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Politique Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion Regards croisés Décembre 2006 Ce sondage est réalisé pour Publié dans et le jeudi 7 décembre 2006 le jeudi 7 décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 L'Institut BVA a réalisé une enquête auprès d'un échantillon représentatif de la population française. 1008 personnes âgées de 15 ans et plus ont été interrogées du 3 au 4 novembre 2006 par téléphone. Méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, CSP du chef de famille. Les rappels de résultats obtenus auprès des personnes sans-abri proviennent d’une étude réalisée en 2005 par l’Institut BVA auprès d’un échantillon représentatif des personnes hébergées dans les centres de l’association Emmaüs, ou bénéficiant de l’aide des travailleurs sociaux de l’association. 401 sans-abri âgés de 18 ans et plus ont été interrogés du 17 novembre au 5 décembre 2005 dans les centres d’accueil, d’hébergement d’urgence et d’hébergement d’insertion, par les travailleurs sociaux de l’association. Quelques interviews ont également été réalisées lors des maraudes. Méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, nationalité, et stratification par type de centre (accueil, hébergement d’urgence et hébergement d’insertion). -2- Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Un an après avoir interrogé les sans-abri accueillis ou hébergés dans les centres de l’Association Emmaüs, l’institut BVA a réalisé à la demande de cette dernière une enquête auprès des Français âgés de 15 ans et plus sur les sans-abri et la lutte contre l’exclusion. Cette étude aborde plus particulièrement quatre thèmes : - le regard porté par les Français sur la situation des sans-abri - la possibilité pour les Français de se trouver dans cette situation - la problématique de l’hébergement des sans-abri - les politiques de lutte contre l’exclusion et d’accès au logement Certaines questions identiques aux deux enquêtes invitent à lire les résultats de cette enquête au regard de ceux obtenus auprès des sans-abri (tout en tenant compte de la différence entre les deux méthodologies). I. LES FRANÇAIS PORTENT UN REGARD PESSIMISTE SUR LA SITUATION DES SANS-ABRI De manière générale les Français ont le sentiment que le nombre de sans-abri a augmenté en France au cours des dernières années. Cette impression est partagée par une très large majorité des Français quand il s’agit de juger cette évolution au niveau de la France entière (85%) et par un Français sur deux quand ils analysent la situation dans leur commune. Même si les Français sont unanimes sur cette question, certaines catégories ont cependant davantage le sentiment que le nombre de personnes n’ayant pas d’abri a augmenté en France ou dans leur commune. Décembre 2006 Il s’agit tout particulièrement des personnes estimant qu’à l’avenir la situation des personnes sans-abri va se dégrader (respectivement 94 et 61%), des salariés du secteur public (92 et 57%), des sympathisants de gauche (89 et 57%), des femmes (89 et 55%) et des personnes pensant pouvoir devenir un jour sans-abri (88 et 56%). Par ailleurs les habitants d’Ile-de-France sont plus nombreux que l’ensemble des Français à partager l’idée que la situation s’est dégradée dans leur commune (56 contre 50%). Les Français constatent donc en premier lieu une augmentation ces dernières années du nombre de personnes sans-abri. Interrogés sur les causes ayant conduit des personnes à se retrouver sans-abri, les Français s’accordent pour affirmer que cette situation ne résulte pas d’un choix délibéré : seulement 6% des Français estiment que ces personnes « ont choisi ce mode de vie » (13% des personnes âgés de 65 ans et plus). Pour 70% des Français ce sont des « situations économiques difficiles » qui conduisent des individus à être sans-abri plus que « des histoires personnelles difficiles » (23%). Les catégories de population les plus nombreuses à invoquer les raisons économiques sont les ouvriers (78%), les jeunes (77% des 1524 ans) et les sympathisants de gauche (75% contre 62% des sympathisants de droite). Corroborant ce résultat, les deux tiers des Français estiment que les sans-abri ont « plutôt envie de se fixer définitivement quelque part » contre 29% soutenant l’idée qu’ils ont « plutôt envie de ne jamais rester plus de quelques semaines au même endroit ». Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus auprès des sans-abri, même si ces derniers se positionnent plus massivement (88%) sur l’idée selon laquelle les sans-abri aspirent à la sédentarisation. -3- Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Parmi l’ensemble des Français cette idée est particulièrement forte chez les cadres supérieurs et les professions libérales (79%), les personnes dont le revenu mensuel par foyer est le plus élevé (79%), les habitants d’Ilede-France (75%), les personnes âgées de 35 à 49 ans (75%) et les sympathisants de gauche (72% contre 58% parmi les sympathisants de droite). Quand il s’agit de savoir comment les sansabri occupent leur journée quand les centres d’hébergement sont fermés, les réponses de l’ensemble des Français diffèrent de celles des sans-abri eux-mêmes. Parmi les 6 occupations proposées en réponse, « elles marchent en attendant que la journée se passe » est la plus citée (47% des Français) alors qu’elle n’apparaît qu’en 4ème proposition pour les sans-abri (20% des sans-abri). Placé en 1er pour les sans-abri, les Français placent en 2ème le fait de faire des « démarches administratives par ellesmêmes pour trouver un emploi, un logement, toucher des aides, … » (38% des Français, 47% des sans-abri). Comme pour les sansabri, en 3ème position pour l’ensemble des Français se trouve une activité passive «elles cherchent un lieu pour se reposer » (31% et 32% des sans-abri). Le fait d’aller « dans un accueil de jour pour rencontrer un travailleur social » arrive en 4ème position pour l’ensemble des Français et en 2ème pour les sans-abri (28% contre 38%). Ainsi les personnes sans-abri sont beaucoup plus nombreuses que l’ensemble des Français à estimer qu’elles sont actives pendant la journée. 62% des personnes interrogées ont cité une activité à travers laquelle les sansabri cherchent à s’insérer (personnes ayant mentionné « elles font des démarches … », « elles vont dans un accueil de jour… » ou bien « elles vont travailler ») et plus particulièrement les employés (72%), les 25-34 ans (71%) et les sympathisants de gauche (69%). Mais ils sont encore plus nombreux, 77%, à Décembre 2006 avoir cité une activité plus passive (il s’agit de ceux qui ont évoqué « elles cherchent un lieu pour se reposer », « elles rejoignent des amis », ou bien « elles marchent en attendant que la journée se passe »). Sur l’avenir des personnes sans-abri, des Français plus pessimistes que les intéressés eux-mêmes. Ainsi, 17% seulement des Français ont le sentiment qu’à l’avenir la situation des sansabri va s’améliorer au lieu de 77% des personnes sans-abri, tandis qu’ils sont 40% à estimer que leur situation va se dégrader et 41% qu’elle va rester la même (au lieu de respectivement 10 et 12%). Le sentiment d’optimisme à l’égard du futur des personnes sans-abri est particulièrement partagé par les plus jeunes (24% des 15-24 ans), les personnes sans diplôme et celles dont le revenu mensuel du foyer est le plus faible (21%), les sympathisants de droite (20% au lieu de 15% des sympathisants de gauche) et les ouvriers (19%). A l’inverse ce sont les personnes les plus aisées et les sympathisants de gauche qui sont les plus pessimistes (54% des sympathisants d’extrême gauche, 50% des cadres supérieurs et 49% des personnes dont le foyer gagne plus de 3 500€ par mois). Les personnes estimant probable qu’elles deviennent à leur tour sans-abri sont quant à elles particulièrement pessimistes. Pour 47% d’entre elles la situation des personnes sansabri va se détériorer alors que les personnes se sentant à l’abri de cette situation sont 34% à partager cette vision. -4- Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 des sympathisants LO / LCR et 57% des sympathisants FN / MNR) et plus à gauche qu’à droite (46% des sympathisants PS au lieu de 36% des sympathisants UMP). II. 1 FRANÇAIS SUR 2 ENVISAGE QU’IL PUISSE DEVENIR SANS-ABRI Une personne sur deux en France pense qu’il est possible qu’elle devienne un jour sans-abri (48%). Si seulement 4% estiment qu’une telle situation « est très possible », elles sont 44% à juger que « cela pourrait leur arriver » contre 35% pour qui « il y a peu de chances que cela arrive » et 17% affirmant que « cela ne leur arrivera jamais ». Ce phénomène est commun à toutes les catégories même si les personnes les plus aisées sont plus nombreuses à estimer « qu’il y a peu de chances que cela leur arrive » que « cela peut leur arriver ». Les personnes se sentant les plus vulnérables sont particulièrement nombreuses dans les franges les moins aisées de la population et avant tout parmi les ouvriers : pour 74% d’entre eux devenir sans-abri est possible et pour 11% d’entre eux c’est même « très possible ». Ce risque est très présent pour les personnes ayant un diplôme de niveau CAP / BEP (61%) et les personnes dont le revenu mensuel du foyer est inférieur à 1 500€ par mois (58%). 59% des salariés estiment probable d’être à l’avenir sans-abri, et il est à noter que l’écart observé entre les salariés du public et les salariés du privé sur cette question est assez faible (respectivement 57 et 60%). Démographiquement, cette inquiétude est très importante parmi les personnes âgées de 35 à 49 ans (62%), les plus jeunes et les plus âgés se sentant plus épargnés, et les femmes (51% au lieu de 44% des hommes). Ce sentiment varie selon la région, il est maximal dans le nord ouest de la France (58%) et minimal en Ile de France (42%), et la proximité partisane. C’est aux extrêmes de l’échiquier politique qu’il est le plus fort (61% -5- Les raisons économiques sont celles invoquées prioritairement concernant la possibilité de devenir sans-abri. Le surendettement (31%) et le licenciement (21%) apparaissent avant la maladie (20%), une séparation ou un divorce (10%) et le décès d’un proche (7%). Le surendettement est particulièrement craint par les plus jeunes (55% des 15-24 ans), les employés (42%) et les personnes pensant pouvoir devenir sans-abri (33%). La raison du licenciement est citée en premier lieu parmi les professions intermédiaires (34%) et plus largement parmi les salariés (28% : 32% des salariés du secteur privé et 22 % des salariés du secteur public). Quand il s’agit de savoir quelles sont les personnes dans la population française qui sont les plus vulnérables, les Français utilisent le critère économique devant les critères sociologiques ou démographiques pour les désigner. Pour 58% des Français, la catégorie de personnes la plus menacée par l’exclusion aujourd’hui en France est celle des « travailleurs à faible salaire ». Loin derrière se trouvent « les jeunes » (39%), « les personnes âgées » (35%), « les personnes seules » (29%) et « les mères ou pères célibataires » (22%). Ainsi la corrélation entre précarité économique et exclusion semble plus forte que celle entre situation familiale difficile et exclusion particulièrement parmi les professions intermédiaires (73%), les 25-34 ans (65%), les salariés (62%, les personnes Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés estimant que le problème des sans-abri en France peut être définitivement résolu s’il y a une volonté politique suffisante (62% au lieu de 55 dans le cas contraire) et les sympathisants PS (63% au lieu de 53% des sympathisants UMP). III. LES PROPOSITIONS D’AIDE ET D’ACCUEIL LARGEMENT APPROUVÉES Les Français pensent, dans leur grande majorité, qu’il est possible d’aider les personnes vivant sous les ponts. Ainsi, 8% seulement d’entre eux se montrent résignés en estimant que rien ne peut être vraiment entrepris pour aider les personnes vivant sous les ponts. Ce sentiment est cependant un peu plus ressenti par les personnes les plus âgées (14%). Pour la grande majorité des Français il est donc nécessaire d’agir pour que les personnes vivant sous les ponts soient aidées. L’opinion des Français dans leur ensemble rejoint celle des sans-abri en étant partagée entre la possibilité « d’ouvrir des centres d’accueil de proximité, à petits effectifs » (40% et 37% des sans-abri) et « le développement d’équipes de travailleurs sociaux partant à leur rencontre » (39% et 40% des sans-abri). Une minorité d’entre eux accorde davantage de confiance dans le renforcement « des relations des sans-abri avec les passants et les voisins » (11% et 8% des sans-abri). Pour qu’il y ait moins de SDF dans la rue, les Français sont unanimes à préférer « l’augmentation des