Formation de base et garde d`enfants

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Formation de base et garde d`enfants
Deux cartes de vœux de participants
reçues pour les 25 ans de l’Association
Formation de base et garde d’enfants
Obstacles dans l’accès aux cours
L’Association Lire et Ecrire s’adresse à un public de personnes pour qui il est souvent
difficile d’envisager une formation et d’y rester. Donner un accès le plus large et le plus
aisé possible aux cours est un souci prioritaire lorsqu’on s’adresse à des personnes en
situation d’illettrisme. Il demeure toujours des freins à l’entrée et à la poursuite de la
formation : éloignement géographique, problème de transport, montant de l’écolage,
incompatibilité entre les horaires de cours et les horaires de travail, travail en équipe
(3x8), garde d’enfants. Parmi ces freins à la formation, le dernier fait l’objet de ce
reportage.
Par rapport à la garde des enfants, deux types de problème peuvent se poser : le manque
de place, ou le prix.
Les parents en formation, pour autant qu’ils aient des enfants en âge préscolaire, sont
confrontés à la question. Ils peuvent évidemment faire appel aux structures municipales
en place lorsqu’elles existent. Mais d’autres solutions sont parfois nécessaires.
Regard outre-Sarine
En Suisse alémanique, les cours MUKI (Mutter-Kind), toujours plus nombreux, offrent à
la fois un apprentissage de la langue locale aux femmes immigrées et un espace de
garderie pour leurs enfants permettant ainsi de se familiariser avec l’allemand.
En Suisse romande
Certaines municipalités ou institutions de formation offrent une solution de garde
spécifique pour les adultes en formation. Comme pour tous les aspects de la vie sociale
et politique suisse, il y a une grande diversité de pratique.
Parfois, c'est l'institution elle-même qui se charge de l'accueil. C’est le cas, notamment,
des associations travaillant avec des femmes réfugiées ou immigrées. Souvent un espace
est prévu pour les enfants, dans une salle à côté de la salle de cours. Là, les enfants
peuvent jouer ou bénéficier d'animations sous l'oeil d'un-e responsable, en même temps
que leur mère suit le cours. Dans ces cas-là on parle tantôt d'espace enfants tantôt
d'accueil enfants.
Comme celui-ci reste sous la responsabilité ultime de sa mère/son père, il n'y a pas de
normes d'application officielles contraignantes. Il n'y pas besoin, par exemple, d'une
personne diplômée pour l'accompagnement des enfants ni d’un espace spécialement
aménagé.
Initiatives en lien avec l’Association Lire et Ecrire
Une des motivations importantes d'entrée en formation émerge souvent au moment de
la naissance ou des premières années d'un enfant. Nombreux sont celles et ceux qui
disent que la prise de conscience de la difficulté d'aider leurs enfants à faire leur devoir a
créé le désir de pousser la porte de l'Association. Les enfants, souvent moteurs
d'inscription, pourraient-ils être aussi un frein ?
Les données manquent pour répondre à cette question. Il est difficile de savoir dans
quelle mesure les problèmes de garde sont une entrave, soit à l’entrée, soit à la
poursuite de la formation car nos statistiques concernent uniquement les adultes qui
suivent les cours et non pas ceux qui en ont été empêchés. La statistique de 2012-2013
sur les arrêts et abandons nous apprend que, dans les cas d'arrêt convenu, 6 personnes
disent avoir interrompu leur formation pour des raisons de garde d'enfants, 6 personnes
sur 186, soit 3% des personnes interrogées. Ces données ne concernent évidemment
que les participants qui suivent déjà un cours.
A propos de la prise en charge d’enfants d’apprenants c’est dans le canton de Vaud qu’on
trouve des réalisations intéressantes : à Lausanne un service est offert aux associations
membres de la Ciféa (Communauté d’intérêt pour la formation élémentaire des adultes);
à Yverdon et à Nyon, les municipalités ont organisé un accueil spécifique; sur la Riviera
et au Nord-vaudois, ce sont les sections Lire et Ecrire respectives qui initient des projets
mêlant prévention et garde d'enfants, à Clarens et à Lucens.
Petit tour d'horizon.
Lausanne : un bipbip pour faciliter l’accès aux cours de base
A Lausanne, les participants aux cours de différentes institutions actives dans la
formation de base des adultes peuvent recourir à une structure d’accueil nommée bip
bip. Les enfants de 2 ans et demi à 5 ans (enfants trotteurs) sont pris en charge tous les
matins gratuitement. Comme les locaux de bip bip sont au centre ville (Chauderon) et
proches de ceux de Lire et Ecrire, l'offre est tout à fait adaptée. Après une phase
d’acclimatation, l’accueil des enfants est valable pour six mois, renouvelables.
