Place de l`économie informelle en Algérie et ses impacts
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Place de l`économie informelle en Algérie et ses impacts
Place de l’économie informelle en Algérie et ses impacts sur le processus de développement Boualem-Ammar Chebira1, Université Badji Mokhtar, Annaba, Algérie Résumé En période de crise, les emplois du secteur formel ont tendance à diminuer, à cause du ralentissement de l’activité économique. L’emploi informel, particulièrement dans les PVD comme l’Algérie revêt une grande importance et représente une part importante dans le PIB. Cependant, cette économie informelle joue un rôle prépondérant dans le processus de développement et de la croissance économique. Le dilemme posé est de savoir s’il faut éradiquer cette économie et se trouver confronté à des problèmes sociaux importants, ou alors accepter le phénomène pour une meilleure stabilité sociale et perdre ainsi des revenus fiscaux importants pour le développement du pays. Mots-clés : économie informelle, croissance, développement, chômage, emploi JEL : O17, J21, J23, J64, J68 Place of the informal economy in Algeria and its impact on the development process Abstract In times of crisis, jobs in the formal sector tend to decrease, due to the slowdown in economic activity. Informal employment, particularly in developing countries such as Algeria is very important and represents a significant share of GDP. However, the informal economy plays an important role in the process of development and economic growth. The dilemma is whether to eradicate this economy and be faced with serious social problems, or else accept the phenomenon to greater social stability and lose significant tax revenues for the country's development. Keywords : économie informelle, croissance, développement, chômage, emploi 1 Laboratoire de Recherche en Innovation et analyse Economique et Financière. [email protected] 1. Introduction L’économie informelle reste un phénomène mondial qui touche plusieurs pays et plusieurs régions dans le monde. Son poids par rapport à l’économie formelle est d’autant plus important qu’il concurrence sérieusement ce secteur. Il est cependant évident que dans le cadre de la mondialisation, le rôle et le poids de cette économie diffère d’un pays à un autre et revêt un caractère plus important en période de crise. En effet, selon certaines études (BIT, OMC) la mondialisation a tendance à accélérer la croissance économique et à augmenter les emplois. Cependant la structure économique, politique et administrative de certains pays et plus particulièrement les pays en développement ne permet pas toujours de cerner le secteur de l’emploi de manière efficace. En période de crise, le phénomène se développe et les emplois du secteur formel ont tendance à diminuer au profit d’un chômage plus important, dû au ralentissement de l’activité économique. L’emploi informel prend ainsi toute son importance et a tendance à se développer et à prendre une part importante dans le PIB, cachant ainsi une part non négligeable de l’activité économique, qui échappe à tout contrôle fiscal, mais qui échappe aussi à toute couverture sociale se caractérisant ainsi par une certaine précarité et par la création de situation de vulnérabilité à laquelle s’exposent ces travailleurs. Certains analystes n’hésitent pas de parler de pauvreté générée par l’informel. Cependant, même occulte, elle joue un rôle prépondérant dans le processus de développement et celui de la croissance économique, absorbant ainsi une demande d’emploi non satisfaite dans le secteur formel et ce, dans les différentes branches de l’activité économique. La place de cette économie informelle dans un pays en voie de développement comme l’Algérie est certainement plus importante que dans celle des pays développés. Le phénomène y est accentué, et les autorités semblent incertaines quant aux mesures à prendre. Faut’il éradiquer cette économie et se trouver confronté à des problèmes sociaux qui peuvent dans le temps devenir ingérable et créer des situations de crise politique importante, ou alors accepter le phénomène pour une meilleure stabilité sociale et perdre ainsi des revenus fiscaux importants pour le développement du pays, tout en gardant ce caractère de précarité ? Un deuxième aspect de la question est relatif au poids de cette économie informelle qui pourrait jouer un rôle important dans le processus de développement et de croissance. C’est de cette approche, que nous tenterons dans ce travail d’apporter quelques éléments de réflexion dans un pays où le spectre du printemps arabe a longuement plané. 