PROPOSITION DE Plan de cours PHI 4052

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PROPOSITION DE Plan de cours PHI 4052
Plan de cours PHI 4052-10 : Problèmes d’éthique économique et sociale
Prof.: Dave Anctil
Cours: Lundi 18h00-21h00
Local : DS 3375
Disponibilités : Mardi et mercredi de 14:00-16:00 (*sur rendez-vous préalable).
Bureau : A-1727
Courriel : [email protected]
I. Description générale du cours
Au sein des différents registres philosophiques interrogeant les fondements de l’action pratique,
l’éthique économique et sociale se situe à mi-chemin entre la morale et la politique. Il s’agit
d’une approche morale dans la mesure où son but est d’évaluer les critères, fondements et
principes de l’organisation sociale et économique. Mais elle rejoint aussi l’analyse politique dans
la mesure où l’organisation de la coopération socio-économique est constituée de normes et
d’institutions collectives et donc publiques.
Les séances et lectures de ce cours offrent une perspective interdisciplinaire intégrant
certains outils de l’économie et de la sociologie aux méthodes normatives issues de la philosophie
morale et politique. Les objectifs du cours privilégient toutefois les instruments éthiques et
normatifs : les questionnements prescriptifs (sur le bien et le juste) ont ici priorité sur les
questionnements descriptifs (concernant la nature et le fonctionnement des réalités sociales et
économiques). Ce cours encourage la discussion argumentée et le débat informé sur diverses
questions sociales d’actualité. Dès le début du semestre, les étudiants seront invités à se
familiariser avec des conceptions éthiques rivales comme l’utilitarisme, la déontologie, le
contractualisme… Cette familiarisation avec les méthodes normatives vise la formation d’une
réflexion autonome et susceptible d’être appliquée aux enjeux éthiques de la vie sociale et
économique.
II. Plan du semestre
Le cours est structuré autour de problèmes pratiques qui débordent le cadre formel de l’éthique
normative ou de la méta-éthique. Nous allons toutefois accorder une bonne place à certaines
questions épistémologiques et méthodologiques ayant des incidences importantes sur la manière
de formuler les enjeux normatifs. Par exemple : Sur quels principes reposent la disparité des
revenus et l’impôt progressif ? Comment concilier la valeur de l’égalité (morale et légale) avec
celles de la liberté individuelle et de l’efficience qui président au bon fonctionnement du marché
capitaliste ? En somme, la rationalité économique est-elle compatible avec la raison morale et si
oui, comment en penser l’articulation féconde ?
Ces questions seront abordées au fil de la session par le biais de lectures obligatoires
donnant un aperçu des principales contributions à l’éthique économique et sociale. Le programme
proposé comprend trois volets. Les deux premiers proposent d’étudier les enjeux socioéconomiques selon un mouvement inverse et complémentaire : de l’éthique vers l’économie, dans
un premier temps, puis de l’économie vers l’éthique, dans un second temps. Le premier volet
permettra de se familiariser avec l’évolution des conceptions morales en regard de la société,
alors que le second interrogera plus spécifiquement les enjeux normatifs impliqués dans le
fonctionnement de l’ordre social et économique. Enfin, le dernier volet sera structuré autour de
problématiques appliquées.
(i.) Le premier volet thématique sera consacré à certaines contributions classiques
concernant les rapports entre éthique, économie et société. Cette introduction à l’éthique
économique et sociale est susceptible de nous aider à prendre une certaine distance par rapport à
la conception néoclassique de l’économie. Car si les enjeux éthiques ne sont pas au cœur des
recherches économiques, il n’en fut pas toujours ainsi. Comme l’atteste l’histoire des idées
éthiques et économiques, l’économie était autrefois considérée, depuis Aristote jusqu’à Adam
Smith, comme une science morale. Cette présentation visera à éclairer les divergences profondes
entre les deux méthodes éthiques qui prévalent aujourd’hui, soit l’approche utilitariste et
l’approche déontologique. Nous accorderons une place particulière à la discussion de la théorie de
la « justice comme équité » du philosophe John Rawls (2003), qui a acquis une grande influence
au cours des dernières décennies.
