leDEBAT-10- Bataille de Poitiers dans l`imaginaire Francais

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leDEBAT-10- Bataille de Poitiers dans l`imaginaire Francais
Pour un Vrai Débat
de tous les Débats
Le procès de l'intellectualisme Postiche Marocain
Des dialogues bidon en Général
Et des pédanteries puériles savantes en particulier
Généalogie et Autopsie
(Partie X)
1
Rencontre du premier degré avec une imposture
La Bataille de Poitiers dans l'Imaginaire des Francais
Dans l’imaginaire des Français, la première rencontre avec les Musulmans (et
pas encore avec l’Islam), a eu lieu à Poitiers en octobre 732. (Ci-dessous, Peinture de la
Bataille de Poitiers en octobre 732 imaginée par Charles de Steuben (de 1834 à 1837)
Les Français ont eu écho de cette razzia, qui s’est transformée à travers les
lunettes ultra-violettes d’un historien ecclésiastique anonyme, connu sous le pseudonyme
de; « second continuateur de Frédégaire », en grande bataille décisive pour le sort des
Français en particulier et de l’Europe entière en général.
On lit sous le titre; « Comment {Charles Martel (688 - 741) } combattit et
triompha des Saxons, du duc d’Aquitaine et d’Abdiraman (Abderrahmane), roi des
Sarrasins »;
« …L’année écoulée, le roi Charles rassembla son armée innombrable, traversa le Rhin, parcourut le pays des Alamans et
des Suèves et poussa jusqu’au Danube ; il le franchit et occupa le pays bulgare. Après avoir soumis cette région, il prit le chemin du
retour avec de nombreux trésors, une femme et sa fille nommé Sonnechilde ; pendant ce temps, le chef Eudes ne respectait plus les
conventions du traité.
L’ayant appris par des messagers, le roi Charles leva une armée, traversa la Loire, mit en fuite Eudes en personne, emporta
un grand butin (les ennemis ayant ravagé à deux reprises le pays), revint dans ses terres. Ce qui amena Eudes qui se voyait vaincu et
fini à appeler à son secours la nation perfide!!! des Sarrasins contre le roi Charles et le peuple des Francs.
Partis avec leur roi Abdiraman1, ils traversent la Garonne et parviennent à Bordeaux. Brûlant les églises, exterminant les
populations, ils arrivèrent à Poitiers. Ils mirent le feu à la basilique Saint-Hilaire. Quelle douleur de le dire ! et se proposent
d’anéantir la demeure du bienheureux Martin. Contre eux, le roi Charles, avec audace, déploie son armée et fond sur eux les armes
à la main. Avec l’aide du Christ, il renverse leurs tentes et fond sur eux pour terminer la bataille par un massacre. Il tua leur roi,
abattit et écrasa leur armée, lutta et triompha.
Cette victoire assura son triomphe sur les ennemis2.
Abderrahmane Ibn Abdallah Al-Ghafiqi (‫ )
ا ا ا‬qui succéda à As-Samh Ibn Malik AlKhoulani après sa mort en 102 a.h (732).
1
2
Source : écrits du second continuateur de Frédégaire (texte écrit sous l’inspiration de Childebrand),
Monumenta Germaniae Historica (MGH), Édition : A. Boretius, Hanovre, 1881.
2
Le hic dans cette histoire, c’est qu’elle souffre de deux inconstances graves;
1)
La première est que le code de droit islamique interdit formellement de
s’attaquer à des hommes religieux ou à des ermites, de tuer les femmes,
les enfants, les vieillards, les aveugles, les invalides, les malades
mentaux, ou des civils ne participant pas à la guerre comme les paysans
des campagnes ou les artisans, les commerçants et les boutiquiers des
villes.
2)
La seconde, consiste à affirmer que les musulmans brulent
systématiquement les Églises, alors qu’ils ne l’ont pas fait en Espagne
même, et que de surcroit ils avaient fait équipe avec le duc d'Aquitaine
Eude, un Chrétien!
