L`avenir de l`entreprise se lit dans ses capacités de changement
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L`avenir de l`entreprise se lit dans ses capacités de changement
BUSINESS PERFORMANCE Gestion de projets L’avenir de l’entreprise se lit dans ses capacités de changement Joël Tendon, Systemic Business Performance Introduction « La survie et le développement de notre entreprise dépend, en premier lieu, de notre capacité à évoluer, à innover, à remettre en question ce que nous faisons et la manière de le faire. » Il y fort à parier que la plupart des managers approuvent cette affirmation. Les sceptiques et leurs entreprises – ceux qui pensent que le changement ne les concernent pas - ayant déjà disparu du registre du commerce. « Dans notre entreprise, nous accordons beaucoup d’importance à développer la culture de projet et d’innovation. Les personnes à fort potentiel sont impliquées dans les projets. Il existe un processus formalisé pour gérer le cycle de vie des projets. » Êtes-vous d’accord avec ces affirmations ? Il se peut que votre situation reflète celle de la majorité des organisations, à savoir, que la volonté de favoriser le changement, l’innovation et l’amélioration continue n’est pas traduite dans les faits par des moyens concrets et appropriés. Le paradoxe du changement Pourquoi existe-t-il cet écart énorme entre le besoin ressenti d’évoluer et le fait que le monde projet, dans la plupart des entreprises, ressemble à un terrain vague, un « no man’s land » déserté par tous les collaborateurs talentueux et ambitieux ? Pour le manager absorbé par les problèmes quotidiens du monde opérationnel, le monde projet, et par extension celui du changement et de l’innovation, est à l’image de la lune : on sait qu’elle existe, on la voit de temps en temps, et jamais on ne songe sérieusement à y poser pied ! C’est bien dommage car, à moins que tous vos concurrents ne viennent à disparaître soudainement, le changement est la seule voie permettant d’assurer l’avenir de l’entreprise dans un marché de plus en plus concurrentiel. Qui n’avance pas recule. Et les éléments moteurs principaux pour avancer vers un avenir favorable sont les capacités de changement. Lorsque les capacités de changement sont peu développées dans un organisme, on constate de réelles barrières au changement et à l’innovation. Peu d’opportunités nouvelles sont identifiées et concrétisées. Le changement à lieu de manière ponctuel et chaotique. Il se fait dans la douleur. Les bénéfices résultants tendent à être limités, tant en quantité qu’en durée. Au contraire, lorsque les capacités sont très développées, on observe un contexte propice à l’identification de nombreuses opportunités d’innovation et d’amélioration qui sont systématiquement exploitées en mettant en place les changements nécessaires pour ce faire. Le changement interne s’effectue de manière plus « scientifique ». Il est planifié et maîtrisé. L’amélioration de la position concurrentielle de l’entreprise n’est plus le fruit du hasard mais le résultat d’un processus. Les projets internes (d’innovation, d’amélioration, de changement etc.) sont exécutés dans des délais réduits, à moindre frais et de manière suivi. Ils ont tendance à produire des bénéfices substantiels et durables. www.systemic.ch BUSINESS PERFORMANCE Que faire pour développer les capacités de changement ? Pour comprendre en quoi consistent les capacités de changement, il convient tout d’abord d’admettre qu’il existe deux mondes bien distincts qui doivent cohabiter au sein de l’entreprise : le monde opérationnel et le monde projet. Le monde opérationnel est celui dans lequel se réalisent toutes les activités quotidiennes (de routine). Ce monde est en principe bien connu et formalisé au sein des entreprises. La structure organisationnelle est en place (les départements, unités et groupes), les processus aussi. Dans ce monde, chacun connaît son rôle et son cahier des charges. Les activités ont tendance à bien fonctionner. Elles sont rôdées et optimisées. Par opposition, le monde projet est celui dans lequel se définit et se façonne l’avenir de l’entreprise, un projet à la fois. Par définition, les activités qui s’y déroulent ont un caractère unique car elles sont différentes d’un projet à l’autre et sont limitées dans le temps. Leur accomplissement nécessite souvent l’intervention simultanée de plusieurs personnes. Dans ce monde, le travail de groupe et la créativité sont de mise. L’efficacité n’est pas directement lié au volume de travail effectué mais plutôt à la quantité de connaissances crées, partagées et diffusées. Au final, c’est un monde qui n’a pas grandchose à voir avec le monde opérationnel. Pour preuve : rares sont les individus qui se sentent parfaitement à l’aise dans les deux mondes. Lorsque l’on veut développer les capacités de changement de l’entreprise, il faut d’une part construire le monde projet et d’autre part effectuer des ajustements au monde opérationnel existant. Comment construit-on un monde