Lettre ouverte à monsieur le Recteur de l`Académie de Grenoble à l

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Lettre ouverte à monsieur le Recteur de l`Académie de Grenoble à l
Lettre ouverte à monsieur le Recteur de l’Académie de Grenoble à l’occasion des
réunions pour la rentrée 2015
Monsieur le Recteur,
Les personnels de direction du Sgen-CFDT de l’académie de Grenoble ont préféré vous adresser une lettre
ouverte plutôt que d’effectuer une longue déclaration en fin des réunions de rentrée que vous avez
organisées.
Nous tenons tout d’abord à vous remercier de l’ambition pour l’Ecole que vous portez et que vous nous
faites partager dans ces moments privilégiés de rencontre. Nous saluons votre enthousiasme et votre
exigence et nous vous assurons de notre engagement à vos côtés pour la réussite de tous les élèves de
l’académie.
Nous souhaitons vous faire part de nos remarques et de nos propositions afin de poursuivre le dialogue
avec vous en a abordant 6 points :
-les conditions de travail et l’accompagnement des personnels de direction
-la mise en œuvre de la réforme du collège
-la formation des professeurs stagiaires
-la mobilisation pour les valeurs de la République
-les rapports avec les collectivités territoriales
-les passerelles en fin de seconde
1) Les conditions de travail et la prévention des risques psycho-sociaux des personnels de
direction : priorité du Sgen-CFDT
Nous savons qu’avec la mise en œuvre à la rentrée prochaine de la réforme du collège nous serons
certainement à la place la plus délicate : répondre à la demande institutionnelle, faire face aux
oppositions annoncées de syndicats hostiles à cette réforme et au désarroi de beaucoup
d’enseignants.
Nous connaissons la considération que vous avez pour les personnels de direction, c’est pourquoi
nous nous permettons d’attirer votre attention sur le fait qu’ils sont les seuls personnels de
responsabilité au sein de l’Education Nationale à être en contact quotidien avec les élèves, les
familles, les personnels, les élus, les partenaires de l’école et la hiérarchie déconcentrée de notre
ministère.
La prise en compte de nos conditions de travail doit s’envisager sous le double objectif de la
prévention des personnes et de l’efficacité du pilotage pédagogique de l’EPLE.
Il est essentiel que l’institution engage une politique de prévention qui passe par l’identification des
facteurs de risques qui touchent les personnels de direction en envisageant les situations qui posent
problème de façon récurrente aux personnels de direction, qu’ils soient chefs ou adjoints.
En l’absence pour l’instant d’une démarche institutionnelle de prévention, les trois syndicats de
personnels de direction de l’académie de Grenoble ont mis en place et financent un Groupe
d’Analyse de la Pratique qui débutera le mercredi 16 septembre.
A l’issue de ce Groupe d’Analyse de la Pratique nous vous rendrons compte de notre
expérimentation.
Vous avez affirmé à l’occasion des réunions de rentrée : « quand vous êtes en difficulté n’hésitez
jamais à nous saisir… »
L’accompagnement d’un personnel de direction qui rencontre des difficultés ne peut pas s’effectuer
uniquement sous un rapport hiérarchique. Il s’agit de ne pas confondre l’accompagnement et la prise
en compte par l’institution d’une situation de crise. L’accompagnement des personnels peut
s’envisager par les pairs mais doit s'envisager aussi par des professionnels extérieurs à notre
institution.
Par ailleurs, nous souhaitons que la prise en compte des risques psycho-sociaux ne soit pas
seulement une volonté de répondre à une urgence conjoncturelle - autrement dit dans une logique
de réparation a posteriori – mais envisagée dans une démarche « proactive » d'accompagnement des
personnels d'encadrement et d’anticipation des situations de tension.
Concernant la formation initiale des personnels de direction, nous souhaiterions pouvoir en définir
avec vous les priorités : la construction d’une éthique professionnelle et l’apport de stratégies
managériales nous semblent indissociables.
