beatles (1)

Transcription

beatles (1)
Les albums studio 1963-66 (1)
Il arrive que l’on entende des imbéciles imbus d’euxmêmes déclarer avec suffisance : Les Beatles, c’était un
groupe mineur. Leurs quatre premiers albums sont
vraiment anecdotiques. Ils furent les prototypes des boys
bands, c’est tout. Et d’autres balivernes indignes : les
jeunes, nous dit-on, les auraient oubliés, ne jureraient que
par Led Zeppelin, auraient redécouvert les Doors, Clash,
mais surtout pas les Beatles. Il est temps de remettre les
pendules à l’heure. Les Beatles étaient géniaux : qu’on se
le (re)dise ! Ils sont apparus comme un raz-de-marée, un
tsunami comme le confirme la réédition en CD de tous ces
albums mythiques, enfin dignement remasterisés.
D
élaissant leurs succès en 45 tours (« From
Me To You », « She Loves You », « I Want
To Hold Your Hand », « Long Tall Sally »,
« I Feel Fine », « She’s A Woman », « I’m Down »,
« Day Tripper », « We Can Work It Out », « Paperback Writer »), cette étude est consacrée à
leurs douze albums studio, ici de 1963 à 1966,
dans cette première partie.
PLEASE PLEASE ME (03/63)
Sorti en France sous
l’appellation « N°1 »,
« Please Please Me »
est le premier 33 tours
des Beatles, qui ne
sont pas encore les
Fab Four, mais qui
vont le devenir en l’espace de quelques
mois. Leurs chansons
sont avant tout de
belles mélodies, bien rythmées, bien ficelées,
bien interprétées, avec toute la fougue de la jeunesse et un sacré panache. Mais leurs paroles
sont des plus simples. John Lennon a alors un
charisme incroyable. C’est le grand frère idéal.
J’avais sa photo dans ma chambre, un gros plan
de profil, découpé dans Salut Les Copains. J’aimais son sourire et sa tronche d’Anglais. A défaut
de grands textes, les mélodies sont toujours dé-
licieuses, les harmonies vocales, inouïes, les
rythmes fantastiques. « I Saw Her Standing
There » (Paul McCartney) raconte un coup de
foudre : Well, she looked at me, and I could see
that before too long I fell in love with her. C’est un
rock dans la lignée de ceux des pionniers, Eddie
Cochran en particulier. « Misery » est une chanson d’amour perdu : Le monde me fait du tort, ah,
quel malheur ! Je suis le genre de type qui n’avait
pas l’habitude de pleurer... Je l’ai perdue, c’est
sûr, je ne la reverrai plus, quel ennui, ah, quelle misère ! Mais aucune complaisance dans la mélodie, tout est en place et ça dure 1’47. A la suite de
« Ask Me Why », « Please Please Me » se limite
à : S’il te plaît, fais-moi plaisir, sois gentille avec
moi. Ce n’est pas des élégies, mais il y a déjà des
plaintes, des jérémiades : Tu sais qu’il pleut sans
cesse dans mon cœur. Si on s’en tient seulement
aux paroles, « Love Me Do » est aussi d’une belle
platitude : Aime-moi, je te serai fidèle. Mais cela
se passe bien avant la découverte de Bob Dylan
et l’arrivée de Ray Davies. Mais laissons à John
Lennon le temps de fourbir ses armes car l’impact rythmique de « Love Me Do » est imparable.
« P.S. I Love You » a l’air d’une lettre d’amour
dont Paul McCartney a signé le pont, sinon plus :
Comme je t’écris, j’en profite pour te dire que je
t’aime. Souviens-toi que je serai toujours amoureux de toi. C’est également la face B du simple
« Love Me Do ». Sur le LP « Please, Please, Me »,
outre les deux autres compositions de John Len-
non et Paul McCartney, nouveau Janus (« Do You
Want To Know A Secret » et « There’s A Place »),
figure un certain nombre de reprises, six sur quatorze titres, soit près de la moitié du disque.
« Anna (Go To Him) » est une merveille d’Arthur
Alexander. « Chains », de Gerry Goffin et Carole
King, provient du répertoire des Cookies. « Boys »,
de Luther Dixon & Wes Farrell, et « Baby It’s You »,
dû à Mack David, Burt Bacharach et Barney
Williams, sont puisés chez les Shirelles. « A Taste
Of Honey » est déjà un vieux morceau qui date
de... 1960, écrit par Ric Marlow et Bobby Scott.
Et, surtout, il y a « Twist And Shout », de Phil
Medley et Bert Russell, des Top Notes, popularisé par les Isley Brothers, où John se donne à
fond.
WITH THE BEATLES (11/63)
Les fortes mélodies de Lennon sont toujours au
rendez-vous (« It
Won’t Be Long », « All
I’ve Got To Do »,
« Little Child » très
joyeux, « Not A Second Time » qui inspirera les Rolling Stones
dans « The Singer
Not The Song ») mais
il y a peu de textes
marquants. « All My
7