La Côte : une offre de Nyon Intégration
Du côté de La Côte, Nyon intégration offre gratuitement, pour deux associations, Caritas
et Lire et Ecrire, depuis 4 ans environ, une structure d'accueil pour les enfants de
participants aux cours semi-intensifs en journée. Ainsi, les apprenants de la section La
Côte intéressés par un cours semi-intensif sont regroupés à Nyon et bénéficient de la
possibilité d'une garde pour les enfants. A remarquer que l'âge de ceux-ci va de 4 mois à
5 ans et intègre ainsi les tout petits. Une animatrice vient sur demande, soit le matin soit
l’après-midi, pour garder un enfant ou plus. Flexibilité et réponse sur demande. Les
personnes sont informées, lors du premier entretien, de cette offre. A ce jour, trois
enfants en ont bénéficié en 2012-2013, et deux en 2013-2014.
Riviera-Chablais : prévention et accueil d'enfants
La section Riviera-Chablais est en train de réaliser un projet qui donne un nouveau
développement à celui de prévention de la petite enfance tout en favorisant la garde
d'enfant.
Cette idée a été déclenchée par une triple demande de garde. Entre septembre et
décembre la section a reçu trois appels de participants qui avaient des problèmes de
garde auxquels la section n'était pas en mesure de répondre.
Le projet de prévention Li(v)re ensemble était jusqu'à présent itinérant, les animatrices
allaient proposer leur offre de lecture aux enfants en âge préscolaire dans divers
associations. Le projet dépendait donc beaucoup des structures accueillantes. La section
a récemment décidé de s'installer en un lieu fixe, en l'occurrence à Clarens. Et c'est dans
la foulée qu'est venue l'idée de coupler l'offre de prévention avec l'offre d'une garde
d'enfants pour les participants aux cours Lire et Ecrire.
Le concept
Voici le concept imaginé par la section Riviera-Chablais : durant une matinée, pendant
les 1h45 de cours, les enfants sont placés dans une salle adjacente avec une conteuse qui
anime une séance autour de la découverte des livres. Après le cours, dans les 45' qui
suivent, les parents rejoignent leur-s enfant-s pour un moment de lecture partagée
enfants-parents.
Pour mieux développer le projet, la section envisage de proposer à une autre association
de bénéficier de l'offre d'atelier Liv(r)e ensemble. Le projet étant prévu pour septembre,
une campagne de promotion est en route: 1'000 flyers seront distribués aux pédiatres et
dans les centres médico-sociaux, la presse sera sollicitée, ainsi que le réseau des
participants et le bouche à oreilles. La section mène ainsi de front action de prévention
et garde d'enfants.
Un important travail de promotion
La section a un programme précis de promotion du nouveau projet, commencé il y deux
mois :
- Mai : premier envoi d’information avec les flyers aux pédiatres de la région, aux
Centres sociaux et aux assistants sociaux qui collaborent avec Lire et Ecrire, aux
communes, aux centre médicaux-sociaux et aux partenaires
- Juin : article paru sur le journal "Le régional", journal gratuit distribué dans toutes les
boites ; flyers affichés dans les Migros et les Coops de la région
- Juillet/aout : deuxième envoi aux partenaires avec flyers des cours 2014/2015 et
rappel de l’offre avec les flyers du projet
- Aout : tout ménage dans le quartier de Clarens où le cours va s’ouvrir
- Septembre : article dans 24h en collaboration avec les autres sections vaudoises pour
promouvoir les nouveaux cours.
Nord-vaudois : deux initiatives
A Yverdon
La ville d’Yverdon a mis en place un service de garderie d’enfants pour trois
associations, Appartenances, Caritas et Lire et Ecrire. Une éducatrice est présente les
mardis, mercredis et vendredis matin pour accueillir jusqu’à 6 ou 7 enfants de 1 à 5 ans.
L’offre est gratuite et diffusée par tout le réseau nord-vaudois.
Ce service, qui existe depuis 2010, est financé intégralement par la ville d'Yverdon.
Depuis son ouverture, l'accueil enfant a vu sa fréquentation augmenter régulièrement.
Actuellement c'est généralement plein à chaque matinée.
