ouest-france, partenaire du developpement

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ouest-france, partenaire du developpement
Georges POIRIER
OUEST-FRANCE, PARTENAIRE DU
DEVELOPPEMENT
Ouest-France est le premier quotidien francophone au monde.
Avec un tirage moyen de 800 000 exemplaires (soit celui du Monde et
celui du Figaro réunis), il compte 2,5 millions de lecteurs réguliers. Ce
quotidien, implanté dans le grand ouest de la France (Bretagne, Bassenormandie, Pays de la Loire) emploie 1800 salariés dont 545
journalistes et s’appuie sur un réseau de 2500 correspondants dans les
communes. Depuis 1990, l’indépendance d’Ouest-France est assurée
par son appartenance à un groupe de presse de 10 000 personnes, le
groupe SIPA dont le propriétaire est l‘Association pour le soutien des
principes de la démocratie humaniste. Une structure juridique
originale qui détient 99,9% de la société civile SIPA. Celle-ci compte
parmi ses filiales le quotidien Ouest-France, le premier groupe français
de la presse hebdomadaire régionale Publihebdos, la régie publicitaire
Précom, la société Sofiouest qui possède la majorité du groupe Spir
communication (leader de la presse gratuite hebdomadaire), etc.
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Le quotidien Ouest-France est profondément ancré dans la
région Ouest, terre aux racines démocrates-chrétiennes. Une région
qui possède un fort réseau mutualiste, a été pépinière de
missionnaires, pionnière dans l’intercommunalité et qui compte
beaucoup d’associations de solidarité internationale et de jumelagescoopération. Le journal épouse et stimule ces valeurs de solidarité et
de développement.
Ainsi, Ouest-France est-il partenaire du développement de trois façons :
la mobilisation des lecteurs,
l’implication du journal
et l’action de son personnel.
LA MOBILISATION DES LECTEURS
Des événements touchent plus que d’autres les lecteurs. Se
produit alors une interaction très forte entre nombre de lecteurs et le
journal : émotion, mobilisation, action.
Depuis 1980, une association, Ouest-France solidarité, fonctionne
parallèlement aux grandes ONG humanitaires. Le premier appel, en
septembre 1980, a fait suite à un reportage sur les lépreux : 78 000
euros furent collectés pour Caritas Égypte et Sanabel (un centre de
PMI à équiper).
-
En 25 ans, dix-neuf opérations de grande ampleur ont fait
l’objet d’appel dans le journal. En voici sept exemples :
novembre 1981 pour la Pologne (400 000 euros et des
millions de dons en nature transportés par 136 camions ; naissance
d’un savoir-faire, d’un faire-savoir et de la confiance) ;
décembre 1984 pour l’Éthiopie (700 000 euros collectés pour
MSF et Aide médicale internationale pour la rénovation d’hôpitaux et
le traitement de l’eau) ;
décembre 1989 pour la Roumanie (400 000 euros collectés
pour MSF, le Secours catholique… pour rééquiper un hôpital, une
crèche) ;
avril 1991 pour les Kurdes (300 000 euros pour Caritas
Turquie)
septembre 1992 pour la Somalie (270 000 euros pour MSF, le
Secours catholique) ;
août 1998 pour le sud-Soudan (280 000 euros pour MSF, le
Secours catholique) ;
décembre 2004 pour les victimes du tsunami (1,3 million
d’euros vers des villages de pêcheurs et des séminaires).
Au total, 4,2 millions d’euros collectés et dont l’utilisation a fait l’objet
de reportages et de comptes-rendus dans le journal.
L’IMPLICATION DU JOURNAL
Elle se fait de différentes manières :
1) la nomination du PDG François Régis Hutin comme membre
du Haut Conseil de la coopération internationale, un organisme
consultatif créé par le gouvernement Jospin en 2000.
2) le soutien aux journalistes emprisonnés. Ouest-France appuie les
ONG qui œuvrent en ce domaine, tout particulièrement Reporters
sans frontière (RSF) et l’Association mondiale des journaux (AMJ).
Au-delà de l’information sur les interventions de ces associations, le
journal ouvre régulièrement des espaces publicitaires gratuits pour la
collecte de signatures, de fonds ou la vente d’ouvrages servant à les
financer. Point culminant à l’occasion de la journée mondiale de la
liberté de la presse, le 2 mai. Ouest-France s’est aussi engagé dans le
parrainage de prisonniers, notamment un écrivain-journaliste cubain.
