Télécharger le fichier en pdf

Transcription

Télécharger le fichier en pdf
DE LA PERCEE DES EUROPENNES DE 1999 AUX CANTONALES ET MUNICIPALES DE 2001 : ELEMENTS D'ANALYSE SUR LE COURANT SOUVERAINISTE DE DROITE A LA VEILLE DE LA PRESIDENTIELLE JEROME FOURQUET ‐ JUIN 2001 SOMMAIRE Introduction I‐ LES ELECTIONS EUROPEENNES, L'APPARITION DU COURANT SOUVERAINISTE DANS LE PAYSAGE POLITIQUE. A ‐ Composition et motivations de cet électorat : un profil de droite autoritaire B ‐ Eléments de géographie électorale : continuités et nouveautés par rapport à 1994 II‐ QUELLE PERENNITE POUR LE RPF ET LE COURANT SOUVERAINISTE DE DROITE A LA VEILLE DE LA PRESIDENTIELLE ? A ‐ Spécificités des valeurs et des attentes des sympathisants RPF au sein de la droite B ‐ Une implantation électorale fragile laissant peu de marges de manoeuvre pour la présidentielle Conclusion INTRODUCTION.
Le soir du 13 Juin 1999, la liste "Rassemblement Pour l'Indépendance de la France en
Europe" créa la surprise en obtenant plus de 13 % des suffrages et en devançant la liste UDF
mais également la liste de droite "officielle" RPR/DL conduite par Nicolas Sarkozy et Alain
Madelin. Bien que ce résultat soit très proche de celui réalisé par Philippe de Villiers en 1994,
le retentissement médiatique et politique fut très fort dans la mesure où contrairement à 1994,
la liste Pasqua-Villiers arriva en tête de la droite et en deuxième position après à la liste PS.
De surcroît ce bon résultat intervint au moment où l'extrême-droite enregistra son premier
recul visible depuis la scission entre lepénistes et mégrétistes en passant de plus de 15 % aux
régionales de 1998 à 9 %.
Cela suscita sur le coup de nombreuses interrogations sur les causes et le sens de cet
événement. Qu'est ce qui explique le succès de cette liste, et sur quels ressorts s'est
développée cette percée ? Quelles sont les similitudes et les différences avec l'électorat de de
Villiers en 1994 ? S'agit-il d'un électorat avant tout mû par des convictions souverainistes ou
d'un électorat de droite voulant manifester son hostilité à la cohabitation et sa défiance vis à
vis des partis de droite traditionnels ? Le vote RPF a-t-il servi à recycler les voix de l'extrême© CEVIPOF 2001 1 droite ou les appels aux "républicains de l'autre rive" lancés par Charles Pasqua ont-ils été
entendus ? Toutes ces questions méritaient qu'on tente de leur amener des éléments de
réponses afin de faire le point sur ce phénomène mais aussi pour essayer de mieux percevoir
ce que pouvait être l'avenir de courant de pensée : allait-on assister à une pérennisation de
cette influence électorale ou est-ce que les élections suivantes allaient consacrer le retour à la
normale à droite comme lors de la présidentielle de 1995 où Philippe de Villiers ne retrouva
qu'un résidu de son électorat de 1994 ?
De fait, l'histoire du courant souverainiste de droite ne s'est pas arrêtée à cette élection
européenne et nous essaierons de montrer, d'une part, quelles ont été et quelles sont les limites
de cette implantation électorale, d'autre part quelle est la spécificité de ce courant de pensée
par rapport aux autres familles de la droite actuellement et enfin quelles sont les perspectives
envisageables pour la prochaine échéance présidentielle.
I- LES ELECTIONS EUROPEENNES DE 1999, L'APPARITION DU COURANT
SOUVERAINISTE DANS LE PAYSAGE POLITIQUE
A- COMPOSITION ET MOTIVATIONS DE CET ELECTORAT : UN PROFIL DE
DROITE AUTORITAIRE
1- Un profil socio-démographique assez sembable à celui des autres électorats
de droite.
L'analyse de la composition des différents électorats de droite ne permet pas de faire ressortir
de différences sociologiques importantes. La répartition par tranches d'âges est très proche :
31 % de plus de 65 ans parmi les électeurs de la liste Pasqua, contre 34 % parmi ceux de
Sarkozy et 24 % parmi ceux de Bayrou, 18 % de moins de 34 ans pour Pasqua et Sarkozy et
24 % pour Bayrou 1.
Il en va de même en ce qui concerne la composition sociologique : 58 % de retraités et
d'inactifs et 8 % de cadres supérieurs parmi les électeurs de Pasqua, 59 % et 8 % chez ceux de
Sarkozy et 56 % et 10 % pour Bayrou. Les ouvriers ne représentent que 5 % de l'électorat de
la liste souverainiste contre 10 % parmi l'électorat de la liste Sarkozy et 8 % parmi celui de
Bayrou.
Petite spécificité de l'électorat Pasqua : sa dominante masculine : 56 % d'hommes contre 53 %
pour la liste RPR/DL et 42 % pour la liste UDF. Par ailleurs, l'analyse en pénétration fait
apparaître une meilleure audience de la liste Pasqua parmi les agriculteurs : 30 % (contre 11
% pour Sarkozy et 6 % pour Bayrou) et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise : 20 %
(contre 9 % pour les listes UDF et RPR/DL).
2 - Un électorat plus masculin et moins diplômé que celui de Philippe de
Villiers en 1994
Les structures comparées de l'électorat RPF et de l'électorat de Philippe de Villiers ne
présentent que peu de différences en termes de professions et de statut. Et contrairement à ce
que l'on aurait pu attendre l'impact des deux listes a été identique parmi les catholiques
© CEVIPOF 2001 2 pratiquants, Charles Pasqua n'ayant pas fait moins bien que le vendéen de Villiers dans les
milieux catholiques.
Les différences sont en revanche plus marquées en ce qui concerne le sexe et le niveau de
diplôme.
Electorat de Villiers
1994 2
Electorat RPF
1999
Homme
46 %
56 %
Femme
54 %
44 %
.
.
Sans
diplôme/Primaire
14 %
35 %
BEPC / CAP / BEP
16 %
31 %
Bac
27 %
13 %
Supérieur au Bac
43 %
19 %
Nous sommes ainsi passé d'un électorat très diplômé à dominante féminine à un électorat
majoritairement masculin et moins "instruit", ce qui a des conséquences au point de vue du
profil psychologique de cet électorat et de sa "radicalité" 3.
3 - Un impact concentré sur les composantes droitières de l'électorat et les
sans préférence partisane.
77 % des sympathisants du MPF s'étant rendu aux urnes ont voté en faveur de la liste PasquaVilliers. Cette liste a également su rallier les suffrages de 24 % des sympathisants du RPR et
de Démocratie Libérale. L'impact a été nettement moins fort parmi les sympathisants UDF
(11 % 4) et l'ambition de l'ancien Ministre de l'Intérieur pour séduire les "républicains de
l'autre rive" a été déçu (2 % parmi les sympathisants de gauche). En revanche la liste
souverainiste a pu capter 10 % des personnes ayant voté pour le FN lors des législatives de
1997 (et s'étant déplacés en 1999) et surtout 19 % des sans préférence partisane, ce qui la
place en tête parmi cette catégorie. Cette très forte audience parmi les sans préférence
partisane s'explique sans doute en partie par le fait que la liste souverainiste soit parvenue à
séduire de nombreux électeurs de droite ne se reconnaissant pas (ou plus) dans les partis de
droite traditionnels.
4 - L'électorat le plus euro-sceptique parmi ceux des listes de droite
Alors que seuls un tiers des électeurs de la liste Bayrou (34 %) et de la liste Sarkozy (35 %) se
disent inquiets face à la construction européenne cette proportion s'élève à 57 % parmi
l'électorat de Pasqua. De même 8 % de cet électorat se déclare hostile à la construction
européenne contre 2 % parmi l'électorat RPR/DL et 0 % parmi l'électorat UDF. En accord
avec les thèses souverainistes défendues par les leaders de la liste, 20 % de ces électeurs
souhaitent que "la construction européenne ralentisse" (contre 6 % pour l'UDF et 5 % pour
RPR/DL) et 41 % "ni qu'elle ralentisse ni qu'elle s'accélère" (contre 32 % à l'UDF et pour
© CEVIPOF 2001 3 RPR/DL) alors que seuls 31 % sont favorables à son accélération (59 % à l'UDF et 55 % pour
RPR/DL).
Les électeurs souverainistes se caractérisent également par une défiance prononcée vis à vis
des Etats-Unis puisque 72 % d'entre eux (soit la plus forte proportion parmi les différents
électorats) pensent que "l'Europe devrait être indépendante des Etats-Unis".
5 - Mais la défense de la souveraineté nationale est loin d'être la seule
motivation de cet électorat.
Si l'europessimisme est très présent au sein de l'électorat de liste RPIFE, c'est la sécurité (39
%) et l'immigration (34 %) qui ont le plus compter au moment de voter. La construction de
l'Europe n'arrive qu'en troisième position (33 %). Cette hiérarchie des préoccupations
rapprochent davantage cet électorat des électorats du Mouvement National et du Front
National que des électorats Bayrou et Sarkozy parmi lesquels la construction européenne
arrive en tête des préoccupations. Ceci vient relativiser l'image purement souverainiste de
l'électorat Pasqua-Villiers et l'idée selon laquelle l'opposition à la construction européenne
actuelle serait le principal motif de ralliement à cette liste. On notera ainsi que si la liste a
obtenu 26 % des suffrages parmi les sympathisants RPR ayant voté "non" à Maastricht elle a
également recueilli 19 % parmi ceux qui avaient voté "oui".
On perçoit ainsi, que la question européenne n'apparaît pas comme la seule marque de
fabrique de cet électorat. Hormis la thématique souverainiste, la personnalité et le parcours de
Charles Pasqua ont joué un rôle très important dans la réussite de la liste puisqu'ils ont permis
de capter un électorat de droite focalisé sur les enjeux sécuritaires (auxquels ces électeurs
associent étroitement la question de l'immigration). Les gains ont, en revanche, été des plus
limités parmi l'électorat de gauche.
