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INJEP – Panorama de la presse de novembre 2006 à avril 2007
mercredi 11 avril 2007
Bayrou cajole ses jeunes, et vice-versa
Ça s'appelle un « politico dating », et c'est contre la politique datée. Sur le modèle des rendezvous drague minutés, les jeunes UDF font campagne en proposant des débats sous un nouvel
emballage : une table dans un bistrot, une dizaine de sympathisants ou militants, et vingt-cinq
minutes montre en mains pour débattre santé, logement, fiscalité. L'opération a été précédée
de flyers distribués dans les universités, façon soirée branchée.
Pour Bayrou, la tranche des 18-24 ans a compté pour beaucoup dans sa montée dans les
sondages. Lorsque Ipsos a placé François Bayrou au plus haut, entre 19 et 21 % des intentions
de vote, les jeunes représentaient jusqu'à 36,3 % de son électorat potentiel.
À en croire Christelle Carcone, responsable des jeunes UDF dans le Val-de-Marne, la
stratégie est payante, « avec
46 nouvelles adhésions depuis deux mois », c'est un bon tiers d'adhérent en plus, avec 120
revendiqués désormais. « Nous sommes une génération Mitterrand, j'entends le nom de
Chirac depuis que je suis toute petite, on a envie d'hommes neufs, poursuit Christelle
Carcone, adhérente depuis 2000. Les Français ont été floués en 2002, ils n'avaient pas envie
de voter Chirac. Là, on peut faire autre chose. » « L'image du centre mou a totalement explosé
» avec cette campagne à l'américaine, chapeaux de paille, tee-shirts orange. Et mini-meetings
à deux douzaines de participants.
Très vite, dans ce restaurant de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne) l'exercice du débat tourne
à l'équilibrisme. Si la taxe Tobin séduit a priori les sympathisants rassemblés, « les flux
financiers de la Bourse, c'est aussi de l'argent qui travaille », avance l'un. « Les entreprises de
l'État, ce sont des gouffres financiers » suggère un autre, provoquant quelques toussements.
La TVA sociale, si chère à Bayrou ? « Ce n'est pas assis sur les revenus, mais sur ce que l'on
consomme, ce n'est donc pas juste », oppose un autre participant. L'oscillation entre des
positions antagonistes, c'est toute la limite de la tactique de Bayrou en cette campagne.
« Moi, ma tradition, c'est la gauche », avoue Michaël, trente et un ans. Mais une gauche qui
aurait dû selon lui effectuer son aggiornamento : « C'est de sa responsabilité de dire dans quel
monde on vit. Moi, j'ai pris le parti de réguler l'économie libérale », dit-il, comme si le conflit
entre « idéal et réalisme » devait être éternel. Sans pour autant prendre sa carte de l'UDF, car
« j'aime ma liberté ». Une fraction de l'électorat désormais picore, à gauche, à droite. Elle fait
les affaires de Bayrou.
© 2007 l'Humanité. Tous droits réservés.
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