Étude OSI-OIT - Observatoire Social International
Transcription
Étude OSI-OIT - Observatoire Social International
1 CONTRIBUTION ET IMPACT DES INVESTISSEMENTS AU DEVELOPPEMENT DES TERRITOIRES Modalités de dialogue sociétal ETUDE OSI* Evaluation préalable et analyse de la contribution des investissements industriels au développement des territoires. Propositions de critères d’analyse et de gouvernance pour le Dialogue Sociétal Tripartite. *En collaboration avec l’Organisation Internationale du Travail 30 novembre 2015 SOMMAIRE 2 1. OBJET GENERAL ET SPECIFIQUE DE L’ETUDE 2. CONTEXTE DE COLLABORATION INSTITUTIONNELLE OSI-OIT 3. MÉTHODE 4. RESULTATS PREALABLES ET INVENTAIRE DES MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES 5. RELEVE DE METHODES ET THEMES PRINCIPAUX DES INDICATEURS D’IMPACT DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES 6. PROPOSITION DE CHOIX D’UN GROUPE SELECTIF D’INDICATEURS POUR MESURER LE CONTINUUM DE L’IMPACT ET REPORTING SOCIAL 7. RECOMMANDATIONS GENERALES ET PROPOSITION D’UN NOUVEL OUTIL : INDICATEURS ESG/ESIA POUR DES PLATEFORMES DE DIALOGUE TRIPARTITE ET REPORTING SOCIETAL 8. ANNEXES 30 novembre 2015 1. OBJET GENERAL DE L’ETUDE Le développement social des pays latino-américains, la lutte contre la pauvreté, la réponse aux besoins sociaux, dépendent, parmi d’autres facteurs, des investissements que réalisent les grandes entreprises internationales actives sur le continent. Les secteurs des travaux publics, de l’énergie, des infrastructures et du transport sont particulièrement concernés. Toutefois, la contribution de ces entreprises est optimale lorsque les projets prennent en compte du mieux possible les intérêts et les préoccupations des populations concernées. Le dialogue social et sociétal avec les différentes communautés et parties prenantes est un élément essentiel de conduite des projets d’investissement, de leur réussite et de leur apport au développement local. Ce dialogue n’est pas toujours facile, en partie parce que les façons d’aborder les sujets opposent les différentes parties prenantes et que la méthodologie fait défaut pour fournir une base solide de discussion et de dialogue. Il arrive aussi que la décision de réaliser certains investissements , prise par les pouvoirs publics d’un pays ou d’une région, n’a pas fait l’objet d’un véritable débat public à l’échelle du territoire concerné. Cette absence de débat collectif ne permet pas à l’ensemble des communautés et des acteurs de mesurer et de donner un avis quant à la contribution de l’investissement envisagé au développement économique et social du territoire. Lors de la mise en place du projet, les entreprises désignées pour réaliser le projet se retrouvent en première ligne et doivent affronter de face les opposants sans pouvoir s’appuyer sur le soutien des bénéficiaires naturels des investissements décidés. De ce fait, le débat public se porte davantage sur les risques que peuvent représenter les projets, notamment pour répondre aux grandes ONG mondiales qui portent souvent des causes internationales, et pas assez sur la contribution de ces projets au développement économique et aux besoins sociaux. C’est la raison pour laquelle les différents référentiels d’indicateurs élaborés à l’échelle mondiale et qui mesurent la contribution des grands projets au développement local, ont été établis essentiellement dans une perspective de gestion des risques ; ils sont surtout utilisés en aval de la décision d’investissement, dans la phase de conduite des projets qui ne mobilise plus de façon aussi décisive qu’en amont les investisseurs, puisque le marché a été attribué. Dans la conduite du projet, la recherche d’un meilleur développement social et humain et l’organisation d’un dialogue sociétal sont alors assimilées à une perte de temps et à un coût. 30 novembre 2015 3 Néanmoins, au cours des dernières années, de nouvelles initiatives et propositions d’indicateurs d’impact pour les projets d’investissements commencent à se mettre en place, de la part d’organismes internationaux pour renouveler la vision dans ce domaine. C’est dans cette perspective que s’inscrit cette étude et proposition de l’OSI, en collaboration avec l’OIT, qui étudie les nouveaux cadres de référence en développement, et qui propose un groupe d’indicateurs particulièrement importants. 4 Cette vision innovante du reporting social pour les projets est en phase avec les demandes des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et plus récemment les Objectifs de Développement Durable (ODD), et est aussi cohérente pour inscrire les critères d’évaluation des projets avec l’économie du changement climatique et les défis d’inclusion sociale. C’est pourquoi la discussion sur la contribution d’un projet d’investissement au développement local devrait se faire dès la phase d’étude, en amont de la décision d’investissement en proposant une méthodologie commune basée sur une vision de Développement Durable et des indicateurs d’évaluation utiles pendant l’étape de développement et d´exécution des projets. Dans cette perspective et en collaboration avec l’OIT, à partir d’une synthèse des référentiels existants, l’OSI propose de retenir une liste limitée d’indicateurs d’évaluation centrés sur une dizaine d’enjeux clés comme la création d’emplois, de filières industrielles et le partenariat avec les PME locales, le développement social pour le bas de la pyramide, le développement du système de formation. Intégrés dans les appels d’offres internationaux des Etats, ces indicateurs serviraient de base pour évaluer la contribution des projets d’investissement au développement local dès leur phase de conception. L’un des objets de l’étude est d’établir cette liste et de proposer comment ils devraient être inscrits dans les appels d’offre des pouvoirs publics, aux côtés des critères plus classiques portant sur le financement et le prix, sur la qualité et la gestion des risques. La grille méthodologique des contributions des projets permettra aux acteurs concernés d’établir une pondération des indicateurs. La conduite du dialogue sociétal constitue également un chapitre de l’étude. Celui-ci doit permettre dès la phase de conception l’établissement d’un débat sur l’apport du projet d’investissement en matière de développement économique et d’emploi, de développement social local et favoriser la mise en place d’une plateforme de dialogue sociétal associant les investisseurs, les pouvoirs publics et les organisations syndicales de salariés. Cette plateforme utilisera comme référence les indicateurs ciblés proposés. 30 novembre 2015 Dans cette vision innovante, qui prend comme référence les concepts de capital social, de façon complémentaire au capital financier et technologique, les projets doivent maximiser les deux aspects : la performance financière et la création de valeur sociale. Donc, dans cette approche, adresser les critères ESG est une préoccupation qui se pose tout au long de la chaîne de développement des projets (Etude préalable, Faisabilité, développement et construction, opération), dans les différentes phases et critères des Appels d’Offre (FEED et EPC). Cela est cohérent avec l’approche d’atténuation des risques (gestion de l’impact négatif), tout en la dépassant pour s’inscrire dans une logique d’impact positif, liés à l’apport des projets d’investissement avec des critères spécifiques de mesure. De façon complémentaire aux indicateurs ciblés, les propositions de Dialogue Social Tripartite seront aussi utiles pour faciliter la gouvernance des grands projets et le dialogue entre les parties prenantes (entreprises, investisseurs, communautés et autres) à différents stades. 2. CONTEXTE INSTITUTIONEL DE COLLABORATION OSI - OIT L’Observatoire Social International (OSI) travaille de longue date sur différents indicateurs de performance sociale et de performance globale. En Amérique latine, comme en Europe, plusieurs de ses membres possèdent un grand savoir-faire en la matière. De son côté, l’Organisation Internationale du Travail tant pour le cône sud du continent latino-américain qu’à l’échelle mondiale souhaite doter les acteurs sociaux d’une méthode d’approche recueillant un consensus et permettant de construire un dialogue sociétal fructueux. L’OSI et l’OIT ont engagé depuis deux ans une collaboration sur l’étude des modèles comparatifs de RSE des Entreprises Multinationales et Multi latines (2013, voir annexe). Cette première étude présentait dans ses conclusions l’identification de certaines tendances évolutives dans la vision stratégique des entreprises considérées en lien avec l’agenda RSE: • Thèmes principaux : Dans tous les cas des entreprises considérées, il y avait une coïncidence entre certains thèmes stratégiques communs de l’agenda RSE : besoin de gérer la « License sociale » des mégaprojets d’investissement, thèmes de régulation (encadrement réglementaire) ; thèmes sociétaux et parties prenantes ; formes de dialogue public-privé efficace. 