CE QU`EN PENSENT LES EXPERTS : POINTS
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CE QU`EN PENSENT LES EXPERTS : POINTS
CE QU'EN PENSENT LES EXPERTS : POINTS SAILLANTS Des experts de la faune, des médecins vétérinaires et des professionnels du comportement animal, tous indépendants et de réputation nationale ou internationale, ont visionné les vidéos tournées dans des fermes d’élevage d’animaux à fourrure du Canada. Ils ont porté particulièrement attention aux conditions d’hébergement des animaux (c'est-à-dire les cages à visons et à renards typiquement utilisées en Amérique du Nord). Voici les points saillants de leurs observations : Sherri Cox, docteure en médecine vétérinaire (D.M.V.) Sherri Cox est diplômée de l’Ontario Veterinary College du Canada et possède une maîtrise en administration des affaires. Elle s'intéresse principalement à la faune indigène et aide les spécialistes en réadaptation à prendre soin de leurs protégés. La Dre Cox enseigne également dans les conférences portant sur la réadaptation des animaux de la faune. Elle supervise aussi les étudiants en biologie de la faune, en médecine et en technique vétérinaires qui s’intéressent à la médecine faunique. « Les vidéos et les images des visons et des renards prises dans différentes fermes d’élevage sont troublantes. Les conditions de vie et l’état de santé apparemment horribles de ces animaux sont inacceptables. L’eau et la nourriture à elles seules ne signifient pas qu'on traite ces animaux humainement et dans conditions acceptables. L’eau, lorsqu’il y en a, semble contaminée par des matières fécales et être difficile d’accès pour plusieurs renards. Le comportement stéréotypé des animaux — comme se déplacer sans cesse dans la cage — traduit leur frustration. L'impossibilité d'exprimer leur comportement naturel et le manque de stimulation contribuent au stress des animaux captifs. Le grillage rouillé ou brisé peut causer des blessures sérieuses aux pattes et aux orteils. N’avoir qu’une grille comme substrat pendant de longues périodes peut non seulement entraîner des lésions aux pattes, y compris des fractures aux orteils, mais altérer aussi les comportements normaux comme la recherche de nourriture et la nidification. Le bord coupant ou rouillé des bols d’eau (quand il y en a) des renards peut aussi causer des blessures. Comme le révèlent les vidéos, le cannibalisme entre les visons, les signes d’automutilation et la souffrance générale causée par leurs blessures constituent une entrave au bien-être des animaux. » Stefan Harsch, docteur en médecine vétérinaire (D.M.V.) Le Dr Harsch est spécialisé en médecine vétérinaire d’urgence et de trauma pour la faune. Il a reçu son diplôme de l’Université libre de Berlin, en Allemagne, en 1998. Après avoir obtenu son permis de pratique aux États-Unis en 2005, il s’est joint au South Florida Wildlife Center (SFWC), un des plus importants hôpitaux réservés à la faune au pays et qui est dirigé par la Humane Society des États-Unis, à Fort Lauderdale. Pendant sept ans, il y a agi à titre de directeur des services vétérinaires. En avril, il a rejoint le Cape Wildlife Center, l’établissement sœur du SFWC, à Barnstable, Cape Cod, dans l’état du Maine. « Les visons sont des animaux semi-aquatiques et solitaires qui vivent sur de vastes territoires. Dans les vidéos, hormis leur bol d'eau sale, ces animaux n'ont accès à aucun plan d’eau qui leur permettrait de se comporter naturellement. Le confinement dans de petites cages juxtaposées les unes aux autres et le manque total de stimulation occasionnent chez eux un stress important et, comme le montrent les vidéos, entraînent des comportements pathologiques. Les gestes stéréotypés, comme tourner en rond, sauter sur les côtés de la cage et mordre le grillage sont des signes évidents de stress et de souffrance. L’environnement souillé de matières fécales, sous et même dans la cage, ajoute encore au stress des bêtes. Dans cet environnement surpeuplé, l’ammoniaque qui émane des matières fécales irrite fort probablement les muqueuses des animaux et pourrait même atteindre un niveau toxique. Les visons ont un sens de l’odorat très développé; les exposer à de pareilles vapeurs nocives ne peut être considéré que comme de la cruauté. En plus, le contact direct des animaux avec les selles, comme le montre la vidéo, mène inévitablement à des infestations de parasites. » Sara Dubois, docteure en science animale Sara Dubois est la directrice scientifique de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux de la Colombie-Britannique, où elle travaille depuis 2001. Elle dirige les activités