B- ELEMENTS DE GEOGRAPHIE ELECTORALE : CONTINUITES ET
NOUVEAUTES PAR RAPPORT A 1994
La liste emmenée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers avec 13,1 % des voix est arrivé
en deuxième position le 13 juin au soir. Elle a obtenu plus de 15 % dans 13 départements,
entre 13 et 15 % dans 43 départements entre 12 et 13 % dans 13 autres, entre 11 et 12 % dans
11 et moins de 10 % dans 12. Elle est également arrivée en tête de la droite dans 56
départements et dans 325 circonscriptions métropolitaines.
1 - Les places fortes souverainistes : des profils différenciés
1/. L'analyse au niveau communal permet de faire ressortir plusieurs éléments
favorables au vote souverainiste en milieu urbain
Afin d'affiner cette première analyse, il a été possible de procéder au dépouillement des
résultats électoraux sur la totalité des communes de plus de
20 000 habitants et sur environ 90 % des communes de 3500 à 20 000 habitants. Nous avons
ainsi notamment pu recenser l'ensemble des communes dans lesquelles le courant
souverainiste est arrivé en tête devant toutes les autres listes de droite comme de gauche.
© CEVIPOF 2001 4 Ces communes, d'après nos pointages sont au nombre de 112. Bien évidemment arrivent en
haut de tableau des communes vendéennes, des Hauts-de-Seine et des départements
méditerranéens (Var et Alpes-Maritimes principalement) mais au total elles se répartissent
dans 28 départements. A l'exception de quelques grandes villes du littoral méditerranéen
(Toulon, Nice, Antibes, Cannes, La Seyne-sur-Mer), l'essentiel de ces communes sont de
tailles moyennes ou assez peu importantes.
Par ailleurs, l'identité socio-culturelle de ces villes est très variée et la première place obtenue
par la liste RPIFE renvoie à différents types de configuration locale.
•
•
•
•
Ces résultats peuvent tout d'abord s'expliquer par l'influence personnelle de chacun des
deux leaders de la liste dans leur fief respectif. Ce n'est pas un hasard si cette liste
arrive en tête dans trois villes des Hauts-de-Seine et dans seize de Vendée (auxquelles
il faut ajouter quelques villes de Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Deux-Sèvres).
L'impact personnel de certains maires souverainistes (présent ou non sur la liste) a
également joué dans un certain nombre de communes. C'est le cas notamment de
Luçon, du Plessis-Robinson, Sorgues ou bien de Nuit-Saint-Georges. Mais, comme le
montre les résultats sur Verdun ou sur Sevran, la présence d'un maire sur la liste n'a
pas toujours été une condition suffisante pour que la liste arrive en tête dans la
commune en question
La liste RPIFE a semble-t-il également bénéficié du soutien de Charles Millon, soutien
qui expliquerait que les souverainistes se retrouvent en tête dans deux villes de l'Ain
(Divonne et Nantua) et en seconde position à Belley, commune dont Charles Millon
était à l'époque le premier édile.
La sociologie particulière de certaines communes a favorisé la liste RPIFE qui est
arrivée en tête :
ƒ dans certaines villes de garnison : Mourmelon, Suippes ou Sarrebourg
ƒ dans certains villes de villégiatures aisées : en bord de mer : Bormesles-Mimosas, Bandol, Brignoles, Le Lavandou, Noirmoutier, SaintGilles-Croix de Vie ou La Grande Motte par exemple ou à la montagne
: Mégève, Saint-Gervais ou Chamonix.
2/. Un vote émanant d’abord des cantons les plus ruraux et les plus isolés.
Si la liste de Charles Pasqua et de Philippe de Villiers a remporté quelques succès dans
certaines communes urbanisées, c'est avant tout dans les zones rurales qu'elle s'est imposée.
L'analyse des résultats, non plus communaux mais agrégés au niveau cantonal permet de
mettre en lumière les spécificités géographiques du vote souverainiste et des logiques
spatiales récurrentes en zone non-urbaine. En effet si, les cantons ruraux dans lesquels la liste
RPIFE a obtenu des résultats conséquents peuvent présenter de prime abord des
caractéristiques différenciés, ils partagent dans leur très grande majorité un trait commun : il
s'agit quasiment toujours de cantons isolés et enclavés, peu peuplés et éloignés des grands
centres urbains. Une fois dressée, la carte de France cantonale des résultats de la liste
Pasqua/Villiers fait ainsi ressortir les zones de force suivantes :
des régions montagneuses ou semi-montagneuses :
•
Une vaste bande plus ou moins discontinue prenant en écharpe les façades sud et
est du Massif Central, des cantons du sud du Cantal et du Nord de l'Aveyron
© CEVIPOF 2001 5 •
•
•
•
•
(l'Aubrac) en passant par le nord de la Lozère, la Haute-Loire, les cantons les plus
à l'ouest de l'Ardèche, les zones non urbanisées de la Loire et du Rhône pour finir
dans le Charolais.
La partie orientale de la Creuse et les cantons limitrophes du Puy de Dôme
Les cantons alpins longeant les frontières italienne et suisse (de l'arrière-pays
niçois au Mont Cenis en passant par Barcelonnete et Briançon, le Queyras)
Les cantons jurassiens du Doubs
Le Querçy aux confins du Lot et du Tarn-et-Garonne
Une bonne partie du Morvan.
Des régions rurales enclavées :
•
•
•
•
•
Le Perche s'étendant de l'est de l'Orne aux façades occidentales de l'Eure-et-Loir et
du Loir-et-Cher
Le Bocage Normand compris dans le triangle Vire, Domfront et Mortain
(Calvados, Orne et Manche)
Une bande englobant les cantons sarthois et mayennais mitoyens
La région berrichonne de Saint-Amand Montrond dans le Cher
Les cantons ruraux de la Marne et de la Meuse (région de l'Argonne notamment)
Gilles Delbos a défini la notion d'isolement comme "un état dans lequel une population ou
une zone sont tenues à l'écart, par un ensemble de facteurs éventuellement cumulatifs, des
réseaux de communication ou de pouvoir, et dans lequel elles ne bénéficient pas de capitaux
dont leur environnement dispose"5 et précise que lorsque l'isolement est perçu, il peut avoir
des conséquences sur le vote (dans le cas étudié, influence en faveur du "non" à Maastricht
dans certains cantons aveyronnais). En partant de cette démonstration, et étant donné la
continuité des problématiques, on peut avancer l'hypothèse selon laquelle un sentiment
d'abandon et d'isolement, associé à des représentations renvoyant à la crise du monde rural et
à "la mort des campagnes", puisse être un des ressorts sur lequel le vote souverainiste s'est
appuyé, tout comme le vote "non" à Maastricht l'avait fait.
On pourrait même pousser plus loin l'analyse en disant que, dans un département, le vote RPF
est généralement indexé sur un gradient d'éloignement avec les principales agglomérations.
Plus on s'éloigne des zones urbanisées et plus le résultat de la liste RPIFE a une chance
d'augmenter6. Les quatre cartes départementales suivantes, provenant de régions différentes
(Aveyron, Isère, Indre-et-Loire et Calvados) illustrent bien ce phénomène. De manière
synthétique et un peu modélisée 7, les zones favorables au vote souverainiste sont donc les
quartiers centraux (aisés et commerçants) des villes et à l'autre extrémité, les zones rurales
profondes et enclavées. A l'inverse, les quartiers non-centraux des villes, les banlieues, les
couronnes péri-urbanisées et les zones à forte présence rurbaine apparaissent comme des
espaces beaucoup moins perméables.
© CEVIPOF 2001 6 © CEVIPOFF 2001 7 Enfin, l'analyse auu niveau cantonal
c
peermet égaleement de mettre
m
en lumière l'in
nfluence
électoraale de la préésence de certains noyyaux militan
nts MPF acttifs. On retrrouve ainsi dans les
chiffres, comme enn 1994, la trrace du travaail de militaants villiérisstes dans la Beauce et la
l région
d'Epernnay. Dans lees deux cass, ces
réseaux sont liéés à la forte
implanttation de la
l Coordin
nation
Rurale dans ces zones agriicoles
prospèrees. Influennce égalem
ment,
mais saans doute plus
p
récente, de
foyers villiéristees actifs en
Chalossse
dans
les
Laandes
(Montfoort-en-Chaloosse, Mu
ugron,
Pouillonn), dans cerrtains cantons de
la Creuuse (Jarnagges, Evaux
x-lesBains), dans la réégion de SaintS
Claude dans le Jura8 ou bien
encore ddans l'est dee l'Aveyron.
2 - Des
s évolution
ns contras
stées par rapport à 1994
La cartoographie de l'évolution
n des scores départemen
ntaux de la liste RPIFE
E par rapporrt à ceux
obtenuss en 1994 peermet de meettre en lum
mière certain
nes dynamiq
ques régionnales. Le paassage de
témoin entre Philipppe de Villiiers et Charrles Pasqua a eu des rép
percussionss géographiquement
différennciées. Il esst ainsi frappant de connstater que la candidatture de Chaarles Pasqua se soit
traduite par unee progressiion du sccore des
souveraainistes danns toute la moitié
m
sud du pays,
façade atlantiquee exceptéée. Cela a été
particulièrement vrai
v
en PA
ACA et LaanguedocRoussilllon mais auussi en Miidi-Pyrénéess et dans
une mooindre mesuure en Rhô
ône-Alpes eet dans le
Massif Central. Dee par son im
mage et son discours,
d l'Intérieurr a apparem
mment été
l'ancienn Ministre de
plus à m
même de sééduire les éllecteurs mérridionaux
d'un grrand sud allant
a
bien au-delà ddu littoral
méditerrranéen que le député vendéen.
v
Autre ddifférence, on notera égalementt que les
perform
mances de la liste em
mmenée parr Charles
Pasqua ont été meeilleures qu
ue celles dee Philippe
de Villliers danss les rég
gions ouvrrières et
industrielles que sont la Haute-Norm
H
mandie, la
L
Picardiee, le Nordd et la Lorraine.
