L`acteur social

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L`acteur social
Acteurs
En sciences humaines comme dans le langage de tous les jours, on peut parler des « gens » de
différentes manières : personne, individu, sujet, acteur, acteur social, agent, citoyen, … ou encore
consommateur, automobiliste, téléspectateur, employeur, … etc. On peut employer tel ou tel terme de
manière intuitive et spontanée, ou tel autre terme, ou le même, mais de manière construite et
délibérée. La littérature sociologique connaît d’ailleurs des divergences quant à la définition et la
construction de ses concepts. Ainsi « acteur » ou « agent » auront des significations différentes selon les
auteurs. Dans une recherche particulière, il y a évidemment lieu d’opter clairement pour telle ou telle
conception et de construire son (ses) concept(s) en fonction des besoins de la recherche.
Acteur et facteur1, acteur individuel et acteur collectif
L'asbl « Resto du coeur » est un acteur, la pauvreté n'en est pas un. La pauvreté n'agit pas, elle peut
évidemment influencer un phénomène, par exemple la réussite à l'école : on dira alors qu'elle peut être
facteur d'échec, mais pas acteur.
En effet, un acteur a nécessairement une identité juridique, c'est une personne physique ou une
personnalité morale au sens de la Loi. Un acteur a donc nécessairement la particularité d'être justiciable.
Je peux poursuivre Nestlé ou Monsanto en justice pour abus de position ou pour pollution, mais je ne
peux pas réclamer des dommages et intérêts à la pauvreté, ni à la richesse d'ailleurs, c'est bien
dommage. Je peux interviewer un agriculteur sur l'utilisation du Round up Max (Monsanto), mais je ne
peux pas interviewer la pollution. La pollution est un facteur qui « agit »(!) sur le tourisme, par exemple
(les algues vertes sur les plages bretonnes), mais la pollution n'est pas un acteur.
Bill Gates, à lui tout seul, est un acteur individuel (c'est une personne physique), mais Microsoft dont il
est actionnaire majoritaire, n'est pas Bill Gates, c'est un acteur collectif (il a une personnalité morale,
même si on le trouve immoral) distinct de Bill Gates (on peut poursuivre l'un sans poursuivre l'autre,
Microsoft peut faire faillite et Bill Gates rester riche, c'est même assez fréquent à ce niveau de faillite).
Acteur et acteur social
Parler des gens en termes d’acteur social, c’est mettre l’accent sur au moins deux choses, l’action d’une
part, et le caractère « social » de cette action. On pourrait donc dire d’un acteur social qu’il mène une
action « altruiste », non pas au sens moral du terme, mais dans le sens où cette action est orientée, de
manière intentionnelle, vers un but qui affecte « les autres », qui affecte « la société », ou au moins une
part de celle-ci, comme une communauté locale par exemple. Un acteur social poursuit donc un but
« social », de manière intentionnelle. Cette action orientée vers un but, considéré comme un « mieux »
par rapport à un « moins bien » initial suppose donc une situation génératrice relativement
insatisfaisante. Aussi bien le caractère insatisfaisant de la situation initiale que le caractère plus
satisfaisant du but de l’action sont évalués en fonction des normes et des valeurs de l’acteur social. Un
acteur social ne peut pas poursuivre par son action ses seuls intérêts personnels. Son action doit
dépasser ses seuls intérêts personnels. Une action sociale peut évidemment défendre des intérêts, mais
il s’agit alors d’intérêts collectifs, d’un ensemble social, d’une catégorie sociale (travailleurs,
entrepreneurs, femmes, enfants , …) ou d’une communauté locale.
Lorsqu'un habitant riverain s'oppose à l'installation d'une porcherie industrielle, il poursuit évidemment
des intérêts individuels, peut-être même égoïstes, mais il mène une action sociale dans le sens où
l'installation ou non de cette porcherie a des impacts sur d'autres personnes que lui-même (d'autres
riverains, des promeneurs, ...) et d'autres choses que ses biens (l'eau, l'air, …). Son action est sociale
aussi dans le sens où elle remet en cause, s'il en a la conscience et l'intention, un mode particulier de
production et de consommation. S'il était seul en cause et qu'il ne poursuivait que ses intérêts
strictement personnels, on pourrait dire alors qu'il est acteur, mais pas acteur social.
