ReliefWeb - Gestion communautaire de la reconstruction : l`exemple

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ReliefWeb - Gestion communautaire de la reconstruction : l’exemple de
Carrefour-Feuilles – 14.11.2011
Comme nombre de zones du département de l’Ouest, Carrefour-Feuilles, un quartier de Port-auPrince, a été sévèrement touché par le séisme de janvier 2010. Aussi, entre mai et octobre 2011,
de nombreuses actions ont-elles été conduites sur place, notamment dans le cadre du projet
gouvernement/ONU dénommé « Gestion des débris dans les quartiers précaires de Port-au-Prince
en appui au retour au foyer des populations affectées par le tremblement de terre » avec
l’implication des Organisations Communautaires de Base (OCB). Des actions dont les résultats ont
été présentés lors d’un « Forum de l’urbanisme participatif », en octobre dernier.
Fruit d’une démarche citoyenne en faveur de la reconstruction d’Haïti, toujours meurtrie par les
conséquences du tremblement de terre, le Forum de l’urbanisme participatif a été organisé par le
Programme des Nations Unies pour les Etablissements Humains (ONU-Habitat) et ses partenaires
que sont Oxfam et la Fondation Architectes de l’Urgence (FAU). Il était en effet question d’exposer
aux autorités locales, au gouvernement, aux résidents de Carrefour-Feuilles et au public le résultat
du diagnostic urbain réalisé avec l’aide d’Organisations Communautaires de Base.
Comme le souligne Rasmus Precht d’ONU-Habitat, l’urbanisme participatif a pour objectif de «
contribuer à la réhabilitation des zones urbaines affectées par le séisme, par la mise en place d’un
système d’enlèvement, de traitement et de recyclage de débris». A cet effet, il est recommandé de
restructurer les quartiers en évitant les erreurs du passé, appuyer l’accès aux services de base et
aux services sociaux, soutenir la création d’emplois et favoriser les relations entre les
communautés, les municipalités et le gouvernement.
Le forum a donc été l’occasion pour différents acteurs de présenter des projets prioritaires, comme
ceux relatifs aux habitations et aux routes, identifiées par la communauté elle-même, et
susceptibles d’améliorer les conditions de vie des populations de Decayette, Saieh, Venus et
Sanatorium, 4 quartiers de Carrefour-Feuilles.
Auparavant, a été menée, cinq mois durant, une campagne d’information sur la planification
communautaire, la gestion des débris dans leurs quartiers et le renforcement des capacités des
OCB. A cela s’ajoute l’établissement d’une cartographie des risques de la zone et l’inventaire de
quelque 4.550 maisons. La communauté a donc pu évaluer les effets du séisme à CarrefourFeuilles en tenant compte de l’aspect environnemental et urbain tout en formulant des questions
relatives à la reconstruction.
Esther Guillaume, chargée de projet d’Oxfam GB pour Carrefour-Feuilles, juge la démarche
nécessaire parce que « beaucoup de personnes ont péri lors du séisme faute d’un bon plan
d’urbanisme ». Et d’ajouter, l’originalité de l’urbanisme participatif réside dans son caractère
volontaire. « Ce n’est pas un plan imposé, mais plutôt l’aboutissement d’une démarche citoyenne. Il
ne sera donc pas rejeté par la population comme cela a déjà été le cas de par le passé dans
d’autres quartiers », a-t-elle fait valoir.
Grâce à l’urbanisme participatif, 400 personnes ont pu être formées, notamment en matière de
gestion de conflits, ce, afin de mieux prendre en charge les difficultés auxquelles la communauté
fera face dans le processus de reconstruction. Ce que confirme le responsable de l’Association des
Jeunes Patriotes Haïtiens (AJPH) de Carrefour-Feuilles, Joseph Renel selon qui «la formation m’a
aidé à mieux apporter ma contribution lors d’un conflit. C’est une grande valeur ajoutée car avec
mon association, nous travaillons beaucoup en faveur d’un retour à la normale dans cette zone ».
Etait également représenté, le Komite Fanm Konba Dekayet (KFKD) qui assiste les femmes
victimes de violences et dont la coordonnatrice, Adeline Geffrard, confie qu’elles se battent « pour
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l’installation d’une école professionnelle à Decayette et pour aider les filles qui ne vont pas à l’école
à bénéficier de microprojets ».
Quant au coordinateur de l’Organisation pour le Développement, l’Education, le Soutien et
l’Assainissement de Morne l’Hôpital (ODESAMH), Neuilly Cintellus, il inscrit l’accès à l’eau potable
parmi les difficultés recensées. «Les besoins en la matière ne sont pas satisfaits, car la capacité est
faible. Par semaine, on peut rester 2 à 3 jours sans eau. Nous recherchons donc un partenariat »,
dit M. Cintellus dont l’association, qui existe depuis 1996, a réalisé un projet d’eau potable en 2005.
Selon Paul Gallois, urbaniste à la FAU, le Forum sert de courroie de transmission en vue de trouver
des partenaires appropriés aux projets identifiés. A titre d’exemple, un partenariat avec le Centre
Technique d’Exploitation (CTE) et la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement
(DINEPA) permettra d’optimiser la capacité du réservoir de Ti-Savane et d’étendre la distribution
d’eau aux quelque 20.000 bénéficiaires du quartier de Saieh.
Le programme « Gestion des débris dans les quartiers précaires de Port-au-Prince en appui au
retour au foyer des populations affectées par le tremblement de terre » est mené de concert par le
Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC), les collectivités locales, le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Bureau International du Travail
(BIT) et ONU-Habitat.
Le 13 octobre dernier, le PNUD avait annoncé qu’en Haïti, la moitié des 10 millions de mètres
cubes de débris laissés par le séisme a déjà été déblayée.
Rédaction : Habibatou Gologo
Edition : Uwolowulakana Ikavi
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