Chapitre 1 : Les grandes étapes de la construction européenne I. L
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Chapitre 1 : Les grandes étapes de la construction européenne I. L
Chapitre 1 : Les grandes étapes de la construction européenne I. L’après-guerre : le choix de la coopération L’Europe est une idée ancienne mais c’est après la seconde guerre mondiale que s’ébauche une communauté. Les frontières de sept communautés se confondent avec celle de l’Europe occidentale (séparée de l’Europe de l’Est par le rideau de fer). Quel type de communauté s’est mis en place ? A) Des organisations de coopération économique dont le but est de favoriser le choix de la coopération parce qu’on met en place des structures qui sont intergouvernementales. L’OECE (1948), ancêtre de l’OCDE. Idée = permettre la mise en application du plan Marshall (répartition de l’aide américaine). Seuls des pays européens en étaient membres. En 1960, une fois que l’organisation a atteint ses objectifs, elle s’est transformée en OCDE et sa mission a évolué (faire des études sur la situation économique des pays. Le CAEM (1949) crée à l’initiative de l’URSS en réponse au plan Marshall. Sous la pression de l’URSS, les Etats d’Europe de l’Est adhèrent au CAEM. Objectif du CAEM : on est dans une économie planifiée, socialiste, dont le but est de favoriser la coordination des plans d’action de ces économies socialistes. Le CAEM s’est ensuite ouvert à des pays non européens comme la Mongolie. Le CAEM disparait en janvier 1941 avec l’effondrement du mur de Berlin (car les pays se tournent vers l’UE). B) Une organisation de coopération européenne : le Conseil de l’Europe (1949) Fondé en 1949 pour promouvoir la coopération entre les pays européens. En théorie, son champ d’action était large (sauf la défense), mais dans les faits, son rôle s’est cantonné à la reconnaissance et la protection des droits de l’homme, à la santé, la culture, l’éducation, l’environnement. A l’heure actuelle, il lui arrive de travailler avec l’OSCE (négociations tenues depuis 1993 entre les Européens, le Canada et les Etats-Unis pour renforcer la sécurité). C) Des organisations de coopération militaire * L’Union de l’Europe Occidentale (48) : organisation politique et militaire * l’OTAN (49), qui repose sur un traité d’alliance Coopération intergouvernementale dans plusieurs domaines (sécurité, militaire…). A partir des années 60, on va un peu évoluer. II. La volonté d’une intégration : la constitution de la Communauté Européenne Deux hommes au rôle important : Jean Monnet : commissaire général au plan depuis 46, souhaite faire progresser la construction européenne en avançant l’idée d’une organisation dotée de pouvoirs supranationaux = organisation qui ne dépend pas directement des Etats mais d’un organisme qui va être placé au-dessus des Etats. Robert Schuman : ministre français des affaires étrangères. Le 09/05/50, dans une déclaration, il propose à l’ensemble des pays européens la mise en place d’une communauté, la CECA. Avant l’UE, la « Communauté Européenne » = 3 communautés : la CECA (57), la CEE(57), la CEEA (ou Euratom). A) La CECA Créée avec le Traité de Paris le 18/04/1951 (signé par 6 pays : France Italie, RFA, Benelux). Avec la CECA, on met en place une intégration limitée à 2 secteurs (intégration sectorielle) : le charbon et l’acier. On retrouve l’aspect fédéral mis en avant par Monnet : cette communauté fonctionne sous une entité supranationale, la Haute Autorité, qui dispose seule du pouvoir de décision. Cette communauté est indépendante sur le plan financier puisque ses ressources sont constituées par un impôt sur la production de charbon et d’acier. L’existence de cette Haute Autorité explique le refus du Royaume-Uni de participer à l’organisation (ne comptait pas abandonner sa souveraineté en matière de charbon et d’acier). Cette CECA est dotée d’une Assemblée parlementaire, d’un Conseil des Ministres, d’une Cour de justice et d’un comité consultatif => ce sont les bases de l’architecture de l’UE que l’on a actuellement. « Mettre en commun les industries » = supprimer les contingentements, les droits de douane sur le charbon, l’acier, entre les 6 pays membres. Pour se protéger de la concurrence extérieure, on met en