scientifiques liées au bien-être animal, à l’éducation et à la défense des animaux de la SPCA pour toute la province. Sa formation inclut un baccalauréat en biologie, une maîtrise et un doctorat en science animale. Mme Dubois est professeur adjoint du programme de bien-être animal de la University of British Columbia, et elle est associée universitaire du Centre for Compassionate Conservation de la University of Technology de Sydney, en Australie. Parmi ses champs d’expertise, elle compte le bien-être des animaux de la faune, et les lois et politiques publiques qui s’y rattachent; son rôle comprend aussi le développement des relations avec le monde universitaire et la défense des animaux utilisés dans la recherche scientifique. Elle travaille sur diverses questions qui vont de la réadaptation de la faune aux interventions lors de déversements de pétrole, en passant par la gestion des animaux sauvages gardés en captivité, les animaux exotiques de compagnie, les conflits avec les animaux de la faune en milieu urbain, la conservation compatissante, et prête main-forte dans les enquêtes pour cruauté envers la faune. « La présente déclaration est basée sur mon opinion professionnelle après avoir visionné les vidéos tournées dans des fermes d’élevage d’animaux à fourrure au Canada. Bien que le lieu des fermes ne soit pas indiqué, ce que j’ai vu s’apparente aux pratiques que j’ai constatées sur ce type de fermes en Colombie-Britannique à l’été 2014. Il faut noter qu’il n’y a pas d’élevage de renards dans la province; mon expérience d’observation se limite donc aux élevages de visons. Du point de vue du bien-être animal, les cages étaient dépourvues d'enrichissement physique, et plusieurs d'entre elles n’avaient pas de plateforme, de hamac ou de tablette comme le prescrit le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage dans son Code de pratiques recommandées pour le soin et la manipulation des visons. De nombreux animaux présentent des comportements stéréotypés, et ceux-ci sont observables peu importe si les animaux sont seuls, à deux dans une cage ou regroupés par famille. Le surpeuplement chez les juvéniles ayant dépassé la période normale de séparation a été observé; les risque d'épuisement par la chaleur, l’agressivité et les blessures sont importants. Les observations tirées de ces vidéos et de mon expérience confirment que ces fermes d’élevage ne respectent pas les codes de pratique existants. Même si les fermes suivent les normes minimales quant au nombre d'animaux par cage, ceux-ci peuvent difficilement s'y mouvoir. D’autres sujets de préoccupations révélés dans les vidéos, mais qui devraient être confirmés par des examens visuels et médicaux, comprennent la maigreur extrême, l’obésité et la maladie aléoutienne. Bien que plusieurs des problèmes décrits plus haut peuvent être réglés par les codes de pratiques, il n’en demeure pas moins que les pratiques d’élevage généralement acceptées ne répondront jamais aux besoins naturels du vison. Il s'agit d'un animal semi-aquatique et carnivore dont l’énergie quotidienne est essentiellement utilisée pour nager et chasser. Par conséquent, même si les normes acceptables décrétées par la loi sont respectées, cette industrie demeure fondamentalement inhumaine. » Sara Shields, docteure en comportement animal Sara Shields a obtenu un doctorat en comportement animal de l’University of California-Davis et possède plus de 10 années d’expérience comme chercheuse, enseignante et consultante en science du comportement et du bien-être des animaux de ferme. Elle occupe présentement le poste de spécialiste du comportement et du bien-être à la Humane Society International. « La vidéo présente des renards et des visons en cage sur une ferme d’élevage. Ces deux espèces sont des animaux très intelligents, sociables et énergiques qui passeraient normalement beaucoup de temps à arpenter, explorer, chasser et faire la ronde sur un vaste territoire naturel. Les conditions dans lesquelles on voit ces animaux dans la vidéo ne répondent pas à leurs besoins comportementaux. Par exemple, les visons sont des animaux semi-aquatiques qui ont besoin d’eau pour nager; la recherche a d'ailleurs démontré que les visons sont stressés lorsqu’ils n’ont pas accès à cette ressource vitale. De plus, les cages qu’on nous montre sont sales, surpeuplées et n’offrent pas suffisamment d’espace à chaque individu. À cause de cet environnement pauvre et restreint, plusieurs animaux ont développé des comportements stéréotypés — un type de mouvement anormal, répétitif et invariable — qui apparaissent chez les animaux confinés