travailleurs sociaux pour aider les SDF à se réinsérer » (92%) à « l’augmentation de la présence des forces de l’ordre pour restreindre l’accès à la voie publique aux SDF » (5%). -6- Décembre 2006 Les sympathisants de l’extrême droite sont les seuls à se distinguer légèrement sur cette question, même si la très grande majorité d’entre eux (78%) rejoint l’opinion générale des Français. L’ouverture de nouveaux centres d’hébergement ne semble ne pas faire l’objet de débats, 96% des Français y étant favorables. Quelques catégories sont un tout petit peu plus dubitatives, telles les travailleurs à leur compte (87% d’opinions favorables). Ce consensus est à peine entamé lorsque la question, plus épineuse, de l’ouverture d’un centre dans son quartier est posée : 88% des Français y adhèrent toujours. Les travailleurs à leur compte (79%), rejoints cette-fois-ci par les personnes âgées (79%), restent un peu moins ouverts à cette proposition. Sur un plan qualitatif, les Français mettent l’accent sur l’orientation de ces centres vers la réinsertion. Ils estiment prioritaire (58%) qu’un centre d’hébergement d’urgence soit doté de services d’accès aux droits, aux soins ou à l’emploi. Pour autant les conditions matérielles d’hébergement dans le jugement de la qualité d’un centre sont importantes puisque l’addition des items relatifs à celui-ci réunit 59% de citations. Les Français sont ainsi soucieux du maintien des bâtiments en bon état (22%), de l’existence de chambres individuelles (21%) et, dans une moindre mesure, conscients du souci de ne pas accueillir un nombre trop important de personnes (16%). Les interviewés associent par ailleurs la qualité d’un centre à son ouverture permanente (39%), devant l’adaptation de la durée de séjour à chacun (26%). Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Pour répondre aux situations d’hébergement d’urgence des sans-abri, les Français sont favorables à l’ouverture de nouveaux centres, mettent l’accent sur le développement du travail des travailleurs sociaux et sur l’accès aux outils de réinsertions dans les centres. IV. LES FRANÇAIS, FAVORABLES À DES SOLUTIONS POLITIQUES AUDACIEUSES Concernant l’issue du problème, c’est la version pessimiste qui l’emporte. La majorité des Français affirme que « la question des sans-abri est un problème dont on ne viendra jamais véritablement à bout » (54%) contre 45% soutenant l’idée que « le problème des sans-abri en France peut-être définitivement résolu s’il y a une volonté politique suffisante ». Ce constat rejoint la vision déjà observée des Français sur l’évolution du nombre de sansabri et la possibilité de devenir soi-même sans-abri. Cependant, certaines catégories de la population partagent moins ce défaitisme et se trouvent majoritaires à penser que la volonté politique puisse enrayer ce fléau : les Franciliens (55%), les catégories socioprofessionnelles supérieures (55%), les personnes les plus aisées (54%), les 35-49 ans (53%), sympathisants de gauche (53% au lieu de seulement 34% des sympathisants de droite), les chômeurs (52%) et les titulaires d’un bac plus 2 (51%). Ainsi, sur ce débat essentiel, nous pouvons observer un triple clivage : géographique (Paris-province), social (personnes aisées-milieux populaires) et politique (droite-gauche). Pour autant, les Français veulent croire en l’efficacité d’une approche politique déterminée. -7- Décembre 2006 Pour lutter efficacement contre l’exclusion, ils estiment qu’il faut avant tout « que la politique publique en matière de lutte contre l’exclusion soit plus affirmée » (45%). Cette opinion est davantage partagée encore par les sympathisants de gauche (55%), les personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles élevées (54% des PCS+), par les personnes les plus aisées (54% des celles appartenant à des foyers dont le revenu mensuel net est supérieur à 3500 euros) et les salariés du secteur public (53%). Un tiers des individus pensent que ce sont les personnes en situation d’exclusion qui restent les plus à même d’influer sur leur destin pour s’en sortir. Ce souhait de responsabilisation est même majoritaire pour les personnes âgées (46%), les sympathisants de droite (41%) et surtout d’extrême droite (48%). Mais il est particulièrement faible pour les