Il nous apparait également indispensable que les personnels de direction stagiaires soient
destinataires des critères de leur évaluation et donc de la grille d’évaluation qui les concerne.
2) La réforme du collège.
Le Sgen-CFDT soutient depuis le début la réforme du collège en dépit de quelques concessions faites
qui n’ont pas réussi à engager le syndicat majoritaire des enseignants dans la dynamique du
changement (Notes en 6ème, maintien du DNB, grilles disciplinaires...)
Nous nous félicitons du plan de formation que l’académie développe pour mettre en œuvre cette
réforme : 8 jours pour chaque enseignant comme l’a indiqué la ministre.
8 jours de formation mais aucun temps de concertation n’est donné aux équipes pour travailler
dans leurs établissements à la mise en œuvre concrète de la réforme. Travailler en concertation et
en complémentarité ne s’improvise pas, mais se construit. La réforme se construirait-elle d ‘en haut
et pas sur le terrain ?
Vous nous avez affirmé à l’occasion des réunions de rentrée que nous devrons « faire en sorte que
[vos] nos équipes s’approprient et donnent sens à la réforme et imaginent avec [vous] nous les
chemins à mettre en œuvre. » « Vous devez mettre en œuvre la réforme avec vos équipes… Cela
doit relever de la capacité collective de vos établissements. »
Si nous sommes, monsieur le recteur, en totale accord avec les missions que vous nous assignez,
nous vous demandons de bien vouloir nous accorder les moyens de les accomplir dans nos
établissements. Tout reposerait sur la capacité des établissements sans que nous ayons à notre
disposition le temps indispensable de concertation et d’élaboration commune ?
Le Sgen-CFDT de Grenoble vous a demandé d’accorder aux établissements 3 journées de
concertation avant Noël sur toute l’académie afin que les équipes éducatives puissent préparer la
rentrée 2016. Nous regrettons votre refus qui aurait permis une appropriation de la réforme par le
terrain.
Madame la ministre a annoncé 8 jours de formation pour chaque enseignant, vous nous en avez
annoncé 6 dans l’académie, nous vous proposons donc de nous accorder ces 2 jours de formation au
sein des établissements où chefs d’établissement et inspecteurs pourront concrètement travailler
avec leurs équipes pour imaginer et construire ensemble la réforme.
Il ne nous semble pas raisonnable de laisser les chefs d’établissement seuls pour « dégager des
plages horaires libres communes qui facilitent le travail collectif » comme l’indique le Bo du 2 juillet
2015. Pour cela, une communication claire et étayée par l’institution permettrait aux parents
d’élèves de comprendre la nécessité de ces journées de travail.
3) La formation des professeurs stagiaires.
Le Sgen-CFDT s’est félicité de la priorité nationale donnée à la formation des nouveaux enseignants.
En même temps nous regrettons que l’entrée dans le métier de jeunes collègues se fasse sous le
signe d’une accumulation de contraintes : classes en responsabilité, cours à l’ESPE, cours à
l’université, déplacements, mémoire.
Ces nouveaux collègues sont à cheval entre un statut d’étudiant où ils sont contrôlés et pas
forcément responsabilisés et un statut d’enseignant où ils doivent encadrer des élèves et les
préparer à l’autonomie.
Il y a parfois confusion dans leur année de stage entre les rôles de formateurs et d’évaluateurs.
Le Sgen-CFDT vous demande de bien vouloir :
-définir précisément les modalités et les acteurs de leur évaluation
-définir les attendus du mémoire professionnel et le rôle des personnels de direction
-mettre en œuvre un tronc commun qui favorise le travail en équipe dans les établissements
Nous vous proposons de travailler à vos côtés si vous le souhaitez sur ces priorités et notamment sur
les attendus du mémoire professionnel.
Concernant leur affectation, nous regrettons le manque de concertation entre les services
d’inspection qui a conduit parfois à des affectations de stagiaires de statuts différents, dans une
même discipline.
