L`écoute
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L`écoute
Compte rendu des réunions des 10 et 12 décembre 2013 L'écoute Avec Mme Catherine DELAVEAU Psycho-praticienne en logique émotionnelle Etaient présentes : Audrey BAUCHET Association FERS Karine BREBANT LAEP et ludothèque de SOISSONS Aurélie BORGNE Maison de la petite enfance TERGNIER Laurie CARPENTIER Centre Social Artois-Champagne SAINT QUENTIN Aude COUTANT Centre social Tac-Tic animation LA CAPELLE Héloïse DEGAUCHY stagiaire à la Ludothèque de SOISSONS Mélodie GOSSET LAEP "Le café des p'tits pieds" BRAINE Magali JORAND LAEP "La parentèle" Espace petite enfance LAON Aurélie KOUCHANE LAEP "Le café des p'tits pieds" BRAINE Virginie LAZARESKA Maison de la petite enfance TERGNIER Aurore LEFEVRE LAEP ADEPAGUI de GUISE Isabelle LEJEUNE Centre social Tac-Tic animation LA CAPELLE Sylvie LEDOUX, Centre Social EUROPE SAINT QUENTIN Monique LEROY LAEP SAINT GOBAIN Emmanuelle MAILLARD LAEP et ludothèque de Soissons Marie-Anne MORLET LAEP HIRSON Anne-Charlotte NICAISE LAEP Tac-Tic animation LA CAPELLE Cécile TATINCLAUX LAEP "La parentèle" Maison de la petite enfance LAON Lysiane TORDEUX Centre social GUISE Suite aux précédentes demi-journées des LAEP, les questions relatives à l'écoute étaient les suivantes : - Ecouter à quoi ça sert? Différence entre écoute active et écoute passive. Comment recevoir les bonnes informations ? Que fait-on de ce que l'on entend ? Ecouter sans donner de conseils : doit-on répondre ? Comment faire avancer la situation ? Comment gérer notre frustration ? (et pourquoi sommes-nous frustrés ?). Pourquoi les choses importantes sont-elles souvent dites en fin de séance ? Comment rebondir ? Et quand ? Difficulté à écouter une seule personne et rester vigilante par rapport au reste du groupe ? Peut-on se lasser d'écouter ? Mme DELAVEAU, psycho-praticienne en logique émotionnelle, a été sollicitée pour intervenir sur ces questionnements. Après un tour de table habituel, Mme DELAVEAU a énoncé les "règles" de base de la rencontre : - Il est demandé aux participantes de parler en leur nom propre : JE et pas NOUS. L'importance de la mutualisation des réponses de par les expériences de chacune. Règle de non jugement. On peut ne pas être d'accord sur ce que l'on observe, mais ne pas juger la personne sur ce qu'elle est. Règle de confidentialité. C'est par une présentation croisée que Mme DELAVEAU a ensuite souhaité poursuivre les présentations. Chaque participante devait présenter une personne du groupe qu'elle connait (plus ou moins), en ne disant d'elle que ce qu'elle perçoit de sa personnalité. Cela a pu mettre en avant les différences entre ressentir et percevoir. Ainsi, le "Je sens que" n'est valable que pour la personne qui le dit, pour les autres, "on perçoit", "on voit" ou "on constate". Faire attention aux termes de négation, par exemple lorsque l'on dit :" Elle n'est pas timide", qu'est-elle alors ? Nous avons pu constater qu'il n'est pas toujours aussi facile qu'on le croit de s'entendre dire des choses sur soi (agréables ou non). Cela peut faire peur, surprendre, étonner, émouvoir. Il n'est pas non plus simple de parler des autres en leur présence. Nous avons des difficultés à dire nos sentiments. Pourtant, cela fait partie de la relation humaine, de la communication. Il est important de savoir ce que l'on montre de soi aux autres, tout comme il est important de savoir ce que l'on voit. Il est également primordial de s'apprécier et s'estimer soi-même, d'avoir conscience de sa propre valeur, pour recevoir les ressentis des autres nous concernant. Les langages verbaux et corporels sont aussi importants dans la relation. Afin de préparer son intervention, Mme DELAVEAU a fait des recherches sur ce qu'est un LAEP et en a trouvé une définition qui présente les LAEP comme "un lieu de possible". Cela ne confine donc pas le LAEP comme uniquement un lieu de jeux ou de socialisation, mais un lieu où tout un panel d'émotions peut se développer. Pour commencer à illustrer