place un tarif douanier commun. On passe de « chacun gère sa production » à « on gère ensemble ». Cette CECA est la première concrétisation de la réconciliation franco-allemande. Elle a eu un effet positif sur la production d’acier. Le Traité de Paris a expiré en juillet 2002. B) La Communauté Européenne de Défense : une nouvelle tentative qui va échouer Cette CED a été instituée par le Traité de Paris de 1952. Objectif = apporter une solution européenne aux problèmes du réarmement allemand. L’idée est de mettre en place une armée européenne et qui intègre ces 6 pays de la CECA. Le Parlement français rejette cette idée en 1954. Ce rejet français marque un « arrêt » de la construction européenne par la voie de la supranationalité. Ce qui est privilégié, c’est la voie économique pour relancer la construction économique : C) Création de la CEE et de la CECA (57) 25/03/57 : signature du Traité de Rome instituant la CEE et la CEEA (entrées en vigueur le 01/01/58). La CEEA (Euratom) : même logique que la CECA : une intégration sectorielle (développement des industries nucléaires d’Europe à des fins pacifiques) : tarifs douaniers communs, suppression des contingents… = intégrer le marché des industries nucléaires. Le Traité prévoit : o La mise en place d’un marché commun o La création d’une agence d’approvisionnement o La création d’un centre commun de recherche financé par les contributions des Etats membres. C’est l’embryon de la future politique communautaire de recherche. La CEE : le Traité prévoit entre autres : o La réalisation d’un marché commun (libre circulation des marchandises et des facteurs de production [capitaux, main-d’œuvre]) fondé sur une union douanière [que marchandises] (élimination des droits de douane entre les Etats-membres et établissement d’un tarif douanier commun) o Une coordination de certaines politiques nationales, voire la mise en œuvre de véritables politiques communes, notamment dans le domaine agricole et dans les transports o La création d’un Fonds Social Européen (FSE) en 1960 pour favoriser la mise en place du marché commun. Mission = facilité la mobilité géographique et professionnelle des travailleurs à l’intérieur de la communauté o L’institution d’une Banque Européenne d’Investissement en 1957 : institution financière de la CEE. Créée pour financer les projets des Etats signataires. Influences ? Mise en place d’une union douanière et marché commun (éliminer les droits de douane entre ces pays) = principe du libre-échange = croyance dans le marché Le libre-échange est préféré à toutes formes de protection. Avec le FSE et la BEI, il y a l’idée que le marché ne peut pas tout faire : il faut réguler. Il y a un certain rôle des pouvoirs publics. Idée que les problèmes économiques ne peuvent pas être résolus uniquement par le marché. Les 3 communautés avaient en commun 2 institutions : l’Assemblée parlementaire et la Cour de justice. Chaque communauté dispose d’un Conseil des ministres, dont le rôle est de prendre les décisions, et d’une Commission, dont le rôle est de mettre en œuvre les décisions du Conseil. III. Du début des années 60 au début des années 80 : une période de pessimisme A) Les années 60, une période de transition Il y a un certain nombre d’objectifs fixés dans le Traité de Rome qui n’existent que sur du papier + crise importante en 1965. L’origine de cette crise se trouve dans les tentatives d’accroitre les pouvoirs de la Commission. La Commission souhaitait que la CEE dispose de son propre budget, ce à quoi De Gaulle était opposé. Il s’opposait aussi à l’instauration d’une procédure de vote particulière (vote à la majorité qualifiée, jusqu’à présent c’était le vote à l’unanimité). La France refuse de participer aux réunions du Conseil = politique de la chaise vide (crise). Pour sortir de cette crise, un accord est trouvé : compromis de Luxembourg, qui permet à un Etat membre de mettre son veto sur une proposition s’il juge que cette proposition constitue une menace pour ses intérêts nationaux. Durant cette période, il y a tout de même un certain nombre de réalisations : 1962 : mise en place de la PAC. En revanche, il n’existe pas de politique commune des transports Pour faciliter la gestion des communautés, on réalise en 1965 la