4) La mobilisation pour les valeurs de la République
Le Sgen-CFDT se félicite du « sursaut républicain » au lendemain des attentats de janvier 2015 et
nous espérons que cette dynamique est encore présente chez chacun de nous tous ici réunis.
Nous avons encore en tête les mots forts du 1er ministre « il faut voir la réalité du pays, il y a un
apartheid territorial, social, ethnique qui s’est imposé à notre pays ».
Nous avons pris connaissance avec attention des 11 mesures d’urgence déclinées par madame la
ministre de l’Education nationale dans le cadre de la « Grande mobilisation de l’école pour les valeurs
de la République. »
Le Sgen-CFDT ne pense pas que les valeurs républicaines s’imposeront d’en haut, en faisant signer
par les parents d’élèves la charte de la laïcité comme nous le demande la circulaire de rentrée. Nous
avons à élaborer ces valeurs avec nos élèves.
De même, la précipitation de la publication d’un nouveau programme d’Enseignement Moral et
Civique au BO du 25 juin 2015 n’est pas la réponse attendue pour une indispensable Education à la
Citoyenneté.
La justice scolaire est le préalable à toute évolution de la citoyenneté : c’est la 8ème mesure que
propose madame la ministre, concernant la mixité sociale à l’école et la nécessaire révision de la
carte scolaire, « Renforcer les actions contre les déterminismes sociaux et territoriaux ».
C’est en sens que le Sgen-CFDT vous demande de bien vouloir recentrer chaque bassin de formation
et d’éducation, en cohérence avec la circulaire du 26/02/2001, dans leurs missions au service du
pilotage pédagogique. En amont des décisions académiques, chaque bassin doit pouvoir associer
tous les établissements aux schémas des formations, à la carte des langues et des options dans la
recherche d’une plus grande cohérence du parcours des élèves. Chaque bassin doit également
pouvoir participer à la préparation de la carte scolaire dans les perspectives énoncées par madame la
ministre : politique active de mixité pour agir sur la composition des collèges et définition de
nouveaux secteurs de recrutement pour renforcer la mixité sociale et scolaire des établissements.
Nous vous demandons de bien vouloir associer les personnels de direction à toutes les initiatives que
vous prendrez pour lutter contre les déterminismes sociaux et territoriaux.
5) La nouvelle carte des régions nous amène à nous interroger sur les rapports que les EPLE
entretiennent avec les collectivités.
Le 1er ministre a indiqué que dans chaque région fusionnée, il y aura l'an prochain un seul recteur de
région académique. Il sera nécessaire que les personnels comprennent l’articulation de ses missions
avec celles des recteurs des académies qui elles ne fusionnent pas dans notre nouvelle Région
« Rhone-Alpes-Auvergne ».
L’harmonisation des ENT sur l’académie est questionnée, de même que la gestion des personnels des
personnels territoriaux.
Si le Sgen-CFDT encourage la conclusion de contrats tripartites, nous resteront vigilant afin que les
rapports avec les collectivités soient des rapports de partenariat et non d’assujettissement.
A titre d’exemple, la communication du Conseil Départemental de l’Isère a souvent été maladroite,
s’égarant dans des injonctions en direction des principaux de collège.
6) La véritable mise en œuvre de passerelles en fin de 2nde générale et 2nde professionnelle
La réforme du lycée prévoyait la possibilité de parcours réversibles et ascendants. Ces parcours
passerelles doivent notamment permettre à des élèves en difficulté en fin de 2nde d’intégrer à la
rentrée suivante une 1ère professionnelle.
Aujourd’hui les élèves n’étant accueillis que sur places vacantes, le Sgen-CFDT demande que des
places soient enfin réservées sur des bacs professionnels identifiés afin que la poursuite de scolarité
sur des parcours ascendant devienne une réalité de la réforme du lycée.
Nous vous assurons, monsieur le Recteur, de notre engagement dans le service public
d’enseignement pour la réussite de tous les élèves.
Alexis TORCHET
Jean-Louis LOPEZ
Secrétaire Académique
Correspondant académique
Du Sgen-CFDT Grenoble
Personnels de Direction