rapport (corrigé) - Centre de Gestion de la Fonction Publique

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rapport (corrigé) - Centre de Gestion de la Fonction Publique
SUJET NATIONAL POUR L’ENS EMBLE DES CENTRES DE GESTION ORGANIS ATEURS
CONCOURS INTERNE ET DE TROISIEME VOIE DE TECHNICIEN PRINCIPAL
TERRITORIAL DE 2ème CLASSE
CONCOURS EXTERNE DE TECHNICIEN PRINCIPAL TERRITORIAL DE 2 ème CLASSE
SESSION 2012
EPREUVE
Rédaction d’un rapport technique portant sur la spécialité au titre de laquelle le
candidat concourt. Ce rapport est assorti de propositions opérationnelles.
Durée : 3 heures
Coefficient : 1
SPECIALITE : AMENAGEMENT URBAIN ET DEVELOPPEMENT DURABLE
INDICATIONS DE CORRECTION
Rappel du sujet :
Vous êtes technicien territorial principal de 2ème classe de la ville de Techniville, commune de
40 000 habitants qui s’est engagée dans la construction d’un éco-quartier.
Soucieux des problématiques liées au ruissellement des eaux de pluies dans l’espace public
et à leurs conséquences, les élus souhaitent mener une réflexion sur la question.
Dans un premier temps, la Directrice générale des services vous demande de rédiger à son
attention, exclusivement à partir des documents ci-joints, un rapport technique sur les liens
entre eau et urbanisme.
12 points (interne et 3ème voie)
8 points (externe)
Dans un deuxième temps, elle vous demande d’établir un ensemble de propositions
opérationnelles pour développer la gestion intégrée des eaux pluviales dans les opérations
d’urbanisme à venir.
8 points (interne et 3ème voie)
12 points (externe)
La commande, qui ne contient aucune indication de plan, permet de satisfaire aisément aux
règles formelles de présentation de l’épreuve :
Techniville
Le 27 septembre 2012
RAPPORT TECHNIQUE
à l’attention de madame la Directrice générale des services
Objet : liens entre eau et urbanisme
Références facultatives :
Directive Cadre sur l’eau (DCE) du 23/10/2000
Loi sur l’eau n°2004-338 du 21 avril 2004
Code de l’urbanisme
Code de l’environnement
L’épreuve se compose de deux parties. Le rapport technique est assorti de propositions.
Cette épreuve doit être réalisée en 3 h ce qui implique que le correcteur doive tenir compte
de cette contrainte.
Quelle que soit l’organisation du candidat, on attend de lui qu’il gère son temps correctement
pour rendre un travail structuré et terminé.
Les correcteurs devront adapter le niveau d’exigence à la faisabilité du travail par le candidat
dans le temps qui lui est imparti. A l’exhaustivité du rapport, on privilégiera une construction
logique, une argumentation rigoureuse, une présentation structurée et concise, un propos
clair et correctement rédigé.
Enfin, s’agissant d’un concours, on étalera le plus possible la notation pour permettre la
sélection des candidats.
PARTIE RAPPORT TECHNIQUE :
Analyse des documents :
Document 1 : « Pour la gestion des eaux pluviales. Stratégie et solutions techniques »
Un document assez complet qui aborde les enjeux, les principes, les acteurs et le cadre
réglementaire d’une gestion intégrée des eaux pluviales.
La gestion des eaux pluviales peut contribuer : à l’aménagement du territoire, à sa
structuration, à la maîtrise des inondations et plus globalement des risques naturels
tout en maîtrisant les coûts.
De nombreuses techniques alternatives existent et qui permettent une adaptation à
chaque site : possibilités de limiter le ruissellement, la collecte et de réguler les flux ou
encore d’infiltrer les eaux
Les acteurs : partage de responsabilités
cadre fixé par l’Etat qui établit et fait appliquer la réglementation dans laquelle tout projet
s’inscrit.
Les communes et EPCI ont des compétences importantes : orientations en matière
d’assainissement, de collecte ou non… ; fixation des contraintes de gestion des eaux
dans les documents réglementaires (SCOT/SAGE/PLU…) ; diffusion des « bonnes
pratiques »
Les aménageurs, architectes, promoteurs… qui participent à la conception des opérations
Les usagers qui participent à l’entretien.