fusion des « exécutifs » = une seule commission, un seul conseil pour les 3 communautés : les organes sont alors communs aux 3 communautés En 1967, en réponse à une période de manipulation fiscale, un système identique de taxe sur les marchandises et les services (TVA) est étendu à tous les pays membres, mais il n’y a pas harmonisation des taux. En 1968, soit 10 ans après la signature du Traité de Rome, l’union douanière de la CEE est réalisée : les droits de douane entre les différents pays membres sont abolis et le tarif extérieur (tarif douanier) commun à l’égard des pays tiers entre en vigueur. B) De la fin 1969 au début des années 80 : un espoir déçu par la crise économique Avril 1969 : De Gaulle quitte la présidence. A partir de décembre 69, on va relancer la construction de la communauté. Le contexte économique de l’époque était morose. 1) Le contexte économique morose 70-80 : récession économique (2 chocs pétroliers). Ce sont surtout les problèmes domestiques qui priment. On note l’émergence de nouvelles formes de protectionnisme qui relèvent des barrières techniques aux échanges (référence à la composition du produit qui peut constituer une barrière). Effets positifs : 1979 : mise en place du Système Monétaire Européen (SME), une première forme de coopération en Europe avec un mécanisme qui va lier les monnaies européennes + premières élections directes au Parlement européen Parallèlement, plusieurs élargissement : le Royaume-Uni (avant non car il considérait que la CEE était trop supranationale), l’Irlande, le Danemark en 73, la Grèce en 81, l’Espagne, le Portugal en 86. 2) Le premier élargissement et l’association de libre-échange CEE-AELE 1959 : création de l’Association Européenne de Libre-Echange = zone de libre-échange, limitée aux marchandises (produits industriels). C’est le Royaume-Uni qui est à l’origine de cette AELE (réplique anglaise à la création de la CEE. L’AELE se compose de 7 pays : le Royaume-Uni, les pays scandinaves (Danemark, Suède, Norvège), l’Autriche, le Portugal et la Suisse. Les membres sont différents mais l’objectif aussi : créer une zone de libre-échange = élimination des obstacles d’échange (droit de douane, contingentement), les pays membres conservent leurs propres tarifs douaniers vis-à-vis des pays extérieurs à l’association (≠ union douanière, où les pays ont un tarif commun). Accords d’échange en Europe de l’Ouest – Années 60 CEE AELE Objectif : marché commun Etape : union douanière établissement d’une zone de libre-échange 1973 : RU, Danemark et Irlande rejoignent la CEE. Même si cela ne s’est produit qu’en 73, ces pays avaient sollicité leur entrée en 61 et 67. De Gaulle s’est opposé deux fois à l’adhésion du Royaume-Uni. Qu’est-ce qui a incité le RU à changer d’avis ? Il commerçait de plus en plus avec les pays membres de la CEE (point de vue économique) + il craignait d’être marginalisé par rapport au rapprochement franco-allemand (point de vue politique) qu’avait permis la CEE. Finalement, en 1972, le RU, le Danemark et l’Irlande adhèrent à la CEE. La Norvège avait aussi sollicité son entrée, mais elle ne ratifiera pas ces traités d’adhésion. Le 01/01/73, on passe de l’Europe des 6 à l’Europe des 9. Le 01/01/73 : entrée en vigueur de l’accord de libre-échange conclu entre la communauté et les pays membres de l’AELE, et qui visait à établir une zone de libre-échange de produits industriels = plus de droit de douane et de contingents entre ces pays. Pour les pays extérieurs, le tarif est soit commun (CEE) soit chacun applique son tarif (AELE). Relation d’échanges en Europe de l’Ouest : deux cercles concentriques : CEE Politique commune tarif douanier commun AELE : zone de libre-échange de produits industriels – propre tarif douanier 3) Un nouvel élargissement vers le Sud 01/01/1981 : adhésion de la Grèce 01/01/1986 : adhésion de l’Espagne et du Portugal Tous ces élargissement sont précédés par des étapes dans lesquelles il y a des accords d’association (1962 : accord d’association avec la CEE ; Portugal membre de l’AELE, 1970 : Espagne liée à la CEE par un accord commercial préférentiel). Incidence de ces nouvelles adhésions ? Ouverture vers le Sud. Point de vue des adhérents : pour certains de ces pays, le fait d’adhérer à la