LES OUTILS ÉLECTRONIQUES D`AIDE À LA DÉCISION
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LES OUTILS ÉLECTRONIQUES D`AIDE À LA DÉCISION
Décembre 2005 Pour la qualité Une série d’analyses présentant les options pour une gestion et des politiques éclairées par les données probantes pour de meilleurs services de santé LES OUTILS ÉLECTRONIQUES D’AIDE À LA DÉCISION AMÉLIORENT LES SOINS PRODIGUÉS AUX PATIENTS Les médecins peuvent bénéficier d’une aide pour donner de meilleurs services de santé Les cliniciens se donnent beaucoup de mal pour offrir des services de santé de grande qualité à leurs patients. Cependant, il arrive parfois que la série de traitements appropriée ne soit pas respectée ou que des événements indésirables se produisent, causant du tort aux patients, voire la mort. Au Canada, 7,5 % des cas d’admission à l’hôpital sont liés à un événement indésirable ou à des résultats médiocres associés aux soins reçus plutôt qu’à la maladie; environ la moitié d’entre eux pourraient être évités. Plus de 10 % de ces cas découlent d’erreurs de diagnostic, que ce soit de problèmes non diagnostiqués ou mal diagnostiqués, et 23 % sont reliés aux médicamentsi. De plus, il arrive que le respect des normes en matière de soins préventifs pose problème. À titre d’exemple, en Ontario, plus du quart des femmes admissibles ne font pas l’objet de dépistage du cancer du col utérinii. Travaux de recherche Des chercheurs ont étudié différents systèmes d’aide à la décision clinique, notamment ceux qui servent à rappeler les soins préventifs pour des patients en particulier, ceux qui aident à établir un diagnostic et ceux qui permettent d’optimiser l’utilisation des médicaments d’ordonnance. Des équipes de chercheurs canadiens ont compilé les résultats dans deux vastes revues systématiques; la première en 1998, et une mise à jour publiée en 2005iv, v. L’efficacité des systèmes de rappel des soins préventifs a été démontrée pour ce qui est des examens de routine, tels que le contrôle de la pression artérielle, les tests de Papanicolaou et les vaccins. Ces systèmes de rappel sont conçus pour réduire les erreurs d’omission. Les études ont examiné deux systèmes, soit celui qui incite les médecins à appeler les patients pour leur faire subir un examen, et celui qui avertit le médecin au moment d’une visite que le patient doit subir un examen. Ces systèmes sont normalement utilisés dans le cadre de soins ambulatoires et la plupart des études concluent que les médecins qui les utilisent offrent davantage de soins préventifs à leurs patientsiv, v. Stratégie de changement L’utilisation de systèmes d’aide à la décision clinique qui associent les observations des cliniciens aux meilleures données probantes disponibles, peut influer sur le comportement de ces derniers et améliorer la qualité des soins prodigués aux patients. Par exemple, un système informatique bien conçu et bien programmé qui intègre des données de diverses sources peut aider les médecins à réduire le nombre d’erreurs, de diagnostics erronés et de besoins non comblés. Les systèmes d’aide à la décision peuvent rappeler aux médecins le moment opportun pour soumettre leurs patients à des examens ou à un dépistage préventif. Ils peuvent prévenir du risque d’interaction médicamenteuse et de la duplication d’examens et proposer des solutions de rechange. Ils peuvent virtuellement éliminer les erreurs de transcription, comme dans le cas où le 0,5 mg d’un médicament inscrit par un médecin sur son ordonnance est interprété comme étant 5 mgiii. La recherche a démontré que l’aide à la décision clinique peut aider à établir un diagnostic ou à choisir le traitement approprié à certains problèmes cliniques. Premièrement, les chercheurs ont constaté une amélioration de l’exactitude du diagnostic quand il s’agit d’identifier les patients qui présentent un risque élevé de problèmes respiratoires postopératoires. Les urgentologues étaient davantage en mesure de diagnostiquer un faible débit sanguin au cœur, ce qui a réduit de 15 % les cas inutiles d’admission à l’hôpital. Ensuite, les systèmes informatiques permettent aux médecins de diagnostiquer une occlusion intestinale aiguë en une heure, comparativement au délai de 16 heures nécessaire sans ce système. Finalement, les systèmes de diagnostic ont aidé les médecins à augmenter de 25 % le