L’acteur social juge donc qu’une situation est insatisfaisante en fonction de ses normes et valeurs et
décide qu’il doit mener une action en vue de modifier cette situation, de l’améliorer, de changer la
« société » ou une part de celle-ci (ou en vue de la conserver si on l’estime menacée) ; cette amélioration
ou cette conservation, elles-mêmes fonction de ses normes et valeurs. Il agit toujours au nom de …, au
nom d’une valeur, au nom de quelque chose de mieux, de supérieur. On pourrait dire que l’acteur social
exerce nécessairement sa citoyenneté, au sens où il veut agir au nom du Bien, dans et sur la Cité. On est
dans une logique intentionnelle, citoyenne, qui suppose aussi une rationalité. Cette rationalité s’exprime
1
La notion de facteur n'est pas nécessairement très heureuse ici, mais mnémotechniquement parlant, elle peut
aider à bien faire la différence acteur / facteur
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tant dans l’analyse de la situation initiale que dans la définition du but recherché, mais plus encore dans
la stratégie utilisée, dans le type d’action menée, pour poursuivre ce but. Un acteur social est donc un
acteur conscient, citoyen, volontaire, rationnel, stratégique. En ce sens, on peut donc dire qu’il n’y aurait
pas de démocratie participative sans acteurs sociaux, que l’acteur social est même constitutif d’une
démocratie participative.
Acteur et agent, ou usager
Par rapport à la logique intentionnelle de l’acteur social, il y a lieu de distinguer la logique objective de
l’agent ou usager. L’agent, l'usager, contrairement à l’acteur social, mène une action non consciente,
non citoyenne, non volontaire, non rationnelle, non stratégique. Intentionnellement, l’usager agit pour
satisfaire ses besoins personnels ou poursuivre ses intérêts propres. Mais objectivement, cette action
entraîne des effets non voulus sur le reste du monde, sur la société, sur la Cité, ou au moins sur une part
de celle-ci. L’automobiliste, individuellement, n’a d’autre intention que de se déplacer, mais
collectivement et objectivement il entraîne des effets importants : sur l’aménagement du territoire, sur
la sécurité des autres usagers, sur le climat, … etc. Ce défaut d’intention ne signifie certainement pas
que l’action de l’agent ou usager entraîne moins d’effets collectifs que l’action de l’acteur social, au
contraire même dans de nombreux cas, particulièrement en matière d’aménagement du territoire.
On pourrait même dire que l’état de la Cité, l’état de l’aménagement du territoire dépend de la
combinaison des actions des agents ou usagers et des acteurs sociaux. Et pour l’étude d’un cas
particulier d’aménagement du territoire ou de développement local, il importe d’à la fois relever
systématiquement et distinguer rigoureusement actions divergentes et convergentes des différents
usagers en présence et action divergentes et convergentes des différents acteurs sociaux en présence.
On pourrait dire enfin qu’il y a démocratie participative lorsque les actions des acteurs sociaux
l’emportent sur les actions des agents ou usagers.
Et évidemment, un usager peut devenir un acteur social : le cycliste qui en a marre de l'état de la
circulation pour les vélos à Liège, peut très bien devenir acteur social en participant aux actions d'une
association de cyclistes. Un automobiliste peut devenir acteur en participant à des manifestations
contre la zone 30 étendue au centre de Bruxelles. Un simple usager, tel automobiliste par exemple,
n'est pas vraiment un agent, dans le sens où on parle d'agent pour signifier le poids collectif de
l'ensemble des automobilistes dans un territoire donné.