3)
Ajoutez à ce qui précède le faite qu’ils leur est formellement interdit de
brûler le corps des ennemis, même après leur mort ou de les mutiler, ni
non plus couper les arbres, ni enflammer les récoltes, ni assécher les
ressources d’eau potable, au point que la notion de la guerre de la terre
brulée est une folle de logis en Islam en plus de la clause
conditionnelle;
4)
Que dans certains cas extrêmes, les civils ressortissants d’un état
ennemi ne se livrant pas à des activités subversives ou d’espionnage,
bénéficient de facto de la protection islamique et doivent être déplacés
vers un lieu sûr, où ils ne seront pas mêlés au litige pour être inquiétés.
Ce qui montre le côté diabolisant propagandiste du narrateur ecclésiaste anonyme.
Un fait très banale en ces temps et en ces lieux, qui n’est pas difficile à expliquer,
étant donné que
l’Islam, la dernière des religions Monothéistes révélées, réfutent
catégoriquement tous les fondements Pauliniens du Christianisme!
Les chroniqueurs musulmans d’Espagne pour leur part, parlent plutôt d’une
« ghazwa » (razzia) de Poitiers3, et non d’une conquête.
3
L’endroit en arabe est : « Balāt Aš-Šuhadā » (‫)
ط ااء‬, le “Pavé des Martyres”
3
L’expédition partie de Pamplona en Espagne était déjà à quelque 500 km loin de
ses bases en arrivant près de Tours (voir carte).
Les chroniqueurs musulmans donnent comme explication de la défaite de
Abderrahmane ; que les Razzieurs surchargés de butins, étaient pris au piège alors qu’ils
rebroussaient chemin pour regagner leurs bases, et que la plupart ne voulaient pas se
délester de leurs butins, comme prôné par Abderrahmane, pour faire face à l’armée de
Charles Martel.
Ce qui signa leur perte.
Ils mentionnent aussi deux autres razzias, proches dans le temps, qui tournèrent
court, l’une survenue en 7214, où le gouverneur de l’Espagne musulmane As-Samh Ibn Malik Al5
Khoulani (‫ )ا ا‬trouva la mort sous les murs de Toulouse face au comte
Eudes, le prince d'Aquitaine, et l’autre en 737, où les Francs arrivèrent à bout d’une
armée musulmane venue secourir la ville de Narbonne assiégée, acquise aux musulmans
depuis 718.
Le faite qu’Arles, la Provence et la Bourgogne
4
L’Année 102 de l’hégire débuta le 12 Juillet 720 de l’ère Chrétienne.
5
L’historien marocain; Ibn Idhari Al Marrakuchi mentionne dans son; “Kitab al bayan al mughrib”; "
‫(”ان اب أر ا
و اب‬l’histoire de l’Afrique du Nord et de l’Espagne Musulmane) parle de
Ghazwa.
., ‫م‬-8 - ‫ ر& ا‬- 56#. ‫؛‬102 ,0. ‫( اوم‬Ghaza) ‫ وذ) أ& ('ا‬،,-./ - ‫ ر& ا‬- !‫" ا‬#$‫و‬
4
ont été razziés en 734, et que le gouverneur arabe de Narbonne, Youssef Ibn
Abderrahmane s’empare d’Arles en 735 appuyé par les complicités qu’il trouve dans le
pays, et que même plus d’un demi siècle plus tard, Abdel Malik ibn Mughit conduira
une puissante razzia en 793, en Septimanie, attaquant les faubourgs de Narbonne et
réussissant à vaincre près du confluent de l'Orbieu et de l'Aude le duc Guillaume de
Toulouse6, prouve amplement ce fait.
Les sources latines des VIIIe et IXe siècles telles;
a)
b)
c)
l’histoire de l’ecclésiaste anglais; Bède le Vénérable (mort en 735),
les Annales de Metz et
la Chronique de Moissac,
Ne fournissent en effet que cette explication.
Il faudrait attendre les débuts du XIIe siècle pour voir l’Église, courte d’idées pour
embrigader ses ouailles, recourir de nouveau à l'argument de la conquête pour des raisons
religieuses, qui n’ont rien à voir avec la faits actuels de l’histoire, de ce que les
américains appellent; les « FACTOIDS ».
Le Chroniqueur musulman Andalous; Abdelhakam parmi d’autres, nomme
l’endroit de la bataille; Pavé des Martyres {en arabe : « Balāt Aš-Šuhadā » (‫})
ط ااء‬,
et pour cause, puisque le gouverneur; Abderrahmane y trouva la mort en martyre!
