mediamerica Janvier 2011

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mediamerica Janvier 2011
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Newsletter N°78 – JANVIER 2011
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La concurrence à l’iPad s’organise
Date : 18/01/2011
En tout juste 8 mois, Apple a réussi à mettre en place une des branches les plus lucratives et florissantes du marché
de l’informatique. Les tablettes électroniques étaient en effet les produits stars lors du dernier Consumer Electronics
Show qui s’est tenu à Las Vegas du 6 au 9 janvier.
Lancé en avril 2010, l’iPad est rapidement devenu la référence en matière de tablette électronique. Les
consommateurs se sont en effet précipités sur ce nouveau produit et les ventes en 2010 devraient totaliser entre 15
et 19.5 millions d’unités vendues. Avec un prix variant entre 499 et 829$, l’iPad est une ressource essentielle pour
Apple. Mais la société a du mal à répondre à la demande.
Les concurrents considèrent la difficulté d’approvisionnement d’Apple et le prix élevé de l’iPad comme les deux
principales faiblesses du produit. Et c’est sur la base de ce constat qu’ils proposent une offre concurrente.
Samsung et sa tablette Galaxy Tab ont été les plus agressifs sur le marché à ce jour. Mais les constructeurs du
BlackBerry, Research in Motion (RIM), ainsi que Motorola, Toshiba, Asus et Hewlett Packard (HP) devraient bientôt
se lancer sur le marché.
L’une des démarches les plus communes parmi les concurrents à l’iPad a été de réduire la taille des tablettes afin de
les rendre plus facile à transporter. Par exemple, le Galaxy Tab a un écran qui fait un peu moins de 17.8 cm au lieu
d’un écran de 24.6 cm pour l’iPad. Steve Jobs a fortement critiqué cette stratégie. Pourtant, Samsung avait déjà
vendu près d’1 million d’appareils deux mois après le lancement de son Galaxy Tab.
Considéré comme le concurrent le plus sérieux à l’iPad, la tablette de Motorola, Xoom, a reçu le prix de l’innovation
au dernier Consumer Electronics Show. Avec un écran légèrement plus grand que celui de l’iPad (25.6 cm), Xoom
propose un grand nombre de fonctionnalités, une résolution encore inégalée sur ce type de produit et fonctionnera
avec le dernier système d’exploitation d’Android, Honeycomb.
L’autre acteur à suivre de près sur ce marché est Research in Motion (RIM). Le PlayBook, que la société devrait sortir
prochainement, représente également une menace sérieuse pour l’iPad, en raison des liens étroits que la société
entretient avec ses nombreux clients dans le monde de l’entreprise.
Hewlett Packard est également présent sur ce marché avec un appareil pour le moment désigné sous le nom Topaz.
Cette tablette, qui devrait prendre le nom de PalmPad, pourrait être distribuée en collaboration avec Microsoft. Il
aurait un écran comparable à celui de l’iPad.
Autre critique récurrente vis-à-vis de l’iPad, le format de son écran 4:3 et non 16:9 (plus adéquat pour un visionnage
en HD). Les constructeurs du Galaxy Tab et du Streak (Dell), qui ont adopté ce dernier format, mettent en avant son
adéquation avec le visionnage de vidéo. Toutefois, il semblerait que le format de l’iPad soit idéal pour les eBooks, les
jeux et certaines autres fonctionnalités. Selon Alexander Rhoda, Directeur de recherche au sein du cabinet d’études
iSupply, « quand on pense au St Graal des tablettes, on pense à quelque chose qui pourra remplacer le support écrit
et qui permet de se déplacer sans papier. Or, le format 4:3 est plus adapté à ce type d’activités. Et pour les
fournisseurs de contenu, c’est un format qui leur est familier ».
Cela ne signifie pas que la position dominante d’Apple sur ce marché est inébranlable. Selon iSupply, l’iPad détenait
88.4% des parts du marché de la tablette numérique à la fin de l’année 2010. Ce chiffre devrait passer à 48.7% d’ici
2014. Ce déclin devrait résulter de la mise en place de nouvelles applications par les concurrents d’Apple et d’une
offre moins chère. La plus grosse transformation devrait cependant venir des systèmes d’exploitation. Pour le
moment, il n’y a pas de véritable concurrent au système iOS. Les versions d’Android et de Windows 7 ne sont pas
optimales pour les tablettes. La situation devrait évoluer en 2011 avec la mise sur le marché de Honeycomb, par
Android, et du système d’exploitation de RIM.
Le marché des tablettes devrait exploser en 2011, avec un nombre total d’unités vendues qui devrait passer de 15.6
millions à 57.3 millions selon iSupply. Apple devrait présenter une deuxième version de son iPad, voire une 3ème, d’ici
la fin de l’année. Shawn Dubravac, Directeur de Recherche au sein de la Consumer Eletronics Association, annonce
avoir une liste de près de 80 nouvelles tablettes qui devraient voir le jour d’ici la fin de l’année 2011. Et chaque aspect
de ces tablettes devrait compter au milieu d’une concurrence qui s’annonce féroce : le système d’exploitation, la taille
de l’écran, la couleur et les applications disponibles.
Les sociétés qui s’apprêtent à présenter leurs produits sortent du cercle habituel des sociétés d’électroniques. Selon
Jen-Hsun Huang, CEO de Nvidia, « Chacun est en train de créer sa tablette. Les constructeurs automobiles, les
sociétés d’électronique, les compagnies d’informatique, les entreprises de télécommunications, le secteur médical. Je
n’ai pas souvenir, dans l’histoire de l’informatique, d’un seul appareil qui ait mobilisé autant de secteurs d’activités. »
New fronts in tablet war, de Chris Morris, Daily Variety, 5 janvier 2011
Géraldine Durand
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Nouvelle tentative de Microsoft dans le monde de la téléphonie mobile
Date : 18/01/2011
Critiques, analystes et opérateurs ont tous fait l'éloge du nouveau Windows Phone 7, la dernière tentative de
Microsoft pour gagner du terrain sur le marché de la téléphonie mobile. Mais dans cet espace de plus en plus dominé
par Apple et Android, le géant de l'informatique domestique est encore loin du podium.
En dépit d'une généreuse campagne marketing et de nombreux évènements organisés partout dans le monde, seuls
40.000 exemplaires ont été vendus le 1er jour de lancement du produit. A titre de comparaison, Apple vend en
moyenne 270.000 iPhones par jour.
Microsoft a déjà essuyé quelques échecs sur le terrain de la téléphonie mobile, notamment en 2010 avec Kin, que la
société a retiré du marché six semaines seulement après son lancement.
Mais avec Windows Phone 7, la société est dans une perspective de long terme. Selon Microsoft, le logiciel installé
sur les téléphones représente une véritable opportunité pour la société de s’imposer sur le marché et de nombreux
acteurs du marché pensent de même. « Le système d'exploitation, en lui-même, est très bon », affirme Roger Entner,
Vice-président et chef de la recherche dans le secteur des télécommunications pour la compagnie de recherche
Nielsen. Il ajoute, « c'est bien fait et innovant, mais Microsoft doit encore travailler sur l'univers des applications, car
aujourd'hui, cela équivaut à avoir un ordinateur Windows avec seulement le bloc-notes et Démineur ».
A ce jour, on compte environ 3.000 applications disponibles pour Windows Phone 7, mais la société a récemment
annoncé que 15.000 développeurs travaillaient à l'élaboration de beaucoup d'autres applications.
C'est un premier pas dans la bonne direction, mais il est indéniable que Microsoft aurait grandement besoin d’un gros
succès en matière d’application, telle Angry Birds, jeu vidéo de puzzle lancé par Rovio Mobile en 2009 et qui est
rapidement devenue une application très populaire. Toutefois, le Windows Phone 7 donne accès à Xbox Live et le
service de musique en streaming Zune. Il est donc facile de l’utiliser pour louer un film ou pour rester connecté avec
l’univers du jeu vidéo Halo.
Cependant, l’échec des téléphones de la société Palm a démontré, en 2009, qu’un bon système d'exploitation ne
suffit pas pour s’imposer sur le marché de la téléphonie mobile.
Pour Roger Entner, Microsoft « a une chance », mais il ajoute « qu'ils ne devraient pas se reposer sur leurs lauriers ».
Microsoft's mobile reboot, de Chris Morris, Variety, 7 décembre 2010
Raphaëlle Greffier
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Mesures anti-piraterie aux Etats-Unis et exemples de cas
Date : 18/01/2011
1/ Le Département de la Justice américain et la protection de la propriété intellectuelle
Le Département de la Justice américain engage un certain nombre de poursuites judiciaires, chaque année, visant à
protéger la propriété intellectuelle. Le Federal Bureau of Investigation (FBI), les bureaux des procureurs et la Criminal
Division’s Computer Crime and Intellectual Property Section (“CCIPS”) sont les principaux concernés par les
enquêtes touchant à ce secteur.
Le Département a pour objectif de faire appliquer la loi en la matière, mais il a également contribué aux récents
développements législatifs, depuis le No Electronic Theft (NET) Act de 1997, jusqu’au Prioritizing Resources and
Organization for Intellectual Property Act (PRO-IP Act) de 2008.
2/ Développements législatifs récents en matière de propriété intellectuelle aux Etats-Unis
 Le NET ACT de 1997
Le NET Act avait pour but de renforcer la protection du droit d’auteur et des marques déposées en permettant,
notamment, aux autorités fédérales de poursuivre les auteurs de violation, à grande échelle, du droit d’auteur, même
lorsque le contrevenant n’agit pas dans un but lucratif ou commercial (Texte complet ici).
 Le Digital Copyright Millenium Copyright Act de 1998
Le Digital Millenium Copyright Act avait pour objectif principal la mise en application, dans la législation américaine,
des traités signés en 1996 au sein de la World Intellectual Property Organization (WIPO). Il contient cependant
quelques dispositions supplémentaires et limite, notamment, la responsabilité des fournisseurs d’accès Internet (FAI).
Ils ne sont en effet pas reconnus responsables quand leur réseau est utilisé pour transmettre des données, même
piratées. En revanche, ils sont tenus d’agir au plus vite pour retirer des sites web de leurs clients un contenu violant la
propriété intellectuelle (Texte complet ici).
 Le Family Entertainment and Copyright Act (“FECA”) de 2005
Ce texte de loi est divisé en deux parties : l’Artist’s Rights and Theft Prevention Act accroît les peines encourues pour
violation du droit d’auteur et déclare illégal le fait de copier un film dans un cinéma, notamment par le biais d’une
caméra ou autre moyen de prise d’images et de son. Il accorde en outre une immunité civile et criminelle aux
propriétaires de salles de cinéma et à leurs employés dans le cas où ils souhaiteraient interroger les spectateurs
susceptibles d’avoir violé cette loi. Le Family Home Movie Act autorise le développement de technologies permettant
d’épurer (sanitize) le contenu potentiellement offensif de DVD (Texte complet ici).
 Le Prioritizing Resources and Organization for Intellectual Property Act (Pro-IP Act) de 2008
Ce texte accroît les peines encourues en cas de violation d’une marque déposée ou du droit d’auteur. La loi prévoit
également la création d’un nouvel organe, l’Office of the United States Intellectual Property Enforcement
Representative – USIPER (Texte complet ici).
3/ Les formes que doit prendre la lutte contre la piraterie aux Etats-Unis sont encore en débat
A ce jour, la réglementation américaine met l’accent sur les uploaders, ceux qui mettent en ligne le contenu, plutôt
que sur les downloaders, ceux qui récupèrent ce contenu.
