l`intégration, un relais de croissance

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l`intégration, un relais de croissance
16-Journal-juin-2011:Mise en page 1
24/05/11
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la durée ministérielle derrière AlliotMarie. Mais il réussit à éviter aussi bien
les postes régaliens que Bercy. Ministre
dépensier et créateur de taxes, novateur avec le Grenelle de l’environnement, il est bien perçu à gauche. Surtout, sa stratégie gradualiste est à
l’opposé de l’intransigeance du chef du
MoDem. Elle consiste à ne pas renier
les proximités avec Sarkozy, à garder
même un pied à l’UMP (où sont en effet
encore très présents des centristes
comme Daubresse et Méhaignerie et des
partisans d’une affirmation non gaulliste au sein de la droite comme Raffarin), à reculer aussi le moment de la
déclaration de candidature.
Borloo se soustrait ainsi aux injonctions à l’indépendance venues de Bayrou comme à l’accusation de division
venue des sarkozystes. Il séduit tous les
parlementaires qui auraient peur des
représailles de l’UMP et se situent clairement au centre droit. En reculant la
date de son annonce, il fait droit à l’inquiétude de la droite sur la capacité de
Marine Le Pen à éliminer Sarkozy au
premier tour, tout en se mettant sur les
rangs (avant un Fillon ou un Juppé)
comme un recours contre la droitisation, avec son positionnement politique
décalé vers le centre et attractif pour
les écologistes tendance Hulot.
Son image n’est pas celle d’un diviseur, mais d’un homme qui répond aux
attentes d’un centre droit en jachère
depuis le tournant droitier du président
à l’été 2010. Ce faisant, il se rend
acceptable par les élus (ce à quoi avait
échoué Bayrou), mais cette stratégie
subtile aura son plein rendement dans
un schéma de substitution, beaucoup
moins dans celui d’un appel direct à
l’opinion pour l’affirmation d’une force
centriste en compétition avec le leader
de l’UMP. Borloo paraît, bien davantage
que Bayrou, l’homme de la situation. Il
est en fait l’homme d’un scénario, celui
d’une révolution de palais de velours,
un appel des 43 (qui reproduirait celui
des députés gaullistes soutenant Giscard contre Chaban), mais en douceur
et avant la campagne.
Cependant, étant donné l’empêchement soudain de Dominique StraussKahn, la bataille au centre s’accélérera
et remettra en cause ce plan sophistiqué. Non que le PS se retrouve dans la
situation de 2007, qui avait permis à la
candidature de Bayrou de s’épanouir
sur les divisions socialistes et sur le
déficit de crédibilité de sa candidate.
Mais l’ouverture plus large de la compétition des primaires donnera nécessairement un écho accru aux surenchères de la gauche du PS jusqu’en
octobre. Elle offre dès lors à Bayrou une
dernière chance de relancer dans cette
période l’intérêt pour une candidature
centriste « radicale » qui n’exclut pas
une alliance à gauche et fasse pression
et clivage sur la primaire.
Michel Marian
L’INTÉGRATION,
UN RELAIS
DE CROISSANCE
En économie, la mémoire est courte.
On l’a oublié tant cela paraît loin et
pourtant d’éminents experts, à la fin des
années 1960-début des années 1970,
prévoyaient le plus bel avenir économique à la France qui devait devenir
la première puissance économique européenne. Et de fait, dans ces années, le
taux de croissance français oscillait
entre 4 % et 6 % et semblait irrésistible. Puis le Japon est apparu et l’on
pensait que rien ne pourrait arrêter son
développement ; en particulier, son
industrie automobile était vouée sans
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