2. Economie informelle, secteur informel et emploi informel Par comparaison à l’économie formelle, caractérisée par la transparence et constituée d’activités légales déclarées, l’économie informelle pourrait trouver sa définition dans l’énoncé opposé. Pourtant ce terme, qui a fait couler beaucoup d’encre, est assez récent, et ce n’est qu’en 1972, que le Bureau International du Travail (BIT) utilisa cette expression dans un rapport sur la situation de l’emploi au Kenya. Ce n’est qu’à cette date en fait que ce concept prit une importance particulière dans l’analyse du phénomène de l’emploi en ce sens qu’on s’aperçut qu’il représentait une part conséquente des activités, principalement dans les pays en développement. Ce secteur, dans certains pays en développement, prend parfois un poids économique et social plus important que celui du secteur formel. « L’emploi informel est la norme, et non l’exception, dans de nombreuses régions du monde » (OCDE, 2009, 2). Le BIT se trouva ainsi contraint de prendre en charge ce concept et de le définir. La première définition s’est faite en énonçant sept critères qui caractérisent ce concept et qui sont relatifs à la facilité d’accès, à l’utilisation par les entreprises de ressources locales, à l’utilisation de technologies à forte intensité de main d’œuvre, à la propriété familiale des entreprises, à la petite échelle de production, aux marchés de concurrence non réglementés et à des qualifications acquises hors du système scolaire officiel. Cette définition met bien en lumière le caractère quelque peu aléatoire et surtout incertain d’une telle économie tout en y ajoutant le caractère de pénibilité au travail, de non reconnaissance, de non protection et d’absence de réglementation la régissant. Cependant le caractère d’illégalité n’apparait pas dans cette définition. Par ailleurs, et de par les activités diverses respectant cette définition, un classement en deux grandes catégories peut être opéré. Le premier concerne toutes les activités non déclarées certes, mais légales ; quant au second il regroupe toutes les autres activités illégales et qui de par leur nature, ne peuvent en aucun cas être déclarées, mais qui peuvent être génératrices de revenus occultes importants. Une nouvelle terminologie relative à cette distinction a été énoncée dans les travaux d’Odile Castel qui définira (1) l’économie populaire comme celle comportant les activités licites et l’économie populaire solidaire comme celle fondée sur les liens de solidarité. (Odile Castel, 2007). Notre intérêt s’orientera vers l’économie informelle aux activités légales qui peut être considérée comme une forme de suppléance à l’absence de création d’emplois formels et de réduction de chômage. Le BIT redéfinira officiellement en 1993 le secteur informel, qui comporte en fait l’économie informelle, comme « un ensemble d’unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme» (CIST2, 1993, 2). La terminologie traitant de la question de l’économie informelle est assez riche. Des auteurs à l’exemple de J. Charmes utiliseront le terme d’économie non structurée, en ce sens que l’absence de caractère formel ne préjuge pas de l’absence d’activités (Charmes, J., 1992). Il s’agit bien en effet d’activités diverses génératrices de revenus importants et participant ainsi directement à l’économie du pays. Une approche différente fera référence au caractère d’une économie non officielle [Archambault et Greffe, 1984), alors qu’une autre approche mettra en lumière le caractère de spontanéité de cette activité et parlera de développement spontané. (Penouil, et Lachaud, 1985). Cependant quelle que soit l’approche, cette économie se caractérise par plusieurs facteurs avec des poids différents. Elle se caractérise par la solidarité entre les divers acteurs de cette économie (Odile Castel, 2007), qui peut se traduire par une solidarité familiale où les activités se font entre les différents membres d’une même famille, organisés soit horizontalement soit verticalement. L’organisation horizontale consiste à s’unir pour commercialiser les mêmes produits ou services sur le marché afin de se protéger de la concurrence. Quant à l’organisation verticale, elle permet de proposer un produit ou service conçu en différentes phases où chaque membre se spécialise dans une phase du processus. Le savoir faire développé constitue en soi une forme de protection contre la concurrence. Cette forme de solidarité familiale est très répandue en Algérie plus particulièrement dans sa forme horizontale. Cette solidarité s’organise aussi entre voisinage ou habitants d’un même quartier qui peuvent se spécialiser dans un produit ou service et adopter des règles pour assurer un bon voisinage commercial et éviter les conflits. Cette forme