LE MAL-ETRE ETUDIANT I- INTRODUCTION Les services de

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LE MAL-ETRE ETUDIANT I- INTRODUCTION Les services de
LE MAL-ETRE ETUDIANT
I- INTRODUCTION
Les services de médecine préventive ont réalisé différentes enquêtes, sur le mal être
étudiant dans la région Rhône Alpes, à Grenoble, Chambéry, Valence, Lyon, St Etienne
entre 1994 et 1999. L’objectif était d’évaluer les interactions entre la santé mentale (Mal
être), les conditions d’enseignement et la réussite universitaire afin de mieux adapter les
mesures favorisant l’équilibre des étudiants et leurs réussites universitaires.
II-LES RESULTATS
A- LES ETUDES
1-L’accueil
C’est un moment de stress important pour tous mais qui tient une place différente selon les
filières. Le temps d’adaptation semble plus long en sciences sociales ; en sciences et en
langue les étudiants s’adaptent très vite.
Quand des efforts particuliers sont faits pour organiser l’accueil, on en ressent les effets sur
la satisfaction des étudiants.
2- L’orientation
Le choix des filières ne correspond pas toujours au premier choix. Chez les scientifiques et
en langues, l’Université est choisie tardivement après différents refus.
3-Les matières
- En sciences sociales les étudiants sont souvent intéressés par les matières qu’on leur
enseigne notamment en psychologie.
- En LEA beaucoup d’étudiants apprécient l’ouverture des sciences sociales à côté des
langues mais ne prennent conscience souvent qu’en licence de leur lacune en matière
d’oral.
- De manière plus surprenante on ne retrouve pas cet intérêt en sciences où beaucoup
d’étudiants sont surpris par le degré de difficulté et expriment un désintérêt pour les matières
scientifiques.
4-Les méthodes de travail
De manière générale les étudiants sont assidus. Les étudiants de sciences sociales et de
langue sont très critiques vis à vis d’eux-mêmes. Ils ont souvent l’impression d’avoir travaillé
pour l’obtention de leur bac. Ils se trouvent désorganisés, ont du mal à gérer leur temps et
sont anxieux face aux examens. Moins en langue grâce aux contrôles continus.
Les étudiants scientifiques sont plus sûrs d’eux, travaillent plus et les examens sont des
moments davantage banalisés. Mais ces étudiants sont très déstabilisés par des résultats
médiocres qui ne correspondent pas toujours à la quantité de travail fourni.
De manière générale on peut dire que ces types de problèmes ne sont pas liés à la première
année et aux difficultés d’adaptation car les mêmes phénomènes sont retrouvés en licence.
N’y t’il donc pas d’acquisition de méthodologie au sein des universités ?
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On remarque la faiblesse du travail en groupe, alors que les rares qui travaillent en groupe
réussissent mieux que les autres. De même on peut observer la rareté du travail à l’oral
notamment dans les filières de langues, ce qui est tout à fait surprenant.
Face à ces lacunes une aide méthodologique est toujours souhaitée par les étudiants.
Néanmoins lorsque des tutorats existent (c’est presque toujours le cas) ils sont sous utilisés
(6% en bénéficient en première année de sciences ou sciences sociales et le critiquent tant
sur l’organisation que le contenu) alors que 65% des étudiants disent souhaiter un soutien.
En LEA le message passe mieux, parfois il est même obligatoire pour toute note en dessous
de 10.
Lorsque le tutorat n’est pas systématisé, on peut estimer que la sous-utilisation du système
est liée à la difficulté d’afficher publiquement ses lacunes et de nommer ses difficultés.
Finalement ce sont les étudiants moyens ou bons qui profitent des tutorats pour devenir
encore meilleurs.
5-Les enseignants et enseignements
Les enseignants sont reconnus par tous comme très compétents.
En psychologie et LEA les enseignants sont peu critiqués alors que les étudiants
scientifiques sont bien plus virulents et critiques sur l’aspect chercheur de leur enseignant
plutôt que pédagogue. En droit, des étudiants se plaignent d’une forme de mépris.
On voit que ce n’est pas sur un versant scientifique que les enseignants sont critiqués mais
sur les aspects pédagogiques.
Les étudiants face aux examens sont en grande majorité perdus, ils ne savent pas quoi
apprendre. Même si les enseignants semblent de plus en plus disponibles, tiennent des
permanences, donnent parfois leurs adresses, leur numéro de téléphone, pourtant quelques
que soient les filières, les étudiants ne viennent pas rencontrer leurs enseignants. Il y a un
fossé entre les étudiants et les enseignants qui ne varie pas.
