dictionnaire de biographie universelle ancienne et

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dictionnaire de biographie universelle ancienne et
dictionnaire de biographie universelle ancienne et moderne - tome 31
Auteur : Louis-Gabriel Michaud
ORSEL (ANDRË-JACÇ-UES-VICTO*), peintre hagiographe, naquit à Oullins, près de Lyon, le 15 mai
1795. Elève de l'école des beaux-arts de cette ville, il reçut d'abord les leçons de Pierre Revoil. L'aptitude d
Orse! était telle, ses progrès furent si
rapides, qu'il fut désigné pour remplacer Revoil comme professeur, quand ce dernier, en 1814, fut obligé de
s'éloigner de Lyon, et il s'acquitta avec succès de ce soin. Ses études classiques furent très-soignées sous la
direction d'un ecclésiastique, et l'on cite une tragédie qu'il composa sur la mort d'Abel. Au retour de Revoil, en
1815, Orsel quitta Lyon, se rendit à Paris et entra daus l'atelier de Pierre Guérin. Là, comme toujours, Orsel
écouta, observa et profita ; le propre de son caractère a été d'étudier minutieusement les maitres sans les imiter
et en restant au contraire éminemment original. Il est digne de remarque que le type acoompli du peintre
chrétien, à notre époque, est sorti de l'atelier d'un artiste dont le talent fut exclusivement consacré à la
reproduction des sujets profanes. Orsel demeurera l'artiste chrétien dans toute l'acception du mot ; il a vécu
pour l'art, et pour l'art chrétien, qu'il considérait comme un apostolat. Sa vie a été simple ; ses moeurs furent
irréprochables ; sa foi était des plus rives ; il s'est usé avant l'âge à la poursuite d'un idéal qu'il ne pouvait pas
toujours exprimer comme il le concevait ; il n'a pas connu cette popularité souvent aveugle et inconstante qui s
attache parfois à des oeuvres plus gracieuses que solides ; en revanche, ses admirateurs seront fidèles et son
nom ne fera que grandir en vieillissant. Cn de ses amis étant entré dans son atelier et y ayant vu une fort bette
étude quit avait faite pour sa Vierge de Fourvières, mais qui paraissait délaissée, lui en témoigna son
étonnement , Orsel lui répondit : « Cette étude n'a pas « asseï d'élévation dans le caractère de la tète, < c'est
pour cela que je l'ai abandonnée ; quand « j e me figure cette foule venant s'agenouiller « devant ce tableau
pour prier la sainte Vierge, « j e me sens électrisé ; j e redouble d'efforts pour < que mon talent arrive à la
hauteur du sujet. » Tout le caractère de l'homme est peint dans ces paroles. Orsel était doué d une grande
énergie, très-absolu dans ses principes, avec lesquels il ne transigeait jamais ; ses compositions savantes et
ingénieuses respirent le mysticisme et dénotent de profondes méditations ; si l'exécution laisse parfois à
désirer, il ea faut chercher U raison dans trop de savoir et de recherches et dans un excès de conscience. Voici
l'énumération de ses principaux ouvrages : Y Enfant pro~ digni (1819), acheté par la société des amis des arts
de Paris; Abraham et Agar (18*0), acheté par la société des amis des arts de Lyon, devenu la propriété de son
frère ainé ; la Charité (salon de 1 Si.), qui lui valut une médaille de deuxième classe, commandé pour l'hôpital
de la Charité de Lyon. Cette mème année, il partit pour l'Italie avec le baron Guérin, qui venait d'étre nommé
directeur de l'école de France à Rome en rem- [dacement de Thévenin ; M. Alphonse Perin,dont e nom est
inséparable de celui d'Orsél, était du voyage, et c'est alors qu'a commencé entre les deux artistes cette, noble
amitié qui ne s'est jamais démentie. Orsel revint d'Italie fervent disciple de cette école qu'avaient fondée au
commencement du siècle Cornélius ct Overbeck pour la résurrection de la fresque, et sa voie fut trouvée. Son
premier envoi de Rome fut Adam rt Hte auprès du corp* d'zibet (salon de 1821;, qu.' possède le musée de
Lyon. « Cain s'enfuit charge « de la malédiction de son père ; Eve semble < partagée entre la douleur que lui
cause la t mort de son fils et le sentiment pénible que lui t fait éprouver la juste colère d Adam. » Nous
ignorons si Orsel avait tiré de sa tragédie, que nous n'avons pas lue, le sujet de ce tableau. Le second envoi, la
Magdeleine salon dc 1H_7), fui offert par Orsel à son maître Guérin ; le troisième, Motte présenté à Pharaon !