Les studios et l’industrie du disque plaident pour un système à la française de réponse graduée, les fournisseurs
d’accès Internet ayant la responsabilité de prendre les mesures répressives. Ces derniers n’entendent cependant pas
jouer ce rôle.
Un texte en discussion au Sénat (voir Conclusion) prévoit de renforcer le dispositif existant de lutte contre ceux qui
mettent à disposition le contenu piraté, sur le territoire américain et à l’étranger.
Poursuites liées à des violations de la propriété intellectuelle :
- Nombre de cas traités par la justice américaine en 2008 (dans le secteur audiovisuel) :
Source : Intellectual Property Report – FY 2008 / Department of Justice
- Nombre de cas traités par la justice américaine de 2004 à 2008 (tous secteurs confondus) :
Source : Intellectual Property Report – FY 2008 / Department of Justice
Exemples de cas récents :
 Saisie de 82 noms de domaine par le FBI, Operations in Our Sites II (lundi 29 novembre 2010 – Voir l’article du 14
décembre 2010, Opération Anti-piraterie : le gouvernement américain ferme 82 sites Internet)
Des cours fédérales ont ordonné la fermeture de 82 sites Internet et la saisie de leurs noms de domaines, dans le
cadre d’une opération d’envergure menée par le Department of Justice et le Department of Homeland Security’s
Immigration and Customs Enforcement (ICE). Baptisé Operations in Our Sites II, l’effort commun aux différents
services s’est également attaqué aux articles de contrefaçons de type équipements sportifs, chaussures, sacs à
mains, et lunettes de soleil, et a été annoncé publiquement le jour où l’activité est, traditionnellement, la plus
importante sur les sites d’achat en ligne, appelé « Cyber Monday » (terme marketing qui désigne le lundi suivant le
Black Friday, jour du début des soldes aux Etats-Unis, et qui a pour objectif d’inciter les consommateurs à faire des
achats en ligne ce jour-là).
 La Cour Fédérale de Manhattan ordonne la saisie de 7 sites Internet coupables de violation du droit d’auteur en lien
avec la circulation de films piratés sur Internet (30 juin 2010)
Les sept sites concernés sont les suivants : TVSHACK.NET, MOVIES-LINKS.TV, FILESPUMP.COM, NOWMOVIES.COM, PLANETMOVIEZ.COM, THEPIRATECITY.ORG, et ZML.COM. Comme 6 des 7 sites concernés,
MOVIES-LINK était un site qui listait des liens menant à des sites proposant du contenu illégal (linking site) et
comptait environ 3.3 millions de visiteurs par mois en mai 2010. Moins populaire, TVSHACK.NET accueillait 486 000
visiteurs par mois.
Suite au jugement du 30 juin 2010, les noms de ces sites Internet sont saisis et les sites eux-mêmes ont été fermés.
 Un habitant de l’Illinois condamné à 29 mois de prison pour vente de copies de films piratées (20 avril 2010)
Richard Humphrey, 22 ans, a été condamné à 29 mois de prison pour vente de copies de films piratées sur Internet.
Selon la Cour, l’accusé a, pendant un an, géré le site Internet sur abonnement USAWAREZ.COM à partir duquel il a
pu distribuer des centaines de copies de films, jeux vidéo et logiciels, sans l’autorisation des ayants-droit. Les usagés
avaient accès à ce contenu piraté en échange d’un abonnement.
 Un habitant de San Diego, accusé d’avoir mis en ligne une copie piratée de Slumdog Millionnaire, plaide coupable
(22 juillet 2009)
Owen Woody, 25 ans, a reconnu avoir téléchargé une copie du film Slumdog Millionnaire sur un site Internet appelé
funfile.org et l’avoir ensuite mis en ligne sur plusieurs sites, dont demonoid.com et mininova.org, afin que d’autres
puissent le télécharger. A l’époque, le film était en diffusion limitée sur les écrans et n’était pas encore disponible en
DVD.
L’accusé encourt une peine de 3 ans de prison et 250 000$ d’amende, ou l’équivalent de deux à trois fois le manque
à gagner du distributeur du film aux Etats-Unis, la société Fox Searchlight Pictures, Inc. Le jugement n’a pas encore
été prononcé. L’enquête a été menée par les services secrets américains.
Conclusion :
Au mois de juin 2010, la Maison Blanche a dévoilé un plan de protection de la propriété intellectuelle. Baptisé 2010
Joint Strategic Plan on Intellectual Property Enforcement, ce texte mettait notamment l’accent sur une meilleure
coordination entre les différents acteurs concernés par la lutte contre la violation de la propriété intellectuelle, à la fois
les autorités fédérales et locales, mais aussi les producteurs de contenu et les fournisseurs d’accès Internet. La
nécessité de s’attaquer aux sites Internet diffusant du contenu piraté et situés à l’étranger était également mise en
avant dans le texte.
Quelques mois après la publication de ce texte, à la fin du mois de septembre 2010, un projet de loi concernant la
protection de la propriété intellectuelle a été présenté au Comité Judiciaire du Sénat par son Président, le Sénateur
Démocrate Patrick Leahy. Intitulé Combating Online Infringement and Counterfeits Act, ce texte vise à faciliter la
fermeture, par le Département de la Justice américain, des sites Internet coupables de violation de la propriété
intellectuelle, qu’ils soient basés aux Etats-Unis ou à l’étranger.
Ce texte a été vivement critiqué par les fournisseurs d’accès et éditeurs de site Internet qui craignent que des sites
utilisés, à leur insu, pour faire circuler du contenu piraté, ne se retrouvent en difficulté. Les opposants au texte
soulignent également que la définition de ce qui constitue une violation de la propriété intellectuelle est trop vague et
que cela représente un danger pour les professionnels d’Internet.
C’est un texte légèrement remanié qui a finalement été approuvé par le Comité judiciaire du Sénat mi-novembre. Il
doit désormais faire l’objet d’un vote au Sénat, puis à la Chambre des Représentants.
Sources :
- Le 2010 Joint Strategic Plan on Intellectual Property Enforcement présenté au mois de juin 2010 par le viceprésident américain Joseph Biden et par Victoria Espinel, Property Enforcement Coordinator
- La version amendée du projet de loi baptisé Combating Online Infringement and Counterfeits Act
- Computer Crime & Intellectual Property Section / United States Department of Justice / Copyright cases
- Intellectual Property News Releases / United States Department of Justice
- Computer Crime & Intellectual Property Section / United States Department of Justice
Géraldine Durand
Lutte contre la piraterie : Positions des différents acteurs et mise en application
Date : 18/01/2011
Aux Etats-Unis, la lutte contre la piraterie se concentre sur les internautes proposant le contenu sur Internet
(uploaders) plutôt que sur ceux qui téléchargent ce contenu (downloaders). Toutefois, les avis sont partagés
s’agissant des modalités de lutte contre la piraterie. La Motion Picture Association of America (MPAA - organisation
interprofessionnelle qui défend les intérêts de l’industrie cinématographique) et la Recording Industry Association of
America (RIAA - association professionnelle qui rassemble les professionnels de l’industrie musicale aux Etats-Unis)
représentent les principaux fournisseurs de contenus aux Etats-Unis. Elles ont, depuis une dizaine d’années, adopté
des stratégies différentes dans ce domaine. Toutes deux ont cependant travaillé ensemble pour rédiger un rapport
commun sollicité par Victoria Espinel, Intellectual Property Enforcement Coordinator, lors de la rédaction de son
projet de protection de la propriété intellectuelle (Joint Strategic Plan for Intellectual Property Enforcement), publié fin
juin (voir l’article La Maison Blanche dévoile son plan de protection de la propriété intellectuelle).
1 - Positions de la MPAA
* Pour une meilleure accessibilité du contenu
Pendant plusieurs années, la RIAA et la MPAA ont adopté des approches différentes en matière de lutte contre la
piraterie. Alors que la RIAA a, pendant longtemps, intenté des procès coûteux aux pirates, y compris les simples
downloaders, la MPAA s’est davantage concentrée sur la mise à disponibilité légale du contenu.
Fritz Attaway, Executive Vice President et Special Policy Advisor pour la MPAA, qui a joué un rôle essentiel dans la
définition de l’approche adoptée par la MPAA vis-à-vis de la protection de la propriété intellectuelle, s’est exprimé au
début du mois d’octobre 2010 lors d’un forum sur les nouveaux médias (MPAA Talks to Copygrounds About P2P File
Sharing and Copyright, 5 octobre 2010). Selon lui, la différence de stratégie entre la MPAA et la RIAA est due
essentiellement à la différence de contenu que ces entités tentent de protéger, les modalités de production du
contenu piraté n’étant pas les mêmes. Le coût occasionné par les procès intentés contre les pirates aurait également
joué un rôle dans la recherche de moyens alternatifs pour lutter contre la piraterie. Parmi ces moyens figurent
l’éducation des utilisateurs, une collaboration accrue avec les fournisseurs d’accès Internet (FAI) et, plus important
peut-être pour la MPAA, le développement de modèles de distribution alternatifs légaux.
Toutefois, il est nécessaire de rappeler que la MPAA soutient les agences américaines (Département de la Justice ou
le FBI) lorsque celles-ci poursuivent en justice des distributeurs de contenu piraté, en les aidant notamment à réunir
des preuves. La MPAA mène également un important travail contre les pirates d’envergure et les individus
enregistrant un film sur un caméscope lors de sa diffusion en salles dans le but de le diffuser sur Internet. Selon le No
Electronic Theft Act (NETA) de 1997, ils encourent 250 000 $ d’amende et 5 ans de prison.
* Le rôle des fournisseurs d’accès Internet (FAI)
En ce qui concerne les FAI, la MPAA les encourage à envoyer des avertissements aux Internautes qui téléchargent,
ou mettent à disposition du contenu illégal sur Internet, afin de les prévenir des risques qu’ils encourent. La MPAA
pousse également les FAI à interrompre les abonnements pour les pirates récurrents. Toutefois, il ne s’agit pas là
d’une obligation légale, mais d’une décision propre aux FAI, et selon Fritz Attaway, la MPAA ne souhaite pas que cela
devienne une obligation légale.
* L’utilisation des nouvelles technologies et le MovieLabs
Pour Hollywood, une lutte contre la piraterie équilibrée doit s’attaquer à la fois aux manifestations et aux causes de la
piraterie. Le fait de traiter les causes passent par la promotion des usages légaux en proposant des alternatives en
matière de distribution, d’achat et d’utilisation des contenus par les consommateurs. C’est dans cette optique que 6
studios américains, the Walt Disney Co., Paramount Pictures, 20th Century Fox, Sony Pictures Entertainment,
Universal et Warner Bros., se sont associés en 2005 pour créer le Motion Picture Laboratories, Inc ou MovieLabs.
Le MovieLabs est une association de recherche et développement à but non lucratif basée à Palo Alto, Californie.
Lors de sa création, l’association a été dotée d’un budget de 30 millions de dollars par les 6 studios américains, afin
de développer des nouvelles technologies en matière de distribution de contenu, de diffusion des films de cinéma et
de consommation des médias.
Le MovieLabs a pour objectif de lutter contre la piraterie dans tous ses aspects, de la production (avec notamment
l’enregistrement des films dans les salles de cinéma ou le fait de partager du contenu sur Internet) à la consommation
(regarder un DVD piraté sur un lecteur DVD), et ce grâce au développement de nouvelles technologies.