son propos sur l'écoute, Mme DELAVEAU nous propose un jeu d'écoute et de questions. Il est alors mis en évidence que trop d'information noie l'auditoire, que les bruits extérieurs parasitent l'écoute, qu'il faut être disponible pour l'écoute et que l'intérêt que l'on a sur ce que l'on écoute est déterminant sur ce que l'on va en retenir. En effet, on ne perçoit qu'un quart des informations que l'on entend et on ne retient que ce qui nous touche (55% de ce que l'on retient vient de la communication non verbale, 40% de l'intonation et 5% des mots uniquement). Il y a donc une déperdition, une interprétation et une sélection dans ce que nous écoutons. Vient alors la question : Qu'est-ce qu'écouter ? Quelle est la différence entre écouter et entendre ? Par un brainstorming, nous pouvons constater qu'il est difficile de faire une différence entre les verbes "écouter" et "entendre". Pour certaines, écouter relève d'une plus grande concentration alors que pour d'autres, c'est entendre qui est synonyme d'attention. Mme DELAVEAU nous propose une définition basée sur l'étymologie des mots : Ecouter a la même étymologie qu'ausculter, c'est avoir une attitude réceptive. Entendre, c'est tendre vers, c'est donc avoir une attitude perceptive Ecouter c'est : - Ouvrir un espace d'accueil en se tournant vers autrui et raisonner à sa parole. Actif et attentif, c'est une décision d'ouverture à l'autre. - Préserver un temps de disponibilité proportionné à la demande de l'autre et à l'objet de la rencontre. Il y a une attention dans l'écoute. - S'exposer à la parole de l'interlocuteur au risque de se faire surprendre. Ecouter peut provoquer une émotion, un effet sur celui avec qui on parle. - Apporter son attention à quelqu'un ou à un groupe. - Accueil, disponibilité et prise de risque et attention. - On peut être impacté par le visuel (l'observation que l'on fait de l'autre) ou ne sélectionner que ce que l'on veut (écoute passive, active ou raisonnante). Ecouter c'est être prêt à tout entendre. Entendre c'est : - Percevoir une suite sonore à valeur affective et significative. - Tendre à la compréhension du problème posé (entendement : "Je t'entends bien", les malentendus...). - Tentative de discerner son interlocuteur par l'observation. On ne peut pas écouter sans entendre, tout comme il faut percevoir pour recevoir. Quand nous entendons, il faut observer les manifestations verbales et non verbales de notre interlocuteur. Entendre passe par l'ouïe, mais l'ouïe n'est pas suffisante à l'écoute. Entendre utilise les 5 sens : - J'ouvre mes oreilles mais j'ai une représentation mentale de ce que j'entends (impact éventuel du fait de notre histoire, cela peut nous faire "zapper" l'écoute). - On a une représentation visuelle de ce que l'on entend. On ressent la qualité de la présence de l'autre. - On goute à sa personnalité. - On est touché par l'autre, par ses propos. Il n'y a pas de relation sans écoute. "Écoute-moi !" : fais en sorte que j'existe pour toi ! Savoir faire silence, l'importance de se taire, se centrer sur l'autre, au-delà des paroles. L'écoute active demande un regard, une posture, du silence et une attention à l'autre. Elle nous aide à nous situer par rapport aux autres et c'est humain de parler de soi. L'écoute passive joue sur la séduction, l'influence que nous pouvons avoir sur les autres. L'écoute est de toute façon sélective, consciemment ou non. La base de la communication c'est : - Dire "je". - J'écoute : je suis centré sur l'autre et je reformule. J'utilise des "accusés de réception" pour informer mon interlocuteur qu'il a mon attention. - Je sais que ce que j'entends et ce que je vois n'est pas valable pour les autres, comme pour ce que je perçois. - Quand je m'exprime, j'utilise des phrases affirmatives. La phrase négative dit ce que nous ne sommes pas (Ex du début : "Elle n'est pas timide" Qu'est-elle alors ?) Le cerveau ne comprends pas la négation :"Ne fais pas ça" dire plutôt :"je t'interdis de faire ça". - Ne pas laisser les croyances