sal ni de 1831, possédé par le musée de Lyon, valut à son auteur une medaille de première classe. Là s'arrêtèrent
les recompenses qu'Orsel devait recevoir dc ses contemporains ! v\ oyez Motte présenté à Pharaon,
tableau peint à Rome par M. Victor Orsel, exposéau musée de Lyon, — Lyon, imp. de L. Perrin, 1830, in-8°).
C'est au salon de 1833 que parut le Bie» et le Mal, une des oeuvres principales d'Orsel, exécutée à Paris, ll
développait dans cette vaste composition l'idée de l'opposition entre le bien et le mal. Dans le tableau du milieu,
une jeune fille foule aux pieds le livre de la sagesse ; elle est aussitôt tentée par le démon ; une autre étudie ce
livre et sc trouve aussitôt protégée par un ange. Les petits tableaux de gauche représentent la pudeur, le
mariage, la maternité, le bonheur ; ceux de droite, le libertinage, le mépris, l'angoisse, le désespoir ; enfuile
tableau du centre montre le Christ qui repousse l'une des jeunes tilles et qui reçoit l'autre dans le ciel. L'Etat fit
l'acquisition de ce tableau, qui, longtemps exposé au Luxembourg- est saus doute destiné au Louvre. Victor
Vibert (i) (voy. Ce nom), grand prix de Rome en 1828, professeur de gravure à l'école de Lyon, a consacré
vingt années de sa vie pour reproduire par le burin l'oeuvre de son compatriote, et il exposa sa plan- (U VMM
Vitart mn M t t L-p-m I. is n n IMD. che eh 1859. (Voye* E. Cartier, l« Bien et U Mal, tableau de M. V. Oisel, gravure de M. V. Vibert; extrait du Correspondant, Paris,C. Douniol, 1839, in-8* de 16 pages).C'est dans
cette toile qu'Orsel s'est dévoilé ; c'est aussi celte toile qui lui valut (1) la commande de la chapelle de la Vierge
dans l'église de Notre-Dame de Lorette, qu'il commença en 1836 et qui était inachevée au moment de sa mort.
La chapelle de Notre-Dame de Lorette représente toute la vie d'Orsel. « C'est, « dit Charles Lenormant, une suite
de soixante « tableaux dont chacun lui a coûté, ou lui aurait « coûté pour arriver à bonne fin, autant de ré-«
flexion , de travail et d'inquiétude que s'il eût << mis au salon trois ou quatre grandes toiles par « année, avec
cette circonstance aggravante que « rieu de ce qu'il imaginait ne pouvait exister « isolément et qu'il s'agissait
non-seulement de « bien faire en soi chaque tableau, mais encore <• de le fondre dans un vaste ensemble dont
rien *< ne devait déranger l'harmonie continue. » Voyex Peintures des litanies , exécutées par Victor Orsel
dans la chapelle de la Vierge à l'église dc Xotre-Dame de Lorette a Paris, décrites par E.-C. MarlinDaussigny. Lyon, L. Perrin, 1851, in-8°; — Explication des peintures de la chapelle de la Vierge à l'église de
Xotre-Dame de Lorette, Paris, 1855, in-4* de IG pages, imprimé d'après le manuscrit rédigé par Victor Orsel
peu de temps avant sa mort). M. Alphonse Perin (2) fut charge de terminer « cette lâche, en grande partie ache- vée. qu'une mort douloureuse a pu seule in- « terrompre. Orsel y a mis toute sa science et « tout son coeur, il y
a mis toute sa vie. » Citons encore le Biche et le Pourre (1844), dessin dont le sujet est emprunté à ces vers des
Glanes de mademoiselle Louise Bertin : Riche, dc la terre , Qur votre gerbe sc de.MTre , Qu'ici bai elle -.oit
leg re : Au cu-1, vo.], irez I. finir'. L'epi t|ue le pautré ramasse, L'an-e le re .oit et l'entasse : Dan. l t . rieu-,
où Dien les ainasae, Vous re'.roueerex vos moissons; Car . 14-liaut, aidé par >es ange. , Seigneur, dan» les
célestes grai-f-c-,, Le .oir. tu c-wiiptes et lu rang--*., Pour nous le* rendre, tous m» dons!