Pour ce faire, le MovieLabs propose un appui financier aux sociétés, entrepreneurs, laboratoires de recherche et
autres professionnels qui travaillent sur le développement de nouvelles technologies en matière de distribution
numérique de contenu vidéo. Il fonctionne également par le biais d’appels à projets, comme le MovieLabs
Technologie Open Challenge lancé en 2007, avec à la clé des bourses allant de 25 000 à 100 000 $.
Le MovieLabs oriente actuellement ses recherches sur de nouveaux moyens de repérer un caméscope dans une
salle de cinéma et de l’empêcher d’enregistrer. Il met également l’accent sur le développement de logiciels permettant
de repérer le matériel protégé par un copyright sur Internet.
2- Positions de la RIAA
* La nouvelle stratégie de la RIAA
La RIAA a annoncé à la fin de l’année 2008 qu’elle renonçait à attaquer en justice les personnes suspectées de
pirater du contenu musical (RIAA drops lawsuits; ISPs to battle file sharing, 19 Décembre 2008). En effet, entre 2003
et 2008, la RIAA a attaqué plus de 30 000 personnes suspectées de piratage. Parmi les cas les plus connus, celui de
Jammie Thomas-Rasset, condamnée en 1ère instance à payer une amende de près de 2 millions de dollars pour avoir
partagé sur Internet 24 chansons. Cette somme avait finalement été réduite à 54 000$ lors d’un 2ème jugement et vient
d’être réévaluée à 1.5 million de dollars par une cour de Minneapolis - soit une moyenne de 62 500$/ chanson – (Voir
l’article Une amende d’1.5 million de dollars dans un cas de piraterie aux Etats-Unis divise le monde de la musique).
La RIAA continue par ailleurs à attaquer les pirates les plus actifs, ceux téléchargeant 5 000 à 6 000 chansons par
mois.
La tactique qui consiste à poursuivre les fans de musique est depuis longtemps critiquée par les artistes, les
consommateurs et même quelques labels américains. Elle est perçue comme mauvaise pour l’image de marque des
labels et également très coûteuse : en 2008, pour les 390 000 $ de compensations financières récupérés, la RIAA a
dû verser 16 millions de dollars d'honoraires à ses avocats (RIAA paid its lawyers more than $16,000,000 in 2008 to
recover only $391,000!!!); en 2007, les 25 millions de dollars dépensés par la RIAA en frais d’avocats ne lui avaient
rapporté que 516 000$. La RIAA s’est finalement tournée vers les FAI afin de demander leur soutien dans sa lutte
contre la piraterie.
La RIAA soutient désormais la stratégie dite de three-strike ou de réponse graduée (graduate response) qui, si elle
était adoptée par les FAI, fonctionnerait ainsi : la RIAA prévient un FAI qu’un consommateur semble partager ses
fichiers musicaux ; le FAI prévient l’internaute ; si celui-ci poursuit ses activités de piratage, d’autres avertissements
suivent. Si l’attitude du consommateur ne change pas, le FAI coupe sa connexion Internet.
Cindy Cohn, directrice juridique de l’association Electronic Frontier Foundation qui se bat pour la défense des libertés
des internautes, a jugé cette dernière solution inquiétante : elle craint que cela ne mène à la mise en place d’une liste
noire d’internautes empêchés ensuite de s’abonner à un service Internet.
Charlie Douglas, porte-parole de Comcast, le 1er câblo-opérateur des Etats-Unis, a souligné dans une interview que
cela faisait des années que, comme la plupart de ses concurrents, sa société envoyait des lettres d’avertissements
(Digital Millenium Copyright Act ou DMCA Notices) aux internautes suspectés de piraterie par les propriétaires de
contenu, que ce soit de films, musique ou jeux vidéo (AT&T, Comcast Deny RIAA ‘Three-Strikes’ Participation, 25
mars 2009). Le Digital Millenium Copyright Act (DMCA) de 1998 oblige en effet les FAI à envoyer des avertissements
dans de tels cas. Pour l’envoi de ces messages, labels et studios ont recours à des sociétés comme DtecNet ou
BayTSP qui gèrent des réseaux de partage de données. Les sociétés comme Comcast ou Time Warner Cable ne
vont cependant pas au bout de la stratégie soutenue par la RIAA et ne coupent pas de leur propre chef les
connexions Internet des utilisateurs.
Seules Cox Communication et Suddenlink (US ISP Disconnects Alleged Pirates for 6 Months, 24 Septembre 2010),
qui font partie des 10 principaux FAI aux Etats-Unis, reconnaissent avoir adopté une véritable stratégie de threestrike. Toutefois, début 2009, Cox n’avait annulé la connexion que de 0.1% de ses utilisateurs et cette interruption
n’avait duré, à chaque fois, que quelques heures. En revanche, un abonné de Suddenlink qui reçoit trois lettres
d’avertissement et ne se plie pas aux règles du DMCA, se voit privé d’Internet pendant 6 mois, tout en continuant à
payer son abonnement. La société se défend en soulignant que le DMCA oblige les FAI à prendre de telles mesures.
Le DMCA stipule que les FAI doivent adopter des mesures proportionnées et peuvent interrompre les connexions
Internet des abonnés lorsque ceux-ci récidivent en matière de piraterie. Toutefois, il ne s’agit pas là d’une obligation.
La plupart des FAI trouvent que le DMCA n’est pas clair sur la définition du moment approprié pour interrompre la
connexion Internet. C’est pourquoi, même si le contrat qu’ils signent avec leurs abonnés précise que les FAI ont la
possibilité d’interrompre la connexion Internet d’un abonné, la plupart d’entre eux affirment qu’ils ne coupent pas un
service en se basant uniquement sur les preuves fournies par les propriétaires de contenu et qu’ils ne le font qu’après
une décision de justice. En d’autres termes, pour les FAI, si un internaute ne cesse pas ces agissements, c’est au
propriétaire de contenu d’aller plus loin.
* Mise en application
Entre la fin de l’année 2008 et le lancement de sa nouvelle stratégie, et le mois de juillet 2010, la RIAA a envoyé ou
fait envoyer 1.8 millions d’avertissements à des abonnés à Internet et 269 609 à des universités américaines (RIAA
Warns 1 Million Copyright Infringers a Year, 4 juillet 2010). Cela fait donc une moyenne d’environ 1 million
d’avertissements pour l’industrie du disque uniquement. La RIAA ne communique pas sur l’évolution du nombre de
courriers envoyés. Toutefois, l’efficacité de ces envois peut se mesurer aux nombre de personnes partageant des
fichiers et au trafic qu’ils génèrent : ces deux données sont en augmentation.
La RIAA a également essayé d’approcher Google dans son combat pour la protection de la propriété intellectuelle. En
effet, selon le DMCA, le moteur de recherche n°1 dans le monde est tenu de retirer de ses pages les liens vers des
sites proposant du contenu piraté. Les ayants droit du contenu proposé illégalement fournissent la liste de ces liens à
Google pour que la société les retire de son service. Toutefois, ces ayants droit souhaiteraient maintenant que
Google s’investisse plus avant dans la lutte contre la piraterie.
Dans un courrier envoyé à Google au mois de septembre 2010, la RIAA et la Federation of the Phonographic
Industry (IFPI) ont demandé à la société de les aider à renforcer l’efficacité de leur système pour repérer le contenu
piraté sur Internet. Le manager de Google, James Pond, a répondu positivement à cette demande dans une lettre
datée du 20 septembre 2010, à une condition : que cette activité soit rémunérée (Big media wants more piracy
busting from Google, 13 octobre 2010).
Grâce à un service appelé Site Search, Google ferait payer 5$ pour 1000 sites repérés, soit un coût pour les ayants
droit évalué à plusieurs millions de dollars par an. Selon James Pond, ces frais serviraient à couvrir les coûts
occasionnés par la mise en place de ce service. La RIAA et l’IFPI ne se sont pas encore exprimées sur ce sujet.
Mais Google a depuis annoncé que la société propriétaire de YouTube allait améliorer son système de signalement
du contenu piraté et qu’elle s’engageait à agir en moins de 24h en cas de signalement. D’autres mesures devraient
être mises en place au cours de l’année 2011.
La RIAA vient également de mettre en place un nouveau système afin d’exiger des universités américaines qu’elles
mettent tout en œuvre afin d’empêcher le partage de données illicites sur leurs réseaux. Cela fait déjà plusieurs
années que les universités sont censées mettre en œuvre de telles mesures et le système éducatif américain
dépense 350 000 à 500 000$ par an pour lutter contre la piraterie. Toutefois, depuis le mois de juillet 2010, selon une
clause du Higher Education Opportunity Act de 2008, les universités courent le risque de perdre leur financement
fédéral si elles n’appliquent pas cette règle.
3 – Contributions de la RIAA et de la MPAA en vue de la rédaction du Joint Strategic Plan for Intellectual
Property Enforcement
Au mois de juin 2010, l’administration Obama a publié son plan de protection de la propriété intellectuelle appelé Joint
Strategic Plan for Intellectual Property Enforcement (voir l’article La Maison Blanche dévoile son plan de protection de
la propriété intellectuelle, 25 Juin 2010). Lors de la rédaction de ce plan, l’administration américaine avait prévu une
période de commentaires publics (public comment period) afin d’alimenter sa réflexion. A cette occasion, plusieurs
organisations, dont la RIAA et la MPAA, ont rédigé un document commun qui reprend les principales idées de ces
deux organisations (Comments of Creative Community Organizations, March 24, 2010). Ces propositions ont été
largement critiquées par les défenseurs des libertés sur Internet.
Principales propositions :
- Installation d’un logiciel anti-piraterie sur les ordinateurs :
L’un des souhaits émis par le plan est l’installation de logiciels, sur les ordinateurs des particuliers, qui, à la manière
des protections anti-virus, empêcheraient les ordinateurs de lire du contenu piraté. Ces logiciels permettraient
d’identifier le contenu piraté et, éventuellement, de le supprimer :
”There are several technologies and methods that can be used by network administrators and providers...these
include [consumer] tools for managing copyright infringement from the home (based on tools used to protect
consumers from viruses and malware).”
- Installation de filtres sur les réseaux Internet :
Pour les producteurs de contenu, les administrateurs et fournisseurs de réseaux devraient être encouragés à mettre
en place des filtres permettant de repérer le contenu piraté sur leurs réseaux. D’autre part, ils devraient, en cas de
détection d’un contenu piraté, réduire le débit des connexions Internet des contrevenants (bandwidth throttling), voire
bloquer l’accès à certains sites.
“Network administrators and providers should be encouraged to implement those solutions that are available and
reasonable to address infringement on their networks. [This suggestion is preceded by a list of filtering methods, like
protocol filtering, fingerprint-based filtering, bandwidth throttling, etc.]”
- Un contrôle renforcé des voyageurs aux frontières :
Selon le rapport, les autorités aux frontières devraient renforcer l’éducation des voyageurs entrant aux Etats-Unis sur
la question de la piraterie. D’autre part, les formulaires remplis aux frontières par les voyageurs devraient comprendre
une close exigeant des visiteurs qu’ils déclarent tout contenu piraté aux frontières. Cela signifierait également un
renforcement du contrôle des passagers par les douaniers habilités à rechercher le contenu piraté au sein des
appareils électroniques des particuliers.
“Customs authorities should be encouraged to do more to educate the traveling public and entrants into the United
States about these issues. Customs forms should be amended to require the disclosure of pirate or counterfeit items
being brought into the United States.”
