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Culture
Pour en finir avec le travail, place à la consommation !
Pour «bien» consommer, il faut acheter. Le petit livre d’Anna Sam les tribulations
d’une caissière, nous plonge avec ironie dans le temple de la consommation, le
supermarché. L’auteure y a passé huit ans et décrit à merveilles ses clients de la
première heure à la dernière heure. Après l’avoir lu, il vous sera difficile de vous
adresser à une caissière en lui demandant «Vous êtes fermée ? «, comme si c’était
une machine. Anna Sam anime aussi un blog : caissierenofutur.over-blog.com/
Le dessinateur Tanquerelle avec son beau père Yann Benoît évoque avec La Communauté, l’aventure d’une communauté, la «Minoterie» dans les années 70 près
de Nantes. Un lieu de production et de consommation avec partage du travail, des
revenus et du temps de travail et bien loin du folklore baba cool. Une BD en deux
tomes avec du texte, mais les dessins allègent ce qui aurait pu être un pensum. Les
optimistes peuvent s’arrêter au tome 1, le second étant réservé aux pessimistes :
Tanquerelle et Yann Benoît, témoin de la fin de cette aventure humaine, y donnent des pistes de la faillite de cette communauté alors qu’elle était économiquement viable.
Et pour finir par une chanson. Écoutez «les poissons sont des cons», sous-titrée
«Ode à la décroissance» du suisse Michel Bühler. Cette histoire d’étang surexploité est sans doute bien plus parlante qu’un livre. Elle fait partie de son avant-dernier CD, les Passants. Comme il vaut mieux apprécier de son vivant un chanteur,
vous pouvez vous précipiter sur son dernier CD, un live, Voyageur. L’occasion de
découvrir ou de retrouver les «tubes» de ce vieil artisan de la chanson.
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°142 Juillet 2010
Dans son dernier livre La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance
Paul Ariès, rédacteur au mensuel La Décroissance s’efforce de promouvoir un
anti-productivisme optimiste, en s’attaquant au Capitalisme vert, aux technosciences, aux théories « transhumanistes ». Il pourfend également le productivisme
idéologique de la gauche issue du marxisme. Ariès incite le lecteur à la grève de
la consommation tout en célébrant les vertus de la gratuité, un nouveau mythe «sorélien» et en introduisant la notion de mésusage. Mais il y a des hic, entre autres
l’affirmation non démontrée, reprise cependant en quatrième de couverture, sur
l’anti-productivisme majoritaire et permanent des mouvements populaires. Et des
détails tel le classement incongru du socialiste anti-autoritaire Kropotkine, l’auteur
de La Conquête du Pain, dans les anti-productivistes pessimistes. Un livre intéressant bien écrit, un peu vite parfois, diront les mauvais esprits.
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La sociologue du travail et de l’organisation, Marie-Anne Dujarier dans Le travail
du consommateur, sous-titré De McDo à E-Bay : comment nous coproduisons ce
que nous achetons évoque le second labeur du consommateur, obligé de travailler
pour ses loisirs. Parmi les exemples : l’impression de ses billets de trains, son
auto-enregistrement au comptoir aérien. Le consommateur est mis au travail sous
trois formes : l’externalisation de tâches simplifiées, la captation de productions
bénévoles et la délégation du travail d’organisation. Cette citation du sociologue
américain George Ritzer, extraite du livre, pose bien le problème : «Le consommateur moderne passe un temps croissant, dépense toujours plus d’énergie à effectuer des tâches non rétribuées au bénéfice d’organismes qui se prétendent à
son service». Quant à la résistance, cependant pas impossible, elle est rendue très
difficile du fait même de l’individualisation de la consommation.