CHIM-F317 : Compléments de chimie analytique Méthode de
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CHIM-F317 : Compléments de chimie analytique Méthode de
Université Libre de Bruxelles Ecole Interfacultaire de Bioingénieurs Année académique 2010-2011 CHIM-F317 : Compléments de chimie analytique Méthode de dosage des protéines dans le lait et autres produits alimentaires Baudoux Lewis Marotte Milan Polak Nicolas Tarelkin Yegor Van Leeckwyck Robin 1 Introduction Après la première manipulation, qui consistait en un dosage complexométrique du fer(III), la deuxième manipulation était un peu plus inhabituelle. Une liste de manipulations possibles nous était présentée, et chaque groupe d’étudiants devait choisir parmi cette liste celle qu’il désirait effectuer. Nous avons donc opté pour un dosage de protéines dans plusieurs produits laitiers. Comme aucun mode opératoire nous était fourni, la première partie de cette deuxième manipulation fut la recherche du mode opératoire. Après quelques consultations sur le net, notre choix se porta sur la méthode de Kjeldahl. Les assistants approuvèrent la méthode, et le dispositif requis pour la manipulation fut mis en place. Le dosage des protéines par cette méthode se fait en une série d’étapes. Tout d’abord, une certaine masse de la substance dont on veut connaître le contenu en protéines est pesée et chauffée en présence d’acide sulfurique et du sulfate de potassium. Ensuite, l’ajout progressif d’une base forte fait virer le pH, et l’ammonium sous phase gazeuse qui s’échappe de la solution est refroidi et récupéré sous phase liquide dans une solution d’acide borique qui sera titré. A l’aide de tableaux de conversion, il est possible de connaître la quantité initiale en protéines. Cependant, cette méthode connaît quelques inconvénients. La manipulation requiert une certaine habitude avant d’obtenir des rendements de récupération d’ammonium élevés. De plus, le montage du dispositif dans lequel a lieu la distillation est conséquent et donc peu maniable. Enfin, cette méthode nécessite des acides forts et des bases fortes, ainsi que des températures élevées, ce qui n’est pas sans risque. Matériel et méthode Plusieurs méthodes existent pour doser les protéines au sein d'un échantillon mais la méthode utilisée au laboratoire sera celle de Kjeldahl (1). Il faut savoir que les protéines sont composées d'acides aminés et que ces acides aminés sont eux-mêmes composés d'atomes. Ces atomes sont surtout du carbone, de l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote (il y en a d'autres mais en plus petites proportions). On peut définir la proportion de chaque atome au sein de chaque acide aminé et la proportion de chaque acide aminé au sein d'une certaine protéine. De cette manière, en connaissant le type de protéine présente dans le lait (ou autre produit organique), la proportion de tel ou tel atome sera connue dans l'ensemble des protéines. Par souci de facilité, l'atome qui sera dosé dans cette méthode est l'azote. Elle va être précisément décrite par la suite ce qui permettra d'énoncer plus clairement le matériel adéquat. Cette méthode peut se diviser en trois parties : une première de minéralisation, une seconde de distillation et enfin une troisième de dosage, par titrage, de la solution. 1° Minéralisation de l'azote organique Cette partie permet de transformer l'azote organique en azote minéral. A l'aide d'une pipette, une certaine quantité de lait (ou autre produit organique) sera prélevée et ajoutée dans un ballon de distillation (voir figure 1). On y ajoute ensuite 25ml d'acide sulfurique à haute concentration (H2SO4 2 ,18M). La réaction sera de transformer l'azote sous forme amine (NH2) en azote sous forme d'ammonium (NH4+) car le milieu est fortement acide. Le milieu acide permet à l'azote de rester sous forme d'ammonium (donc soluble) et non sous forme ammoniaque (NH3), qui s'échapperait sous forme de gaz hors du ballon. A cette solution sera ajouté du sulfate de potassium (K2SO4). Ce réactif permet une élévation de température conséquente durant la phase de chauffage. La proportion de sulfate de potassium à ajouter est d'un gramme par ml d'acide sulfurique. Cette solution est ensuite chauffée (entre une heure et demi et deux heures) par un bec bunzen pour permettre à tout l'azote de se minéraliser. Il faudra veiller à ce que la solution reste bien liquide pendant le chauffage car certains échantillons (comme le pâté) sont fort secs, l'azote minéralisé colle au paroi et le rendement est alors moins bon. La solution, noire, deviendra plus translucide (tout en gardant cette coloration noire-brune). Figure 1 : Ballon de distillation (2) 2° Distillation Une fois tout l'azote