- Mesures de répression contre les pays dont la politique anti-piraterie est trop laxiste :
Le Special 301 Report est un rapport rédigé annuellement aux Etats-Unis par the Office of the U.S. Trade
Representative (USTR). En effet, la loi américaine (US trade law) exige qu’un rapport établisse chaque année l’état
de la lutte contre la piraterie et l’ouverture des circuits commerciaux pour chaque pays. Pour la RIAA et la MPAA,
l’identification des pays peu enclins à mettre en place des mesures de protection de la propriété intellectuelle doit être
au centre des activités de l’USTR.
Among other uses, this identification would be valuable in the interagency process that culminates in the annual
Special 301 report, listing countries that fail to provide adequate and effective protection to U.S. intellectual property
rights holders.
Pour les opposants aux mesures pré-citées, et notamment l’association Electronic Frontier Foundation, ces
propositions sont dangereuses à plusieurs titres (The Entertainment Industry's Dystopia of the Future, 14 Avril 2010).
Elles mettent en péril la neutralité et l’ouverture d’Internet, ainsi que la vie privée des internautes, avec des systèmes
de plus en plus intrusifs. L’association parle de « cheval de Troie » renforçant la surveillance des consommateurs.
Pour l’association, ce rapport souligne la vision que la MPAA et la RIAA se font de la protection de la propriété
intellectuelle qui passe par une mainmise des groupes de médias sur Internet, sur les instances qui conçoivent la
régulation et sur les institutions éducatives.
Conclusion :
La MPAA et la RIAA ont longtemps emprunté des chemins divergents pour protéger la propriété intellectuelle. Elles
semblent à présent se retrouver dans un projet commun qui impliquerait une plus grande coordination avec les FAI.
Bien qu’il n’ait pas retenu la plupart des mesures proposées dans le document rédigé par les deux associations, le
Joint Strategic Plan for Intellectual Property Enforcement publié au mois de juin 2010 met effectivement l’accent sur
une meilleure coordination entre les différents acteurs concernés par la lutte contre la violation de la propriété
intellectuelle, notamment les producteurs de contenu et les fournisseurs d’accès Internet.
S’agissant des différents textes de loi actuellement en projet, MPAA, RIAA et producteurs de contenu s’opposent
régulièrement aux FAI. Au niveau international, la présentation, au mois d’octobre 2010, du projet d’AntiCounterfeiting Trade Agreement, qui implique 40 pays, dont la France, et qui est en préparation depuis trois ans, a
jeté de l’huile sur le feu. Le secteur des nouvelles technologies et les associations de défense des libertés sur Internet
aux Etats-Unis, notamment Public Knowledge, avancent en effet que l’administration cherche, par ce biais, à brider
les libertés sur Internet en contournant le Congrès.
Au niveau national, le projet de loi concernant la protection de la propriété intellectuelle présenté au Comité Judiciaire
du Sénat par son Président, le Sénateur Démocrate Patrick Leahy, à la fin du mois de septembre 2010, a également
divisé les différents acteurs concernés (voir l’article Le projet de loi contre la piraterie révisé suite à un mouvement de
protestation, 11 Octobre 2010). Intitulé Combating Online Infringement and Counterfeits Act, ce texte vise à faciliter la
fermeture, par le Département de la Justice américain, des sites Internet coupables de violation de la propriété
intellectuelle, qu’ils soient basés aux Etats-Unis ou à l’étranger. Les fournisseurs d’accès et éditeurs de site Internet
craignent que des sites utilisés à leur insu pour faire circuler du contenu piraté, ne se retrouvent en difficulté. C’est un
texte légèrement remanié qui a finalement été approuvé par le Comité judiciaire du Sénat mi-novembre (voir l’article
Le projet de loi contre la piraterie révisé suite à un mouvement de protestation). Il doit désormais faire l’objet d’un vote
au Sénat, puis à la Chambre des Représentants.
Géraldine Durand

OnLive propose des jeux vidéo en streaming pour la télévision, la tablette ou le téléphone portable
Date : 20/01/2011
Les téléviseurs commencent à ajouter les jeux vidéo en streaming à leur panel de services - ce qui pourrait être un
changement de fond pour l'industrie du jeu vidéo.
OnLive, un service qui propose des jeux vidéo en streaming, a passé un contrat avec Vizio pour installer son service
sur tous les modèles 2011 de télévisions HD, lecteurs Blu-ray ainsi que sur les prochains smartphones et tablettes de
la marque.
Lancée officiellement en décembre, l'entreprise propose deux types d’offres : l’achat de jeux vidéo récents à la carte
et l’abonnement illimité mais pour des jeux plus anciens, sur le modèle du service "Instant Watch" de Netflix, qui
permet de visionner des films en streaming.
Le contrat passé avec Vizio inquiète les fabricants de consoles de jeux vidéo, puisque les utilisateurs n'auront plus à
acheter d'équipement aussi cher qu'une Xbox 360 ou une Playstation 3, mais pourront jouer directement sur leur
télévision.
OnLive n'est pas seul sur ce marché des services intégrés aux téléviseurs. En effet, les Smart TV, à l'honneur lors du
Consummer Electronic Show (CES) en janvier à Las Vegas (Voir l’article Bilan du Consumer Electronics Show 2011),
proposent de nombreux services de ce type, comme Hulu, qui sera proposé sur plusieurs marques.
Cette évolution devrait également concerner d'autres entreprises de jeux vidéo en streaming. C'est le cas de Oberon
Media, spécialisé dans les « casual games » (un segment de marché différent de celui de OnLive), et qui a acquis les
droits exclusifs pour installer Tétris sur les appareils connectés, y compris les télévisions.
OnLive compte parmi ses investisseurs AT&T Media Holdings et Warner Bros, et l’accord avec Vizio devrait lui
donner une grande visibilité. Les ventes du constructeur de télévision ont atteint 2,5 milliards de dollars en 2009, et
son service télévision occupe une grande part du marché américain des téléviseurs LCD.
OnLive profite de services informatiques dématérialisés (cloud computing) pour offrir des titres à ses utilisateurs. Les
jeux sont stockés et lus sur ses serveurs centralisés et envoyés aux utilisateurs via une connexion Internet haut débit.
N'importe quel écran, grâce à une connexion internet décente, pourra donc être transformé en console de jeu vidéo.
Les éditeurs de jeux vidéo coopèrent avec l'entreprise depuis le début. Electronics Arts, Ubisoft and Take-Two
Interactive Software proposent tous des titres récents aux utilisateurs de cette plate-forme.
OnLive, Vizio strike deal to stream vidgames, de Chris Morris, Variety, 5 janvier 2011
Laure Dahout
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Neutralité du réseau : la FCC présente ses nouvelles règles
Date : 18/01/2011
La Federal Communications Commission, en charge de réguler l’audiovisuel aux Etats-Unis, a approuvé, fin décembre, une
série de règles visant à assurer la neutralité du réseau ou net neutrality (Voir le dossier LEGISLATION: la neutralité du
réseau ou Net Neutralité).
Le concept de neutralité du réseau désigne le traitement non discriminatoire, par les fournisseurs d’accès Internet, de toutes
les sources de données. Selon Julius Genachovski, président de la FCC, ces règles ont pour but d’encourager l’innovation
et de protéger les consommateurs de toute forme d’abus.
Le texte sépare clairement deux types d’accès à Internet : les lignes fixes des opérateurs filaires et l’Internet sans fil des
opérateurs mobiles.
Les règles concernant les lignes fixes empêchent les fournisseurs d’accès comme Comcast et Qwest de bloquer et
d’exercer une « discrimination déraisonnable » (unreasonnable discrimination) à l’encontre de sites Internet et applications.
Celles s’appliquant aux fournisseurs d’accès Internet sans fil comme Verizon et AT&T sont beaucoup plus souples à ce
niveau-là. Ils ont la possibilité de bloquer l’accès à certaines applications et certains services, mais pas ceux qui
concurrencent leur propre service de vidéo ou audio, de type Skype, ni les sites Internet classiques. Les responsables de la
FCC ont expliqué cette différence de traitement entre les lignes fixes et sans fil par des différences en termes de
technologie.
Après des mois de débat, le compromis trouvé par la FCC suit les suggestions faites par Google et Verizon à l’été 2010, qui
consistaient à demander l’application de la neutralité du réseau sur les connexions fixes et non sans fil.
Plusieurs fournisseurs d’accès Internet, développeurs et autres sociétés sur Internet ont indiqué qu’ils étaient en accord
avec le texte de Genachovski. Ils ont également convenu, en privé, que celui-ci aurait pu être bien pire.
Toutefois, leur satisfaction est, pour certains, la preuve que les règles ne vont pas assez loin. Selon Andrew Jay
Schwartzman, directeur politique au sein de l’association Media Access Project qui défend les libertés d’expression, « si les
géants du câble et du téléphone se réjouissent, et pas nous, c’est parce que ce texte est criblé d’erreurs et de points
faibles ».
D’autres groupes d’intérêt public ont eux qualifié ces mesures de « simulacre de neutralité du réseau » (fake net neutrality).
Selon l’association Public Knowledge, la FCC a créé « un paysage vague et modulable ouvert aux interprétations. Les
consommateurs méritaient mieux ».
De la même manière, le sénateur démocrate Al Franken a critiqué le fait que la FCC autorisait ainsi la discrimination sur
l’Internet mobile, un secteur en pleine expansion. Il a souligné également le flou qui entoure certaines règles, notamment
celle qui stipule que les fournisseurs d’accès Internet auront droit d’opérer une « gestion raisonnable de leur réseau ».
D’autre part, ces règles découragent, mais n’interdisent pas une pratique appelée « priorisation payée » (paid prioritization),
qui autorise une société de média ou de technologie à payer un fournisseur afin d’accélérer la transmission de ses données.
Cela pourrait, potentiellement, donner lieu à des inégalités. La FCC s’est défendue en arguant qu’elle suivrait de près les
pratiques de gestion des réseaux.
Autre sujet de débat, un jugement d’une cour fédérale en avril 2010 avait remis en cause la légitimité de la FCC à réguler
Internet et à imposer la neutralité du réseau (Voir l’article Revers pour la FCC : Net Neutrality et Broadband Plan en
question). En effet, la FCC a, ces dernières années, rangé le web parmi les « services d’information », sur lesquels elle a
très peu d’autorité, et non parmi les « services de télécommunications », sur lesquels elle a pleine autorité. La FCC avait
donc envisagé de requalifier Internet (Voir l’article La FCC veut requalifier Internet). Si Julius Genachovski a finalement
renoncé à cette possibilité, il a avancé l’idée que les règles concernant la neutralité du réseau étaient nécessaires afin
d’empêcher les sociétés du câble et de télécommunications d’utiliser leur contrôle d’accès à Internet pour favoriser certains
services sur Internet par rapport à d’autres. Toutefois, le débat est toujours d’actualité.
Le projet a été approuvé à deux voix contre trois au sein du collège de la FCC, les commissaires démocrates Mignon
Clyburn et Michael J. Copps ayant soutenu le projet contre les Républicains Robert McDowell et Meredith Baker. La FCC
devrait appliquer ses nouvelles règles au cas par cas, en fonction des plaintes et des irrégularités qu’elle pourra elle-même
constater.
Dans un communiqué, le Président Obama a félicité la FCC et affirmé que « le gouvernement resterait attentif au maintien
de l’innovation, à la protection des consommateurs et à la préservation de l’esprit démocratique d’Internet ».
En revanche, le leader Républicain Mitch McConnell a déclaré qu’Internet devrait être « laissé tranquille » et que lui et ses
collègues se battraient contre cette nouvelle régulation en 2011.