devenir des suppositions ou des généralités (Ex : Sylvie a renversé son café, elle est maladroite. Ce n'est pas parce qu'elle a eu un geste maladroit à un moment donné qu'elle est toujours maladroite). - Faire attention aux parasites sensoriels. - Pas de jugement. - Je reste flexible sur le retour d'informations et je m'adapte à mon interlocuteur pour communiquer au mieux. - J'utilise la reformulation : "Si je comprends bien…" - "Si j'ai bien entendu…" - "Si ce que tu m'as dit c'est…". Pour une bonne écoute, il faut aussi respecter la "bulle de confiance" : être ni trop près (sentiment d'invasion), ni trop loin (nécessite de parler plus fort, voire de hausser le ton). On ne peut pas écouter quelqu'un dans un environnement sonore ++, sans le regarder. Il est ensuite demandé aux participantes quels sont, pour elles, les freins à l'écoute ? Plusieurs réponses sont possibles : - Le contexte, l'environnement et les parasites psychiques (nos pensées, notre état interne…). - La barrière de la langue, du système auditif, le ton employé par la personne ou son débit de paroles. - Les réponses d'interprétation, d'enquête, de solution. Mieux vaut faire appel à ce que la personne a déjà mis en place ou fait. - Le style de la personne, nos jugements. L'attirance ou non que l'on éprouve pour la personne (l'effort que l'on doit faire pour aller vers l'autre). - L'émotion : l'impact de ce que les gens disent :"Quand je t'entends me dire ça, je me sens…" (exprimer ses émotions, ses sentiments) plutôt que dire : "Tu as tort de dire ça". - Le collectif peut être un frein, le regard des autres. Témoignage : "Certains parents attendent quelque chose de nous, nous sommes des professionnels. Doit-on dire : tu devrais faire ça, dire ça…?" Dans ce genre de situation, utiliser plutôt la reformulation. Cela permet d'être sûr d'avoir bien compris ce que la personne a voulu dire. Elle sait ainsi qu'elle a été entendue, et cela nous laisse le temps de réfléchir et aide la personne à réfléchir sur elle aussi. "Qu'est-ce que vous avez déjà mis en place ?" Il faut l'aider à élargir le champ de ses perceptions. Quels sont les obstacles à la communication ? - Le fait de commander. La menace. La moralisation. Les conseils. La rationalisation (quand il s'agit d'une situation de crise). Les critiques. L'humiliation, le ridicule. Les interprétations. Les compliments excessifs. La consolation abusive. Les questionnements. Esquiver, changer de sujet. L'écoute est difficile, c'est une prise de risque car on y risque la relation. Il faut garder une attitude positive vis-à-vis de nous-même, mais aussi vis-à-vis de l'autre. "Quand je vous vois comme ça… je me sens…." Il y a 4 "attitudes" dans la communication : - Le "paillasson" : qui "écrase" l'interlocuteur. L'"hérisson" : qui fait sortir les "pics" de l'interlocuteur. Le "polisson" : qui ne prend pas au "sérieux" son interlocuteur. A l'"unisson" : qui nous met sur la même longueur d'onde que notre interlocuteur. Que fait-on de ce que l'on entend ? Suivant les situations, les situations d'enfants en danger doivent absolument faire l'objet d'une information préoccupante auprès des services de protection de l'enfance. Dans les LAEP, il y a un temps d'écoute, mais quelque fois, c'est à la fin que les personnes viennent se confier. Que fait-on ? Il faut avant tout les rassurer sur ce qu'ils viennent de dire, les remercier de la confiance dont ils ont fait preuve en confiant cela et de leur proposer d'en reparler la prochaine fois, si elles en ressentent l'envie, le besoin. Il y a une différence entre : ce que l'on entend : les faits. ce que l'on perçoit : les effets que cela nous fait. Ecouter c'est d'abord se taire. Mme DELAVEAU conclura ses propos par cette phrase : "Toutes choses sont dites déjà, mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer" André GIDES extrait de Traité de Narcisse. Les 2 prochaines réunions auront lieu : - le lundi 27 janvier à 14h à la ludothèque de Soissons - le mardi 28 janvier à 14h15 à ADEPAGUI à Guise