est aussi, bien développée en Algérie. Quant aux formes de solidarité du type religieux, ethnique, qui restent des formes bien connues, elles n’ont un intérêt particulier que dans les sociétés multiethniques ou multi religieuses. Elle se caractérise aussi par son caractère de popularité mais aussi d’adaptation au contexte social, économique et légal. En Algérie, à titre d’exemple, les activités de change (change devises – monnaie nationale) s’effectuent principalement dans les marchés parallèles. Les restrictions de change imposées par la législation se trouvent ainsi contournées et le véritable marché s’est complètement développé dans l’informel. Ce sont ces mêmes restrictions qui ont permis à cette activité de se développer au vu d’une demande croissante et d’une offre limitée. Ce secteur a ainsi développé de grandes capacités de résilience qui ne se retrouvent pas nécessairement au niveau du secteur formel. L’emploi informel pourrait se résumer à l’ensemble des emplois opérés dans le secteur informel. « Par emploi informel, on entend les emplois ou activités dans la production et la commercialisation de biens et services licites qui ne sont pas enregistrés ou protégés par l’État. Les travailleurs informels sont privés des prestations de sécurité sociale et de la protection offerte par les contrats de travail formels. » (OCDE, 2009, 1). Cette définition de l’OCDE rattache l’informel au niveau de l’emploi à l’absence de déclaration et de couverture sociale. Elle exclue du champ de définition les activités illicites. Cependant l’emploi informel n’est pas spécifique au secteur informel. Il peut se retrouver dans le secteur formel (Charmes, J., 2004) lorsque les travailleurs recrutés ne sont pas déclarés. Il peut s’agir de travailleurs occasionnels ou vacataires, recrutés pour des taches bien précises et pendant une durée bien déterminée. Cette situation est bien présente en Algérie mais principalement dans le secteur privé. En effet, pour pouvoir exercer une activité industrielle ou commerciale en toute légalité, certaines entreprises s’enregistrent légalement et dispose donc d’une autorisation d’exercer. Cependant tous les travailleurs ne sont pas déclarés. Le turn-over au niveau de ces entreprises reste très important afin d’éviter les situations de stabilité au niveau de l’emploi, synonyme de possibilité de légalisation. La catégorie 2 présentée dans le tableau suivant et relative aux emplois formels dans le secteur informel est une situation plus rare. 2 CIST : Conférence internationale des statisticiens du travail (2) Tableau 1 : Composantes du secteur informel et de l’emploi informel Emploi Entreprise Formel Informel Formelle Secteur formel (3) Informelle (2) Secteur informel Source : Charmes J., 2004 3. Economie informelle et développement Il est évident que tous les pays et particulièrement les pays en développement, optent pour des stratégies de développement étudiées en fonction des ressources dont ils disposent, incluant les ressources naturelles, les ressources humaines, les ressources financières … Le développement ne peut être assuré uniquement sur les critères économiques mais devra prendre en considération des critères sociaux, des critères relatifs à l’éthique (Sen, 1999), des critères environnementaux pour un développement durable. Il est ainsi question de développement économique, de développement humain et de développement durable. Le développement économique est globalement mesuré par la croissance économique, notion quantitative pour mesurer le progrès économique et l’indicateur utilisé pour mesurer cette croissance est l’évolution du PIB. Quant au développement social, il est mesuré par un indicateur prenant en considération des aspects sociaux et de bien être de la société. "Le développement est le fait que les hommes se nourrissent mieux, se soignent mieux, s'instruisent mieux, c'est donc l'évolution au cours de laquelle les besoins fondamentaux de l'homme sont progressivement satisfaits." (F. Perroux, in O. Castel, NC) L’indicateur le plus utilisé est l’IDH3, mis au point par la Banque Mondiale. Cet indice prend en considération, en plus du critère économique représenté par le PIB, des critères sociaux relatifs à l’espérance de vie (politique en matière de santé) et l’éducation (politique en matière de formation). Or, quelle que soit la stratégie adoptée par les pays en développement et les politiques mises en œuvre, des gaps importants, entre prévisions et réalisations, sont notés et qu’il faudrait à chaque fois corriger. Les raisons de tels écarts se retrouvent soit dans l’ambition des objectifs affichés, soit dans les aléas de l’évolution de la situation économique sociale et celle de