Congo Indépendant ( RDC) Le règne de „Joseph Kabila«, son clan

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Congo Indépendant ( RDC) Le règne de „Joseph Kabila«, son clan
Le règne de „Joseph Kabila«, son clan et l’ivresse de la force
Congo Indépendant ( RDC)
Kinshasa, RDC, 2010-10-23 (Congo Indépendant (
RDC)) - Untitled 4
Le règne de „Joseph Kabila«, son clan et
l’ivresse de la force
Source: Congo Indépendant
Note: Les opinions exprimées dans le présent
article ne sont pas nécessairement celle de
BR
Mardi 19 octobre 2010, une nouvelle s’est
répandue dans la capitale congolaise comme
une trainée de poudre : "La garde de Zoé Kabila
a battu un policier de roulage". Les faits ont eu
lieu au début de soirée au rond-point Socimat sur le boulevard du 30
juin. Le policier tabassé serait mort pour les uns. Il serait dans un état
critique pour d’autres.
„Alors qu’ils me frappaient avec des bâtons et des fouets, les soldats
n’arrêtaient pas de crier : „On va vous écraser ! On va vous écraser !«
Puis ils ont menacé de me tuer, moi et les autres opposants à Kabila.«
Tel était le témoignage d’un militant politique détenu et torturé à
Kinshasa en mars 2007 par des soldats de la Garde Républicaine du
Président Kabila. Ce témoignage a été recueilli par l’ONG Human
Rights Watch. Et elle a publié, en 2008, un rapport intitulé „on va vous
écraser«. Ce rapport a été un condensé des investigations menées après
les élections de 2006. „D’après de nombreux officiers militaires et du
renseignement et d’autres personnes de l’entourage de Kabila qui ont
été interrogés par Human Rights Watch, Kabila a donné le ton et la
direction de la répression. En donnant ses ordres, il a parlé „d’écraser«
ou de „neutraliser« les „ ennemis de la démocratie «, les „terroristes«
et les „sauvages«, impliquant qu’il était acceptable d’utiliser une force
illégale contre eux. Il est possible que du fait du manque de
compétences dans les services de l’armée et des forces de l’ordre, les
tentatives de Kabila pour monopoliser le pouvoir aient été parfois
désorganisées, mais son intention de se débarrasser de ceux qui étaient
considérés comme des opposants était claire.« La mascarade électorale
de 2006 a aidé „ Joseph Kabila « et son clan à accéder davantage à
l’usage illégale de la force pour écraser „ les terroristes « et „ les
sauvages «. Contrairement aux compatriotes amnésiques, „ Joseph « et
son clan n’ont pas renoncé à cette option. A l’Est, la coalition
CNDP-APR sème la mort pendant que les forces onusiennes se
déclarent incapables de protéger tous les civiles. Les journalistes et les
activistes de droit de l’homme sont „ écrasés « en toute impunité.
Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Armand Tungulu ont fait les frais
de cet usage illégal de la force.
Un policier de roulage (ou deux) serait écrasé par les gardes du frère
de „ Joseph Kabila «. Selon la radio Okapi captée ce mercredi 20
octobre à Kinshasa, „ les gardes du corps de Zoé Kabila n’auraient pas
apprécié le fait que l’agent de roulage ait changé la direction de
priorité au même moment où leur cortège amorçait le passage,
indiquent ces témoins. «
Les commentaires sur les suites de ce „ écrasement « divergent. Pour
certains témoins, ce policier et un autre auraient été abattus à bout
portant. Pour d’autres, il est dans un état critique. (Il ne parle pas).
Mais nous ne sommes pas là en face d’un acte isolé. Il s’inscrit dans
l’option historique des „ Kabila «.
Que va-t-il se passer après cet usage ivre de la force ? Dans
l’immédiat, rien. Les „ Kabila « nourrissaient une obsession : vivre
comme les Mobutu et connaître la même longévité.
D’où leur recours à une arme dangereuse : la culture de l’amnésie
historique entretenue par leurs courtisans. Pour eux, „ l’histoire, c’est
du passé, c’est vieillot, c’est ennuyeux. Qui s’intéresse à ça, disent-ils
? « (N. Chomsky, L’ivresse de la force. Entretien avec David
Barsamian, Paris, Fayard, 2007, p.65) Pris dans la folie que provoque
l’ivresse de la force, ils ont perdu de vue que „ ceux qui reçoivent les
coups de matraquent (et les balles) se souviennent du passé, parce
qu’ils savent que leur histoire est importante et voient qu’elle est en
train de se répéter. « (Ibidem, p.65)
Il y a des limites que la peur provoquée par l’ivresse de la force ne
franchit pas. Mobutu et les siens l’ont appris à leurs dépens.
Il est vrai que dans ce contexte, compter sur une justice gérée par un
Procureur de la République aux ordres du „ raïs « ne sert à rien. Le
niveau d’ensauvagement atteint par „ le cheval de Troie « du Rwanda
et des forces impérialistes chez nous a atteint des dimensions
inimaginables. Notre pays est devenu davantage une Etat-manqué.
C’est-à-dire un simulacre d’Etat qui ne peut pas ou qui ne veut pas
protéger ses citoyens de la violence, voire de la mort. Un simulacre
d’Etat dont le dehors démocratique cache un dedans irrespectueux et
des règles constitutionnelles nationales et celles du droit humanitaire
international. Un simulacre d’Etat qui utilise la violence comme arme
politique au service du capitalisme du désastre.
Quand les „ vuvuzélateurs « de ce simulacre d’Etat poussent des cris
souverainistes, ils dénient la réalité quotidienne faite de tutelle (de
l’ONU), des viols, des massacres, des assassinats gratuits, de vente et
d’occupation de nos terres par les forces de la mort, etc.
Faut-il désespérer de ce pays si longtemps meurtri ? Non. Les usagers
ivres de la force, aux dires de certains acteurs-créateurs d’un autre
Congo, jouent leurs dernières cartes. Ce jeu peut encore prendre
quelque temps. Mais il touche à sa fin. Il y a des signaux historiques
qui ne trompent pas…
De toutes les façons, le Congo est tombée dans une voyoucratie qui ne
dit pas son nom. Rompre avec ce système géré par un „ conglomérat
d’aventuriers « au passé criminel est défi incontournable.
J.-P. Mbelu
© Congoindépendant 2003-2010

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