F.C.C. Is Set to Regulate Net Access, de Brian Stelter, New York Times, 20 décembre 2011
F.C.C. Approves Net Rules and Braces for Fight, de Brian Stelter, New York Times, 21 décembre 2011
Géraldine Durand
Les ventes et locations de Blu-ray dépassent les premières estimations
Date : 21/01/2011
En dépit des estimations très médiatiques qui annonçaient la fin du DVD et du Blu-Ray, une nouvelle étude de Screen
Digest constate que les ventes et locations de disques Blu-ray ont largement dépassé la croissance des ventes de
films et d’émissions de télévision sur Internet aux États-Unis en 2010.
Alors que les ventes et locations de vidéo à la demande ont augmenté de 21.9% l'année dernière, générant ainsi 2,3
milliards de dollars, les ventes de Blu-ray ont augmenté de 64.2%, et les locations de disques de 105,5%.
Globalement, d’après l’étude, le marché américain du Homevideo a rapporté 18,5 milliards de dollars en ventes et
locations de films et séries télévisées en 2010. Alors que les studios sont prêts à encourager la croissance du format
Blu-ray, le business du homevideo (locations et ventes de disques) a encore diminué de 6,5% l'an dernier.
Toujours selon Screen Digest, les ventes de disques ont chuté de 3.8%, entraînée par un recul de 15.6% des ventes
de DVD, ce qui représente une perte de 1,5 milliards de dollars de revenus pour les studios. Les locations de DVD
ont chuté d’encore 12.4%, une perte de 749 millions de dollars.
D’après Tom Adams, directeur et premier analyste médias chez Screen Digest, « les consommateurs continuant de
faire très attention à leurs dépenses, le modèle de la location est resté très populaire en 2010 ».
Et c'est pourquoi le commerce en ligne devient de plus en plus important : les ventes et locations sur Internet ont
passé la barre des 10% pour la première fois l'année dernière, atteignant 12.2% du marché total du Homevideo. Il
représentait 9,6% du marché en 2009. Les locations de VOD ont augmenté de 55.7% et les ventes numériques de
27%.
L’étude prend aussi en considération, dans le cas de la VOD en ligne, les locations proposées par les câbloopérateurs, opérateurs du satellite et les compagnies de téléphone sur la télévision par abonnement. Enfin, d’après
Tom Adams, « le support physique continue de s'approprier la plus grosse part du marché du Homevideo (88% du
total), ce qui explique pourquoi les studios s’appliquent à réussir la transition du DVD vers le Blu-ray ».
Blu-ray sales, rental outpace estimates, de Marc Graser, Variety, 5 janvier 2011
Nathalie Charles
La Fondation Ford offrira 50 millions de dollars pour soutenir les documentaires
Date : 20/01/2011
La Fondation Ford a annoncé mardi 18 janvier un plan de cinq ans à hauteur de 50 millions de dollars pour soutenir
les productions de documentaires, y compris les documentaires exclusivement en ligne, qui mettent l'accent sur les
problèmes sociaux.
Cette nouvelle initiative, appelée JustFilms, investira 10 millions de dollars par an pendant cinq ans pour soutenir,
dans le monde entier, la communauté des documentaristes qui souhaitent réaliser des documentaires sur des sujets
forts et d’actualité mais qui n’ont pas toujours les fonds nécessaires. Bien que le documentaire ait prospéré ces
dernières années, en grande partie en raison du soutien des festivals, les problèmes de financement sont courants.
Mais comme l’indique Luis A. Ubiñas, président de la Fondation Ford : « Avec la croissance du Web et des réseaux
sociaux, l'audience potentielle pour des contenus sur des sujets sociaux a explosé ». JustFilms accentuera donc le
soutien qu’apporte déjà la fondation aux documentaires. Le programme se servira aussi des 10 antennes régionales
de la fondation Ford dans le monde pour identifier de nouveaux talents et renforcer les communautés émergeantes
de réalisateurs.
La distribution de l’argent se déroulera de trois façons différentes. La première repose sur des partenariats avec des
organisations comme le Sundance Institute. JustFilms contribuera à hauteur de 1 million de dollars par an pendant
cinq ans pour appuyer les ateliers documentaires de Sundance. La deuxième inclut un processus de demande
ouverte et enfin une troisième reposant sur un partenariat avec d'autres programmes de bourses de la Fondation
Ford et où un documentaire pourrait attirer l’attention du public.
Orlando Bagwell, directeur du programme, a déclaré que l’engagement majeur de la fondation avec JustFilms
« montrait que soutenir des histoires personnelles - intéressantes et bien dites - pouvaient être un puissant instrument
de changement ».
Ford Foundation to put up $50 million for documentaries, de Brooks Barnes, The New York Times, 18 janvier 2011
Nathalie Charles
La Los Angeles Film Critics Association (LAFCA) et les Golden Globes honorent les Français et font d’Olivier
Assayas le nouveau réalisateur en vogue aux Etats-Unis.
Date: 20/01/2011
Fondée en 1975, the Los Angeles Film Critics Association, qui représente les critiques de cinéma travaillant à Los
Angeles, a, comme chaque année, remis le 15 Janvier 2011, veille des Golden Globes, ses prix décernés au
Millésime 2010.
L’édition précédente de la cérémonie avait déjà récompensé de nombreux Français : Yolande Moreau avait reçu le
prix de la Meilleure Actrice pour son rôle dans Séraphine., le prix du Meilleur Film Étranger avait été remis à L’Heure
d’Eté du réalisateur Olivier Assayas, et le prix du Meilleur Documentaire avait été décerné à Agnès Varda pour Les
Plages d’Agnès. Hors compétition, le Career Achievement Award avait été décerné à l’acteur français Jean-Paul
Belmondo, qui était présent lors de la cérémonie. Son prix lui avait été remis par Geneviève Bujold, sa partenaire
dans Le Voleur de Louis Malle et dans L’Incorrigible de Philippe de Broca.
Le week-end dernier, l’association a de nouveau rendu hommage aux talents français (voir l’article Mediamerica sur
l’édition 2009 Los Angeles Film Critics Association (LAFCA) Awards). Niels Arestrup a reçu le prix du meilleur acteur
dans un second rôle pour Un prophète de Jacques Audiard, Alexandre Desplat, véritable symbole des Français ayant
réussi à percer à Hollywood, a reçu le prix de la meilleure composition musicale pour The Ghost Writer de Roman
Polanski, Serge Bromberg a reçu le prix Legacy of Cinema Award pour L’enfer d’Henri Georges Clouzot, présenté
lors de la dernière édition de COL-COA et Jean-Luc Godard a, quant à lui, été récompensé par le Douglas Edwards
expérimental/Independent Film Award pour Film Socialisme. Enfin, Olivier Assayas a reçu, fait exceptionnel, deux prix
pour Carlos, celui du Meilleur réalisateur à égalité avec David Fincher pour The Social Network et celui du Meilleur
film étranger.
De nombreux Français avaient fait le déplacement pour cet événement. Outre Serge Bromberg, Olivier Assayas et
Alexandre Desplat, venus recevoir leur prix, Thierry Fremaux, délégué général du Festival de Cannes, et Pierre
Rissient, figure incontournable du cinéma français aux Etats-Unis, étaient également présents. Les célèbres critiques
et programmateurs, Todd McCarthy, Kirk Honeycutt et Scott Fondas ainsi que de nombreux talents américains et
britanniques tels Kevin Spacey , Colin Firth et David Fincher avaient aussi fait le déplacement.
Le service audiovisuel du Consulat Général de France à Los Angeles a de nouveau soutenu l’organisation de la
soirée, permettant notamment à l’association des critiques de Los Angeles de renouveler des partenariats avec
certains sponsors, notamment Air Tahiti Nui qui après avoir soutenu la présence de Jean-Paul Belmondo l’an dernier,
a permis la participation de Serge Bromberg cette année.
De son côté, la Hollywood Foreign Press Association a remis le dimanche 16 janvier ses fameux trophées des
Golden Globes, et cela malgré les critiques se faisant de plus en plus fortes contre le manque de représentativité de
son corps électoral (à peine plus de 80 votants de la presse étrangère contre près de 6000 votants pour l’Académie
des Oscars) et les supposées faiblesses de ces votants face aux cadeaux des studios.
Cela n’a pas empêché Carlos d'Olivier Assayas, de remporter le Golden Globe de la meilleure minisérie ou film
télévisé, battant dans sa catégorie The Pacific, Temple Grandin et You Don't Know Jack, qui avaient raflé les
principales récompenses aux Emmy Awards. Pour rappel un cycle Olivier Assayas a circulé aux Etats-Unis en
octobre 2010 grâce à CulturesFrance et les services culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis en
coordination avec la circulation commerciale de Carlos (voir l’article du 12 novembre 2010 Un cycle Olivier Assayas a
circulé aux Etats-Unis). Un signe encourageant et qui démontre qu'il ne faut pas hésiter à faire campagne pour les
prix hollywoodiens, dans le respect des règles imposées.
Le grand vainqueur de la 68ème cérémonie des Golden Globes, à Beverly Hills, était cependant le film The Social
Network de David Fincher, qui retrace la naissance de Facebook. Il a remporté quatre récompenses : celle du
meilleur film dramatique, du meilleur réalisateur, de la meilleure bande originale et du meilleur scénario. Natalie
Portman a reçu le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique pour son rôle de danseuse paranoïaque dans le
film de Darren Aronofsky Black Swan et la récompense du meilleur acteur est revenue au Britannique Colin Firth,
pour son interprétation du roi George VI dans The King's Speech. Robert de Niro a reçu le trophée Cecil B. DeMille,
un Golden Globe qui le récompense pour l'ensemble de sa carrière.
Mathieu Fournet
Festival International du Film de Palm Springs (6-17 Janvier 2011)
Date: 20/01/2011
Année exceptionnelle pour les productions et coproductions françaises au Festival International du Film de Palm
Springs.
Une fois n’est pas coutume, le festival s’est risqué à choisir un film en langue étrangère pour sa soirée d’ouverture
avec Potiche de François Ozon. Au total, plus de 25 films de production ou de coproduction françaises ont été choisis
par l’équipe de programmateurs emmenés par Helen du Toit et Carl Spence.
Outre Potiche (DIR François Ozon, avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Judith Godrèche et Jérémie Renier),
extrêmement bien accueilli en ouverture devant plus de 1500 personnes (voir l’excellent article de Brian Brooks sur
Indiewire, une référence aux Etats-Unis, Festival Nirvana: Palm Springs Touts its Star-wattage and Ozon’s “Potiche”
at Opener), le festival avait programmé : Copacabana (DIR Marc Fitoussi, avec Isabelle Huppert et Lolita Chammah),
L’arbre et la forêt (DIR Olivier Ducastel et Jacques Martineau avec Guy Marchand et Françoise Fabian), Gainsbourg
(DIR Joann Sfar, avec Eric Elmosnino, Ana Mouglalis, Sara Forestier et Laetitia Casta), Mammuth (DIR Benoit
Delépine et Gustave de Kervern, avec Gérard Depardieu, Isabelle Adjani et Yolande Moreau), Nanerl, la sœur de
Mozart (DIR René Féret), Le nom des gens (DIR Michel Leclerc avec Jacques Gamblin et Sara Forestier), La
princesse de Montpensier (DIR Bertrand Tavernier avec Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Lambert Wilson), Sans
queue ni tête (DIR Jeanne Labrune, avec Isabelle Huppert), Des hommes et des dieux (DIR Xavier Beauvois, avec
Lambert Wilson et Michael Lonsdale) et Copie conforme ( DIR Abbas Kiarostami avec Juliette Binoche). Sans
compter les multiples coproductions : Carancho de Pablo Trapero, Puzzle de Natalia Smirnoff, Un homme qui crie de
Mahamat Saleh Haroun, Illégal d’Olivier Masset-Depasse, ou encore Next Year in Bombay de Jonas Pariente et
Mathias Mangin.