Ceci est
notamm
ment à mettrre en regard
d avec le ppoids plus
importaant des personnes plus faaiblement
diplôméées dans l'électorat de 1999 que ddans celui
© CEVIPOFF 2001 8 de 1994. Cette progression dans les zones ouvrières du Nord-est de la France et sur le
pourtour méditerranéen accrédite l'hypothèse de transferts en provenance de l'extrême-droite
traditionnellement bien implantée dans ces régions, mais nous y reviendrons.
A l'inverse, la moins grande exposition du Président du Conseil Général de Vendée (et sans
doute aussi pour partie l'identité méditerranéenne de Charles Pasqua) ont détourné de la liste
souverainiste un certain nombre de voix dans des zones de force de 19949. Ce phénomène a
été le plus sensible dans tout l'Ouest intérieur et en Champagne mais il s'est également produit
en Bretagne, en Bourgogne, en Basse-Normandie et dans le Centre.
Les quelques exemples suivants viennent à l'échelle communale illustrer les évolutions
identifiées au niveau national :
•
- Recul dans certaines communes "bourgeoises" particulièrement en région
parisienne:
Le Chesnay
Saint-Cloud
Versailles
La Celle-Saint-Cloud
Saint-Maur-des-Fossés
•
- 3,4
- 3,2
- 2,5
- 2,3
- 2,3
- ... Mais progression dans certaines communes populaires :
Genevilliers
Saint-Etienne du Rouvray
Aubervilliers
La Courneuve
Forbach
Valenciennes
+ 4,4
+ 3,1
+ 2,8
+ 2,7
+ 2,5
+ 2,4
Comme le montre le tableau ci-dessous, la situation à Paris s'inscrit dans la logique nationale.
La liste RPIFE a, comme la liste de Philippe de Villiers en 1994, obtenu ses meilleurs scores
dans les arrondissements "bourgeois" et acquis à la droite (les IIème et IIIème
arrondissements qui bien qu'aisés ont donné des majorités à la gauche ne sont pas ici
concernés). Mais c'est également dans ces arrondissements que les pertes ont été bien
supérieures à la moyenne (arrondissements en gras). En revanche la baisse a été beaucoup
plus limitée dans l'est parisien, la liste RPIFE progressant même légèrement dans les XIXème
et XXème arrondissements. Comme on l'a déjà signalé la moins grande exposition médiatique
de Philippe de Villiers (qui avait recueilli 21,7 % des suffrages dans le XVIème
arrondissement) et la pole position de Charles Pasqua explique une bonne partie de ces
évolutions contrastées.
Paris : Scores du RPF par arrondissement et évolutions par rapport à 1994
© CEVIPOF 2001 9 Arrondissements
RPIFE
Evolution
1
12,1
- 2,6
2
10,8
+ 0,4
3
8,7
- 0,3
4
10,9
- 2,3
5
11,7
- 0,1
6
12,8
- 1,9
7
16,1
- 3,4
8
16,3
- 3,8
9
11,5
- 1,4
10
9,9
- 1,5
11
9,2
- 0,4
12
12,1
- 0,9
13
9,9
- 0,2
14
11,2
- 0,4
15
14,2
- 0,8
16
17,5
- 4,2
17
15,5
- 1,5
18
10,7
- 0,1
19
10
+0,3
20
9,6
+ 0,2
Paris
12,2
- 1,1
Au total, il semble que les personnalités et les profils des deux leaders de la liste RPIFE aient
assuré à chacun des "primes électorales localisées".
3 - Les éléments qui ont limité le score de la liste RPIFE
1/. Le poids de la droite modérée et de ses leaders
La percée du courant souverainiste s'est souvent heurtée à l'implantation des partis de droite.
Ceci a conduit au paradoxe suivant : alors qu'on l'a vu, les électeurs de cette liste se
recrutaient très majoritairement dans les rangs de la droite et que donc c'est dans les zones
acquises à la droite que la liste souverainiste pouvait le plus prospérer, elle s'y est trouvée
confrontée à une concurrence plus farouche de la droite modérée que dans d'autres zones où
cette dernière était moins bien implantée. Ainsi par exemple on a pu relever l'impact négatif
sur les performances souverainistes de certains poids lourds du RPR.
© CEVIPOF 2001 10 Impaact de persoonnalités du
u RPR sur l 'évolution (94/99)
(
des résultats
r
dees souverain
nistes
Neuillly
Tulle
Bordeaaux
Troyess
Epinall
Biarrittz
Chalonn-sur-Saônee
- 5,6
- 2,1
- 2,0
- 1,8
- 1,7
- 1,1
- 1,1
On obseerve le mêm
me phénomèène au nive au départem
mental, on relève
r
ainsi par exemplle que la
progresssion par rappport à 199
94 est assezz réduite en
n Corrèze, fief corréziien s'il en est,
e alors
qu'elle eest bien suppérieure dan
ns tous les ddépartements avoisinantts10.
En revaanche, comm
me le mon
ntre la cartee, la pluparrt des
départem
ments dans lesquels la liste emmeenée par Ch
harles
Pasqua et Philippee de Villierrs est parveenue à distaancer
les deuux listes de la drroite modéérée sont des
départem
ments plutôôt acquis à la
l gauche. C
C'est le cas dans
le Nordd-Pas-de-Caalais, la Picaardie, la Haaute-Normaandie,
la Nièvrre, le Cher,, l'Allier, laa Creuse ouu bien encorre en
Midi-Pyyrénées et LanguedocL
-Roussillon.. A cette liste il
faut ajoouter égalem
ment tous lees départem
ments du su
ud-est
eux majjoritairemennt orientés à droite vooire à l'extrrêmedroite.
Ces diff
fférents enseembles géographiques présentent trois
grandess caractéristtiques com
mmunes quii peuvent selon
s
nous y expliquuer la prééminencee du cou
urant
souveraainiste au seein des droittes. Il s'agitt tout d'aborrd de
la moiins forte implantatio
on des paartis de droite
d
traditionnnels dans ces zones et/ou dee la crise qu'y
traversee le systèm
me notabilliaire mis en place. Le
deuxièm
me élément commun esst que dans la plupart de
d ces départements le "non" à Maastricht
l'avait eemporté. Il est ainsi fraappant de c onstater la grande sim
militude entrre la carte du
d vote à
Maastricht et celle des départements où lla liste RPIIFE arrive en
e tête de laa droite. En
nfin dans
tous cess départemeents de gaucche ou du ssud-est, l'an
ntagonisme gauche-drooite est plus ressenti
qu'ailleuurs, et un diiscours de droite
d
"muscclé" peut y trouver
t
davaantage d'échho.
2/. La rrémanence
e du référendum de M
Maastricht
Si on l'aa vu, les déépartementss qui avaiennt majoritairrement optéé pour le "nnon" au réfé
férendum
ont favoorablement accueilli laa liste RPIF
FE tel n'a pas
p été le cas
c dans less terres acq
quises au
"oui". P
Parmi les quuatorze dépaartements ay
ayant le moiins voté en faveur de laa liste souverainiste
(résultatts inférieurss à 11 %) on retrouve 9 départements dans leesquels le "ooui" était en
n tête en
1992. D
Dans la graande majorité de ces départemen
nts (Ariègee exceptée),, le sentim
ment pro-
© CEVIPOFF 2001 11 européeen y est portté et structu
uré par le coourant centriste qui a fait
f de la Brretagne, de l'Alsace
et de la partie occiddentale des Pyrénées sees places-fo
ortes.
D
Départemennts
Résultats R
RPIFE
Réésultats UD
DF
Oui à Maastrichtt
F
Finistère
11 %
10,6 %
559,4 %
M
Morbihan
10,9 %
10,7 %
556,7 %
H
Haut-Rhin
10,6 %
13,8 %
661,3 %
B
Bas-Rhin
10,2 %
16,,2 %
668,6 %
H
Hautes-Pyréénées
10,2 %
12,2 %
551,4 %
P
PyrénéesA
Atlantiques
9,9 %
18,4 %
553,4 %
L
Landes
9,5 %
9,4 %
553,4 %
IIlle-et-Vilaine
9,4 %
12,5 %
662,8 %
C
Côtes-d'Arm
mor
9,3 %
10,7 %
660,2 %
F
France
13,1 %
9,3 %
51 %
Il sembble qu'en Bretagne,
B
soit
s
venu sse cumulerr au handicap de déépart que constitue
c
l'orientaation pro-euuropéenne et
e centriste de ces dép
partements,, l'impact nnégatif de la
l moins
grande vvisibilité duu président du
d Conseil Général de Vendée qu
ui avait bénééficié en 1994 d'une
certainee proximité dans cette région,
r
d'oùù un recul paarfois assez sensible.
- Reccul dans less grandes viilles de Brettagne
Fougèrees
Vanness
Renness
Lorientt
Quimpeer
Saint-M
Malo
Saint-B
Brieuc
Brest
- 4,2
- 3,6
- 3,4
- 2,8
- 2,4
- 1,8
- 1,4
- 1,0
3/. La cconcurrencce de CPNT
© CEVIPOFF 2001 12 Si l'influuence de la tradition déémocrate-chhrétienne prro-européen
nne et l'équaation person
nnelle de
certainss leaders de droite ont gêné ou freeiné la pousssée souverainiste danss certains endroits ;
dans dees régions coomme la Baasse-Normaandie, la Bo
ourgogne, lee Centre ainnsi qu'en Paays de la
Loire, il semble quu'il faille ég
galement im
mputer le reecul de l'au
udience des souverainistes à la
percée ddes chasseuurs qui ont obtenu
o
des sscores imporrtants dans ces zones 111. La progreession de
CPNT est sans dooute aussi responsablee du tassem
ment des so
ouverainistees observé dans la
Somme, les Chareente-Maritim
me, la Gironnde, les Laandes et less Pyrénées-A
Atlantiquess (ce qui
expliquee que ces département
d
ts de la façaade atlantique se distin
nguent des aautres déparrtements
du sud qqui ont vu eux
e progressser les résulltats des sou
uverainistes).
