Endométriose pelvienne tumorale sous
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Endométriose pelvienne tumorale sous-péritonéale O. Camagna et P. Madelenat La prévalence de l’endométriose pelvienne tumorale sous péritonéale (EPTSP) est de 10 %. La localisation la plus fréquente intéresse la cloison recto-vaginale. La symptomatologie douloureuse n’est pas constante. Sa prévalence et son intensité sont probablement liées à la profondeur de l’infiltration de l’espace sous-péritonéal. L’examen clinique doit être réalisé de préférence pendant les règles et permet d’évoquer habituellement le diagnostic. La spécificité de l’IRM est excellente pour les localisations sur la cloison recto-vaginale et les utérosacrés. Elle est moins bonne en cas d’infiltration rectale et non encore validée pour les localisations urinaires. L’échoendosonographie anorectale a une excellente spécificité en cas d’atteinte digestive. Le traitement habituellement chirurgical et multidisciplinaire est guidé par le bilan paraclinique. INTRODUCTION EXAMEN CLINIQUE Interrogatoire L’endométriose externe est définie par la présence de tissu endométrial en dehors de la cavité utérine et du myomètre. Ce diagnostic nécessite la présence ectopique conjointe d’un épithélium endométrial et d’un chorion cytogène à l’examen histologique. Sa prévalence est estimée à 10 % (4 à 20 %) chez les patientes en âge de procréer (1-5), à 20 % (2,1 à 78 %) en cas d’infertilité (4) et à 25 % (4 à 82 %) en cas d’algies pelviennes (1, 4, 6). L’endométriose sous-péritonéale peut être à l’origine de lésions tumorales pelvipérinéales : elle est définie par l’infiltration de l’espace sous-péritonéal sur plus de 5 mm en profondeur par du tissu endométrial (7-9). Sa prévalence, étudiée par Koninckx sur une série de 1 252 cœlioscopies réalisées pour douleurs pelviennes associées ou non à une infertilité serait de 16,8 % en présence de douleurs, de 5,8 % en cas d’infertilité et de 26,3 % en cas d’association des deux (10). La plus fréquente des localisations sous-péritonéales serait la cloison recto-vaginale (8, 9, 11), mais il n’existe pas de consensus sur ce point (12). Le maître symptôme de l’endométriose sous-péritonéale est la douleur dont l’intensité et la prévalence pourraient dépendre de la profondeur d’infiltration (8, 9). La symptomatologie de l’endométriose de la cloison recto-vaginale associe des douleurs « gynécologiques » (dysménorrhée, dyspareunie profonde, douleurs pelviennes chroniques) et un syndrome rectal (douleurs à irradiation anale, rectorragie, dyschésie, épreintes cataméniales). En cas d’infiltration isolée des ligaments utérosacrés, la dyspareunie perturbant la vie sexuelle est au premier plan, associée à une dysménorrhée importante et des douleurs pelviennes chroniques (13, 14). En cas de dyspareunie profonde, on peut trouver une infiltration isolée du vagin (15). Les atteintes urétérales sont paucisymptomatiques et seulement 15 % des patientes présentent des lombalgies ou une hématurie micro- ou macroscopique (16), mais en cas d’endométriose vésicale, on peut retrouver des cystalgies, des pollakiuries et des hématuries menstruelles (17-23), fréquemment associées à une localisation à la cloison recto-vaginale pour Donnez (24). L’association à l’infertilité des loca- 450 Pelvi-périnéologie lisations sous-péritonéales est moins évidente, mais les résultats sur la fertilité de l’excision des lésions d’endométriose profonde sont en faveur d’une relation de cause à effet (13, 11, 25-30). Fauconnier a réalisé une étude rétrospective sur 225 patientes opérées pour douleurs pelviennes chroniques et ayant au moins une localisation d’endométriose profonde visualisée en cœlioscopie (31). Il analyse les relations entre les symptômes et la localisation d’implants profonds endométriosiques : la