(ii.) Le deuxième volet du cours est plutôt centré sur la question de la « rationalité
sociale » qui interroge les motivations des individus dans leurs interactions. L’économiste aborde
généralement l’être humain comme un agent rationnel cherchant à maximiser son utilité
personnelle. Cette hypothèse opératoire de l’homo oeconomicus – qui privilégie l’analyse des
comportements en termes de « coûts et bénéfices » – domine les modèles économiques de la
rationalité. Mais cette approche ne rend pas toujours bien compte de la complexité des
motivations et de l’action, en particulier de l’ensemble des considérations éthiques qui agissent
sur les choix, les désirs et les préférences des agents dans leurs interactions. Dans le cadre des
séances imparties à ce volet du cours, nous allons étudier ces enjeux situés aux frontières de
l’éthique et de l’économique. Nous étudierons, en particulier, un ouvrage important que
l’économiste et éthicien Amartya Sen a consacré à ces questions (2000b). La matière étudiée
couvrira diverses notions comme la rareté et la redistribution des ressources, l’économie du bienêtre et le problème du paternalisme moral, les inégalités socio-économiques et la valeur du mérite
individuel, la coopération et la confiance, la justice et la liberté en contexte sociétal, etc..
(iii.) Dans le dernier volet thématique du cours, nous examinerons divers enjeux pratiques
soulevés par ce que l’économiste Kenneth Pomeranz (2000) a appelé la « Grande divergence ».
En effet, si la Révolution industrielle est parvenue à diminuer les inégalités matérielles à
l’intérieur des sociétés, il n’en va pas de même des inégalités entre les sociétés : la divergence
entre les revenus moyens des pays atteint aujourd’hui une proportion de 50 pour 1. Cette disparité
inédite entre les pays riches et pauvres est-elle justifiable ? Nous examinerons des problématiques
comme la disparité mondiale des richesses, la crise démographique et environnementale, ainsi
que la question de l’équité entre les générations.
III. Lectures obligatoires
Les étudiants devront se procurer un ouvrage (commandé à la COOP-UQÀM) ainsi qu’un recueil de
textes (aussi disponible à la COOP- UQÀM) :
(1) RAWLS, John (2004). La justice comme équité. Une reformulation de Théorie de la justice, trad. B.
Guillarme, Montréal, Boréal.
(2) SEN, Amartya (2000). Un nouveau modèle économique. Développement, justice, liberté, trad. M.
Bessières, Paris, Odile Jacob.
IV. Proposition d’évaluation, critères et barème
A) Travail préparatoire au travail de session (longueur maximale : 4 pages
dactylographiées à double interligne) : 20% de la note finale. L’objectif de ce premier
travail est de constituer (i.) un sujet de travail de session comprenant (ii.) un plan (thèse et
argumentation générale) ainsi (iii.) qu’une bibliographie comprenant au moins 5 références
pertinentes au sujet du travail (NB : Une référence pertinente = un article ou un chapitre de livre
qui aborde directement l’un ou l’autre des aspects du sujet traité dans le travail de session.) Le
professeur fera aussi diverses suggestions pour aider les étudiants à formuler leurs problématiques
de recherche.
Date limite : cours du 9 novembre 2009
B) Un travail de session (12 pages dactylographiées à double interligne) : 40% de la
note finale. Ce travail de recherche et de réflexion donne l’occasion à l’étudiant de développer
en profondeur une problématique dans le domaine de l’éthique économique et sociale à partir
d’une recherche entamée dans la première moitié du semestre. L’étudiant est aussi appelé à
soutenir une thèse explicite, informée et argumentée en s’appuyant sur des références pertinentes.
Date limite : cours du 7 décembre
C) Un examen final (en classe) : 40% de la note finale. L’examen porte sur les lectures
obligatoires ainsi que sur la matière couverte lors des séances du cours. L’examen comporte 2
questions à développement valant 20% chacune. NB : Les questions seront tirées d’une liste de
questions préparatoires qui sera distribuée au préalable, en classe, durant la deuxième moitié du
semestre.
Date de l’examen final : 14 décembre
Les principaux critères d’évaluation des travaux sont la compréhension des concepts et notions, la clarté et
la rigueur de la réflexion et de l’argumentation, ainsi que la qualité de la langue (orthographe et syntaxe).