l’environnement international. L’économie informelle représente un poids important qui n’est généralement pas pris en considération dans ces politiques et qui remet en cause toutes les prévisions affichées. Les impacts de cette économie sur la croissance économique, et sur les divers facteurs sociaux tels que l’éducation et la santé sont loin d’être négligeables. Pour le cas de l’Algérie, et même si le poids est moins important comparativement à ces pays, il n’en demeure pas moins conséquent et n’a pas cessé d’augmenter à ce jour atteignant en 2010, 45,6% du total des emplois (ONS4, 2012). Le taux de création d’emplois informels durant ces dix dernières années a été plus important que celui des emplois formels malgré toutes les mesures prises par l’Etat et les sommes importantes investies dans le soutien et l’aide à la création d’emplois principalement pour les jeunes. L’évolution de l’emploi formel durant la période 2001-2010, a été de 43.1% selon l’ONS. Tableau 2 :Evolution de l’emploi informel hors agriculture en Algérie entre 2001 et 2010 ( en milliers) 2001 2005 2010 Emploi Emploi % emploi Emploi Emploi % emploi Emploi Emploi total informel informel total informel informel total informel Masculin 4 143 Féminin 773 Total 4 917 Source : ONS, 2012 1 378 270 1 648 33.3% 34.9% 33.5% 5 568 1 096 6 664 2 379 373 2 752 42.7% 34.1% 41.3% 7 221 1 379 8 600 3 336 586 3 921 % emploi informel 46.2% 42.5% 45.6% Cette situation n’est pas spécifique à l’Algérie et les statistiques relatives au poids du secteur informel dans le PIB des PED principalement en Afrique, Asie et en Amérique Latine illustrent bien cette situation. Le tableau suivant montre l’importance de ce secteur dans le PIB. Ces statistiques datant de l’année 2000, n’ont fait en fait que s’accentuer d’année en année dans la plupart de ces régions du monde. 3 4 IDH : Indice de développement humain ONS : Office National des Statistiques (3) Tableau 3 :Place du secteur informel dans le monde Place du secteur informel dans le PIB Afrique subsaharienne Afrique du Nord Asie Amérique latine Caraïbes Economie en transition Source : Charmes J. (2000) Place du secteur informel agriculture) dans le PIB 23,7% 26,3% 21,5% 23,4% 19,7% 11,8% 54,7% 37,7% 23,9% 30,6% 22,2% 21,7% (hors En Afrique du Nord et subsaharienne, la part du PIB relative au secteur informel représente du tiers jusqu’à plus de la moitié du PIB total. Il ne s’agit plus d’activités marginales mais deviennent ainsi des activités principales dans la production de richesse dans ces pays. Ce résultat s’explique aussi par le nombre de travailleurs exerçant dans ce secteur qui atteint les deux tiers de la population active. En traitant de la question de l’économie informelle, Lautier B. affirme « Malgré les difficultés à la mesurer, on estime qu’elle emploie 60 à 70% de la population active en Afrique, 50% en Asie, autour de 35% en Amérique latine, 20 à 30% en Europe de l’Est et 5 à 10% en Europe occidentale et en Amérique du Nord. » (Lautier, 2006). Cependant, si ces statistiques prennent en considération des moyennes sur le poids de l’informel, une analyse par pays met en évidence des situations extrêmes avec des places de l’emploi informel hors agriculture atteignant plus de 90% pour le Tchad et le Benin et plus de 80% pour la Guinée et le Mali. Le secteur formel devient dans ces pays l’exception. Ces pays en voie de développement, n’ont pas souvent le choix que de laisser ce secteur se développer afin d’assurer la survie des populations pauvres . « L’économie informelle dans les pays en voie de développement est une économie de survie et de pauvreté indispensable mêlant réseau social, famille, faible dimension de l’activité, etc., et qui, malgré la succession des rapports des institutions internationales, ne peut être institutionnalisée comme cela. » (Pesqueux, Y., NC, 1). Tableau 4 : Place de l’emploi informel hors agriculture Country Region 1975-79 1980-84 1985-89 Algeria North Africa Morocco North Africa Tunisia North Africa Egypt North Africa Benin Sub-Sah Africa Burkina Faso Sub-Sah Chad Sub-Saharan Guinea Sub-Sahara Kenya Sub-Saharan Mali Sub-Saharan Source : OCDE, 2009 21.8 38.4 58.7 25.6 56.9 35 39.3 37.3 70 64.4 63.1 1990-94 61.4 78.6 92.9 77 74.2 71.9 70.1 90.4 1995-99 2000-07 Latest 42.7 44.8 47.1 55.2 41.3 67.1 35 45.9 95.2 86.7 71.6 94.1 81.8 41.3 67.1 35 45.9 92.9 77 95.2 86.7 71.6 81.8 Plusieurs raisons peuvent expliquer le développement de l’emploi informel dans les pays en développement. En effet, ces pays se caractérisent généralement par un chômage latent qui a tendance à s’accentuer en période de crise, par l’absence de création d’emplois, par une situation sociale délicate, par une poussée démographique importante et l’absence de planification familiale, par l’absence d’une réglementation efficace dans le domaine de l’emploi, ou si elle existe, les difficultés de son application. 