fréquence du symptôme « dysménorrhée sévère » augmente en cas d’adhérences du cul-de-sac de Douglas et diminue avec l’augmentation de la parité ; la dyspareunie est plus fréquemment retrouvée en cas d’infiltration des ligaments utérosacrés et moins fréquente en cas d’infiltration vésicale ; les douleurs pelviennes chroniques indépendantes du cycle sont plus fréquentes en cas d’envahissement digestif et moins fréquentes en cas de patientes traitées pour infertilité ; la fréquence des dyschésies menstruelles augmente en cas d’infiltration vaginale ; la fréquence des signes d’irritation urinaire augmente en cas d’infiltration vésicale et diminue en cas d’indice de masse corporel bas ; les symptômes gastro-intestinaux sont associés aux localisations intestinales et vaginales. Dans cette étude, il apparaît que les localisations digestives se rencontrent plus fréquemment chez des patientes présentant des douleurs pelviennes chroniques non rythmées. Un interrogatoire bien conduit chez une patiente consultant pour des douleurs pelviennes peut orienter le clinicien vers une endométriose sous-péritonéale et peut améliorer le rendement de l’examen clinique. Il peut aussi inciter à prescrire des examens complémentaires (IRM, échoendosonographie anorectale [EESAR]) à la recherche de ces localisations en vue d’une prise en charge chirurgicale, intégrant la possibilité de résections digestives (11, 12, 25, 29, 30). Examen physique L’inspection de la vulve permet de noter la présence de cicatrices, en particulier d’épisiotomie. Exceptionnellement, il a été rapporté des cas d’endométriose périnéale survenant à ce niveau (32-39) : le diagnostic est évoqué devant une lésion sur le trajet de l’épisiotomie, nodulaire, mal limitée, indurée, sensible, augmentant de volume et particulièrement douloureuse durant les règles. Une infiltration du sphincter de l’anus est possible (40, 41). Cette lésion est recouverte de peau qui peut-être bleutée à l’inspection (32). Les seules lésions périnéales d’endométriose rapportées le sont sur le trajet de cicatrices et la durée de latence entre le traumatisme initial et l’apparition de symptômes varie de six mois à dix ans (32, 33). L’examen sous spéculum permet en théorie de visualiser des lésions vaginales bleutées nodulaires. Ces lésions peuvent se situer en regard des ligaments utérosacrés, dans le cul-de-sac vaginal antérieur ou postérieur, et à la face postérieure du vagin, en regard de la cloison recto-vaginale. Quand de tels nodules sont visibles lors de l’examen sous-spéculum, ils permettent d’évoquer le diagnostic d’endométriose sous-péritonéale. Mais en pratique, ces nodules sont peu souvent observés : 20 % dans notre expérience (42) et 14,4 % pour Chapron (43) ; même en cas d’endométriose sous-péritonéale extensive l’examen sous spéculum est le plus souvent normal. Le toucher vaginal doit être réalisé idéalement durant les règles pour en augmenter la sensibilité (44, 45) ou, à défaut, en deuxième partie de cycle. En présence d’une symptomatologie évocatrice d’endométriose, l’examinateur doit rechercher activement une localisation d’endométriose sous-péritonéale. Pour cela, il faut examiner la patiente vessie et rectum vides et rechercher un ou des nodules fermes, indurés, sensibles voire douloureux à la pression et fixés. Une telle lésion située au-dessus de la lèvre antérieure du col est fréquemment retrouvée en présence d’une endométriose vésicale (18, 20-23). La palpation des ligaments utérosacrés, de chaque côté de la lèvre postérieure du col, peut permettre de percevoir un nodule situé le plus souvent à sa base. L’atteinte peut être bilatérale. Cependant, les ligaments pathologiques apparaissent le plus souvent irréguliers, indurés et tendus (13, 14, 46), Chapron ne retrouve un nodule que dans un tiers des cas d’endométriose