Prix des Meilleurs Éleveurs

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Prix des Meilleurs Éleveurs
Prix des Meilleurs Éleveurs
Le Prix des meilleurs éleveurs est une tradition de nos
assemblées générales.
C’est l’occasion de témoigner nos félicitations et nos
encouragements à des éleveurs qui effectuent leur
travail dans le respect des animaux qu’ils élèvent et de
l’environnement dans lequel ils vivent.
Cette année encore, en souvenir de son mari, le
Docteur Boris KLOTZ, Madame Maria del Rosario
KLOTZ a doté le Prix des meilleurs éleveurs qui
récompense trois élevages distingués par l’O.A.B.A.
Madame Maria del Rosario KLOTZ est absente pour
des raisons de santé. Nous lui exprimons, avec notre
reconnaissance et notre amitié, nos vœux de meilleure
santé.
Monsieur DALOU
Eleveur de volailles
à Béziers, dans l’Hérault
Frédéric FREUND :
Je me suis présenté, le vendredi 27 janvier 2006, chez
Monsieur Eric DALOU, chemin de Luch, route de
Narbonne à Béziers.
J’ai fait la connaissance de cet éleveur de volailles par
l’intermédiaire de mes parents qui lui achètent
pintades et poulets au marché d’Agde (distant
d’environ 40 km du lieu d’élevage).
L’élevage se compose de 7.000 volailles (poulets et
pintades) dont 500 poules pondeuses.
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L’exploitation a une surface de 4 hectares dont
1 hectare pour les volailles et 3 hectares pour le
potager (les légumes sont également vendus sur le
marché). Trois personnes sont employées par
Monsieur DALOU pour s’occuper des animaux et
vendre les produits sur les marchés.
Les volailles sont élevées en plein air avec un abri pour
chaque parc grillagé (bâtiments entièrement paillés et
ventilés avec abreuvoirs automatiques) : les volailles
ont accès à l’air libre. Si elles veulent passer la nuit
dehors, cela ne pose pas de problème. Les bâtiments
peuvent contenir jusqu’à 1.400 bêtes, mais chaque
enclos contient 800 bêtes au maximum. Il n’y a donc
aucun problème de densité, d’autant que les animaux
ne sont jamais tous dehors ou tous dedans. En
moyenne, il y a 7 bêtes par m2. A noter que les
pintades sont logées dans la pinède, ce qui les laisse à
l’ombre pendant l’été.
L’alimentation se compose de blé et maïs avec un
complément de tourteau de colza. Monsieur DALOU
n’achète pas de soja car il n’a pas l’assurance d’obtenir
du soja non transgénique. Conséquence : la croissance
est moins rapide. Ceci dit, il ne semble pas pressé car
ses animaux sont élevés pendant 120 jours minima.
Pour éviter les transports de ses volailles à l’abattoir,
Monsieur DALOU s’est doté d’une tuerie particulière
qui correspond aux normes UE (paquet hygiène) :
chaîne automatique, bac de récupération, sols lisses,
stérilisateur, inox... Il a acheté un dispositif qui
permet la suspension des volailles, leur immersion
dans le bac à eau et leur électrocution. Ensuite les
volailles sont saignées, trempées puis plumées et
éviscérées. Elles sont conservées dans deux chambres
froides.
L’abattage a lieu deux fois par semaine pour une
production hebdomadaire d’environ 140 animaux. La
chaîne peut traiter jusqu’à 500 volailles par heure.
Mais Monsieur DALOU avec une employée, se
contente d’une cadence de 80/heure.
truites fario et omble chevalier (souche pure du
Léman, espèce menacée). L’omble chevalier a une
morphologie comparable à celle de la truite, c’est une
espèce d’eaux froides, extrêmement sensible à la
pollution.
Cet élevage est naturel de la naissance à l’abattage,
sans aucun traitement.
Les volailles sont exclusivement vendues aux
particuliers sur les marchés de la région.
Conclusion : élevage comme à la campagne, à la sortie
de la ville de Béziers. Très peu d’odeurs, animaux bien
élevés, détenus dans de bonnes conditions. Monsieur
DALOU a obtenu une dérogation à l’obligation de
rentrer les volailles (peste aviaire), comme 90 % des
éleveurs du département précise-t-il. La DSV 34
(service sanitaire des aliments : Madame BELLOCQ)
nous a précisé qu’il n’y avait aucun problème à
signaler chez cet éleveur.