4. Nature des emplois informels et situation en Algérie La nature des activités informelles est variée. Si ces activités se caractérisent généralement par une petite taille, elles n’en sont pas moins nombreuses. Une typologie de ces activités (Rapport Afrique de l’Ouest 2007-2008, 2008, 173) a été proposée et qui opère à classement en quatre grandes catégories : l’informel de production, l’informel d’art, l’informel de services et l’informel d’échanges. Toutes ces formes d’activités informelles se retrouvent en Algérie avec cependant des poids différents. Selon l’ONS, 45.3% de l’emploi informel se trouve dans le secteur du commerce et services, 37.4 % dans celui des Bâtiment et travaux publics, et 17.3 % dans l’industrie. En effet, l’activité commerciale concernant l’achat et la revente en l’état est très développée. L’acquisition des biens se fait dans divers pays (Turquie, Hong Kong, Taiwan, Chine, Dubai…) par le biais de voyageurs qui se déplacent d’une manière régulière vers ces pays en vue d’acquérir en quantité limitée de certains biens pour les revendre en l’état en Algérie. Les autorités douanières sont bien conscientes et restent généralement assez souples quant à l’application de la réglementation. Les activités informelles dans les services existent depuis déjà bien (4) longtemps et ont tendance à être considérées comme des activités ordinaires. Les services proposés les plus fréquents se trouvent dans la couture (principalement féminine), la pâtisserie traditionnelle, le transport… Dans le secteur des Bâtiments et des travaux publics, la part de l’informel est présente beaucoup plus dans les petites entreprises privées. Il est aussi très courant que le client recourt à des artisans non déclarés en vue de réaliser les travaux. L’informel de change est une activité très prospère. Une réglementation rigide quant aux opérations de change a développé des activités de change parallèle où le mécanisme de régulation de l’offre et la demande fait fluctuer quotidiennement les taux de change. Ces taux sont évidemment supérieurs à ceux proposés dans les Banques, mais vues les restrictions bancaires, il est plus facile de se procurer la devise recherchée dans ces marchés. Ce mécanisme devient quelque peu ridicule, lorsque ces mêmes sommes acquises dans les marchés parallèles sont ensuite déposées légalement dans des comptes devises au niveau des banques et exportées par la suite, tout aussi légalement. 5. Développement du secteur informel en Algérie La stratégie développement en Algérie a connu historiquement des étapes différentes qui ont conduit le pays à la situation actuelle. L’emploi informel dans les années 1975 était de l’ordre de 20% (OCDE, 2009), alors qu’il se fixe en 2010 à 45,6% (ONS, 2012). Pour comprendre cette évolution, une analyse des principales étapes du développement du pays est nécessaire. Depuis son indépendance en 1962 et jusqu’en 1965, l’Algérie était un pays, économiquement, complètement déstructuré où il n’existait pas réellement de stratégie de développement. Le pays continuait à être géré dans la continuité des structures héritées par le colonialisme, adoptant un mode de vie rurale. Le problème de l’emploi était relégué au second plan, même si le taux de chômage à l’indépendance était relativement élevé. En 1966, le taux de chômage se situait autour de 35% (OIT, 2003, 21). En 1965, le modèle se transforme avec une approche socialiste qui a prôné les trois grandes révolutions de l’époque : industrielle, agraire et culturelle. La révolution industrielle avait pour objectif de mettre en place dans le pays une industrie lourde performante à partir des matières premières disponibles dans le pays, et qui devait en amont transformer ces matières premières et en aval, permettre le développement de l’industrie légère. Cette dernière devrait pouvoir assurer le développement agricole avec la production d’engins mécanisés spécifiques à l’agriculture. De grandes installations industrielles ont vu le jour à l’image de l’usine sidérurgique d’El Hadjar dans la banlieue d’Annaba, les pôles d’Arzew-Bethioua à l’ouest du pays et celui de Skikda à l’est spécialisées dans le raffinage des hydrocarbures, et autres installations … A la fin des années 1970, plus de 75 zones industrielles ont été implantées et plus de 200 communes abritaient au moins une zone industrielle (Mutin, 1997). L’emploi représentait une priorité de la politique de l’époque et l’emploi informel n’occupait qu’une faible place. Deux raisons principales