Le cadre réglementaire : code civil / Directive Cadre européenne sur l’eau / outils
réglementaires locaux qui permettent d’imposer des contraintes en termes de construction
mais aussi de zonages / opérations d’aménagement soumises à autorisation ou
déclaration au titre de la loi sur l’eau.
La mise en œuvre réussie d’une gestion intégrée des eaux pluviales passe par une
intégration dés l’amont des opérations d’aménagement, par une vision globale de la vie
des ouvrages dés leur conception et une concertation avec tous les professionnels et
acteurs concernés.
Document 2 : « SDAGE 2010-2015 : l’eau infiltre l’urbanisme »
Les SDAGE sont le symbole d’une nouvelle volonté de créer des passerelles entre deux
domaines qui se parlaient peu : eau et urbanisme.
L’atteinte du « bon état » des eaux d’ici 2015 passe par des objectifs de résultats fixés par
les SDAGE et les SAGE avec lesquels les documents d’urbanisme locaux doivent être
compatibles.
Ces évolutions sont jugées positives dans la mesure où elles permettent une meilleure
prise en compte de la question de l’eau par les collectivités qui se traduit par la prise de
compétence distribution de l’eau et assainissement mais aussi par les actions en faveur
de la biodiversité symbolisées par les trames vertes et bleues.
Points de convergence nombreux et indispensables pour maîtriser les aspects
environnementaux et techniques.
Document 3 : « Vers une gestion intégrée des eaux pluviales » - Extraits
Le document revient sur les effets négatifs du principe historique de l’évacuation de
toutes les eaux via des réseaux unitaires qui collectaient à la fois les eaux usées et
pluviales : inondations, pollutions, débordements… qui montrent les limites des réponses
purement techniques.
Développement du principe de gestion intégrée par la prise en compte des eaux pluviales
dans les aménagements via des techniques alternatives « au tout tuyau ».
Les enjeux sont multiples : maîtrise des risques, amélioration du cadre de vie, coût
global…
Prise en compte nécessaire dés la conception : des matériaux (porosité), des techniques
d’infiltration et de stockage, des aménagements d’espaces publics.
Document 4 : « Gestion globale des eaux pluviales : les outils »
Un document plus technique sur les outils de la « gestion intégrée ou globale » dont
disposent les collectivités :
Le PLU et le zonage d’assainissement pluvial, les zones classées, les zones humides… qui
permettent de fixer des orientations, de protéger certains éléments afin de mieux gérer le
ruissellement, l’imperméabilisation, les débits…
Le PLU permet de fixer des prescriptions dans son règlement.
Le plan de prévention des risques inondations (PPRI), lorsqu’il est prescrit permet de
réguler les implantations humaines et de prévoir les mesures de préservation et de réduction
de la vulnérabilité ?
Le contrat de rivière : procédure non obligatoire mais qui permet de déterminer un plan
d’actions à l’échelle du bassin-versant souvent axé sur la qualité de l’eau, la préservation
de la ressource et sa gestion durable. C’est un comité de rivière composé des collectivités
locales, des services de l’Etat et des usagers qui porte et suit la mise en œuvre du contrat
par un EPCI.
Le règlement assainissement, obligatoire, définit les règles de déversement des eaux
dans le réseau collectif.
Le dossier loi sur l’eau défini par le Code de l’environnement est obligatoire pour tout
projet ayant des incidences sur la ressource en eau qui doit alors faire l’objet d’une
autorisation ou d’une déclaration
Document 5 : « L’articulation des différents outils de la gestion de l’eau, de
l’aménagement du territoire et de l’urbanisme » - Extraits du Guide pour la prise en
compte des eaux pluviales dans les documents de planification et d’urbanisme
Document plus synthétique qui insiste sur les modes de compatibilité entre les documents
qui réglementent la gestion des eaux pluviales. Le document de niveau inférieur doit toujours
être compatible avec celui de niveau supérieur.
Un tableau synthétique permet de résumer les différents liens entre documents sur l’eau
et document d’urbanisme à la croisée duquel se situe le projet territorial.
Proposition de plan INDICATIF :
La logique du plan doit être appréciée en fonction de sa cohérence et de son équilibre.
Le plan doit être présenté dans une introduction qui problématise la commande.
