5° dimanche du Carême - Paroisse Saint

Transcription

5° dimanche du Carême - Paroisse Saint
Homélie du 5ème dimanche du Carême A
10 avril 2011
Dimanche passé, l'évangile de l'aveugle-né nous présentait Jésus comme lumière
pour tout homme. Aujourd'hui, l'évangile de la résurrection de Lazare est construit
par St Jean de la même façon que celui de l'aveugle-né pour faire ressortir que Jésus
est la vie et la résurrection.
Comme pour l'aveugle-né, cet évangile n'est pas un reportage. C'est de nouveau un
récit théologique dans lequel l'auteur inspiré nous livre le fruit de sa contemplation
du mystère de la personne de Jésus.
Il est d'ailleurs très significatif que ces deux thèmes – la lumière et la vie – se
trouvent déjà annoncés au début de l'évangile de St Jean lorsqu'il dit : »Au
commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu. . . De tout être il était la vie
et la vie était la lumière des hommes ».
De plus, comme pour l'aveugle-né, il faut aussi souligner l'extrême discrétion avec
laquelle l'évangéliste parle de l'aspect « miraculeux » du retour à la vie de Lazare.
C'est bien sûr à dessein que St Jean néglige cet aspect. Il n'y consacre qu'un verset.
Et puis, quelle finale étonnante ! Si vraiment Lazare est revenu de la mort, on
s'attendrait à ce que sa sortie du tombeau soit amplifiée et exaltée, à ce que lui et ses
soeurs se précipitent dans les bras, qu'ils remercient Jésus et qu'on entende Lazare
raconter ce qu'il a vu dans son expérience de la mort. . . Or, rien de tout cela. Lazare
ne dit pas un mot et disparaît à l'arrière-plan, tandis que les projecteurs se
concentrent sur Jésus. C'est clair, ce qui importe pour St Jean, ce n'est pas
l'évènement en soi mais bien sa signification c à d Jésus est la vie. Ainsi donc, le
miracle n'est pas une preuve qui nous obligerait à croire. Cela se voit e. a. à la fin du
chap 11 (46 -53) :
• on y lit que certains ne croient pas et décident même de mettre Jésus à mort
• ce qui prouve que le miracle est seulement significatif pour ceux qui croient en
lui.
Cette remarque par rapport au « miracle » est confirmée par le fait que St Jean met
dans la bouche de Marthe la foi d'après Pâques, de sorte que le personnage principal
n'est pas Lazare mais bien Jésus ressuscité.
Ainsi, le retour à la vie de Lazare n'est qu'une faible image, un signe qui renvoie à la
résurrection de Jésus et à notre propre résurrection.
Mais il y a plus. Ce pouvoir vivifiant du Christ ne concerne pas seulement l'au -delà .
Le Christ est résurrection et vie, aussi dans l'aujourd'hui. Retournons un instant au
récit qui nous apprend de quelle foi il nous faut vivre, nous aussi.
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Il y a les deux soeurs de Lazare que l'approche de Jésus fait sortir de chez elles. « Si
tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Au dép art, elles gardent pour Jésus
une amitié ou une foi pour le moins intéresseé. Puis, Marthe reprend : «Je sais q u'il
ressuscitera au dernier jour ». Marth e connaît son catéchisme, elle a au moins la Foi
officielle de l'Eglise. Et finalement, elle finira par exprimer son adhésion personnelle
: «Tu es le Messie, tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ».
Ainsi, à travers un dialogue schématisé entre Marthe et Jésus, Jean nous invite à
passer, nous aussi, d'une foi intéressée qui reproche à Dieu de ne pas être là quand
on en a besoin – une foi finalement assez païenne – à une foi plus chrétienne, la foiconfiance. Il suffit de croire , de se livrer à Celui qui peut nous faire vivre, même si
nous sommes malades, même si nous sommes morts. Je m'explique.
J'ai été souvent frappé par la sérénité que manifestent certaines personnes
gravement malades. Il est émouvant de donner le sacrement des malades à un couple
qui se prépare à la séparation . Leur foi, à ce moment-là, n'est pas un questionnement,
mais une confiance en Celui qui les fait vivre jusque dans la maladie et dans leurs
souffrances.
Mais j'ai vu malheureusement des gens mourir, le coeur dévoré d'avarice, rongés de
rancoeur, enfermés dans leur égoïsme. On peut être dans un tombeau, sans être
physiquement mort.
Ne sentons-nous pas la mort, lorsque nous n'avons de la vie que des souvenirs,
lorsque nous ressassons nos regrets et nos échecs ? Ne sentons-nous pas la mort,
lorsque nous vivons uniquement pour nous enrichir ?
Eh bien, bien que nous soyons morts dans beaucoup de domaines, Quelqu'un va nous
dire, en cette fête de Pâque : «Lazare, viens dehors ! » Viens dehors pour une autre
qualité de vie. Comme Marthe et Marie sont sorties de leur maison, comme Lazare
est sorti de son tombeau, sortons, nous aussi, pour rencontrer Celui qui nous appelle
à vivre, jour après jour, dans la confiance, comme des ressuscités.
Ainsi, la résurrection de Lazare est surtout un signe que Jésus nous donne pour nous
renvoyer à notre vie de tous les jours qu'il peut transfigurer si nous acceptons de
mourir à nos prétentions et nos vues égoïstes. Et cette vie-là nous accompagnera audelà de la mort.
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Aujourd'hui, en ce 5ème dimanche du Carême, nous cueillons les fruits de notre longue
marche du Carême. Comme tout sacrement de baptême se termine par la prière du
« Notre Père », ainsi notre 5 ème démarche baptismale consistera à redire tout à
l'heure, avec la même confiance que celle de Jésus : Notre Père.
La Résurrection de Lazare de Colins d’Amiens, 1450
Musée du Louvre