expliquent cette situation. En effet, et malgré une poussée démographique importante à l’époque, l’offre d’emplois restait supérieure à la demande. Il fallait trouver de la main d’œuvre pour prendre en charge tout ce nouveau secteur industriel. Le seul problème qui pouvait se poser était celui de la qualification, d’où la politique de formation menée à grande échelle. Par ailleurs, la politique sociale de l’époque autorisait la création d’emplois même si cela se faisait en inadéquation avec les besoins économiques. Le social primait sur l’économique. Cette forme de suremploi a été incitatrice de création d’emplois formels réduisant ainsi le taux de chômage affiché. La révolution agraire qui a dépossédé les propriétaires terriens au profit de groupes de fellahs5 organisés en coopératives agricoles a été à son tour créatrice d’emplois. Le taux de chômage a ainsi diminué progressivement de 1966 à 1986 pour atteindre un niveau de 10% (Graphe 1). Cependant, la plupart des entreprises industrielles publiques souffraient de graves déséquilibres financiers, dus à la mauvaise gestion et que l’Etat couvrait par des subventions. Le poids financier devenait de plus en plus lourd et cette politique a perduré grâce aux recettes des hydrocarbures. Au niveau du secteur agricole, le système de coopératives fut à son tour un véritable échec. L’appropriation collective des terres et leur exploitation n’a pas donné les résultats prévus et les fellahs ont fini par se partager les terres qui leur ont été attribuées, en petits lots, que chacun exploitait individuellement. (Chebira 2011, 113). C’était un retour « logique » à la petite exploitation de subsistance. 5 Fellahs : Paysans (5) Graphe 2 : Evolution du marché du travail (secteur public) de 1990 à 2001 Graphe 1 : Evolution du taux de chômage en Algérie 1966 - 1993 40 70000 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2011 2009 2007 2005 2003 2001 1998 1996 1994 1992 1988 1985 1982 1966 La 30 crise de 1986, qui a vu s’effondrer les cours du pétrole, à des60000 niveaux historiques, a été le coup fatal 50000 pour sur les recettes en hydrocarbures qui lui 20 cette stratégie. L’économie du pays reposait principalement 40000 30000 avaient permis de mener cette politique. L’effondrement des cours du pétrole a entraîné l’effondrement 20000 10 des recettes du pays et a mis à nu les dysfonctionnements des politiques menées. Ce fut le début d’une 10000 crise0 sociale majeure dont les conséquences ont été désastreuses0 pour l’économie algérienne. Les premières réformes entamées dans l’urgence n’ont pas sauvé le pays de la crise. Le pays eu recours à l’endettement qui a atteint le seuil de 32 milliards de dollars en 1995, contre 19 milliards de dollars en 1979. Source : ONS, in MERANI, H., 2005 Source : ONS - Zerkak, S, Mekhmoukh, S., 2011, 3 Cette nouvelle situation n’a pas été sans effets sur le niveau de l’emploi. Le taux de chômage a commencé, à partir de 1986, à croître pour atteindre en 2001 plus de 30%. C’est en fait durant cette période cruciale, caractérisée par une situation socio-économique difficile que l’Etat n’arrivait plus à relancer le processus de création d’emplois. Le graphe 2 illustre cette situation avec une diminution continue de création de l’emploi formel. L’évolution du marché du travail au cours de la décennie 1990-2001 a connu une décroissance de plus de 60%. Avec une population jeune importante, des taux de chômage élevés, et des rigidités institutionnelles, le recours à l’emploi informel se développa à grande échelle. Il faut souligner par ailleurs que la répartition du chômage par catégorie d’âge est inégale. Ce phénomène touche beaucoup plus les moins de 25 ans, et plus de 73% des chômeurs sont âgés de moins de trente ans (Femise2005, 2006, 15). Dans ce même rapport du Femise 2005, il est précisé que 63% de la population au chômage sont primo-demandeurs. Cette forme d’exclusion sociale a été incitatrice du développement du secteur informel et il ne restait pour la jeune population algérienne qu’une seule alternative : soit l’émigration, principalement vers l’Europe, dans des conditions souvent dramatiques, soit l’activité informelle. Ainsi, ni le secteur pétrolier ni celui des autres branches de l’économie n’ont permis de résorber ce niveau de chômage. Pourtant la situation va s’améliorer à partir de 2001, avec une réduction progressive du niveau du chômage dûe aux diverses mesures prises par l’Etat pour la création d’emplois et plus particulièrement pour les jeunes, et par la remontée des cours du pétrole qui, de 13 dollars la baril en 1998, a fini par dépasser en 2008, la barre de 140 dollars le baril. Les recettes de l’Etat se sont trouvées ainsi