Cette démarche met l’accent sur les acteurs et les actions. Cela ne signifie pas évidemment que les
acteurs sociaux et encore plus les agents sont totalement libres, qu’ils ne sont pas partiellement « agis »
par le système, partiellement soumis à lui. Il y a lieu de situer leurs actions dans un système de
ressources et de contraintes. Leurs actions subissent nécessairement les effets des cultures et des
structures sociales. On ne comprendra vraiment ces transactions 2 entre acteurs et agents qu’en situant
ces transactions entre d’une part, en amont les logiques structurelles et culturelles qui les génèrent et,
en aval, les logiques intentionnelles et objectives qui se combinent.
Privé, public, associatif et leurs usagers
L’acteur social peut être un acteur individuel, mais il sera plus souvent un acteur collectif. L’un
n’empêchant d’ailleurs pas l’autre. L’acteur social individuel sera le plus souvent membre aussi d’un
acteur social collectif. Parmi les acteurs collectifs, il est intéressant de distinguer différents types
d'acteurs sociaux, non pas pour ranger les gens dans des catégories, mais pour pouvoir mieux situer
leur point de vue et leur stratégie, mieux comprendre leur rationalité de position, leur logique d'action.
La distinction la plus courante est d'origine économique : les acteurs des secteurs privé, public et
associatif, auxquels il faut ajouter les usagers (les ménages, pour les économistes). Les acteurs sociaux
du secteur privé, ce sont les entreprises, mais toutes les entreprises : du petit indépendant seul à la
multinationale, les banques aussi bien que les entreprises de construction, les épiceries comme les
coiffeurs. Toutes les entreprises du secteur privé ont pour seul but : le profit. C'est ce qui les distingue
des autres. Le pouvoir exercé et les bénéfices dégagés par leur activité sont d'ailleurs répartis au
prorata de la propriété privée du capital de l'entreprise (autant de parts du capital et autant de voix au
CA pour le pouvoir et autant de parts dans la répartition de ces bénéfices).
Les acteurs du secteur public sont les différentes administrations ou institutions publiques ou leurs
représentants agissant en leur nom. Par exemples : la Communauté Française, la Région Wallonne, la
2
Voir Rémy, Servais et Voyé, Produire ou reproduire ? Une sociologie de la vie quotidienne. Tome 1, Editions Vie
Ouvrière, Bruxelles, 1978 et aussi Rémy, La transaction : de la notion heuristique au paradigme méthodologique,
dans Blanc, Mormont, Rémy, Storrie, Vie quotidienne et démocratie. Pour une sociologie de la transaction sociale,
L’Harmattan, Paris 1994.
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commune de Braives, le CPAS de Liège, l'Union Européenne, l'AFSCA, mais aussi l'OMC ou l'UNICEF, …
Tous les acteurs du secteur public ont pour unique but : le bien commun, l'intérêt collectif. La propriété,
le pouvoir, l'argent y sont aussi « publics » et contrôlés comme tel.
Les acteurs du secteur associatif sont tous des associations, associations de fait, associations sans but
lucratif ou coopératives dans certains cas. Elles ont toutes comme unique but le service ou bien à leurs
propres membres (les mutuelles, par exemple), ou bien à une population particulière (Handicap
International, par exemple). Propriété, pouvoir et argent 3 y sont répartis équitablement avec le principe
général qu'un associé = un associé et qu'un associé = une voix, indépendamment de sa participation
financière à l'association.
Ces différents acteurs, privés, publics, associatifs, pour être considérés comme acteurs sociaux, doivent
bien sûr correspondre aux caractéristiques définies plus haut. Ainsi, par exemple, une entreprise ne sera
acteur social que quand elle mène une action sociale qui dépasse ses stricts intérêts de rentabilité,
lorsqu’elle s’engage, par exemples, dans un projet de développement local ou environnemental,
lorsque Solvay ou Peugeot sponsorisent une exposition sur l'avenir de la planète, par exemple.
A ces acteurs de ces trois secteurs, il faut ajouter leurs usagers, les consommateurs pour les entreprises,
les usagers des services publics, les bénéficiaires des associations, bref les ménages pour les
économistes, ou les usagers, pour nous.