Tout retard injustifié dans la remise des travaux sera sanctionné suivant les directives départementales (2%
par jour ouvrable)
Infraction de nature académique :
Extrait du règlement no. 18 de l’UQÀM : « Tout acte de plagiat, fraude, copiage, tricherie ou falsification
de document commis par une étudiante, un étudiant, de même que toute participation à ces actes ou
tentative de les commettre, à l’occasion d’un examen ou d’un travail faisant l’objet d’une évaluation ou
dans toute autre circonstance, constituent une infraction ou sens de ce règlement. » Le département de
philosophie a pour politique de sanctionner tout acte de cette nature suivant les procédures prévues au
règlement. Notez que les sanctions contre ces pratiques s’appliquent également aux ressources disponibles
sur internet. Les sanctions peuvent entraîner : un échec du cours, une mention permanente à son dossier
universitaire et la possibilité d’être suspendu de l’université. Voir : www.instances.uqam.ca
Barème de la notation :
A+
A
AB+
B
BC+
C
CD+
D
E
4.3
4.0
3.7
3.3
3.0
2.7
2.3
2.0
1.7
1.3
1.0
0.0
90-100
85-89
80-84
77-79
73-76
70-72
65-69
60-64
57-59
54-56
50-53
Moins de 50
V. Calendrier du programme
Toute modification apportée au calendrier du programme sera signalée, le cas échéant, en bonne et due
forme et au moment opportun.
Thème 1 : De l’éthique à l’économie
Cours 1:
14 sept.
Cours 2:
21 sept.
Cours 3:
28 sept.
Cours 4:
5 oct.
Cours 5:
19 oct.
Introduction générale : l’individu au carrefour de l’éthique et de l’économique
La concurrence des rationalités chez l’agent moral : déontologie et utilitarisme
L’approche utilitariste : bien-être, utilité et maximisation
L’approche déontologique : droits, liberté et autonomie
La voie contractuelle de John Rawls : la justice comme équité
Thème 2 : De l’économie vers l’éthique
Cours 6:
Économie et rationalité : l’homo oeconomicus et le rationalisme méthodologique
26 oct.
Cours 7:
Liberté, autonomie et bien-être : intérêts, croyances et capacités individuelles
2 nov.
Cours 8:
Penser le schème institutionnel de l’égalité : contraintes, préférences et perfectionnisme
9 nov.
*Remise de la première évaluation (20%)
Cours 9:
La conflictualité des motivations : choix social et justice économique
16 nov.
Cours 10:
Coopération, confiance sociale et inégalités socio-économiques
23 nov.
Thème 3 : Questions appliquées d’éthique sociale et économique
Cours 11:
Famine et pauvreté : l’éthique internationale
30 nov.
Cours 12:
La crise écologique : l’éthique environnementale
7 déc.
*Remise de la deuxième évaluation (40%)
Cours 13:
Conclusion : l’avenir de l’éthique économique et sociale
14 déc.
Cours 14 : EXAMEN FINAL (40%)
21 déc.
VI. Bibliographie sélective
-
Aristote (2004). Éthique à Nicomaque, trad. R. Bodéüs, Paris, GF-Flammarion.
Aristote (1993). Les Politiques, trad. P. Pellegrin, Paris, GF-Flammarion.
Arrow, Kenneth (1951). Social Choice and Individual Values, New York, Wiley.
Bentham, Jeremy (1988). The Principles of Morals and Legislation, New York, Prometheus Books.
Boudon, Raymond (1999). Le sens des valeurs, Paris, PUF, « Quadrige ».
Boudon, Raymond (1973). L’inégalité des chances, Paris, Armand Collin.
Chauvier, Stéphane (2006). Justice et droits à l’échelle globale, Paris, Vrin/EHESS.
Clark, Gregory (2007). A Farewell to Alms. A Brief Economic History of the World, Princeton & Oxford,
Princeton Uni. Press.
Demeulenaere, Pierre (1996). Homo oeconomicus. Enquête sur la constitution d’un paradigme, Paris, PUF.
Dupuy, Jean-Pierre (1992). Libéralisme et justice sociale, Paris, Hachette.
Dworkin, Ronald (1981). « What is Equality ? Part 2 : Equality of Resources », Philosophy and Public
Affairs, 10, pp. 283-345.
-
Elster, Jon (2009). Le désintéressement. Traité critique de l’homme économique, Paris, Seuil.
Elster, Jon (2007). Explaining Social Behavior. More Nuts and Bolts for the Social Sciences, Cambridge,
Cambridge Uni. Press.
Eymard-Duvernay, François (2002). « Pour un programme d’économie institutionnaliste », Revue
économique, 53, 2, pp. 325-336.