dans des endroits qui ne répondent pas à leurs besoins naturels. Ces stéréotypies sont signe de frustration, de détresse et de pathologie neurologique. Considérant l'évolution de l'opinion publique au sujet du bien-être animal, le ressentiment populaire à l’égard des fermes d’élevage d’animaux à fourrure et les multiples solutions de rechange à la fourrure, il est inadmissible que des animaux soient encore gardés captifs de cette façon. Grâce aux avancées de la recherche éthologique, nous en savons tout simplement trop sur le bien-être des animaux d’élevage pour permettre que ça continue. » Mary Richardson, docteure en médecine vétérinaire (D.M.V.) Depuis plus de 20 ans, la Dre Mary Richardson s’occupe de questions de bien-être animal. Elle a présidé l’Animal Welfare Committee de l’Ontario Veterinary Medical Association et a produit des énoncés de politique sur un grand éventail de sujets. La Dre Richardson a aussi présidé la Commission d’examen sur le bien-être des animaux pour le Solliciteur général de l’Ontario, période au cours de laquelle elle a présidé des procès pour maltraitance envers les animaux. Elle a aussi été membre du conseil d'administration du Centre for the Study of Animal Welfare de l'University of Guelph. La Dre Richardson déclare : « Je suis très préoccupée par le bien-être des visons et des renards dans les fermes d’élevage du Canada après avoir vu les vidéos et les images documentant leurs conditions de vie. Ces conditions sont certainement inhumaines et inacceptables. Pour être véritablement humaines, les pratiques d'élevage doivent prévoir plus que de la nourriture, de l’eau et un abri pour que les animaux survivent — elles offrent aussi aux bêtes la possibilité de se comporter de façon naturelle, d’obtenir des soins vétérinaires et de satisfaire leurs besoins physiologiques. » Debi Zimmermann, docteure en médecine vétérinaire (D.M.V.) La Dre Zimmermann a obtenu son doctorat du Western College of Veterinary Medicine en 1988. En plus de son doctorat, elle a obtenu un baccalauréat en biologie, avec spécialisation en zoologie de l’University of Alberta. Elle est membre de l’Association canadienne des médecins vétérinaires, de l’Alberta Veterinary Medical Association, de l’Edmonton Small Animal Veterinary Association et de l’International Veterinary Academy of Pain Management. La Dre Zimmermann écrit : « La vidéo démontre clairement que, sur les fermes d’élevage canadiennes, les renards et les visons peuvent souffrir, et ils souffrent effectivement de plusieurs façons. Les normes de bienêtre animal décrites dans les codes de pratiques actuels ne sont pas adéquates, car elles ne permettent pas aux animaux d’exprimer leur comportement naturel. L’idée que le bien-être est lié aux conditions de vie naturelles est implicite dans l’approche scientifique visant à comprendre et à évaluer le bien-être animal. Cela étant dit, nous devons nous demander s'il y aura jamais une façon éthique et humaine de combler les besoins de ces animaux essentiellement sauvages. Plusieurs pays européens en sont venus à la conclusion que ce n’était pas possible et ont banni totalement l’élevage d’animaux à fourrure. » Marc Bekoff, docteur en comportement animal Marc Bekoff, docteur en comportement animal, a été professeur émérite d’écologie et de biologie de l’évolution à l’University of Colorado à Boulder, et a fondé avec Jane Goodall le groupe Ethologists for the Ethical Treatment of Animals. Il a obtenu de nombreux prix pour ses recherches scientifiques, y compris l’Exemplar Award de l’Animal Behavior Society et une bourse Guggenheim. M. Bekoff a écrit plus de 800 articles, de nombreux livres et il est l’éditeur de trois encyclopédies. Ses domaines principaux de recherche sont le comportement animal, l’éthologie cognitive (l’étude de la pensée animale), l’écologie comportementale et la conservation respectueuse. « Dû à la taille inacceptable des cages et aux conditions de vie pitoyables qu'on leur impose, les animaux qu’on voit dans ces vidéos ne peuvent satisfaire leurs besoins physiologiques ou psychologiques. La répercussion sur leur bien-être émotionnel et physique est incommensurable. Dans une société qui se dit "civilisée", il est scandaleux de voir que les lois permettent cela tous les jours. » Olivier Berreville, docteur en biologie Olivier Berreville a obtenu un doctorat en biologie de la Dalhousie University de Halifax en Nouvelle-Écosse. Il a grandi entouré d’animaux de ferme en Europe et a acquis de l’expérience sur le terrain en documentant le confinement, le transport et l’abattage des animaux au Canada. Il a présenté ses