Ce dessin a été gravé sous les yeux de M. A. Perin par M. Danguin, deuxième prix de Roine, élève et
successeur de Vibert comme professeur à l'école de Lyon. Rappelons le tableau du choléra pour la chapelle de
Fourvières, dont il existe une description : Tableau votif du choléra, peint par Victor Ortel pour la chapelle
d* Fourrières ; explication raisonnée lue à la société littéraire de Lyon dans sa séance du 18 janvier 1852, par
E*-C. Martiu-Daussigny, peintre, Ljon, 1852, (ll La cu, mission chargé,- dc désigner lea artistes pour Ia
décrirai inn do Nuire-Dame de Lorette était compon.-,- dc Gorani, Guérin, P. Delaroche et de M. Ingre*. (k;
On lui doit paiement la chapelle septentrionale «droite, d a u U mêitie église. * ; rappelons également qu'il
existe k l'école des beaux-arts un portrait de François I" peint sur émail en 1836 par Orsel, et que son dernier
dessin, exécuté d'une main trop souvent crispée par la douleur, représente la Prescience de la Vierge. Marie est
debout, son enfant repose ; elle médite sur les prophéties qui annoncent la mort du Christ. Telle fut la dernière
pensée toute ^ chrétienne d'Orsel, qui mourut, le 31 octobre ^ 1830, d'un rhumatisme aigu, malgré les soins
paternels du docteur Récamier. Son service lut célébré dans l'église de Notre-Dame de Lorette, et Charles
Lenormant prononça un discours sur sa tombe. Orsel est mort célibataire ; son œuvre se publie par les soins et
aux frais de M. Alphonse * Perin, qui a voué un véritable culte à la mémoire de son ami. L'ouvrage commence
par une notice biographique consacrée à l'artiste, due à la plume de M. Henri Trianon, bibliothécaire a - SteGeneviève ; on y trouve un portrait d'OrseL, dessiné en 1849 par M. Perin, et gravé par lui a l'eau - forte en
1831 ; puis diverses livraisons comprenant : les dessins terminés, les compositions à l'état de premières pensées,
les études pour tableaux, les croquis sur nature, les compositions achevées de sujets modernes. — Ouvrages à
consulter pour la biographie de Victor Orsel : Beaux-arts, Orsel et Oterbeck, par Charle-, Lenormant, membre
de l'Institut, Paris, 1831, in-8° de 23 pages, extrait du Correspondant et réimprimé dans Beaux-arts et
Voyayes ; — notice sur Victor Orsel, de Lyon, par M. K.-C. Martin- Daussigny, extrait de la rerue du
Lyonnais, Lyon, 1881 in-8° de 16 pages ; — l'irtor Orsel (signé : Henri Trianon). Paris, sans date, in-8° de 16
pages, extrait du journal l'Artiste, 1" janvier 1831 ; — Du mème auteur, 1881, in-8°, et autre édition in-fol.; —
Souvenirs artistiques : Victor Orsel, par Louis Enault, Paris, 1834, in-8° de 12 pages ; — Extraite dm Journal
des Débats sur V. Orsel, Paris, 1883, in-fol. de 4 pag. B. DE L