30 novembre 2015 5 • Collaboration des entreprises pour un agenda sur la base de thèmes communs : dans tous les cas les représentants des entreprises considérées pensaient qu’il était très utile de développer un agenda commun des entreprises sur ces sujets, tout en prenant en compte les spécificités des politiques corporate globales des sièges dans le cas des multinationales, et des propositions d’accord ou de conventions globales sur ces sujets. • Nouvelles plateformes et Alliances public-privé : dans tous les cas l’échantillon considéré se prononçait en faveur de l’étude, et éventuellement de la participation à des nouvelles initiatives, plateformes et instruments publics-privés, liés aux variables des modèles RSE considérés dans l’étude. C’est à partir des résultats de cette première étude, que s’est développé la proposition d’une nouvelle étude pour étudier les modèles de contributions au développement Impact territorial des Grands Projets, dans le contexte d’une vision plus intégrale des défis du développement durable et de la cohésion sociétale, au-delà d’une vision purement philanthropique ou de gestion des « licences soc iales ». Des nouveaux aspects se posent : l’étude d’indicateurs d’impact commun, en amont et en aval ; l’insertion des projets dans la gouvernance des territoires ; une vision élargie des aspects sociétaux ; le besoin de nouvelles plateformes multi-variables et multiservices pour répondre aux besoins des populations concernées et aussi, des nouvelles formes de dialogue sociétal tout au long des phases de développement de projets d’investissement. Cette nouvelle étude de l’OSI, conduite en collaboration avec l’OIT, a recueilli l’avis de différents experts qui possèdent un savoir-faire en matière d’analyse sociale, environnementale et sociétale. 30 novembre 2015 6 3. MÉTHODE Méthode et vision d’ensemble Cette étude propose une vision d’ensemble innovante pour étudier, mesurer et repérer les questions clés de l’impact sociétal des grands projets d’investissement. Elle ne propose pas de gérer les risques en aval des projets, mais se propose en revanche d’intégrer cette conception en amont, et tout au long de la chaîne de développement et de la gestion opérationnelle des projets. Cette étude s’appuie sur les éléments suivants : Recensement des meilleures pratiques des Grandes Entreprises Préconisations de l’OIT en matière de prise en compte des droits sociaux et du développement social dans les projets d’investissement industriels Articulation avec les recommandations directes et indirectes proposées par les organismes internationaux, multilatéraux et associations des entreprises multinationales des secteurs énergies, mines, infrastructures et autres afin. Modalités du Dialogue sociétal et formes de collaboration public-privé pour la promotion des investissements sociaux liées aux Grands Projets La méthodologie porte notamment sur la façon dont les différentes dimensions sociales, environnementales, sociétales peuvent et doivent être intégrées en amont. Pour cela, elle retient les principaux indicateurs clés, essentiels pour définir une grille méthodologique commune, tels que : les créations d’emplois, la création de filières industrielles, l’éducation et la formation, l’aménagement du territoire et tissu productif/développement local (promotion des PME et entrepreneurs sociaux) l’impact environnemental les projets de développement social au bas de la pyramide et d’innovation sociétale la contribution à l’accès aux énergies renouvelables des communautés concernées ; la contribution/intégration au développement du tissu institutionnel local qui doit servir de base au Dialogue Sociétal (intégration des communautés et parties prenantes sociales ; entreprises, organismes gouvernementaux locaux, etc.) thèmes de genre et participation/renforcement du pouvoir des femmes (gestion de grands projets et rôle des femmes dans les initiatives communautaires) les systèmes d’information 30 novembre 2015 7 L’étude prendra aussi en compte la démultiplication des gains apportée par la synergie des différents progrès qu’apporte un investissement donné. Pour mener cette étude, les auteurs ont réalisé : des interviews de cadres responsables d'entreprises (Ressources Humaines, RSE, Stratégie, Développement Durable) un inventaire des modèles et plateformes existants dans les entreprises et réseaux en la matière un inventaire des référentiels internationaux sur la contribution des projets d’investissement au développement territorial. Etude des procédures habituelles un recensement des propositions des dispositifs d’Accompagnement et d’Acceptabilité Sociale existants 30 novembre 2015 8 4. RESULTATS PREALABLES ET INVENTAIRE MEILLEURES PRATIQUES Business Ce chapitre recense les principales méthodes d’évaluation des grands projets d’investissement et les meilleures pratiques, tout en présentant des Fiches Techniques synthétiques des propositions et méthodologies de chaque institution. Deux catégories sont abordées. Les méthodologies de Reporting Social des impacts des Grands projets (Business Call to Action (BCtA), CIMM, PRI, WBCSD, OCDE), et les politiques d’investissements multilatérales ou régionales (Commission européenne, FMI, CNUCED, Banque mondiale, SFI, Principes de l’Equateur). A. Call to Action-BCtA, Cadre de reporting Membres : PNUD, DFID, UNGC, Clinton Global Initiative, grandes entreprises, Microsoft, Accenture, Angloamerican, Tata, Harvard Kennedy School of Government, etc.), 2010-2015. Objectifs du cadre Le Cadre de reporting des résultats BCtA (« le Cadre ») vise à fournir une méthode facile à utiliser pour collecter les résultats de développement et commerciaux des initiatives BCtA. Etant donné que les entreprises ont des ressources disponibles limitées en matière de collecte de données/résultats, il est conçu pour compléter et être facilement intégré dans les processus existants de reporting/mesure utilisés par les entreprises. Les informations quantitatives et qualitatives collectées par le biais du Cadre : Permettront au Secrétariat BCtA de : Promouvoir et communiquer les résultats actualisés des efforts de l’entreprise ; • Regrouper les résultats afin de démontrer l’impact cumulé des initiatives BCtA sur le développement ; • Associer les entreprises BCtA à des partenaires potentiels et/ou des soutiens supplémentaires ; et • Partager les enseignements tirés concernant l’introduction de modèles de gestion au sein de la communauté de pratique BCtA. Permettront aux entreprises BCtA de : Maximiser la valeur des enseignements et de la communication du BCtA ; • Suivre les progrès et mettre en lumière les réalisations atteintes concernant les objectifs ; • Identifier les domaines nécessitant des mesures d’amélioration et/ou d’atténuation ; et • Développer des synergies avec d’autres initiatives et soutiens. • Bien que le Cadre soit destiné principalement au recueil des contributions positives qu’apportent les entreprises au développement, le BCtA reconnaît que des impacts négatifs 30 novembre 2015 9 non recherchés peuvent également apparaître du fait des activités d’une entreprise. Le Cadre propose une méthode de suivi des progrès pour atteindre les objectifs et également d’identification des domaines où des mesures d’amélioration et/ou d’atténuation doivent être adoptées. Le Cadre a été conçu précisément pour le reporting des résultats des initiatives BCtA ; cependant, il peut également être utile s’il est appliqué à d’autres initiatives ou projets pilotes des entreprises. Le Cadre N’est PAS destiné à saisir le cycle de vie complet ni tous les impacts d’une entreprise sur la société, mais plutôt à se concentrer sur la contribution des modèles de gestion inclusifs spécifiques pour répondre aux MDG (Objectifs du Millénaire pour le développement). 