Plusieurs invités francophones étaient présents sous le soleil de Palm Springs : les réalisateurs français Jonas
Pariente et Mathias Mangin, la réalisatrice française Jeanne Labrune, le producteur d’Illégal, Jacques Henri
Bronckhart, le réalisateur du film Olivier Masset-Depasse, les réalisatrices suisses Stéphanie Chuat et Véronique
Reymond (La Petite chambre avec Michel Bouquet), ou encore les Québécois Louis Belanger, réalisateur de Route
132 et Luc Dionne, réalisateur de L’enfant prodige.
Sous l’impulsion du service audiovisuel du Consulat Général de France à Los Angeles, les représentations de
France, de Belgique, de Suisse, et du Québec, avec le soutien de la chaîne TV5 Monde et de Swiss Films, se sont
réunis afin d’organiser, vendredi 14 janvier, une soirée célébrant le Cinéma francophone. Cet événement a également
été l’occasion de présenter à la presse une Journée Francophone au cours de laquelle 5 films en langue française ont
été projetés, dont le film français Des hommes et des dieux, qui a remporté le prix FIPRESCI de la presse étrangère à
Palm Springs. Cette soirée a réuni 300 professionnels du cinéma et de la presse dans la villa de l’actrice américaine
Lucille Ball et la programmation musicale était assurée par le DJ français résident à Los Angeles, DJ CAM.
Malgré la déception de la non sélection du film de Xavier Beauvois dans la première short list des 9 films restants en
course pour l’Oscar du meilleur film étranger, il n’en reste pas moins que Palm Springs est une étape importante dans
la course aux prix hollywoodiens et dans le bouche-à-oreille qui peut se créer autour d’un film. Cette année encore,
de nombreux professionnels se sont rendus au Festival, producteurs, votants des différentes sections de l’Académie,
journalistes et vedettes, de Michael Douglas à Natalie Portman. A noter que cette année, Variety a délocalisé son
rendez-vous avec dix réalisateurs à suivre (Ten directors to Watch) à Palm Springs, une discrète victoire pour le
festival.
Mathieu Fournet
Box Office 2010 : Warner Bros en tête pour la 3ème année consécutive
Date : 19/01/2011
Quelques blockbusters comme Inception et Harry Potter and the Deathly Hallows: Part 1 (Harry Potter et les reliques
de la mort : partie 1) ont permis à Warner Bros de s’imposer au box office américain pour la 3ème année consécutive,
avec un total de 1,88 milliard de dollars, soit un résultat inférieur au record de 2009 (2,13 milliards). Paramount suit de
près, en seconde position, avec 1,74 milliard de dollars, soit un chiffre en progression depuis 2009 (1,44 milliard),
notamment grâce à Iron Man 2 et à un trio de films d’animation en 3D de Dreamworks.
Globalement, le box office américain n’a diminué que de 1.4% en 2010 par rapport à 2009 avec 10,46 milliard de
dollars, contre le chiffre record de 10,61 milliard de dollars. Pourtant, la fréquentation des salles américaines en 2010
a baissé de 5.2% par rapport à l’année précédente, soit la deuxième plus importante baisse au cours de la dernière
décennie.
Les analystes justifient ces résultats en s’appuyant sur plusieurs éléments. Tout d’abord, les majors ont sorti moins de
films, 110 contre 121 il y a un an, et une hausse dans le prix des tickets a pu décourager certains spectateurs, dans
un climat économique toujours tendu. Le prix élevé des places de cinéma, notamment pour les films en 3D, a
cependant permis aux studios de réaliser un résultat à peine inférieur à celui de l’année passée. En effet, un film en
3D peut espérer enregistrer des résultats supérieurs de 30% à ceux d’un film en 2D, car le prix des billets est
supérieur de 30%. Parmi les 20 premiers films au box office américain en 2009, 11 étaient en 3D (sur un total de 22
films en 3D).
La 3D a notamment contribué aux bons résultats des films d’animation de Paramount, Shrek Forever After (Shrek 4 :
il était une fin – 238 millions de dollars aux USA), How to Train Your Dragon (Dragons – 217,6 millions de dollars) et
Megamind (144,7 millions de dollars).
Les bons résultats de 20th Century Fox reposent également sur le succès d’un film en 3D, Avatar, puisqu’aucun autre
film du studio n’a dépassé les 100 millions de dollars au box office. Date Night (Crazy Night) est son deuxième
meilleur résultat de l’année avec 98,7 millions de dollars.
Toujours en 3D, Despicable Me (Moi, moche et méchant) a été le gros succès de l’année pour Universal avec 251
millions de dollars au box office américain, malgré la concurrence de Shrek: For Ever After et de Toy Story 3 (415
millions de dollars aux USA).
Sony a également connu quelques succès cette année, dont The Other Guys (Very Bad Cops), Grown Ups (Copains
pour toujours), Easy A et, surtout Karate Kid, en 2D celui-ci, son meilleur résultat cette année avec 176 millions de
dollars aux Etats-Unis.
Contrairement aux résultats dans les salles américaines, les résultats des 6 principaux studios au box office
international ont connu une progression de 20% pour atteindre 12,7 milliards de dollars. 7 films ont atteint 1 milliard
de dollars au box office international dans l’histoire du cinéma dont 3 en 2010, avec l’aide de la 3D : Avatar de Fox
(2,8 milliards de dollars au total), Toy Story 3 de Disney/Pixar (1,06 milliard de dollars) et Alice in Wonderland (Alice
au pays des merveilles) de Disney (1,02 milliard).
Ces chiffres s’expliquent notamment par la popularité de la 3D à l’étranger. Le film Resident Evil: Afterlife (Sony), 4ème
volet de la franchise, a engrangé notamment 294,1 millions de dollars à l’étranger, contre 97 millions pour le volet
précédent en 2D, et 60,1 millions aux Etats-Unis. C’est le deuxième meilleur résultat la société à l’étranger en 2010
après Karate Kid.
Selon le Président du marketing chez Universal, « Le secteur de la 3D est bien plus important à l’étranger qu’aux
Etats-Unis ». Parmi les marchés en pleine expansion figurent le Royaume Uni, la Chine, la Russie, le Japon, la
France, l’Allemagne et le Mexique.
Outre les films ayant dépassé le milliard de dollars sur le marché international, le top 10 des plus gros succès au box
office étranger en 2010 compte trois films d’animation en 3D, Shrek Forever After (739,8 millions de dollars), How to
Train Your Dragon (494,9 millions de dollars) et Despicable Me (289,4 millions de dollars). Figurent également dans
ce palmarès les titres en 2D Harry Potter and the Deathly Hallows: Part 1 (890,2 millions de dollars), Inception (825,4
millions de dollars), Eclipse (693,5 millions de dollars) et Iron Man 2 (621,8 millions de dollars).
Malgré son succès, le format 3D fait débat pour les films de famille, certains professionnels se demandant si les
parents vont continuer à payer, à toute la famille, des billets dont le prix reste très élevé. Par ailleurs, cela coûte
toujours 20 millions de dollars supplémentaire de produire un film en 3D et 12 millions de le convertir à ce format.
Pourtant, près de 30 titres majeurs en 3D, sont annoncés pour 2011 contre 22 en 2010.
Warners, Paramount top 2010 market shares, d’Andrew Stewart, Daily Variety, 3 janvier 2011
The Report: The Year That Was Saved by 3D, de Pamela McClintock, The Hollywood Reporter, 3 janvier 2011
Géraldine Durand
Le Boston Jewish Film Festival 2010
Date: 18/01/2011
Le Festival du Film Juif de Boston (Boston Jewish Film Festival) continue de constituer l’un des grands rendez-vous
bostoniens pour les amateurs de cinéma étranger. Entre le 3 et le 14 novembre, il a montré cette année, devant un
public de près de 10 000 personnes, 36 films (pour 42 projections) provenant de 15 pays, en 12 langues, et a accueilli
une douzaine d’invités venus du monde entier.
Comme tous les ans, le cinéma français était bien représenté, avec quatre films en français, (L’Armée du Crime, de
Robert Guédiguian, Comme les cinq doigts de la main, d’Alexandre Arcady, Une enfance volée : l’affaire Finaly, de
Fabrice Genestal, Les Amours Secrètes, de Frank Phélizon), mais également quelques coproductions, (Bena, de Niv
Klainer, Paradis Perdu, de Mihal Brézis, Unter Bauern - Retter in der Nacht, de Ludi Boeken).
Les quatre films en langue française ont attiré un public de près de 1 700 personnes, soit 18 % de l’audience totale, et
ils ont généralement été très appréciés, à l’exception peut-être des Amours Secrètes. L’Armée du Crime a failli
remporter les suffrages du public, mais a finalement été supplanté de peu par Unter Bauern - Retter in der Nacht.
La présence française a également été assurée par la venue du réalisateur Moshe Mizrahi, Oscar du meilleur film
étranger en 1978 pour La vie devant soi, venu accompagner sa femme Maya qui avait réalisé le film choisi pour la
soirée d’ouverture du festival. Mentionnons enfin que le festival assure également une programmation à l’année, et
qu’il compte bientôt présenter La Rafle, de Roselyne Bosch.
Anne Miller
Classement 2010 des chaînes du câble : USA Network en tête pour la 5ème année consécutive
Date : 18/01/2011
Pour la 5ème année consécutive, USA Network se place en tête du classement des chaînes du câble avec les
meilleurs chiffres d’audience pour les 18-49 ans, 25-54 ans et en audience globale. Ces résultats sont dus, en partie,
au succès de la saison 2 de Royal Pains (7,3 millions de spectateurs en moyenne, dont 3,09 millions sur les 18-49
ans), de la 3ème et 4ème saison de Burn Notice (6,59 millions de spectateurs en moyenne, 2,99 sur les 18-49 ans) et de
la 1ère et 2ème saison de White Collar. Bons résultats également pour la nouvelle série Covert Affairs qui a séduit les
spectateurs avec 7,05 millions de spectateurs en moyenne, dont 2,96 millions sur les 18-49 ans. WWE Raw, de son
côté, continue de rassembler les fans de catch.
Parmi les moins de 50 ans, USA a rassemblé en moyenne 1,23 millions de téléspectateurs, le meilleur résultat parmi
les chaînes du câble, qui est cependant en baisse de 11% par rapport à 2009. De la même manière, la chaîne a
connu des baisses à deux chiffres dans ses résultats sur les 18-34 ans et 25-54 ans, même si la baisse dans le
nombre total de spectateurs n’est que de 4%. Les responsables de la chaîne se montrent satisfaits de ces résultats et
soulignent que leur objectif est de toucher les 18-34 ans.
Au sein du top 10 des chaînes du câble, seules 4 chaînes ont connu une augmentation de leur audience par rapport à
l’année dernière. History a enregistré la plus grosse progression avec +34% parmi les 18-49 ans, grâce à des
émissions comme Pawn Stars, Swamp People et American Pickers. La chaîne est ainsi passée de la 13ème place en
2009 à la 5ème place en 2010 en termes d’audience. Son public a augmenté de 35% au total, ainsi que sur les 25-54
ans, et de 46% sur les 18-34 ans.
La chaîne qui, jusqu’à présent, s’est concentrée sur des programmes de télé-réalité, devrait accroître le nombre de
ses séries télévisées (scripted programming) en 2011. La diffusion d’une mini-série sur la famille Kennedy devrait
débuter au cours du 1re trimestre.