Il ne faut donc pas s’attendre à une localisation géographique exacte de l’endroit
par ces historiens, puisque ne pouvant revisiter les lieux eux même pour le vérifier!
Le déroulement de la bataille est donné aussi par un chroniqueur musulman
anonyme7;
Près du fleuve Owar [Loire], les deux grands centres serveurs des deux langues et les deux fois
ont été placés en rangée les uns contre les autres. Les cœurs d'Abderrahmane, de ses capitaines et de ses
hommes ont été remplis avec colère et fierté, et ils étaient les premiers à commencer à combattre. Les
6
7
le Guillaume au Court Nez de la chanson de geste.
Quotation; Edward Creasy, Fifteen Decisive Battles of the World Everyman's Library (New York: E.P. Dutton & Co., Inc. date?), 168-169
5
cavaliers musulmans se lancèrent avec force contre les bataillons des Francs, qui ont résisté
courageusement, et beaucoup sont tombés complètement de chaque côté, jusqu'au coucher du soleil.
La nuit sépara les deux armées : mais dans le gris du matin les musulmans sont revenus à la
bataille. Leurs cavaliers ont su se tailler une brèche vers le centre de l’ennemi chrétien. Mais maints
musulmans craignaient pour la sûreté du butin entreposé dans leurs tentes, et il a suffit qu’un faux cri
surgisse de leurs rangs comme quoi une partie de l'ennemi pillait le camp ; pour que plusieurs escadrons
des cavaliers musulmans montent pour protéger leurs tentes. Ce qui a semblé comme s’ils se sont sauvés ;
et tout l’ennemi a été préoccupé. Et tandis qu'Abderrahmane tâchait d’endiguer leur tumulte, pour les
mener de nouveau à la bataille, les guerriers ennemis sont venus autour de lui, et il a été percé à travers
par beaucoup de lances, de sorte qu'il soit mort.
Alors toute l’armée s'est sauvée devant l'ennemi, et beaucoup sont morts dans leur fuite.
Le lecteur appréciera sans doute le jugement de notre historien musulman
anonyme, concernant le courage des soldats de l’ennemi;
qui ont résisté courageusement
Il ne fait aucun doute, d’après ce récit, qu’on a affaire à une simple Razzia qui a
tourné au désastre à cause de la cupidité de certains combattants musulmans.
Les historiens contemporains, ayant la géographie et les photos des satellites de
leur côté procèdent eux par élimination pour localiser le lieu, sans toutefois réussir à se
mettre d’accord.
Et si la plupart d’entre eux s’accordent pour ne pas situer le champ de bataille à
proximité immédiate de Poitiers, puisque la forêt de Moulière aurait gêné les cavaliers
musulmans, ils divergent quant à l’emplacement exact.
Une partie des historiens français s’accordent pour placer l’emplacement à
proximité du hameau de Moussais (renommé pour l’occasion et pour les besoins de la
cause propagandiste; Moussais-la-Bataille!!!), sur l'actuelle commune de Vouneuil-surVienne, entre Tours et Poitiers ! (carte ci-dessous)
D’autres historiens préfèrent placer le lieu exact de la bataille à Cenon-surVienne, situé au confluent de la Vienne et du Clain!
6
L'historienne Française contemporaine; Françoise Michaud
, consciente
de ce fait, et des autres « Factoids » en vogue de nos jours, précise que l‘expédition
d’Abderrahmane avait pour but essentiel le butin, et non la conquête;
« Il s'agissait pour les Arabes de Cordoue d'une expédition (en arabe "ghazwa")
visant à piller les richesses de la Gaule, mais non d'une « invasion »8.
On doit donc se poser la question en empêcheur de tourner en rond ;
Pourquoi une bataille si décisive aux yeux de l’histoire, n’a pas acquis
immédiatement le statut de symbole, qu’essayent de lui donner de nos jours certains
saltimbanques de démagogues funambules français
?
Certains avancent trois arguments en guise d’explication ;
1)
Primo ; L’Espagne musulmane ne représentait pas une menace pour
les Francs des IXe aux XIe siècles.