30 novembre 2015 10 B. CIMM, Partenariat pour le développement. Boîte à outils, 2004, 2006, 20151 Approche générale La boîte à outils cible six champs thématiques où des travaux précédents ont montré un potentiel en matière de partenariat entre les entreprises et les autres parties prenantes visant à accroître la contribution positive et à minimiser l’impact négatif : 1. Exploitation minière et réduction de la pauvreté 2. Exploitation minière et développement économique : gestion des ressources 3. Exploitation minière et développement économique : planification du développement régional 4. Exploitation minière et développement économique : contenu local 5. Exploitation minière et investissement social 6. Exploitation minière et résolution des litiges CIMM, Module 1. Préparer un aperçu de la géographie du pays, de sa population, de son peuplement, de l’utilisation des terres, de l’économie et de l’histoire récente en mettant l’accent sur les caractéristiques qui influencent ou sont influencées par l’impact économique et social de l’exploitation minière : performance économique, stabilité politique, qualité de la gouvernance, dépendance à l’égard de l’exploitation minière ainsi que pauvreté et développement humain. Développer un profil des opérations minières en question et des communautés locales dans lesquelles elles sont présentes. Cela devrait inclure un profil de tout partenariat déjà mis en place par l’exploitation minière pour le développement économique et social lié aux six thèmes de partenariat. Comprendre la manière dont la croissance économique globale (des revenus, PIB, exportations, etc.) et le développement social du pays hôte ont évolué au cours de la période où l’exploitation minière a pris une importance relative significative. Identifier les éléments de qualité de gouvernance et de gestion macroéconomique du pays hôte qui pourraient affecter les bénéfices économiques et sociaux de l’exploitation minière. Le terme « approximatif » est utilisé pour le distinguer de l’examen plus approfondi des processus d’économie politique au module sept. Mesurer en détails les impacts économiques et sociaux des mines en question (emploi, acquisition de biens et de services fournis localement, formation, dotation sociale et en infrastructure, impact net) au niveau loca l. 1 En 2004, le CIMM a lancé l’initiative relative aux dotations en ressources en collaboration avec la CNUCED et le groupe de la Banque mondiale, initiative poursuivie en 2006 et récemment mise à jour. 30 novembre 2015 11 Analyser les contributions des mines en question au PIB, aux recettes publiques et à la balance des paiements au cours du cycle de vie de la mine, prospecter pour inclure les impacts potentiels des opérations futures prévues ainsi que ceux des opérations actuelles et du passé proche. Examiner l’influence directe et indirecte de l’exploitation minière sur les structures de gouvernance, les institutions et les choix politiques à différents niveaux administratifs (national, régional et local). Préparer l’étude de cas du pays (ou un document sur les questions du secteur minier) et encourager la diffusion et le débat autour des conclusions par le biais d’un atelier. Comprendre le cadre fiscal approprié pour l’exploitation minière, y compris l’importance d’une distribution équitable des loyers et d’un reporting transparent selon les normes ITIE et agir de concert avec les gouvernements pour promouvoir des systèmes fiscaux stables ayant une complexité minimale. CIMM, Module 2 Aperçu de la performance économique et sociale des opérations minières en question à travers six thèmes de partenariat prioritaires. L’étape 2 décrit les activités actuelles et évalue la performance des opérations minières en question à travers les six thèmes prioritaires de partenariat couvrant, comme l’ont montré les applications pilotes de la boîte à outils, les principaux paramètres de développement économique et social : 1. exploitation minière et réduction de la pauvreté ; 2. exploitation minière et développement économique : gestion des recettes ; 3. exploitation minière et développement économique : planification du développement régional ; 4. exploitation minière et développement économique : contenu local ; 5. exploitation minière et investissement social ; et 6. exploitation minière et résolution des litiges. CIMM, Module 5 Mesurer les contributions positives et négatives des mines en question auprès des communautés locales. 30 novembre 2015 12 L’objet du module cinq est de décrire les impacts économiques et sociaux au niveau du projet et au niveau local de la mine soumise à l’évaluation. Les données devraient refléter les indicateurs communs de développement humain et être généralement organisées en fonction des six thèmes de partenariat définis à l’Annexe 2. Le module cinq traite de deux points essentiels de la boîte à outils : premièrement, la légitimité de l’exploitation minière dans des pays à revenu faible et intermédiaire nécessite que celle-ci entraîne ou initie un développement économique et social plus général et, deuxièmement, l’exploitation minière peut, en principe, le permettre. Les conclusions du module cinq concernent les impacts de l’exploitation minière au niveau local et détermineront donc en grande partie à la fois le contenu et la crédibilité de votre étude de cas du pays. Vous pouvez vous attendre à ce qu’elles soient examinées de près. 30 novembre 2015 13 C. PRI, PNUD – Pacte mondial des Nations-Unis, Principes pour l’investissement responsable, Comprendre les impacts de votre investissement, 2013 APERÇU DES MESURES DE PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE DE LA REDUCTION DES RISQUES A L’IMPACT Beaucoup d’investisseurs responsables recherchent des informations sur la performance environnementale, sociale et de gouvernement d’entreprise (ESG) des fonds et des entreprises dans lesquels ils investissent. Du point de vue de l’investissement, l’analyse des questions ESG est nécessaire pour : Evaluer pleinement les risques et les opportunités associés à des investissements spécifiques ; Aider les investisseurs à prendre de meilleures décisions de placement ; et Générer des appréciations plus précises des entreprises. Comprendre les questions ESG peut aider à réduire le risque de résultats négatifs potentiels pouvant affecter une entreprise. Par exemple, une rémunération équitable et de bonnes conditions de travail peuvent réduire le risque de rotation importante du personnel et de grèves ; la bonne gestion de l’eau peut contribuer à éviter la contamination des eaux locales et le risque d’amendes associées. Une plus grande attention des investisseurs aux questions ESG peut également conduire à un dialogue de qualité entre les entreprises et leurs investisseurs en créant de la valeur à long terme. Cela peut encourager les entreprises à améliorer leur gouvernance et leur gestion et les investisseurs à chercher de manière proactive des opportunités présentées par ces questions. Par exemple, une rémunération équitable et de bonnes conditions de travail peuvent avoir pour effet une plus grande productivité des employés et un plus grand maintien du personnel ; une bonne gestion de l’eau peut entraîner des économies en période de sécheresse. Ces actions devraient aider à diriger les capitaux vers des entreprises mieux régies et mieux gérées et vers des entreprises qui sont plus à même de contribuer aux objectifs d’une société durable. « Les investisseurs considèrent effectivement l’ impact environnemental et social pouvant être ressenti localement, régionalement ou même mondialement ». Certains investisseurs regardent activement au-delà de l’impact positif pour l’entreprise elle-même l’aspect environnemental et l’impact social possibles aux niveaux local, régional voire même international. 30 novembre 2015 14 La gamme des approches d’investissement Investissement d’impact Investissement responsable Traditionnel Sélection Intégration ESG 15 Thématique Impact-first Philanthropie Impact social et/ou environnemental ciblé Intérêt limité ou inexistant pour les facteurs ESG des investissements sous-jacents Rendements concurrentiels Utilisation des informations ESG Sélection qualitatives et négative ou quantitatives dans d’exclusion et les processus sélection positive ou best- d’investissement, in-class, à partir au niveau du portefeuille, en de critères prenant en compte définis de les tendances liées différentes manières (c-à-d. à l’ESG, ou au niveau des par produit, activité, secteur, actions, de normes l’émetteur ou de internationales) la société détenue Fonds Fonds de d’investissement participation sélectionné sur public traditionnel le plan éthique/ utilisant Fonds ISR Best- l’intégration ESG in-class pour créer de la valeur additionnelle La sélection d’actifs contribuant à relever les défis du développement durable comme le changement climatique ou la rareté de la ressource en eau Questions environnementales ou sociales créant des opportunités d’investissement avec des compromis financiers Fonds commun pour une énergie propre/Fonds dans le domaine de la santé pour les marchés émergents/Fonds de créances structuré de la microfinance Fonds de créances ou de capitaux propres vers les entreprises sociales ou organismes de bienfaisance commerciaux Accent sur une ou plusieurs questions où le besoin social et environnemental nécessite 100% de compromis Source: Adapté from Bridges Ventures (2012) 30 novembre 2015 POURQUOI LES INVESTISSEURS CONSIDERENT-ILS L’IMPACT : POINT DE VUE SELON LES PRI Les investisseurs qui réalisent des investissements à thématique E&S voudront mesurer l’impact social et environnemental de leurs investissements, pour un certain nombre de raisons : ■■ Communiquer la performance sociale et environnementale des investissements aux parties prenantes externes. Par exemple, les gestionnaires de placements peuvent avoir besoin de répondre aux exigences de reporting de clients ayant des préférences spécifiques concernant l’utilisation de leurs capitaux. Les propriétaires d’actifs peuvent vouloir répondre à l’intérêt et aux exigences de leurs bénéficiaires et des parties prenantes extérieures. ■■ Garantir que leurs fonds ne soutiennent pas de mauvaises pratiques qui pourraient entraîner un risque en termes de réputation, par exemple, surendettement parmi les utilisateurs finaux du microcrédit. ■■ Améliorer l’impact environnemental ou social de leurs investissements. Mesurer l’impact permet aux investisseurs d’établir des cibles pour les entreprises ou les fonds dans lesquels ils investissent, fournissant une base d’engagement pour améliorer la performance dans la durée. ■■ Créer un impact social et environnementa l positif comme partie intégrante de leur mission. Ces investisseurs peuvent vouloir évaluer l’impact social et environnemental de leurs investissements pour évaluer et améliorer leur performance par rapport à ces objectifs. 