Introduction :
Contexte : prise de conscience des effets néfastes du principe historique du « tout tuyau »
qui prévalait dans la gestion des eaux pluviales dans la ville traitée sous l’angle purement
technique de l’évacuation des eaux dans des systèmes de réseaux unitaires.
Effets néfastes sur l’environnement + problèmes d’inondation et de pollution.
Enjeux : le respect du cycle de l’eau afin de préserver la ressource en eau, de limiter
l’imperméabilisation et de prévenir les effets de ruissellement sont de plus en plus intégrés
dans les orientations d’aménagement du territoire puis à l’échelle des opérations
d’urbanisme.
C’est l’avènement de la gestion intégrée des eaux pluviales, la prise en compte de la qualité
des eaux et plus globalement le rôle paysager de l’eau qui ont guidé le législateur pour
mettre en place des outils de planification et réglementaires plus contraignants qui exigent
que des passerelles existent obligatoirement entre les documents d’urbanisme et les
documents plus spécifiques sur l’eau.
Face aux enjeux écologiques majeurs de la gestion intégrée de l’eau dans la ville, les outils
de planification réglementaires se sont multipliés pour fixer les orientations et déterminer les
compatibilités des différents documents.
Un arsenal réglementaire contraignant et de nouvelles réponses en termes de techniques
dites « alternatives » sont alors à disposition des collectivités pour prendre en compte la
gestion de l’eau dés la conception des opérations d’urbanisme qui impliquent la concertation
et la mobilisation de tous les acteurs.
Les points essentiels à aborder :
L’approche de l’eau par l’urbanisme : un enjeu écologique
Risques liés au manque de prise en compte de l’eau ou à une prise en compte purement
technique (en termes d’évacuation) : inondations, ruissellement, pollutions, sécheresse…
Nécessité de prendre en compte l’eau comme une ressource, de gérer ses flux, de prévenir
les risques naturels et écologiques.
C’est le sens de la Directive Cadre Européenne qui impose le « bon état des eaux » pour
2015 et régit en cascade la réglementation nationale puis infra nationale (niveaux
déconcentré et décentralisé) en termes de planification et d’aménagement du territoire
Les documents d’urbanisme au service de l’eau
DCE
Loi sur l’eau
SDAGE/SCOT
PLU/PADD
Plan de prévention des risques inondation
+ compatibilité obligatoire entre les documents obligent à définir des orientations cohérentes
à l’échelle des bassins-versants puis à l’échelle communale.
Des outils et des techniques pour une « gestion intégrée » de l’eau dans les projets
Documents réglementaires qui permettent de poser des contraintes fortes aux maîtres
d’ouvrage et aux opérateurs privés :
Règlement du PLU et zonage pluvial, règlement d’assainissement, dossier « loi sur l’eau »
obligatoire…
Prise en compte des matériaux, des techniques alternatives (noues, fossés drainants…),
aménagements adaptés des espaces publics…
Réunir tous les acteurs autour d’un projet partagé avec une vision globale
Prise en compte du coût global, de l’entretien des ouvrages à long terme …
Nécessité de mobiliser tous les acteurs : institutionnels, professionnels et usagers pour
sensibiliser, anticiper, former et assurer la cohérence des projets.
(Exemple du contrat de rivière)
Concertation indispensable pour la réussite des projets
Conclusion : liens entre eau et urbanisme renforcés, nouvelle approche qui permet la prise
en compte positive de l’eau dans la ville débouchant sur une réflexion autour de la
biodiversité dans la ville avec les trames vertes et bleues qui permettent d’assurer les
continuités écologiques.
PARTIE PROPOSITIONS :
Le candidat doit se positionner en tant que technicien principal de 2 è me classe d’une
collectivité territoriale et proposer une réponse professionnelle à une demande de sa
hiérarchie. Les propositions doivent donc être globalement structurées par un plan apparent
en parties et sous-parties, avec une introduction et une conclusion. Toute forme
d’énumération hâtive sera donc pénalisée.
C’est un déroulement logique, basé sur la conduite de projet qui doit être recherché.
Les propositions doivent avoir un caractère opérationnel fort qui mette en avant les qualités
techniques et professionnelles du candidat.
Les idées développées dans cette partie constituent l’apport personnel du candidat.
