Les maladies du pancréas exocrine chez le chien et le chat

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Les maladies du pancréas exocrine chez le chien et le chat
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Info 11/2013
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Les maladies du pancréas exocrine chez le chien et le chat
Introduction:
Le pancréas remplit des fonctions exocrines et
endocrines importantes. Le pancréas exocrine
(acini) sécrète des enzymes digestives importantes qui assurent, avec les hormones sécrétées
par les îlots endocriniens, des fonctions digestives et métaboliques. La proximité anatomique
entre les acini et les îlots a des conséquences
pathogéniques lors d’affection inflammatoire ou/
et dégénérative.
Ci-dessous est présenté un aperçu des affections du pancréas exocrine avec leurs possibilités
diagnostiques.
Qu’est-ce qu’une pancréatite?
Les inflammations du pancréas ou pancréatites
peuvent être séparées en pancréatite aiguë ou
chronique; laquelle classification est exclusivement histologique et non clinique. Un animal
présentant une forme “aiguë” de la maladie présente souvent des signes cliniques aigus, alors
que lors de formes “chroniques”, les animaux
ont tendance à développer une maladie clinique,
d’évolution lente avec des symptômes récurrents
de faible intensité. En d’autres termes, une pancréatite aiguë sensu stricto correspond à une
inflammation aiguë pouvant concerner les tissus
péri- pancréatiques ou des organes éloignés et
se manifestant sous la forme d’un accès isolé
ou se répétant lors d’épisodes distincts, mais est
réversible par définition.
D’un point de vue histologique, la nécrose prédomine dans une forme aiguë (pancréatite aiguë
nécrosante), associée à un infiltrat neutrophilique
mais sans fibrose et la présence de fermes nodules blanchâtres dans la graisse (précipitation
de sel de calcium).
Dans la pancréatite chronique prédomine un infiltrat inflammatoire lympho-plasmocytaire, avec
des zones d’atrophie du parenchyme conduisant
à une fibrose. Ces modifications histologiques
irréversibles conduisent souvent à la perte progressive des fonctions exocrines (IPE) et endocrine (diabète sucré) du pancréas.
Pancréatite aiguë /
nécrose pancréatique aiguë
Chez le chien comme chez le chat, la pancréatite aiguë est une maladie fréquente et potentiellement mortelle. Chez le chien, il s’agit le plus
souvent d’une affection isolée alors que le chat
présente souvent une maladie intercurrente
impliquant le foie et l’intestin grêle (triade féline).
Les causes chez le chien, et encore plus chez
le chat, sont souvent obscures. Cependant, un
certain nombre de facteurs déclenchant ont été
identifiés: obésité, alimentation hyperlipidique,
médicaments/ toxines, (par ex. sulfamides,
azathioprine, glucocorticoïdes, …), intervention
chirurgicale, infections (par ex. toxoplasmose
chez le chat), entre autres.
Les signes cliniques, non spécifiques, varient
selon le degré de gravité de la maladie. Les observations les plus fréquentes sont une léthargie,
une anorexie, des vomissements, de la diarrhée
et une douleur abdominale crâniale. L’atteinte
de plusieurs systèmes lors de d’un syndrome
de réponse inflammatoire systémique (SIRS)
avec l’installation d’un état de choc (hyper-/ ou
hypothermie, tachycardie, tachypnée, signes de
CIVD, ...) est de pronostic plus défavorable.
Photo 1 : Aspect histologique d’une pancréatite aiguë chez
un chat: zones de nécrose (flèche) au sein d’un parenchyme
normal (N)
Lorsqu’une pancréatite est fortement suspectée,
le recours rapide à des examens de laboratoire
comme la recherche des marqueurs pancréatiques (cf. ci-dessous) est indiqué en première
intention.
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Pancréatite chronique et insuffisance pancréatique exocrine (IPE)
La forme chronique de la maladie est définie
par une inflammation persistante du pancréas
pouvant correspondre à des épisodes récurrents
de pancréatite aiguë, cas le plus fréquent chez
le chien. Les symptômes digestifs, alors peu
marqués et souvent auto- limitants, ne sont
pas toujours attribués à une pancréatite. Les
modifications biochimiques sont souvent discrètes, voire absentes.
Lorsque l’atrophie acinaire est majeure (stade
terminal de la maladie), les animaux peuvent
développer une insuffisance pancréatique
exocrine (IPE) avec amaigrissement, diarrhée
chronique, stéatorrhée, etc.
Les images échographiques n’étant pas
concluantes, une IPE doit être confirmée de
manière indirecte par des examens de laboratoire.
Hyperplasie nodulaire pancréatique
L’hyperplasie du pancréas exocrine, assez fréquente chez le chien et le chat âgé, est souvent
découverte fortuitement lors d’une laparotomie.
Elle se présente sous la forme de multiples petits
nodules répartis dans le parenchyme correspondant à des regroupements d’acini. Elle n’a
aucune importance clinique.