30 novembre 2015 16 D. WBCSD, Vers un protocole social, Un appel à collaboration, Mesurer les impacts sociaux, 2008 - 2015 Une solution commune : proposer un Protocole de Capital Social Un Protocole de Capital Social fournira un processus uniforme aux entreprises pour mesurer et estimer leurs impacts sur le Capital social et leurs dépendances. Son objectif premier sera d’informer et d’améliorer la prise de décision et la stratégie des entreprises. Cela permettra également d’améliorer le dialogue avec les parties prenantes, l’assurance et le reporting externe. Les éléments du Protocole de capital social sont : les Composantes, Principes, qui guident les utilisateurs dans l’application du protocole, les Méthodologies, Outils et Directives, appliqués par les utilisateurs pour élaborer le protocole et le Processus uniformisé qui fournit une série convenue d’étapes logiques comme charpente du protocole. La majorité des processus et des cadres pour mesurer et estimer les impacts sociaux suivent une série similaire d’étapes logiques. En développant le Protocole de capital social, nous cherchons à distiller, nous aligner sur et renforcer les travaux existants et en cours pour aller vers une approche cohérente. Le développement du Protocole de capital social devra être inclusif, consultatif et fournira une plateforme pour le développement itératif tandis que le cadre évoluera. Par conséquent, le processus uniforme devrait être complété par deux composantes supplémentaires : • Principes qui peuvent guider les utilisateurs dans le processus du Protocole de Capital Social. Parce que le protocole sera flexible, les principes seront importants pour aider à fournir cohérence et crédibilité dans son application. Ils seront nécessaires pour guider les décisions lorsque des choix doivent être faits entre des méthodologies, des approches ou des thématiques. Sans réinventer la roue, les principes seront basés sur les principes les plus couramment utilisés dans les cadres existants. • Des méthodologies, outils et directives pratiques qui seront nécessaires pour soutenir l’élaboration du Protocole de capital social. Le protocole peut proposer un cadre cohérent qui cartographiera et harmonisera les outils et méthodologies existants. Cela fournira aux entreprises une série complète de méthodologies et de directives pratiques, identifiant clairement les différences qui existent. Développer un Protocole de capital social nécessitera une approche collaborative entre les secteurs, parties prenantes et domaines d’expertise afin de donner l’ampleur nécessaire à l’engagement pour proposer une approche généralement acceptée. Voir, parmi les exemples, les principes utilisés par Social Return on Investment Network , le protocole sur les GES, l’Integrated Reporting Framework, la Global Reporting Initiative et le Sustainable Accounting Standards Board. 30 novembre 2015 17 18 30 novembre 2015 E. OCDE, Investissement à impact social, Renforcer l’assise factuelle, 2015 INVESTISSEMENT POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE 19 L’OCDE joue un rôle important en encourageant la réforme pour améliorer l’environnement favorable à l’investissement et en promouvant les bonnes pratiques internationales et le comportement responsable des entreprises chez elles et dans les pays hôtes. Elle le fait grâce à de nombreux outils politiques, des évaluations et un mécanisme de dialogue entre pairs, en particulier le Cadre de politique d’investissement et les directives de l’OCDE pour les entreprises multinationales. (OCDE, Agenda post 2015). APERÇU DE L’APPROCHE D’INVESTISSEMENT A IMPACT SOCIAL Aperçu de l’investissement à impact social soulignant sa pertinence politique dans l’environnement économique et social actuel. Cela commence par la considération du besoin croissant de nouvelles approches pour relever les défis économiques et sociaux et le rôle que l’investissement à impact social peut jouer à ce sujet. Cela fournit alors un aperçu des tendances, des opportunités et des défis actuels dans le marché de l’investissement à impact social. Cela montre également comment le marché évolue et compare cela aux parallèles dans l’évolution des marchés de capitaux. Le besoin de nouvelles approches pour relever les enjeux sociaux et économiques L’investissement à impact social (IIS) est l’octroi de financement aux organisations avec l’attente explicite d’une performance sociale, ainsi que financière. L’investissement à impact social acquiert une importance croissante dans le contexte économique actuel où les enjeux sociaux ont augmenté tandis que les fonds publics dans de nombreux pays sont sous pression. De nouvelles approches sont nécessaires pour répondre aux enjeux sociaux et économiques, y compris de nouveaux modèles de partenariat public-privé qui peuvent financer, livrer et étendre des solutions innovantes à partir de la base. L’IIS inclut des investissements privés qui contribuent au bien commun. Les investisseurs peuvent aller de ceux qui souhaitent fournir des fonds pour les organisations qui ne sont pas capables de générer des rendements de marché à des investisseurs plus traditionnels mais ayant également un intérêt à provoquer un impact social. 30 novembre 2015 DIAGRAMME GAMMES DE CAPITAUX - IIS Financial-only Responsible Sustainable Impact Impact-only 20 Delivering competitive financial returns Mitigating Environmental, Social and Governance risks Pursing Environmental, Social and Governance opportunities Focusing on measurable high-impact solutions Competitive financial returns Investment profile Below market financial returns Limited or no regard for environmental, social or governance practices Mitigate risky environmental, social and governance practices in order to protect value Adopt progressive environmental, social and governance practices that may enhance value Adress societal challenges that generate competitive financial returns for investors / Adress societal challenge(s) wich may generate a below market financial return for investors / Address societal challenges that require a below market fiancial return for investors Address societal challenge(s) that cannot generate a financial return for investors Selon l’étude de l’OCDE, la Figure 2.2 ci-dessous, développée par le Groupe de travail sur l’investissement à impact social, montre le continuum de l’impact dans lequel l’investissement à impact social se trouve entre « durabilité » (faisant référence en particulier à la RSE, ESG et l’ISR) et philanthropie mais qui n’inclut ni l’une ni l’autre – seulement des investissements (ex. pas de subventions) qui cherchent de manière proactive un impact social mesurable ainsi qu’un rendement financier. Cependant, de nombreux organismes octroyant des subventions, telles que les fondations, sont également des investisseurs à impact social. Certaines entreprises ayant également pratiqué traditionnellement la RSE, ESG ou l’ISR se sont également orientées vers l’investissement à impact social. Le rôle des fondations et d’autres investisseurs est discuté plus en détails dans le Chapitre 3. 30 novembre 2015 Figure IIS- Diagramme The SIITF (Task force)-OECD 21 Impact Continuum: Impact investment INVESTING SUSTAINABLY PHILANTROPY Social investment Investors Grant based Investees Sur les pratiques de mesure de l’impact Selon l’IIS, Elaborer le rapport d’assise factuelle, un travail supplémentaire pour développer des pratiques de mesure solides et comparables (dans les organisations de prestation et pour les investisseurs) peut également aider à élaborer l’assise factuelle. Le groupe de travail sur la mesure de l’impact établit un certain nombre de principes requis pour travailler dans l’optique d’une « convention de mesure de l’impact » dans le futur. Cela assurerait une approche standardisée pour la mesure de l’impact et envisagerait un système de reporting garantissant la disponibilité de données de qualité sur l’impact (WGIM). Cependant le modèle de gouvernance de ce type de processus n’est pas encore clair. Cela impliquerait en principe un engagement de la part des gouvernements et de l’industrie pour mettre en place un groupe de travail avec des représentants des gouvernements et de l’industrie et un comité directeur qui conviendrait de la terminologie, des directives et de l’infrastructure de données communes pour la mesure de l’impact. Les organisations internationales pourraient fournir le forum approprié pour ce type de discussion. 