avérée des ligaments utérosacrés (43). Lors de la pression sur la lésion, l’examinateur peut reproduire les douleurs de dyspareunie décrites par la patiente : ce signe est très en faveur d’une endométriose infiltrant les ligaments utérosacrés. Dans certains cas, l’atteinte d’un ligament utérosacré peut entraîner une simple déviation latérale du col (47). Endométriose pelvienne tumorale sous-péritonéale L’endométriose de la cloison recto-vaginale peut être évoquée devant un nodule perçu à la face postérieure du vagin, le plus souvent à son tiers supérieur. Cependant, réaliser un toucher combiné (un doigt rectal main gauche, deux doigts vaginaux main droite) aide à la mise en évidence d’un nodule de la cloison recto-vaginale. Il ne faut pas hésiter à répéter l’examen clinique pendant les règles (45) et accepter que celui-ci soit normal : en cas de suspicion d’endométriose sous-péritonéale à l’interrogatoire et/ou lors de l’examen clinique, il est indispensable de préciser la localisation des lésions par la réalisation d’examens complémentaires. L’examen clinique permet d’évoquer le diagnostic, mais il nous apparaît insuffisant en préopératoire (42), en particulier en cas d’intervention antérieure pour endométriose sous-péritonéales : les séquelles scléreuses peuvent évoquer des récidives locales. L’étendue des lésions souspéritonéales et péritonéales est difficile à préciser cliniquement ainsi que l’infiltration éventuelle du rectum. Ces constatations sont partagées par l’équipe de Dubuisson (43). Les implications thérapeutiques justifient des explorations préopératoires plus invasives pour pouvoir préciser au mieux à la patiente les bénéfices et les risques encourus d’une prise en charge chirurgicale. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Le dosage du CA 12,5 présente un intérêt dans le suivi des patientes traitées, dans le but de dépister les récidives (45, 48, 49). La colonoscopie et le lavement baryté (50, 51) se justifient dans des cas particuliers (rectorragies, suspicion d’atteinte digestive étagée, etc.). Imagerie par résonance magnétique nucléaire En cas de suspicion d’endométriose sous-péritonéale, il faut faire appel à un radiologue habitué à ces localisations atypiques en IRM et lui demander de faire le bilan des lésions péritonéales et sous-péritonéales associées : existe-t-il un nodule de la cloison recto-vaginale, un envahissement digestif, une atteinte des ligaments utérosacrés, du vagin, de la vessie, des endomé- 451 triomes ? Ces IRM sont généralement réalisées à 1,5 tesla, avec une antenne de surface « phased array ». Les coupes effectuées sont des coupes de 4 à 6 mm d’épaisseur, sagittales et axiales en pondération T2 et avec suppression de graisse, axiales en pondération T1. Les nodules endométriosiques apparaissent en iso- ou hypersignal par rapport au myomètre ; en T2 en iso- ou hyposignal, le plus souvent hétérogènes avec des spots en hypersignal, dont la visibilité est accrue par l’utilisation de techniques de suppression de graisse (Fat Sat) (30, 42, 52- 61). Le signal peut être rehaussé en T1 par l’injection de gadolinium (52, 53, 56, 58, 59, 61). En cas d’atteinte de la cloison recto-vaginale, on peut visualiser une lésion à son niveau, qui déforme les contours de la région du cul-de-sac de Douglas, du cul-de-sac vaginal et de la paroi vaginale postérieure. Le principal signe indirect que l’on peut visualiser est une ascension du cul-de-sac de Douglas, qui, normalement, descend au niveau du bord inférieur de la lèvre postérieure du col, et se trouve, en cas de lésion sous-péritonéale, souvent audessus du plan du torus uterinus (56). Une infiltration digestive a comme signe direct principal la disparition d’un liseré de signal graisseux entre le rectum et le nodule, pouvant être associé à un épaississement de la paroi