Pourtannt, au niveauu national, le
l taux de coorrélation réalisé sur l'ensemble ddes cantons entre les
résultatss de CPNT et ceux de la liste Passqua-Villierrs s'établit -0,04,
ce quui semble ex
xclure, à
premièrre vue, toutee relation en
ntre les deuux électoratss. Néanmoin
ns, lorsque que l'on an
nalyse de
plus prèès ces résultats12, il resssort généraalement unee certaine complémenttarité entre les deux
phénom
mènes. En effet, il s'agit, par certains côtés
c
d'éleectorats rellativement proches
idéologiiquement parlant
p
(hostilité ou criitique vis à vis de l'E
Europe fédéérale, attach
hement à
certainees traditionss, sensibilité à un certtain populissme…) or on
o a vu quue les zoness rurales
isolées, où les chaasseurs ont obtenu de bons résultats, étaientt parmi les plus récep
ptives au
discourss souverainniste. De cee fait, les ddeux listes se sont tro
ouvées en cconcurrencee sur ce
segmentt de l'électoorat, ce quii s'est traduuit géograp
phiquement. Dans les ccantons à fort
f
vote
CPNT, la liste Pasqua/Villieers a génééralement été
é "bloquée" ou limiitée, et à l'inverse
lorsqu'eelle a obtenuu de bons résultats,
r
la liste Saint--Josse a maarqué le pass. Les exem
mples des
campaggnes de la Somme,
S
du Loir-et-Cheer et du Varr illustrent bien
b ce phéénomène. Alors
A
que
le vote CPNT à pllus de 35 % est
l
ment
cantonnné dans l'arrondissem
d'Abbevville et à l'ouest du
départem
ment de la Somme, le vote
souveraainiste est lui le plus
importaant à l'extrême-est du
départem
ment. Dans le cas du LoirL
et-Cher,, les cantoons beauceerons
du Venndômois quui ont acccordé
plus de 18 % au soouverainistes, ne
sont pass ceux qui ont le plus voté
pour CP
PNT, les zoones de forcce de
ce derniier étant caaractérisé paar un
vote "P
Pasqua" mooins imporrtant.
Enfin, le cas du Var offree un
exemplee de forte complément
c
tarité
des deuux implantattions : le co
ourant souvverainiste a concentré ses
s meilleurrs scores su
ur la côte
et au suud d'une liggne Brignoles-Fayence , espace peeu tenté par le vote CPPNT, qui ob
btient en
revanchhe plus de 15
1 % voire plus de 199 % dans to
out l'arrièree-pays et pllus particuliièrement
dans less cantons less plus septeentrionaux.
© CEVIPOFF 2001 13 4/. Le R
RPF, une machine
m
à recycler le
es électeurrs d'extrêm
me-droite ?
L'appariition concoomitante d'u
un pôle à laa droite du bloc UDF//RPR et le recul de l'eextrêmedroite oont pu incliiner à pensser que le courant sou
uverainiste avait profiité des déb
boires de
l'extrêm
me-droite et récupéré un
ne partie noon négligeaable de cet électorat.
é
Lees bons résultats de
la liste P
Pasqua-de-V
Villiers sur la façade m
méditerranéeenne, la misse en avantt de l'insécu
urité et le
discourss musclé dees leaders de
d cette listee plaidaientt égalementt en ce senss. Or, d'unee part, la
géograpphie électorrale de cess mouvemeents présen
nte de nom
mbreuses diifférences et
e ne se
13
ressembble guère , et d'autre part les traansferts, tells que révéllés par les SSU, sont apparus
quantitaativement limités. Qu'en est-il préccisément et que s'est-il passé ?
Le tauxx de corréllation calcu
ulé sur l'ennsemble dess cantons entre
e
le voote d'extrêm
me-droite
14
(FN+MN
NR) et le voote RPFIE atteint
a
0,12 , ce qui esst faible et n'autorise
n
paas à rapproccher ou à
opposerr les deux phénomènees au plan national. Mais
M
comm
me c'est le ccas avec CPNT
C
on
retrouvee entre l'asssise électoraale de l'extrrême-droite et de la listte Pasqua-V
Villiers une certaine
complém
mentarité lorsque
l
l'on
n analyse les résultaats au niveeau cantonaal à l'écheelle d'un
départem
ment. Ainsii si l'on pren
nd les cas du Haut-Rhin et de la Loire par exeemple, on remarque
que les cantons ayaant le plus voté pour l 'extrême-drroite (bassin
n de Mulhouuse et Saintte-Marie
aux Minnes dans unn cas et certtaines comm
munes de l'aagglomération stéphanooise dans l'aautre) se
caractérrisent par les plus faibles
f
nivveaux de vote
v
souverainiste ennregistrés dans
d
les
© CEVIPOFF 2001 14 départem
ments conccernés. A l'iinverse, les cantons à fort vote "P
Pasqua" ontt moins votté que la
moyennne en faveurr du FN et du
d MNR.
Le cas dde la Seine--Saint-Deniss présente éégalement un
u bon exem
mple de la coomplémenttarité des
géograpphies de cess deux famiilles politiquues. Alors que
q les zones de force de l'extrêm
me-droite
se situeent dans l'oouest du département
d
t (Pierrefittte, Stains, La Courneeuve, Aubeervilliers,
Drancy)), où les soouverainistees ont enreegistré leurss plus faibles scores départemen
ntaux, la
partie orientale du départemen
nt a moins vvoté en faveeur de l'extrrême-droite et mieux voté
v pour
la liste R
RPIFE. Touut se passe comme-ci,
c
uune "divisio
on géograph
hique du traavail" s'étaitt opérée,
l'extrêm
me-droite coonservant sa forte impplantation dans
d
ses baastions urbaains, popullaires en
proie à la crise urbbaine et y éttant faiblem
ment concurrrencée par les
l souverai
ainistes, ces derniers
en revannche devanççant significativement le FN et le MNR danss les zones rrurales et lees petites
aggloméérations. Néanmoins,
N
un type dd'espace voit ces deux courantts se conccurrencer
directem
ment : les zoones urbain
nes aisées oou non marg
ginalisées (o
ou du moinns, moins po
opulaires
que les précédentees15), qui dee longue daate votent pour
p
l'extrêm
me-droite. L
Le cas de la
l SeineSaint-D
Denis nous fournit queelques exem
mples de reecouvremen
nt des deuxx géographies et de
coïncideences de foorts votes d'extrême-dr
d
roite et souv
verainiste : les cantonns de Livry--Gargan,
Montferrmeil
e
et
des
Pavillonns-sous-Boiis
principaalement. Onn retrouve
ce mêm
me phénomène de
superpoosition
dans
l'ensembble des déppartements
méditerrranéens,
où
la
pousséee du vote Paasqua s'est
produitee sur dees terres
acquisess au FN.
Au totaal, commee nous le
verrons égalemeent dans
l'analysee
des
élections
partiellees ayant eu lieu après
les euroopéennes, il semble
que le ccourant souuverainiste
soit parrvenu à cappter une parrtie seulem
ment de l'éleectorat d'extrême-droitte, quantitattivement
© CEVIPOFF 2001 15 limitée et socio-culturellement circonscrite au segment correspondant à l'électorat de droite
radicalisé. L'électorat idéologiquement d'extrême-droite et la frange populaire englobant les
"ninistes" et les "gaucho-lepénistes", pour reprendre les appellations de Nonna Mayer et de
Pascal Perrineau, sont, quant à eux, restés fidèles ou se sont abstenus, d'où un impact du vote
"Pasqua" sur les scores du bloc FN/MNR géographiquement très circonscrit sur certaines
zones, comme le montre graphique.
Notons enfin, que lors des européennes de 1994, la liste de Philippe de Villiers n'avait
recueilli que 2 % des voix des sympathisants FN s'étant déplacés, alors qu'aux européennes de
1999, 11 % des personnes ayant voté pour le FN aux législatives de 1997 et ayant participé au
scrutin européen auraient voté pour la liste souverainiste. Signe d'une meilleure capacité de
"recyclage" de la part du RPF.
© CEVIPOF 2001 16 ©
© CEVIPOF 2001 17 II- QUELLE PERENNITE POUR LE RPF ET LE SOUVERAINISME DE DROITE A
LA VEILLE DE LA PRESIDENTIELLE ?
Après s'être penché sur les modalités d'émergence du courant souverainiste de droite à
l'occasion des élections européennes, nous allons voulu comprendre si, comme c'est souvent
le cas lors de ce type de scrutin, il s'agissait d'un phénomène politique éphémère ou si l'on
avait affaire à un processus de construction d'un nouveau courant politique. Pour ce faire,
nous avons d'abord essayé de savoir, via l'analyse de nombreux sondages, si les sympathisants
souverainistes présentaient bien un système de valeurs spécifiques les différenciant des autres
sympathisants de droite. Nous avons ensuite suivi les résultats électoraux du RPF à l'occasion
d'élections partielles et des dernières municipales et cantonales pour jauger la capacité de ce
mouvement à s'implanter durablement.
A- SPECIFICITES DES VALEURS ET DES ATTENTES DES SYMPATHISANTS
RPF AU SEIN DE LA DROITE
1 - Le portrait psychologique : un certain pessimisme et une inquiétude face à
l'avenir assez répandus
Interrogés à la veille de la rentrée 16 1999 sur l'évolution de la situation par rapport à l'année
précédente, les sympathisants RPF sont les plus nombreux (43 %) à déclarer que les choses se
présentent plutôt moins bien pour la France (contre 23 % seulement parmi l'ensemble de la
population et 30 % pour les sympathisants UDF/RPR), 12 % seulement des souverainistes
optant pour une amélioration. On constate le même décalage, certes un peu moins prononcé, à
propos de la perception de la situation personnelle des interviewés.
C'est également au sein de ce courant politique que l'on trouve à l'époque la plus forte
proportion de personnes à penser que "l'amélioration de la situation de la France que l'on peut
constater est passagère" : 85 % contre 69 % pour l'ensemble des Français et 71 % parmi les
sympathisants UDF/RPR.