CEE permettait de moderniser leur économie (bénéficiaient de l’aide des pays riches) + mais il y avait une pression concurrentielle plus forte + retour à la démocratie + ça leur ouvre de nouveaux marchés. Point de vue institutionnel : cette intégration rend plus difficile le processus de décision (ont entrainé une modification de la procédure de vote : de moins en moins facile de voter à l’unanimité -> de + en + recours à la majorité qualifiée). IV. Milieu des années 80 : le programme du marché unique et l’Espace Economique Européen Le marché commun prévu par le Traité de Rome n’existe toujours pas. Les barrières non tarifaires émergent et empêchent la libre circulation des marchandises. En 85, la Commission publie un document, le Livret Blanc, que l’achèvement du marché intérieur, qui recense l’ensemble des barrières qui entravaient les échanges (TVA etc.) A) Le Traité de l’Acte Unique Européen (1986) Ce Traité constitue la première modification importante du Traité de Rome. Il traduit la volonté des 12 Etats membres de poursuivre la construction européenne. Principaux objectifs : il réaffirme l’objectif de réalisation du marché commun avec une date butoir : le 01/01/93. Accroissement du rôle du Parlement européen. Ce Traité étend aussi l’utilisation du vote à la majorité qualifiée. B) L’intégration de l’ex-RDA et l’EEE 1) L’intégration de l’ex-RDA Décembre 89 : la réunification de l’Allemagne est approuvée par le Conseil de Strasbourg. 1990 : réunification de l’Allemagne (union économique, monétaire et politique). 1991 : création de la Banque Economique Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD) pour aider les pays de l’Est. 01/07/90 : Union économique et monétaire entre les 2 Allemagne 03/10/90 : Union politique entre les 2 Allemagne Ex-RDA intégrée dans la CEE = premier élargissement à l’Est. La réunification a entrainé des coûts élevés pour la RFA (mais ces coûts auraient été plus élevés si la RDA n’avait pas intégré la CEE). 2) L’Espace Economique Européen L’AELE était de plus en plus dépendante de la CEE. A l’initiative de la CEE, l’ensemble des pays de l’AELE décide de créer l’EEE = territoire de l’AELE et de la CEE (qui va devenir l’UE). Ce qui est fait : le marché commun est étendu à l’ensemble des membres de l’EEE + il y a libre circulation des marchandises, des facteurs de production et des capitaux (services, personnes). Dans ce cadre de cet accord, il n’y a pas d’union douanière (les pays conservent leur propre politique commerciale). Le Traité sur l’EEE, entré en vigueur le 01/01/94, prévoit : L’extension à l’ensemble des Etats-membres des 4 libertés du traité CEE (libre circulation des marchandises, services, capitaux, personnes) L’absence de politique commerciale commune (union douanière non prévue), de politique agricole commune La participation à certaines politiques de la Communauté : politiques horizontales ou d’accompagnement (éducation, protection des consommateurs, environnement, commerce, recherche et développement) EEE = grande zone de libre-échange des produits industriels, élargie aux services, capitaux et travailleurs + quelques disciplines communes. La question de l’élargissement est néanmoins renouvelée. Avec cet EEE, pouvoir bénéficier du marché sans subir les contraintes de la CEE n’aurait pas du encourager d’autres pays à adhérer. Mais si. Cet EEE n’a pas découragé de nouvelles adhésions. Là-dessus s’est greffé le démantèlement de l’URSS. V. L’avènement de l’UE par le Traité de Maastricht (92) et un nouvel élargissement vers les pays de l’AELE [Date butoir = 01/01/93] Les Etats européens décident de consolider la construction européenne en adoptant un nouveau traité, ratifié par les 12 Etats membres de l’UE (= le Traité de Maastricht pousse à la réalisation). A) L’UE Consolidation de la construction européenne par l’adoption d’un nouveau traité : le Traité de Maastricht ou Traité sur l’UE (signature en 1992). Le 01/01/93, la CEE devient UE. L’UE repose sur 3 piliers : Pilier économique, constitué par la communauté européenne Pilier international : politique étrangère et de sécurité commune (PESC), définie et mise en œuvre par l’Union et les Etats-membres ; Pilier judiciaire : la justice et les affaires intérieures : les Etats-membres