rectale (61, 62). On peut aussi voir un épaississement des haustrations coliques et une rétraction des plis, dont la mise en évidence est améliorée par une insufflation rectale modérée préalable à la réalisation de l’examen (56). Les ligaments utérosacrés infiltrés par l’endométriose profonde présentent un aspect irrégulier, avec un nodule proximal de signal variable en T2 et iso-intense en T1 par rapport au myomètre : ils sont significativement différents des ligaments utérosacrés sains (57). L’atteinte vésicale est constituée par un nodule postérieur développé dans le detrusor, souvent adjacent à la paroi antérieure de l’utérus (20). Ce nodule est de signal variable (61). Les résultats disponibles pour évaluer l’intérêt de l’IRM dans l’exploration des endométrioses sous-péritonéales sont regroupés dans le tableau I. Dans notre expérience l’IRM permet de confirmer le diagnostic de nodule endométriosique de la cloison recto-vaginale de façon relativement performante (30, 42 et tableau I) : 39 patientes pré- 452 Pelvi-périnéologie Auteur N patientes Localisation étudiée Kinkel (57) 20 Ligaments utérosacrés 1999 Dumontier (62) 48 2000 Chapron (61) 2002 8 Camagna Madelénat 2002 39 N cas N mis en évidence Sens. Spéc. VPP VPN 12 12 100 % 100 % 100 % 100 % Paroi rectale 3 1 Cloison rectovaginale 6 4 66 % 88 % Ligaments utérosacrés 15 12 80 % 25 % Paroi digestive 16 12 75 % 100 % Cloison rectovaginale 8 6 75 % Cloison rectovaginale 33 24 73 % 50 % 89 % 25 % Ligaments utérosacrés 19 16 84 % 95 % 94 % 86 % Paroi rectale 17 9 53 % 82 % 69 % 69 % 33 % Tableau I – IRM dans l’endométriose sous-péritonéale : résultats de la littérature. sentant une suspicion clinique d’endométriose de la cloison recto-vaginale ont bénéficié d’une IRM et il y a eu 9 faux négatifs et 3 faux positifs sur 33 atteintes confirmées. Dumontier (62) a réalisé, avant cette étude, la seule évaluation précise de l’IRM dans cette indication : 48 patientes ayant une endométriose pelvienne symptomatique, explorées par IRM et EESAR en préopératoire ont été opérées avec exérèse complète des lésions : 6 patientes avaient une endométriose de la cloison recto-vaginale. Les résultats de l’IRM dans ce travail ont été médiocres : 4 nodules ont été mis en évidence et le diagnostic a été porté à tort dans 5 cas (sensibilité de 66 % et spécificité de 88 %). Dans notre expérience, l’IRM a été peu performante pour diagnostiquer l’infiltration rectale (30, 42 et tableau 1) : 8 faux positifs et 4 faux négatifs sur 17 atteintes confirmées. Dans une série rétrospective réalisée par Kinkel (57), portant sur une population de 20 patientes présentant une suspicion clinique d’endométriose profonde atteignant les ligaments utérosacrés et ayant eu une IRM avant résection chirurgicale, le diagnostic n’a été évoqué que dans un cas sur trois atteintes confirmées, et Dumontier (62) trouve seize patientes présentant une atteinte digestive lors de l’exploration chirurgicale dont douze ont eu une résection digestive avec confirmation histologique de l’atteinte (4 refus du geste) : le diagnostic avait été suspecté dans huit cas par l’IRM (sensibilité 75 %, spécificité 100 %). Dans notre expérience, l’IRM est très satisfaisante pour les atteintes des ligaments utérosacrés avec 3 faux négatifs et 1 seul faux positif pour 19 atteintes (tableau I) et ces résultats sont comparables à ceux de la littérature (57, 62). Dans la localisation urinaire, vésicale et urétérale, le diagnostic est possible par IRM, mais sa validation est confrontée au problème de la faible incidence de cette pathologie. Les données publiées sont généralement des cas rapportés d’atteinte vésicale ou d’envahissement urétéral ayant eu une IRM en préopératoire (16-20, 23, 24, 57, 63, 64). Pour Fédélé (18) et Vercellini (20), l’échographie par voie transpariétale