Les craintes des sympathisants RPF se focalisent moins que la moyenne sur la perte d'emploi
pour eux-mêmes ou l'un de leurs proches (18 % contre 35 % en moyenne et 36 % pour les
sympathisants UDF/RPR) ou sur la baisse de leur pouvoir d'achat (23 % contre 35 % en
moyenne et parmi les sympathisants UDF/RPR), ce qui donne une indication sur la nature
apparemment assez aisée de cette population. En revanche, les personnes se déclarant proches
du RPF sont les plus nombreuses à craindre une recrudescence des vols et des agressions (49
%, 41 % en moyenne et 47 % parmi les sympathisants UDF/RPR), et à penser que le climat
social a tendance à se dégrader (79 %, contre 57 % en moyenne et 60 % pour les autres
sympathisants de droite 17). La situation générale de l'emploi est également un sujet
d'inquiétude pour une majorité d'entre eux : 51 % parlent d'une dégradation
(41 % en moyenne et parmi les sympathisants UDF/RPR).
Les sympathisants RPF se distinguent donc, dès septembre 1999, du reste de la population et
des autres sympathisants de droite par un pessimisme par rapport à l'avenir plus prononcé et
par une hiérarchie des craintes différente. On constatera au passage que l'écart entre les
positions des sympathisants UDF/RPR et celles de l'ensemble de la population est souvent
assez faible, signe d'un certain consensus gauche/droite sur les grands dossiers. Le côté
© CEVIPOF 2001 18 atypique de la mouvance souverainiste est attesté par des niveaux d'attente sur certains sujets
"sociétaux" assez en décalage avec l'ensemble de la population ainsi qu'avec les autres
sympathisants de droite. Le tableau suivant présente les résultats obtenus à la question
"Qu'espérez-vous d'abord pour cette rentrée ?"
Ensemble de la
population
Sympathisants
de gauche
Sympathisants
UDF/RPR
Sympathisants
RPF
Baisse du chômage
62 %
68 %
56 %
53 %
Découverte d'un vaccin
contre le SIDA
53 %
55 %
57 %
36 %
Plus grande justice sociale
41 %
43 %
41 %
27 %
Baisse de la part du
nucléaire en France
22 %
22 %
20 %
4%
Réduction du temps de
travail
21 %
25 %
23 %
9%
Si les attentes des sympathisants du RPF sont relativement proches de la moyenne sur un sujet
aussi consensuel que la baisse du chômage, il n'en va pas de même des autres sujets testés.
Alors que le différentiel gauche/droite est assez faible en matière d'attentes, le courant
souverainiste se place lui résolument en dehors du consensus partagé à droite comme à
gauche.
2 - Des conceptions économiques assez orthodoxes : priorité à la compétivité
des entreprises et à la baisse des prélèvements ; l'intervention de l'Etat n'est
souhaitée qu'en mineur 18...
Interrogés à la même époque sur les priorités économiques du Gouvernement, les
sympathisants du RPF mettent principalement en avant les baisses d'impôts. Comme le
montre le tableau, la hiérarchie des attentes économiques des souverainistes diffèrent du reste
de la population.
La hiérarchie des attentes économiques
Sympathisants
RPF
Ensemble des
Français
Différentiel
La baisse des impôts indirects
52 %
38 %
+ 14
La baisse des impôts directs
35 %
29 %
+6
Incitation à l'embauche par la baisse des
charges
34 %
38 %
-4
© CEVIPOF 2001 19 Assainir les dépenses publiques
24 %
11 %
+ 13
Améliorer le pouvoir d'achat des catégories
défavorisées
11 %
21 %
- 10
En plus de la polarisation sur la "pression" fiscale, ces résultats mettent également en lumière
la vision assez orthodoxe que semblent avoir les souverainistes de l'économie qui doit être
gérée en bon père de famille. De son côté, la relance de la consommation populaire n'est pas
retenue par eux au rang des principales priorités. Comme le montre d'autres résultats, les
souverainistes préfèrent en effet d'abord que des réformes de structures soient entamées.
Ainsi, alors que 55 % des Français souhaitaient que le Gouvernement de Lionel Jospin profite
de l'amélioration économique pour favoriser plutôt la redistribution sociale vers les ménages
les plus modestes pour accroître la consommation contre 35 % qui préféraient voir mises en
place des réformes structurelles pour adapter l'économie et les entreprise à la mondialisation,
la proportion était complètement inverse parmi les partisans du courant souverainiste : 60 %
d'entre eux sont en faveur des réformes structurelles et 32 % uniquement en faveur de la
redistribution sociale. Parmi aucune autre catégorie politique (UDF/RPR compris), le soutien
aux réformes structurelles n'est aussi présent.
Cette rigueur en matière économique, s'apparentant par certains côtés davantage aux idées
d'un François Pinay qu'à certaines conceptions gaullistes, s'accompagne également d'une
attitude assez réservée quant à l'intervention de l'Etat dans la sphère économique. C'est parmi
les sympathisants RPF que la demande d'intervention de l'Etat pour contrôler et réguler est la
plus faible. Seulement 51 % y seraient favorables en ce qui concerne les rapports entre
producteurs et grandes surfaces (71 % parmi l'ensemble de la population et les sympathisants
UDF/RPR), 45 % en ce qui concerne les plans de licenciements (64 % pour l'ensemble de la
population et 56 % parmi les sympathisants UDF/RPR) et enfin 36 % dans le domaine des
fusions et des concentrations (55 %, 41 %) 19.
De même, alors que seulement 19 % des Français pensaient que dans l'affaire des
licenciements chez Michelin, le Gouvernement ne devrait rien faire de particulier, cette
proportion atteignait son maximum, 39 % au sein des personnes se déclarant proches du RPF.
29 % estimant qu'il fallait s'assurer que toutes les solutions du dialogue aient été explorées, 10
% qu'il faut aider financièrement le groupe pour éviter les licenciements et 16 % qu'il faut
obliger la direction à revenir sur les suppressions d'emplois.
L'intervention de l'Etat est encore plus massivement rejetée à propos d'un dossier aussi
polémique que les 35 heures. Interrogés sur le contenu souhaité de la seconde loi, seuls 14 %
des sympathisants RPF souhaitaient qu'elle fixe des règles contraignantes aux employeurs (40
% pour l'ensemble de la population, 31 % parmi les sympathisants UDF/RPR), 64 %
souhaitant en revanche qu'elle laisse aux entreprises toute souplesse pour négocier la mise en
place des 35 heures (47 % et 62 %), 22 % ne se prononçant pas sur cette question 20.
3 - Une franche hostilité au Gouvernement de Lionel Jospin ; une attitude
réservée vis à vis de Jacques Chirac
La position des souverainistes sur la question des 35 heures est très idéologique et démontre
en partie que le clivage gauche/droite demeure une ligne de fracture clairement identifiée par
© CEVIPOF 2001 20 les sympathisants RPF. Alors que parmi les sympathisants du RPR et de l'UDF Lionel Jospin
peut disposer d'un certain crédit, tel n'est pas le cas parmi les partisans de Pasqua et de De
Villiers. Ainsi le Premier Ministre bénéficiait-il en février 2000 d'une cote de confiance 49 %
à l'UDF et de 54 % au RPR, mais cette cote n'était plus que de 33 % parmi les souverainistes
21
. Si un certain rapprochement, fondé sur des conceptions partagées au niveau politique et
économique et incarné par la cohabitation, semble partiellement affecter le centre de
l'échiquier politique, tel n'est pas le cas du RPF qui reste campé sur l'idée de l'affrontement
gauche-droite.
Par ce qu'elle prend en otage le Président de la République et qu'elle est contraire à l'esprit
originel de la Constitution, la cohabitation est rejetée par les sympathisants du RPF. Ce rejet
vient affecter l'image de Jacques Chirac mais pas au point de lui ôter toute légitimité aux yeux
des sympathisants RPF. La cote de confiance du locataire de l'Elysée était en février 2000 de
63 % au RPF. Même si ce résultat est inférieur à celui mesuré au RPR et à l'UDF (90 % et 82
%), il reste conséquent et démontre que Jacques Chirac dispose malgré tout d'une certaine
aura parmi les sympathisants souverainistes. On retrouve une trace de ce phénomène au
niveau des intentions de vote présidentielles réalisées en janvier 2000. Au premier tour,
environ 27 % des sympathisants souverainistes voteraient en faveur du Président sortant, 68
% apportant leur suffrage à Charles Pasqua 22. Le vote utile en faveur de Jacques Chirac joue
parmi les souverainistes et ces données tendent à prouver que cet électorat, idéologiquement
très structuré et électoralement fidélisé n'est pas encore totalement coupé du reste de la droite,
néanmoins on observe que ce même vote utile toucherait 47 % des sympathisants de l'UDF
(35 % seulement votant en faveur de François Bayrou).
Alors qu'un certain consensus semble exister entre la droite et la gauche sur différents
problèmes de société, le courant souverainiste de droite est lui en dissonance. Les
sympathisants RPF apparaissent en effet comme un isolat relativement éloigné des opinions
majoritaires et y compris des positions des autres sympathisants de droite. Les partisans de
Charles Pasqua affichent en effet des positions assez tranchées (sur l'insécurité ou la
cohabitation notamment) et revendiquent sans complexe leur appartenance à une droite
musclée. Par ailleurs, leur vision de l'économie demeure assez classique même si on peut
distinguer une minorité plus séduite par l'interventionnisme. Enfin, le profil psychologique de
ces sympathisants semble marqué par un certain pessimisme et une posture de repli relatif vis
à vis de l'avenir.
L'attitude sur la situation politique en Autriche à la suite de l'arrivée au pouvoir de coalition
OVP/FPOE a offert un condensé exemplaire à la fois de la spécificité de ce courant par
rapport aux autres familles politiques mais aussi des valeurs et du positionnement qu'il
incarne. "L'interventionnisme diplomatique" et les demandes de sanction en vogue dans la
population étaient très largement minoritaires parmi les sympathisants du RPF, fidèles à la
ligne souverainiste et à la non-ingérence de l'Europe dans les affaires intérieures d'un pays 23.
Par ailleurs, représentants d'une droite dure et décomplexée ces derniers ne se disaient en
aucun cas choqués par l'alliance des conservateurs avec le parti d'Haider (72 % de "pas
choqués") alors que l'émotion était unanime dans l'Opinion (67 % "de choqués") comme
parmi les sympathisants UDF (74 %) et RPR (66 %) 24.