30 novembre 2015 F. Commission européenne, UE, Politique internationale d’investissement, 2010. LES INVESTISSEMENTS EN TANT QUE NOUVELLE FRONTIERE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE COMMUNE Les décisions d’investissement sont déterminées essentiellement par des considérations marchandes, c’est-à-dire par les avantages attendus des investissements. Néanmoins, ces décisions sont profondément affectées par l’environnement économique, politique et légal de l’économie concernée. Les investisseurs prospèrent dans un environnement stable, sain et prévisible. Une politique commune en matière d’investissements internationaux n’est pas le seul déterminant des flux d’IED entrants et sortants. Cependant, elle sert l’objectif fondamental de garantir aux investisseurs qu’ils peuvent opérer dans un environnement d’entreprise ouvert et convenablement et équitablement réglementé tant à l’intérieur qu’au-delà des frontières du pays hôte. À cet égard, l’ouverture aux investissements devrait continuer de servir de pierre de touche à la définition de nos politiques. L’UE continuera d’être un environnement ouvert aux investissements et accueillant pour les investisseurs étrangers et leur contribution à l’économie et à la société européennes au sens large. Simultanément, l’Union devrait garantir que les investisseurs étrangers dans l’UE bénéficient de conditions de concurrence équitables, uniformes et optimales en matière d’investissements, en abolissant progressivement toutes les restrictions les affectant. Une approche plus volontariste pour garantir que les relations d’investissement de l’UE avec les pays partenaires se font à double sens est donc justifiée. Un certain nombre d’éléments de base et d’études de fond, y compris les résultats des travaux analytiques de large portée effectués par des organisations internationales telles que l’OCDE et la CNUCED, sont déjà disponibles et constituent le fondement d’une politique commune en matière d’investissements internationaux. 30 novembre 2015 22 G. FMI, Cadre de politique, 2012 CADRES DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE POUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT RICHES EN RESSOURCES NATURELLES Défis et objectif Les pays en développement riches en ressources naturelles (PRN) sont aux prises avec le défi consistant à transformer leur richesse naturelle en actifs capables de contribuer au développement durable, tout en entretenant des mécanismes permettant d’éviter les successions de phases d’expansion et de contraction provoquées par la volatilité des recettes issues des ressources naturelles. En raison de leurs particularités — faibles niveaux de revenu par habitant, pénuries de capitaux nationaux et accès limité aux marchés de capitaux internationaux —, les conseils fondés sur les théories classiques de consommation -épargne/investissement se révèlent inadaptées. Le présent document expose de nouveaux cadres macrobudgétaires et outils d’analyse applicables aux PRN, qui pourraient renforcer les conseils du FMI en matière de politique générale. Gestion macroéconomique optimale des ressources naturelles S’il peut être souhaitable de consommer immédiatement une part des recettes, vu les besoins pressants de développement, les recettes devraient en grande partie être épargnées et servir à l’investissement intérieur, afin de produire des gains durables de développement. Les PRN doivent éviter les successions d’expansions et de contractions en s’efforçant de dissocier les dépenses de la dynamique volatile des recettes issues des ressources naturelles. Principaux éléments novateurs . Le document propose cinq grandes innovations : - Un cadre de viabilité budgétaire qui tient compte des retombées positive de l’investissement public sur la croissance et les recettes ; - Un outil d’investissement durable permettant aux PRN d’analyser l’effet macroéconomique et budgétaire des scénarios d’expansion de l’épargne/ investissement ; - Un jeu d’indicateurs budgétaires pour les rapports des services du FMI sur les PRN afin de mesurer les montants épargnés et utilisés (sous forme de consommation ou d’investissement) provenant des ressources naturelles; - Un nouveau jeu d’outils pour élaborer des règles budgétaires permettant de lisser la volatilité des recettes et d’évaluer la viabilité à long terme des finances publiques; - Un dispositif permettant de produire des repères de compte courant pour les analyses de viabilité extérieure des PRN. Prochaines étapes 30 novembre 2015 23 Dans le prolongement des travaux qui ont abouti au présent document, les nouveaux dispositifs et outils proposés seront développés et feront l’objet d’opérations pilotes. Les travaux se poursuivront en outre pour mieux analyser et apprécier la «capacité d’absorption» des pays, pour constituer une base de données transnationale des variables propres aux PRN et pour analyser de manière plus approfondie leurs enjeux macroéconomiques à court terme et les répercussions sur le plan de la politique générale. 24 30 novembre 2015 H. CNUCED, Cadre sur la politique d’investissement pour le développement durable, Forum mondial de l’investissement, Examen du WIF 2012. 25 Cadre sur la politique d’investissement pour le développement durable Le contexte politique pour l’investissement transfrontalier est soumis à des changements constants. Au niveau national, les gouvernements continuent d’adopter des mesures liées aux politiques d’investissement (à concurrence d’environ 150 annuellement au cours de la dernière décennie selon le contrôle de ces mesures par la CNUCED), sans parler des innombrables mesures prises chaque année qui influencent le contexte commercial général pour les investisseurs. Au niveau international, les nouveaux accords d’investissement ont été conclus à un rythme supérieur à un par semaine au cours des dernières années. Au niveau de la législation non contraignante (soft law), l’univers des codes et des normes qui régissent le comportement des investisseurs corporatifs continue également de s’étendre . Au cours des deux dernières décennies, tandis que de plus en plus de gouvernements ont compris le rôle crucial de l’investissement privé, notamment des IDE, pour alimenter la croissance et le développement économiques, de grandes avancées ont été réalisées pour améliorer les politiques d’investissement tant nationales qu’internationales. De très grands efforts ont été faits par les gouvernements dans les pays en développement en particulier, souvent aidés par la communauté internationale du développement à travers des cadres politiques, des modèles d’accord et de l’assistance technique (comme les examens des politiques d’investissement de la CNUCED). Beaucoup d’expériences ont été acquises et documentées, ce qui permet maintenant aux décisionnaires d’identifier les mesures qui fonctionnent bien, ou moins bien, dans quelles circonstances et dans quel contexte . Malgré les progrès réalisés, et malgré les enseignements tirés, des questions importantes demeurent sans réponse pour les décisionnaires. Certains manquements perçus ou reconnus dans les politiques d’investissement sont corrigés seulement partiellement, ou pas du tout, par les modèles et cadres existants destinés à aider les décisionnaires. Ce rapport porte un regard neuf sur la prise de décision relative aux investissements – en se concentrant sur l’investissement privé direct dans les actifs productifs (c’est-à-dire excluant les autres flux de capitaux qui devraient être traités par le système financier et ses politiques) – en ayant une approche systémique qui examine l’univers des politiques nationales et internationales du point de vue des enjeux d’aujourd’hui en termes de politiques d’investissement. Il vise également explicitement à renforcer la dimension de développement des politiques d’investissement et présente un cadre de politique d’investissement pour le développement durable (IPFSD) complet. 