Les deux séries (produites et diffusées par les chaînes du câble) les plus regardées cette année étaient toutes deux
sur TNT. Rizzoli Isles a enregistré, en moyenne, 8,77 millions de spectateurs, et la 6ème saison de The Closer, 8,32
millions.
La chaîne Turner est en 4ème position en nombre total de téléspectateurs et sur les 18-49 ans. Cela s’explique
notamment par la diffusion des matchs de basket de la NBA. Sa chaîne partenaire, TBS, a été poussée par l’arrivée
de l’émission de Conan O’Brien, Conan. Par rapport à 2009, TNT enregistre une baisse sur les 18-49 ans et les 18-34
ans (-5%) et sur les 25-54 ans (-5%). TBS a également connu une légère baisse dans ces 3 catégories.
La chaîne MTV, quant à elle, doit en partie son salut à Snooki et à ses camarades de l’émission de télé-réalité The
Jersey Shore. Après quelques années difficiles, MTV connaît une progression de 20% sur les 18-49 ans et de 23%
sur les 18-34 ans. Après The Walking Dead sur AMC, Jersey Shore est l’émission la plus regardée en 2010 par les
18-49 ans avec 4,15 millions de spectateurs sur cette tranche d’âge et une moyenne de 5,99 millions de spectateurs.
Parmi les autres chaînes dans le top 10 pour les 18-49 ans figurent ESPN (+4%), A&E (stable), FX (-10%),
Discovery (stable), ABC Family (+5%).
Les chaînes ayant connu une baisse à deux chiffres sur les 18-49 ans sont Syfy (-11%), Nat Geo (-12%), Nick at Nite
(-17%), Spike (-18%), Hallmark Channel (-24%) et VH1 (-31%). Ont connu, en revanche, une progression à deux
chiffres sur cette tranche d’âge, les chaînes E! (+15%), TV Land (+13%), Oxygen (+13%), Animal Planet (+10%),
Investigation Discovery (+68%).
USA remains top cabler for fifth year in a row, de Stuart Levine, Daily Variety, 21 décembre 2010
Géraldine Durand
Ouverture de la compétition des International Emmy Awards 2011
Date : 14/12/2010
The International Academy of Television Arts & Sciences est une organisation qui représente tout l’éventail des
métiers liés à la télévision, dont Internet et les technologies mobiles avec des membres répartis dans plus de 50 pays
et représentant plus de 500 sociétés.
L’Académie organise chaque année un certain nombre d’événements, dont : les International Emmy Awards, au mois
de novembre, à New York ; les International Digital Emmy Awards, au MIPTV, en avril ; l’International Emmy World
Television Festival, ainsi qu’une série d’événements réservés à ses membres.
L’Académie a été fondée en 1969 afin de reconnaitre l’excellence des programmes télévisés produits et originalement
diffusés en-dehors des Etats-Unis en présentant l’Emmy Award. Parmi les programmes et comédiens français
récompensés ces 5 dernières années figurent Thierry Frémont en 2005, avec la remise du prix Best Performance by
an Actor pour son rôle dans Dans La Tête Du Tueur (TF1), Cult, en 2006, dans la catégorie Interactive Program
(Streampower), Nuit Noire, 17 Octobre 1961, toujours en 2006, dans la catégorie TV Movie/Mini-Series (Cipango), et
enfin Muriel Robin en 2007, avec la remise du prix Best Performance by an Actress pour son rôle dans Marie
Besnard, l'empoisonneuse (TF1). Au total, une douzaine de programmes français ont été nominés ou primés, depuis
2005.
La compétition des International Emmy Awards compte 15 catégories dont Arts Programming, Best Performance by
an Actor, Best Performance by an Actress, Children & Young People, Comedy, Current Affairs, Digital Program:
Children & Young People, Digital Program: Fiction, Digital Program: Non-Fiction, Documentary, Drama Series, News,
Non-Scripted Entertainment, Telenovela et TV Movie/Mini-Series.
Chaque année au mois de novembre, l’Académie organise un festival de télévision durant lequel tous les
programmes nominés sont représentés, et qui permet aux producteurs, réalisateurs et acteurs nominés de montrer
leur travail. Chaque année, plus de 700 professionnels de la télévision participent au festival.
Le gala des International Emmy Awards, au cours duquel les gagnants sont annoncés, a lieu le lendemain de la
fermeture du festival. Il réunit plus de 1000 professionnels des médias venus du monde entier.
La compétition des International Emmy Awards pour l’année 2011 est maintenant ouverte. La date limite d’entrée est
le 20 Février 2011. Afin d’être admissible à la compétition, un programme doit avoir été majoritairement produit hors
des Etats-Unis, et diffusé pour la première fois en-dehors du territoire américain en 2010 (entre le 1er janvier et le 31
décembre).
Les règles de la compétition sont disponibles en ligne au lien ci-dessous : www.iemmys.tv/awards_entry.aspx. Les
inscriptions n’étant pas remboursables, il est hautement recommandé de lire les Rules & Regulations dans leur
intégralité avant d’envoyer sa candidature.
Le coût de l’inscription varie en fonction de la langue du programme. Si celui-ci a été produit dans une langue autre
que l’anglais, les frais d’entrée dans la compétition sont de 350$ et le programme doit impérativement être sous-titré
ou doublé en anglais. Si le programme a été directement produit en anglais, les frais sont de 400$.
Pour toute information supplémentaire, prière de contacter les International Emmy Awards à l’adresse email suivante:
[email protected]
Géraldine Durand
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Festivals WinterJazzFest et GlobalFest à New York
Date : 18/01/2011
Les festivals WinterJazzFest (Jazz) et GlobalFest (Musique du monde) ont de nouveau reçu un accueil public et
presse exceptionnel. Co-initiés par les services culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis et des
producteurs new-yorkais il y a respectivement 7 et 8 ans, ces événements sont devenus des rendez-vous
incontournables pour les professionnels participants à l’APAP (Association of Performing Arts Presenters) et le public
new-yorkais.
Le WinterJazzFest s’est déroulé les vendredi 7 et samedi 8 janvier 2011 dans cinq clubs du quartier de Greenwich
Village (Le Poisson Rouge, Sullivan Hall, Bitter End, Kenny’s Castaways et le Zinc Bar). 60 artistes ont été présentés
cette année dont les groupes des pianistes français Jacky Terrasson, Jean-Michel Pilc, Eric Legnini et Daniel Tepfer,
et le contrebassiste François Moutin. A noter également deux collaborations franco-américaines lauréates du Fonds
franco-américain pour le jazz (French-American Jazz Exchange-FAJE) : le groupe du guitariste français Nguyen Le
avec le saxophoniste new-yorkais Rudresh Mahanthappa, et le jeune trio du saxophoniste français Guillaume Perret
avec le guitariste américain Miles Okasaki et le batteur Damion Reid.
Le GlobalFest s’est déroulé le dimanche 9 janvier dans les trois salles du Webster Hall. 13 artistes du monde entier
étaient invités cette année dont 5 groupes francophones : le duo franco-malien Vincent Segal / Balaaké Sissoko, le
groupe haïtien RAM, le groupe congolais Diblo Dibala, le sénégalais Yoro Ndiaye. La chorale créole de Cuba n’ayant
pas obtenu son visa a dû annuler sa venue au dernier moment. Les autres artistes présents provenaient du
Radjastan, du Honduras, du Brésil, du Pérou, de Colombie, de l’Inde et des Etats-Unis (Hawaï).
Tous les concerts des deux festivals ont affiché complet, 4000 personnes pour le festival de Jazz (dont environ 400
programmateurs américains) et 1300 personnes pour le festival GlobalFest (dont environ 500 programmateurs en
provenance de tous les Etats-Unis).
Les retours dans les médias américains (presse écrite et radios) ont été très importants. A noter de grands articles
dont celui du New York Times (en première page avec 3 photos / édition du 11 janvier), le Wall Street Journal (longue
interview avec photo du Directeur du WinterJazzFest le 6 janvier, interview avec photo du duo Vincent Segal /
Balaaké Sissoko). Plusieurs émissions de radio dont la National Public Radio (NPR) ou encore la grande radio newyorkaise WNYC.
Emmanuel Morlet
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Petit-déjeuner au Paley Center avec Fred Wilson, Managing Partner de Union Square Ventures
Date : 21/01/2011
Ancien musée de la télévision et de la radio, le Paley Center for Media à New York accueille régulièrement des
événements dans le secteur de l’audiovisuel. Des petits-déjeuners réunissant des professionnels de l’industrie autour
d’un invité permettent d’échanger et de connaître le point de vue d’un acteur du secteur sur l’actualité des médias.
Le 14 décembre 2010, le Paley Center a reçu Fred Wilson, Managing Partner de Union Square Ventures, société
basée à New York qui a investi dans plusieurs startups importantes comme Twitter, Tumblr, Zynga et Foursquare.
Wilson tient également un blog très suivi : AVC.
Ce matin-là, Fred Wilson était interrogé par Scott Kurnit, fondateur d’About.com et CEO de la société de publicités en
ligne, AdKeeper.
La discussion entre Fred Wilson et Scott Kurnit a permis d’aborder de nombreuses questions liées à l’actualité et à
l’activité du Managing Partner de Union Square. Fred Wilson est notamment revenu sur les conditions favorables à un
investissement dans une startup : l’existence d’un réseau important d’internautes impliqués dans le service. Pour lui,
c’est cet engagement qui fait le succès d’une startup. D’autre part, un investissement se fait sur une bonne idée, mais
également sur les personnes qui ont eu cette idée. Et pour Fred Wilson, il est essentiel, lors du rachat d’une startup
par une entreprise, que celle-ci garde les entrepreneurs qui ont eu la bonne idée : c’est eux qui font le lien avec la
culture de la société et avec ses équipes.
Selon Fred Wilson, l’une des grandes évolutions dans les 5 à 10 années à venir sont les plates-formes du type
Kickstarter, site Internet permettant à des artistes et des créateurs de trouver des financements pour développer leurs
projets. Il pense en effet qu’à l’heure du numérique, les gens ne se soucient plus du contenant : ils veulent du
contenu, ils veulent acheter une histoire. Ils veulent prendre part au processus de création et pas seulement acheter
un produit fini.
Neutralité du Réseau
Au sujet de la neutralité du réseau, il pense que c’est un élément essentiel. Si les fournisseurs d’accès Internet ont la
possibilité de prendre des décisions concernant la diffusion du contenu, cela mettra un terme aux possibilités de
création et d’innovation sur Internet.
Fusion NBC/Comcast
En ce qui concerne la fusion NBC Universal / Comcast (pas encore approuvée au moment de la conférence), Wilson
est d’avis que le contenu et les tuyaux (plumbing) ne font pas bon ménage : ce sont deux secteurs d’activités très
différents et il cite en exemple l’échec de Time Warner, désormais séparé de Time Warner Cable.
Facebook
Fred Wilson ne pense pas que Facebook soit le nouveau Google, car Facebook n’est pas un moteur de recherche.
En revanche, Facebook a introduit un nouveau paradigme : il n’est plus nécessaire de chercher l’information, d’autres
vous la fournissent en la partageant avec vous. Du coup, cela permet à Facebook de générer plus de trafic et c’est là
que le danger réside pour Google, puisque c’est ce trafic qui fait la valeur d’une entreprise du net.
Pour lui, la question n’est pas de savoir si le contenu doit être gratuit. La question est de savoir comment les
créateurs vont parvenir à vivre de leur travail de création.