minéralisé, le ballon de distillation est ajouté au montage de distillation. Le principe est alors bien simple. Une photo aurait du être ajoutée au rapport mais un incident nous obligea à ranger le matériel plus tôt que prévu sans avoir pu faire de photos. La figure 2 illustre le montage permettant la distillation. Il faut dans un premier temps veiller à ce que le montage soit étanche pour optimiser le rendement (le gaz produit ne doit pas s'échapper). Du côté gauche, un ballon rempli d'eau sera maintenu en ébullition pendant toute l'opération. L'eau évaporée poussera alors le gaz formé dans le ballon du milieu vers le côté droit et non vers le haut de la colonne centrale. Encore une fois, cela permet de récolter tout l'azote libéré sous forme d'ammoniaque. 3 Figure 2 : Montage de distillation (3) Au centre se trouve le ballon dans lequel se trouve l'azote minéralisé. Tout en haut de cette colonne centrale, nous pouvons observer un réservoir contenant de l'hydroxyde de sodium (NaOH) fort concentré (dilué à 50%, donc 500g par litre d'eau). Une fois l'eau entré en ébullition, ce petit réservoir peut être ouvert au goutte à goutte. Le NaOH tombe alors dans la solution d'acide sulfurique. Le pH de cette solution va peu à peu augmenter. Cette augmentation de pH permet la transformation du NH4+ en NH3 gazeux qui va se diriger vers la droite du montage. On ajoute la NaOH goutte à goutte car la réaction acide fort - base forte est fort réactive. Il faut le rajouter en excès pour être sûr de transformer tout l'ammonium en ammoniaque. Une précaution devra être prise. En effet, il faut veiller à laisser un fond de NaOH dans le réservoir car si celui-ci se vide, le montage n'est plus étanche et le NH3 peut s'échapper par ce petit trou. A droite du montage se trouve un erlenmeyer contenant une solution d'acide borique à 4% (donc 40g par litre d'eau). Cet acide est donc présent en excès. Le conduit menant le gaz dans l'erlenmeyer est à double paroi, de l'eau passant entre la première et la deuxième paroi pour refroidir le gaz dans ce conduit et donc permettre sa condensation. L'erlenmeyer ne contient que 50ml de cette solution ainsi que quelque gouttes d'indicateur coloré (judicieusement choisi en fonction de sa zone de virage). Le tube conduisant le NH3 plonge dans cet erlenmeyer et une réaction se passe : NH3 + H3BO3 --> NH4+ + H2BO3Le bout doit bien plonger dans la solution sous peine de perdre du NH3 dans l'air ambiant. Cette équation permet de lier le nombre de moles d'ammoniaque au nombre de moles d'acide borique. Petit à petit, l'indicateur coloré va virer vers une autre couleur. Le pouvoir tampon de l'acide borique n'est pas très fort. 3° Titrage Une fois la distillation terminée, un titrage est fait au chlorure d'hydrogène (HCl, 0,1M). On ajoute alors un certain volume de cette solution. Ce volume correspond au volume d'acide nécessaire pour que la solution reprenne sa couleur initiale. 4 Par calcul stoechiométrique, on peut dire que le nombre de moles ajouté pour que la solution reprenne sa coloration initiale est égal au nombre de moles de NH3 piégé dans cette solution. Ce nombre de moles de NH3 étant lui-même égal au nombre de moles de NH2 présent dans la solution initiale. Le matériel requis est donc le suivant : pipette erlenmeyer matras montage de distillation bec bunzen burette balance Résultats Une première manipulation a été faite avec de l'urée (CO(NH2)2) afin de nous habituer à cette méthode (qui peut s'avérer dangereuse). La quantité d'urée prélevée est de 15ml provenant d'une solution où 4g d'urée a été diluée dans un litre d'eau. La masse molaire de l'urée est de 60,0553g/mol. En utilisant les formules : n(mole)=m(kg)/M(g/mol), on obtient un nombre de moles d'urée de 0,00199 moles. Le volume d'HCl (0,1M) nécessaire pour le titrage est de 22,9ml ce qui, par la formule C(mol/L)=n(mole)/V(L), donne un nombre de mole de NH3 équivalent à 0,00229mole. On sait que deux moles de NH3 proviennent d'une mole d'urée. On obtient donc, d'après notre méthode, que le nombre initial de moles d'urée est de (0,00229/2)=0,001145moles. En comparant les deux résultats, nous obtenons un rendement de 57,54% (0,001145/0,00199), ce qui n'est vraiment pas mauvais pour une première expérimentation. Il est à noter que l'urée est bien plus facile à décomposer en NH4+ que d'extraire l'azote contenu dans les protéines de produits alimentaires. Des analyses ont ensuite été faites sur du lait normal et du lait de soja. Leur contenu en protéines est respectivement de 33g par litre et de 30g par litre. Produit Lait Lait Lait de soja Lait de soja Quantité prélevée (ml) 10 10 10 10 Volume titrant (ml) 6,4 12,9 12,6 13,8 Facteur de Quantité de conversion