2)
Second ; la figure de Charles Martel s’efface derrière celle de
Charlemagne, qui a lui même combattu les Musulmans d’Espagne
tout en tissant de très bonnes relations avec Haroun Arrachid, le
Calife Abbaside de Bagdad, l’ennemi juré des Omeyyades
d’Andalousie. Ce qui vide un peu la coquille religieuse de son
contenu dans les deux camps !
3)
Tertio ; l’Église Catholique, qui était la principale productrice de
livres, ne cherchait pas à mettre en avant un bâtard, comme Charles
Martel, qui non content de répudier Rigobert, l'évêque de Reims
favorable à Plectrude, la femme du père de Charles, son ennemie
8
Françoise Michaud et Philippe Sénac, 2007 ; « La bataille de Poitiers, de la réalité au mythe » dans ;
« Histoire de l'islam en France », Albin Michel.
7
jurée, a eu en plus le culot de mettre la main sur de nombreux biens de
l’Église ! un délit très grave aux yeux des ecclésiastes en ces temps et
ces lieux, pour qui l’accumulation des richesses ici-bas comptait bien
plus que la félicité au ciel, au vu du commerce des indulgences, que
pratiquaient les ecclésiastes, et qui est peu conforme avec l’esprit d’un
Jésus, tournant les tables sur les usuriers du Temple de Jérusalem.
Mais une fois l’Église engagées corps et âme dans ses croisades contre les
musulmans, ses ecclésiastes passeront sous tapis cet affront et pardonneront à Charles
Martel et sa bâtardise et ses vols pour que le mythe de Poitiers retrouve son lustre comme
cri de guerre et icone pour le ralliement des fidèles pour la défense de la chrétienté contre
les mécréants.
Peu parmi cette plèbe de serfs analphabètes pour la plupart et de féodaux ignares
de leurs textes sacrés, à qui les Papes promettaient gloire et félicité dans l’au-delà,
pouvaient imaginer que ces infidèles de musulmans, pouvaient êtres ; les plus proches d’eux
du coté de la foi !
De là à réaliser que ces musulmans qu’ils sont sensés combattre sans savoir
pourquoi, posaient un vrai défi doctrinaire à leur Église, juste au moment où celle-ci
croyait avoir gagné la manche sur les Ébionites (les pauvres) de l’Église des Apôtres
judaïsant christianisés de Jérusalem avec l’aide des empereurs Romains, pour que tout
son dogme soit à nouveau remis en question, c’était un peu impensable.
En effet l’Islam, ne se contentera pas seulement de justifier historiquement
l’Église Ébionite de Jérusalem, mais sapera les fondements même de la doctrine trinitaire
Paulinienne inventée de toute pièce par Paul de Tarse, celui que les Ébionites
désigneront par le surnom non flatteur de l’apostat de la Loi.
L’Église fera encore appel au mythe de Charles Martel, quand l’Empire ottoman
encercla Vienne, et on oublia dans l’euphorie du moment, que les Turks levèrent
précipitamment le siège pour parer à plus urgent, pour aller guerroyer contre les
Safawides Iraniens, musulmans pourtant, qui s’étaient alliés avec l’Église contre leurs
confrères.
Du déjà vu, si on se rappelle que le duc Eudes s’allia autrefois avec
Abderrahmane le Musulman contre Charles Martel le Franc!
Mais l’aberration historique persistera dans les esprits guerroyeurs, pour qu’ils
inventent que Jeanne d’Arc déterra miraculeusement l’épée de Charles Martel, à Sainte-
Catherine-de-Fierbois
, où elle ne se trouvait pas !
8
Le hic ! C’est qu’elle fera la guerre aux Anglais cette fois et non aux
musulmans !?
Mais qu’importe ! si Charles peut servir à toutes les sauces !
Et même Voltaire
, qui se moquait pourtant des exagérations autour du récit
de la bataille, y laissa ses écailles pour conclure dans son « Essai sur les mœurs » que ;
« Sans Charles Martel (...), la France était une province mahométane. »
Certains de ces Français chauvins irréductibles oublient pourtant qu’ils ont une
autre bataille portant le nom de « Bataille de Poitiers » !
En effet, le Roi; Jean II de France, dit Jean le Bon, (1319 - 1364), roi de France
entre (1350 - 1364),
livra aux anglais en 1356 commandés par le Prince noir
fils d’Édouard III, roi d’Angleterre.