Employeurs, travailleurs et usagers (ou partenaires sociaux)
La deuxième grande distinction classique concerne les « partenaires » au sein de chaque acteur de
chaque secteur. Aussi bien dans les entreprises que dans les administrations et services publics et que
dans les associations, il y a des propriétaires ou employeurs : les actionnaires ou propriétaires pour les
entreprises, les mandataires publics pour les administrations ou institutions, les pouvoirs organisateurs
pour les associations. Et il y a aussi les employés ou travailleurs au sein des ces entreprises,
administrations et associations. Et il y a enfin les usagers ou consommateurs.
Dans les différents domaines, il y aura toujours des acteurs sociaux qui représentent ou bien les
employeurs, ou bien les travailleurs ou bien les usagers. Ce sont les travailleurs pour qui c'est le plus
facile. Quelque soit le secteur, c'est toujours les syndicats de travailleurs qui les représentent : la CSC
(syndicat chrétien) et la FGTB (syndicat socialiste) principalement et la CGSLB (syndicat libéral) de
manière marginale.
Pour les employeurs du secteur privé, il faut distinguer les grandes entreprises représentées
principalement par l'UWE (Union Wallonne des Entreprises) et la FEB (Fédération des Entreprises
Belges). Mais il y aussi de nombreuses fédérations patronales selon le secteur d'activités (Agoria pour la
métallurgie ou la FEBIAC pour l'automobile, par exemples). Et selon les niveaux encore d'autres acteurs,
comme la Table Ronde des Entrepreneurs Européens par exemple. Les grandes entreprises créent
également un grand nombre d'associations pour réaliser du lobbying, comme telle société d'études
pour démontrer l'intérêt du tabac pour la santé, par exemple extrême.
Il y a aussi les petites et moyennes entreprises, représentées principalement par l'UCM (Union des
Classes Moyennes). La majorité des agriculteurs est représentée par la FWA (Fédération Wallonne des
Agriculteurs) résultat de la fusion des UPA (syndicat libéral des agriculteurs), des AA (syndicat
catholique) et de l'UDEF (petit syndicat socialiste). La FUGEA (ex FUJA, proche de la Confédération
Paysanne de José Bové) reste minoritaire et opposée à l'actuelle politique agricole.
Pour les usagers, c'est beaucoup plus compliqué : il y a des milliers d'associations pour prendre la
défense de tel ou tel type d'usagers au sens large : pour les consommateurs, il y a 7 associations
reconnues pour leur défense, dont la plus connue est une société coopérative : Tests-Achats, une moins
connue et à conseiller pour des préparations de leçons : le CRIOC ; pour les usagers de l'enseignement, il
y a évidemment les associations de parents (la FAPEO et l'UFAPEC) et pour les étudiants, la FEF. Les
mutuelles représenteront leurs membres pour toutes les questions de santé bien sûr, mais aussi à
d'autres titres. Citons encore en vrac la Ligue des Familles, Touring Secours, Inter-Environnement
Wallonie (comme défenseur de tous les usagers de l'environnement, c'est-à-dire tout le monde!),
ARETA, un comité de village, … etc.
Lobbies et groupes de pression
Ces deux appellations sont souvent considérées comme synonymes. Il s'agit pourtant bien de types
d'acteurs différents, dans le sens où le lobby a intérêt à opérer masqué et le groupe de pression à se
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La répartition du solde positif d'un exercice dans les différents types d'associations ou coopératives mériterait
un développement. Ce n'est pas aussi simple que cela, mais le principe reste le même.
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rendre le plus visible possible. L'exemple de la fondation créée pour minimiser les risques du tabac,
voire pour affirmer son intérêt pour la santé le montre bien. Le scandale de son existence n'a éclaté que
10 ans après la fin de ses activités quand un historien américain a démontré que les experts
internationaux qui en faisaient partie (comme le professeur Claude Javeau de l'ULB) avaient obtenu de
sérieux avantages de la part de Morris. Le fait que cette fondation était financée par l'industrie du tabac
devait évidemment rester secret pour que cette fondation soit un peu crédible. Ce type de lobby est
beaucoup plus fréquent qu'on ne le croie (on évalue à 15.000 le nombre de lobbystes travaillant autour
de l'UE à Bruxelles !).