3) l’accueil de stagiaires dans les équipes du journal. Ouest-France
accueille, chaque année, pour des périodes allant d’une semaine à trois
mois des stagiaires étrangers. Au début, c’était avec l’Allemagne
(accord OFAJ), puis avec des pays francophones et l’Europe centrale.
De nombreux Vietnamiens viennent depuis dix ans, une Libanaise a
passé deux mois à Saint-Malo… Ces stages sont accompagnés : un
cadre de la rédaction en chef suit chaque stagiaire, organise son séjour
et peut, à tout moment, l’adapter à la personnalité et aux besoins
particuliers du stagiaire.Ce dernier a accès à tous les services qui
peuvent l’intéresser (Recherche et développement, gestion, publicité,
filiale des hebdos…). La pratique de l’information libre, c’est-à-dire
vérifiée, contradictoire et pluraliste, est au cœur de ces stages. Les
consœurs et confrères sont notamment associés à la vie des structures
de la rédaction au sein de laquelle s’élabore une information
indépendante, responsable, respectueuse des institutions, des
personnes et des lecteurs.
4) des formations sur place. Ces actions sont élaborées à partir de
l’expression de besoins locaux (on ne plaque pas des envies, on
répond à des demandes). En Pologne, il y a une session annuelle
animée par un directeur général adjoint et un cadre de la rédaction
(plus des interventions ponctuelles en formation initiale dans des
universités et en formation continue dans des groupes de presse). Il y
a aussi des détachements pour des actions lourdes de formation
(Congo, Vietnam, Madagascar) : de 1990 à 2000, le journal a détaché
une dizaine de journalistes. Ces actions sont menées en partenariat
étroit avec plusieurs services du journal (dg, rédaction, drh,
commission bourse du projet social, association Ouest-France solidarité
et association Ouest-Fraternité), l’Onu, les ministères, le ESJ de Lille,
des collectivités territoriales, des comités de jumelage…
5) la publication de piges. Pour que ces stages et ces formations ne
débouchent pas sur du vide, le contact est gardé par le biais de piges.
En fonction de l’actualité, sont sollicités d’ex-stagiaires ou ils
proposent des articles. Cela contribue à les perfectionner et cela leur
apporte des ressources non négligeables (une pige de 100 à 150 euros,
c’est plus qu’un mois de salaire dans certains pays). De son côté, le
journal trouve là des articles compétents et s’oblige à s’intéresser à des
pays dont il ne parlerait que très rarement (correspondances au
Vietnam, banque de piges du Centre de ressources de Brazzaville…).
Ouest-France publie aussi des articles proposés par l’agence Syfia
(surtout sur des phénomènes de société en Afrique).
6) la bourse du projet social. Depuis plusieurs années, le journal
offre la possibilité à des salariés de mener une action professionnelle
de coopération (le salarié est détaché et remplacé temporairement). Il
y a deux à cinq bourses par an.
7) l’aide à Ouest-Fraternité. Ouest-France facilite la vie de
l’association créée en 1992 parmi le personnel (fonctionnement,
congés spéciaux via la bourse du projet social, dons de matériel
réformé, apport de la notoriété et de la crédibilité…)
8) des missions d’expertise pour le Quai d’Orsay dans des pays où
le ministère veut agir et monter un programme de soutien
(Kazakhstan, Haïti, Angola, Arménie…). Dans ce dernier pays, le chef
du service économique de la rédaction a passé neuf jours pour cerner
les points forts et faibles, repérer les projets et les confrères
susceptibles d’être soutenus, identifier les actions pouvant développer
le professionnalisme des journaux. Un séjour ponctué de 35 rendezvous et d’un rapport qui décrit une presse riche en nombre de titres
mais pauvre en contenus et en ressources, une presse plombée par sa
dépendance des « sponsors » politiques mais avec des projets
prometteurs.
L’ACTION DU PERSONNEL : OUEST-FRATERNITE
Cette association a été créée en 1992 pour rassembler les
bonnes volontés du groupe Ouest-France. L’idée fondamentale était
d’établir un lien et un dialogue professionnels avec d’autres
journalistes exerçant le même métier mais dans des conditions
matérielles et dans des contextes politiques, sociaux et culturels très
différents. D’égaux à égaux, sans complexe. Les actions de l’aventure
Ouest-Fraternité ont réussi à établir ce lien avec des journalistes
d’ailleurs et à développer avec eux la presse de leur pays. Très vite,
tout ceci a été élargi à toutes les professions et à toutes les sociétés du
groupe Ouest-France (actifs et retraités soucieux de la transmission des
savoirs).