Il se compose d’un bassin pour chaque type
poisson du même âge et de 6 grands bassins
”escaliers” en cascade dans la pente. Ces bassins
sont pas couverts, ce qui crée un problème avec
prédateurs (hérons). Un bassin est réservé pour
sujets aptes à la vente directe.
de
en
ne
les
les
Pour la production d’alevins, un local est
spécialement équipé à cet effet, couvert, à l’abri de la
lumière pour l’incubation et l’éclosion des œufs et la
possibilité d’obtenir une ”gamme de températures”
d’eau.
Merci. Merci à tout le monde, je ne suis pas habitué
à parler au micro, je suis plutôt un campagnard
d’ailleurs et pour moi élever des bêtes en liberté c’est
une évidence donc et l’élevage intensif m’horripile un
peu. Je trouve qu’en France on a tout ce qu’il faut
pour faire de l’élevage extensif : on a suffisamment de
terres. Donc les agriculteurs sont de grands garçons en
espérant que plus tard il y ait de moins en moins
d’élevages intensifs et qu’on mange du bon avec des
bêtes bien élevées et bien abattues sans souffrance.
Monsieur et Madame MINANA
Eleveurs de poissons
à Lodève, dans l’Hérault
Charles TOUGE :
Monsieur et Madame MIÑANA élèvent depuis 1998
des poissons à Lodève, au pied du Larzac 2 rivières :
Le captage d’eau est fait en amont près d’une cascade
et de sources. L’eau est amenée par des conduites en
matière plastique et des canaux à ciel ouvert, jusqu’à
la pisciculture.
C’est une rivière argilo-calcaire et une rivière
volcanique qui tamponnent le pH à 7,3 au lieu de
7,6. La température de l’eau reste inférieure à 15°C
(5°C en hiver et 13°C en été). Pendant l’été 2003
apport « forcé » à partir d’une source fraîche selon le
comportement des sujets.
Pour nettoyer le sous-bois, des moutons (3 femelles et
un mâle) ont été recueillis pour éviter qu’ils ne soient
abattus…Un jeune bouc est isolé pour éviter des
conflits entre les animaux. Ils sont tous sous abris,
avec nourriture et abreuvement, en bénéficiant de
clôtures efficaces, parfois endommagées par les
sangliers. Le chien de garde a été recueilli à la SPA...
Ces éleveurs de poissons mettent un point d’honneur
à rester le plus près possible de la nature, au point que
l’épuisette, servant à la capture des animaux, est en fil
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et non en matière plastique ”pour ne pas abîmer les
écailles des sujets qui ne correspondent pas à la
portion et seraient remis à l’eau, ce qui ne les blesse
pas” explique le propriétaire des lieux. Le désinfectant
utilisé est à base d’huiles essentielles pour ne pas
”polluer” l’environnement.
Du fait des sujets élevés et de la volonté des éleveurs
de ne pas se laisser tenter par la productivité, les
normes classiques en pisciculture ne sont pas
respectées : au lieu de 50 kg / m3 et label bio 17 kg /
m3 ils produisent 3 kg / m3. D’ailleurs un article paru
dans ”Le Monde” avec les informations qu’il contenait
les a fait mettre au banc de la profession...
Ce jeune couple d’éleveurs est arrivé sur les lieux sans
électricité ni chauffage. Ils vivent actuellement en
autonomie complète grâce à des panneaux solaires. Le
bois de chauffage est produit sur place. La
commercialisation se fait actuellement avec des
poissons entiers. Leur souhait est de pouvoir
rapidement accéder à la transformation de leur
production. Un gros marché Suisse pourrait alors
s’ouvrir… Un projet d’abattage et de transformation
est en cours. Madame MIÑANA a suivi un stage
HACCP dans ce but. Le bâtiment existe, reste à
réaliser l’aménagement.
De par leur soucis de préserver l’environnement, de
mener leur élevage à ”l’écoute”, à l’observation
constante du comportement de leurs animaux et de
l’engagement de ne pas traiter eau et animaux destinés
à la consommation, la pisciculture ”Les Plans” mérite
le Prix des meilleurs éleveurs.
instinctivement qu’on a toujours pris en compte le
bien-être animal et donc cela a toujours été un souci
tant au niveau de son espace de vie que de la qualité
de son eau que tous les paramètres pour pouvoir faire
en sorte que l’on ait un poisson qui soit le mieux
élevé et au plus proche de ce qu’on peut s’imaginer
nous dans notre tête. C’est vrai que notre
environnement qui est déjà isolé parle énormément.