est plus performante que l’IRM pour le diagnostic d’endométriose vésicale, mais pour Fédélé, l’IRM est plus précise pour déterminer la taille de la lésion, l’infiltration du detrusor et l’analyse d’autres localisations endométriosiques. Pour Balleyquier (64), l’intérêt de l’IRM serait dans la détection des petites lésions vésicales associées à d’autres lésions sous-péritonéales (ligaments utérosacrés, cloison recto-vaginale). Donnez (24) est le seul auteur à trouver une atteinte de la cloison Endométriose pelvienne tumorale sous-péritonéale recto-vaginale dans 35 % des cas en présence d’une atteinte vésicale et, pour lui, l’examen permettant la mise en évidence d’une atteinte urétérale est l’urographie intraveineuse qui objective une zone de sténose de l’uretère : l’UIV devrait être réalisée, pour lui, à toute patiente ayant un nodule endométriosique de la cloison recto-vaginale supérieur à 3 cm (65). Échoendosonographie anorectale Les EESAR sont réalisées avec un échoendoscope souple de 11 mm de diamètre, permettant de franchir le promontoire et utilisant des fréquences de 7,5 et de 12 MHz, sans anesthésie, après préparation par deux lavements évacuateurs. Le capteur est positionné au niveau de la charnière rectosigmoïdienne puis retiré progressivement en étudiant les parois sigmoïdiennes et rectales, les zones paradigestives, la cloison recto-vaginale et le canal anal. Il s’agit d’un examen relativement douloureux chez ces patientes : il nécessite un praticien habitué à cette pathologie et du temps pour réaliser une exploration complète. La lésion endométriosique de la cloison rectovaginale se présente sous la forme d’une image Auteur Nombre de patientes 453 arrondie ou grossièrement triangulaire, hypoéchogène plus ou mois hétérogène, assez caractéristique pour être qualifiée d’endométriosique par le praticien habitué à réaliser des EESAR, et localisée dans la cloison recto-vaginale, c’est-àdire entre la face antérieure du rectum et la face postérieure du vagin : cette lésion peut-être légèrement latéralisée, mais est toujours antérieure. Elle peut être adjacente au rectum ou venir infiltrer les couches profondes de la paroi rectale. L’envahissement rectal par une lésion endométriosique, de dehors en dedans, entraîne un épaississement irrégulier de la musculeuse, pouvant entraîner une rupture des différentes couches décrites (66). L’EESAR permet d’évaluer la pénétration de la lésion dans la paroi, définissant le niveau de l’infiltration pariétale digestive (6671). Les résultats disponibles pour évaluer l’intérêt de l’EESAR dans l’exploration des endométrioses sous-péritonéales sont regroupés dans le tableau II. Dans notre expérience sur 31 patientes ayant une suspicion clinique d’endométriose de la cloison recto-vaginale, les résultats de l’EESAR sont très satisfaisants pour la détection des nodules avec aucun faux positif et 2 faux négatifs (30, 42, tableau II). Localisation étudiée Nombre de cas Sens. Spéc. VPP VPN Roseau, 1993 (68) 14 Infiltration colique 13 Seulement 3 patientes opérées (histologie positive) Ohba, 1996 (72) 93 Ligaments utérosacrés 29 Significativement différents Schröder, 1997 (71) 16 Infiltration rectale 6 100 % 91 % Chapron, 1998 (69) 38 Infiltration rectale 17 100 % 100 % Cloison recto-vaginale Fédéle, 1998 (67) 140 83 % 100 %, 34 97 % 96 % 89 % 99 % Infiltration rectale 9 100 % 97,7 % 75 % 100 % Ligaments utérosacrés 8 80 % 97,7 % 72,1 % 98,4 % Roseau, 2000 (70) 46 Infiltration colique 25 100 % 100 % Dumontier, 2000 (62) 48 Infiltration digestive 16 100 % 100 % Cloison recto-vaginale Ligaments utérosacrés 6 15 50 % 60 % 100 % 80 % Cloison recto-vaginale 27 93 % 100 % 100 % 50 % Infiltration rectale 17 100 % 71 % 81 % 100 % Camagna, Madelenat, 2002 31 Tableau II – EESAR et endométriose sous-péritonéale : résultats de la littérature. 