30 novembre 2015 L’encouragement à relever ce défi vient des discussions avec des hauts responsables des politiques dans de nombreux forums, y compris au Forum bisannuel de l’investissement mondial de la CNUCED ; à sa Commission de l’investissement, des entreprises et du développement ; et à ses réunions ordinaires de groupes d’experts intergouvernementaux sur l’investissement et les entreprises. Il provient également des discussions sur les politiques d’investissement avec les universitaires et les conseillers d’affaires dans les tables rondes de la CNUCED, et du travail d’assistance technique de la CNUCED avec les pays en développement. Un autre encouragement provient d’autres importantes plateformes relatives aux politiques, plus particulièrement le G-20, qui dans sa Déclaration de Séoul en 2010 et dans le Plan d’action pluriannuel pour le développement l’accompagnant fait en particulier référence au besoin de renforcer la dimension de développement durable des politiques d’investissement nationales et internationales. L’IPFSD arrive également à un moment où beaucoup d’autres parties prenantes dans le domaine de l’investissement font des suggestions pour les politiques d’investissement à venir. Au Forum mondial de l’investissement de la CNUCED en 2012, la Chambre de commerce internationale (CCI) a lancé sa contribution sous la forme de Directives (révisées) pour l’investissement international. L’OCDE a annoncé son intention de commencer à travailler à une mise à jour de son cadre politique pour l’investissement. La Déclaration de l’Union européenne – des Etats-Unis récemment adoptée sur les principes partagés en matière d’investissement international et la publication du nouveau modèle TBI témoignent du dynamisme des politiques. 30 novembre 2015 26 I. Banque mondiale, un Cadre d’investissement pour une énergie propre et le développement, 2006 UN CADRE D’INVESTISSEMENT POUR UNE ENERGIE PROPRE ET LE DEVELOPPEMENT : UN RAPPORT D’AVANCEMENT 27 Ce document répond au communiqué du Comité de développement d’avril 2006 demandant à la Banque mondiale de (a) examiner, en étroite coordination avec les autres partenaires, les instruments financiers existants en prenant en compte le rôle du secteur privé, et (b) étudier la valeur potentielle des nouveaux instruments financiers pour accélérer les investissements dans l’énergie propre ; afin de présenter les progrès allant dans le sens d’un cadre d’investissement à la prochaine rencontre. Ce document renforce le rapport « Energie propre et développement : vers un cadre d’investissement » qui a été présenté au Comité de développement à la réunion de printemps en avril 2006 et conclut : • Il est possible de résoudre le principal écart de financement pour l’énergie liée au développement et les agendas d’accès à l’énergie en approfondissant et en élargissant la réforme des politiques du secteur de l’énergie afin d’attirer les investissements du secteur privé et des financements supplémentaires du secteur public. Un soutien concessionnel supplémentaire sera nécessaire pour relever le défi de l’accès à l’énergie dans l’Afrique sub-saharienne. • L’Institution financière internationale actuelle, les ressources publiques et privées ne peuvent pas conduire à une transition significative vers une économie sobre en carbone. Un cadre réglementaire mondial stable sur le long terme, avec des responsabilités différenciées, est nécessaire pour stimuler les investissements privés et assurer la prévisibilité. La Banque propose le développement d’un certain nombre d’options pour accélérer la transition. • Les progrès dans la lutte contre la pauvreté sont menacés par des événements météorologiques violents et la variabilité du climat. Les risques de catastrophes liées aux conditions météorologiques, dont les sécheresses et inondations, doivent être intégrés dans les stratégies de développement durable et de lutte contre la pauvreté en y associant les ressources du secteur public et privé. • L’énergie propre répondra aux problèmes suivants qui touchent les personnes pauvres et font obstacle au progrès concernant de nombreux objectifs de développement du millénaire : Pollution au niveau des ménages, en particulier pollution de l’air intérieur, qui porte atteinte à la santé humaine ; Impacts environnementaux au niveau local, national et régional, dont la pollution de l’air urbain et les dépôts acides, qui affectent la santé humaine et les systèmes écologiques ; et, 30 novembre 2015 Les impacts négatifs des émissions de gaz à effet de serre provenant de la production d’énergie sur la productivité agricole, les ressources en eau, la santé humaine, les peuplements humains et les systèmes écologiques . 28 30 novembre 2015 J. Principes de l’Equateur pour le finance ment des projets : Convergence des Institutions financières et des banques multilatérales de développement. Normes de Performance SFI. A partir de 2006 jusqu’à sa nouvelle version en juin 2013, les signataires des principes de l’Equateur ont atteint 80 institutions financières membres (EPFI). Il existe une approche convergente entre les EPFI et les institutions multilatérales : les banques multilatérales de développement, les agences de crédit à l’exportation, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, les approches communes de l’OCDE convergent de plus en plus vers les mêmes normes que les principes de l’Equateur. Points forts : Les Principes de l’Equateur 1. 2. 3. 4. Examen et catégorisation Evaluation environnementale et sociale Normes environnementales et sociales applicables Système de gestion environnementale et sociale et Plan d’action des Principes de l’Equateur 5. Engagement des parties prenantes 6. Mécanisme de réclamation 7. Examen indépendant 8. Conventions 9. Suivi et reporting indépendants 10. Reporting et transparence 30 novembre 2015 29 K. Objectifs de développement durable, Nations-Unies 2015 et post 2015 Transformer notre monde : l’Agenda 2030 pour le développement durable Préambule 30 Cet agenda est un plan d’action pour les hommes, la planète et la prospérité. Il cherche également à renforcer la paix mondiale dans une plus grande liberté. Nous reconnaissons qu’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions, y compris l’extrême pauvreté, est le plus grand défi au niveau mondial et une exigence indispensable pour le développement durable. Tous les pays et toutes les parties prenantes, œuvrant en partenariat collaboratif, mettront en œuvre ce plan. Nous sommes résolus à libérer le genre humain de la tyrannie de la pauvreté et de la précarité et à soigner et sécuriser la planète. Nous sommes déterminés à prendre les mesures audacieuses et transformatrices qui s’imposent de toute urgence pour faire prendre une voie durable et résiliente au monde. En nous embarquant sur cette voie collective, nous nous engageons à ce que personne ne soit laissé sur le bord de la route. Les 17 objectifs de développement durable et les 169 cibles que nous proclamons aujourd’hui montrent l’échelle et l’ambition de ce nouvel agenda universel. Ils visent à renforcer les objectifs de développement du millénaire et à compléter ceux qui n’ont pas fonctionné. Ils visent à mettre en place ces droits pour tous et à atte indre l’égalité entre les sexes et le renforcement du pouvoir de toutes les femmes et filles. Ils sont intégrés et indivisibles et maintiennent l’équilibre entre les trois dimensions du développement durable : l’économique, le social et l’environnemental. Les objectifs et les cibles stimuleront l’action au cours des quinze prochaines années dans des domaines d’importance cruciale pour l’humanité et la planète : Objectif 1. Eliminer partout la pauvreté sous toutes ses formes Objectif 2. Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition et promouvoir l’agriculture durable Objectif 3. Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous et à tout âge Objectif 4. Garantir une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous Objectif 5. Atteindre l’égalité entre les sexes et renforcer le pouvoir de toutes les femmes et filles Objectif 6. Garantir la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous Objectif 7. Garantir un accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous Objectif 8. Promouvoir une croissance économique durable, inclusive et soutenue, le plein emploi et un travail décent pour tous 30 novembre 2015 Objectif 9. Construire des infrastructures résilientes, promouvoir l’industrialisation durable et inclusive et encourager l’innovation Objectif 10. Réduire les inégalités au sein des pays et entre eux Objectif 11. Rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables Objectif 12. Garantir des modèles de consommation et de production durables Objectif 13. Prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses impacts* Objectif 14. Préserver et exploiter durablement les océans, mers et ressources marines pour le développement durable Objectif 15. Protéger, restaurer et promouvoir l’exploitation durable des écosystèmes terrestres, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification et freiner et faire reculer la dégradation des terres et enrayer la diminution de la biodiversité Objectif 16. Promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable, donner accès à la justice pour tous et créer