1) des actions ponctuelles. De 1992 à 1994, ce fut l’envoi de
fournitures scolaires au Congo. Récemment, furent envoyés trois
ordinateurs et une imprimante à l’Éveil hebdo de Nouakchott
(Mauritanie) via l’ambassade de France. Ou, au Niger, le soutien
matériel à une action de formation auprès d’Aïr Info à Agadès,
formation financée par le conseil général des Côtes d’Armor.
2) des actions à long terme.
- de 1992 à 1997, accompagnement du « printemps de la presse » au
Congo-Brazzaville en contribuant à la création d’un Centre de
ressources par l’envoi de trois journalistes pendant cinq ans
- de 1999 à 2004, soutien au développement de la presse écrite au
Vietnam en partenariat avec l’ESJ de Lille et l’Association des
journalistes du Vietnam. Un journaliste fut détaché un an (via la
bourse du projet social d’Ouest-France), prit ensuite une année
sabbatique puis fut salarié de l’association avec financement européen
(il est aujourd’hui le représentant de l’ESJ en Asie du sud-est). De
nombreux collègues y sont allés pour des actions précises (formation
au reportage de proximité, à la photo, à la gestion, au numérique…)
en adaptant les recettes françaises aux réalités vietnamiennes. En cinq
ans, 383 journalistes ont été formés au cours de 223 journées de
stages, 19 ont été accueillis en France pour plusieurs mois, une
nouvelle formule du Courrier du Vietnam a été créée ainsi qu’un manuel
de formation à l’interview.
- depuis 2005, Ouest-Fraternité est engagée dans un programme d’appui
à la presse malgache. À l’origine, un collègue qui part avec la bourse
du projet social, puis une recherche du président du GEPIM
(groupement des éditeurs de la presse d’information malgache) pour
passer à la couleur (il repartira avec une rotative de Publi-Hebdos). Le
projet d’appui a été affiné et une adhérente d’Ouest-Fraternité a effectué
une mission d’un mois pour dresser un tableau des besoins (difficulté,
par ex. d’organiser des stages). Ainsi est né un vrai partenariat, pas
une assistance. Ouest-Fraternité assure de juillet 2005 à avril 2006 une
présence dans huit journaux candidats à l’opération pour apporter des
connaissances et échanger nos expériences. Le GEPIM organise
l’hébergement et le transport sur place (une moto). Il s’agit de surmesure : accompagnement sur les « bases » du journalisme dans
chacun des journaux, formations modulées pour ne pas gêner la
production des rédactions dont les journalistes ont des activités
complémentaires, audit de l’informatique, organisation du secrétariat
de rédaction et du pré-presse pour un meilleur contrôle de la mise en
page… Ouest-France a contribué au succès de l’opération en accordant
quatre bourses du projet social (trois mois de détachement chacun
pour trois journalistes et un attaché d’organisation qui se sont succédé
sur place avant la mission d’un pré-retraité durant trois mois
également). Au total, Ouest-Fraternité aura investi 12 000 euros dans ce
projet et aura recherché des partenariats (Onu, Union européenne,
coopération française…)
3) Une action reconnue. De nombreuses collectivités territoriales de
l’Ouest appuient les projets (10 000 euros du Conseil régional de
Bretagne, 1000 euros des conseils généraux du Finistère et de la
Manche, 2000 euros du conseil municipal de Rennes…) OuestFraternité a aussi reçu en novembre 2000 le troisième prix de la
coopération internationale (7622 euros) remis à l’hôtel Matignon par
le Premier ministre Lionel Jospin pour l’action d’aide à la presse
vietnamienne. L’Union européenne a versé 185 000 euros en 2000
pour le projet Vietnam (poste du journaliste formateur, organisation
des ateliers, venue en France et en Europe de journalistes vietnamiens
pour des stages de deux à quatre mois).
CONCLUSION
Ce sont donc des actions de fond et au long cours qui sont
mises en œuvre. Le choix est de soutenir la professionnalisation des
entreprises de presse dans les pays en développement, actrices
incontournables de la démocratie et donc du développement.
L’information, disait l’académicien Jean-François Revel, est le
pain de la démocratie.