HDA Arts Monuments aux morts _intro_
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HDA Arts Monuments aux morts _intro_
Histoire des arts Arts, Etats, pouvoir. Lieux de mémoire et regards sur la guerre : quelques monuments aux morts français du XXe siècle BRIE-COMTE-ROBERT La Victoire en chantant Statue de fonte de fer bronzée, dessin de Charles Richefeu, fonderies Val d’Osne, 1921. LES MONUMENTS AUX MORTS. DEFINITION. Le monument aux morts est une construction publique destinée à commémorer les personnes (militaires et/ou civils) tuées ou disparues lors d’une guerre et par celle-ci. UNE LONGUE HISTOIRE. Dans l’Antiquité, il était d’usage de prononcer un discours (éloge) à la mémoire des soldats morts pour défendre la cité. Parfois, celle-ci leur érigeait également un tombeau commun. Ainsi, en 431 avant J.-C., Périclès, stratège dirigeant la cité grecque d’Athènes, fit un éloge des soldats morts pour défendre la cité pendant la guerre du Péloponnèse au moment de les porter au tombeau : « On dresse une tente sous laquelle l'on expose trois jours auparavant les restes des défunts. Chacun apporte à son gré des offrandes à celui qu'il a perdu. Une litière vide et drapée est portée en l'honneur des disparus, dont on n'a pas retrouvé les corps. Puis on dépose les restes dans le monument public, qui se dresse dans le plus beau faubourg. C'est là que de tout temps on inhume ceux qui sont morts à la guerre. L'inhumation terminée, un orateur, désigné parmi les hommes les plus remarquables, fait l'éloge funèbre qui s'impose. » (Thucydide, Guerre du Péloponnèse, II, XXXIV, édition Garnier, p. 133). En France, les monuments aux morts n’apparaissent qu’au XIXe siècle. A Paris, l’empereur Napoléon Ier lance en 1806 la construction de l’Arc de triomphe qui porte les noms des officiers morts ou non pendant ses campagnes. Les véritables monuments sont créés après la guerre franco-prussienne de 1870 et suite aux guerres coloniales. On est alors dans un contexte où le patriotisme exacerbé a besoin de supports : la France vaincue en 1870 rêve de prendre sa revanche sur l’Allemagne. Les monuments aux morts de 1870 encouragent la haine des prussiens en commémorant le courage des victimes et la barbarie des envahisseurs ; les monuments coloniaux exaltent les militaires français partis à la conquête d’un nouvel empire. Avant la 1ère Guerre mondiale, seules les grandes et moyennes villes possèdent généralement un monument aux morts, souvent de taille modeste. LES MONUMENTS AUX MORTS DE LA 1ERE GUERRE MONDIALE. La 1ère Guerre mondiale fit plusieurs millions de victimes. Pour les survivants, la Grande guerre devait être la « Der des der ». Il fallait donc en garder le souvenir en même temps qu’honorer le sacrifice des disparus, principalement les soldats morts au combat. (loi du 25 octobre 1919 sur « la commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre ») Dans les années 1920, toutes les localités, de la capitale jusqu’au plus petit village, voulurent avoir leur monument aux morts. On en érigea partout : sur les places, dans les mairies, dans les églises, dans les universités, les gares, etc. Le plus souvent, le monument était réalisé grâce aux dons de la population. On érigea ainsi plus de 30000 monuments en France entre 1918 et 1925 et cela se poursuivit jusqu’aux années 1990. Aux Etats-Unis, les monuments sont plus rares. Les soldats américains sont enterrés en France dans des cimetières nationaux qui possèdent souvent un monument commémoratif. Le cimetière national d’Arlington abrite une partie des soldats américains rapatriés. Parallèlement, on décide d’honorer tous les soldats morts en choisissant un soldat inconnu qui sera honoré comme le symbole anonyme des millions de victimes. En France, le soldat inconnu est choisi par la loi de 1920 et inhumé sous l’Arc de Triomphe à Paris en 1921. D’autres pays ont leur soldat inconnu : Belgique, Royaume-Uni, Italie, États-Unis, Portugal, Roumanie et Canada. RECONNAITRE LES MONUMENTS AUX MORTS. Formes. Simple plaque Jeanne d’Arc Soldat au naturel Stèle Colonne brisée Marianne Soldat héroïque Les symboles. Feuilles de chêne : patriotisme Branches de laurier : victoire, courage Palme : victoire, sacrifice Coq : patriotisme Croix de guerre, médailles militaires : courage récompensé Vierge Marie Soldat mort Obélisque Famille éplorée Les inscriptions. Inscriptions évoquant l’appartenance à la commune : A nos Morts A nos Morts glorieux A la mémoire glorieuse des fils de… La Commune de……à ses morts A la mémoire des enfants du pays de Inscriptions patriotiques : A nos héros A nos morts pour la Patrie A nos enfants morts au champ d'honneur La commune de… à ses enfants morts pour la France A nos glorieux enfants morts pour la France Inscriptions condamnant la guerre ou prônant la paix : La ville de … à ses enfants victimes de la guerre Guerre à la guerre, gloire à la paix PAX – LABOR Maudite soit la guerre Maudits soient les responsables de la guerre et honneur à ceux qui ont travaillé pour la paix Passant incline-toi devant ce monument !... Vois cette femme en deuil montrant les hécatombes Ses yeux taris de pleurs, scrutent au loin les tombes Où dorment tant de preux, victimes du moment !... Ils firent ces héros le solennel serment De fermer à jamais les noires catacombes Arrière, disent-ils, les abus et les bombes Et sois bénie, ô paix, sœur du désarmement !... Passant, incline-toi ! Regarde cette mère !... Elle clame à son fils : « la gloire est bien amère La gloire, ô mon enfant, est là, chez nos grands morts Mais, sache désormais, que la guerre est un crime Qu’elle laisse après elle, à de cuisants remords, Ceux qui firent sombrer les peuples dans l’abîme. Victorin Maurel, maire de Château-Arnoux. Rites et cérémonies autour des monuments aux morts. Les monuments peuvent être implantés selon leur taille ou leur nature dans un monument public : mairie, gare, église ou bien au cimetière, dans le carré militaire ou à une place bien en vue. D’autres sont érigés sur des places : place principale du village ou bien place particulière. Le monument est souvent placé sur un monticule, en hauteur ; il est protégé par une grille, un enclos, … On trouve souvent des enclos formés de chaînes et d’obus. Le monument est régulièrement fleuri, particulièrement à l’occasion de la fête nationale (14 juillet) et de la commémoration de l’armistice (8 mai et 11 novembre). Les élus locaux viennent porter des fleurs et prononcer un discours devant les anciens combattants et les habitants ; les enfants des écoles chantent la Marseillaise et d’autres chants patriotiques. La « commémo » est souvent un moment très émouvant, en particulier dans les petits villages où tous se connaissent et où chaque famille a perdu un fils ou un frère. A Paris, la flamme qui brûle sur la tombe du soldat inconnu est entretenue par des anciens combattants.