habitants d’Ile-deFrance (25%), qui se distinguent ainsi de l’ensemble des Français en étant plus sceptiques sur le bien-fondé de cette solution. Enfin, seuls 19% des Français estiment que c’est par le développement d’initiatives privées qu’il est possible de combattre le plus efficacement l’exclusion. Ce sont les jeunes (28%) et les personnes votant à droite (23%) qui supportent le plus cette alternative. Concernant la question du droit à l’hébergement, 77% des Français pensent que « le fait d’avoir un accès à un hébergement de nuit est un droit élémentaire pour toute personne sans-abri » contre 22% pour qui « le fait d’avoir accès à un hébergement de nuit doit être soumis à certaines conditions ». De cette façon, la majorité des Français parait considérer ce droit inaliénable. On retrouve néanmoins un léger clivage politique, cette opinion étant plus prégnante à gauche (82%) qu’à droite (70%). Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Pour ce qui est des mesures envisageables pour améliorer l’accès au logement des personnes en difficulté, les Français plébiscitent prioritairement « la réquisition des bâtiments et des logements vides » (39%) et « la construction de davantage de logements sociaux » (37%). Pour chacune de ces solutions, deux types de profil bien distincts peuvent être observés. Ainsi, ce sont les fanges les plus populaires (54% des ouvriers y sont favorables) et classées les plus à gauche (48% des électeurs de LO-LCR) qui appuient l’idée de la réquisition avec le plus d’insistance. Celle-ci n’est, à l’inverse, préconisée que par une proportion limitée de personnes aisées (32% de celles appartenant à des foyers gagnant plus de 3500 euros par mois) ou de personnes âgées (33% des 65 ans et plus). Pour ce qui est de la construction de nouveaux logements sociaux, les plus âgés (47%), les cadres supérieurs (43%) et les sympathisants de la droite parlementaire (43%) sont les plus fervents partisans de cette solution. Cette idée n’est, en revanche, pas jugée prioritaire parmi les catégories socioprofessionnelles les moins élevées (29%) ou chez les jeunes (25%), ceux-ci ayant . La troisième solution citée, celle de « faire du logement un droit sans condition » (12%), est plus réclamée par les classes moyennes (21% des professions intermédiaires) que par le reste de la population. Enfin, 10% Français jugent prioritaire « d’interdire les expulsions sans proposition de relogement », les jeunes s’en démarquant en y étant les plus favorables (20%). Les Français considèrent l’accès à un emploi comme le vecteur principal de la réinsertion des sans-abri (92% des interviewés l’ont cité). Selon eux, ce serait avant tout par le biais d’un revenu et d’un statut que les personnes vivant à la rue pourront sortir -8- Décembre 2006 de leur exclusion. Les sympathisants de gauche sont encore plus convaincus de cette priorisation que ceux de droite (93% au lieu de 89%). Vient ensuite « l’accès au logement » (82%) et « l’accès aux soins médicaux » (82%). Mais, autant les premier est indifféremment cité par les différentes catégories, autant le second est davantage privilégié par les Verts et les autres écologistes (88%), les jeunes (87%) et les personnes travaillant à leur compte (87%). « L’accès à la culture et la formation » arrive en quatrième position avec 72% de citations. Conclusion Cette enquête a permis de révéler un grand pessimisme des Français face à l’exclusion et à la situation des sans-abri. Pour eux, cette situation s’est durablement installée dans le paysage social. La plupart d’entre eux estiment que leur nombre a augmenté et craignent que leur situation ne se dégrade encore davantage. Ainsi, pour la moitié d’entre eux, l’existence de personnes vivant dans la rue est irréversible et la possibilité d’être un jour dans cette situation est envisageable. Ce fatalisme et cette crainte se retrouvent également dans les causes de cette situation. Très rares sont les Français qui estiment que cet état résulte d’un choix personnel, la plupart l’imputant au contexte économique et donc à des données exogènes. Dès lors, les Français estiment que cette responsabilité revient avant tout aux pouvoirs publics dont ils attendent une action forte et posent la question de l’hébergement des personnes sans-abri moins en termes caritatifs que comme la nécessaire reconnaissance d’un droit. Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 SOMMAIRE I - RÉSULTATS D’ENSEMBLE ......................................................... 10 1. LES FRANÇAIS ET LEUR PERCEPTION DES SDF ........................ 11 Perception de l’évolution du nombre de sans-abri .................................................. 12 Pourquoi devient-on sans-abri ? ............................................................................... 13 L’envie de se fixer définitivement quelque part......................................................... 14 Les activités des sans-abri en journée ...................................................................... 15 Confiance en l’avenir des sans-abri .......................................................................... 16 2. LES FRANÇAIS ET LA CRAINTE DE L’EXCLUSION ...................... 17 Probabilité de devenir un jour sans-abri ................................................................... 18 Raisons pouvant conduire à devenir un jour sans-abri ........................................... 19 Personnes les plus vulnérables face à l’exclusion .................................................. 20 3. LES FRANÇAIS, L’HÉBERGEMENT ET L’ACCOMPAGNEMENT DES SDF........................................................ 21 L’aide aux personnes vivant sous les ponts............................................................. 22 Qualité principale d’un centre d’hébergement .......................................................... 23 Opinion quant à l’ouverture de nouveaux centres d’hébergement en France ....... 24 Opinion quant à l’ouverture de nouveaux centres d’hébergement dans son quartier ........................................................................................................ 25 4. LES FRANÇAIS ET LA POLITIQUE GÉNÉRALE DE LUTTE CONTRE L’EXCLUSION ............................................................ 26 Attentes en matière de lutte contre l’exclusion ......................................................... 27 Le problème des sans-abri en France, une fatalité ?................................................ 28 Le droit à l’hébergement ............................................................................................. 29 Mesures permettant la diminution du nombre de sans-abri dans la rue ................ 30 Mesures en matière d’accès au logement ................................................................. 31 Vecteur prioritaire de réinsertion des SDF ................................................................ 32 II. RÉSULTATS VENTILÉS................................................................ 33 -9- Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés I - RÉSULTATS D’ENSEMBLE - 10 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés 1. LES FRANÇAIS ET LEUR PERCEPTION DES SDF - 11 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 PERCEPTION DE L’ÉVOLUTION DU NOMBRE DE SANS-ABRI Avez-vous l’impression que ces dernières années, le nombre de sans-abri (SDF) a plutôt augmenté, plutôt diminué ou est resté le même ? Dans votre commune Plutôt augmenté Plutôt diminué Est resté le même (NSP) Ensemble des Français 50 4 39 7 Résidents Ile-de-France 56 5 34 5 Plutôt augmenté Plutôt diminué Est resté le même (NSP) Ensemble des Français 85 3 10 2 Résidents Ile-de-France 85 4 9 2 En France - 12 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés POURQUOI DEVIENT-ON SANS-ABRI? Pensez-vous que la plupart des personnes sans-abri (SDF) le sont... Ensemble Habitants des Français Ile-de-France … parce qu’elles ont rencontré une situation économique difficile 70 63 … parce qu’elles ont vécu une histoire personnelle difficile 22 31 … parce qu’elles ont choisi ce mode de vie 6 4 (NSP) 2 2 Total 100 100 - 13 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 L’ENVIE DE SE FIXER DÉFINITIVEMENT QUELQUE PART Pensez-vous que les sans-abri (SDF) ont plutôt envie de se fixer définitivement quelque part ou plutôt envie de ne jamais rester plus de quelques semaines dans un même endroit ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Personnes sans-abri Plutôt envie de se fixer définitivement quelque part 65 75 88 Plutôt envie de ne