dépistage des troubles de l’humeur dans une clinique traitant le syndrome de stress post-traumatiqueiv, v. 1565, avenue Carling, bureau 700, Ottawa (Ontario) K1Z 8R1 Tél. : 613-728-2238 * Téléc. : 613-728-3527 Données à l’appui est préparé par le personnel du Transfert et de l’échange de connaissances de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé et publié uniquement après avoir été revu par un spécialiste sur le sujet. Enfin, la saisie informatisée de médicaments d’ordonnance est souvent associée aux systèmes d’aide à la décision capables de signaler automatiquement des problèmes potentiels. Avec ces outils, les médecins rédigent leur ordonnance directement à l’ordinateur plutôt que manuellement sur un calepin ou dans le dossier du patient. Bien que ces systèmes soient plutôt utilisés dans les grands hôpitaux, ils ont également démontré leur efficacité pour les services de santé de première ligne. Une étude canadienne montre une amélioration de 18 % des prescriptions en services de première ligne en ce qui a trait à la réduction des interactions médicamenteuses et autres problèmes potentielsvi. seront utilisés. Il n’existe pas de système qui convienne en toutes circonstances, surtout s’il est mis en place dans un cadre de services de santé complexe dont le degré de variabilité est élevé. De plus, convaincre les médecins de l’efficacité de ces systèmes constitue un défi qui peut être difficile à relever, compte tenu que bon nombre de médecins peuvent être réticents face au changement de leur pratique et ne pas s’y connaître beaucoup en informatique. Près des deux tiers des médecins au Canada n’ont même pas accès à Internet dans leur cabinet, et seulement 12 % possèdent des systèmes de rappel ou d’aide à la décision tels que décrits dans ce texteviii. Dans les hôpitaux, les systèmes d’aide à la décision avertissent les médecins s’il y a une interaction médicamenteuse ou si une allergie figure dans le dossier du patient. Ces systèmes préviennent également les médecins s’ils ont prescrit une dose plus élevée que la norme ou une fréquence d’utilisation inhabituelle. Les médecins sont également informés des résultats d’examens faits à la suite d’une prescription. Dans un hôpital, on a constaté une réduction de 55 % des erreurs de médicationvii, et d’autres études ont montré une amélioration du nombre de patients traités selon les lignes directrices normaliséesiv, v. Toutefois, s’ils sont installés adéquatement, ces systèmes aident à réduire la saisie manuelle de données en intégrant l’information le plus automatiquement possible. Beaucoup d’autres caractéristiques peuvent rendre ces systèmes utiles, notamment leur intégration aux activités quotidiennes des médecins, de sorte qu’ils puissent recevoir des avertissements accompagnés de recommandations pour des traitements de rechange efficaces et une aide offerte en temps réelix, x. Conclusion Pour plus de renseignements sur l'amélioration de la qualité des soins, veuillez consulter la page Web sur la gestion pour assurer la qualité et la sécurité, à www.fcrss.ca/research_themes/safety_f.php. Les systèmes d’aide à la décision clinique peuvent aider les médecins dans l’exercice de leurs fonctions, à la condition qu’ils soient adaptés au contexte clinique particulier dans lequel ils Références Tamblyn R et al. 2003. “The medical office of the 21st century (MOXXI): effectiveness of computerized decision-making support in reducing inappropriate prescribing in primary care.” Canadian Medical Association Journal; 169(9): 549-556. i. 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Hunt DL et al. 1998. “Effects of computer-based clinical decision support systems on physician performance and patient outcomes: A systematic review.” Journal of the American Medical Association; 280(15): 1339-1346. viii. Collège des médecins de famille du Canada. 2005. Sondage national auprès des médecins. www.cfpc.ca/nps. ix. Kawamoto K et al. 2005. “Improving clinical practice using clinical decision support systems: A systematic review of trials to identify features critical to success.” British Medical Journal; online publication. x. Bates DW et al. 2003. “Ten commandments for effective clinical decision support: Making the practice of evidencebased medicine a reality.” Journal of the American Medical Informatics Association; 10(6): 523-530.