Tout schéma ou tableau doit s’inscrire dans un texte rédigé et ne peut se substituer à une
argumentation rédigée.
La démarche devra être adaptée à l’axe choisi par le candidat. Les propositions seront
argumentées et évaluées en fonction des possibilités de mise en œuvre, des avantages et
des inconvénients. Il pourra proposer plusieurs options en fonction des priorités fixées mais
devra les classer, prioriser ou en évaluer les conséquences.
On attend du candidat la présentation d’une véritable démarche, pas l’énumération de
domaines d’actions ou d’actions à conduire.
La commande indique clairement qu’il s’agit d’une démarche à conduire dans le cadre de
futures opérations urbaines de la ville et notamment un éco quartier
Le candidat pourra utilement donner des exemples d’actions mais il est clairement attendu
sur la formalisation d’une méthodologie opérationnelle avec des aspects techniques.
Différentes approches sont possibles : en termes d’enjeux, en termes d’étapes
opérationnelles… ce qui compte étant la cohérence et la pertinence des choix effectués et
des solutions proposées.
1) Les enjeux de la gestion intégrée des eaux pluviales
L’une des caractérisques des écoquartiers est de respecter le cycle de l’eau.
Les projets écoquartiers donnent l’occasion d’apporter une réponse opérationnelle à la
problématique de l’eau en l’intégrant dés l’amont du projet d’aménagement
L’aménagement d’un écoquartier permet à la fois d’avoir une approche globale de l’eau à
l’échelle de l’opération et de prescrire des solutions techniques à l’échelle du bâtiment, de la
parcelle, des espaces verts, de l’ilôt…
Les enjeux écologiques sont majeurs car :
une bonne gestion des eaux pluviales permet de limiter l’imperméabilisation des sols. À la
clef, la diminution des risques d’inondation, le désengorgement du réseau d’assainissement
et l’exploitation d’une ressource importante.
En réalisant des ouvrages respectueux du cycle naturel de l’eau, qui tiennent compte des
contraintes du tissu urbain et des potentialités du site, il est possible de réduire l’impact des
eaux pluviales.
Gérer les eaux de ruissellement au niveau de la voirie permet :
• la protection du milieu naturel en limitant les rejets polluants : aménagements adaptés et
évolutifs (capacité collecte, capacité de traitement…)
• la diminution du risque d'inondation : gestion du ruissellement au plus près de son point
d’impact à la parcelle (sols perméables, ouvrages de rétention) ou à l’échelle et de la
construction (toitures végétalisées, récupération eaux pluviales…)
• la présence et la valorisation de l'eau dans le paysage urbain
2) Une approche globale qui implique tous les acteurs :
Il est important de positionner la gestion intégrée de l’eau d’un projet d’aménagement dans
un cadre plus général en fonction de la gestion de la ressource de l’eau sur ce territoire (de
préférence à l’échelle du bassin versant). Cette politique de l’eau doit se décliner à partir des
documents de planification et d’urbanisme élaborés et qui a été définie par de nombreux
acteurs (élus, agents des services de la collectivité, structure intercommunale, services de
l’Etat..) en fonction de stratégies nationale et européenne.
 Recensement des documents de planification existant et des prescriptions qu’ils
prévoient : SCOT / SDAGE / SAGE / PLU / PADD… en particulier en matière de
zonage d’assainissement
Les projets qui intègrent le mieux la gestion de l’eau sont ceux où les divers acteurs
collaborent ensemble, dès la phase conception, en particulier entre urbaniste, architecte,
paysagiste et le bureau d’études hydrauliques. Ceci évite un « maillage bleu » classique, une
réponse purement technique du projet.
Un spécialiste sol (pédologue) peut compléter le travail du paysagiste sur ses choix de
végétaux selon la nature des matériaux du site dans le but d’arriver à une autonomie
naturelle en eau des plantations
Par ailleurs, la réussite des projets concernant la gestion de l'eau passe par une volonté
d’associer en phase conception des temps d’échanges entre l’équipe concepteur et les
services de gestion et d’entretien des espaces verts. Ces échanges permettent de mettre en
adéquation les orientations du projet avec les moyens humains et financiers disponibles de
la collectivité.