Tumeurs pancréatiques exocrines
Les tumeurs pancréatiques exocrines, rares chez
les chiens et les chats, peuvent être bénigne ou
cancéreuses. Les adénomes bénins, difficiles
à distinguer de l’hyperplasie nodulaire, même
histologiquement, n’ont pour ainsi dire qu’une
très faible importance clinique. Les adénocarcinomes proviennent de l’épithélium du canal cholédoque ou des cellules acineuses; chez le chien
et le chat, ils se développent généralement sous
la forme de nodules ou de masses dans la partie
centrale de la glande, contrairement à l’homme
ou il s’agit surtout de tumeurs du cholédoque.
Durant leur croissance infiltrante, ils forment fréquemment et précocement des métastases dans
les tissus adjacents (foie, noeuds lymphatiques,
estomac, duodénum, péritoine, ...); une dissémination métastatique étant déjà très souvent présente au moment du diagnostic.
Photo 2: Aspect histologique d’un carcinome bien différencié
chez un chat
DIAGNOSTIC DES MALADIES DU PANCREAS
EXOCRINE
La meilleure et la plus facile approche pour le
diagnostic spécifique des affections pancréatiques est la combinaison de deux examens non
invasifs: la biochimie sanguine et l’échographie
abdominale. Cependant, biopsie et cytologie
restent les tests les plus définitifs en matière de
diagnostic, même si leur mise en œuvre est parfois difficile.
Lipase et amylase sériques
L’activité des lipases et amylase sériques est
augmentée lors de pancréatite et de nécrose.
Cette augmentation n’est vraiment significative
que pour des valeurs supérieure ou égale à trois
fois la valeur de référence, et son importance
n’est pas corrélée à la sévérité de la pancréatite.
Les faux positifs (défaut de spécificité) et faux
négatifs (manque de sensibilité) sont nombreux,
en particulier chez le chat où coexiste souvent
une maladie hépatique, bilaire ou intestinale
(triade féline). D’autres modifications biochimiques peuvent contribuer à l’apparition ou
être une conséquence d’une inflammation du
pancréas:hypertriglycéridémie, hypercholestérolémie, hypo-/ hypercalcémie et hyperglycémie.
Les lipases spécifiques pancréatiques
(cPLI et fPLI)
Pour pallier les limites des dosages sanguins
précités ont été développés des tests mesurant
l’ immunoréactivité de la lipase spécifique du
pancréas chez le chien (cPLI) et chez le chat
(fPLI), qui sont à ce jour les tests biochimiques de
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référence permettant de diagnostiquer une pancréatite. Un frein à leur emploi fut un long délai
d’analyse, du faite que les échantillons devaient
être analysés par laboratoire américain sous
couvert d’un brevet. Depuis peu, LABOKLIN à
développé et validé des dosages sériques de PLI
dont la valeur est égale à celle des tests américains de référence.
Les TLI ( trypsine – like immunoréactivity,
cTLI et fTLI)
Il est admis que le TLI permet la détection fiable
d’une insuffisance pancréatique exocrine (IPE)
chez le chien et le chat (diminution du TLI). Le
test dose à la fois la trypsine et son précurseur le
trypsinogène. Par contre, il est beaucoup moins
utile comme indicateur de l’inflammation pancréatique. Son dosage présente une faible sensibilité, chez le chien comme chez le chat, où le TLI
peut-être diminué ou normale lors de pancréatite aiguë. Le TLI est également augmenté lors
d’insuffisance rénale, en particulier chez le chat.
Remarque de pré-analytique: le dosage doit être
fait sur un animal à jeun.
Biopsie et histologie pancréatique
La biopsie demeure la référence en matière de
diagnostic de pancréatite, à condition que les
échantillons prélevés soient représentatifs. En
général, l’histopathologie classe la pancréatite
selon ses caractéristiques prédominantes (nécrosante, suppurée, aiguë vs. chronique, ...). Si
l’état de l’animal permet d’envisager une laparotomie/scopie, il est souvent utile de faire de multiples prélèvements du pancréas et des organes
adjacents (ganglion, fois, estomac, intestin), notamment chez le chat. L’ histologie, et dans une
moindre mesure la cytologie, reste incontournable pour éliminer une néoplasie.
Résumé
Le large éventail de signes cliniques peu spécifiques et d’intensité variable rend le diagnostic
d’une maladie du pancréas exocrine, et des pancréatiques en particulier, difficile. Les examens
de laboratoire (sérologies) et les observations
d’imagerie (échographie) sont la combinaison la
plus intéressante pour détecter une maladie pancréatique, qui sera si possible confirmée définitivement par un résultat histologique.
Tableau 1: Pancréas exocrine : récapitulatif des paramètres sanguins
Lipase
Amylase
TLI
PLI
Valeurs usuelles
chien : < 300
chat: < 280
chien: < 1650
chat: < 1850
chien: > 5 < 50
chat: > 12 < 82
chien: < 200
chat: < 3,5
Pancréatite
variable, généra
lement élevée
variable, généra
lement élevée
chien: > 50
chat: > 100
chien: > 400
chat: > 5,4
Insuffisance
pancréatique
variable
variable
chien: < 2,5
chat: < 8
variable
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