projet ? Au minimum, en mettant en place une organisation, des processus, un système de pilotage, et en libérant les ressources nécessaires (budget et individus compétents) pour réussir les projets qui s’y déroulent. Un des principaux éléments d’organisation est la création des rôles suivants: chef de projet, membre de projet, comité de pilotage et chef de programme (en fonction de la taille des projets). Alors que les rôles de membre de projet et comité de pilotage ont tendance à être assumés par des managers et collaborateurs du monde opérationnel consacrant une partie de leur temps au projet, le rôle de chef de projet est en principe assumé par un collaborateur spécialisé qui travaille à 100% dans le monde projet. Il faut veiller à choisir avec soin les chefs de projet, car de leurs talents d’organisation, de modération, et de motivation des collaborateurs, dépend le succès des projets. Au niveau des processus, une importance particulière doit être accordée à la définition du cycle de vie d’un projet. Un processus typique comporte les phases suivantes : concept/idée, étude, réalisation, déploiement, récolte des bénéfices. Dans ce processus, on spécifiera les activités à effectuer dans chaque phase, les responsabilités des intervenants, les objets livrables (exemple : que contient le rapport d’étude de projet ?) ainsi que la manière et les conditions sous lesquelles le projet recevra le feu vert pour passer à la phase suivante. www.systemic.ch BUSINESS PERFORMANCE Les ajustements à apporter au monde opérationnel ont pour but d’assurer la cohabitation des deux mondes, notamment en favorisant la mobilité des collaborateurs pour qu’ils puissent participer à un ou plusieurs projets tout en assumant leur rôle attribué dans le monde opérationnel. Voici quelques exemples de domaines qui nécessitent souvent des ajustements : • • • Accès aux compétences : Il faut assurer que les collaborateurs clés puissent participer aux projets dans lesquels leurs compétences sont nécessaires, soit en tant que membre de projet ou en tant qu’expert (l’expert intervient de manière plus ponctuelle dans le projet). Mobilité interne : Beaucoup de collaborateurs refusent de participer aux projets pour éviter d’être victimes d’une surcharge de travail. L’origine du problème étant que, lorsque leur taux de participation dans un projet n’est pas clairement réglé, tant le chef de projet que le supérieur hiérarchique agissent comme si le collaborateur était à 100% à leur disposition. Une solution possible pour casser cette barrière à la mobilité est de signer une convention tripartite entre le collaborateur, son supérieur hiérarchique et le chef de projet, qui stipule clairement le taux de participation du collaborateur dans le projet ainsi que les mesures prises pour assurer une décharge de travail dans le monde opérationnel. Mesure de la performance : En évaluant la performance des collaborateurs, il faut être sûr de tenir compte de leur contribution au succès des projets. Lorsqu’un collaborateur assume le risque inhérent à un projet (le projet peut échouer…), il est normal qu’il ait droit à une contrepartie qui inclut, au minimum, la reconnaissance de son engagement. • Le travail de groupe : Il faut veiller à promouvoir une culture de travail de groupe et enseigner les méthodes et techniques qui permettent aux groupes d’être efficaces (techniques de modération, d’organisation des séances etc…). • Gestion des ressources : On veillera à identifier des individus à forte orientation « projet », à assurer leur formation et leur encadrement, de sorte à ce qu’ils puissent s’épanouir dans le monde projet et devenir des chefs de projets performants. CPO – es-tu là ? Compte tenu du rythme élevé du changement auquel les entreprises sont confrontées et de l’importance vitale de bien gérer ce changement, on peut imaginer qu’un nouveau rôle soit créé au sein des entreprises : celui du CPO. Le Chief Project Officer (CPO) serait responsable pour structurer et gérer le monde projet tout en assurant sa cohabitation avec le monde opérationnel de l’entreprise. En étant responsable du développement des capacités de changement, le CPO porterait une responsabilité importante : celle d’assurer l’avenir de l’entreprise en veillant à ce qu’elle reste souple, agile et prête à créer et exploiter des nouvelles opportunités. Est-ce une utopie de penser que la gestion du changement sera à l’avenir considérée comme une fonction stratégique - au même titre que la gestion financière, des ressources humaines, de la qualité et de l’informatique ? A l’heure actuelle, la volonté de changer ne suffit plus. Les entreprises doivent se doter des moyens et capacités nécessaires pour réaliser leurs projets de manière efficace. Dans cette optique, il y a fort à parier que le rôle de CPO fasse bientôt son apparition. Ceci, à l’image des rôles de CIO (Chief Information Officer) et COO (Chief Operations Officer) qui n’existaient pas il y a 10 ans, et qui sont maintenant omniprésents. www.systemic.ch