B- UNE IMPLANTATION ELECTORALE FRAGILE LAISSANT PEU DE MARGES
DE MANŒUVRE POUR LA PRESIDENTIELLE
© CEVIPOF 2001 21 1- Octobre 99-février 2000 : Retour sur six élections partielles.
Afin de mesurer l'évolution électorale du courant souverainiste depuis les élections
européennes de 1999, nous avons d'abord retenu d'analyser, avant la séquence des cantonales
et municipales 2001, six élections partielles dans lequel le RPF (avant scission) s'est trouvé
engagé dans les mois qui suivirent les européennes. Il s'agit de quatre cantonales à Verduncentre (17 octobre 1999) Bordeaux-3 (5 décembre 1999), Pontarlier (23 janvier 2000) et
Perpignan-2 (6 février 2000) et de deux législatives : dans la 21ème circonscription de Paris
(28 novembre 2000) et dans la troisième des Landes (30 Janvier 2000). Même si l'abstention a
été comme toujours très importante 25 et que l'implantation locale de certaines personnalités
commande de rester prudent sur toute conclusion "nationale" à tirer, quels enseignements
peut-on en retirer sur l'histoire de la constitution de cet électorat à ce moment donné ?
1/. Le RPF a su trouver une place dans le paysage politique et concrétiser la percée
des européennes dans les mois qui ont succédé
Les résultats obtenus par les candidats investis par le parti de Charles Pasqua et de de Philippe
de Villiers ont montré que le souverainisme continuait d'exister électoralement au-delà du
simple épisode des européennes. Le score moyen du RPF sur ces 6 partielles s'établit à 9,8 %
alors que la liste RPIFE a obtenu 10,8 % des suffrages sur le territoire correspondant lors des
européennes. Cette baisse moyenne d'un point masque des évolutions plus diversifiées et ne
doit être considérée que comme un simple indicateur.
Evolutions par rapport aux européennes :
•
•
•
•
•
•
+ 8,9 dans le canton de Verdun-Centre
+ 1,2 dans la 21ème circonscription de Paris
- 0,1 dans le canton de Perpignan-2
- 1 dans le canton de Bordeaux-3
- 1,6 dans la 3ème circonscription des Landes
- 5,2 dans le canton de Pontarlier
Ces résultats de partielles hormis le fait qu'ils peuvent aider à percevoir une tendance
d'évolution nous montrent surtout que la greffe avait pris quelques mois après les élections
européennes. Les différents sondages réalisés à l'époque confirme d'ailleurs cette hypothèse.
Ainsi un sondage réalisé par l'Institut BVA créditait le RPF de 9,5 % en cas d'élections
législatives 26, la SOFRES le créditant quant à elle de 12 % 27.
2/. Contrairement à certaines idées, le RPF est loin de se développer uniquement sur
les "décombres" du FN
Le recul de l'extrême-droite et l'apparition du courant souverainiste explique qu'une analyse a
rapidement commencé à circuler selon laquelle "le RPF aurait remplacé le FN". Cette thèse
offre l'avantage de la facilité et fonctionne sur le mode de l'adage bien connu "rien ne se perd
tout se transforme"... mais comme nous le verrons, la vie électorale est parfois plus
compliquée que la chimie. En effet, l'analyse des six élections partielles où le RPF a été
engagé et notamment de celle ayant eu lieu dans la 21ème circonscription de Paris vient
grandement nuancer cette hypothèse qui fut pourtant largement utilisée lors des
commentaires. Ainsi pouvait-on lire dans Libération par exemple : " C'est dans les quartiers
© CEVIPOF 2001 22 réputés sensibles, proches
p
du
u périphériqques notam
mment, que le candidatt RPF a rééussi ses
meilleurrs scores. Il a clairemeent mordu ssur l'électorrat jusqu'icii attiré par l'extrême-d
droite"28.
La cartoographie dees résultats vient contreedire ces prropos. Si co
omme le m
montre les caartes, les
zones dde force duu FN (référence législaatives 1997
7) sont bien
n concentréées tout le long du
périphérrique, les bureaux
b
dee vote où JJean-Louis Arajol (le candidat R
RPF) a obttenu ses
meilleurrs résultats sont eux prrincipalemennt situés le long du cou
urs de Vinceennes et aux
x abords
de la plaace de la Naation. A l'in
nverse dans trois des cinq bureaux situés le loong du périp
phérique,
le scoree du candidat RPF est inférieur à sa moyenn
ne alors qu'iils constituaaient des "b
bastions"
du FN.
Et au tootal commee le montree le tableauu ci-dessous la géograaphie des vvotes apparaaît assez
différennte.
Résuultats compparés RPF 1999
1
et FN 1997 et 199
99 dans queelques bureaaux de la 21
1ème
circonnscription dee Paris
Bureeaux de votte
Résultaat RPF
Résultat FN 1997
29
16,99 %
12,22 %
34
16,44 %
16 %
13
14,55 %
12,66 %
32
14,22 %
12,22 %
10
10,99 %
19,11 %
35
10,88 %
22,66 %
49
10,22 %
17,11 %
52
9,5 %
17,66 %
© CEVIPOFF 2001 23 Dès lors il n'est pas étonnant que le taux de corrélation entre les deux votes (RPF99 FN97)
s'établissent seulement à 0,24 sur l'ensemble de la circonscription. De même, le taux de
corrélation entre l'évolution des résultats de l'extrême-droite entre 1997 et 1999 et le score du
RPF en 1999 est de 0,17 ce qui vient là encore invalider l'hypothèse de transferts importants
du FN vers le RPF. Comme le montre le tableau ci-dessous, on observe également la même
absence de corrélation évidente entre l'ancienne implantation du FN et celle du RPF dans le
cas de l'élection de Verdun-centre.
Résultats comparés RPF 1999 et FN 1997 dans quelques bureaux de Verdun-centre
Bureaux de vote
Résultat RPF
Résultat FN 1997
Anthouard
38,3 %
13,5 %
Bevaux
31 %
18,3 %
Jules Ferry
30,8 %
14 %
Si donc on ne peut pas conclure à un transfert massif de l'électorat frontiste vers le RPF
nouvellement créé, il est cependant vrai que la thématique sécuritaire a été très présente dans
le discours du RPF et notamment dans la campagne de Jean-Louis Arajol. Mais alors que le
discours sécuritaire du FN avait surtout un impact dans les milieux populaires, celui du RPF a
surtout fonctionné dans la frange aisée de l'électorat de droite. Ce n'est sans doute pas un
hasard si les meilleurs résultats de la 21ème circonscription ont été obtenus sur le pourtour de
la place de la Nation et le long du Cours de Vincennes, quartiers plus aisés que ceux situés le
long du périphérique mais également en proie à un certain niveau d'insécurité. Ainsi serait-on
tenté de dire en caricaturant quelque peu que le RPF chasse sur les mêmes thèmes que le FN
mais pas sur les mêmes terres, la concurrence n'existant que sur un certain segment de la
population, l'électorat de droite radicalisé...
Et au total, dans les six cas étudiés, il apparaît que l'implantation du RPF présente beaucoup
plus de similitudes avec celle des partis de droite classique qu'avec la carte électorale du FN.
3/. Des reports asymétriques au second tour
L'analyse comparée des premiers et seconds tours fait apparaître deux enseignements
principaux. Dans les cinq partielles où le RPF n'a pu se maintenir au second tour, il semble
que son électorat se soit bien reporté sur le candidat de droite resté en lice. A l'inverse, il
semblerait que l'electorat UDF mais aussi RPR se soient très mal reportés sur le candidat
souverainiste opposé à la gauche au second tour.
En effet, quoiqu'en dise Didier Bariani sa candidature a fait le plein des voix à droite et il a
bénéficié de larges reports. Il progresse ainsi de plus de 24 points entre les deux tours et il
obtient au second tour quasiment le même score que celui de 1997 (45,7 % contre 45,3 %).
De même, dans le canton de Bordeaux-3, alors que le total de la droite (FN et MNR exceptés)
atteignait 59,8 % au premier tour, le RPR Michel Duchène a obtenu 62,7 % des voix ce qui
exclue l'hypothèse de mauvais reports souverainistes29. L'observation des résultats sur
quelques bureaux du canton vient confirmer cette hypothèse.
© CEVIPOF 2001 24 Bordeaaux-3 : Proggression du
u candidat R
RPR entre lees deux tourrs et score ddu RPF au premier
p
Bureaux de votee
Progrression du RPR
R
entree les deux to
ours
Score
S
du RPPF au
premier toour
Naaujac (D)
+ 21,1
20,6 %
XI Noovembre (A
A)
+ 15,2
18 %
Albertt Barreau (D
D)
+ 14,8
15,5 %
Albertt Barreau (B
B)
+ 9,9
9,3 %
M
Mulet
(A)
+ 6,9
7,8 %
En revaanche la situuation a étéé très différeente à Verd
dun, partiellle où le canndidat souverainiste
Lux figgurait au seccond tour. Comme
C
le m
montre le tableau
t
ci-d
dessous, Arssène Lux acccuse au
second tour un rettard d'enviro
on 10 point
nts par rapport au totall des trois llistes UDF, RPR et
RPF au premier toour. On a pu
u lire dans lla presse qu
ue les instan
nces localess de l'UDF avaient,
dans la perspectivve des prochaines élecctions muniicipales, do
onné des coonsignes po
our faire
battre lee candidat RPF. Si l'o
on regarde dans le déttail, il semble que cettte consigne ait été
suivie. A
Ainsi dans le
l bureau dee vote "Bellleray", Arsèène Lux acccuse un retaard maximall de 22,3
points aau second toour or c'est précisément
p
t dans ce bu
ureau que l'U
UDF a recuueilli le pluss de voix
au prem
mier tour (226,6 %). L'analyse viaa le taux dee corrélatio
on entre le score de l'UDF au
premierr tour d'une part et des "déperditionns" subies par
p Arsène Lux
L entre lees deux tours donne
la mêmee indicationn puisqu'il s''établit à 0,774.