MySpace
Fred Wilson pense que la plate-forme MySpace a échoué, car elle a cessé d’innover. Or, sur Internet, il est important
d’innover et d’améliorer les plates-formes constamment pour les utilisateurs et pour les développeurs. Les internautes
n’utilisent pas plus de deux voire trois réseaux sociaux et il semble que Myspace ait été évincé par d’autres comme
Twitter ou Tumblr.
Vie privée
Enfin, en matière de respect de la vie privée, Fred Wilson pense que le fait de pouvoir tracer les informations
concernant les internautes (tracking) est fondamental pour les services sur Internet. Toutefois, il est d’accord sur le
fait que les internautes doivent avoir le choix de maintenir leurs informations personnelles hors de ces circuits, mais il
pense que cette option ne devrait pas séduire plus de 5% des utilisateurs.
Pour retrouver la vidéo de la conférence en anglais sur le site du Paley Center, merci de cliquer sur ce lien :
http://www.paleycenter.org/mc-fred-wilson-roundtable-breakfast
Géraldine Durand
Plates-formes vidéo et Internet : les prévisions 2011
Date : 21/01/2011
En 2011, des technologies déjà anciennes, comme la haute définition (HD), devraient continuer à transformer le
paysage audiovisuel américain. D’autre part, le visionnage de vidéos en ligne et sur mobile devrait devenir une
pratique courante.
Selon Brian Weiser, Vice Président exécutif du cabinet d’analyse Magna Global, le visionnage de vidéo en ligne a
encore battu des records en 2010, mais ce mode de visionnage ne représente qu’1% de la consommation de
télévision traditionnelle, si on considère les contenus produits professionnellement. En revanche, il prévoit que la
publicité pour vidéos sur Internet devrait progresser de 25% en 2011 pour atteindre 1.7 milliards de dollars.
Parmi les technologies à suivre en 2011 figurent les plates-formes de type TV Everywhere qui devraient permettre
aux abonnés de services de télévision payante d’accéder à des dizaines de milliers de programmes sur le web et, à
long terme, sur appareils mobiles. Selon Jack Wakshlag, Responsable de recherche chez Turner Broadcasting
System, « les plates-formes TV Everywhere devraient être disponibles dans 70 millions de foyers américains d’ici la
fin de l’année 2011. »
Une des raisons de l’engouement des acteurs de la télévision payante pour ce type de services est la possibilité
qu’offrira bientôt Nielsen d’accéder à un système de mesure d’audience prenant en compte le nombre de spectateurs
à la télévision et en ligne. Le visionnage en ligne jusqu’à trois jours après la diffusion en direct à la télévision sera
comptée dans les mesures d’audience. Les premiers rapports officiels devraient être rendus au printemps.
Les diffuseurs programmant la même quantité de publicités sur le net, ce nouveau système de mesure va renforcer le
secteur de la télévision traditionnelle et devrait inciter les chaînes de télévision et les câblo-opérateurs à mettre plus
de contenu en ligne. Cela risque également d’inciter Netflix et Hulu à revoir leur modèle économique.
En effet, les programmes diffusés sur le site Internet de vidéo à la demande Hulu contiennent moins de publicités
qu’à la télévision et le visionnage sur Hulu ne sera donc pas pris en compte par Nielsen. La partie gratuite du site
pourrait donc envisager de revoir son volet publicitaire.
Avec le développement d’un modèle économique traditionnel sur la toile, Netflix pourrait également être obligé
d’intégrer des publicités à son service, si la plate-forme veut pouvoir continuer à acquérir des droits pour du contenu.
« Netflix offre environ 100 000$ par épisode alors qu’il est possible d’obtenir un million voir plus en syndication »,
souligne Brent Horowitz, Responsable du développement au sein de la société FreeWheel, spécialiste de la publicité
en ligne.
La haute-définition devrait également poursuivre son développement en 2011 et la conséquence inattendue de ce
phénomène est le retour des spectateurs dans le salon, devant leur écran de télévision. Toutefois, il y a encore de la
marge en matière de développement de cette technologie. Seules 25 à 35% des chaînes de télévision locales ont
lancé des programmes d’information en HD aux Etats-Unis et seulement 1/3 des diffuseurs étaient équipés pour
diffuser des publicités en HD au 1er trimestre 2010. Cela signifie que les technologies permettant de la HD à moindre
coût devraient être un sujet d’actualité au cours de la convention de la National Association of Broadcasters en avril.
D’autres tendances devraient faire l’actualité du salon : l’accélération de l’équipement des acteurs du secteur en
infrastructures IP (internet protocol) ; des solutions informatiques dématérialisées (cloud-based solutions) avec
l’utilisation de serveurs, qui demandent moins de capital de base et moins de coût opérationnel.
Autre sujet important en 2011, les appareils connectés. Selon une étude de Park Associates, 3 millions de ménages
reliés à Internet envisagent d’acheter une télévision connectée entre la fin de l’année 2010 et le début de l’année
2011. Et environ ¼ des ménages américains reliés à Internet possède déjà une télévision connectée. Toujours selon
cette étude, à la fin de l’année 2010, 40 millions d’américains avaient une console de jeu connectée et plus de 8
millions possédaient une connexion entre leur téléviseur et leur ordinateur. Plus de 5 millions ont un lecteur de Blu-ray
connecté et plus de 4 millions, un lecteur vidéo numérique de type Apple TV ou Roku. Selon un représentant de Park
Associates, « la question à 70 milliards de dollars est quelles seront les conséquences du développement des
télévisions connectées sur la télévision traditionnelle. Il est intéressant d’observer l’usage, par les câblo-opérateurs,
des appareils de télévision connectée pour compléter, voire remplacés, le déploiement de leurs propres boîtiers. C’est
une des évolutions essentielles à suivre en 2011 ».
Enfin, la croissance des réseaux sociaux devrait se poursuivre en 2011. Selon Hitiwise, environ ¼ des pages
regardées sur Internet en 2010, soit 24.2%, étaient sur Facebook. C’est 3.8 fois plus que son dauphin, YouTube, qui
représente 6.39% des pages visionnés. Au mois de mars 2010, Facebook a dépassé Google en termes de trafic. Les
revenus de Facebook aux Etats-Unis ont atteint 835 milliards de revenus en 2010 et ce chiffre devrait passer à 1.060
milliards en 2011. En octobre 2010, Facebook a compté 151.1 millions d’utilisateurs uniques et Twitter.com 25.1
millions, sans compter les millions d’autres touchés grâce à d’autres applications.
AdweekMedia Forecast 2011, d’Adweek Media Staff, Adweek,12 Décembre 2010
Old Media Gets New Boost, de George Winslow, Broadcasting & Cable, 3 janvier 2011
Géraldine Durand
Bilan du Consumer Electronics Show 2011
Date : 18/01/2011
Le Consumer Electronics Show (CES), plus important salon des nouvelles technologies au monde, s’est tenu à Las
Vegas du 6 au 9 janvier 2011. Il a réuni plus de 140 000 participants, soit +10.5% par rapport à l’année dernière, dont
30 000 venus de l’étranger. 2 700 sociétés avaient fait le déplacement pour y présenter leurs produits.
Parmi les éléments marquant de cette dernière édition, l’omniprésence du système d’exploitation Android sur nombre
de tablettes, smartphones et ustensiles ménagers. Le logiciel de Google est en effet un logiciel libre, c’est-à-dire que
Google propose sa libre redistribution, l’accès au code source et tous travaux dérivés.
Majoritairement équipées du nouveau système d’exploitation d’Android, Honeycomb, les tablettes étaient les grandes
stars du salon, avec la présentation par des dizaines de compagnies de près de 80 variations du concept (Voir
l’article La concurrence à l’iPad s’organise). Mais rares sont celles qui se sont distinguées, puisque la majorité d’entre
elles, même la Xoom de Motorola, qui a reçu le prix de l’innovation du CES, n’étaient pas disponibles pour une
démonstration complète.
Autre sujet majeur au CES, les télévisions connectées, avec une question centrale : vont-elles se développer au
détriment des opérateurs du câble et du satellite ou en collaboration avec eux ?
Rishi Chandra, Senior Product Manager de Google, a présenté la Google TV à Julius Genachosvki, Président de la
Federal Communications Commission (FCC), en insistant sur le fait que l’objectif de Google était de travailler avec les
câblo-opérateurs. Quand c’est le cas, Google TV permet en effet de trouver facilement les chaînes de télévision en
direct, les émissions enregistrées, les options à la demande et les programmes en streaming sur Internet. Mais pour
le moment, cela ne fonctionne qu’avec Dish Network.
Toutefois, les opérateurs du câble semblent également prendre le chemin de l’innovation. Time Warner Cable, le 2ème
câblo-opérateur des Etats-Unis, a annoncé pendant la semaine que la société commencerait prochainement à
proposer des programmes directement sur des téléviseurs Sony et Samsung, éliminant la nécessité d’avoir un boîtier.
La société et son principal concurrent, Comcast, ont également annoncé qu’ils proposeraient bientôt leur grille de
programmes, actuellement sur télévision uniquement, directement sur des tablettes. D’autres opérateurs comme
Verizon et Cablevision travaillent actuellement sur des services similaires.
Glenn Britt, président et CEO du n°2 du câble dans l e pays a également souligné l’objectif de sa société qui est de
rendre le contenu vidéo accessible sur toutes les plates-formes. Toutefois, rendre un abonnement au câble
accessible depuis l’ensemble des plates-formes disponibles est un travail difficile, notamment en raison des
problèmes de droit d’auteur et de stratégies contradictoires en matière de contenu. Au départ, les programmes ne
devraient être accessibles sur tablettes qu’au sein des maisons des utilisateurs.
Autre nouveauté annoncée au CES, des télécommandes pour lecteurs Blu-ray seront bientôt équipées de boutons
donnant directement accès à Netflix. Selon David Joyce, du cabinet d’analyse Miller Tabak, cela risque de préoccuper
tous ceux qui sont concernés par le phénomène du cord cutting (Voir l’article du 8 décembre 2010 Cord Cutting :
analyse du phénomène qui agite l’industrie des médias aux Etats-Unis). Toutefois, David Joyce est persuadé que les
opérateurs du câble et du satellite vont s’adapter à ces nouveautés.
Pour les propriétaires de contenus, l’avenir est encore très incertain. Lors du CES, des sociétés comme CBS
Corporation et News Corporation se sont entretenues avec tout type de constructeurs et ont fait quelques annonces.
Par exemple, CBS a annoncé que les utilisateurs de Boxee pourront bientôt acheter des séries comme CSI.
Un responsable d’une société média a qualifié le marché de la télévision sur Internet de jeu de balle dans lequel les
fabricants de télévisions, les distributeurs et les propriétaires de contenus participent. « C’est pourquoi nous devons
parler à tout le monde », ajoute-t-il, sous couvert de l’anonymat.
Ce qui semble manquer, à ce jour, c’est l’information des consommateurs au sujet des télévisions connectées. Mais
la situation devrait évoluer, selon Howard Stringer, Chief Executive chez Sony. « La prochaine évolution est
imminente : c’est le mariage de la télévision et d’Internet », ajoute-t-il.
Tech Show Surprises, and the Stale, de David Pogue, The New York Times, 12 janvier 2011
CES: Rough Count Tallies 140,000 Attendees for 2011 Confab, de Todd Spangler, Broadcasting & Cable, 10 janvier
2011
A TV-Internet Marriage Awaits Blessings of All Parties, de Brian Stelter, The New York Times, 9 janvier 2011
Géraldine Durand