-le d’emblée, n’en a pas l’apanage. En effet, si elle suit l’ONU 68 69 ASMAE, TO, ONU, Ortona au MAE, 9/8/60 (n° 28189). Idem, Ortona au MAE, 9/8/60 (n° 28191). Artikel |Article |Articolo 6 dans la plupart de ses décisions, en ne souhaitant pas apparaître, quinze ans après le fascisme, comme un « mauvais élève » de l’échiquier international, l’Italie n’en oublie pas pour autant ses intérêts nationaux. Elle pratique ainsi l’« intériorisation », à savoir l’importance donné aux questions nationales dans les enjeux internationaux ; realpolitik oblige. Cette abstention, émanant de la volonté de Segni et de Fanfani, nouveau Président du Conseil depuis juillet, n’était pas du goût d’Egidio Ortona, représentant italien au Conseil de sécurité, ayant reçu ses instructions du secrétariat général du Ministère, par téléphone70. Comme il le souligne : « J’ai voté avec la France, écrasé sous le poids de lourdes préoccupations. Nous sommes les deux seuls à nous abstenir. Le ministère sera content, mais moi j’ai perdu 70% de ce que j’avais gagné avec les Afro-asiatiques et que j’avais cherché à cultiver même par le biais de mon action dans le DAG. J’en suis triste et indigné. C’est ainsi que l’on détruit le travail patient de plusieurs mois »71. Manifestement gêné par ce vote de discipline à l’égard de son administration, Ortona tient à rappeler que, malgré tout, il est d’accord « con le linee principali del testo »72 de la résolution du 9 août... Par la suite, dès septembre, suite à l’énergique remise en cause du secrétaire général de l’ONU par Moscou, Rome se rapprochera fermement, cette fois-ci, des résolutions du Conseil de sécurité. Et elle plaidera fermement en faveur de l’unité du Congo, option à laquelle Paris se ralliera... avec un temps de retard73. Une nouvelle phase de la crise congolaise s’ouvre. 70 71 72 73 Ibidem. ORTONA (E.), op. cit., p. 393. ASMAE, TO, ONU, Ortona au MAE, 10/8/60 (n° 28391). GENIN (V.), « La politique étrangère..., op. cit., p. 98 et sv. 12