« Le Peigne » et autres histoires de Benjamin Rabier

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« Le Peigne » et autres histoires de Benjamin Rabier
« Le Peigne » et autres
histoires de Benjamin Rabier
Benjamin Rabier, « Le Peigne », extrait du recueil Ecoutez-moi !, Paris, Garnier, 1926, p. 53.
Première publication en 1904 dans Le Journal amusant. Source : Gallica.bnf.fr
Avec ses vignettes sans encadrement ni texte en légende, cette
planche n’aurait eu aucune chance de passer dans les journaux
pour enfants du début du XXe siècle. Le format des histoires
en images alors acceptable pour le jeune public — un gaufrier
aux cases uniformes emprunté à l’image d’Epinal — était plutôt
rigide et souffrait rarement exception.De plus, cette petite
fille qui prête son peigne à son chien n’est pas vraiment un
exemple à suivre en matière de règles d’hygiène et de bonne
tenue en société que l’on souhaitait inculquer à ces chères
petites têtes blondes…
Ce n’est donc pas dans La Jeunesse illustrée, l’une des
principales publications pour la jeunesse de l’époque, que
l’on aurait pu voir une telle histoire en images. Pourtant,
l’auteur de cette page, Benjamin Rabier, fut l’un de ses
piliers et il y donna chaque semaine, de 1903 à 1919, une
planche de bande dessinée ((Voir notre article suivant pour
un exemple de planche de bande dessinée, également signée par
Benjamin Rabier, alors convenable pour les enfants :
http://www.topfferiana.fr/?p=3062)).
« Le Peigne », ou « Comment mademoiselle Lili rendit un grand
service à son ami Azor » fut publié pour la première fois
dans Le Journal amusant du 2 janvier 1904. Pour cette revue
destinée aux « grandes personnes », Benjamin Rabier donne
également un dessin ou une planche chaque semaine, de 1899 à
1924 environ. Ses histoires en images y sont plus libres, sur
le fond comme sur la forme, que celles qu’il dessine
parallèlement pour La Jeunesse illustrée.
Par ailleurs, ce gag de Benjamin Rabier en rappelle un
précédent, celui que le dessinateur allemand Adolf Oberländer
publia dans Fliegende Blätter (n° 2798) en 1899. Le petit
chien y est remplacé par un fauve, d’une toute autre
corpulence, mais tout aussi hirsute :
Ad
olf Oberländer, « Das gerettete Prachtexemplar », Fliegende Blätter, n° 2798, 1899.
Source : Universitätsbibliothek Heidelberg.
La carrière du « Peigne » de Rabier ne s’arrête pas là. Entre
les histoires en images données aux journaux pour adultes et
celles des illustrés pour enfants, les éditeurs du dessinateur
disposent d’un stock considérable de pages qu’ils ne manquent
pas de mettre à profit en les rassemblant sous forme d’album.
Ainsi, les éditions Garnier Frères, qui semblent moins
frileuses que leurs concurrents, éditent à destination des
enfants des recueils d’histoires en images que Rabier donna au
Journal amusant. La planche « Le Peigne » fut reprise en 1905
dans l’album Ecoutez-moi ! parmi une soixantaine d’autres
pages que le dessinateur publia entre 1901 et 1903 dans la
revue ((Une vingtaine d’années après, Rabier semble toujours
populaire puisque ce recueil fut réédité en 1926.)) :
Un deuxième recueil de bandes dessinées extraites du Journal
amusant (entre 1899 et 1906) est également consultable sur le
site de la BnF : Le Fond du sac. Ce dernier fut édité en 1906
par Garnier à la suite du premier, et fit également l’objet
d’une réédition en 1927 ((On notera que Garnier sortit en
1908 un troisième album compilant des planches du Journal
amusant (1899 à 1907), sur le modèle des deux autres : Les
Cents Bons Tours.)) :
D’autres histoires en images de Rabier sont également
disponibles en ligne comme une demi-douzaine de planches que
le dessinateur signa pour l’imagerie Pellerin d’Epinal.
Certaines pages de l’album Les animaux s’amusent, des mêmes
Garnier Frères (1911), relèvent de la bande dessinée, comme
cette farce macabre destinée aux enfants. Pas sûr
qu’aujourd’hui Rabier eut trouvé un éditeur avec ce genre
d’humour cruel…
Benjamin Rabier, « Le canard reconstitué », extrait de
Les animaux s’amusent, Garnier, 1911, p. 8.
Source : Bibliothèque municipale de Toulouse.
Mise à jour du 20 avril 2015 : Précision de la publication
originelle du gag d’Oberländer dans le Fliegende Blätter
(précédemment localisé dans le douzième volume de ses
Oberländer Albums, édité par Braun & Schneider en 1901,
consultable sur le site www.adolf-oberlander.com).
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