de l’Union considèrent ces domaines comme des questions d’intérêt commun. Chaque pilier correspond à un mode de coopération différent entre les Etats. Apports du traité de Maastricht ? Dans le cadre du premier pilier : Institution d’une citoyenneté européenne : toute personne qui a la nationalité d’un Etat membre est citoyen de l’UE avec les droits et les devoirs qui y sont attachés (droit de vote, éligibilité, élections municipales…) Reconnaissance du principe de subsidiarité : c’est un principe selon lequel la responsabilité des politiques menées et la prise de décision doivent d’abord rester du ressort des Etats membres. Elle n’est transférée à la Communauté uniquement lorsque les intérêts communautaires sont concernés et qu’une décision s’impose à ce niveau. C’est une façon pour les Etats de conserver leur pouvoir sur certaines décisions. Ce Traité de Maastricht comporte aussi toutes les dispositions en matière d’union monétaire. Prévision des étapes de mise en œuvre de l’Union économique et monétaire. 3 phases sont nécessaires pour accéder à la monnaie unique : o De la date d’entrée en vigueur du Traité de Maastricht au 31/12/1993 : dans le cadre de cette période, du point de vue monétaire, c’est le système monétaire européen qui fonctionne (liait les monnaies européennes entre elles). Au 31/12/1993, la mise en œuvre du marché unique devait être achevée. o 01/01/1994 – 21/12/1998 au plus tard : durant cette période, on a toujours le système monétaire européen qui prévaut. Le marché unique doit être normalement établi et les Etats doivent mettre en œuvre les mesures de façon à respecter les 4 critères de convergence : Respecter la stabilité des prix (inflation maitrisée) Respecter une certaine rigueur budgétaire Convergence des taux d’intérêt Participation au système monétaire européen o 01/01/1999 au plus tard : la monnaie unique devait remplacer la monnaie nationale de tous les pays qui satisfaisaient ces 4 critères. En plus de ces dispositions en matière monétaire, le Traité de Maastricht prévoit, dans le cadre du second pilier, la Politique Etrangère de Sécurité Commune (PESC) : politique qui concerne la sécurité de l’UE. Objectif à terme = mise en place d’une défense commune. Pour la mettre en œuvre, l’UE utilise le cadre de l’Union de l’Europe Occidentale. 3ème pilier : création d’un office européen de police (Europol) Chaque pilier correspond à un mode de coopération différent. L’UE est souveraine dans les domaines de l’agriculture, du commerce et du transport (décisions communautaires dans ces domaines) Pour les autres domaines, il y a une coopération entre les Etats : domaines de la santé, de la recherche, de la culture, de la protection sociale, du développement régional, de l’éducation En ce qui concerne la politique étrangère, la défense ou la police, les dispositions relèvent de l’Etat (compétences de l’UE sont réduites à ce niveau, les Etats conservent leur suprématie) B) Un nouvel élargissement vers les pays de l’AELE L’Autriche, la Finlande et la Suède sont membres de l’UE depuis le 01/01/1995. La Norvège avait redéposé sa candidature, une nouvelle fois refusée par référendum ; elle reste en marge de l’Europe. L’EEE comporte alors d’une part les 15 pays de l’UE et d’autre part la Norvège, le Liechtenstein et l’Islande. L’intégration de ces nouveaux pays n’a pas posé de problème majeur au niveau économique. Mais il y a un problème politique qui se pose : certains d’entre eux ont un statut de pays neutre. L’intégration de ces pays a conduit à adapter les institutions (plus de députés au Parlement) -> L’UE attendait beaucoup de ces pays, notamment en matière d’égalité des sexes, d’environnement et dans le domaine social. VI. L’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale Le conseil européen de Copenhague a fixé en juin 1993 des critères d’adhésion à l’UE (= critères de Copenhague) : Posséder une identité européenne = il faut qu’il y ait une appartenance géographique, économique et culturelle au continent européen. Disposer d’un régime démocratique qui respecte les droits de l’homme et des minorités. Disposer d’une économie de marché ouverte et concurrentielle Capacité à intégrer la législation communautaire (dans tous les domaines) Appliquer