Le défi de l`adolescence : changements hormonaux et sensibilité à l
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Le défi de l`adolescence : changements hormonaux et sensibilité à l
28 Soins et défis Le défi de l’adolescence : changements hormonaux et sensibilité à l’insuline Hala Tfayli et Silva Arslanian La puberté est une période de changements Les conclusions de l’étude DCCT reflètent les difficultés liées au physiques, psychologiques et sociaux rapides maintien d’un bon contrôle glycémique pendant l’adolescence. Tant et radicaux pendant laquelle, en termes physiologiques, un enfant devient un adulte capable de se reproduire. L’adolescence se réfère aussi bien aux caractéristiques de développement psychosocial de la puberté qu’aux changements physiques. Les adolescents atteints de diabète, qui doivent suivre un traitement médical complexe basé dans le groupe soumis au traitement intensif que dans le groupe soumis au traitement conventionnel, les adolescents affichaient des taux moyens de glycémie à long terme (HbA1c) de 1 % supérieurs à ceux des adultes, malgré des approches thérapeutiques similaires et des doses d’insuline plus élevées.1 Cette dégradation du contrôle métabolique s’explique à la fois par des changements physiologiques et comportementaux. Insensibilité physiologique à l’insuline Des études ont montré que les taux d’insuline étaient plus élevés pendant la puberté ou pendant la prépuberté.2 Cette insensibilité sur des soins autonomes tout au long de à l’insuline pendant la puberté n’a été démontrée qu’à travers des cette période de changement, se trouvent expériences qui ont mesuré la sensibilité à l’insuline in vivo.3,4 confrontés à une série de défis spécifiques importants. Dans cet article, Hala Tfayli et Silva Arslanian se penchent sur les changements hormonaux, métaboliques et comportementaux qui influencent les soins du diabète pendant la puberté et détaillent les stratégies susceptibles d’aider les jeunes à atteindre un bon contrôle Un ralentissement de l’absorption du glucose stimulée par l’insuline chez des adolescents sains par rapport à des enfants prépubères a été démontré pour la première fois dans les années 80. Bien que cet effet soit amplifié chez les enfants atteints de diabète de type 1,3 chez les enfants non atteints de la condition, dont les cellules bêta du pancréas fonctionnent normalement, l’insensibilité à l’insuline liée à la puberté est compensée par une hausse de la sécrétion d’insuline.4 glycémique et à protéger ainsi leur santé et Les professionnels de la santé doivent être conscients de cette leur bien-être à l’âge adulte. évolution de l’insensibilité à l’insuline pendant la puberté et aug- Mai 2007 | Volume 52 | Numéro spécial Soins et défis menter en conséquence les doses d’insuline de façon à prévenir La question de l’importance de ces changements physiologiques toute détérioration du contrôle glycémique. Récemment, une reste en suspens. La détérioration du contrôle du diabète chez vaste étude transversale sur des enfants non atteints de diabète les adolescents était simplement attribuée aux facteurs compor- a révélé que l’insensibilité à l’insuline était la plus faible dans la tementaux et psychosociaux caractéristiques de l’adolescence. tranche d’âge des 12-14 ans (stade de puberté 3 selon Tanner), Toutefois, il apparaît désormais que pendant la puberté, l’action indifféremment du sexe et de l’origine ethnique, et revenait à des de l’insuline diminue de 30 % à 50 %, un facteur important qui taux proches de la période prépubère chez les jeunes de plus de peut contribuer au mauvais contrôle glycémique. 16 ans (Tanner 5). 5 Les prestataires de soins qui travaillent avec des enfants atteints La cause de l’insensibilité à l’insuline pendant la puberté fait de diabète de type 1 doivent donc savoir que les besoins en l’objet d’études. Les changements hormonaux majeurs associés insuline augmentent de 30 % à 50 % pendant la puberté et que, au déclenchement de la puberté incluent un dédoublement de la à moins que cela soit pris en compte, le contrôle glycémique sécrétion d’hormone de croissance et une augmentation des sté- de l’enfant et ses taux d’HbA1c se détérioreront. Dans notre roïdes sexuels entraînant le développement de caractères sexuels clinique du diabète, la dose quotidienne moyenne d’insuline secondaires, une forte augmentation de la taille et une modification chez les enfants prépubères oscille entre 0,8 et 1 unité/kg/ de la composition corporelle. Ainsi, tant l’hormone de croissance jour, tandis que chez les adolescents elle peut aller de 1,2 à que les stéroïdes sexuels sont potentiellement responsables du 1,4 unité/kg/jour. Le groupe d’étude Hvidore sur le diabète chez développement de l’insensibilité à l’insuline pendant la puberté. l’enfant, qui rassemble 18 pays d’Europe, d’Amérique du nord et du Japon, a observé une forte augmentation des besoins en Toutefois, alors que l’insensibilité à l’insuline pendant la puberté insuline pendant la puberté, en particulier chez les filles atteintes est transitoire, à l’âge adulte, les taux de stéroïdes sexuels restent de diabète de type 1.8 élevés et l’insensibilité à l’insuline diminue. D’autre part, la sécrétion d’hormone de croissance s’accélère pendant la puberté. Une Changements comportementaux et psychosociaux fois l’accélération de la croissance liée à la puberté terminée, En plus des changements hormonaux et métaboliques caractéristi- les taux d’hormone de croissance diminuent. De plus, l’hormone ques de la puberté, l’adolescence est associée à des changements de croissance a été identifiée comme un facteur important de la comportementaux rapides qui peuvent influencer le contrôle réduction de la sensibilité à l’insuline, à travers plusieurs effets du diabète. Le comportement de l’adolescent se