Monsieur TOUGE peut en témoigner.
Je voulais juste dire qu’effectivement nous sommes
installés dans une zone géographique qui est très
isolée : on est à peu près à 4 km du premier hameau
et on vit tout seuls en pleine forêt finalement. Ce qui
a été le plus dur ce sont les débuts puisqu’on a vécu
plus de 2 ans et demi à la bougie. On avait
vraiment les convictions, on avait envie de pouvoir
arriver à produire un poisson le plus proche possible
du poison de torrent.
Je suis natif du département de la Haute Loire qui
connaît bien les truites fario et j’avais depuis
toujours eu envie d’élever du poisson qui se
rapproche le plus possible de ce que j’avais l’habitude
de voir quand j’étais petit. Donc on privilégie dans
notre clientèle le circuit direct c'est-à-dire qu’on
vend tout nous-même et on essaye de travailler
qu’avec des gens qui cherchent le bon produit. Au
niveau de la densité des poissons, pour donner un
ordre d’idée, un omble chevalier, qui est une espèce
menacée, au niveau international, on l’élève à des
densités 7 à 8 fois moins chargées que la charte
biologique qui préconise 17 kg / m3. Notre omble
chevalier n’excède pas 2 à 3 kg / m3 cela donne un
ordre d’idée. Il faut venir voir, se perdre chez nous.
On vous remercie pour cette distinction parce que
c’est un honneur. On est tellement isolés que nous
n’arrivons pas à avoir un jugement. Votre regard
extérieur est très important. Je suppose que si nous
sommes récompensés c’est qu’on a été remarqués et le
fait d’avoir une distinction comme cela nous donne
encore envie de continuer.
Comme on est un couple, on va y aller tous les deux.
On est un peu timides. Monsieur TOUGE est venu
nous voir. Il nous a dit qu’on avait été repéré sur un
article du journal « Le Monde » qui présentait notre
exploitation, qui parlait de bien-être animal et donc
lors de sa visite, Monsieur TOUGE nous a aussi
présenté l’OABA. En fait, sans le savoir, je pense
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Monsieur et Madame BEAUDOIN
Eleveurs de bovins
à Senantes, dans l’Oise
Pierre GANTIER :
Trente huit vaches laitières, nos amies les vaches,
comme le dit si gentiment Sylvie, qui nous décrit,
avec sa façon toute féminine, l’élevage, l’éducation,
l’intégration, la traite, les soins et la gestion de la
Ferme.
Nous apprenons ainsi que ces vaches sont de ”fines
gueules”, qui ne mangent pas n’importe quoi, qu’il
se pratique, dans le troupeau, une hiérarchie : les
laitières et ensuite… les génisses qui n’ont pas encore
dépassé le stade de l’apprentissage. De plus
l’intégration des différentes races entre elles, est
dirigée et ordonnée par Sylvie, de même pour la
traite, elle calme, elle apaise les tensions afin
d’obtenir un lait des plus onctueux.
Voilà pourquoi nous adressons nos félicitations à
Sylvie et Jean-Marie BEAUDOIN et leur remettons,
le Prix des meilleurs éleveurs accompagné de ce
symbolique trophée et nous ne saurions oublier
notre adhérente, Madame Simone DEGARDIN,
qui nous avait signalé cet élevage.
A la ”Ferme du Goupil” on est bio. Pour pratiquer
les soins au troupeau, Sylvie prépare des recettes
homéopathiques et évite autant que faire se peut, les
antibiotiques. Chacun y trouve son compte.
Pendant que les vaches broutent et ruminent, il faut
gérer le capital le plus précieux : les pâturages. La
qualité de l’herbe conditionne le goût du lait et la
bonne santé des vaches. Sylvie gère la rotation des
pâturages, divisés en parcs, en fonction de l’appétit
du troupeau et de la météo, pour préserver la qualité
de l’herbe dont ses amies, les vaches, lui en sont
reconnaissantes.
Quant à Jean-Marie, il s’occupe avec attachement
aux produits de la Ferme : à la fromagerie. Là, il
compose avec passion ses fromages. Il brasse,
découpe, presse, frotte pour donner le goût du
”Fromage au foin”, une recette traditionnelle locale,
mais aussi le ”fromage au cidre”, le ”Bray Picard”, le
”Séchon” et le ”Crémeux de Corbeauval”.