A l'inverse, les groupes de pression cherchent la visibilité. Lorsqu'ils prévoient une manifestation,
lorsqu'ils lancent une pétition, lorsqu'ils organisent un boycott, lorsqu'ils invitent à une conférence de
presse, …, ils ont intérêt à se montrer, à montrer leurs forces, à rouler des mécaniques ...
Agissant ou agis
En sociologie, selon les auteurs, selon leur paradigme, on considère plutôt que ce sont les acteurs qui
font la société (individualisme méthodologique et actionnalisme) ou que c'est la société qui fait les
acteurs (fonctionnalisme et structuralisme). Selon les uns, les acteurs sont surtout agissant,
relativement libres et stratégiques. Selon les autres, ils sont surtout agis, déterminés par leurs
conditions de vie, elle-mêmes déterminées par leur position sociale. Quoi qu'il en soit, les implications
méthodologiques restent les mêmes : confronter les différents points de vue.
Impératif méthodologique
En effet, que les acteurs soient stratégiques, c'est-à-dire qu'ils défendent consciemment leurs intérêts
liés à leur position sociale, ou qu'ils soient déterminés, c'est-à-dire que leur discours et leurs pratiques
soient déterminées par leur position sociale, il s'agit toujours pour y voir plus clair de confronter les
différents points de vue. Et un point de vue, c'est bien un endroit d'où on regarde un paysage, et ici, le
paysage, c'est la société. Selon l'endroit d'où on regarde passer la société, on ne voit pas la même
chose, on a donc un discours différent et des pratiques différentes.
Pour approcher la politique agricole, un débat FWA – FUGEA serait par exemple très intéressant, ou un
débat producteur – usager, FWA – GAC (groupe d'achat en commun). Pour approcher le chômage, un
débat employeurs – travailleurs, UWE ou UCM – FGTB ou CSC. … etc.
Témoins, experts et régulateurs (ou décideurs)
Pour aller plus loin dans les conseils méthodologiques, en entraînement mental, on distingue utilement
témoins et experts. Un témoin est quelqu'un qui est partie prenante dans le problème étudié : un
chômeur à propos du chômage, par exemple, ou un agriculteur dans le problème de l'installation de
porcheries industrielles. Un expert est quelqu'un qui n'est pas partie prenante, qui est extérieur au
problème étudié, mais spécialiste pour un aspect de la problématique envisagée. On dit qu'un témoin a
un point de vue partial dont l'intérêt tient à son expérience vécue. Et on dit qu'un expert éclaire un
aspect partiel dont l'intérêt tient à son expertise. Partial et partiel, expérience et expertise distinguent
donc les éclairages complémentaires des témoins et des experts.
On peut alors lister les erreurs méthodologiques à ne pas commettre :
• ne prendre en compte que le point de vue d'un témoin sans prendre en compte le point de vue d'un
témoin occupant une autre position (ex. seulement le riverain d'un projet d'éolienne et pas d'autre
point de vue) ;
• accorder une autorité scientifique à un expert en dehors de son expertise (ex. demander une
conclusion générale sur l'installation de porcheries industrielles à quelqu'un qui a fait une étude sur
leur localisation en Belgique) ;
• confondre témoin et expert et accorder une expertise à un témoin (ex. conseiller en placements
d'une grande banque privée à propos de la crise financière).
Et on peut définir la « bonne » démarche méthodologique : confronter les points de vue de témoins
occupant des positions antagoniques et croiser les éclairages d'experts de différentes disciplines
(économie, sociologie, géographie, histoire, droit, …). C'est d'ailleurs ce que fait ou devrait faire le
régulateur (ou décideur) qui n'est ni témoin, ni expert, pour prendre une bonne décision : écouter les
différents points de vue et consulter différents experts. Ex. : à propos de la réponse à donner à une
demande de permis d'exploiter pour une porcherie industrielle, écouter l'agriculteur, les riverains, les
consommateurs, … et consulter géologues, agronomes, vétérinaires, économistes, … avant de prendre
une décision définitive.
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