Sur le plan du suivi et du contrôle, la présence d’un Assistant à Maîtrise d'Ouvrage (AMO)
permet de prévoir des outils méthodologiques de suivi du type tableau de bord, actualisé
selon l’avancement de l’opération, ou bien des grilles d’évaluation avec des indicateurs tels
que des dispositifs économes installés, le respect du débit limité à la parcelle, le stockage
des eaux pluviales, l'entretien des installations, la réutilisation de l'eau de pluie
Sur la phase chantier, la maîtrise d’ouvrage peut mettre en place une démarche « chantier
vert ». Ces exigences sont inscrites au cahier d’organisation du chantier. Des actions sont à
mener telles que la sensibilisation des entreprises sur le nettoyage du matériel, sur les
déversements d’eaux polluées, etc.
La mise en place d’un partenariat et l’implication des acteurs à l’échelle du projet est
donc nécessaire que ce soit :
- pour mener des études spécifiques liées aux orientations du projet, au territoire,
- pour associer et informer les usagers et futurs habitants du quartier sur les orientations
définies afin d’être en cohérence avec leurs pratiques quotidiennes et leur environnement,
- pour associer les acteurs techniques du territoire tels que les services de l’eau
(gestionnaire, services techniques collectivités..) afin de garantir une politique de suivi et de
gestion d’exploitation cohérente à la conception souhaitée,
- pour développer une surveillance de la qualité des eaux par le biais du monde associatif
(pêche, associations d’activités plan d’eau..),
- en prévoyant la formation des agents de collectivités afin de modifier les pratiques
professionnelles (entretien, suivi) ou du monde professionnel (évolution technologique,
nouvelles pratiques…)
La définition d’un schéma global d’assainissement pluvial à l’opération est un élément
déterminant :
Exemple de gestion des eaux à l’échelle d’une ZAC
De cette façon, les attentes concernant la gestion de l'eau sont mieux définies dans les
dossiers de consultation. Cela permet ainsi une bonne assise pour la phase négoc iation et
validation des projets auprès des acquéreurs. Dans le cadre d’une ZAC, un dossier de
prescriptions peut être annexé au cahier des charges de cession de terrain (CCCT), pièce
obligatoire à toute demande de permis de construire et à tout acte de vente en ZAC. Bien
évidemment, le suivi et l’évaluation des objectifs doivent se poursuivre en phase travaux et
après réception afin de déterminer la réelle plus-value à l’égard de la qualité et de la
préservation de la ressource. Certaines opérations prévoient une évaluation jusqu’à 2 ans
après réception des travaux
3) Le rôle des études préalables :
Les études amonts sur le milieu récepteur sont particulièrement importantes et nécessiteront
de s’adjoindre un bureau d’étude spécialisé
Elles porteront en particulier sur la nature du sol.
Elles permettent de détecter la présence de polluants (métalliques, hydrocarbures,
composés organiques volatils…) pouvant avoir un impact sur les eaux superficielles et
souterraines, et/ou provoquer un risque sanitaire pour la population fréquentant le site ou les
futurs résidents.
Le diagnostic doit permettre de hiérarchiser les enjeux concernant la préservation de l’eau
sur le secteur d’étude, et d’avoir un regard « microscopique » sur l’état des lieux des eaux
superficielles et souterraines. En effet, celui-ci doit permettre de déterminer les études
complémentaires nécessaires à mener.
Ces études permettront concrètement :
- une meilleure adaptation du projet selon le degré de pollution relevée (usage adapté au
zonage).
- une évolution des réflexions sur la manière de traiter et d’évacuer les eaux pluviales : selon
la situation et la configuration du site (topographie marquée, pluviométrie et
imperméabilisation locales fortes, absence d’exutoire naturel, réseau saturé ou unitaire),
selon la nature du sol (perméabilité, présence de nappe sub-affleurante..), et selon les
caractéristiques des constructions (garage en sous-sol, capacité de rétention des parcelles,
rafraîchissement des bâtiments..).
- une utilisation du potentiel intrinsèque des matériaux du site telle que leur qualité
d’absorption. Ceci permet leur réutilisation pour des solutions de gestion de l’eau du type
chaussée à structure réservoir au lieu d’un approvisionnement extérieur.
- des aménagements anticipant des probables inondations temporaires pour les zones à
risques (voies et parking sous-sol inondables).