la politique commerciale commune du tarif douanier commun et code des douanes communautaires Un élargissement à l’est avec des avantages économiques et politiques (surtout politiques) mais qui s’est révélé très coûteux. Cet élargissement va poser des problèmes institutionnels. A) Le passage à l’Europe des 25 1) Les négociations d’adhésion (ont pris environ 10 ans) Décembre 1994 : lancement du processus de pré-adhésion (établissement d’accords européens signés entre l’UE et les candidats à l’intégration). Ces accords prévoient la mise en place, sur une dizaine d’années, d’une zone de libre-échange (seulement pour les produits industriels) + un soutien financier à ces pays de la part de l’UE (PHARE). De 1998 (pour les 6 pays les mieux préparés, 5 pays d’Europe centrale et orientale + Chypre) à 2000 (pour les autres pays) : démarrage des négociations d’adhésion. 2) Les élargissements de 2004 et 2007 16/04/2003 : signature à Athènes du Traité d’adhésion concernant 8 Pays d’Europe Centrale et Orientale (abv. PECO) : Estonie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovénie, Slovaquie, Chypre, Malte. 01/05/2004 : ces 10 pays rejoignent l’UE => on passe à l’Europe des 25. Les pays candidats en 2005 sont la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la Turquie. La Roumanie et la Bulgarie devraient rejoindre l’UE en 2007. L’Ancienne République Yougoslave de Macédoine a un statut de pays candidat en décembre 2005. On a essayé de résoudre ce problème institutionnel avec des traités : B) Préparer l’élargissement : les traités d’Amsterdam (1997) et de Nice (2000) Objectif = résoudre le problème institutionnel qu’allait poser l’intégration des PECO. Ces traités portent principalement sur la réforme des institutions. 1) Le Traité d’Amsterdam Il est signé le 02/10/1997 et entre en vigueur en 1999. Principales dispositions : Ne modifie pas le traité de Maastricht sur la mise en place de l’Euro. Il complète les démarches pour accéder à la monnaie unique mais il ne la remet pas en cause. Faire entrer de nouveaux domaines dans le champ communautaire : o L’emploi : coordination des politiques nationales en matière d’emploi : la politique sociale devient communautaire (réglementation du travail, lutte contre l’exclusion…) o La justice et la police : ils viennent intégrer la convention de Shengen = accords qui concernent la suppression des contrôles aux frontières intérieures et au renforcement de la surveillance aux frontières extérieures. Ce sont des accords qui ont été signés par les Etats-membres de l’UE à l’exception de l’Irlande et du Royaume-Uni. Signés à Shengen en 1985 et 1990. o La politique étrangère et de Sécurité Commune (PESC) relève toujours du domaine des Etats. Début de réforme des institutions. Les quatre institutions (Commission européenne, Conseil, Parlement, Cour de justice) voient leurs responsabilités augmenter : un certain nombre de dossiers passent du domaine étatique au domaine communautaire (emploi, libre circulation des personnes…). Pour renforcer le rôle du Parlement, la procédure de codécision (procédure par laquelle le Parlement et le Conseil arrêtent ensemble les textes législatifs. Ils donnent leurs avis ensemble et si le Parlement s’oppose, la procédure ne peut pas aboutir) est généralisée (plus de poids au parlement donc au peuple de l’UE) et simplifiée. On étend aussi le vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil. L’unanimité n’est refusée que pour certains sujets sensibles (fiscalité…) Instauration d’un système permettant une « coopération renforcée » pour les pays le souhaitant -> on accepte qu’il y ait des variations dans les rythmes d’intégration (Europe à plusieurs vitesses). La France avait exigé qu’il y ait une réforme complète du processus de décision avant l’entrée de nouveaux pays dans l’UE : 2) Le Traité de Nice (2000) Entré en vigueur en 2003. Comment faire fonctionner le conseil avec 27 membres ? Modification sur des dispositions institutionnelles : composition de la Commission, pondération des voix du Conseil, extension du vote à la majorité qualifiée et de la procédure de codécision. Des réformes de nouveau discutées dans le cadre du projet. L’échec des Traités d’Amsterdam et de Nice sur la réforme des institutions