recherches sur divers aspects du bien-être des animaux de ferme dans des universités, des instituts et des colloques. M. Berreville déclare : « Ces exemples de conditions de vie qui prévalent dans les élevages d’animaux à fourrure du Canada soulèvent d’importantes questions sur les pratiques jugées acceptables dans l’industrie de la fourrure et le manque de surveillance dont elles font l'objet. Dans toutes ces installations, les animaux sont élevés dans des conditions insalubres et complètement artificielles qui ne peuvent satisfaire les besoins biologiques les plus élémentaires des animaux. De plus, l'omniprésence des comportements stéréotypés et des blessures graves non traitées est alarmante. Cela indique que la détresse psychologique et la souffrance sont généralisées chez les animaux à fourrure des élevages canadiens. » Mary Klinck, docteur en médecine vétérinaire (D.M.V.) Mary Klinck a obtenu son doctorat de l'Atlantic Veterinary College de l'University of Prince Edward Island en 2001. Elle a pratiqué la médecine vétérinaire auprès d’animaux de compagnie, de gros animaux et d’animaux exotiques. Elle est diplômée de l’American College of Veterinary Behaviorists, ayant effectué sa résidence à l’University of Pennsylvania en médecine vétérinaire comportementale en 2008. Elle termine présentement un doctorat en science vétérinaire à l’Université de Montréal. Sa contribution au bien-être animal inclut des services de consultation auprès des refuges pour maximiser le bien-être animal et gérer les problèmes de comportement; de la consultation sur les changements à apporter aux lois sur le bien-être des chiens et des chats; la participation à l’établissement d’un programme de certification en bien-être animal pour les éleveurs de chiens et de chats; et des conférences dans les domaines du comportement animal, de la douleur animale, du bien-être animal et de l’éthique vétérinaire. « Cette vidéo montre des animaux qui vivent dans des conditions inacceptables et qui ne peuvent en aucun cas soutenir leur bien-être physique (confort, absence de douleur ou de maladie). Plusieurs bâtiments, enclos, cages, bols de nourriture et d'eau sont sales; certaines cages sont maculées de matières fécales, autant à l'intérieur qu'autour. Il en va de même parfois pour les bols de nourriture et d'eau. En plus, la quasi totalité des cages ont un grillage en guise de plancher, ce qui ne permet pas de poser les pattes normalement au sol et qui cause au mieux de l’inconfort et au pire des blessures et du boitement. Les conditions de vie dépeintes dans les vidéos révèlent aussi des problèmes plus subtils et qui ont un effet négatif sur le bien-être psychologique des animaux. En général, les lieux sont pauvrement aménagés. À l’exception des boîtes pour se cacher ou pour mettre bas, et la présence occasionnelle de paille ou d’autres animaux, on semble ne rien faire pour fournir des activités adéquates aux animaux. Les visons, en particulier, sont gardés dans des cages très petites, souvent trop petites pour que l’animal puisse s’étirer complètement (assis sur les pattes arrière ou sur ses quatre pattes) sans toucher le haut ou les côtés de la cage. Là où plusieurs animaux sont dans une même cage (pour leur offrir un enrichissement social, théoriquement), l’espace est insuffisant pour éviter les contacts physiques. Dans les vidéos qui montrent des femelles avec leurs petits, les mères semblent incapables de s’éloigner, même temporairement, de leurs rejetons. » LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX ÉLEVÉS POUR LEUR FOURRURE Rapport du Comité scientifique sur la santé et le bien-être des animaux, commandé par la direction générale de la Commission européenne sur la santé et la protection du consommateur. Adopté en décembre 2001. « La cage à vison type, qui comporte une boîte de mise bas et un plancher en grillage, nuit au bien-être du vison, car elle ne comble pas ses besoins essentiels. Plus spécifiquement, les possibilités de locomotion et de stimulation sont limitées, les occasions de grimper, d’aller dans des tunnels ou de nager sont absentes, et les contacts sociaux sont impossibles à éviter. » Conclusion 9.2.12, p. 116 « La cage à renard type ne tient pas compte des besoins importants de cet animal. Plus spécifiquement, elle impose au renard un environnement monotone, elle restreint l’exercice physique et les comportements spécifiques à l’espèce, comme creuser. À cause du manque d’exercice, les os des pattes sont beaucoup plus faibles que ceux de renards gardés dans de grandes cages où ils peuvent faire plus d’exercice. » Conclusion 10.11, p. 151