, le
Le faite que cette bataille, qui eut lieu à Nouaillé-Maupertuis près de Poitiers,
faisait suite à une Razzia, effectuée sur le territoire Français par les Anglo-Gascons du
Prince Noir avec des troupes bien inférieurs à ceux des Français, et que les Anglais
réussissent l’exploit inattendu de capturer le roi de France (gravure)
pour
demander une grande rançon pour sa liberté, ne semble guere gêner ces bouffons de
démagogues outre mesure !
Et même l’avènement du nationalisme français du XIXe siècle, très résolu
pourtant contre l’Église Catholique, ne changera pas grand-chose à cette donne, puisque
le mythe de la bataille de Poitiers acquerra le statu d’événement fondateur de la nation,
sauf que les anticléricaux préfèreront Charles Martel à Clovis (466 – 511)
compromis avec l’Église.
, moins
Pourtant Clovis, le fils de Childéric Ier et de la reine Basine, ne fut guère un
model du Christ malgré sa pseudo conversion au Christianisme, au point qu’il ne donna
jamais l’autre joue à ses adversaires, et montra en maintes occasions sa cruauté sans
borne et son absence totale de scrupule.
Il n'hésita jamais, pour assouvir sa soif du pouvoir, comme tout Roi converti au
Christianisme qui se respecte, à exécuter perfidement ou à assassiner par complot,
9
traîtrise, et sournoiserie toute personne lui faisant obstacle, y compris de nombreuses
personnes de sa propre famille.
La bataille icone gagnera de nouveau en lustre et en décibels avec l’avènement du
colonialisme Européen d’avant les deux guerres mondiales entre ces frères-germainsennemis de toujours, sauf que cette fois la victoire ne sera plus revendiquée par les seuls
chauvins Français, mais aussi par ;
a)
les Anglais, qui se découvrent un peu de sang germanique dilué dans
leurs veines anglo-saxonnes et surtout par ;
b)
les Allemands, qui comptaient bien faire ravaler à leurs ennemis
atavistes jurés du moment, des deux camps, leurs bêtises, en leurs
rappelant que les Francs étaient des germaniques!
Ces indomptables d’Européens xénophiles9, oubliant qu’ils se sont fait plus de
guerre meurtrières entres leurs différentes sectes catholiques et leurs différentes nations
émergentes qu’avec les musulmans de leurs imaginaires ne départiront pas pour autant de
ce mythe fondateur, puisque même au XXe siècle, l’image de l’arrêt d’une grande
invasion à Poitiers resta populaire !
De nos jours, même si certains ecclésiastes décent se rappellent bien que les
musulmans partagent avec eux la foi d’Abraham, pour continuer encore à
prêcher sincèrement à leurs fidèles;
Aimez-vous les uns les autres, nous sommes tous frères….
Ce constat ne semble pas changer grand-chose à ce mythe fondateur, qui frise le
burlesque, au point que le simulacre de la confrontation entre un Occident (toujours plus
belliqueux et enclin aux tentations guerrières sous l’impulsion de certains de ses
9
Voir par exemple le titre de l’affiche; « Martel 732, Le Pen 2002 » choisi par le Front national lors de
l'élection présidentielle française de 2002, l’affiche suivante avec sous titre;{ Sept cent trente deux: les héros
d'autrefois!}
10
politiciens fascistes), et l’islam (de plus en plus mal interprété par les medias), semble
promis à un grand avenir, surtout avec le coup de pouce de l’Oncle Sam, qui s’est
découvert avec la fin de la guerre froide une vocation de croisé chez le Président Bush
et ses Néoconservateurs, qui ont fait un grand tort aux peuples Américain, Irakiens
et Afghans par cette erreur stratégique.
De ces logomachies démagogues et incurables chez certains historiens
autoproclamés, on peut citer des légions, comme chez;
J. H. Roy et J. Deviosse avec leur titre; « LA BATAILLE DE POITIERS.
OCTOBRE 733»; dans la Collection "Les trente journées qui ont fait la France!!!",
Ou chez un Jean-Paul Roux avec le titre;
« La longue guerre de l'Islam et de la Chrétienté 622-2007 »
Qui veulent nous faire croire que le destin de ces deux religions sœurs ne peut s’ouvrir
que sur une confrontation tout azimut, alors qu’on cache l’enjeu politique derrière, qui lui
n’a rien de religieux!