caractérise partagés entre l’insuline et l’hormone de croissance. généralement par une remise en cause de toute autorité, la recherche de l’autonomie, la révolte, la recherche du plaisir, le Nous savons désormais qu’il existe des interactions négatives besoin d’intimité et une plus grande sensibilisation à l’image de entre le métabolisme du glucose stimulé par l’insuline et l’hormone soi et à la pression des autres ainsi que l’émergence de troubles 3,5,6 de croissance et/ou les taux du facteur de croissance IGF-1. de l’alimentation chez certaines adolescentes.9 Ce processus En outre, une corrélation entre le rythme de la croissance et une influence et est influencé par la présence d’une condition chro- augmentation de l’insuline à jeun a été observée chez des ado- nique comme le diabète. lescents pubères non atteints de diabète. Nos études montrent que les caractéristiques métaboliques de l’insensibilité à l’insuline D’après les observations, les adolescents atteints d’une condition pendant la puberté sont une diminution de l’oxydation du glucose chronique sont généralement plus exposés au risque de dépression, et une augmentation de l’oxydation des acides gras libres, connue d’anxiété et de troubles de l’estime de soi. Plusieurs études ont sous le nom de cycle de Randle.6,7 Par conséquent, la plus grande révélé que les adolescents atteints de diabète de type 1 souffraient sécrétion d’hormone de croissance pendant la puberté accélère d’anxiété et de dépression.10 La prévalence de la dépression chez la décomposition des graisses dans les adipocytes (lipolyse) et les jeunes atteints de diabète serait deux à trois plus élevée. La entraîne une augmentation du flux d’acides gras libres. Ceux- combinaison de la dépression et du diabète, en particulier chez ci entrent en concurrence avec le glucose pour l’oxydation du les adolescents, a de graves conséquences, y compris des taux de glucose, entraînant une baisse de l’absorption du glucose et une suicide ou de tendances suicidaires élevés qui rendent la gestion insensibilité à l’insuline. du diabète et les soins autonomes extrêmement difficiles. Mai 2007 | Volume 52 | Numéro spécial 29 30 Soins et défis Le style de vie, l’alimentation et les habitudes en terme d’activité de la sensibilité à l’insuline nécessite une adaptation appropriée physique tendent également à changer pendant la puberté. L’étude des doses d’insuline afin de prévenir la détérioration du contrôle HABITS sur la santé et les comportements des adolescents, réalisée glycémique. Les changements psychosociaux doivent être sur- dans les écoles du Royaume-Uni, a examiné le lien entre la puberté, veillés afin d’identifier tout symptôme dépressif ou problème le tabagisme, l’alimentation et l’exercice physique. Tant chez les comportemental et de proposer une prise en charge appropriée garçons que chez les filles, le fait d’être à un stade de la puberté plus et d’orienter l’adolescent vers les spécialistes adéquats. avancé était associé à une plus grande probabilité de tabagisme. Chez les garçons, la puberté était associée à une alimentation moins saine, mais à une activité physique plus intense ; chez les filles, aucun lien clair n’a pu être établi. De telles observations constituent des obstacles importants à un contrôle glycémique adéquat. Réagir aux changements liés à la puberté Depuis la publication des résultats de l’étude DCCT en 1993, il est clairement établi qu’un bon contrôle glycémique retarde le déclenchement et ralentit la progression de la rétinopathie, de la Hala Tfayli et Silva Arslanian Hala Tfayli est membre de la division Pediatric Endocrinology, Metabolism and Diabetes Mellitus du Children’s Hospital of Pittsburgh, University of Pittsburgh School of Medicine, Etats-Unis. Silva Arslanian dirige la division Weight Management and Wellness et est professeur dans la division Pediatric Endocrinology, Metabolism and Diabetes Mellitus du Children’s Hospital of Pittsburgh, University of Pittsburgh School of Medicine, Etats-Unis. Références 1 D iabetes Control and Complications Trial Research Group. Effect of intensive diabetes treatment on the development and progression of longterm complications in adolescents with insulin-dependent diabetes mellitus: Diabetes Control and Complications Trial. 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Les enfants en pleine puberté ont des besoins quotidiens en insuline plus importants. Les résultats du diabète sont liés au degré de suivi des traitements médicaux, au contrôle glycémique et aux habitudes alimentaires. Il peut s’avérer bénéfique d’impliquer les adolescents dans le choix de la thérapie insulinique qui s’adapte le mieux à leur quotidien, à leur alimentation et à leurs habitudes en termes d’activité physique et de sommeil. Un transfert progressif de la responsabilité de la gestion des parents vers l’enfant est important. Le soutien constant des parents est associé à des résultats optimaux. Les parents peuvent également contribuer à prévenir les symptômes de la dépression à travers leur soutien et leur guidance et en adoptant des stratégies positives pour faire face aux difficultés. Il est fortement recommandé d’évaluer et d’intervenir régulièrement pour traiter la dépression chez les adolescents atteints de diabète ; le dépistage de l’anxiété et des troubles de l’alimentation est parfois nécessaire. Conclusions En résumé, l’adolescence se caractérisent par d’importants changements hormonaux, métaboliques et psychologiques qui ont un impact sur la gestion du diabète de type 1. Il est impératif que l’équipe soignante soit consciente de ces changements. La baisse Mai 2007 | Volume 52 | Numéro spécial 10 D antzer C, Swendsen J, Maurice-Tison S, Salamon R. Anxiety and depression in Juvenile diabetes: A critical review. Clin Psychol Rev 2003; 23: 787-800.