6-La réussite
Un élément, lorsqu’on évoque la réussite est à prendre en compte, c’est le travail salarié qui
varie de manière importante selon les filières (7% travaillent plus de 10 heures par semaine
en sciences) et il semble que des chiffres bien supérieurs seront retrouvés en LEA, où les
étudiants proviennent de catégories socio- professionnelles moins favorisées. La quasitotalité des étudiants interviewés avait une activité salariée.
7-La vie étudiante
La vie familiale est généralement harmonieuse, avec soit satisfaction d’être encore en famille
soit avec des retours fréquents lorsqu’il n’y a plus de cohabitation.
La vie associative est faible. Surtout en première année avec la difficulté de se projeter sur
du moyen terme. Elle est très variable selon les filières sans pouvoir fournir d’hypothèse
réelle. Elle est très bonne en sciences avec une grande solidarité essentiellement autour du
travail universitaire. Elle est très mauvaise en LEA (origines mélangées, nombreuses
langues).
La vie amoureuse est souvent tardive surtout en sciences, plus intense en sciences sociales
et LEA mais toujours difficile à concilier avec les études. En sciences elle est à mettre en lien
avec la solitude liée à une grande quantité de travail.
De manière générale on peut dire que ces années d’études représentent pour la grande
majorité des étudiants des années laborieuses avec une forte tension et de nombreuses
exigences plutôt que des années festives de liberté.
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B- LA SANTE
Les étudiants vont plutôt bien ; 4/5 d’entre eux disent se porter bien et à âge égal ils vont
mieux que ceux qui ne sont pas à l’université. Néanmoins certains vont mal.
1-La santé physique
On retrouve partout les symptômes classiques de cette tranche d’âge mais aggravés en
période d’examens avec une augmentation des manifestations du stress.
2-La santé mentale
Le sentiment de solitude :
C’est un sentiment vécu par beaucoup car 22% en sciences sociales et 24% en sciences le
ressentent. Cependant en sciences certains étudiants sont confrontés à une solitude répétée
le plus souvent banalisée, être un solitaire en sciences semble normal.
La consommation de médicaments :
50% ont utilisé un médicament pour la mémoire ou contre la fatigue, certainement dans un
souci de recherche de performance universitaire. Mais 33% des étudiants souffrant de mal
être ont consommé au moins un médicament psychotrope dans les 6 derniers mois
(somnifère ou tranquillisant).
Il est important de noter qu’une consommation régulière de somnifères, médicaments pour la
mémoire ou stimulants est plus élevée chez les étudiants en échec. (Cause ou
conséquence ?)
La consommation de médicaments reste le premier recours, véritable problème surtout dans
une population jeune. Ce n’est pas uniquement un problème d’adaptation à l’université car
on retrouve les mêmes éléments en licence. Cette consommation n’est pas anodine et
souvent un signe d’alerte.
C- CONCLUSION
Le mal-être, l’équilibre et la santé mentale d’un individu dépendent de nombreux facteurs :
histoire personnelle, environnement relationnel et affectif, contexte social.
Une majorité d’étudiants s’adaptent à plus ou moins long terme et dans l’ensemble, ils vont
bien, c’est à dire qu’ils sont en bonne santé, ont le moral, ont des amis, des relations
sociales et réussissent leurs examens. . Mais 1/5 des étudiants disent ne pas se sentir bien
et parmi eux une petite partie (1,5%) va mal, a déjà fait une tentative de suicide et pense
toujours à mourir
Le mal-être des étudiants vient le plus souvent du changement de méthode de travail, de
leurs difficultés à savoir quoi apprendre, de comprendre l’attente des professeurs, cela étant
renforcé par le fait qu’ils travaillent la plupart du temps seuls.
Ceci entraîne chez bon nombre de ces étudiants une perte de confiance en eux-mêmes,
une dévalorisation. Ces étudiants ont nettement plus d’échecs aux examens. Il est probable
qu’une partie de ceux qui vivent ces situations en viennent à se désintéresser des études, ils
abandonnent ou acceptent le redoublement comme une fatalité.
Il ressort des résultats qu’il y a une forte relation entre les difficultés psychologiques,
l’enseignement (organisation, pédagogie, travail personnel,...) et la réussite.
L’université et l’enseignement ne sont pas les seules, ni les principales causes de difficultés
psychologiques, par contre l’atténuation ou la suppression de la part de mal-être qu’ils
engendrent peuvent être à la portée de l’évolution de l’institution et de ses pratiques.
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