454 Pelvi-périnéologie Fédélé (67) a réalisé une étude portant sur 102 patientes opérées pour endométriose et ayant eu une EESAR préopératoire systématique : 34 présentaient une infiltration de la cloison recto-vaginale confirmée chirurgicalement dans 33 cas. Toutefois, dans cette étude, seules les patientes ayant une EESAR en faveur de la localisation recto-vaginale ont eu une dissection de la cloison à la recherche d’une lésion. Pour Dumontier (62), l’EESAR est plus apte à détecter les nodules avec atteinte digestive que les nodules isolés (3 nodules isolés méconnus sur 6 : sensibilité 50 %, spécificité 100 %). L’ensemble des auteurs (tableau II) (30, 42, 62, 67-71) trouvent des résultats concordant en faveur de la fiabilité de l’EESAR pour établir le diagnostic d’endométriose digestive (sensibilité de 100 %, spécificité 91 à 100 %) : dans notre étude, elle a corrigé les 7 faux négatifs de l’IRM et est significativement plus performante pour trouver une infiltration rectale associée à un nodule endométriosique recto-vaginal : elle doit donc compléter l’IRM pour permettre une meilleure détection des atteintes digestives. La fréquence importante de lésions endométriosiques sous-péritonéales et péritonéales associées incitent à réaliser et l’IRM et l’EESAR préopératoires pour apprécier au mieux l’étendue des résections à prévoir et en informer précisément la patiente : il s’agit d’une pathologie bénigne et la patiente peut légitimement décider de surseoir à l’intervention si elle estime que ses douleurs ne justifient pas le risque chirurgical. CONCLUSION L’interrogatoire recherche des dyspareunies, des dyschésies, des douleurs pelviennes chroniques non rythmées et les symptômes urinaires et gastro-intestinaux qui orientent vers une endométriose sous-péritonéale. L’interrogatoire bien conduit par un praticien sensibilisé à cette pathologie permettra un examen clinique orienté, idéalement en période cataméniale, qui fera évoquer le diagnostic d’endométriose sous-péritonéale. L’interrogatoire et l’examen physique vont indiquer la prescription préopératoire d’une IRM qui permet d’établir une cartographie complète des lésions sous-péritonéales (cloison recto-vaginale, ligaments utérosacrés, vagin, vessie et ure- tères) et péritonéales (endométriomes, implants péritonéaux), et une EESAR qui permet le diagnostic d’une infiltration de la paroi rectale de façon fiable et confirme la présence d’un nodule de la cloison recto-vaginale. Les données de ces deux examens permettent au chirurgien de prévoir les gestes nécessaires au traitement complet, en particulier les exérèses digestives, et d’en informer la patiente pour qu’elle puisse assumer sa décision d’être opérée. Le traitement chirurgical est sûr dans une équipe habituée à cette prise en charge. Les complications peropératoires sont rares, mais sont à mettre en parallèle avec la complexité et la diversité des gestes à réaliser (exérèse de ligament utérosacrés, résections digestives…) ainsi que l’expérience des opérateurs ayant effectué ces gestes, justifiant la prise en charge dans des centres spécialisés. Les complications postopératoires sont peu fréquentes, mais très sévères et leurs conséquences sur la fertilité de ces femmes jeunes, désireuses de grossesse sont majeures. Les résultats fonctionnels sont, en balance à ces complications, très satisfaisants et justifient la prise en charge chirurgicale de cette pathologie. Références 1. Mahmood A, Templeton A (1991) Prevalence and genesis of endometriosis. Hum Reprod 6 (4): 4-9 2. Weller JM, Malinak LR (1991) Recurrent endometriosis by sharp dissection: life table analysis of reoperation and persistent or recurrent disease. Fertility and Sterility 56: 62-634 3. Waller KC, Lindsay P, Curtis P, et al. 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