4) Les solutions techniques alternatives :
La régulation des eaux pluviales s’oriente de plus en plus vers des systèmes de rétention
mixte (partie privative et domaine public). Plusieurs approches existent.
- Le rejet autorisé vers l’espace public peut être est variable et établi à partir des
coefficients de ruissellement maximum autorisé (arrêté préfectoral relatif à la loi sur
l’eau) et selon la densification souhaitée sur les îlots. Les acquéreurs ont la charge
d’assurer cette prescription, puisqu'elle est intégrée au cahier des charges de cession
de terrain.
- On peut aussi sur-dimensionner la capacité de stockage pour limiter le débit de rejet
vers le domaine public. La gestion des eaux pluviales sur le domaine public se trouve
ainsi limitée. Cette contrainte de régulation laisse apparaître une diversité d’emploi
des solutions techniques alternatives d’eau pluviale (toitures végétalisées, citerne,
système puisard, tranchée drainante, surfaces perméables..).
On peut aussi se positionner au-delà de la norme NF EN 752-2 pour des questions de
contexte local (préservation des activités liées à la mer, sécuriser une zone humide).
Enfin, la maîtrise d’ouvrage peut imposer un système d’infiltration par îlot où la facturation
(redevance assainissement) est proportionnelle au débit de déversement de chaque
bâtiment vers le réseau unitaire.
Solutions :
A l’échelle de la construction
La mise en place d’une récupération d’eau de pluie est préconisée mais il est actuellement
difficile de mesurer son impact sur le plan quantitatif. En cas de rejet limité demandé, les
constructeurs semblent préférer une régulation de l’eau de pluie au niveau de la construction
(par exemple par les toitures végétalisées), et à l’échelle de la parcelle ou de l’îlot (puisard,
noue, tranchée drainante, matériaux poreux..).
A l’échelle de l’espace public
Divers scénarii de régulation et de stockage sont possibles selon l’environnement désiré.
Dans tous les cas, la fonction multi-usages est systématiquement intégrée.
Pour la rétention, on observe trois concepts :
- le premier est la solution type « bassin d’agrément », d’une conception plus ou moins
paysagère et qui donne un concept plutôt urbain
- Le second est une solution de type jardin ou parc inondable, adéquate pour des activités de
plein air lorsqu'il est sec.
- Enfin le troisième concept, où la rétention de l'eau n'est pas apparente mais est stockée
dans le substrat des aménagements paysagers afin d'alimenter les végétaux plantés. Ce
concept favorise une végétation autonome en eau. D’ailleurs, des équilibrages de rétention
d’eaux pluviales sont possibles en fonction des espaces disponibles et de l’usage affecté du
lieu.
Pour la régulation, les retours d'expérience témoignent de solutions techniques plus
urbaines, plus minérales telles que cour urbaine avec noue, place encaissée permettant
occasionnellement une submersion par les eaux de pluie et servant majoritairement comme
lieu de rencontre pour la population, ou bien canaux. La solution la plus courante est celle
des cheminements hydrauliques (de type noues plantées, fossés, ou jardin creux infiltrants)
sur les artères principales et secondaires afin de tamponner les eaux pluviales.
Les solutions plus coûteuses du type chaussée réservoir peuvent aussi montrer un fort
intérêt, notamment en cas d’obstacle physique important (voie ferrée), comme le prouve
l'expérience
On peut différencier les eaux pluviales « chargées » des eaux pluviales dites « claires » afin
d’éviter toute dispersion de la pollution et le sur-dimensionnement des ouvrages de
traitement contre les pollutions.
fleuve
Sur les projets à faible relief, occasionnant parfois des pentes à contre sens, il peut s’avérer
utile de travailler en amont sur les déblais / remblais en partenariat avec le paysagiste, le
bureau d’études hydraulique et l’urbaniste. Ceci permet de modeler le site dans le but
d’obtenir une gestion hydraulique aérienne et éviter des mises en dépôt inutiles.
Concernant la prise en compte du traitement des eaux usées, on peut traiter cette question
sous deux aspects :
répondre à une surcharge du réseau existant et éviter un renvoi et un traitement
supplémentaire par la station d’épuration,
créer un réseau d’eaux usées afin de limiter les pollutions diffuses dans le milieu naturel.