jamais rester plus de quelques semaines dans un même endroit 29 22 9 (NSP) 6 3 3 Total 100 100 100 - 14 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 LES ACTIVITÉS DES SANS-ABRI EN JOURNÉE Selon vous, que font les sans-abri (SDF) pendant la journée quand les centres d’hébergement sont fermés ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Personnes sans-abri Elles marchent en attendant que la journée se passe 47 42 20 Elles font des démarches par elles-mêmes pour trouver un emploi, un logement, toucher des aides … 38 37 47 Elles cherchent un lieu pour se reposer (jardin, bibliothèque…) 31 34 32 Elles vont dans un accueil de jour pour rencontrer un travailleur social 28 28 38 Elles rejoignent des amis 24 18 8 Elles vont travailler 11 14 11 (NSP) 3 4 2 Total * * * * Total supérieur à 100 car deux réponses possibles - 15 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés CONFIANCE EN L’AVENIR DES SANS-ABRI Lorsque vous pensez à l’avenir des personnes sans-abri en France, avez-vous le sentiment que leur situation va s’améliorer, se dégrader ou rester la même ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Personnes sans-abri S’améliorer 17 17 77 Se dégrader 40 38 10 Rester la même 41 44 12 (NSP) 2 1 1 Total 100 100 100 - 16 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 2. LES FRANÇAIS ET LA CRAINTE DE L’EXCLUSION - 17 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés PROBABILITÉ DE DEVENIR UN JOUR SANS-ABRI Pensez-vous que vous puissiez devenir un jour sans-abri (SDF)? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Oui, c’est très possible 4 2 Oui, cela pourrait m’arriver 44 40 S/T Oui 48 42 Non, il y a peu de chance pour que cela m’arrive 35 38 Non, cela ne m’arrivera jamais 17 19 S/T Non 52 57 (NSP) - 1 Total 100 100 - 18 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 RAISONS POUVANT CONDUIRE À DEVENIR UN JOUR SANS-ABRI Parmi les événements que je vais vous citer, quel est celui qui vous ferait le plus craindre de devenir sans-abri (SDF) ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Le surendettement 31 32 Un licenciement 21 22 La maladie comme un cancer, une dépression… 20 23 Une séparation ou un divorce 10 5 Le décès d’un proche 7 5 (Autre) 4 7 (Rien / NSP) 7 6 100 100 Total - 19 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés PERSONNES LES PLUS VULNÉRABLES FACE À L’EXCLUSION Parmi les catégories de personnes suivantes, lesquelles sont d’après vous les plus menacées par l’exclusion aujourd’hui en France ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Les travailleurs à faible salaire 58 56 Les jeunes 39 35 Les personnes âgées 35 38 Les personnes seules 29 28 Les mères ou pères célibataires 22 23 (Autre) 2 2 (NSP) 1 2 Total * * * Total supérieur à 100 car deux réponses possibles - 20 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 3. LES FRANÇAIS, L’HÉBERGEMENT ET L’ACCOMPAGNEMENT DES SDF - 21 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 L’AIDE AUX PERSONNES VIVANT SOUS LES PONTS Que pensez-vous qu’il soit le plus nécessaire de faire pour que les personnes qui vivent sous les ponts acceptent d’être aidées ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Personnes sans-abri Ouvrir des centres d’accueil de proximité, à petits effectifs 40 45 37 Développer les équipes de travailleurs sociaux qui partent à leur rencontre 39 37 40 Favoriser leurs relations avec les passants et voisins 11 8 8 Pas grand-chose, de toute façon, ces personnes n’attendent plus rien de personne 8 6 11 (NSP) 2 4 4 Total 100 100 100 - 22 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés QUALITÉ PRINCIPALE D’UN CENTRE D’HÉBERGEMENT D’après vous, la qualité d’un centre d’hébergement d’urgence pour des personnes sans-abri (SDF) passe-t-elle avant tout par : Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Des services d’accès aux droits, aux soins, à la recherche d’emploi, … 58 56 Une ouverture permanente du centre 39 41 Une durée de séjour adaptée à chaque personne 26 23 Des bâtiments en bon état 22 20 Des chambres individuelles 21 22 Un nombre de personnes accueillies pas trop important 16 19 (NSP) 2 2 Total * * * Total supérieur à 100 car deux réponses possibles - 23 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 OPINION QUANT À L’OUVERTURE DE NOUVEAUX CENTRES D’HÉBERGEMENT EN FRANCE Diriez-vous que vous êtes tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à l’ouverture de nouveaux centres d’hébergement d’urgence pour les sans-abri (SDF) aujourd’hui en France? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Tout à fait favorable 48 48 Plutôt favorable 48 46 S/T Favorable 96 94 Plutôt opposé 2 3 Tout à fait opposé 1 2 S/T Opposé 3 5 (NSP) 1 1 Total 100 100 - 24 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 OPINION QUANT À L’OUVERTURE DE NOUVEAUX CENTRES D’HÉBERGEMENT DANS SON QUARTIER Et seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à l’ouverture d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence pour les sans-abri (SDF) dans votre quartier ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Tout à fait favorable 36 42 Plutôt favorable 52 48 S/T Favorable 88 90 Plutôt opposé 5 3 Tout à fait opposé 3 4 S/T Opposé 8 (NSP / Il en existe déjà un) Total - 25 - 7 4 3 100 100 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 4. LES FRANÇAIS ET LA POLITIQUE GÉNÉRALE DE LUTTE CONTRE L’EXCLUSION - 26 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés ATTENTES EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE L’EXCLUSION D’après-vous, pour lutter efficacement contre l’exclusion, faudrait-il avant tout … : Ensemble Habitants des Français Ile-de-France … que la politique publique en matière de lutte contre l’exclusion soit plus affirmée 45 49 … que les personnes en situation d’exclusion se prennent davantage en charge 33 25 … que les initiatives privées se développent 20 25 (Autre) 1 - (NSP) 1 1 Total 100 100 - 27 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés LE PROBLÈME DES SANS-ABRI EN FRANCE, UNE FATALITÉ ? Vous personnellement, de laquelle de ces deux opinions vous sentez-vous le plus proche : Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Le problème des sans-abri en France peut être définitivement résolu s’il y a une volonté politique suffisante 45 55 La question des sans-abri en France est un problème dont on ne viendra jamais véritablement à bout 54 43 (NSP) 1 2 Total 100 100 - 28 - Décembre 2006 Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés LE DROIT À L’HÉBERGEMENT Diriez-vous que le fait d’avoir accès à un hébergement de nuit : Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Est un droit élémentaire pour toute personne sans-abri 77 76 Ou doit être soumis à certaines conditions 22 24 (NSP) 1 - Total 100 100 - 29 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 MESURES PERMETTANT LA DIMINUTION DU NOMBRE DE SANS-ABRI DANS LA RUE Pour qu’il y ait moins de SDF dans la rue, faut-il d’après vous : Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Augmenter la présence des travailleurs sociaux pour aider les SDF à se réinsérer 92 93 Augmenter la présence des forces de l’ordre pour restreindre l’accès à la voie publique aux SDF 5 2 (NSP) 3 5 Total 100 100 - 30 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 MESURES EN MATIÈRE D’ACCÈS AU LOGEMENT Parmi les mesures suivantes, laquelle vous parait prioritaire pour améliorer l’accès au logement des personnes en difficulté aujourd’hui en France ? Ensemble Habitants des Français Ile-de-France Réquisitionner les bâtiments et les logements vides 39 31 Construire davantage de logements sociaux 36 47 Faire du logement un droit sans condition 12 12 Interdire les expulsions sans proposition de relogement 10 5 (Autre) 2 3 (NSP) 1 2 Total 100 100 - 31 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés Décembre 2006 VECTEUR PRIORITAIRE DE RÉINSERTION DES SDF Selon vous pour la réinsertion des SDF, le plus important est-il l’accès à l’emploi, l’accès au logement, l’accès à la culture et à la formation ou l’accès aux soins médicaux ? En premier ? En second ? En troisième ? En quatrième ? Rang Total citations Habitants Ile-de-France 1er 92 91 L’accès au logement 2ème 82 80 L’accès aux soins médicaux 3ème 82 80 L’accès à la culture et à la formation 4ème 72 71 (Autre) 1 1 (NSP) - - * * L’accès à l’emploi Total * * Total supérieur à 100 car plusieurs réponses possibles - 32 - Les Français, les sans-abri et la lutte contre l’exclusion - Regards croisés II. RÉSULTATS VENTILÉS - 33 - Décembre 2006