décuplées et les réserves de change ont atteint des niveaux record avec plus de 140 milliards de dollars en 2008, et quelques 190 milliards de dollars en 2012 selon les propos du gouverneur de la Banque d’Algérie. Une politique volontariste fut menée suite à l’embellie financière et qui s’est traduite par plusieurs mécanismes de relance de l’emploi et qui peuvent sont résumés dans le tableau 5. Toutes ces mesures ont eu certes des effets positifs sur la création d’emplois. « L’économie algérienne est dominée par le secteur pétrolier. Bien que le pétrole soit une source précieuse de recettes pour l’État et qu’il stimule la croissance d’autres secteurs, son influence directe sur la création d’emplois reste limitée. En dehors du pétrole, la part des secteurs manufacturiers et de l’industrie a stagné pendant les trois dernières décennies au niveau de 30 % environ des emplois créés. La part de l’agriculture dans la création d’emplois a régulièrement diminué passant de 31 % en 1977 à 12 % en 1995. En revanche la part des services, qui sont pour la plupart offerts par le secteur public, est passée de 36 % en 1977 à 58 % en 1995. Depuis quelque temps l’Algérie parvient à tirer parti de ses recettes pétrolières pour accroître le nombre d’emplois. Cependant, il s’agit surtout d’emplois temporaires et subventionnés du secteur des services créés dans le cadre du Programme de réforme économique » (P. Dyer, 2005, 11) (6) Tableau 5 : Dispositifs de relance de l’emploi Dispositifs Dispositifs du Ministère du Travail Dispositifs de l’agence de développement social (aide, conseil et accompagnement des porteurs de projets) Dispositifs de la Caisse Nationale d’Assurance Chômage – CNAC- (protection des travailleurs et aide à la réinsertion) Programmes Le programme d’emploi des jeunes : (chantier d’utilité publique) L’insertion professionnelle des jeunes (création de coopératives de jeunes avec financement) L’indemnité d’activité d’intérêt général (activités d’intérêt général rémunérée) Les travaux d’utilité publique avec haute intensité de main d’œuvre –TUP-HIMO- (emplois temporaires destinés aux primo-demandeurs d’emplois avec faible niveau d’instruction), 1997 Le contrat de pré-emploi (pour les primo-demandeurs, financé par les fonds publics durant deux ans dans l’espoir d’un recrutement par l’entreprise), 1999 Le développement communautaire (main d’œuvre utilisée dans la promotion de petits projets à intérêt général) : le microcrédit, 1998 Les centres de recherche d’emploi –CRE- (aide à la recherche d’un emploi) Les centres d’aide au travail indépendant –CATI- (aide à la création d’un travail indépendant), 1996 La formation de reconversion L’aide aux entreprises en difficulté -AED- (mesures préventives pour la sauvegarde des emplois). Dispositifs de soutien et d’insertion professionnelle des jeunes –ANSEJ-, 1997 (aide à la création de micro-entreprises et formation) Source : Zerkak, S., Mekhmoukh, S., 2011, 7-11 Le tableau 6 ci-après résume les principaux résultats obtenus suite à la mise en œuvre de ces mesures depuis l’adoption du plan d’ajustement structurel. Tableau 6 : Principaux résultats des programmes des dispositifs de soutien à l’emploi Programmes Principaux résultats -Une capacité annuelle d’insertion temporaire de 150.000 en 2004 Emplois Salariés -Un emploi équivalent permanent de 72.000 en 2002 d’Initiative Locale -Une proportion de femmes de 40% -Un nombre de projets financés de 53.000 en 5ans (1998-2004) Micro-entreprises -Un nombre d’emplois prévus de155.000 -Des projets principalement dans les transports (43%), l’agriculture pêche (12%), les services et l’artisanat (35%) industrie (4,5%) Micro-crédits -16.000 placements bancaires sur les trois années 2000 à 2002 Contrats pré-emplois -53.000 placements en 6 ans (1998-2004) -4 050 contrats pérennisés à l’issue de la période pré - contractuelle entre 1998 et 2004 TUP-HIMO -133.000 emplois temporaires en 4 ans (2000 -2004) Source : Données du Ministère de l’emploi et de solidarité nationale ; in Zerkak, S., Mekhmoukh, S., 2011 Cependant, malgré toutes ces mesures, qui à partir de 2001 ont fait baisser le taux de chômage progressivement pour s’aligner autour des 10%, le taux d’emplois informels par rapport au total des emplois n’a pas cessé d’augmenter. Le graphe 3 ci-après indique une parfaite corrélation entre le taux de chômage croissant de 1990 à 2001 et celui de l’emploi informel. Durant cette période, le développement du secteur informel pourrait être expliqué en bonne partie par la faiblesse de création d’emplois. Graphe 3 : Evolution du taux de chômage et de l’emploi informel en Algérie (1990-2007) 40,00% 35,00% 30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00% Tx