Fleurbaey, M. (2007). « Social Choice and Just Institutions : New Perspectives », Economics and
Philosophy, 7, pp. 159-172.
Fontaine, Laurence (2008). L’économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe
préindustrielle, Paris, Gallimard « nrf essais ».
Frankfurt, H. G. (1987). « Equality as a moral ideal », Ethics, 98, pp. 21-43.
Gauthier, David (2000). Morale et contrat. Recherche sur les fondements de la morale (trad.), Liège,
Mardaga.
Hausman, D. et M. McPherson (2006). Economic Analysis and Moral Philosophy (2e éd.), Cambridge,
Cambridge Uni. Press.
Held, David (2005). Un nouveau contrat mondial. Pour une gouvernance social-démocrate (trad.), Paris,
Les Presses Sciences-Po.
Heath, Joseph (2002). La société efficiente. Pourquoi fait-il si bon vivre au Canada ? (trad.), Montréal,
Presses de l’Université de Montréal.
Hirschman, Albert O. (1980). Les passions et les intérêts. Justifications politiques du capitalisme avant son
apogée (trad.), Paris, Quadrige/PUF.
Kant, Immanuel (1994). Métaphysique des mœurs (I et II), trad. A. Renaut, Paris, Flammarion.
Kymlicka, Will (1999). Les théories de la justice. Libéraux, utilitaristes, libertariens, marxistes,
communautariens, féministes… (trad.), Montréal, Boréal.
Leminicier, Bertrand (2006). La morale face à l’économie, Paris, éd. d’Organisation.
Mill, John Stuart (1988). L’utilitarisme, trad. G. Tanesse, Paris, Flammarion.
Ogien, Ruwen (2007). L’éthique aujourd’hui. Maximalistes et minimalistes, Paris, Gallimard
« Folio essais»
Picavet, Emmanuel (1996). Choix rationnel et vie publique, Paris, Presses universitaires de France.
Piketty, Thomas (2008). L’économie des inégalités (6e éd.), Paris, La Découverte.
Pogge, Thomas et Keith Horton (dir.) (2008). Global Ethics – Seminal Essays, St. Paul, Paragon House.
Pomeranz, Kenneth (2000). The Great Divergence : China, Europe, and the Making of the Modern World
Economy, Princeton (N.J.), Princeton Uni. Press.
Rawls, John (2003). La justice comme équité, Paris, La Découverte.
Sassen, Saskia (2006). Territory, Authority, Rights. From Medieval to Global Assemblages, Princeton &
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Sassen, Saskia (1998). Globalization and Its Discontents : Essays on the Mobility of People and Money,
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Schabas, Margaret (2005). The Natural Origins of Economics, Chicago, Uni. of Chicago Press.
Sen, Amartya (2003). L’économie est une science morale (trad.), Paris, La Découverte.
Sen, Amartya (2000a). Repenser l’inégalité (trad.), Paris, Seuil.
Sen, Amartya (2000b). Un nouveau modèle économique. Développement, justice, liberté (trad.), Paris,
Odile Jacob.
Sen, Amartya (1993). Éthique et économie (trad.), Paris, Presses universitaires de France.
Singer, Peter (1997). Questions d’éthique pratique (trad.), Paris, Bayard Éditions.
Smart, J. J. C. et Bernard Williams, Utilitarisme. Le pour et le contre (trad.), Genève, Labor et Fides.
Smith, Adam (2003). Théorie des sentiments moraux (trad.), Paris, Presses universitaires de France.
Stiglitz, Joseph E. (2002). La Grande Désillusion (trad.), Paris, Fayard.
Stiglitz, Joseph E. (2003). Quand le capitalisme perd la tête (trad.), Paris, Fayard.
Van Parijs, Philippe et Yannick Vanderborght (2005). L'Allocation universelle, Paris, La Découverte
« Repères », Paris.
Van Parijs, Philippe (1995). Real Freedom for All, What (if anything) can justify capitalism, Oxford,
Clarendon Press.
Van Parijs, Philippe (1990). Le modèle économique et ses rivaux. Introduction à la pratique de
l’épistémologie des sciences sociales, Genève/Paris, Droz, 1990.
Van Parijs, Philippe et Christian Arnsperger (2000). Éthique économique et sociale, Paris, La Découverte
« Repères ».

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