Stéréotypie et homosexualité masculine

Transcription

Stéréotypie et homosexualité masculine
FARINACCI Saveria
Résumé
Stéréotypie et homosexualité
masculine
Une problématique d’extériorité
Directrice de mémoire : Carole Guglielmetti
Introduction
De toutes les interrogations que l’homosexualité a pu soulever, il en est une qui se
dégage et qui concerne évidemment le caractère pathologique ou non de celle-ci. Elle fait
l’objet de nombreux débats et questions issues pour la majorité de l’incompréhension et de la
méconnaissance.
Hypothèse générale
L’homosexualité représente 6 à 7 % de la population française, malgré une tolérance et
une compréhension grandissante, elle est souvent dérangeante car si certains homosexuels
passent tout à fait inaperçus, d’autres au contraire se donnent à voir et joue la carte du
stéréotype qui se manifestera par exemple chez une lesbienne par des comportements très
masculins allant souvent au-delà de ce qui caractérise un simple garçon manqué et que l’on
rencontrera aussi bien à travers le langage, que l’habillement ou l’attitude. A l’inverse, chez
un gay, c’est le coté féminin qui sera mis en avant avec des attitudes très maniérées allant
parfois jusqu’à une modification de la voix se rapprochant de celle d’une fille.
Mais où se situe la différence entre ces homosexuels que l’ont ignore et ceux qu’il nous
est impossible d’ignorer ?
Elle pourrait se situer, dans le détour, dans une carence ou non au sein de la construction
identitaire de l’individu de laquelle va découler une bonne ou une mauvaise intégration de
l’identité homosexuelle se manifestant ou non par des comportements stéréotypés.
Intégration d’une identité homosexuelle
A la découverte de leur préférence sexuelle, les homosexuels se voient confronter à
adopter un schéma qui ne correspond pas à celui mis en avant par la société, celui de
l’hétérosexualité. Il se retrouve donc en rupture avec son milieu et il va devoir mettre en place
des outils psychiques lui permettant d’allier sa condition d’homosexuel avec la demande
sociale qui lui est hostile afin d’arriver après une certaine élaboration de son identité à se
garantir une stabilité psychique et émotionnelle dans ce cadre de vie.
Nous pouvons imaginer qu’intégrer l’homosexualité ne se fait pas du jour au lendemain
mais est quelque chose qui va progressivement se mettre en place.
En effet, c’est au moment de l’adolescence où un bouleversement physique se produit
avec la maturation de la fonction sexuelle et alors qu’il rencontre l’autre genre que vient se
poser la question de la sexualité.
A cette époque, l’individu intériorise des conduites pertinentes à des situations données
sur la base de la référence à un modèle externe et va progressivement pouvoir glisser de ce
référent externe à un référent interne qui sera capable de maintenir une cohérence identitaire
globale stable. Ce sont les différents feedback que renvoie l’environnement qui vont permettre
à l’adolescent de se positionner dans son milieu social et d’arborer les comportements les plus
adaptés à celui-ci.
Quand l’activité de la personne n’arrive pas à lier l’organisme et son milieu, la structure
identitaire entre dans une sorte de crise et l’individu va devoir trouver un moyen de s’adapter
à son milieu. C’est grâce au mécanisme d’intériorisation et de restructuration que l’individu
pourra sortir d’une crise et maintenir sa sécurité de base.
Nous le savons, l’entrée dans la sexualité est un véritable ébranlement et elle devient un
peu plus problématique lorsqu’elle ne correspond pas à ce que l’on a pu intérioriser de la
sexualité depuis notre enfance. L’adolescent pour être capable d’affronter cette nouvelle
réalité sans trop de dégâts doit avoir auparavant construit une identité globale suffisamment
stable pour continuer à assurer sa sécurité de base.
Dans le cadre de cette étude, nous faisons l’hypothèse que les stéréotypes dans lesquels
s’enferment parfois les homosexuels traduisent cette crise identitaire, cette période
d’adaptation. En effet, l’adolescent est prit en étau entre ce qu’il a intégré de la sexualité
depuis son enfance comme étant la forme positive de la sexualité, c'est-à-dire une sexualité
entre un homme et une femme et ce qu’il a intégré de sa propre identité, c'est-à-dire son
homosexualité.
Ça ne sera qu’une fois que l’identité homosexuelle sera totalement intégrée à l’identité
globale, lorsque les comportements ne relèveront plus d’un mode de participation au milieu
basé sur l’extériorité, que l’individu pourra adopter en grande majorité des comportements et
des attitudes relatives à son genre.
Hypothèse de travail
Nous cherchons à démontrer à travers cette étude la correspondance entre un certain
degré d’intériorisation de l’identité globale de la personne acquise tout au long de la vie et le
degré d’intériorisation de l’identité partielle que constitue l’homosexualité avec pour postulat
de base l’idée que lorsqu’un élément de l’identité est suffisamment intégré, il n’a pas besoin
d’être mit en avant aux yeux de tous.

homosexuelle et de l’identité globale à l’adolescence et aujourd’hui de chaque sujet.
 Sur le plan intergroupal, il s’agit de comparer l’évolution du degré d’intériorité de
l’identité homosexuelle et de l’identité globale des sujets aux deux temps de notre étude.
Les outils d’évaluation
Pour évaluer l’existence ou non d’une crise élaborative chez les sujets, nous avons
construit un questionnaire se rapportant à des agissements ou comportements relevant du
stéréotype.
Pour évaluer et comparer le degré d’intériorité de l’identité globale et de l’identité
homosexuelle avant et après l’adaptation identitaire chez chaque sujet et entre les sujets, nous
avons crée deux questionnaires, le premier appliqué à l’identité globale de la personne, le
second appliqué à l’identité homosexuelle du sujet. Ces questionnaires ont été élaborés de
façon à pouvoir faire ressortir dans chaque question et grâce à l’analyse du discours, le mode
de participation au milieu interne ou externe qu’entretien le sujet.
Composition des groupes :
Les résultats obtenus après la passation du questionnaire d’évaluation de la crise
élaborative nous ont permis de répartir les sujets comme suit :
- Groupe A, constitué de 10 sujets n’ayant pas présentés de crise.
- Groupe B, constitué de 10 sujets ayant présentés une crise et ne l’ayant pas
dépassé.
- Groupe C, constitué de 10 sujets ayant présentés une crise et l’ayant dépassé.
Résultats
1°) Nous observons, chez les sujets ayant vécu une crise élaborative et l’ayant dépassé,
une augmentation significative du niveau d’intériorité de l’identité homosexuelle entre le
moment de leur adolescence et l’âge adulte.
Nous constatons dans ce même groupe une augmentation significative du degré
d’intériorité de l’identité globale à l’âge adulte, accompagnant l’augmentation du degré
d’intériorité de l’identité homosexuelle.
2°) Nous observons, chez les sujets n’ayant pas vécu de crise élaborative, un degré
d’intériorité de l’Identité homosexuelle fort aussi bien à l’adolescence qu’à l’âge adulte
3°) Nous observons, chez les sujets ayant vécu une crise élaborative et l’ayant dépassé
(groupe C), un degré d’intériorité de l’identité homosexuelle à l’adolescence semblable à celui
rencontré chez les sujets du groupe B qui n’ont pas dépassés la crise identitaire. En revanche,
à l’âge adulte le groupe C montre un degré d’intériorité de l’identité homosexuelle
significativement plus élevé que celui rencontré dans le groupes B qui n’a pas dépassé cette
crise, à cette même période.