Installés
depuis
quelques années à la
”Ferme du Goupil”,
Sylvie et Jean-Marie
œuvrent
ensemble
pour le bon état de
santé et le bien-être de
leurs amies les vaches,
de plus leur rôle
devient pédagogique
car des visites et
démonstrations sont
accordées aux enfants.
▲ ✟✟Sylvie BEAUDOIN au milieu de ses
vaches
Bonjour à tous et merci beaucoup pour cette
reconnaissance.
Je me sens parfois bien seule dans mes convictions
d’éleveur. Mais ce Prix que vous m’attribuez est un
encouragement qui m’épaule.
J’élève 33 vaches laitières (en tout 63 bêtes). Elles
ont toutes un nom, je les attache chaque jour à
l’étable, chacune à sa place. C’est une garantie pour
elles d’être reconnues et protégées.
Je les connais très bien : l’été c’est 7 heures de présence
avec elles. Quatre fois par jour je les attache, les
accompagne à l’herbage, je les trais deux fois. L’hiver
c’est environ 9 heures car elles sont nourries à l’auge
et paillées deux fois, le tout manuellement. Il n’y a
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possible.
Mes bêtes sont belles et heureuses et me donnent du
lait en qualité et en quantité.
Le lait est doux et plein des richesses de l’herbe,
Mon mari peut faire son excellent fromage pour
nourrir bon et bien,
Mes enfants grandissent avec ce respect à l’animal, la
dureté de la vie et se récompensent naturellement.
pas de machine à l’intérieur de l’étable.
C’est ce qui me rend intimement heureuse malgré les
tensions extérieures liées à la rentabilité immédiate
en argent comptant.
Mes vaches sont soignées essentiellement par
homéopathie, par phytothérapie…. J’évite tout
traitement chimique de synthèse dans toutes les
affections courantes (mammites, abcès, parasitisme,
débuts d’infections localisées, troubles gastriques ou
intestinaux...). Il faut une certaine dose de courage, de
confiance en la nature et une grande complicité avec
l’animal. Il faut donner de son temps. Les symptômes
sont détectés très rapidement (rumination, bouses,
poils, port de la tête, tenue dorsale, comportement)
Si l’élevage est aujourd’hui conduit par l’industrie,
par la machine et par l’argent, il me semble que
l’homme y a perdu son statut humain. Il est peutêtre bien réduit à l’état de bœuf enchaîné à produire
sans savoir, sans apprendre.
Mon expérience, si petite soit-elle, me conduit à dire
simplement : comme j’aimerais que chaque homme
paysan reprenne sa place pour que l’animal
redevienne le partenaire de l’humanité, partenaire
de travail, d’apprentissage, de jeux avant de devenir
humblement la nourriture de l’homme.
Je travaille avec et en compagnie de tout ce qui
m’entoure. J’observe, fais des expériences, analyse…
C’est le travail en étable entravée qui a fait de moi
une éleveuse car je ne suis ni fille, ni petite fille de
paysan… L’éleveur qui aime ses animaux apprend
chaque jour un peu plus sur lui-même, sur les autres
et grandit dans la persévérance, la ténacité, la
patience.
L’intervention de Madame BEAUDOIN est saluée
Elever un troupeau, le mener, accomplir sa tâche
d’élevage chaque jour de l’année et voir ses animaux
beaux, heureux, fertiles et bons producteurs, n’est ce
pas une récompense merveilleuse à ce travail sans
relâche ?
Grâce à mes vaches, je cultive la diversité : Rosette est
petite, Tige est une grande maigre, Bécassine est têtue
et fidèle, Tulipe est fière et a trois trayons, Zouzou est
craintive et nerveuse. Mon troupeau m’apprend à
devenir humaine et l’humanité, ce n’est pas vraiment
”un tas de gens” qui consomment sans lien avec les
autres, sans lien avec la nature….
par de très longs applaudissements.
Il m’arrive de me faire ridiculiser en réunion
d’éleveurs…. Mais je garde ma dignité paysanne. Ce
que je fais sur terre, j’essaie de le faire bien, le mieux
▲ ✟✟Les vaches,
”les amies” de Sylvie BEAUDOIN
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