Les Identités meurtrières d`Amin Maalouf
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Les Identités meurtrières d`Amin Maalouf
Lire un texte argumentatif : Les Identités meurtrières d’Amin Maalouf Propositions de pistes de commentaire pour l’extrait d’Amin Maalouf, Les Identités meurtrières Ce texte constitue un support intéressant à deux titres : • il permet de réfléchir au rapport entre expérience personnelle et universalité du propos dans le cadre de l’essai argumentatif • il offre des pistes intéressantes pour étudier la notion d’identité dans un contexte muliculturel I. Un essai polémique 1. Un essai Un essai est un texte argumentatif rédigé à la première personne. Ce texte est bien rédigé à la première personne. L'auteur part de son expérience personnelle. Dans les premières lignes il raconte une anecdote qui le concerne. Il expose des éléments de sa vie et a même recours à des éléments autobiographiques dans le deuxième paragraphe. Mais il donne à sa réflexion une portée générale. Il se considère comme un exemple, comparable à d'autres exemples, comme celui du jeune homme né en France de parents algériens. De plus, on passe du présent d'énonciation (« je vis » l.14) au présent de vérité générale (« quiconque revendique », l.28), ce qui montre que la réflexion dépasse le cadre personnel pour s'élever à l'universel. 2. Le registre polémique L'auteur s'oppose dans ce texte à une autre thèse, présente également dans le texte, mais mise à distance. C'est pourquoi on peut dire que ce texte est polémique. Les marques de la mise à distance sont nombreuses : • aux lignes 20 à 25, l'auteur utilise des guillemets pour montrer que les mots ainsi mis en valeur ne lui appartiennent pas, qu'ils sont des citations, • ce discours étranger à celui de l'auteur est confié à un « on », pronom indéfini qui renvoie à quelqu'un, à une voix dont on ne situe pas l'origine précisément, • cette origine n'est pas fixée parce que l'auteur montre bien que ce peut être la voix de tout le monde à un moment donné (cf. l. 44-48). II. La thèse de l’auteur : des « identités meurtrières » La thèse à laquelle s'oppose l'auteur est celle selon laquelle l'identité peut se réduire à une seule appartenance. 1. Une définition de l'identité Pour l'auteur, chaque individu se définit par son histoire. L'homme est libre. Il s'accomplit en assumant toutes ses origines, culturelles, ethniques, religieuses, géographiques... C'est pourquoi chacun est différent. Il se donne en exemple. Il montre que c'est son histoire individuelle qui l'a rendu tel qu'il est, et non sa seule naissance. Il n'y a pas d'identité originelle, inscrite en chacun dès sa venue au monde. cf. l. 21-27. 2. Une réduction meurtrière Ll'auteur définit son identité, et montre pourquoi il est si important de prendre en compte la « vie » individuelle de chacun. Il généralise ensuite le propos à tous les êtres qui se situent à la frontière de deux cultures. Il montre que leur rôle est d'être des « traits d'union », mais qu'ils peuvent devenir meurtriers (« massacreurs », l.49) si on les oblige à choisir. Amin Maalouf veut en effet dans son livre, dont nous avons ici les premières lignes, expliquer le terrorisme, et notamment le terrorisme qui se revendique par l'Islam. Pour lui, ce n'est pas la religion musulmane qui transforme les gens en « massacreurs », c'est l'extrémité à laquelle on pousse les individus, lorsqu'on leur demande de réduire leur identité à leur appartenance religieuse. A la suite d’Amin Maalouf, chacun d’entre nous peut s’interroger sur son identité et les multiples appartenances qui la constituent. En quoi l’enseignement-apprentissage des langues est-il à même de constituer à son tour un « trait d’union » entre les hommes et les cultures ? Secteur éducatif et linguistique Ambassade de France en Russie 2013