inspire une autre méthode. C) La Convention européenne et le projet d’une Constitution pour l’Europe La convention européenne, présidée par Valéry Giscard d’Estaing, réunit des représentants des gouvernements nationaux, des parlements nationaux, du parlement européen et de la Commission européenne. Mise en place en 2002. Objectif : fournir une vue d’ensemble des questions que soulèvent l’approfondissement et l’élargissement de l’UE. 2 défis majeurs : comment faire fonctionner l’Europe à 25 membres ? Comment renforcer la légitimité du système européen auprès de ses citoyens ? A l’issu de ces débats a été rédigé un projet de Traité instituant une constitution pour l’Europe. Les principaux acquis = développement de la règle majoritaire (recours de + en + à la majorité plutôt que l’unanimité), clarification du système européen et renforcement des pouvoirs donnés aux citoyens. Traité instituant une constitution pour l’Europe = traité constitutionnel qui avait l’ambition de remplacer tous les traités accumulés depuis 50 ans (sauf Europol). Ratification de la Constitution : dernière étape à franchir pour achever le processus des réformes institutionnelles entamé avec le traité de Nice pour une entrée en vigueur le 01/11/2006. Conseil européen des 16 et 17/06/05 : malgré les résultats négatifs des référendums en France et aux Pays-Bas, décision de poursuivre le processus de ratification. Les rejets français et néerlandais ouvrent une période de réflexion : nécessité de rédiger un traité qui relance le processus industriel et qui sorte l’Europe de la situation de blocage. Décembre de 2007 : signature du traité de Lisbonne, résultat de compromis parfois difficilement atteints, au moyen de dérogations concédés à certains Etats. Un des objectifs du traité de Lisbonne est de permettre à l’Europe des 27 de fonctionner de manière + efficace et démocratique. Contenu du traité (entre autres) : - Traité modificatif = qui vient modifier (et non remplacer) les textes en vigueur - Ministre des affaires étrangères prend l’appellation de « haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité » - Expression « concurrence libre et non faussée » retirée (critique : orientation trop « libérale » de la construction européenne). L’UE œuvre pour une « croissance équilibrée et la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive » -> pas neutre : dans les années 60, on avait la concurrence au centre de tout (concurrence = moyen + objectif). 40 ans après, cette concurrence a besoin d’être régulée mais n’est pas suffisante (économie sociale de marché hautement compétitive). Les Etats peuvent être amenés à intervenir dans les marchés. L’Etat n’intervient que si le marché est défaillant. - - - - Un protocole sur les services publics : grande latitude pour les Etats-membres pour fournir, organiser et financer les services publics (les Etats peuvent financer comme ils le souhaitent les services publics) Une clause sociale : prise en compte de la dimension sociale dans la définition et l’application de l’ensemble des politiques de l’UE. Le principe de subsidiarité mieux garanti : « l’Union n’agit que dans les limites des compétences que les Etats mais lui ont attribuées dans les traités » La politique d’élargissement : introduction d’une référence aux critères d’adhésion (« Critères de Copenhague » de 1993) et d’une clause de retrait de l’UE est prévue (un pays-membre peut sortir de l’UE s’il veut) Procédure de décision : principe de la double majorité des Etats et de la population = les décisions soumises au vote à la majorité qualifiée sont adoptées avec l’approbation d’au moins 55% d’Etats membres réunissant au moins 65% de la population de l’UE (reporté au 01/11/2014) Parlement européen : 750 députés maximum (Italie passant de 72 à 73 sièges) Commission : nombre variable de commissaires, égal aux 2/3 des Etats-membres Conseil européen : un président élu à la majorité qualifiée du Conseil pour 2 ans et demi/ Signature le 13/12/2007, ratification avant le 01/01/2009 par les 27 Etats-membres (juin 2009 = élections au Parlement, souhaitable que le traité soit ratifié avant) Actuellement, une vingtaine de pays ont ratifié le traité. Le 12/06/2008, rejet de l’Irlande par référendum (53,4% contre 46,6%).