des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux Objectif 17. Renforcer les moyens de mise en œuvre et revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable 30 novembre 2015 31 5. SYNTHESE ET ENSEIGNEMENTS TIRES DE L’EXAMEN DES MEILLEURES PRATIQUES ET DES METHODES DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES 32 L’étude des meilleures pratiques nous permet de les classer en plusieurs catégories selon leurs différents modèles explicites et implicites. En voici les principales : Méthodes conventionnelles de reporting post évaluation selon la carte des risques, grilles GRI et post-reporting (en Aval), basées sur la gestion de l’atténuation des risques de mise en œuvre et d’opération, c’est-à-dire l’atténuation des risques ESG. Nouvelles méthodes, qui mobilisent les critères ESG tout au long du développement des projets , en aval et en amont (PRI) ; Méthodes ciblées sur l’évaluation des contributions (impact positif) des projets, en cherchant de nouvelles opportunités pour placer des indicateurs ESG (A Call for Action, Pursuing ESG opportunities), et aussi pour des nouvelles solutions ciblées sur des Hauts Impacts qui soient mesurables (Focusing on measurable high impact solutions) ; Propositions intégrées, qui établissent des liens entre le contrôle des indicateurs durant tout le déroulement des projets, et les systèmes de mesure, de reporting et de dialogue, WBCSD Proposal (Social Capital Protocol), OCDE (Social Impact Investment Approach, SII) et même faisant une connexion méthodologique avec un contexte/encadrement institutionnel de référence plus large : la Gouvernance Publique et les territoires où se développent ces projets. Cette Gouvernance des territoires peut aussi inclure des Plateformes de collaboration public-privé. Leçons à tirer de quelques concepts clés Une vision intégrée et élargie de la notion d’impact Dans la recherche d’une vision d’ensemble des projets considérés par les méthodes de mesure des impacts, les travaux de l’OCDE pour développer des Guidelines offrent la classification élargie suivante pour mesurer et classifier les types d’impact des projets : Seulement financier Responsable Durable Impact Impact Positif uniquement 30 novembre 2015 Dans ce contexte intégré et progressif, le cas du Social Impact Investment Approach (SII OCDE) considère la provision financière des organisations avec le but explicite de mesurer la performance sociale (social return) tout autant que la performance financière (financial return). Cette approche est devenue progressivement importante dans le contexte économique actuel, étant donné que les challenges sociaux ont augmenté tandis que les finances publiques sont sous tension et font face à des restrictions. L’OCDE a travaillé récemment avec l’Union Européenne et d’autres institutions au développement de « Guidelines for Impact Investment ».2 Développement Institutionnel et Partenariat Public-Privé Quand les défis et les contributions au développement des territoires prennent plus d’importance, on peut ajouter un nouveau niveau à l’analyse : le degré de développement institutionnel du tissu productif local et son lien avec les différents schémas de gouvernance publique des territoires, les prises en compte des stratégies de développement durable et, parfois aussi le recours à la coopération internationale. C’est aussi dans cette direction que s’orientent les nouveaux schémas de Partenariat PublicPrivé pour faire face aux défis économiques et sociaux, en faisant appel à de nouveaux modèles de partenariat, qui peuvent mettre en place de nouvelles modalités de financement et des solutions innovantes à partir du terrain (deliver and scale innovative solutions from the ground up, OECD Guidelines). Capital Social Le concept clé du capital social apparaît comme un nouvel accord cadre de caractère général, qui peut être adapté aux circonstances particulières des projets et des territoires. Le Protocole pour le Capital Social du WBCSD (Towards a Social Protocol, A call for collaboration, Measuring social impacts) propose en tant que processus cohérent de mesurer les aspects sociaux et les impacts des projets d’investissements des entreprises et leur contribution au Capital Social. Son but est d’informer et d’améliorer le processus de prises de décision et la stratégie. Ceci est considéré comme une donnée fondamentale pour améliorer le dialogue social avec les parties prenantes par le biais de la collaboration, pour contribuer à la sûreté des procédures et renforcer le reporting externe. 2 Le Groupe de travail International Social Impact Investment a publié récemment une série de directives (WGIM, 2014), incluant “impact value chain”(voir schéma 7.1 ci-dessous), OCDE, the SII, Building the Evidence Base, 2015. Voir OCDE, fiche technique. 30 novembre 2015 33 Mobilisation des critères ESG très en amont des projets et des appels d’offre Enfin, dernier concept que l’on peut tirer du point précédent, il est possible et utile de mobiliser les indicateurs ESG dès les premières étapes de conception des projets et dans les processus des Appels d’Offre, en amont de la phase EPC (Engineering, Procurement and Construction), puis tout au long des différentes phases de déroulement des projets. 30 novembre 2015 34 6. Proposition de choix d’un groupe sélectif d’indicateurs référentiels (Grille référentielle et traçable) Sur la base de ces leçons, les propositions suivantes sont développées : 6.1. Critères de base de sélection des indicateurs 35 Le but de cette section est de proposer une Grille Référentielle type des indicateurs, selon plusieurs critères. Cette Grille Référentielle considère l’étude comparative des propositions d’indicateurs des institutions internationales, regroupés selon trois thèmes : Environnementaux Sociaux (communautés, travail, mixité) Gouvernance Cette grille considère ainsi le choix de 10 indicateurs ESG en amont et le choix de 10 indicateurs ESG cohérents en aval. Elle intègre aussi la possibilité de faire le choix de projets spéciaux d’accompagnement social. 6.2. Arguments pour le choix d’un groupe référentiel d’indicateurs Les arguments pour retenir chaque indicateur ESG au sein des trois thèmes précédents reposent sur des critères tels que : Importance dans chaque groupe de sujets ESG Traçabilité dans chaque étape de développement des projets Synergies Importance pour le dialogue social des parties prenantes Il est possible sur cette base de proposer la Grille Référentielle suivante : TISSU PRODUCTIF ET TERRITOIRE les créations d’emplois, le développement économique, la création d’activités industrielles, l’éducation, la formation, le développement de compétences l’aménagement du territoire et tissu productif/développement local (promotion des PME et entrepreneurs sociaux) 30 novembre 2015 ENVIRONNEMENT l’impact environnemental la contribution à l’accès aux énergies renouvelables des communautés concernées IMPACT SOCIAL BOP 36 les projets de développement social au bas de la pyramide et d’innovation sociétale GOUVERNANCE, TISSU INSTITUTIONEL ET CULTUREL Intégration à la gouvernance territoriale ; la contribution/intégration au développement du tissu institutionnel local qui doit servir de base au Dialogue Sociétal (intégration des communautés et parties prenantes sociales ; entreprises, agences des gouvernements locaux, etc.) thèmes de genre et participation/renforcement du pouvoir des femmes (gestion de grands projets et rôle des femmes dans les initiatives communautaires) les systèmes d’information Pondération Dans la logique classique des Appels d’Offres, il est proposé d’introduire une pondération des critères retenus pour la grille référentielle, dans les cahiers des charges exigés des opérateurs candidats. 6.3. Intervenir très amont dans la conception des projets et le déroulement des Appels d’Offre Les différentes étapes des Appels d’Offre La volonté d’introduire les mesures et critères ESG très en amont dans la conception des projets conduit à introduire la discussion sur la contribution attendue des projets d’investissement, sur leur utilité sociétale en fait et pas uniquement l’évaluation de leurs impacts, dès les premières phases des appels d’offres. Les appels d’offres en général considèrent quatre phases : 1. 2. 3. 4. Précontractuelle, de planning De contrat, postulation (bidding) et adjudication de contrat De Contrat de management, après adjudication Post contrat, Close Out, garantie et audit. 