François Bayrou à l`émission A l`air libre sur Europe 1

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François Bayrou à l`émission A l`air libre sur Europe 1
François Bayrou à l’émission A l’air libre sur Europe 1
Le changement de politique ne peut venir que du champ républicain - 14.11.06
François Bayrou a répondu pendant une heure aux questions des auditeurs. Il s’est présenté comme la seule
alternative au duo Ségo-Sarko. Il s’est dit déterminé à changer l’exercice du pouvoir en formant un gouvernement
qui rassemblerait des personnalités de sensibilités différentes pour redresser le pays. L’ex-ministre de l’Education
nationale a longuement parlé de l’école et de ses projets pour faire réussir les élèves quel que soit leur
établissement scolaire. Enfin, François Bayrou qui a été lui-même professeur, s’est dit « blessé » par les propos de
Ségolène Royal sur des enseignants qui ne feraient pas leur travail, il estime que ses déclarations participent d’une
dégradation de l’image de la fonction enseignante aux yeux des parents et des enfants.
François Bayrou a expliqué qu’il y avait deux manières de répondre à la situation d’échec dans laquelle la France
se trouve et à la lourde incompréhension qui existe entre le peuple et les pouvoirs – politique, économique,
médiatique. La première manière est de voter pour Le Pen comme en 2002 mais cela a conduit au triomphe de
Jacques Chirac et à renforcer le pouvoir en place. Cela fait, selon lui, du leader du Front national, un allié des deux
autres partis, UMP et PS. La seconde manière de changer l’exercice et la conception du pouvoir est de choisir dans
le champ des républicains et des modérés, un candidat crédible qui propose une autre démarche. François Bayrou a
ainsi expliqué que s’il était élu président de la République, il nommerait un gouvernement qui réunirait des
personnalités compétentes venant d’horizons différents et qui seraient d’accord sur l’essentiel : « les gens qui sont
dans un autre camp, ne sont pas nos ennemis, on peut et on doit travailler ensemble sinon nous ne redresserons pas
la France ».
Le président de l’UDF considère, en effet, que les réformes ne sont soutenues que par 20-25% des gens quelle que
soit le pouvoir en place – PS ou UMP – et non pas une majorité, il faut donc rassembler beaucoup plus large pour
réussir à réformer la France. A ses yeux, l’opposition UMP-PS est, en réalité, une complicité qui en vingt-cinq ans
de pouvoir, a révélé sa faiblesse. Il existe, selon lui, « en réserve, une immense armée de ceux qui veulent que les
choses changent ». François Bayrou a d’ailleurs souligné que l’élection n’appartient pas aux sondeurs, ni médias
mais aux électeurs. Pour lui, la seule clé possible du changement, c’est l’élection présidentielle qui a lieu au
suffrage universel. Le président de l’UDF a expliqué que le chef de l’Etat aura deux fonctions : il assumera la
charge de la vie des gens c’est-à-dire qu’il conduira l’explication des réformes et des grands choix du pays, et il
devra concilier les gens d’origines sociales, culturelle différentes.
François Bayrou a déclaré qu’il n’avait pas du tout aimé l’attitude de Ségolène Royal vis-à-vis des enseignants. Il a
noté trois idées dans ses propos qui ont été filmés et mis en ligne sur Internet : la candidate socialiste affirme que
les enseignants ne travaillent que 17 heures par semaine alors que le service exigible est de 20 heures de cours ;
Ségolène Royal affirme que les enseignants en profitent pour faire des heures supplémentaires payées par des
entreprises de cours particuliers cotées en Bourse, elle laisse ainsi penser que les professeurs sont intéressés et qu’il
ne font pas leur travail ; enfin, il note que la candidate du PS ne voulait pas dire ces propos en public pour avoir à
faire face aux syndicats enseignants… François Bayrou qui a été lui-même professeur, s’est dit « blessé » par ses
propos. « L’ensemble de ses déclarations ne ressemble pas à la manière dont je voudrais qu’un responsable public
considère l’Education nationale dans notre pays » a expliqué l’ex-ministre de l’Education nationale.
Il a estimé qu’un des grands malheurs de la France est d’avoir laissé se dégrader l’image de la fonction enseignante
aux yeux des parents et des élèves, cette situation « rend infiniment plus difficile le travail nécessaire pour éduquer
les enfants ». « Eduquer » au sens d’éducation et d’instruction. Enfin, il a estimé que les personnes qui tiennent
aujourd’hui ce genre de propos à l’égard des enseignants ne tiendraient pas 20 heures avec les classes difficiles que
l’on connaît aujourd’hui. Interrogé sur son action au ministère de l’Education nationale entre 1993 à 1997, François
Bayrou a énuméré les différentes mesures qu’il a prises : il a mis en place le bac que les élèves passent
actuellement et les études surveillées au collège (disposition abandonnée depuis), il a instauré une langue vivante à
l’école primaire, la semestrialisation des études à l’université avec un semestre d’orientation la première année…
François Bayrou a expliqué qu’il avait fait le choix de faire ces réformes avec ceux qui auraient à les appliquer et
au premier chef, les enseignants.
Il a également exposé les principales mesures de son projet : réévaluation de l’école primaire avec pour objectif de
ne pas laisser un élève entrer en 6e sans savoir lire, écrire et compter ; défense de la carte scolaire avec une double
démarche, le rétablissement de la discipline au collège avec le placement des élèves les plus turbulents dans des
centres éducatifs adaptés et la création de filières d’excellence dans les établissements en difficulté ; faire de la
classe de terminale, une initiation à l’université ; introduire un changement de gouvernance à l’université afin
notamment de donner une place centrale à la recherche.
Interrogé sur la dette publique, François Bayrou a expliqué que l’Etat dépense aujourd’hui 20% de plus que ses
recettes. Cette situation écrase, selon lui, l’activité économique. Son objectif est dans un premier temps de stabiliser
la dette, cela suppose de faire 10 milliards d’euros d’économies sur trois ans. Cela implique, selon lui, de redéfinir
le champ d’intervention de l’Etat. Pour parvenir à ce résultat, le président de l’UDF propose d’inscrire dans la
Constitution qu’il sera interdit à un gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement.
Concernant le pouvoir d’achat, François Bayrou considère que faire croire qu’il suffira d’une décision de l’Etat
pour augmenter les salaires, c’est abuser les gens car à chaque fois qu’on augmente le coût du travail, les emplois
s’en vont. En revanche, il souhaite qu’on libère la possibilité d’intéressement des salariés aux bénéfices de
l’entreprise par des incitations fiscales. Il propose également une mesure d’urgence pour relancer la création
d’emplois : il s’agit de permettre à toute entreprise de pouvoir créer deux emplois sans charges sociales.
Il considère en effet que les charges de solidarité qui pèsent très majoritairement sur le travail, sont un frein à
l’embauche. Enfin, il propose de faire de la France, « un pays pro-entreprise » qui protège en particulier les PME
qui sont à la source de la création de richesses. Il propose ainsi de mettre en place un « small business act » à la
française qui a permis depuis cinquante ans aux petites entreprises américaines de se développer. Enfin, François
Bayrou est favorable à un plafonnement des charges par rapport au chiffre d’affaires des PME afin qu’elles
puissent garder une partie des richesses créées.