Mais pluus étonnantt, il semble que les repoorts aient étté égalemen
nt forts mauuvais en pro
ovenance
du RPR
R. Le même calcul nouss donne un coefficient de corrélation de 0,877 en ce qui concerne
c
le RPR et la situatiion dans cerrtains bureaaux est éloq
quente : ainssi dans le quuartier de Dugny,
D
le
RPR obbtient 16,4 % des voix au premierr tour et le RPF
R accusee un retard aau second tour
t
12,7
points.
Résuultats par bu
ureaux de laa cantonalee partielle de
d Verdun-ceentre
Bureaux de
vote
Premiier
tourr
Secoond
touur
RP
PF 2nd tour
- Total
Droite
D
1er
RP
PF
UDF
U
RPR
Total droitte
RPPF
Anthouardd
38,33 %
13
3,2 %
11,9 %
63,4 %
55,99 %
- 7,5
Belleray
9,1 %
26
6,9 %
21,3 %
57,3 %
35 %
- 22,3
Dugny
6,8 %
11
1,1 %
16,4 %
34,3 %
21,66 %
- 12,7
Jules Ferryy
30,88 %
15
5,4 %
7,1 %
53,3 %
45,66 %
- 7,7
Bevaux
31 %
12
2,3 %
16,6 %
59,9 %
54,55 %
- 5,4
TOTAL
22,99 %
15
5,6 %
13,3 %
51,8 %
41,99 %
- 9,9
© CEVIPOFF 2001 25 2 - Cantonales et municipales 2001 : Le RPF fragilisé
Après les partielles ayant fait suite aux européennes, les élections cantonales et les
municipales constituaient un véritable test grandeur nature de la capacité du RPF à s'imposer
sur l'échiquier politique et à consolider l'implantation héritée de 1999. Pour ce faire, le RPF
devait démontrer d'une part qu'il pouvait compter sur un appareil militant fourni en présentant
un nombre important de candidats et d'autre part qu'il était en mesure de retrouver un score
proche de celui des européennes.
1/. Un contexte difficile
Cette tâche s'avérait assez ardue pour toute une série de facteurs. Après le départ de Philippe
de Villiers et de ses partisans (qui jouaient un rôle non négligeable dans l'ossature du jeune
mouvement : les villiéristes dirigeaient une quarantaine de fédérations départementales) et la
décision de réactiver le MPF, le RPF se retrouvait fragilisé, cette situation étant aggravée par
la série d'affaires judiciaires impliquant directement Charles Pasqua et certains de ses proches,
dont Jean-Charles Marchiani. Privé d'une partie des réseaux militants qui avaient œuvré à la
réussite des européennes, exsangue financièrement et affecté dans son rapport à l'opinion
publique, le parti de Charles Pasqua devait de surcroît faire face à un scrutin ou le mode
d'élection (prime aux sortants et prééminence de l'affrontement gauche-droite) et la nature des
enjeux (centrés sur le local) handicapaient grandement une jeune formation au discours
souverainiste. Et de fait, le RPF n'aligna pour les cantonales que 140 candidats (7 % des
cantons concernés) et n'investit des listes que dans une cinquantaine de municipalités,
illustration de la faiblesse de l'appareil militant.
2/. Des résultats mitigés : une stabilité en trompe l'oeil.
Pour ce qui est des résultats, Jean Chiche et Dominique Reynié déclarent tout d'abord
"considéré sur l'ensemble des cantons, l'échec du RPF est patent : 1,24 % des suffrages
exprimés" 30 pour nuancer ensuite en indiquant que les résultats sont plus conséquents si l'on
retient comme périmètre uniquement l'ensemble des cantons où le RPF était présent. D'après
nos calculs nous arrivons sur cette base à un score de 13,4 %. Le résultat des listes RPF
engagées aux municipales est assez proche puisqu'il est en moyenne de 12,7 %. Si l'on
compare ces résultats à ceux obtenus aux européennes sur les mêmes territoires on s'aperçoit
que le RPF n'accuse qu'un léger recul : - 0,3 point pour ce qui est des cantonales et - 1,2 point
pour les municipales. Pour autant, il convient de relativiser ce constat "national" car rappelons
le, le parti de Charles Pasqua n'était engagé que dans un nombre très limité de communes et
de cantons, mais aussi car ces résultats ont été "dopés" par certaines configurations
particulières. Ainsi pour ce qui est des cantonales, on observe tout d'abord que les sortants
RPF (dix-huit plus un nouveau candidat se présentant à la place d'un sortant RPF) ont
bénéficié, sur leur nom, d'une "prime électorale" bien plus large que la seule audience du
souverainisme dans ces cantons comme le montrent les exemples suivants.
© CEVIPOF 2001 26 Impact du statut de sortant sur les résultats du RPF
Cantons
Département
Résultat 1er tour
2001
Résultat
européennes 99
Différentiel
Argentré
Mayenne
73,5 %
13,3 %
+ 60,2
Hautmont
Nord
67,2 %
15 %
+ 52,2
Laval-est
Mayenne
53,4 %
12,5 %
+ 40,9
Vabre
Tarn
52 %
15,5 %
+ 36,5
Eymet
Dordogne
44,9 %
17,8 %
+ 27,1
Valence-3
Drôme
43,5 %
12,6 %
+ 30,9
Goncelin
Isère
32,1 %
12,1 %
+ 20
Boulogne-sud
Hauts-de-Seine
27,6 %
15,3 %
+ 12,3
Cette "prime électorale" au sortant, en général assez conséquente, a joué statistiquement un
rôle non négligeable dans la bonne tenue des résultats des souverainistes dans la mesure où
sur un total de 140 cantons, 19 étaient déjà détenus par le RPF (soit plus de 13 % des cas).
Dans certains cantons cette "prime électorale" s'est trouvée gonflée par le fait que le candidat
souverainiste soit de plus le seul candidat de droite, configuration qui, outre sa position de
sortant lui assurait logiquement l'ensemble des voix de droite.
On retrouve également ce phénomène dans d'autres cantons, où le candidat RPF, seul
représentant de la droite dès le premier tour, n'était pas nécessairement un sortant.
Impact du statut de candidat unique de la droite sur les résultats du RPF
Cantons
Département
Résultat 1er tour
2001
Résultat
européennes 99
Différentiel
Nevers-centre
Nièvre
42,1 %
12,3 %
+ 29,8
Avignon-nord
Vaucluse
36,5 %
15,4 %
+ 21,1
Saint-Céré
Lot
28,3 %
13,3 %
+ 15
Besançon-nordest
Doubs
28,1 %
12,6 %
+ 15,5
Longwy
Meurthe-etMoselle
21,6 %
13,1 %
+ 8,5
Cette prime est en général moindre que celle engendrée par le statut de sortant et ce d'autant
plus, que dans une majorité des cas, les cantons qui avaient été laissés au RPF par les autres
© CEVIPOF 2001 27 formations de droite étaient logiquement des cantons assez orientés à gauche, ce qui vient
expliquer le caractère souvent assez limité de cet effet. C'est le cas par exemple de Saint-Céré,
Besançon-nord-est, Sochaux-Grand-Charmort, mais aussi de Saint-Germain-Lembron ou bien
de Cotignac.
Mais au total, cet effet ainsi que le nombre important de sortants sur le total des candidats
présentés ont quand même permis aux souverainistes de tirer vers le haut leurs résultats, qui
sans cela auraient afficher un recul plus important par rapport aux européennes, le constat
étant globalement le même pour les municipales.
En terme maintenant de gains et de pertes, la balance apparaît équilibrée. Aux cantonales
comme aux municipales les pertes ont été compensées par des victoires. Si les cantons de
Palaiseau, Levallois-Perret-sud ou de Perpignan-5 ont été perdus, le RPF a conquis ceux de
Nevers-centre, Avignon-nord et Colombes-sud. Aux municipales, la conquête de Colombes a
"annulé" la perte de Sevran. Le parti de Charles Pasqua détient toujours 13 communes de plus
de 10 000 habitants et 18 cantons dans la série qui était renouvelable 31.
CONCLUSION.
Cette apparente stabilité renvoie en fait à un des paradoxes du souverainisme de droite : cet
électorat existe bel et bien mais à l'état latent et il a du mal à se « cristalliser dans les urnes ».
En effet, ces électeurs partagent certaines valeurs, constituent un groupe relativement
homogène et se différencient des autres sympathisants de droite. Il est en effet intéressant de
constater, que dans les sondages, près de deux ans après les européennes, un nombre non
négligeable d'interviewés de droite continuent à se dire proches, non pas du RPR, de DL ou de
l'UDF mais du RPF ou du MPF, signe d'un certain enracinement de cette famille politique
dans le paysage électoral. Et si l'on regroupe l'audience du RPF et du MPF, le bloc
souverainiste apparaît aujourd'hui numériquement comme le troisième pôle de la droite
derrière le RPR mais devant DL et à quasi égalité avec l'UDF. Pour autant la candidature
Pasqua ne décolle pas et sauf exceptions, les résultats des municipales et cantonales n’étaient
guère satisfaisants si l’on fait abstraction des primes aux sortants et à la candidature unique à
droite.
Si la construction européenne et la défense intransigeante de la souveraineté nationale
tiennent une place importante dans l'identité politique de ces sympathisants, et permet de les
différencier des autres électeurs de droite, la question de la sécurité et l'opposition résolue à la
gauche constituent également de puissants ressorts de l'adhésion à ce courant de pensée qui
s'inscrit de fait plus globalement dans la filiation de la droite autoritaire que dans une stricte
perspective souverainiste. Il faut d'ailleurs noter, et là réside le second paradoxe du
souverainisme de droite, que c'est l'adjonction de cette composante autoritaire qui lui permet
de peser électoralement et donc d'exister électoralement et sociologiquement. Le succès
rencontré en 1999 s'explique par le fait que la liste Pasqua-Villiers est parvenue32 à agréger à
la partie du peuple de droite aux aspirations avant tout souverainistes, une frange de l'électorat
de l'opposition beaucoup plus large, mue d'abord par un fort mécontentement face à la
cohabitation et un ressentiment contre les partis de droite traditionnels et Jacques Chirac, jugé
responsable des reniements des promesses de 1995, reniements incarnés par l'épisode la
dissolution.
