Les programmes d`enseignement de l`Histoire

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Les programmes d`enseignement de l`Histoire
Les programmes d’enseignement de l’Histoire-géographie au primaire
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L’audience des Clionautes au Conseil supérieur des programmes
Les programmes d’enseignement de l’Histoiregéographie au primaire
par Bruno Modica, Jean-Baptiste Veber, Frédérique Evrard-Gay
Mise en ligne : jeudi 29 mai 2014
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Clio-Edito
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Les programmes d’enseignement de l’Histoire-géographie au primaire
Les limites des programmes de 2008
Les programmes que les enseignants de l’élémentaire utilisent actuellement datent de 2008. Ils ont
été critiqués dans diverses sphères, essentiellement pour trois raisons : leur francocentrisme
patent, leur caricature dans l’outillage (la domination de la « carte » comme outil quasi-exclusif par
exemple) et le sempiternel cloisonnement des échelles (à une année du cycle correspond une
échelle spatiale). Sur la forme, on peut déplorer l’absence de documents d’accompagnement et le
fait d’avoir sorti un texte difficilement qualifiable dans la nomenclature du MEN (BO
complémentaire de janvier 2012, soit 4 ans après la parution des dits programmes), qui se présente
sous forme de tableau et ne fait que renforcer l’aspect prescriptif des programmes de 2008, sans en
faire comprendre les nouveautés. En histoire, une autre critique courante est celle de la lourdeur
des contenus ; ainsi, en CE2, le programme s’étend de la préhistoire à nos jours et comptent 9
thèmes déclinés en 25 points !
Trop de contenu, pas assez cohérent, en regard des possibilités d’apprentissage en
primaire
Les élèves apprécient beaucoup le travail sur la Préhistoire, les Gaulois et les Romains (pour
simplifier), mais ils ont du mal à l’entrée du CE2, à appréhender la notion de l’échelle du temps,
ne maîtrisent pas les grands nombres, encore moins les dates négatives. Très souvent, l’’enseignant
doit revoir les bases du calendrier, de la frise chronologique. Autre exemple, pour la période des
Temps Modernes, les élèves de CE2 doivent étudier des cartes sur le thème des Grandes
Découvertes (échelle mondiale), alors qu’en parallèle, en géographie, ils ne travaillent que sur des
échelles locales voire françaises. Autre exemple d’incohérence, en CM1 et CM2, la Révolution
Française est divisée entre ces 2 niveaux. Il y a 10 thèmes en 34 points à aborder en CM1 ; en
CM2, 7 thèmes en 30 points. Mais il n’y a que 36 semaines dans l’année scolaire et l’ensemble du
programme d’histoire, de géographie et d’instruction civique et morale pour les quatre ans du
primaire doit être traité sur 78 heures annualisées ! Certes on pourrait aborder tous ces points,
mais en réalité, qui termine le programme ? Et si oui, qu’en retiennent les élèves ?
Prescrire et proposer une diversité de pratiques, comme dans les programmes de 2002
L’arrivée tardive des progressions en 2012 a aidé les jeunes collègues mais en même temps ce
partage précis du programme en 3 ans néglige les spécificités des classes à cours multiples ou
cours unique. Diverses méthodes sont d’ailleurs pratiquées dans les écoles selon leur structure :
démarche purement chronologique, démarche spiralaire, voire mixte sans trouver de solution pour
aborder tous les points du programme. Beaucoup d’enseignants, pour « boucler le programme »,
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Les programmes d’enseignement de l’Histoire-géographie au primaire
utilisent la pédagogie du projet, qui leur permet de travailler certains points d’histoire à travers la
littérature, les arts. Cette pratique était reconnue dans les programmes de 2002, avec les projets,
les classes à PAC, mais plus dans ceux de 2008.
Vertus des programmes de 2002
Une minorité de professeurs des écoles ont modifié leur pratique à la lecture des programmes de
2008 et de leur complément de 2012. Les programmes précédents, ceux de 2002, avaient été
perçus comme plus novateurs et plus ouverts, notamment parce qu’ils étaient associés à des
documents d’accompagnement (dont le contenu apparaît toujours utilisable et intéressant),
donnant des pistes sans toutefois trop orienter. Ces programmes de 2002 sont encore utilisés et
même parfois conseillés par la hiérarchie (en littérature, en sciences…) ; ils donnaient des pistes et
respectaient la liberté pédagogique chère aux enseignants. Ils faisaient le lien entre les disciplines,
proposaient de « donner un cadre chronologique élémentaire pour situer un nombre restreint
d’événements » (document d’application p. 7). Le programme était présenté en 21 points forts. Les
progressions de 2012 sur les programmes de 2008 sont certes rassurantes mais en même temps très
figées et elles ignorent la spécificité de certaines classes. Les compétences sont listées à la manière
d’un catalogue et ne rendent pas compte de la complexité des processus à engager ; on ne parle
plus de pédagogie, d’expérimentations.
Revoir les programmes ou la formation ?
Les enseignants déplorent que d’un programme à l’autre, on passe d’un extrême à l’autre, par
exemple dans les programmes de 2002 pour le CE2, p.10 du document d’application, il est spécifié
« Vouloir balayer l’ensemble du programme d’histoire dans la première année du cycle n’est pas
raisonnable et conduit à brouiller les esprits. » Alors que dans les progressions de 2012 : « le cours
élémentaire deuxième année couvre toutes les périodes du programme et permet ainsi aux élèves
de découvrir l’ensemble des périodes » ! Comment s’y retrouver sans avoir un minimum de
connaissance en histoire et en pédagogie, ce qui fait défaut avec la nouvelle formation ? Les
programmes de 2002 avaient également leurs défauts, notamment du point de vue du français et
de l’étude de la langue mais en même temps ils permettaient de mettre en place des
expérimentations pédagogiques.
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