Sur le plan de la réutilisation des eaux de pluie, plusieurs actions peuvent être réalisées à
l’échelle des bâtiments publics et des espaces publics, essentiellement pour un usage
extérieur. En effet, les eaux de pluie stockées sont généralement utilisées à la place de l'eau
potable pour alimenter des bassins d’agréments, arroser les espaces verts, nettoyer la voirie.
5) L’approche paysagère et écologique
La gestion de l’eau dans les EcoQuartiers n’est pas que de l’ordre technique mais c'est aussi
une composante paysagère et écologique forte.
Le projet est l’occasion de mettre en scène l'eau sous de multiples facettes.
L'eau est retrouvée par exemple à l’échelle de l’habitat sous forme de toitures végétalisées
qui contribuent à l’embellissement du bâti en particulier sur des reliefs marqués (construction
sur coteau).
Au cœur des îlots, en particulier sur les bâtiments collectifs, les solutions techniques type
bassin paysager, noue plantée, ou tranchée drainante, agrémentent les parties communes
d’îlots, en équilibre aux constructions de plus en plus denses. L’intégration de ces nouveaux
aménagements hydrauliques permet de diversifier et développer la végétation.
A l’échelle de l’espace public, un maillage hydraulique très varié, plus ou moins végétalisé
tels que les noues, fossés, canaux, jardins creux, pour enfin rejoindre de grands espaces
comme les parcs inondables, un jardin archipel ou encore bassins paysagers.
Certains projets utilisent le potentiel du paysage urbain et naturel pouvant être lié à l’eau,
comme d’anciennes fosses d’usine, ou des cales portuaires aménagées ou encore des
berges aménagées dans la continuité d’une préservation écologique (espèces végétales
protégées).
6) Un enjeu d’attractivité et de communication :
La présence de l’eau concourt à l’attractivité et à la qualité du cadre de vie.
La liberté d’accès aux ouvrages doit être privilégiée, accompagnée d'une signalisation
sécuritaire, par exemple par la présence d'un panneau « interdiction de se baigner ».
La prescription d’une signalétique sur l’eau en phase travaux permet d’informer la population
de l’aménagement hydraulique et de l’aider à mieux comprendre le rôle des ouvrages
réalisés. Cette communication est indispensable lorsque les espaces publics sont ouverts
avant la réalisation complète de l’opération
Toute la réflexion autour de la gestion intégrée de l’eau pluviale redonne une dimension
sociale à l’espace public, que ce soit sous l’aspect ludique, récréatif, festif ou culturel.
Enfin, la mise en valeur de l’eau contribue à mieux la faire connaître auprès de la population
et par ce biais d’être sensibilisée à sa préservation.
Pour aller plus loin…
7) Le lien avec la biodiversité (Trame verte et bleue)
La diversification de la gestion de l’eau en milieu urbain montre un intérêt pour améliorer la
diversité biologique (faune et flore) dans ces multiples micro-écosystèmes crées que sont les
noues, les jardins d’eau, les jardins creux, les berges, plans d’eau permanents ou encore
parcs inondables.
La création de ce maillage, contributeur de la « trame verte et bleue », sur les espaces
publics comme privés, favorise aussi la connectivité des espèces animales et végétales, et
limite ainsi la fragmentation des habitats provoquée par l'urbanisation.
En annexe :
Les étapes d’élaboration d’un système de gestion alternative des eaux de pluie du
point de vue opérationnel
Volet A : la conception
Les étapes d’élaboration d’un système de gestion alternative des eaux de pluie
Recherche des
compétences
Choisir une conception / réalisation
interne ou externe
Analyser les aptitudes et contraintes du site
à la gestion des eaux pluviales
Etude préliminaire
Etude de faisabilité
Evaluer le volume global
d’eaux pluviales à gérer
Construire les scénarios de gestion
Volet A
Définir la géométrie des ouvrages
Vérifier l’adéquation entre les ouvrages prévus et le
volume à stocker
Avant projet
et
Projet
Concevoir et dimensionner
les ouvrages de collecte
Choisir les ouvrages de pré-traitement
Volet B
Choisir les ouvrages spéciaux
Rédiger les pièces du marché de travaux
Volet C
Mise en œuvre
Suivre et réceptionner le chantier
Exploitation
Entretenir les ouvrages
Volet D
> www.hauts-de-seine.net
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