DISCRIMINATION LIEE AU HANDICAP DANS L`ACCES AUX LOISIRS
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DISCRIMINATION LIEE AU HANDICAP DANS L`ACCES AUX LOISIRS
DISCRIMINATION LIEE AU HANDICAP DANS L’ACCES AUX LOISIRS RAPPEL DES FAITS : Cette situation concerne une famille, précisément un garçon d’une dizaine d’années handicapé. Cet enfant participe à de nombreuses reprises* d’équitation dans le cadre des activités scolaires, mais également dans le cadre d’activités proposées par la mairie aux enfants du village, dans un centre équestre proche de leur lieu de résidence, ce depuis plusieurs années. Lors de ces cours collectifs aucun encadrement spécifique n’est mis en place pour cet enfant pleinement autonome et à l’aise sur ses montures. L’enfant progresse et formule à ses parents le souhait de pratiquer ce sport les weekends dans le centre équestre désormais familier. Les parents inscriront leur fils aux reprises du samedi. Ils versent un chèque couvrant les frais des reprises à venir. Ces cours sont ouverts à tous et aucun niveau minimum de maîtrise n’est demandé. En l’occurrence, leur fils a validé le Galop 1 (diplôme de la Fédération Française d’Equitation), ce qui assure la bonne maîtrise du cheval au pas, au trop et au galop, en plus d’une connaissance de base de l’anatomie et des soins à apporter au cheval. Lors de l’inscription l’interlocutrice du centre équestre propose à l’enfant de débuter par un cours de découverte, plutôt que par une reprise normale. La mère indique alors que son fils a déjà pratiqué ce sport dans ce centre et qu’en outre, il dispose du galop 1. Elle indique par ailleurs que les moniteurs du centre connaissent son fils et qu’il n’y a jamais eu de problème d’adaptation, de compréhension ou de niveau par rapport aux autres cavalier du niveau galop 1. L’interlocutrice insiste, sans laisser le choix à la famille. Le garçon effectue une première reprise lors d’une séance de découverte. Il ne rencontre alors aucune difficulté. Contre toute attente, l’interlocutrice prend contact avec la mère quelques jours plus tard par téléphone. Elle lui indique que le niveau de son fils n’est pas suffisant pour intégrer les reprises du samedi. La mère tente de comprendre et affirme que son fils dispose du galop 1 et qu’en outre ces cours sont ouverts à tous les niveaux. L’interlocutrice répond que l’enfant est ‘’turbulent, qu’il ne sait pas distinguer la gauche de la droite, qu’il ne sait rien faire’’. Le chèque est retourné aux parents par voie postale. L’association Alda a alors été sollicitée. Face à ce refus, le souhait des parents est de pousser le centre équestre à motiver le refus d’inscription de leur fils. Leur intuition étant que le handicap de leur fils a été le motif du refus. * reprise: nom donné aux cours d’équitation pendant lesquels plusieurs cavaliers exécutent des exercices de dressage sous la direction d'un enseignant. Ces fiches peuvent être diffusées à la condition obligatoire que la source soit citée. Pour toute information, contacter : ALDA - Association de Lutte contre les Discriminations Alsace – // 23, rue Lambert - 68 100 Mulhouse 03 89 59 50 99 – [email protected] // Fiche-outil – www.association-alda.org CONSTAT : Dans cette situation, nous avons d’abord vérifié avec les parents les conditions d’admission des reprises du samedi matin. Aucun niveau minimum n’est requis (information tirées du site du centre équestre notamment, dont nous avons tiré copie écran). Le niveau de l’enfant étant indiscutable (galop 1) le refus d’inscription n’était a priori pas justifié par des critères de choix objectifs. Nous avons donc travaillé à comprendre si le handicap de leur fils a été le motif du refus de l’inscription en reprise du samedi. Les démarches entreprises visaient donc à constituer le délit de discrimination en raison du handicap. STRATEGIE MISE EN PLACE : DES COURRIERS RELATANT LE PROBLEME ET DEMANDANT AU CENTRE EQUESTRE DE JUSTIFIER LEUR PRATIQUE Avec l’aide d’Alda, les parents ont rédigé en leur nom un premier courrier demandant au centre de justifier le refus d’inscription de l’enfant. Dans une première réponse du centre équestre, nous remarquons que le signataire ne répond pas à la question posée : Quels sont les motifs qui justifient le refus d’inscription de l’enfant. Un second courrier signé des parents pointe cette absence de réponse en poussant à la prise en compte du problème. Dans un deuxième courrier, le centre équestre justifie le refus en invoquant le problème de niveau de l’enfant. Les arguments invoqués par le centre équestre semblent hasardeux, les explications sont confuses. Nous formulons avec la famille une réponse au centre mettant en avant les incohérences de l’argumentaire et en demandant d’expliciter ces points. OBTENTION PAR ECRIT D’UN ARGUMENTAIRE INCOHERENT LAISSANT ENTREVOIR LE CARACTERE PROBLEMATIQUE DU REFUS D’INSCRIPTION Ces supports écrits, donnant à voir l’incohérence des justifications du centre équestre, ont servi de base pour saisir la HALDE, mais également pour porter plainte pour discrimination auprès du Procureur. Malheureusement, la HALDE ne qualifiera pas le problème en termes de discrimination. En effet, elle a estimé que le cas ne constituait pas une discrimination au sens pénal, du moins en l'état de la jurisprudence. Le Procureur classe également sans suite, par manque d’éléments probants. Ces fiches peuvent être diffusées à la condition obligatoire que la source soit citée. Pour toute information, contacter : ALDA - Association de Lutte contre les Discriminations Alsace – // 23, rue Lambert - 68 100 Mulhouse 03 89 59 50 99 – [email protected] // Fiche-outil – www.association-alda.org CONTOURNER LES OBSTACLES A LA RECONNAISSANCE DU DELIT Malgré un classement sans suite des recours juridiques restent possibles. Au pénal : - en saisissant la juridiction compétente par voie de citation directe - ou en demandant l’ouverture d’une information par le biais d’une constitution de partie civile (est alors prévu le versement d’une somme fixée parle juge d’instruction en garantie de l’amende civile susceptible d’être prononcée si la constitution de partie civile est jugée abusive ou dilatoire). Au civil : - en demandant à un huissier de convoquer d’adversaire devant le tribunal civil, en lui réclamant des dommages et intérêts. Rmq : l’article 177-2 du code de procédure pénale prévoit la sanction des constitutions de parties civiles abusives. À ce jour, la famille a décidé de saisir le Procureur général près la cour d’appel pour que celui-ci examine à nouveau leur saisine et procède à la réouverture du dossier pour préciser l'interprétation à donner à la notion de discrimination dans l'accès à un service. Cette démarche est à ce jour la moins ‘’risquée’’ et la moins ‘’coûteuse’’, puisqu’elle n’implique aucun versement d’argent et n’expose pas à sanction. Enfin, toutes les voies juridiques cidessus mentionnées restent opérationnelles en cas d’échec. A ce jour, la situation est toujours en cours et la fiche sera donc amenée à être complétée au fur et à mesure des évolutions. Ces fiches peuvent être diffusées à la condition obligatoire que la source soit citée. Pour toute information, contacter : ALDA - Association de Lutte contre les Discriminations Alsace – // 23, rue Lambert - 68 100 Mulhouse 03 89 59 50 99 – [email protected] // Fiche-outil – www.association-alda.org