© CEVIPOF 2001 28 Dans la circonstance particulière d'européennes se déroulant durant la cohabitation, le courant
souverainiste a pu émerger au grand jour et s'est matérialisé dans un vote, celui en faveur de la
liste Pasqua-Villiers en l'occurrence. Mais au jour d'aujourd'hui, se pose la question de la
cristallisation de cet électorat à l'élection présidentielle. Au plan national, Charles Pasqua, qui,
de par sa forte notoriété, apparaît comme le plus à même de faire office de catalyseur 33 est
fortement affecté par ses démêlés avec la justice, et au plan local, si les dernières cantonales et
municipales ont révélé certaines personnalités (Canter à Senlis, Denoual à Argentan ou
Guérard à Armentières par exemple) elles ont surtout démontré que le réseau d'élus et de
personnalités du RPF était encore trop clairsemé pour pouvoir capter et organiser
efficacement ce vote. Dans ce contexte, l'ancrage significatif de ce mouvement dans le
paysage politique dépendra d'abord de la capacité de Charles Pasqua et de son entourage à
structurer un appareil militant offrant un véritable débouché électoral à ce courant de pensée.
Sans quoi ces voix se disperseront dans différentes directions.
L'analyse de cumuls d'intentions de vote réalisées par l'Institut CSA ces derniers mois montre
que la part la plus importante se ralliera par défaut à Jacques Chirac par souci d'efficacité pour
battre la gauche. Les électeurs de l'opposition plus radicalisés et en rupture de ban avec les
formations de droite institutionnelles se retourneront pour partie vers l'extrême-droite, les
autres préférant apporter leur soutien à une candidature Madelin, qui apparaîtra à leurs yeux
comme le seul candidat crédible dans le rôle du héraut de la "droite rebelle". Enfin, comme
l'indique le cumul d'enquêtes, une autre fraction (représentant de l'ordre de 1 à 2 % du corps
électoral selon que Charles Pasqua maintienne ou non sa candidature) rejoindra Jean-Pierre
Chevènement à l'instar des trois députés pasquaïens siégeant au Parlement européen. En effet,
si la poussée "sondagière" du leader du MDC est en partie alimentée par des voix de droite,
ces transfuges ne proviennent pas principalement de la famille souverainiste. Etant donné le
poids des sympathisants du RPR au sein de la droite, c'est d'abord parmi ces personnes que les
intentions de vote en faveur du député-maire de Belfort sont numériquement les plus
importantes. Cet attrait s'explique notamment par la tonalité gaulliste de la campagne de JeanPierre Chevènement et par ses prises de positions en matière de sécurité (79 % des
sympathisants RPR se disent proches de lui sur cette question34). Plus étonnant, c'est parmi les
électeurs UDF que cette candidature enregistre statistiquement ses meilleurs soutiens à droite
(10 % d'intentions de vote parmi les sympathisants centristes). Pour ces électeurs c'est le
positionnement "blairiste" de dépassement du clivage gauche-droite qui explique
principalement ces ralliements35. Ceci démontre donc que si la candidature Chevènement
rencontre aujourd'hui un certain écho à droite, cela ne s'explique pas principalement par un
ralliement massif des souverainistes de droite au "Républicain de l'autre rive", les
sympathisants du RPF et du MPF bien qu'en froid avec les instances officielles de l'opposition
privilégiant très majoritairement leur appartenance à la droite (ou à une certaine droite) plutôt
qu'à un pôle souverainiste ou républicain transcendant le clivage gauche-droite .
Notes
1. Sondage Sortie des Urnes CSA réalisé lors des élections européennes de 1999 auprès d'un
échantillon de 4563 personnes
2. Sondage Sortie des Urnes CSA réalisé lors des élections européennes de 1994 auprès d'un
échantillon de 3340 personnes
© CEVIPOF 2001 29 3. Cette sur-représentation masculine et le moindre attrait des femmes pour des orientations
radicales n'est pas sans rappeler ce qui a été mis en évidence au sujet du vote FN, voir à ce
sujet l'analyse développée par Nonna Mayer dans "Ces Français qui votent FN" Flammarion 1999 et notamment le chapitre "Les hommes plus que les femmes".
4. Ce qui n'est cependant pas négligeable étant données les oppositions existant entre les
conceptions de ces deux courants de pensées sur la question européenne, ces 11 %
correspondent sans doute à la frange conservatrice et plus âgée de la droite catholique
5. "De l'isolement comme déterminant du "non" à Maastricht". Gilles Delbos in RFSP n°44
/février 1994.
6. Outre la dimension géographique, l'effet d'isolement, la sociologie joue aussi un rôle
important dans le sens où les catégories les plus favorables au souverainisme (personnes
âgées, peu diplômées, agriculteurs) sont sur-représentées dans ces espaces ruraux excentrés.
7. Bien évidemment, on trouvera de nombreuses exceptions, il ne s'agit pas d'une loi
sociologique
8. Dans l'ensemble de ces cantons cités, le mouvement de Phillippe de Villiers a présenté des
candidats qui ont tous obtenus de bons résultats (plus de 10 %) lors des dernières cantonales.
On notera par ailleurs, que Monsieur Pinton, Maire d'Evaux-les-Bains a apporté son soutien
à Jean-Pierre Chevènement.
9. Pour une analyse fine de la géographie du vote De Villiers en 1994 voir J.P Daudet, 1995
"Monsieur de Villiers et les élections européennes de 1994.Une étude de géographie
électorale" Mémoire de DEA de géopolitique.Université de Paris 8.
10. A propos de la Dordogne voisine Arnaud Sorge note ainsi "L'écho souverainiste est fort
dans un département très agricole et où la petite et moyenne propriété dominent parmi les
exploitations agricoles" et plus loin "Le RPR local a longtemps été divisé entre un courant
majoritaire Séguin-Chirac et une forte minorité pasquaïenne" in "Implantation et pérennité
des forces politiques en milieu rural : le cas des gauches en Dordogne".Mémoire de DEA de
sociologie politique. Sciences Po Paris.2000
11. Voir à ce sujet "Analyse du vote CPNT dans les Pays de la Loire aux élections
européennes de 1999" Jérôme Fourquet. Revue ESO octobre 99.
12. Ce mode de calcul, agglomérant zones urbaines et rurales, étant assez mal adapté pour ce
type d'analyse car le vote CPNT est presque exclusivement concentré sur les campagnes.
13. Forts scores de la liste Pasqua-Villiers dans le sud du Massif Central, en Vendée et dans
la Beauce, zones où l'extrême-droite est faible. A l'inverse, résultats peu importants en Alsace,
dans le Nord et en banlieues, zones où le FN et le MNR sont bien implantés.
14. A titre de comparaison, on obtient 0,26 comme taux de corrélation entre les scores
souverainistes et ceux cumulés de l'UDF et du bloc RPR/DL.
15. Et majoritairement orientées à droite
16. Sondage CSA / Le Parisien réalisé les 24 et 25 Aout 1999 auprès d'un échantillon
national représentatif de 1002 personnes
17. Sondage CSA / La Tribune réalisé les 1 et 2 septembre 1999 auprès d'un échantillon
national représentatif de 1000 personnes
© CEVIPOF 2001 30 18. Cette attitude ambivalente de l'électorat souverainiste à l'égard du système économique
actuel a été bien résumé par Patrick Buisson : "S'ils [les sympathisants souverainistes]
s'opposent au capitalisme, c'est seulement dans sa dimension financière et internationale, et
plutôt au nom d'une vision inégalitaire et précapitaliste des rapports économiques et sociaux.
Si le terme n'avait pas perdu toute valeur descriptive à force d'être utilisé à des fins
polémiques,il faudrait sans doute évoquer le phénomène poujadiste surgi lors d'une autre
mutation du capitalisme français".in "Les impasses du vote souverainiste" in "Sofres. L'année
de l'opinion 1999".
19. Sondage CSA / La Croix réalisé les 15 et 16 septembre 1999 auprès d'un échantillon
national représentatif de 1002 personnes.
20. Sondage exclusif CSA / La CGT réalisée les 15 et 16 septembre 1999 auprès d'un
échantillon national représentatif de 1002 personnes.
21. Baromètre CSA / La Vie / France-Info réalisé les 18 et 19 février 2000 auprès d'un
échantillon national représentatif de 1002 personnes.
22. Indicateur Présidentiel CSA / BFM / Libération réalisé du 4 au 5 janvier 2000 auprès
d'un échantillon national représentif de 1000 personnes.
23. Voir à ce sujet Jérôme Fourquet "Les sympathisants souverainistes font bande à part " in
l'Hémicyle, Mars 2000
24. Sondage exclusif CSA / L'Humanité réalisé le 10 et 11 février 2000 auprès d'un
échantillon de 1000 personnes
25. 63 % à Verdun, 65 % à Paris et 79 % à Bordeaux.
26. Sondage BVA / Paris-Match . Décembre 1999.
27. Sondage SOFRES / Nouvel Observateur. Décembre 1999
28. in Libération du 30 novembre 1999 "Le RPF réussit son premier test en mordant sur
l'électorat de l'extrême-droite".
29. On observe le même phénomène dans le canton de Perpignan-2, total droite premier tour
: 60,75 %, résultat du candidat de droite au second 62,25 % et dans le canton de Pontarlier
52 % au premier tour et 58,5 % au second
30. in "Les leçons des élections cantonales et municipales". Article publié sur le site internet
du CEVIPOF.
31. Et un peu plus d'une trentaine au total
32. Comme De Villiers en 1994
33. Dans toutes les enquêtes d'opinion, Philippe de Villiers présente un moins bon potentiel
de rassemblement et ce y compris dans la mouvance souverainiste de droite : 2/3 des
sympathisants déclarés affichant une proximité au RPF contre 1/3 au MPF.
34. Sondage CSA pour Marianne réalisé les 11 et 12 septembre 2001 auprès d'un échantillon
national représentatif de 1000 personnes
35. Voir à ce sujet J. Fourquet "Chevènement : un bon rabatteur pour Jospin ?" in
L'Hémicycle. Novembre 2001
© CEVIPOF 2001 31