Histoire Témoignage de familles de poilus

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Histoire Témoignage de familles de poilus
Extrait du Dauphiné Libéré du 11 mai
Histoire Témoignage de familles de poilus
Antoine Desormeau-Bedot : Une vie brisée !
Parmi les souvenirs qu’Alain Morel a conservés de son aïeul, le portrait
d’Antoine Desormeau-Bedot. Et une citation du chef de bataillon du 28 e
chasseur alpin : “Au chasseur brave et courageux (qui) a toujours fait
l’admiration de ses camarades par son mépris du danger. Aux combats
du 2 au 16 septembre 1918, s’est particulièrement distingué en mettant
sa pièce en batterie sous les feux violents des mitrailleuses ennemies
S’il aime évoquer son souvenir, c’est avant tout pour honorer sa
mémoire et celle de « tant de vies brisées ! ». Alain Morel n’a
pas connu son grand-père maternel Antoine Desormeau-Bedot.
Il s’est éteint douze ans avant sa naissance. « Trop jeune ! »
disait sa grand-mère encore sous le coup du chagrin et de la
colère.
Lorsqu’Antoine vient au monde en 1887 sur le coteau de La
Côte-Saint-André, la France, encore marquée par la défaite de
la guerre éclair de 1870, ne se doute pas que la génération
naissante est vouée à vivre un destin tragique.
C’est au sein d’une famille de paysans, comme il y en a tant,
qu’il passe les premières années de sa vie. Jusqu’à l’appel
sous les drapeaux.Le cauchemar du Chemin des Dames
À 20 ans, il rejoint le bataillon de chasseurs alpins à Annecy pour deux ans de service militaire. Il
rencontrera alors Franceline Gruffaz, qui deviendra son épouse.
Mais bien plus tard. Car, revenu à la ferme familiale, Antoine, jeune et sans charge de famille, fait
partie des premiers contingents d’appelés. Ceux qui, pour les plus « chanceux », combattront
pendant toute la durée de la guerre.
Dès lors, son quotidien relève du cauchemar : la peur, la souffrance et la mort. Les tranchées du
Chemin des Dames, la blessure par éclat d’obus, le répit de la convalescence. Et le retour en
première ligne. « Il s’en est tiré une fois de plus. Le pauvre garçon ! » confie dans une lettre l’un de
ses beaux-frères.
« Dans la famille, on ne parlait pas de cette période »
À Genève où elle est « placée dans la famille d’un docteur », Franceline attend son promis. Le
conflit terminé, Antoine l’épouse. Ils s’installent dans la ferme familiale.
Deux ans plus tard naît Odette, leur seule enfant. La vie reprend, difficile. Jusqu’en 1937, lorsque
survient la maladie cardiaque inguérissable qui emporte Antoine une année plus tard. Au moment
où apparaissent les prémisses d’un autre conflit qui fera à nouveau basculer la France et ses
voisins dans l’horreur.
De son existence, Alain ne connaît que peu de chose. « Dans la famille on ne parlait pas de cette
période ». Trop douloureux. De lui, il possède quelques souvenirs : des photos, un portrait, une
médaille, une citation… Des témoignages auxquels il demeure très attaché comme autant de
symboles de toute une génération sacrifiée.
Antoine Desormeau-Bedot et Franceline Gruffaz se sont rencontrés alors que le jeune soldat faisait son service
militaire à Annecy. Ils se sont mariés bien plus tard, à son retour de la guerre.

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