chômage Tx emploi informel/Total emplois 1990 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Données : ONS - Femise2005, 2006, 23 - Bellache, Y., 2010, 79 (7) L’analyse de 2001 à 2007, indique une diminution constante du taux de chômage et une croissance de l’emploi informel. La corrélation n’est plus respectée et d’autres explications doivent être recherchées pour interpréter le phénomène. Les principales explications pourraient s’articuler autour d’une création d’emplois non suffisante pour satisfaire une demande croissante due au développement démographique, d’une tendance à s’orienter naturellement vers le secteur informel au vu de l’absence d’imposition et du laissez faire des autorités, des crédits obtenus par les divers des dispositifs de soutien à l’emploi et plus particulièrement ceux relatifs à la réalisation de petits projets et qui sont parfois transformés dans des activités informelles, et de la désertion du secteur formel au profit de l’informel. « Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, par exemple, les incitations structurelles poussent les individus et les entreprises à sortir du secteur formel….. De la même manière, de nombreuses entreprises choisissent de sortir du secteur formel car l’inefficience des procédures d’enregistrement des entreprises et de gestion de la sécurité sociale fait augmenter leurs coûts si elles restent dans l’économie formelle. » (OCDE, 2009, 2). 6. Conclusion L’emploi informel en Algérie occupe désormais une place incontournable dans l’économie du pays. Il occupe aussi une frange importante de la jeunesse et apaise du coup les grandes tensions sociales en permettant à une part importante de la population d’acquérir des revenus qui peuvent être importants dans certaines activités. Ces activités non déclarées échappent à toute imposition fiscale, mais ne bénéficient d’aucune couverture sociale, ni de régime de retraite. Les pouvoirs publics sont conscients de la situation et une réglementation stricte est en vigueur pour combattre ce phénomène. Cependant son application est très laxiste et les autorités préfèrent laisser faire au vu des difficultés à créer un nombre d’emplois formels suffisant pour assurer un équilibre entre l’offre et la demande d’emplois dans le marché du travail. Ce laxisme permet d’éviter des conflits sociaux majeurs qui peuvent se transformer en véritables soulèvements. Il permet aussi d’assurer la production d’une richesse non programmée dans les circuits officiels en jouant un rôle majeur dans la formation du PIB. Il permet par ailleurs d’assurer une certaine forme de développement social par la formation des travailleurs à certains métiers, dans ces activités informelles. Le secteur informel a tendance à être progressivement assimilé à des activités formelles du moins dans le comportement de l’Etat. Mais le laxisme n’est pas le seul facteur explicatif de l’importance du phénomène. Il faudrait prendre en compte toutes les faiblesses de l’environnement institutionnel, conjuguées aux divers maux qui s’installent progressivement dans la société telles que la bureaucratie, la corruption... Aujourd’hui, ce secteur ne se cache plus. La discussion sur le sujet au niveau de la 15ème conférence internationale des statisticiens du travail en 1993, a utilisé le terme de « clair de lune » pour désigner ces activités. Le représentant du Kenya corrigea le terme pour son pays en utilisant le terme de « sous le soleil brulant ». C’est peut être aussi le cas pour l’Algérie d’aujourd’hui. Bibliographie Archambault, E., Greffe, X., (1984), Les économies non officielles, Paris, La Découverte. Bellache, Y., (2010), L’économie informelle en Algérie, une approche par enquête auprès des ménages – le cas de Bejaia, Thèse Doctorat Université Paris-Créteil et Université de Bejaia, 79 Castel, O., De l’économie informelle à l’économie populaire solidaire : concepts et pratiques, http://halshs.archivesouvertes.fr/docs/00/18/77/24/PDF/UNESCO_Odile_Castel.pdf , 6-8 Charmes, J., (1992), Les terrains du développement : Approche pluridisciplinaire du Sud , ed l’Orstom, 161-179 Charmes, J., (2004), Les origines du concept de secteur informel et la récente définition de l’emploi informel, 7, http://info.worldbank.org/etools/docs/library/218175/IIES%20Secteur%20Informel.pdf Chebira, B., (2011), Algerian economic structure : opportunities or threats in a crisis situation, Ovidius University Annals, Economic sciences series Vol XI, Issue 2 / 2011 112, 113 CIST, quinzième conférence internationale des statisticiens du travail, (1993), Résolution concernant les statistiques de l'emploi dans le secteur informel. 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