La Vigie – Dossier de presse
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La Vigie – Dossier de presse
DOSSIER DE PRESSE LA VIGIE Éditions Tétras Lyre 36 rue En-glain – 4000 Liège [email protected] www.editiontetraslyre.be SOMMAIRE Présentation 2 Extrait 3 Thomas Vandormael 4 Entrevue L’équipe du Tétras Lyre 4-6 7 1 PRÉSENTATION Dans La Vigie, son premier recueil, Thomas Vandormael nous relate le destin croisé de ces femmes égarées sur le rivage, dans l’attente indéfinie du retour de leurs marins partis en mer, et le quotidien que ceux-là y rencontrent, si éloigné des fantasmes aventureux qu’ils nourrissaient d’abord et des conquêtes promises. Le lyrisme et la sensibilité de l’auteur font mouche et renouvellent aussi bien, à travers cette série de poèmes en prose, la longue tradition des poèmes marins pour en illustrer l’envers oublié qu’incarnent celles qui, pour abandonnées qu’elles soient, ne cessent pas néanmoins d’éclairer l’horizon de ces hommes qui courent à leur perte. 60 pages / 14 x 20,5 cm Munken polar 120 g. Couverture : Tintoretto neve 300 g. ISBN 978-2-930685-18-2 14 € 2 EXTRAIT La neige sur cette eau tombe comme ils mourront tous et se fond dans les sols mélangés de nos propres origines. À chaque grand naufrage se forment des courants froids qui endurcissent les jambes des vigies qui crurent apercevoir une voile blanche pour leur paix et leur âme. Elle frotte sa peau jusqu’au genou dans la mer et son rêve, dans ce blanc qui sur lui-même s’entortille et le vacarme d’une seule note perpétrée par ce vent noble qui creuse les rides et assèche les yeux bientôt rances de s’être évanouis dans l’eau comme le mât qu’ils recherchent presque par habitude sans plus rien demander. Vent noble qui n’existe qu’à la côte où il fait pénétrer dans le corps des femmes veuves le sel humide qui dès le premier jour leur collait à la peau. 3 THOMAS VANDORMAEL ENTREVUE Thomas Vandormael n’est pas marin au long cours, Il s’égare néanmoins actuellement dans les tréfonds de la recherche en littérature, menant un doctorat sur le roman contemporain à l’Université de Liège. > Bonjour Thomas. Tu viens tout juste de publier auprès des éditions Tétras Lyre un recueil de poèmes en prose intitulé La Vigie. Pourrais-tu nous toucher un mot de ce titre et de ce qu’il représente pour toi vis-à-vis du texte ? La Vigie, tout juste parue dans la collection « Lyre sans bornes » des éditions Tétras Lyre, est son premier recueil publié. La vigie est ce poste d’observation esseulé et haut perché sur un navire d’autrefois. Et encore. Elle est l’endroit depuis lequel les matelots découvrent la terre, observent l’horizon, apprennent sans doute une autre forme de patience qu’ils ignoraient jusqu’alors. Elle est à la fois chargée d’espoir et de mélancolie. Par extension, ou par effet de miroir via le prisme du féminin, la vigie serait tout autant cette dame elle aussi esseulée qui attend au bord de l’eau son mari, son fils, son frère qui a pris le large et dont elle scrute, au loin ou de près, le retour. Avec le même espoir et la même angoisse que le marin en quête d’une terre bienveillante. Avec l’absence qui s’épuise dans la présence de l’Océan. Tous deux cherchent une suite à leur vie qui passe forcément par une forme de retour. > Même s’il s’agit de ton premier recueil, les lecteurs ont déjà pu te découvrir par le passé dans la revue aujourd’hui disparue du Fram. Quel a été ton parcours littéraire depuis lors ? Dans quelle optique as-tu travaillé et ton écriture et ta poésie entre ces premiers poèmes et ceux-là que l’on peut lire aujourd’hui ? 4 Mes premiers textes publiés au Fram datent de 2010 mais ne comprennent aucun des poèmes qui composent La Vigie. Je m’y suis attelé dès l’année suivante, en 2011 donc ! Le premier texte du recueil trouve son origine dans cette période, même s’il a subi des modifications conséquentes depuis lors. La majorité des poèmes s’annonçaient très courts au départ. Comme de simples touches, des motifs bien délimités qui se répondaient en échos autour de la solitude féminine. J’ai eu l’occasion de diffuser quelques-uns de ces textes lors de diverses invitations à des lectures publiques. L’épreuve de l’oralité est exigeante. Elle m’a permis de faire des choix et d’offrir une cohérence à des textes au départ très disparates et différents. Ce fut également le rôle de l’éditeur, qui a très judicieusement insisté pour cette cohésion nécessaire, elle-même productrice de poétique. C’est vers ce moment-là que j’ai réellement approfondi le rapport à la parole dans les textes. Voire la prise de parole. > Le thème marin a été copieusement investi