Lire et Ecrire bénéficie de ce service pour son cours du mardi matin. Cependant, à
l’heure actuelle une seule place est réservée à Lire et Ecrire (et 5 à Caritas). Un insert
dans le flyer de la section indique cette possibilité de garde et la question est abordée
lors du premier entretien lorsque qu'une mère s'inscrit à l’Association. Pour l’instant, 3
enfants d'apprenants de Lire et Ecrire ont bénéficié de ce service.
A Lucens
Dès janvier 2015, la section prévoit d'ouvrir un cours le matin, dans la Broye, prévu de
préférence pour les mères. Le concept associe la garde d'enfants à une action de
prévention de l’illettrisme, comme celui de la Riviera. Une halte-garderie « Eveil à la
lecture » pour les enfants de 0 à 4 ans côtoiera une salle ce cours. Une éducatrice formée
prendra en charge les enfants des apprenantes durant les 2h00 de cours (une heure de
jeux ; une heure d’activités autour des livres). Jusqu’à 8 enfants pourront être accueillis.
Par ailleurs, des séances de sensibilisation à la lecture et aux livres seront organisées
pour les parents et leurs proches. Les deux crèches de Moudon et Lucens seront
contactées. Ainsi, l’implantation dans une nouvelle région se fait directement dans un
concept intégré de prévention-formation-sensibilisation. Le projet est prévu pour une
durée d’au moins 3 ans. Description du projet
Perspectives
Notre tour d’horizon permet de dégager quelques pistes pour la mise en place de
solutions de garde d’enfants.
Compléter et analyser les données
Dans quelle mesure les problèmes de garde entravent-ils l'entreé en formation ? Dans
quelle mesure sont-ils responsables du non renouvellement de l'inscription, ou de
l'arrêt/abandon ? Si on pose systématiquement la question, par exemple lors du premier
entretien, ou lors de certains moments d’évaluation, il sera possible d’en savoir plus.
Même s'il n'y a pas d'offres à proposer pour palier à ce problème, l'information est utile
en soi : en savoir plus sur la demande, amène à réfléchir à une offre.
Contacter les municipalités
En cas de manque d'offre, un travail de sensibilisation - mené par Lire et Ecrire ou par
plusieurs associations ensemble - pourrait stimuler les municipalités à aller dans le sens
de ce qui se fait à Nyon, à Yverdon ou à Lausanne.
Pratiquer un travail en réseau
Au sein du réseau déjà existant des synergies pourraient être trouvées pour envisager,
en commun, des structures d’accueil pour les enfants de participants aux cours.
Se renseigner sur le cadre légal
Pour toute question concernant la garde d’enfants, chaque canton dispose d'un organe
spécialisé dans l’accueil de jour. Il convient, en tout cas, de vérifier auprès du service
cantonal adéquat des éventuelles recommandations et de ne pas se décourager : c'est
souvent long avant d'avoir la bonne personne au téléphone, et les documents officiels
sur les sites ne décrivent, la plupart du temps, pas le cas de figure qui nous occupe. Pour
la plupart cependant, les cantons mentionnent qu’il n’y a aucune règle officielle à
respecter quant à l’aménagement des lieux ni quant à la qualification des
animateurs/trices. Vaud et Valais demandent explicitement qu’une demande
d’autorisation soit faite.
Faire connaitre au mieux l’offre de garde
Dans les cas où une offre existe ou est envisagée, la diffusion ciblée de l'information
auprès des pédiatres, des puéricultrices, du service des nouveaux nés, va toucher un
public susceptible d’avoir des problèmes de garde.
Signaler la gratuité du service, par exemple, ou la proximité de l'accueil, ou la possibilité
de "garder un oeil" sur l'enfant, ou encore la rencontre potentielle avec des personnes
dans la même situation, constituera un encouragement appréciable. Flyers, sites
internet, premiers entretiens peuvent offrir une information de valeur.
Poser la question en cours de formation
L'évaluation du cours par les participants peut mettre en évidence un problème de
garde survenu entre temps ou prévisible pour la rentrée. A conditions que la question
soit posée. La poursuite de la formation sera ainsi facilitée.
Proposer des offres intégrées
Enfin, mêler les 3 piliers de l'action de Lire et Ecrire, prévention, sensibilisation et
formation, autour d'une action intégrée, comme cela est en cours de réalisation à
Clarens et à Lucens est une manière très intéressante de donner une réponse au
problème de l’illettrisme.

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