protéine (g/L) 6,38 5,7 6,38 11,5 6,25 11,0 6,25 12,1 Rendement (%) 17,7 34,8 36,66 40,3 Pour obtenir le nombre de moles de NH3 titré, nous utilisons la même formule que précédemment, en multipliant le volume par la concentration d'HCl (0,1M). Pour obtenir la quantité d'azote contenu initialement, on multiplie le nombre de moles par la masse molaire (qui est de 14g/mol). Ceci nous 5 donne la quantité d'azote dans l'échantillon initiale. On multiplie cette valeur par 100 pour obtenir la quantité d'azote dans un litre de lait et non 10ml. Des moyennes ont été faites et il s'avère que la quantité d'azote au sein d'une protéine avoisine les 16% (d'où le facteur 6,25, inverse de 16%). (4) Conclusion Après plusieurs expériences, force est de constater que les rendements de nos expériences sont très médiocres. En effet, il suffit de comparer le rendement d'extraction de l'urée à celui d'extraction des produits alimentaires pour s'apercevoir que les rendements sont plus faibles. Il est donc important de préciser qu’il n’est pas aisé d’extraire l’azote contenu dans les protéines de produits alimentaires. La partie de la méthode qui n'est pas entièrement sous notre contrôle est celle de minéralisation. Il n'est pas facile de voir si tout l'azote a été minéralisé. Malgré ces faibles rendements, il est à noter qu'au fur et à mesure de l'avancée des expériences, nos rendements sont croissants. Certes, le dernier rendement obtenu (de 40%) n'est pas un grand rendement, mais cela signifie que la manipulation est de mieux en mieux maîtrisée par les étudiants. Il est donc certain que si un malheureux accident n'avait pas interrompu notre manipulation, un rendement supérieur à 50% n'aurait pas été impossible. Il semble aussi important de signaler que cette méthode n'est pas la seule pour quantifier les protéines au sein d'un échantillon. Car sans l'étiquette nous disant la réelle quantité de protéine, il nous aurait été impossible de connaître le rendement de nos manipulations. En laboratoire, les scientifiques doivent veiller à ce que chacune des trois étapes soit la plus optimale possible. Une minéralisation complète doit être faite. Le montage de distillation doit être parfaitement étanche et tout le NH4+ contenu dans le ballon doit être transformé en NH3 gazeux. Le titrage doit être des plus précis possible. Une dernière chose est importante. Le facteur qui permet de convertir la quantité d'azote à la quantité de protéine n'est qu'une approximation. L'idéal aurait été de qualifier chaque protéine au sein de l'échantillon, de les quantifier et ainsi obtenir une quantité de protéinique la plus proche de la réalité. Néanmoins, cette expérience nous a permis de travailler presqu’entièrement par nous-mêmes. Une seule question était posée, à nous d'y répondre en trouvant un protocole d'expérience et de l'appliquer. La méthode de Kjeldahl nous est maintenant familière et le travail de chercheur a déjà moins de secrets pour nous. Discussion Les sources d’erreurs potentielles étaient nombreuses et diverses. Le montage de distillation était très difficile à manipuler et pouvait causer beaucoup de fuites ce qui faussait tout à fait notre mesure. Il nous est aussi arrivé de vider le contenu de NaOH dans le ballon créant ainsi un trou par lequel le NH3 pouvait s'échapper. Un peu en aval de l’expérience, on a vu également que tout NH4+ n’était pas transformé facilement en NH3 et qu’il fallait chauffer le mélange réactionnel tout en prenant le risque que le récipient explose. 6 L'accident, même si peu intéressant au niveau de ce rapport, nous a appris qu'il fallait être très prudent vis-à-vis des manipulations faites en laboratoire. Le débit d'eau a été augmenté au sein du tuyau de refroidissement, il s'est donc détaché du montage et a aspergé le ballon contenant l'acide sulfurique. Pour éviter de salir notre table de travail, l'un de nous a essayé de récupérer ce tuyau. Malheureusement, le contact entre l'eau froide et le ballon chaud a créé un choc thermique. Le ballon s'est brisé et une partie de son contenu s’est répandu sur la main de l'étudiant, causant de graves brûlures. Cet accident aurait pu être évité mais il semble que le ballon de distillation ait été fragilisé lors d'une manipulation précédente. Nous ne savions pas que même si le ballon ne présentait aucune marque d'usure, il fallait le jeter. Bibliographie (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thode_de_Kjeldahl (2) http://www.verrerie-laboratoire.com/Ballons_Kjeldahl.asp (2) http://witraze-katani.com/kjeldahl-distillation-assembly&page=6 (4) Mariotti F, Tomé D, Mirand PP. Converting nitrogen into protein--beyond 6.25 and Jones’ factors. Crit Rev Food Sci Nutr. 2008, 48, 177-84. 7