par la littérature. L’originalité toutefois du recueil est d’en présenter le revers grâce au dialogue, aux échos qui se jouent entre ceux qui sont partis et celles qui ne peuvent apparemment que rester. Pourquoi était-il important pour toi, nécessaire peut-être, de dédoubler ainsi la perspective et avec elle chacun des protagonistes ? L’idée de La Vigie a peu à peu germé à la suite de ma lecture de L’enfant de la haute mer, de Jules Supervielle. L’errance en mer est un motif extrêmement romanesque pour moi. Mais… de même que l’absence. Paradoxalement, ce n’est pas tant le départ qui m’intéressait, mais bien l’attente qu’il suscite, puis induit jusqu’à faire vivre. Je ne pouvais dès lors pas l’envisager de manière typiquement romanesque. La poésie permet de mieux aborder le silence, l’absence, un rapport aux mots qui imposait une nécessaire réappropriation. Elle me permettait d’établir des effets des correspondances entre ces marins et ces femmes qui sont de l’ordre du poétique. Les mots qui les caractérisent se répondent et se répètent, comme le lapement régulier des vagues sur la terre, qui repartent vers la mer et peut-être - qui sait ? - vont jusqu’au navire. Les mots lancés en hissant les voiles abimées par le voyage un jour de grand vent seront peut-être menés par celui-ci jusque sur les rivages. Les choses devaient se répondre et en même temps se taire. C’est là le propre du poème. > Ton travail d’écriture prend clairement le parti pris poétique du subjectif et du lyrique. Ce qui fait obstacle à ces marins est en effet moins la mer elle-même au-devant d’eux que tout ce qu’ils ont laissé en retrait et sur quoi ils ne cessent pourtant d’achopper. Est-ce à dire que la mer n’intervient dans ton texte qu’en tant que décor pour un drame qui lui serait fondamentalement étranger, un alibi peut-être, dans le meilleur des cas ? C’est l’une de ces correspondances dont je viens de parler : il y a la mer et la mère. Celle que le marin laisse et celle pour quoi il s’en va. La mer est notre mère originelle. Au sein du texte, elle n’est pas un décor et donc un prétexte, elle est aussi une forme de 5 condition. Elle suscite le départ, donc aussi le retour. En tous cas l’idée du retour. Le retour de toute façon impossible, car il y a eu cet écart entre lui et le départ, quoi qu’il advienne. Le « re-tour ». Non, on ne tournera pas, simplement, une nouvelle fois. Une nouvelle « foi » peut-être… batailles navales, chasses au trésor, tavernes, ports et amarres larguées. > La couverture du recueil a été illustrée par Thomas Corbisier. Un choix de ta part je pense. Pourrais-tu nous parler quelque peu de son travail, des résonnances que tu as sans doute pu y trouver avec ton propre texte pour vouloir ainsi l’inclure dans le projet ? Dans son travail plastique, Thomas a développé toute une réflexion sur l’impermanence des choses. Celle-ci l’a mené vers un rapport à la matière qui toujours se transforme. Et cette transformation devient le cœur même de l’œuvre. Si la matière meurt, elle est réinvestie d’une manière ou d’une autre dans ce qui tourne, ce qui vit. Matière, manière. Toujours, il s’agit d’une transition. Le présent le plus vrai et celui pressenti dans le fait qu’on ne l’atteint jamais. Il nous échappe. Au cours de cette phrase, il est déjà en train de se transformer. Modulable et insaisissable, le langage subit le même sort/possède les mêmes vertus. En particulier celui du poète, et celui des marins, de l’attente, des promesses et de la prière, une fois tout cela réinvesti dans le texte. La matière de Thomas, jamais (dé)finie, même une fois œuvre, donne à la fois corps et impossibilité de corps à ces mots tant étouffés que dispensés par sables, vents, marées, 6 L’ÉQUIPE DU TÉTRAS LYRE Après un détour de quelques années à Bruxelles, sous la direction de Maxime Coton, les éditions Tétras Lyre sont de retour au pays de Liège qui les a vus naître, sous l’impulsion de Marc Imberechts, son fondateur historique. C’est aujourd’hui un petit groupe de bénévoles qui fait vivre cette maison d’édition : Primaëlle Vertenoeil, animatrice de l’équipe éditoriale, et Quentin Latour, assistant d’édition. . Pour tout renseignement, nous contacter à l’adresse suivante : [email protected] Nos ouvrages peuvent être commandés par PayPal via notre catalogue en ligne : www.editionstetraslyre.be Les livres du Tétras Lyre sont également distribués : en Belgique par Esperluète 9, rue de Noville 5310 Noville-sur-Mehaigne en France par la Librairie Wallonie-Bruxelles 46, rue Quicampoix 75 004 Paris. Contacts Éditions Tétras Lyre 36 rue En-glain 4000 Liège www.editiontetraslyre.be 7