L’éditeur est des plus catégorique quant à l’issue10;
Il y a ces grands noms qui surgissent du passé : bataille de Poitiers, croisades, prise de
Constantinople, guerre d’Algérie, et tant d’autres épisodes. Il y a ce conflit armé qui a commencé en
l’année 632 et qui, de décennie en décennie et jusqu’à nos jours, a été marqué par des événements dont la
presse mondiale, si elle avait existé, aurait fait pendant des jours sa première page. Il n’y a pas d’année,
pas de mois, pas de semaine peut-être sans que du sang soit versé par des chrétiens ou par des musulmans.
Ne vaut-il pas la peine de le rappeler, de montrer à nos contemporains que les événements qui occupent
l’actualité, qui les bouleversent, s’inscrivent dans une longue série de 1375 ans d’événements tout aussi
spectaculaires ; que de plus petits faits dont on ne parle guère qu’un jour ou deux ont eu, tous les jours,
leurs équivalents pendant 1375 ans ? Déclarée et ouverte, génératrice de grandes batailles, de villes
enlevées à l’ennemi, de provinces conquises, de pays occupés, de populations exterminées, ou larvée et
sournoise, la guerre entre l’islam et la chrétienté, malgré cette amitié que l’on évoque encore et qui fut
souvent réelle, malgré ces relations entre Byzance et le califat de Cordoue ou entre Charlemagne et Harun
al-Rachid, malgré ces traités d’alliance comme celui de François Ier et de Soliman le Magnifique, malgré
de longues périodes de trêves sur tel ou tel front alors qu’on se battait ailleurs, malgré tout ce que
chrétiens et musulmans se sont mutuellement apporté, ont échangé, malgré l’admiration qu’ils ont pu avoir
les uns pour les autres, cette guerre est une réalité. Elle n’a jamais vraiment pris fin11.
10
11
Fayard – 2007.
Roux, Jean-Paul ; Un choc de religions ; La longue guerre de l'islam et de la chrétienté (622-2007)
11
Heureusement qu’il y’a encore des historiens qui gardent toute leur lucidité et
leurs tètes sur leurs épaules, pour n’y voire qu’un mythe du genre « factoid » historique
et vont même jusqu’à nier l’existence de l’escarmouche, attribuant son invention aux
chroniqueurs français de la fin du Moyen Âge, qui auraient ainsi cherché à masquer la
défaite de Nouaillé en 1356 !
Et on peut lire chez Françoise Micheau et Philippe Sénac 12;
"Bien des voix se sont élevées pour tenter de ramener la bataille à sa juste place.
En vain, car, érigé en symbole, l'événement est passé à la postérité et avec lui son héros
Charles Martel. Il appartient à ce fonds idéologique commun qui fonde la nation
française, la civilisation chrétienne, l'identité européenne sur la mise en scène du choc
des civilisations et l'exclusion de l'Autre".
De même, l'historienne Suzanne Citron souligne le rôle de la bataille dans l'
"Inconscient des pulsions racistes anti-arabes et dans l'illusion d'une supériorité
de la civilisation catholique et blanche"13.
Mais je dirais plutôt que l’Église a réussi par ce subterfuge, et jusqu'à
présent, à éloigner les français comme les Européens rationnels de se poser les vraies
questions sur le défi que posa l’Islam au dogme Chrétien avec son avènement et
qu’il continuera toujours de poser à l’avenir, sans qu’on soit obligé de déterrer la
hache de guerre de Poitiers pour lui faire face à chaque tournant de l’histoire!
Et c’est là où une vraie Laïcité de l’État, qui ne serait pas perçue par les
citoyens comme une anti - religion de la sorte, qui cacherait son nom, serait à la fois
un atout et un pare-choc contre toute dérive sociétale que personne ne désire ou
souhaite.
À Suivre
12
Françoise Michaud et Philippe Sénac, La bataille de Poitiers, de la réalité au mythe p.15 dans Histoire de l'islam en France, Albin Michel,
2007
13
Voir aussi; { http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Poitiers_(732) }
12