Projet d`intégration de la musique dans la rééducation motrice
Transcription
Projet d`intégration de la musique dans la rééducation motrice
Projet d’intégration de la musique dans la rééducation motrice Par Katrien De Meersman [email protected] [email protected] 0497/66.27.30. 1 D’où vient ce projet? Il est le fruit d’une histoire de vie, la mienne, qui est la suivante. À ma naissance, les médecins ont mis en évidence une grave malformation cardiaque. J’ai dû subir une première intervention chirurgicale « à cœur ouvert » à l’âge de 3 ans et une deuxième en mars 2003. A cette période, on m’a également diagnostiqué une spondylarthrite ankylosante (la maladie de Bechterhew), non sévère à l’époque. Au cours des neuf années qui ont suivi, cette maladie a évolué. Ma fonction cardiaque étant médiocre pour suivre un traitement agressif, les médecins ont opté pour une approche analgésique et une rééducation légère. Or, j’ai très vite atteint mes limites par manque total d’une quelconque condition physique. Les tissus musculaires ont complètement disparu jusqu’à la décompensation cardiaque. J’ai donc été mise en incapacité de travail il y a neuf ans. En plus de mes diplômes en communication et en traduction, je suis aussi musicienne. À cette époque, j’ai été contrainte de mettre fin aux cours de musique et j’ai dû laisser mes instruments de côté. Après quelques années de rééducation lourde, j’ai repris la percussion bien que j’arrivais à peine à porter mon instrument. Grâce au professeur de musique, qui m’a appris des techniques respiratoires et des méthodes pour maîtriser mon énergie, mon instrument m’a aidé à regagner des forces et à améliorer mon niveau de résistance. En plus, mon sens de la coordination s’est nettement affiné grâce à la percussion. En septembre 2011, après quelques années de rééducation, je me suis retrouvée au centre de rééducation rhumatologique de l’hôpital Onze-Lieve-Vrouwziekenhuis à Alost. J’ai fait des exercices au simulateur pour me refamiliariser avec les activités de la vie quotidienne (la motricité fine): ‘ouvrir et fermer des bocaux’, ‘tourner des clés de gauche à droite’… La difficulté majeure, par contre, se situait au niveau psychologique. “Est-ce vraiment moi, ouvrant et fermant des bocaux?”. Ce même mouvement peut s’exercer à l’aide d’instruments de musique, ce qui rend la rééducation plus agréable et plus facile à accepter au niveau mental. D’où l’idée d’intégrer la musique dans la rééducation… 2 L’objectif La thérapie musicale psychomotrice est connue en Belgique, contrairement à la rééducation motrice visant à redévelopper les muscles, les aptitudes motrices et la résistance. Aux Pays-Bas, ce type de rééducation est à l’étude et en développement. D’où ma proposition de mettre sur pied un programme de rééducation qui comporte un aspect musical. Le musicien viendrait simplement renforcer l’équipe de rééducation et non pas se substituer aux professionnels de la santé. Le thérapeute identifie les besoins du patient et décide des exercices qui s’imposent dans le cadre de la rééducation. De concert avec le musicien, il cherche l’instrument qui se prête au mieux pour effectuer les exercices. Combiner ces exercices à ceux relatifs aux activités de la vie journalière peut donner de bons résultats. Le patient n’est pas censé savoir jouer de la musique. Il peut l’apprendre, certes, mais ce n’est pas indispensable (cf. les exemples ci-après). Les instruments rendront la rééducation plus agréable: il est plus amusant de faire des exercices en faisant de la musique, que de faire ces mêmes exercices à l’aide d’engins. L’aspect psychologique joue aussi un rôle important. La difficulté de devoir repartir de zéro est atténuée par la musique, tandis que les exercices classiques (ouvrir et fermer des bocaux, p.ex.) sont très « crus » et n’offrent pas autant de satisfaction que de produire des sons avec des instruments de musique. Enfin, il est généralement admis que la musique a des effets bénéfiques sur la santé. Conclusion : les patients seront davantage motivés, ils apprennent, ils créent et leur état de santé progresse. 3 Quelques exemples Instruments et exercices auxquels ils se prêtent : * Le piano à pouce pour la motricité fine: bouger les doigts individuellement, bouger les doigts dans un certain ordre, mouvements répétitifs (comparable aux exercices ergothérapeutiques pendant lesquels le patient bouge les doigts individuellement à l’aide d’un élastique). * Le tambourin/shékéré/shaker pour tourner le poignet (comparable aux exercices effectués à l’aide du simulateur: ouvrir et fermer des bocaux, tourner des clés...). * Des jeux rythmiques pour exercer la coordination (comparable à l’exercice classique qui demande au patient de jeter et rattraper des balles de tennis, une dans chaque main). Dans mon cas, ces deux instruments m’ont beaucoup apporté: 1. le djembé, pour: 2. la batterie, pour: apprendre à maîtriser l’énergie apprendre à maîtriser l’énergie, la respiration et le corps et la respiration stimuler la motricité fine, tout comme la motricité brute apprendre à se tenir correctement (créer un corset musculaire au niveau de apprendre à se tenir correctement (créer un corset musculaire au niveau de l’abdomen et du dos) l’abdomen et du dos) s’exercer en coordination entraîner les muscles au niveau des bras, des jambes, des doigts, des orteils, des mains et des pieds améliorer la résistance restaurer la force musculaire Ce ne sont que quelques exemples mais nous pouvons adapter ces techniques avec l’aide du thérapeute dans un panel beaucoup plus large. Possibilités : * Organiser des ateliers (une séance de percussion africaine par semaine, par exemple) - pour un groupe, quelle que soit la pathologie (comme un workshop) - pour un groupe avec une pathologie identique * Travailler individuellement 4 Nous souhaiterions commencer avec les enfants mais nous pourrions ensuite élargir ces ateliers aux adultes. Les patients hospitalisés seraient le groupe cible prioritaire. Nous souhaiterions par la suite prendre en charge les patients ambulants. Aspects pratiques Quant aux ressources matérielles: des petits instruments de percussion sont faciles à trouver et peuvent même être remplacés par des cannettes, des bouteilles, du papier journal... J’ai, moi-même, pas mal de matériel et certaines académies prêtent/cèdent du matériel ou le vendent en occasion à des prix raisonnables ou ils ont des accords avec des magasins qui vendent des instruments. Nous sommes en contact avec des écoles de musique qui donnent des cours de thérapie musicale (p.ex. le Lemmensinstituut à Louvain, l’institut de musicothérapie à Utrecht, Pays-Bas) en vue de développer d’un commun accord un programme de rééducation axé sur la rééducation motrice. Les Pays-Bas pourraient servir d’exemple et éventuellement livrer un apport au développement du programme, tout comme d’autres disciplines. Quant aux ressources humaines, je ne suis pas diplômée en thérapie musicale, mais j’ai plusieurs diplômes de musique et neuf ans de vécu dans la rééducation m’ont fait acquérir une très grande expérience. De plus, le but n’est pas de se substituer au prestataire de soins, mais d’être complémentaire. Avantage Réaliser un travail novateur dans le domaine de la rééducation motrice et être le premier à y intégrer la musique. Et qui sait, cette initiative pourrait mener au développement d’une nouvelle filière au sein de la thérapie musicale. 5