30 novembre 2015 Deux phases préliminaires doivent être particulièrement prises en compte pour inclure des indicateurs ESG : la phase FEED (Front End Engineering Design) et la phase EPC (Engineering, Procurement and Construction). FEED -------------------------------ESIA-------------------------------EPC 37 Entre les deux phases FEED et EPC, se déroule l’Etude d’Impact Environnemental et Social (ESIA, Environmental and Social Impact Assessment). Dans la phase FEED (Front End Engineering Design), il est proposé que l’étude du projet et sa présentation intègrent les critères de la grille référentielle et que les autorités organisent un débat public préalable qui intègre les parties prenantes, notamment les bénéficiaires futurs des investissements envisagés, qu’il s’agisse de développement économique et de créations d’emploi, d’accès à la santé, à l’énergie et à tout autre bien commun. Cette responsabilité, qui devrait échoir aux premiers commanditaires des projets d’investissement, relève très souvent des pouvoirs publics. Une telle dynamique est de nature à renforcer considérablement la cohésion du territoire et le capital social qui lui attaché. La façon dont les contractants ont dialogué avec les parties prenantes durant cette phase pourrait être incluse dans le compte rendu de conception du projet. Il est évident qu’un cadre temporel très contraint doit être introduit pour traiter ces éléments avec un cadre juridique précis pour une applicabilité et un traitement en 6 mois. La question du Dialogue Social et d’inclusion des critères de la grille référentielle peuvent ainsi être introduits très en amont de l’EPC, dans le contrat d’ingénierie (voire Directives sur les marchés publics). L’Etude d’Impact Environnemental et Social (ESIA) intègre alors l’évaluation des impacts du projet à cette première évaluation centrée sur l’utilité sociétale du projet. Ces nouvelles modalités permettent de mettre en avant l’utilité sociétale des projets d’investissement pour valider leur intérêt dans une première phase de dialogue sociétal pilotée par les commanditaires initiaux, souvent les collectivités publiques et favorisant l’expression et l’avis des futurs bénéficiaires. Elles évitent que les investisseurs soient pris en otage dans les phases ultérieures de l’appel d’offres sur la réelle opportunité du projet. Enfin, une fois les investisseurs choisis, elles permettent que ces phases ultérieures portent sur les choix de réalisation et de mise en œuvre, sans remettre en cause le bien-fondé du projet. Ainsi, en introduisant le débat sociétal en amont de la désignation des investisseurs, cette procédure permet de réduire les retards et les reports, toujours coûteux une fois que les investisseurs ont engagé des fonds. Comme le montrent les deux schémas qui suivent, ces reports constituent une perte importante de valeur ajoutée. 30 novembre 2015 38 Implementation curve BIG PROJECTS • VALUE LINE CRITICAL ISSUES/RESCHEDULING BSP Potential loss value VALUE AT RISK TIME GAPS TIME LINE 30 novembre 2015 7. Recommandations générales et proposition d’un nouvel outil : indicateurs de référence pour mesurer la contribution des grands projets au développement des territoires et plateformes pour le Dialogue Social Tripartite couvrant les différents stades des projets d’investissement et des appels d’offres. 39 7.1. Pourquoi un nouvel outil qui met en rapport les indicateurs d’impact des Grands Projets et le Dialogue Social Tripartite ? L’étude des meilleures pratiques et inventaires des propositions des organismes internationaux montre une tendance évolutive, qui reflète des faits et raisons diverses : Une prise en compte de l’importance stratégique des grands investissements pour le développement global des territoires où ils se déroulent ; Le seul recours à des standards d’ingénierie, environnementaux et d’encadrement réglementaire n’est parfois pas suffisant pour garantir le développement des projets dans les délais inscrits dans leur feuille de route, suite à des mobilisations politiques et sociales, voire aussi au risque de procédures judiciaires, qui occasionnent des retards et des reports ; Ces retards et conflits se traduisent par des pertes significatives de valeur économique et sociale dans le temps ; Dans ce contexte, une nouvelle vision de la gouvernance des territoires, des conditions de développement des projets et de leur acceptabilité sociétale devient nécessaire, reliant le Dialogue Social aux aspects d’Impact Social et Environnemental des projets. Ces formes de gouvernance, flexibles, originelles et adaptables aux cas particuliers, s’inspirent d’une vision plus intégrée de la gestion de la valeur économique et sociale des projets (ingénierie social des projets). Cette vision considère les catégories suivantes du modèle de gestion des impacts et des indicateurs : Utilité des projets et cartographie intégrale des impacts Proposition d’indicateurs spécifiés sur modèle de référence (10 indicateurs, par groupe de thèmes) Mécanismes de Dialogue Social et Reporting d’Impact Social, tout au long des quatre grandes étapes des projets d’investissements Collaboration et adaptation des Mécanismes de Dialogue Social avec les critères de Gouvernance Publique des Territoires (Plateformes publicprivé). 30 novembre 2015 7.2. Propositions de modalités de Dialogue Social selon les différentes étapes de déroulement d’un projet Les propositions suivantes s’inspirent de ces valeurs et de cette vision conceptuelle élargie du modèle de gestion positive des impacts des projets : Pour un Dialogue Social Tripartite ciblé sur les indicateurs ESG en amont et aval, et selon le modèle de la Grille Référentielle, qui considère les différentes étapes de développement d’un projet : Etape initiale (précontractuel et planning) de formulation, décision de prospection et pré-évaluation du projet : audit social préalable du territoire, de ces conditions environnementales et sociales, de l’intérêt économique, social et environnemental des investissements. Proposition d’une démarche d’identification des acteurs sociaux et de recours à la gouvernance territoriale pour discuter et définir une grille préliminaire d’indicateurs, avec un cadre juridique et temporel restreint. Etape de mise en œuvre des études de pré-investissement et de contractualisation, ingénierie de base et détaillée, avec EIA (Environmental Impact Assessment) et SIA (Social Impact Assessment). Proposition d’un dialogue sociétal permettant d’identifier les objectifs de développement pour le territoire et ses impacts sociaux et environnementaux ; mise en place d’une grille d’indicateurs consensuelle dans le contexte de la gouvernance du territoire et du développement d’une plateforme de dialogue. Etape d’exécution du contrat et du projet d’investissement, une fois approuvés les études d’ingénierie, le EIA réglementaire et la décision d’investissement. Proposition de suivi des objectifs définis et de la conduite du projet dans le cadre de la plateforme de dialogue sociétal et de la grille d’indicateurs adoptés. Etape opérationnelle et post contrat : mise en place d’un mécanisme de consultation sociale, voire tripartite, qui assure le suivi, notamment des projets additionnels d’impact positif proposée par les entreprises3. 7.3. Propositions de Modalités et Plateformes de Dialogue Social pour l’Acceptabilité Sociétale des Grands Projets. 3 Certaines classifications des Etudes d’Impact Environnemental et Social considèrent les suivantes catégories et étapes : 1) Etudes de Base ; 2) Etudes d’Impact Environnemental et Social (ESIA) ; 3) Plans de Management Environnemental et Social ; et, 4) Conseil de Deuxième avis et Evaluation par les pairs. 30 novembre 2015 40 Ces propositions sont de nature à renforcer le capital social des territoires concernés et la valeur ajoutée apportée par les projets d’investissement : Par un dialogue sociétal responsable et positif, qui prend en compte l’utilité sociale des projets d’investissement Par un dialogue sociétal anticipateur, permettant de prévenir les conflits avec les parties prenantes Par un dialogue sociétal s’inscrivant dans le Protocole de Capital Social du WBCSD (Social Capital Protocol) Par un dialogue sociétal sur la gestion du développement social et environnemental des territoires, fondé sur des outils d’ingénierie sociale pour mesurer la valeur sociale et la performance durable : Plateformes tripartites Suivi des grilles ESG de reporting des projets Plateformes avec des comités sectoriels par secteur économique (mines, énergies, infrastructures) Plateformes liées aux critères de Gouvernance Territoriales et Multilatérales 7.3. Grille Référentielle, Traçabilité et Modalités de Reporting Sur la base de l’application et de l’adaptation de la Grille Référentielle, il est recommandé de prêter attention à la Traçabilité et au Reporting des Instances ou mécanismes de Dialogue Social et des Indicateurs (RDS, Social Dialogue Indicators Reporting) tout au long de la chaîne du développement des projets (en amont et en aval), c’est-à-dire feuille de route du dialogue social et du Reporting à chaque étape : Grille Etape initiale du projet (audit social préalable du territoire) Grille Etape fin des études de préinvestissement du projet et de présentation des études impact (ESG) Grille Etape d’investissement Grille Etape opérationnelle et post-évaluation 30 novembre 2015 41